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1 - Symboles fondamentaux de la Science sacrée, coll. Tradition, NRF Gallimard, 1962, p.
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pour nous maintenant). Ma requête était toujours la même : que je trouve un vrai
grand Maître spirituel qui me prendrait comme disciple, m'initierait à la Voie, et
me guiderait vers son But.
A peu près à cette époque, en automne 1937, j'appris que j'avais manqué
de peu un Maître tel que celui que demandaient mes prières, un soufi, un grand
Shaykh algérien, qui était mort environ deux ans auparavant ; et j'appris aussi
qu'en Suisse quelqu'un qui avait été disciple de ce Maître avait formé un groupe
de soufis. Or à cette même époque j'avais de plus en plus fortement conscience
que mes racines étaient dans le Catholicisme : quatre cents ans auparavant tous
les Anglais étaient catholiques. Il est vrai que Guénon ne laissait que peu
d'espoir de trouver une voie initiatique dans le Christianisme. Mais n'était-il pas
possible que la Sainte Vierge me trouvât justement une telle voie ? Malgré tout
cela, l'Hindouisme me paraissait encore la possibilité la plus probable.
J'augmentai mes efforts ; mais plus je priais, plus j'entendais parler du
groupe suisse de soufis et un matin, au réveil, je compris que le Ciel avait fait
naître en moi la certitude que le chef de ce groupe était en fait la réponse à ma
prière.
Etrangement, ma première réaction fut teintée d'une nuance de déception
et de recul sans plus. Suspendu entre Hindouisme et Christianisme, je
m'entendais dire maintenant d'aller dans une direction pour laquelle je n'avais
aucune inclination. Il va sans dire que je ne me permettais pas de placer l'un des
rayons du cercle au-dessus d'un autre. Mais bien qu'en dehors des deux
Traditions de mon choix, je me sois senti fortement attiré par le Taoïsme en
dépit du relativement peu qu'en avait dit Guénon, je n'avais ressenti aucun
penchant particulier pour le Soufisme. Cependant j'avais prié, j'étais certain que
la Sainte Vierge avait également prié et que maintenant la prière avait reçu une
réponse. Je fus incapable d'agir immédiatement, mais au bout de quelques
semaines, je partis pour Bâle, en Suisse, et frappai à la porte de la maison dont
j'avais obtenu l'adresse en réponse à de timides requêtes. Un homme m'ouvrit, et
comme je ne parlais pas couramment l'allemand, je lui dis en français à peu près
cela : "Je suis anglais, lecteur de Guénon, et je crois savoir que vous avez ici un
ordre soufi. Je souhaite me joindre à vous". Il me fit entrer, courut au téléphone,
et je l'entendis demander à quelqu'un de venir chez lui dès que possible. Il
m'offrit aimablement le repas de midi, et l'homme à qui il avait téléphoné arriva.
C'était Titus Burckhardt, qui m'emmena pour une longue promenade, début
d'une grande amitié.
C'était un mardi, le 11 janvier 1938, et j'étais à deux semaines de mon
vingt-neuvième anniversaire. Titus Burckhardt venait d'avoir vingt-neuf ans,
trois mois avant moi. Je lui fis le récit de l'essentiel de ce que j'ai écrit ci-dessus,
il me répondit : "Notre Shaykh - il voulait dire Frithjof Schuon - vit en France, à
Mulhouse, juste de l'autre côté de la frontière, mais il sera ici vendredi". Entre
temps, en fait le même jour, un autre membre du groupe, Léo Schaya, alors un
jeune homme d'environ vingt ans, alla voir le Shaykh et lui parla de moi. Le
Shaykh répondit : "Dites-lui, s'il veut se joindre à nous, d'entrer dans l'Islam".
Ainsi Sidi Ibrahim (Titus Burckhardt) me reçut dans l'Islam, m'apprit à réciter
les prières, et de fait je passai de l'apprentissage du sanscrit à celui de l'arabe.
Le vendredi après-midi, il me dit : "Je vais à la gare chercher le Shaykh.
