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Textes spirituels d’Ibn Taymiyya.

Nouvelle série
XXXIII. Le degré ultime de l’hérésie
Un des Textes spirituels précédents a été l’occasion de présenter Le Très-Haut a dit : « Aujourd’hui, J’ai rendu parfaite, pour
l’important Livre de Safed d’Ibn Taymiyya et de souligner l’intérêt vous, votre religion [259] ; J’ai parachevé Ma grâce sur vous ; J’ai
que le théologien-mufti damascain y montre, non seulement pour la
théologie philosophante du Kalām mais aussi pour la Falsafa même, agréé, pour vous, l’Islam comme religion3. » Pour sa commu-
notamment Avicenne et ses Ishārāt1. Extraites du même ouvrage, les nauté, Dieu a donc rendu parfaite la religion par sa langue. Ils
pages traduites ci-dessous proposent une lecture particulièrement cri- n’ont donc besoin que de quelqu’un qui communique la reli-
tique de l’évolution de la pensée islamique en ses divers dévelop- gion parfaite ; ils n’ont pas besoin de quelqu’un à qui il serait
pements, qu’ils soient théologiques, philosophiques, mystiques ou, parlé.
parfois même, jurisprudentiels.
En ces développements, Ibn Taymiyya ne voit en effet que des con- Voilà pourquoi il a dit – Dieu prie sur lui et lui donne la
séquences néfastes d’une même incapacité de se satisfaire du Coran et paix ! : « Dans les communautés [venues] avant vous, il y eut
de la Sunna chez tous ceux prétendant avoir besoin, qui d’histoires des des gens à qui il fut parlé. S’il y en avait un dans ma commu-
gens du Livre, qui de « la sagesse de la Perse, de Byzance, de l’Inde, nauté, ce serait ‘Umar4. » Il n’affirma pas péremptoirement
de la Grèce et d’autres nations », qui de leur « gustation » extatique, que, dans sa communauté, il y avait quelqu’un à qui il était
qui de « leur intellect ou de leur avis ». Idem pour qui assimile aux
Prophètes de soi-disant « Amis de Dieu », des sages ou des philo- parlé comme il affirma péremptoirement qu’il y en avait eu
sophes, ou assimile les Messagers à ces derniers, ou donne plus d’émi- dans les communautés [venues] avant nous, alors même que
nence à ceux-ci qu’à ceux-là. notre communauté est la plus éminente des communautés et
Le « pharaonisme » que le théologien-mufti détecte en tous ces gens plus parfaite que ceux qui [vécurent] avant nous. Cela, parce
culmine selon lui dans les doctrines, contradictoires, de l’union du que notre communauté peut se passer des gens à qui il serait
divin et du créé, de l’inhérence de l’un en l’autre et, finalement, de
parlé comme [ses membres] peuvent se passer d’un Prophète,
l’unité de l’existence (waḥdat al-wujūd). Tous ne lui paraissent cepen-
dant pas semblablement coupables. Il s’emploie donc à distinguer les autre que Muḥammad, de qui ils tireraient [leur guidance]. Ce
vues des uns et des autres ainsi qu’à analyser les similitudes et les qu’ils savent des affaires des Prophètes, c’est par l’intermé-
influences. L’impact progressif de la théologie et de la Falsafa sur le diaire de Muḥammad. C’est lui qui leur a communiqué ce qu’il
soufisme l’intéresse particulièrement. Il est ainsi amené à condamner leur a communiqué des affaires des Prophètes, et ce que, des
la distinction de trois credos chez Ibn ‘Arabī, l’idée d’Ibn Sab‘īn et
affaires des Prophètes, il ne leur a pas communiqué, sa commu-
d’autres que toutes les religions se valent pour qui « réalise » (muḥaq-
qiq), c’est-à-dire croit en la waḥdat al-wujūd, et qu’une telle réali- nauté n’en a pas besoin. C’est pour ceci qu’il n’est pas obliga-
