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L’une et l’autre chose ne sont pas nécessairement incompatibles : l’enjeu peut être moral
pour Locke et ses adversaires, sans pour autant que leur argumentation soit d’ordre moral. Pour
analyser ce livre I, on distinguera de fait deux niveaux, celui de l’argumentation et celui des
enjeux :
1.1. l’argumentation, qui gagne à être placée en regard de certains textes de Descartes.
1.2. les enjeux : idée qu’admettre des principes principes innés est dangereux pour certaines
exigences de la rationalité, que l’on peut appeler « morales ».
Locke n’est pas un modèle de concision analytique, et on va ici d’une certaine manière le
dénaturer, en construisant une belle argumentation, qui est loin d’être aussi nette dans les
chapitres sur l’innéisme. Pour donner toute sa force à son argumentation, on considérera qu’il
procède à une clarification de l’idée de principe inné, distinguant plusieurs acceptions de cette
idée. Pour chacune de ces acceptions, il se demande quels sont les arguments qui permettraient
de soutenir que, de fait, il existe des principes innés selon l’acception en question. L’examen de
ces arguments le conduit à chaque fois au dilemme suivant :
— il s’agit d’une acception inacceptable de l’idée d’innéité ;
— il s’agit d’une acception acceptable de l’idée d’innéité, mais tellement faible qu’elle
est sans intérêt.
Ou encore : on bien l’on donne un sens fort à l’idée d’innéisme, et alors on tombe sur des
problèmes, donc l’innéisme n’est pas acceptable ; ou bien on lui donne un sens faible, qui est
acceptable, mais sans aucun intérêt tellement elle est faible.
a) Il n’y a pas de maxime reçue universellement, pas de principe sur lequel tous les
hommes soient d’accord ; exploitant les récits de voyage et la littérature sceptique qui fleurit
depuis le XVIème siècle, Locke souligne la diversité des pratiques, des mœurs, des croyances.
Dans cette réfutation entre également l’affirmation que la charge de preuve revient aux
innéistes : qu’ils arrêtent de nous parler en général de l’idée de principes innés et qu’ils nous
montrent l’idée d’au moins un petit principe inné. Cf. I, 2, § 14
b) Même si l’on trouvait une proposition sur lequel tout le monde s’accorde, ce ne serait
pas forcément un principe inné : l’accord universel des hommes n’indique pas nécessairement
qu’un principe est à l’œuvre.
Même si l’on trouvait un principe sur lequel tous les hommes s’accordaient, ce
consentement ne prouverait pas qu’il s’agit d’un principe inné. Supposons par exemple que nous
ayons tous ce qu’il faut pour comprendre que, sur la base de certains axiomes, on peut conclure
que 2+2 = 4, nous serons tous d’accord sur cette égalité, mais ce ne sera pas pour autant un
principe inné.
Locke donne l’exemple de la recherche du bonheur : tous le monde est bien d’accord
pour chercher le bonheur, l’inclinaison au bonheur est naturelle à tous les hommes ; pour autant
la recherche du bonheur n’est pas un principe.
Cette remarque permet de préciser ce que devrait être un principe inné d’action. Pour
qu’il y ait principe d’action, il faut que deux conditions soient réunies :
(i) il faut que le principe soit explicitement reconnu comme tel ;
(ii) il faut que le principe soit ce qui fait agir de telle manière plutôt que de telle autre.
Non pas seulement conformément à lui, mais en vertu de lui, à cause de lui.
Nous ne pouvons donc confondre les penchants avec les principes. Un principe est une
règle explicite et apophantique, tandis qu’un penchant n’a pas nécessairement besoin d’être
explicité ou formulé pour être effectif.
ex. 1 : Que tous les hommes s’abstiennent de courir à droite et à gauche en même temps,
ne montre pas qu’ils reconnaissent le principe de non-contradiction, ni que c’est pas en vertu du
principe de non-contradiction qu’ils s’abstiennent d’une telle course.
ex. 2, donné en I 2 § 2 : On dit souvent que la justice est un principe inné universel, avec
l’argument que même une société de brigands la respecte. Mais la justice n’est pas pour autant
un principe inné, remarque Locke, parce que les brigands i) ne reconnaissent pas explcitement la
justice comme un principe, ii) pourraient très bien en venir à s’organiser comme le ferait une
société de justes, parce que cela est le plus efficace pour leur brigandage : dans ce cas, ils
agiraient conformément à un principe de justice, mais pas conformément à lui.