Voulez-vous m'accompagner ?" C'est ainsi que vint la réponse à mon instante
prière. En dépit de son âge - Schuon n'avait que trente ans - son apparence
correspondait parfaitement à ce à quoi j'aspirais dans ma prière. Sans que cela
fût toutefois nécessaire à conforter ma certitude qu'il était la réponse attendue,
car j'étais déjà, par la grâce du Ciel, aussi convaincu qu'il était possible de l'être.
Et cette certitude n'a pas varié durant les soixante années pendant lesquelles j'ai
eu le privilège d'être son disciple, ou disons plutôt que la voie spirituelle l'a
même graduellement et tout naturellement renforcée.
A cette époque, le groupe de Bâle (il y avait aussi un groupe, plus petit, à
Lausanne) comprenait à peu près onze hommes et cinq femmes. Pour leurs
réunions, ils avaient loué une vieille bâtisse au bord même du Rhin, pour
l'utiliser comme atelier d'artiste, dirent-ils au propriétaire. Il y avait là deux ou
trois pièces ; ils firent de la plus grande, qui donnait sur l'eau, leur zâwiyah
(littéralement "coin"), nom que donnent les soufis à la salle où ils tiennent leurs
majâlis ("sessions", au singulier : majlis). Ce soir-là j'y fus emmené pour un
majlis et, alors que je m'asseyais dans le cercle des hommes, tous envêtements
musulmans (ils avaient réussi à m'en trouver un également), un immense
bonheur descendit sur moi. Mon aspiration à vivre aux temps anciens, que mon
étude de Guénon avait rejetée à l'arrière-plan, s'imposa soudain à nouveau, mais
cette fois-ci comme une réalité : j'étais, semblait-il, sur le point de renaître dans
l'ancien temps, en dépit du monde moderne et sous l'égide des valeurs
traditionnelles ; je retrouvai également ma "religion de la beauté", comme un
cadre normal, et comme une conque protectrice, pour la vie spirituelle. J'étais
venu au Shaykh pour recevoir initiation et instruction, mais il ne m'était jamais
venu à l'esprit qu'une part de cette instruction représentait toute une civilisation.
Il m'autorisa, pendant que j'étais à Bâle, à utiliser l'une des pièces de la zâwiyah,
et je vécus là les quatre mois suivants. Il y passait lui-même deux nuits à la fin
de chaque semaine. Ce fut un début extrêmement béni ; et, à peu près un mois
après mon arrivée, il m'initia et j'entrai dans la Voie.
J'étais un peu perplexe en considérant que ma relation avec la Sainte
Vierge n'avait apparemment rien eu à voir avec le choix que le Ciel avait fait
pour moi. Mais je me disais que ce n'était pas elle que j'avais prié, que je ne lui
avais demandé que de joindre ses prières aux miennes, de prier Dieu pour moi,
et que c'est lui qui avait décidé de ce que je devrais faire. Je trouvais cette
logique satisfaisante ; mais quelque vingt ans plus tard, nous demandâmes au
Shaykh d'ajouter un nom à celui de son propre Maître, le Shaykh Al-'Alawi,
pour nous distinguer des 'Alawis de l'Afrique du Nord. Nous pensions qu'il nous
donnerait l'un de ses propres noms, mais, à notre surprise, il dit : "Notre Tarîqah
(littéralement "Voie", nom de tous les ordres soufis) est Maryamiyyah, c'est-à-
dire de Marie", et il ajouta qu'à plus d'une reprise elle lui avait dit clairement
qu'elle nous avait choisis, et qu'elle était notre protectrice. Et il alla jusqu'à nous
dire : "Ce n'est pas nous qui l'avons choisie ; c'est elle qui nous a choisis".
