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DOCUMENT B L’élaboration de la vérité en science expérimentale

Notion : La vérité → plus spécifiquement la vérité dans les sciences expérimentales.


La question est : quelle est la part de la raison, des idées, de la théorie, dans l’élaboration
de la vérité scientifique ? Quelle est la part de l’expérience ? Soit →Qu’est ce qui fonde la
connaissance : la raison et ses idées ou bien le réel et ce que l’on peut en observer ? Quelle
est la nature et le statut de la vérité scientifique ?

I. « En science, il n’y a pas de vérités premières, il n’y a que des erreurs


premières » Bachelard.

Le contexte : la bataille qui se joue entre empiristes/rationalistes concernant l’élaboration


de la vérité : à qui donner raison ? →L’esprit part-il du réel (empiristes) ou de la raison
(rationalistes) ?

A. Empirisme et rationalisme.

Rationalisme : doctrine selon laquelle la raison est le moyen d’explication de la réalité. Pour les
rationalistes, la cohérence logique des mathématiques est le modèle de la pensée. Grands représentants :
Descartes/Platon

Empirisme : doctrine selon laquelle la connaissance est le produit de l’expérience. Pour les empiristes, le
modèle déductif des mathématiques ne peut pas être exporté dans les sciences de la nature. Seul vaut le
modèle inductif qui part de faits particuliers pour trouver des lois générales. Locke/Hume

L’homme doit reconnaître ses limites, il doit reconnaître que la nature le précède et qu’on ne peut déduire
des lois de principes exclusivement donnés par la raison. L’empirisme naîtra d’ailleurs de ce reproche
adressé au rationalisme : il va falloir prouver en recourant à des données de l’expérience qui serviront
d’appui à une hypothèse.

Selon le fondateur de l’empirisme, John Locke (1632-1704), en effet, la pensée ne peut voir directement -
comme le pensait Descartes- les principes généraux et abstraits qui fondent le réel : « Au
commencement, l’âme est ce qu’on appelle une table rase, vide de tout caractère, sans
aucune idée. Comment vient-elle à recevoir les idées ? […] A cela je réponds en mot : de
l’expérience : c’est le fondement de toutes nos connaissances, et c’est de là qu’elles tirent
leur première origine. » Essai. Les idées proviendraient d’une construction opérée par la pensée elle-
même à partir de l’expérience. David Hume, successeur de Locke résume ceci : « tous les matériaux
de la pensée sont tirés de nos sens. »

PB : l’empirisme ne retient que le coté passif de l’expérience.


Selon ce point de vue, notre connaissance résulte du contact passif avec le monde. La théorie serait
contenue dans les phénomènes, il s’agit de l’extraire. Contre l’empirisme, on pourra dire que le réel ne
parle pas de lui-même. Les empiristes font une erreur. Si l’esprit voulait se régler sur l’expérience sensible,
il serait impuissant. De plus, pour être un bon observateur il faut déjà être un bon théoricien. Sans idées
ou une théorie permettant de comprendre l’expérience le chercheur ne pourra dégager les lois.
L’empirisme est une négation de la science et conduit au scepticisme.
Faut-il alors être rationaliste et penser que le savoir provient entièrement de la raison et de ses idées ?
Non, car il faut bien admettre aussi l’importance de l’expérience. Mais celle-ci devra être entendue
autrement qu’une simple connaissance acquise par les sens : il faut concevoir plutôt la science
expérimentale comme un échange constant, un va et vient entre l’intelligence et les faits, la raison et le
réel.
La science doit prendre acte de l’objection de l’empirisme. Le problème est d’articuler
l’exigence de la formulation mathématique, de sa méthode rationnelle démonstrative, à
l’observation et l’expérience. L’une et l’autre auront leur place dans la démarche
expérimentale.
→Comment la raison connaît-elle le réel ? Qu’est ce qui caractérise l’esprit
scientifique ?

B. Une référence incontournable : Bachelard ou « Le nouvel esprit


scientifique ».

Selon Bachelard la connaissance du réel exige une certaine attitude et activité de la


raison. Il met en avant la notion d’obstacle épistémologique.

L’obstacle épistémologique se définit comme un obstacle à la connaissance objective et


scientifique du réel.

On peut en distinguer 3 :

-1. L’expérience première c'est-à-dire la connaissance qui juge des choses par les
impressions que celles-ci nous donnent. Elle nous empêche de comprendre et d’expliquer
les phénomènes. Elle relève d’un univers subjectif qui ne permet pas de mesurer ou définir
de manière rigoureuse, quantifiable un phénomène.