sation est le point ultime du savoir, supérieur à la jurisprudence, au toire, pour eux, d’avoir de cela une connaissance telle qu’ils
Kalām, à la Falsafa, et même au soufisme. distinguent entre ce qui en est véridique et ce qui en est men-
Pour Ibn Taymiyya, il s’agit bien sûr là d’une hérésie. Il en est par songer. Ainsi est-il établi dans le Ṣaḥīḥ d’al-Bukhārī, à propos
ailleurs convaincu et n’hésite ni à l’écrire ni à en expliquer le com- du Messager de Dieu – Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! –
ment, capitale est la responsabilité de la théologie du Kalām dans la
genèse d’une telle hérésie : ce sont selon lui les « idées intellectuelles qu’il a dit : « Lorsque les gens du Livre vous parlent de quel-
corrompues et les interprétations déviantes » des théologiens scolas- que chose, ne les jugez ni véridiques ni menteurs ! » Tantôt en
tiques qui égarèrent maints penseurs postérieurs, corrompirent leur effet ils vous parleront de quelque chose de vrai et vous juge-
raison comme leur religion et les amenèrent à « traiter les Envoyés de riez qu’ils mentent ; tantôt ils vous parleront de quelque chose
menteurs » ! de vain et vous les jugeriez véridiques. Dites : « Nous croyons
TRADUCTION 2 en Dieu, en ce qu’Il a fait descendre vers nous et en ce qu’Il a
L’AUTOSUFFISANCE DU MESSAGE MUḤAMMADIEN fait descendre vers vous5. » Il a donc commandé une foi géné-
S’agissant de la religion de l’Islam, nous le savons avec rale portant sur l’ensemble [260] de ce que les Prophètes ont
certitude, nécessairement, Muḥammad est le Messager de Dieu apporté. Quant à ce qui est tel qu’on ne sait pas si celui qui le
– Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! – à qui le Dieu Très- transmet d’eux est véridique ou ment, on ne le jugera ni véridi-
Haut nous a obligés d’obéir en ce qu’il a commandé et qu’[Il que, ni mensonger.
nous a obligés] de juger véridique en ce dont il a informé. Il n’a Étant donné que notre communauté peut se passer de tirer [sa
commandé d’obéir à personne d’autre – ni un Prophète, ni quel- guidance] d’un prophétat autre que le prophétat de Muḥammad,
qu’un d’autre qu’un Prophète – excepté lorsque cela correspond qu’elle puisse se passer de gens à qui il serait parlé est a fortiori
à lui obéir. Nous, lorsque nous disons que la Loi (shar‘) de qui encore plus [vrai]. Ceux qui [vécurent] avant nous eurent
nous a précédés est une Loi pour nous tant que notre Loi n’en a besoin des Prophètes et, semblablement, peut-être eurent-ils
pas introduit l’opposé, c’est seulement dû au fait que cela a été besoin des gens à qui il était parlé. Ce dont les communautés
Légiféré par la langue de Muḥammad au moyen des preuves ont besoin, s’agissant des informations divines, il faut imman-
prouvant cela. Nous le savons nécessairement à partir de sa reli- quablement que ce soit préservé [de l’erreur], infaillible (ma‘-
gion, quiconque lui obéit entre dans le Jardin. Il n’a donc pas
besoin, avec cela, d’obéir à un autre que lui, ni à un Prophète,
ni à quelqu’un à qui il serait parlé (muḥaddath). Ceux qui 3. Coran, al-Mā’ida - V, 3.
4. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Manāqib (Būlāq, t. V, p. 12) ; MUSLIM,
suivirent son prophétat n’eurent pas besoin de suivre un autre
Ṣaḥīḥ, Faḍā’il al-ṣaḥāba (Constantinople, t. VII, p. 115) ; AL-TIR-
Prophète que lui ni, a fortiori, quelqu’un à qui il aurait été parlé. MIDHĪ, Sunan, Manāqib (éd. ‘UTHMĀN, t. V, p. 285, n° 3776).