Donc, après tout, mes Ave Maria, répétés un si grand nombre de fois, n'avaient
pas été étrangers à mon orientation finale. La Sainte Vierge le savait
parfaitement, mais nous n'en avions encore nullement connaissance. Quelqu'un
demanda au Shaykh : "Pourquoi nous a-t- elle choisis ?" A quoi il répondit que
nous n'avions pas besoin de le savoir, mais, à une autre occasion où la question
fut posée, il expliqua : "Une réponse possible est celle-ci : c'est une princesse
juive de la maison de David ; elle est d'autre part la mère du fondateur du
Christianisme ; et elle occupe, dans l'Islam, le sommet de la hiérarchie des
femmes. Elle aime ces trois religions, et la religion en général, comme nous. Du
reste, plusieurs d'entre nous sont d'origine juive et un plus grand nombre
d'origine chrétienne, outre tous ceux qui sont nés et ont été élevés dans l'Islam ;
et comme elle, nous sommes beaucoup plus intéressés par ce que ces trois
religions ont en commun que par ce qui les sépare. Ainsi, en un sens, nous
sommes sur son territoire". Mais en fait nous ne nous étions pas trompés en
pensant qu'il nous donnerait son propre nom, car il est généralement admis, dans
le Soufisme, que chaque grand Maître, outre le fait d'être mystérieusement
représentant du Prophète, représente aussi, d'une certaine manière, l'une des
lumières spirituelles antérieures à l'Islam2. Un jour, alors que quelqu'un lui
demandait si nous pouvions, comme c'était le cas pour son propre Maître, le
considérer comme un représentant de Jésus, il répondit : "Non, je suis
Maryamî", c'est-à-dire un représentant de Marie.
*
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2 - Voir Martin Lings, Un Saint soufi du XXe siècle, Le Seuil, 1990, chapitre 12.
avions besoin : pour reconnaître et expliciter des exceptions non encore traitées
jusqu'alors (par exemple que le Christianisme n'entre pas a priori dans l'ordre
des choses tel que Guénon le concevait), pour combler les inévitables lacunes,
nouer les fils laissés défaits et épars, et pour justifier des généralisations
valables.
Troisièmement et principalement, il fallait suivre un certain ordre de
développement. On peut dire, de la manière la plus générale, que le sujet
essentiel traité à la fois par Guénon et Schuon est l'ésotérisme. Sur cette base, la
majeure partie de l'oeuvre de Guénon pourrait se résumer dans cette formule :
"l'ésotérisme comme principe en vue d'une voie". Il revenait à Schuon d'écrire
L'Esotérisme comme Principe et comme Voie, dont le titre rend justice à sa
qualification pour écrire sur ce qui suit l'initiation aussi bien que sur ce qui la
précède. Sous ce rapport, on peut considérer les écrits du premier comme une
introduction à ceux du second. Dire que Guénon a comblé un vide avec
L'Homme et son Devenir selon le Vêdânta est légitime, mais dans une certaine
mesure seulement. Au contraire de Schuon, il n'a jamais eu comme fonction
d'être un Maître spirituel. Je dois cependant saisir cette occasion pour modifier
quelque chose que j'ai dit ailleurs au sujet de ses livres, à savoir qu'ils donnent
l'impression, à l'opposé de ceux de Schuon, qu'il y fait abstraction de lui- même.
C'est une exagération que je dois retirer. Guénon avait une lumineuse présence,
qui se manifeste indubitablement ici et là à travers ses oeuvres. Pour ceux qui
l'ont connu, certains passages font penser à l'étonnante luminosité de ses yeux.
Mais les écrits de Schuon vibrent, eux, continuellement de la présence de leur
auteur, tout en étant en même temps totalement objectifs. Ou disons plutôt que
nous y sommes rendus conscients d'une identité mystérieuse, en lui, de la
subjectivité et de l'objectivité. De cette façon, c'est presque comme si le lecteur
en quête de sagesse pouvait avoir recours au sage lui- même : il est là, à l'arrière-
plan, comme une illuminante personnification de ce que sa plume a tracé.
Avant de clore cet hommage à celui que je crois être le plus grand
métaphysicien de notre époque, j'aimerais le laisser parler lui- même.