0.1.2. 2ème acception : un principe inné est une proposition gravée ou imprimée
dans notre âme.
0.1.2.1. Une thèse de Descartes reprise par Locke : toute pensée est consciente
L’argument de Locke commence par une analyse de ce que c’est pour un principe ou une
idée qu’être dans l’esprit, « gravé » ou « imprimé » dans l’âme comme on dit métaphoriquement.
Un principe ou une idée ne sont pas dans l’esprit comme une plante dans son pot ou un poisson
dans son bocal — mais alors, comment y sont-ils ? En bon héritier de Descartes, Locke dit que A
est dans l’esprit quand l’esprit est conscient de A ; pour le dire autrement, toute pensée est
consciente.
Dans la troisième Méditation, Descartes est amené à distinguer trois espèces d’idées : les
idées factices (ie. fabriquées, par ex. la petite sirène et Spiderman, autrement dit toutes les idées
que nous inventons sans nous soucier de leur référence), les idées adventices (ie. qui nous
adviennent du dehors sans que nous le voulions, par ex. la douleur quand une tuile me tombe sur
la tête, autrement dit toutes les idées de sensation), les idées innées (ie. qui naissent avec nous,
l’ex. éminent entre tous est pour Descartes l’idée de Dieu). Premier point donc : toutes les idées
ne sont pas innées selon Descartes, la question de l’innéisme ne concerne en première
approximation pas toutes les idées, mais seulement certaines idées.
Le deuxième point est qu’on peut se demander si Descartes a une version forte
(actualiste) ou une version faible de l’innéisme (dispositionnelle) de l’innéisme :
Descartes assume dans ces textes la conséquence principale de l’innéisme actualiste : toute
créature humaine, les bébés, les hommes préhistoriques, les étudiants, les enseignants, ont un
même stock d’idées en partage.
Evidemment, il lui faut expliquer que tous n’aient pas en fait exactement la même
conscience d’une idée que tous ont en fait. Différentes explications possibles : on n’y fait pas
attention, elle est obscurcie, recouverte par d’autres idées, etc. Toutes ces explications ont
quelque chose d’ad hoc.
Ce qu’il faut bien comprendre. D’un côté, l’innéisme dispositionnel est plus souple que
l’innéisme actualiste, il ne contraint pas à supposer que toutes les créatures humaines partagent
un stock d’idées et à mettre en place des explications qui ont quelque chose d’ad hoc. De l’autre,
il est problématique lorsque, comme Descartes, on découvre l’essence de l’âme dans l’acte de
penser. Si l’essence de mon âme est de penser, comment faire place à du dispositionnel, à des
idées en attente d’être ? C’est ce problème que Locke va exploiter contre l’innéisme.
b) Il faut donc se rabattre sur la version faible de l’innéisme : les principes innés sont dans
l’âme, en ce sens que l’âme a la faculté de produire des principes. A ce moment-là, on peut bien
admettre l’existence de principes, mais ce n’est plus une thèse sur l’innéisme : tout le monde est
d’accord pour dire que nous avons une faculté de connaîtr et que celle-ci nous permet
d’appréhender principes ou idées.
Ou encore : si l’on se rabat sur la version faible de l’innéisme, tout est également inné, y
compris des principes pas encore découverts.
[NB. Une variante du dispositionalisme peut être que les idées ont été « autrefois »
aperçues, et qu’elles sont en réserve. Mémoire et réminiscence. Les idées sont dans l’esprit,
comme pouvant-être-actualisées. Locke évoque cela pour soutenir que, selon cette variante, les
idées n’en sont pas moins actuelles.