5. Voir AL-BUKHĀRĪ, Ṣaḥīḥ, Tafsīr (Būlāq, t. VI, p. 20-21) ; I‘tiṣām
1. Voir Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. XXVIII, p. 1. (Būlāq, t. IX, p. 111) ; Tawḥīd (Būlāq, t. IX, p. 158) ; IBN ḤANBAL,
2. IBN TAYMIYYA, Ṣafadiyya, t. I, p. 258, l. 7 - 277, l. 3. Musnad, t. IV, p. 136.

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ṣūm), pour que l’argumentation (ḥujja) tienne par là debout et que quiconque insulte un Prophète d’entre les Prophètes est tué,
que par là s’obtienne ce qui est visé par la prédication (da‘wa). selon l’accord unanime des imāms, et est un renégat ; tout
Ceci est de ce qui prouve la nécessité que ce avec quoi les Pro- comme il y a le fait que quiconque mécroit en lui et en ce avec
phètes sont venus soit protégé de l’erreur (‘iṣma) et que ce avec quoi il est venu [262] est un renégat. La foi n’est en effet com-
quoi notre Prophète est venu soit protégé de l’erreur (‘iṣma) plète qu’en croyant en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres et en
après sa mort. Dieu a donc préservé le Rappel qu’Il avait fait Ses Messagers.
descendre. Il avait fait descendre sur lui le Livre et la sagesse –
la sagesse, c’est la Sunna. Dieu préserva donc ceci et cela. Et à
Dieu la louange et la puissance !
Quiconque, dans cette communauté, est trouvé avoir besoin
d’autre chose que ce avec quoi le Messager est venu, c’est à
cause de la faiblesse de sa connaissance de, et de sa fidélité à
(ittibā‘), ce avec quoi le Messager est venu, à l’instar de beau-
coup. L’un d’entre eux de dire ainsi qu’il a besoin des histoires
israélites (isrā’īliyyāt) et d’autres choses relevant des états des
gens du Livre. Il en est par ailleurs des autres qui disent qu’ils
ont besoin de la sagesse de la Perse, de Byzance (al-rūm), de
l’Inde, de la Grèce et d’autres nations. D’autres de dire en outre
qu’ils ont besoin de leur gustation (dhawq) ou de leur intellect Pharaon5
(‘aql), ou de leur avis (ra’y), sans considération de cela au DE PHARAON AUX ADEPTES DE L’UNITÉ DE L’EXISTENCE
moyen du Livre et de la Sunna. Tu ne trouveras personne dire Quant à l’Ami (walī), qui n’est pas un Prophète, il n’est pas
qu’il a besoin d’autre chose que les traces (āthār) du Messager obligatoire de tuer [un individu] pour le simple fait qu’il l’a in-
si ce n’est quelqu’un de faible pour ce qui est de connaître et de sulté et quelqu’un qui ne croit pas en lui n’est pas un renégat
suivre ses traces. Sinon, quiconque assume ce avec quoi le [sorti] de l’Islam. Quiconque exagère à propos des Amis, ou
Livre et la Sunna sont venus s’élève au dessus du savoir des qui les nomme « Amis de Dieu », ou qui les nomme « gens de
premiers et des derniers et Dieu, par la lumière avec laquelle Il Dieu », ou qui les nomme « les sages », ou « les philosophes »,
a envoyé Muḥammad, le rend à même de se passer d’autre ou leur donne d’autres noms encore qu’il relie aux noms des
chose que lui. [261] Prophètes et les assimile aux Prophètes, ou les dit plus émi-
Le Dieu Très-Haut a dit : « Ceux donc qui croient en lui, l’as- nents que les Prophètes, sera appelé à se repentir. S’il se repent,