Par exemple : la découverte au XVIIIème de l’électricité. Dans les ouvrages savants de l’époque,
elle est décrite comme un phénomène spectaculaire et amusant, comme un phénomène ou chatouille et
qui produit des secousses.

OR, si je veux connaitre un objet je dois dépasser les impressions subjectives qu’il produit sur moi.

Autre exemple : si j’observe un bouchon dans l’eau je constate, en vertu de l’expérience première, qu’il
résiste à la pression que j’exerce sur lui.

J’attribue au bouchon une activité, quelque chose de magique, je m’interdis d’interpréter la remontée du
bouchon comme le résultat de la poussée que l’eau lui fait subir (principe d’Archimède).

Troisième exemple : quand je lance un objet, j’observe qu’il retombe au sol. L’expérience première
déduit faussement que le mouvement ne se conserve pas. Aristote qui s’en remettait à l’observation
immédiate, avait ainsi imaginé que tout objet devait rejoindre son lieu naturel (finalisme).

Or du point de vue scientifique c’est le contraire qui est vrai. Si dans l’espace on lance un objet, il va
poursuivre sa route à l’infini. →principe de conservation du mouvement formulé par Galilée. C’est la
Raison qui est à l’origine de ce principe. Galilée ne pouvant rien observer, a imaginé une expérience de
pensée.

Tant Archimède que Galilée ont du aller contre l’expérience première pour comprendre ces phénomènes.
S’ils s’étaient contentés d’observer passivement le réel, ils n’auraient en rien découvert.

L’esprit scientifique connait toujours CONTRE la première impression.


https://www.youtube.com/watch?v=dlDWHIX-c5M

2. L’opinion est la connaissance que nous pouvons avoir des choses à travers des
généralités ou des lieux communs.

L’opinion est un obstacle épistémologique dans la mesure où elle se fait des idées sur des
choses qu’elle ne comprend pas vraiment. Alors que la science s’intéresse aux causes des
phénomènes, celle-ci ne vise que les effets sur nous. Elle se présente sous la forme de
formules du genre « la laine tient chaud », « il faut dormir la tête au nord », « le vent du nord amène
la pluie », « il y a du fer dans les épinards » Elle désigne les objets par leur utilité, cherche à
résoudre des problèmes pratiques, a pour origine le désir, l’intérêt. Ce qui fait dire à
Bachelard que l’opinion « traduit des besoins en connaissances ».
Néanmoins, elle n’est pas toujours fausse mais pour des raisons autres que celles qu’elle
met en avant : « L’opinion pense mal, elle ne pense pas » dit Bachelard, elle ne questionne
pas, ne s’interroge pas. Penser c’est s’interdire d’avoir une idée confuse, sur une chose
qu’on ne peut formuler clairement. L’opinion ne fait que consentir au vraisemblable, au
probable. Elle n’a pas de fondement rationnel.

 Origine et fondement : repères du programme cf manuel

3. Le savoir antérieur.

L’esprit scientifique exige que l’on puisse renoncer à un savoir déjà constitué. La science a
un caractère polémique. Il faut pouvoir résister à des schémas antérieurs.

Lorsque Galilée réfléchit sur le phénomène du pendule, il détruit le schéma légué par ARISTOTE. Pour
Aristote, le mouvement du pendule est contraint par la corde qui le retient et l’empêche d’aller vers son
lieu naturel. Le mouvement selon le philosophe est artificiel. Galilée y voit au contraire un mouvement,
infini. Sans les frottements de l’air, le pendule devrait poursuivre indéfiniment son mouvement. Il a fallu
que Galilée résiste à un savoir antérieur, qu’il construise un modèle mathématique en supprimant par la
pensée les résistances de l’air.

La science se constitue en réfutant des interprétations fausses. De plus, la réalité ne se montre


pas à nous telle qu’elle est. Il y a donc un travail de rectification permanent contre cette
tendance de l’esprit à s’en remettre aux apparences, à accepter les idées toutes faites, à s’en
remettre à un savoir préalable. « En science, il n’y a pas de vérités premières, il n’y a que
des erreurs premières » →En science, la vérité est une suite d’erreurs rectifiées, balayées,
corrigées.

Autres exemples :

-la découverte de la fonction glycogénique du foie par Claude Bernard.