"Les idées de ''Grand Esprit" et de primauté de l'invisible sont naturelles
à l'homme, ce qui n'a même pas besoin d'une démonstration ; or ce qui est
naturel à la conscience humaine, laquelle se distingue de la conscience animale
par son objectivité et sa totalité - sa capacité d'absolu et d'infini pourrions-nous
dire, - ce qui est naturel à la conscience humaine prouve ipso facto sa vérité
essentielle, la raison d'être de l'intelligence étant l'adéquation au réel". Et il
ajoute en note : "Nous avons entendu quelqu'un dire que les ailes des oiseaux
prouvent l'existence de l'air, et que de même le phénomène religieux, commun a
priori à tous les peuples, prouve l'existence de son contenu, à savoir Dieu et la
survie ; ce qui est pertinent, si on se donne la peine d'examiner les choses en
profondeur" .3
3 - Du Divin à l'Humain, Le Courrier du Livre, Paris, 1981, p. 12.
A propos de la transformation de l'homme, à la Renaissance, qui, de
symboliste qu'il était, en a fait un rationaliste, Schuon écrit "Ce passage de
l'objectivisme au subjectivisme reflète et renouvelle à sa manière la chute
d'Adam et la perte du Paradis : en perdant la perspective symboliste et
contemplative qui se fonde à la fois sur l'intelligence impersonnelle et la
transparence métaphysique des choses, on a gagné la richesse fallacieuse de
l’ego ; le monde des images divines est devenu un monde de discours. Dans tous
les cas de ce genre, le ciel - ou un ciel - se ferme au-dessus de nous sans que
nous ne nous en apercevions, et nous découvrons par compensation une terre
longtemps méconnue, nous semble-t-il, une patrie qui ouvre ses bras pour
accueillir ses enfants et qui voudrait nous faire oublier tous les Paradis perdus ;
c'est l'étreinte de Mâyâ, le chant des sirènes ; Mâyâ, au lieu de nous conduire,
nous enferme. La Renaissance avait cru découvrir l'homme, dont elle admirait
les pathétiques convulsions ; pour le laïcisme sous toutes ses formes, l'homme
comme tel était devenu pratiquement bon, et du même coup, la terre était
devenue bonne et comme immensément riche et inexplorée ; au lieu de ne vivre
“qu'à moitié”, on pouvait enfin vivre pleinement, être pleinement homme et
pleinement sur terre ; on n'était plus une sorte de demi-ange déchu et exilé ; on
était devenu un être entier, mais par le bas" .4
De l'une des conséquences de cette chute, et de l'expansion territoriale qui
en est résultée, ici l'écrasement des Indiens de l'Amérique du Nord, il écrit
ailleurs : "On pourrait définir ce drame immense comme la lutte, non seulement
entre une civilisation marchande et matérialiste et une autre chevaleresque et
spiritualiste, mais aussi entre la civilisation citadine - au sens strictement
humain et péjoratif de ce terme, impliquant une idée d'“artifice” et de
“servilité” - et le règne de la Nature, considérée, elle, comme le vêtement
majestueux, pur, illimité, de l'esprit divin. Or la Nature, dont l'Indien se sent
comme l'incarnation et qui est en même temps son sanctuaire, finira par vaincre
ce monde artificiel et sacrilège, car elle est le Vêtement, le Souffle, la Main
même du Grand-Esprit" .5
Retournons a Du Divin à l'humain, au chapitre sur "Le Message du Corps
humain" :
"La démarche de l'être humain est aussi évocatrice que sa position
verticale ; alors que l'animal est horizontal et ne s'avance que vers lui-même -
c'est dire qu'il est enfermé dans sa forme -, l'homme en s'avançant se dépasse ;
sa démarche même semble verticale, elle dénote un pèlerinage vers son
Archétype, vers le Règne céleste, vers Dieu. La beauté de la face antérieure du
corps humain indique la noblesse, d'une part du but vocationnel et d'autre part
de la façon de s'en approcher ; elle indique que l'homme se dirige vers Dieu et
qu'il le fait d'une manière “humainement divine ”, si l'on peut dire. Mais la face
4 - Regards sur les Mondes anciens, Ed. Traditionnelles, Paris, 1972, p. 36-37.