sistent, l’aident à vaincre et suivent la lumière que l’on a fait [tant mieux]. Sinon, ils sera tué. Comment, dès lors, [en ira-t-il
descendre avec lui, ceux-là sont ceux qui réussissent1. » Le a fortiori] de quelqu’un pour qui les Prophètes tirent profit du
Très-Haut a aussi dit : « De Dieu vous sont venus une lumière nommé « le Sceau des Amis6 » – c’est l’équivalent du [mahdī]
et un Livre source d’évidence par lequel Dieu guide quiconque attendu des Rāfiḍites7 et l’équivalent du Secours (ghawth) des
poursuit Son contentement sur les sentiers de la paix, les extrait exagérateurs d’entre les soufis et leurs semblables parmi les
des ténèbres vers la lumière, avec Sa permission, et les guide gens croyant en des choses n’ayant point de réalité à l’extérieur
vers une voie droite2. » Le Très-Haut de dire encore : « Ô ceux – et qui fait cet [individu] nommé « le Sceau des Amis » puiser
qui croient, craignez Dieu et croyez en Son Messager ! Il vous de la source de laquelle l’ange par qui la révélation est trans-
donnera deux parts de Sa miséricorde, vous placera une lumière mise au Messager puise ? Comment [en ira-t-il] aussi de quel-
avec laquelle vous marcherez et Il vous pardonnera. Dieu est qu’un pour qui le Prophète tire [son savoir] des formes ima-
pardonnant, miséricordieux. [Cela], afin que les gens du Livre ginées qui se trouvent en son âme et correspondent à l’intel-
sachent qu’ils n’ont de pouvoir sur rien de la faveur de Dieu et lect, pour qui donc il tire [son savoir] de l’intellect comme le
que [cette] faveur est en la main de Dieu : Il la donne à qui Il font les gens doués d’intellects, et pour qui ce que le prophétat
veut, et Dieu détient une faveur immense3. » Il [nous] a par ail- produit est un condensé de l’intellect, ainsi que le disent al-
leurs informés que la révélation de Muḥammad était comme la Ṭūsī8, le commentateur des Ishārāt, et ses semblables d’entre
révélation des [autres] Prophètes. Ainsi a-t-Il dit : « Nous t’a- les philosopheurs ésotéristes9 ?
vons fait révélation comme Nous l’avons fait à Noé et aux
Prophètes d’après lui. Nous avons fait révélation à Abraham, à 5. Illustration anonyme de M. AL-JUNDĪ, Man sa-yaḥkum.
Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, à Jésus, à Job, à Jonas, à 6. Ibn Taymiyya vise ici Ibn ‘Arabī et sa doctrine du Sceau des
Aaron, à Salomon, et Nous donnâmes les Psaumes à David. Il y Saints, sur laquelle voir M. CHODKIEWICZ, Sceau ; Y. MICHOT, Musi-
a des Messagers de qui Nous t’avons relaté l’histoire aupara- que, p. 61, 136.
vant et des Messagers de qui Nous ne te l’avons point rela- 7. Désignation péjorative des Shī‘ites qui « refusent » (rafaḍa) les
premiers califes bien-guidés ; voir le texte d’Ibn Taymiyya traduit in
tée… – et Dieu parla à Moïse, lui adressa la parole4. » Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. IV, p. 2, n. 6, et le fetwa les concer-
En outre, parmi les choses propres aux Prophètes, il y a le fait nant traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. XVII.