Au passage, on noter que la questions des perceptions passées ne peut que poser un
problème si on admet l’équivalence être actuellement dans l’esprit/ être conscient. Les idées que
nous avons déjà eues doivent être dites actuelles si elles sont dans l’esprit, mais comment
distinguer leur actualité de l’actualité des idées du passé ? En général, distinction entre des
degrés de vivacité].
0.1.3. 3ème acception : Un principe inné est un principe évident par soi
On peut voir dans cette 3ème acception une version faible de la 1ère acception. La 1ère
acception pose problème, puisque les enfants et les fous ne connaissent pas des principes
prétendus innés comme, par ex., le principe de con-contradiction. Devant ce problème, on se
rabat sur une version faible : toute personne raisonnable devrait admettre ce principe comme une
vérité évidente, et ce serait en tant que vérité évidente qu’il constituerait un principe évident par
soi.
Pour réfuter l’idée de principe inné comme évident par soi, on distingue, comme en
1.1.2 . une thèse inacceptable car contradictoire et une thèse que tout le monde accorde, mais qui
a si peu de détermination qu’on en vient à une absurdité, à savoir poser un nombre infini de
principes innés :
— La thèse que Locke ne remet pas en question, c’est qu’il existe des propositions
évidentes, ie. que tout homme raisonnable reconnaîtra comme vraies si elles sont formulées
devant lui, quand même il n’aurait pas été capable pour sa part de les formuler. « Le rouge n’est
pas le bleu », le principe de non-contradiction.
— Ce qui maintenant serait absurde, ce serait de faire de cette évidence la marque de
l’innéité. Sorte de preuve par l’absurde donnée par Locke : si on admet que l’innéité soit la
marque de l’évidence, alors toute proposition évidente doit être admise comme innée, et l’on se
retrouve avec sur les bras des milliers de propositions évidentes.
L’idée est : on peut former une infinité de propositions évidentes du type « A n’est pas
B », avec A et B quelconques. Dès qu’on a une nouvelle idée, elle se caractérise par le fait de ne
pas être identique aux autres idées qu’on avait déjà. (On peut faire mieux que Locke si on a la
notion d’ensemble : A n’est pas {A}, A n’est pas {A, {A}}, etc.)
Bref, tenir l’évidence pour la marque de l’innéité nous mettrait dans une situation
ingérable.
Pour que cette première réfutation de l’acception de principe inné = principe évident soit
complète, il faut ajouter une thèse importante : le lieu de l’évidence n’est pas le général, mais le
singulier. (La réfutation serait incomplète sans cette thèse parce qu’on pourrait dire que toute
proposition du type A n’est pas B est déduite d’un principe déjà-là, précisément le principe inné
qu’on cherche depuis le début).
Argument majeur : Le plus ignorant des hommes distingue ce vert de ce rouge, papa de
maman, alors qu’il est incapable de formuler un principe général. Il sait que le bleu n’est pas le
rouge et que papa n’est pas maman avant de connaître le principe d’identité, il suffit pour des
évidences singulières de ce genre d’avoir acquis quelques idées simples.
Sur cette idée Cf. I, 1, § 25 - IV, 2, § 1 - IV, 7, § 4 Coste p. 21-22, p. 432, p. 491
Conclusion de 0.1. : Pour trouver un fil directeur dans ce livre I, nous avons distingué trois
acceptions de l’innéité, et montré que Locke menait de front une critique de l’innéisme et une
argumentation contre l’innéisme.
Il est cependant important de souligner que, pour Locke, ce n’est parce que l’on refuse les
principes innés que l’on refuse les principes évidents et universels. Bien au contraire, comme on
va le voir dans un second temps, son idée est que la thèse innéiste constitue une mauvaise
manière de défendre l’évidence et l’universalité.