A l’époque de Claude Bernard, et ce jusqu’en 1863, on pensait que le monde vivant était composé de 2
règnes : celui des végétaux producteurs de sucre et celui des animaux consommateurs. Dans le cadre de
recherches initiées pour sa thèse de doctorat consacrée aux tissus destructeurs du sucre, le biologiste
découvrira du sucre dans le sang de chiens qui ont été nourris exclusivement de viande. Cette
observation fait naître une hypothèse dans l’esprit du chercheur : c’est l’organisme lui même qui produit
le sucre. Cette hypothèse contredit totalement ce que l’on pensait savoir. https://www.youtube.com/watch?
v=8a_RUwN81uY

-la découverte par Lavoisier au XVIIIème du phénomène de combustion. Selon le savoir de


l’époque, on pensait que lorsque qu’un corps brulait, une substance s’en échappait ; on lui avait donné le
nom de « substance phlogistique ». Un jour de 1772 Lavoisier fait brûler du plomb et s’aperçoit qu’il est
plus lourd que le plomb initial→ observation polémique. Il rétablira un système intelligible montrant que
le phénomène de combustion implique la fixation de l’oxygène de l’air. D’où le poids du plomb brûlé.

On constate que :

Rien n’est jamais déductible de la pure observation des phénomènes. En effet, toute observation est faite à
la lumière d’une théorie qui sera soit infirmée soit confirmée. Il n’y a jamais d’observation brute. Darwin
disait : « pour être un bon observateur il faut être un bon théoricien. » A défaut on ne voit pas.

Les lois du réel devront être arrachées au monde. Pour cela la réalité devra être
reconstruite.
II. Le réel de la science est construit par la raison.

En science, « Rien ne va de soi. Rien n’est donné, tout est construit ». Bachelard.

→ »l’expérience » en science n’est pas subie, elle est plutôt « expérimentation ».

L’expérience est subie alors que l’expérimentation est élaborée. L’expérimentation peut se
définir comme la mise en œuvre rationnelle d’un protocole en vue de valider une
explication scientifique (hypothèse). Toute expérimentation suppose une théorie préalable, une
« hypothèse ». L’esprit scientifique n’est jamais purement réceptif : il est actif, la raison est impliquée au
moment au moment de l’expérimentation comme elle l’était déjà au moment de l’observation des faits.

L’expérimentation est ainsi la seule façon de maîtriser un phénomène.

Maitriser un phénomène c’est pouvoir le répéter expérimentalement parce qu’on en a


maitrisé la cause.

Illustration

- Torricelli, Pascal et la pression atmosphérique : En 1643 les fontainiers de Florence tirent l’eau d’une
citerne pour leur fontaine mais l’eau ne monte plus au-delà de 10 mètres. Comment est-ce possible ? A
l’époque on pense, selon le principe d’Aristote que « la nature a horreur du vide ». Galilée ironise : la
nature a horreur du vide jusqu’à 10 mètres seulement ? C’est le savant Torricelli disciple de Galilée qui
résoudra le problème en utilisant un dispositif fait d’un tube rempli de mercure et un simple récipient,
plus manipulable. On observe le même phénomène avec ce liquide mais la hauteur de la colonne de
mercure ne mesure que 76cm. Torricelli montre que la source du phénomène est extérieure au tube. Il fait
l'hypothèse que c'est l'air appuyant sur le mercure de la cuve qui maintient la colonne dans le tube et
l'empêche de retomber. Il est l’inventeur du baromètre à mercure. Pascal réitèrera l’expérience et
comprendra l’origine de la pression atmosphérique. Le maintien de la colonne de mercure dans le tube est
dû au poids de l'air surmontant la cuve. Il en déduit que la pression atmosphérique doit diminuer avec
l'altitude puisque la hauteur de l'air surplombant la cuve diminue.

Le réel de la science est un réel mesuré, quantifié, ordonné, filtré, selon les mots de
Bachelard et par conséquent idéalisé et rationalisé. Ce n’est pas celui que l’on peut avoir
sous les yeux. Quelle en est la raison ?

C’est que la science ne cherche pas à faire connaître les phénomènes dans leur particularité. Elle
s’intéresse aux lois qui gouvernent les phénomènes. Les lois sont les relations constantes et
invariables qui existent entre les phénomènes. La science a donc besoin de conditions idéales, soit
optimales pour expérimenter et valider ses hypothèses. La réalité telle qu’elle se présente ne se prête pas à
l’expérimentation. Dans la nature on ne peut observer deux fois la même chose d’une part et d’autre part il
ya toujours des facteurs perturbateurs→ Le réel de la science doit être construit de manière artificielle.