8. Naṣīr al-Dīn al-Ṭūsī (m. 672/1274), astronome, théologien shī‘ite
et philosophe avicennisant ; voir Y. MICHOT, Vizir, p. 204-210 ; Mam-
1. Coran, al-A‘rāf - VII, 157. lūk II, p. 340-341. Il commenta les Ishārāt pour défendre Avicenne
2. Coran, al-Mā’ida - V, 15-16. des attaques de Fakhr al-Dīn al-Rāzī ; voir N. D. AL-ṬŪSĪ, Sharḥ.
3. Coran, al-Ḥadīd - LVII, 28-29. 9. Une première traduction de ce paragraphe a été publiée in Y. MI-
4. Coran, al-Nisā’ - IV, 163-164. CHOT, Vizir, p. 221-222, n° 15.

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Ce qui est visé ici, c’est rendre clair que ces gens qui ont des trois choses.
prétentions à la réalisation [de la réalité] (taḥqīq), à la connais- L’une d’elles, c’est ce que disent les négateurs, à savoir la
sance, à l’Amitié, et parlent d’unité de l’existence (waḥdat al- plupart des théologiens du Kalām jahmites et de leurs exami-
wujūd), l’origine de ce qu’ils disent est ce que disent les éso- nateurs (nāẓir) qui nient [264] les deux contraires et réunissent,
téristes – les philosophes, les Qarmaṭes1 et leurs pareils – et que dans ce qu’ils disent, la négation (salb) des deux opposés. [II]
ceux-là sont du genre de Pharaon. Ceux-là sont cependant plus Leurs exagérateurs disent donc : « Il n’est ni existant, ni ané-
ignorants que Pharaon tandis que Pharaon fut d’une obstination anti, et ni vivant, ni mort, etc. » [III] Les modérés d’entre eux
plus grave qu’eux. Intérieurement, Pharaon confessait en effet disent : « Il n’est ni distinct du monde, ni entrant en lui. Il n’est
[l’existence de] l’Artisan distinct des sphères [célestes] mais fit proche de rien et rien n’est proche7 de Lui. Rien ne monte vers
semblant de [la] nier par recherche de la hauteur et de la cor- Lui et on ne L’indique pas, etc. » Ce que ces négateurs-là disent
ruption. Il fit aussi semblant [de penser] que ce que Moïse implique nécessairement la réduction à rien (ta‘ṭīl) et la néga-
disait n’avait pas de réalité. Le Très-Haut dit : « Pharaon dit : tion de l’Artisan ainsi que le déclara Pharaon, l’imām des ré-
« Ô Hāmān, bâtis-moi une tour ! Peut-être atteindrai-je les cor- ducteurs. Voilà pourquoi leurs adorateurs (‘ābid) et leurs sou-
des2, [263] les cordes des cieux de façon à avoir vue sur le Dieu fis, leur masse (‘āmma) et leurs réalisateurs (muḥaqqiq) en vin-
de Moïse, encore que je sois d’opinion qu’il est un menteur3. » rent à affirmer l’unité, l’inhérence et l’union. Le cœur de l’ado-
Quant à ceux-là, en eux-mêmes ils confessent [l’existence de] rateur est en effet en quête d’un existant qu’il prenne pour
l’Artisan, ils l’établissent, mais ils ne L’affirment pas distinct objectif et à qui il adresse des demandes, à la différence de
du monde. Ils font bien plutôt de Son existence l’existence du l’examen, de la recherche et de la théologie (kalām), lesquels
monde ou ils Le font inhérer dans le monde. Leurs dires sont s’attachent à l’existant et à l’anéanti. Quant à l’adoration, à la
confus, contradictoires. Ils hésitent en effet entre l’union (itti- quête et à la demande, elles ne visent que quelque chose d’exis-
ḥād) et l’inhérence (ḥulūl)4. L’origine de leur égarement est tant. Ceux-ci en vinrent à examiner ce que ceux-là avaient
leur négation de la distinction de l’Artisan par rapport au mentionné, s’agissant de la négation des deux opposés, et leurs
monde. Leurs cœurs en sont venus à rechercher un existant cœurs ne l’acceptèrent pas alors même qu’ils avaient en partage