/ récits de voyage et littérature sceptique qu’exploite Locke. La conclusion de ces écrits est
toujours plus ou moins qu’il n’y a pas de coutume si étrange qu’elle ne soit pas en usage quelque
part, et donc qu’on doit vivre selon les lois et les mœurs de son pays, sans prétendre les légitimer
en affirmant qu’ils sont évidents ou universels. Locke utilise ces récits : il s’en sert comme d’une
preuve qu’il n’y a pas de principe inné, si l’on veut que l’évidence et l’universalité n’est pas
donnée. Néanmoins il ne s’arrête pas à eux : une fois établi que l’évidence et l’universalité ne
sont pas données, il reste à établir les principes d’action, à les construire, à les conquérir.
Qu’est-ce à dire concrètement ? Que nous ne connaissons pas naturellement et sans y
réfléchir ce qu’il faut faire, mais que, néanmoins, nous avons des facultés qui, appliquées comme
il le faut à l’expérience, permettent d’élaborer des principes de conduite satisfaisants. En
politique par exemple, le fait qu’il n’existe pas de loi innée selon Locke n’empêche pas qu’il y
ait des lois de nature = des lois qu’une créature raisonnable devrait reconnaître.
L’idée, si je la comprends bien, est que s’il y avait des principes innés, alors nous serions
comme des machines ne pouvant faire autrement que d’obéir à ces principes. Mais n’en est-il pas
de même pour les principes moraux dont parle Locke ? Si, comme on l’a rappelé dans
l’Introduction, on peut établir à partir d’eux des démonstrations aussi certaines que les
démonstrations mathématiques, où se logerait cette liberté supposée nous distinguer des
machines ? La force des raisons morales n’est-elle pas aussi contraignante que la force des
principes innés ?
Comme on va le voir, la différence pour Locke est finalement que les raisons morales
sont obtenues par un travail pas à pas, et c’est en quelque sorte de notre liberté à accomplir ce
travail que dépend notre moralité.
0.2. Critique morale de l’innéisme : les principes innés ne permettent
pas une bonne défense de la moralité
Nous avons dit qu’il y a une visée morale de l’Essai. Cela peut s’entendre d’au moins deux
manières, non exclusives l’une de l’autre :
— Du point de vue du contenu : ce qui importe à Locke, ce sont les principes ayant un
contenu moral plutôt que des principes ayant un contenu cognitif. Peu importe le principe de
non-contradiction, mais il faut savoir comment bien se conduire.
— Indépendamment du contenu des principes, user de principes innés, qu’ils soient moraux
ou spéculatifs, c’est se servir de sa raison d’une certaine manière. La question est ici de savoir si
cette manière est la bonne, et c’est en cela qu’il s’agit d’une question morale : il est de notre
devoir de bien user de nos facultés, il y a un bon usage de la rationalité. C’est ce qu’on pourrait
appeler le noyau (ou la source, ou le cœur…) de toute rationalité.
C’est de la seconde manière de concevoir la visée morale de l’Essai dont il est question
dans ce qui suit.
Locke affirme qu’il n’y a pas de principe inné, mais qu’il y a des principes évidents par soi.
Quelle est donc la différence entre l’innéité et l’évidence ?
— L’innéité est comme une marque que l’on apposerait de l’extérieur pour faire accepter
une proposition prétendue innée. Un prédicateur nous dit que c’est un principe inné qu’il faut
obéir à ses enseignants, il se sert de l’innéité comme d’une étiquette qui permettrait de nous en
imposer et de nous faire refiler sa petite marchandise à moindres frais. Pour décomposer les
choses, on pourrait dire que ceux qui admettent des principes innées
i) perdent tout moyen de vérification, de contrôle, de mise à l’épreuve des principes en
question
NB. On a parlé du noyau moral de la rationalité. On voit ici qu’il y a tout aussi bien un
noyau rationnel de la moralité, en ce sens que la raison permet la mise à l’épreuve des principes
de la moralité.
/ Discours de la méthode : On peut tout renverser sauf l’ordre politique, l’ordre de la foi
et l’ordre de la morale.