III. Le statut de la vérité scientifique.

A. Le progrès scientifique.

Que la science se présente comme une suite d’erreurs rectifiées et corrigées l’histoire le montre
abondamment. Il y a toujours des obstacles à détruire et un réel à construire pour vérifier
l’interprétation des phénomènes. (cf partie précédente).

Mais on ne peut s’en tenir là car il faut également combattre un préjugé.


Effectivement, contrairement à ce préjuge très ancré, la vérité scientifique n’est pas
absolue ou définitive mais relative. Il faut néanmoins s’entendre sur l’application
de ce concept de relativité.

Exemple : quand Newton découvre les grands principes de l’attraction universelle, on s’imagine
désormais tout connaître de l’univers. Mais avant lui Galilée avait proposé une théorie permettant
d’unifier deux mondes : le monde sublunaire et le monde supralunaire. Cette
représentation héritée d’Aristote divisait le monde en deux : de la terre à la lune et de la lune aux
astres. Le monde sublunaire était soumis aux lois de la génération et de la corruption (du devenir)
et le monde supralunaire, celui des astres, était parfait car incorruptible et immuable. Il avait ses
propres lois. Une nuit de 1610 Galilée observe le caractère accidenté de la surface lunaire, et puis
plus tard, des taches à la surface de soleil. C’est la découverte de la notion d’univers, un monde
unitaire, homogène et gouverné dans sa totalité par des lois universelles. Désormais « le
monde est écrit en langage mathématiques » Galilée.

https://www.youtube.com/watch?v=k-aBGZjYfSA: Galilée l’assassin d’Aristote racontée par un jeune


mathématicien.

AU XXème siècle, après les découvertes de Newton tout est de nouveau bouleversé avec Einstein
et la découverte de la relativité générale qui crée le concept unique d’« Espace-temps ». C’est
encore une nouvelle manière de penser l’univers. PB →Cela signifie-il que les découvertes
antérieures ne sont pas vraies ?

Non, cela signifie qu’elles peuvent être dépassées par des théories plus totalisantes,
ayant un pouvoir explicatif plus grand. Les théories peuvent être vraies et
dépassables →La théorie de Newton par exemple, est comme une approximation par rapport à
des descriptions plus accomplies et plus précises. Elle n’a pas permis de prédire avec précision
les déplacements de la planète Mercure. La théorie de la relativité en revanche a permis de
fournir des prédictions plus justes.

Mais aussi, une théorie peut n’être vraie qu’à un certain niveau de réalité→c’est une
autre forme de relativité. Une vérité peut être partiellement vraie selon qu’elle s’applique à un
certain niveau du réel.

Exemple emblématique :

La théorie de la relativité générale dite théorie de la gravitation décrit l’univers à l’échelle


macroscopique. Elle décrit le monde des galaxies, des phénomènes qui mettent enjeu de grandes
quantités de matière et d’énergie. Mais cette théorie n’est pas pertinente quand il s’agit de décrire
le monde de l’infiniment petit, celui de l’atome et des particules élémentaires. Seule la physique
quantique peut décrire ces phénomènes. Nous avons donc deux systèmes différents d’explication
pour deux niveaux de réalité. Ces physiques s’appuient sur des principes et concepts non
seulement différents mais contradictoires. Comme le précise le physicien épistémologue Etienne
Klein, on ne s’en rend pas compte car leurs domaines d’application sont différents.

Attention : ce n’est pas parce que les théories peuvent être dépassées par des théories plus
englobantes qu’il est possible en science de revenir sur nos erreurs et nos illusions. Celles-ci sont
définitivement balayées. Personne ne pourra plus jamais démontrer que la terre est plate, que
c’est le soleil qui tourne autour de la terre ou que les espèces n’ont pas évolué, que l’univers a
6000 ans …etc.

B. De Hume à Popper : la pérennité des théories.

Les théories scientifiques sont si provisoires que l’épistémologie moderne a établit avec Karl
Popper comme critère de scientificité la réfutabilité ou la falsifiabilité à défaut de
vérifiabilité.

Nous ne pouvons affirmer avec une totale certitude la vérité des théories scientifiques. Nous
pouvons en effet toujours imaginer que la nature puisse contredire nos lois et nos théories. Nos
certitudes peuvent donc toujours être remises en question. Aristote exprimait ainsi cette idée « la
physique traite de ce qui est vrai la plupart du temps ». Les évènements naturels se
produisent en effet avec une forte régularité mais ils peuvent toujours être perturbés.