5 - Introduction à : Héhaka Sapa, Les Rites secrets des Indiens Sioux, Paris, 1975, p. 29-30.
postérieure du corps elle aussi a sa signification : elle indique, d'une part la
noble innocence de l'origine, et d'autre part la façon noble de laisser derrière
soi ce qui est dépassé ; elle exprime, positivement d'où nous venons, et
négativement comment nous tournons le dos à ce qui n'est plus nous-mêmes.
L'homme vient de Dieu et il va vers Dieu ; mais en même temps, il s'éloigne
d'une imperfection qui n'est plus la sienne et s'approche d'une perfection qui ne
1’est pas encore. Son “devenir” porte l'empreinte d'un “être” ; il est ce qu'il
devient, et il devient ce qu'il est" .6
La citation suivante nous donnera un exemple de la manière magistrale
dont Schuon réfute les erreurs de plus en plus courantes que les représentants
officiels de la religion semblent incapables de corriger :"Nous avons entendu
dire parfois que le bonheur illimité du Paradis est impossible puisque, faute de
contraste, il finirait dans l'ennui ; pour apprécier un bonheur, paraît-il, il faut
qu'il y ait des points de comparaison et de référence, donc des souffrances.
Cette opinion est erronée pour diverses raisons".
Il amorce sa réfutation en soulignant que l'opinion en question est fausse
même en ce qui concerne ce monde-ci, pour ne rien dire de l'au-delà :
"Premièrement, l'homme moralement et intellectuellement intègre satisfait à la
nécessité des contrastes ou du changement par son discernement, son
détachement et sa discipline, et c'est pour cela qu'il ne s'ennuie jamais, à moins
qu'on ne l'ennuie ; l'homme supérieur a l'intuition des archétypes et des essences
et se maintient par là même dans un équilibre surnaturel, du fait que sa vision
des choses débouche sur l'Infini. Au Paradis, rien ne peut se faner, ni
objectivement, ni subjectivement, étant donné que les choses et les perceptions
se rajeunissent sans cesse par leur contact avec la divine Infinitude ; l'homme se
trouve alors affranchi, non d'un certain besoin de jeux compensatoires ou de
rythmes sans doute, mais de la nécessité psychologique ou morale de
changements contrastants. La preuve métaphysique en est la Félicité divine elle-
même, laquelle ne souffre nullement du fait qu'elle est sans ombres, mais
laquelle comporte nécessairement des “dimensions ” dans la mesure où elle se
projette dans le règne de Mâyâ, ou dans la mesure où notre façon d'envisager
l'Ordre divin relève de ce règne"7.
Terminons ces citations avec un passage d'une importance pratique
immense en ce que l'auteur semble parler directement et pour ainsi dire
personnellement à chacun de ses lecteurs, adressant à tous une sorte
d'avertissement, qui devient pour certains une invitation.
"La connaissance ne sauve qu'à condition d'engager tout ce que nous
sommes : quand elle est une voie qui laboure et qui transforme, et qui blesse
notre nature comme la charrue blesse le sol. (...) La connaissance métaphysique
6 - Du Divin à l'Humain, p. 100-101.
7 - Résumé de Métaphysique intégrale, Le Courrier du Livre, Paris, 1985, p. 47-48.
est sacrée. C'est le propre des choses sacrées d'exiger de l'homme tout ce qu'il
est" .8
Schuon insiste ici sur la nécessité d'un engagement total, ce qui est l'un
des thèmes dominants de toute son oeuvre ; mais en tant que guide d'âmes, il
était particulièrement généreux dans l'octroi des moyens par lesquels cet
engagement peut être réalisé, car il connaissait parfaitement la difficulté
considérable qu'il y a - spécialement pour qui est né, a été élevé et scolarisé dans
l'Occident moderne - à rassembler tous les éléments psychiques épars pour
réaliser la perfection d'une sincérité sans faille.
8 - Perpectives spirituelles et Faits humains, Les Cahiers du Sud, Paris, 1953, p. 185 et 186.