Locke systématise cette idée en ce sens qu’il l’applique à tous les champs d’application
de notre connaissance, y compris, donc, en morale et en politique : les énoncés pratiques, même
ceux qui nous paraîtraient les plus évidents, doivent être éprouvés et étudiés.
ii) instaurent une logique du pouvoir là où il ne devrait être question que de savoir, c’est la
critique usuelle du principe d’autorité, de la foi dans les maîtres.
On dira peut-être dans ces conditions : mais pourquoi donc, si les principes innés sont une
si mauavaise chose, les hommes pensent-ils qu’ils existent ? C’est que le travail de la raison est
fatiguant et exigeant. Construire ses règles d’action et de réflexion, les vérifier pas à pas, est un
travail long et pénible, bien plus difficile que de s’en rapporter à un maître.
Nous n’avons pas affaire qu’à des évidences : nous pensons que demain le soleil se
lèvera, nous croyons qu’il existe de l’autre côté de la terre une contrée de kangourous et qu’il
exista un roi de France qu’on appelait Louis XIV.
Tout en appelant à examiner toutes les propositions en fonction de leur évidence
intrinsèque, Locke estime qu’il faut, lorsqu’un tel examen est impossible, faire une place à
d’autres espèces de connaissances :
— probabilité
— l’opinion (assentiment en raison du témoignage d’autrui), qui est par ailleurs critiquée,
doit être examinée.
A rédiger
0.2.2.2. Il existe de fausses évidences : critique de l’enthousiasme (IV 18 et 19) :
L’enthousiasme, étymologiquement, consiste à être possédé par Dieu ou par les dieux,
c’est selon. Les enthousiastes, ce sont ceux qui pensent que leurs opinions leur sont envoyées
directement par Dieu, surtout lorsqu’elles sont un peu extravagantes. Là encore, c’est la paresse
et l’ignorance qui conduisent à court-circuiter la raison.
Locke, dans une Angleterre qui a été marquée tout le long du siècle par des conflits entre
différentes versions du protestantisme, dont certaines un peu illuminées, critique tout d’abord
l’enthousiasme religieux. L’enthousiasme religieux constitue bien évidemment un danger pour la
raison (dire qu’une proposition vous a été envoyée par Dieu, c’est la mettre à l’abri des critiques
et de tout examen rationnel). Elle en constitue aussi un pour la révélation. Pour que la notion de
révélation ait un sens en effet, il faut
— distinguer les vérités révélées des vérités de raison. Locke soutient une démarcation
stricte entre l’une et l’autre chose, les vérités de raison étant comme on l’a dit connues par
l’évidence, les vérités révélées étant garanties par un témoignage. Le témoignage d’autrui, qu’il
est paresseux d’admettre quand on a affaire à une vérité de raison, il serait dangereux de ne pas
s’y fier quand on a affaire à une vérité révélée.
— être capable de distinguer les révélations authentiques de celles qui ne le sont pas. Or
le problème est évidemment que nous n’avons pas accès à l’intériorité de ceux qui prétendent
avoir des révélations ; personne ne peut aller examiner que leur âme est bien possédée par le
Dieu. Dès lors, notre seul critère est l’ensemble des marques extérieures qui nous garantit qu’il
s’agit bien de révélations sérieuses.
NB. Le choix n’est pas entre raison et religion, mais, à l’intérieur de la religion, entre une
légitimation de la religion par la conviction intérieure ou par des signes extérieurs (concrètement,
des miracles, une odeur de sainteté, etc.). Ces signes extérieurs sont plus raisonnables selon
Locke car ils constituent un matériau que l’on peut examiner et critiquer publiquement.
Mais le pays de Locke n’est pas seulement l’Angleterre des conflits protestants. C’est aussi
le pays des philosophes, et, dans ce pays, il y a à la fin du XVIIème siècle un philosophe à succès
qui représente une version enthousiaste de l’évidence cartésienne, Malebranche :
— il est enthousiaste par ses doctrines (vision en Dieu, occasionalisme)
— il est enthousiaste dans sa manière d’apostropher Dieu.
Locke fait partie de ceux qui, sans renoncer à l’évidence, entendent en contrôler l’usage
philosophique.