David Hume avait analysé en ces termes ce même problème au XVIIIème :

Le contraire d’un fait quelconque étant toujours possible ( →voir distinction vérité de fait et de
raison), les lois que la science formule sous la forme de la nécessité et de
l’universalité ne sont pas fondées en raison .

On a appelé cette analyse « problème de l’induction »  Induire consiste à passer de


l’observation d’un certain nombre de cas particuliers à l’énoncé d’une loi générale.

Exemple de Hume : « le soleil se lèvera demain ». Ou « le soleil ne se lèvera pas demain ». Il n’y a
aucune nécessité logique ou démonstrative pour que le soleil se lève demain. Seule l’habitude, la
répétition du phénomène me permet d’énoncer que le soleil se lèvera demain.

L’expérience quotidienne que nous avons nous porte à penser que l’ordre de la nature est
immuable, que les mêmes causes produiront les mêmes effets. Nous anticipons sur l’expérience
future en fonction d’une forte probabilité, nous faisons en somme un pari permanent sur le futur.
La relation de causalité que nous établissons ne tient pas à la réalité objective des choses mais à
un facteur psychologique. L’induction est une affaire de croyance ou un pari sur le
futur. Ce qui fait écrire à Hume que « toute connaissance dégénère en probabilité ».

→Si aucune série d’observations ne pourra permettre d’affirmer l’universalité


d’un phénomène donné, qu’est ce qui peut alors garantir la pérennité de nos
théories scientifiques ?

Rien. Et tant mieux pour la science car c’est la condition de son progrès. Une théorie qu’on ne
pourrait prendre en défaut, n’aurait aucune valeur sur le plan scientifique. Une théorie qui
s’avèrerait infalsifiable, qui resterait valable quelques soient les tests n’aurait pas de valeur
scientifique. D’une théorie on doit, dit Popper -qui reprend en ces termes le problème posé par
Hume- pouvoir déduire au moins une prédiction, une conséquence qui, si elle n’était pas vérifiée
expérimentalement, réfuterait la théorie. Sont scientifiques les théories qui admettent que
certaines conditions peuvent les infirmer. Cf texte de Popper.

 Idée importante : Je peux donc prouver qu’une théorie est fausse mais je ne
pourrai jamais prouver qu’elle est vraie.

« Tout énoncé scientifique est nécessairement et à jamais donné à titre d’essais. »

« Tant qu’une théorie aura résisté à des tests systématiques et rigoureux et


qu’aucune autre ne la remplace avantageusement dans le cours de la progression
scientifique, nous pouvons dire que cette théorie a fait ses preuves et qu’elle est
corroborée. »

Popper.

La vérité ou la validité d’une théorie serait à la fois sa capacité à se montrer probable et à


fonctionner. La seule chose que l’on puisse dire en science c’est que dans l’état actuel du savoir,
la meilleure explication que l’on ait est la suivante…La science peut être comparée à un
« ensemble de recettes qui marchent » selon cette conception qui peut être qualifiée de
pragmatique. Pour expliquer la situation du scientifique, Einstein donne l’image d’un homme
qui tente de comprendre le mécanisme d’une montre fermée : « s’il est ingénieux il pourra se
former une image du mécanisme, qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe mais il ne
sera jamais sûr que son image soit la seule capable d’expliquer ses observations ».

On remarquera enfin que certains scientifiques ont délaissé le vocabulaire de « vérité


scientifique » au profit de celui de la « théorie scientifique », car cette formulation laisse la porte
ouverte à d’autres explications possibles du monde. La science ne détient pas la vérité absolue :
les modèles qu’elle propose sont remaniés en permanence en vue d’élaborer des représentations
plus complètes, plus explicatives. Néanmoins, son discours aura toujours plus de valeur
qu’un discours qui ne repose sur aucune preuve ou argumentation rationnelle.

Les théories scientifiques devraient-elles renoncer à prétendre connaître le réel tel qu’il est en
lui-même ? C’était déjà la position de Kant. Il nous serait à jamais voilé et nous sommes
séparés de lui par les conditions qui nous permettent de le connaître : entendement
(faculté de connaître) et formes a priori de la sensibilité que sont l’espace et le temps. Nous
n’avons accès qu’aux phénomènes, c'est-à-dire aux choses telles qu’elles nous apparaissent, à
nous êtres humains. Il faut donc renoncer à la notion d’objectivité même si la science garde son
caractère de connaissance universelle. En effet, la connaissance est la même pour tout homme.

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/la-critique-de-la-raison-pure-
demmanuel-kant-24 « qu’est-ce que la chose en soi » : métaphysique et révolution copernicienne.

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