mais ils refusent qu’il soit distinct du monde. Ils en sont donc avec eux de nier la distinction de Dieu par rapport à Ses créa-
venus à le rechercher dans le monde ou à faire de son existence tures et Sa transcendence par rapport à elles. Ils en vinrent donc
l’existence du monde. Ils en font donc soit le monde, soit une à rechercher le Dieu existant dans le monde en étant non dis-
partie de lui, soit un attribut de lui. Soit encore ils disent : « Il tinct du monde et ils hésitèrent entre l’inhérence, l’union et les
est le monde et le monde n’est pas lui. » Ils réunissent donc [conceptions] ressemblant à cela qui relèvent des [diverses]
deux choses mutuellement contraires et c’est ce qu’Ibn ‘Arabī espèces de l’hérésie. [IV] Il y a aussi, parmi eux, une troisième
dit en réalité. Il fait en effet de Son existence l’existence du sorte [de gens], plus exemplaire que ces deux-ci, qui réunissent
monde et dit que l’essence de la chose est autre5 que son l’inhérence et la distinction. C’est ce que dit un groupe de gens
existence ainsi que [le] dit quelqu’un disant que l’anéanti est tels Abū Mu‘ādh al-Tūmanī8 et d’autres que lui. Dans les
une chose. Il fait donc une différence entre l’existence et l’être- propos d’Abū Ṭālib al-Makkī9 [265] et d’Ibn Barrajān10 peuvent
là (thubūt). Or c’est une différence vaine. C’est pourquoi ce aussi se trouver, s’agissant des propos qu’un groupe de
qu’il dit est contradictoire. shaykhs11 comme le shaykh Abū l-Bayān12 le damascain et
Ainsi aussi beaucoup de gens affirment-ils quelque chose de d’autres que lui ont rejetés, des choses dans lesquelles quelque
l’union et de l’inhérence tout en se contredisant à ce sujet. chose ressemblant à ceci est dit se trouver. La masse de ceux-là
Quelque chose de cela existe par ailleurs dans les propos de tiennent des propos contradictoires ou des propos n’ayant pas
beaucoup des soufis. de vérité étant donné que le fondement sur lequel ils ont bâti
Les gens disent à ce sujet quatre choses. leurs propos est un fondement vain. On parle largement de ces
[I] Les dires avec lesquels Dieu a envoyé Ses Messagers, avec affaires ailleurs.
lesquels Il a fait descendre Ses Livres et qui furent ceux des Cependant, même si quelque chose qui est une erreur à rejeter
Anciens (salaf) de la communauté et de ses imāms, c’est se produit dans les propos de certains des shaykhs des gens de
affirmer l’établissement [de l’existence] de l’Artisan, qu’Il est
distinct du monde, transcendant par rapport à lui. 7. yaqrubu : bi-qurb Ṣ
Quant aux Jahmites6 et à leurs pareils, ils en vinrent à dire 8. Théologien murji’ite égyptien (IIIe/IXe s. ?) ; voir AL-SHAHRAS-
TĀNĪ, Milal, trad. GIMARET & MONNOT, Religions I, p. 428-429.
1. Une des branches de l’Ismā‘īlisme ; voir W. MADELUNG, EI2, art. 9. Abū Ṭālib Muḥammad b. ‘Alī l-Ḥārithī l-Makkī, traditionniste et
Ḳarmaṭī. mystique (m. 386/996) ; voir L. MASSIGNON, EI2, art. Abū Ṭālib al-
2. Sabab, pl. asbāb, peut entre autres signifier « corde », « raison », Makkī. Son Qūt al-qulūb est un des principaux traités classiques de
« cause ». Selon J. BERQUE, Essai, p. 507, « la métaphore attachée à soufisme ; voir la traduction de R. GRAMLICH, Nahrung ; voir aussi le
asbāb viendrait de la méthode coutumière d’utiliser une corde pour passage taymiyyen traduit in Y. MICHOT, Musique, p. 191.
l’escalade des palmiers ». 10. Abū l-Ḥakam ‘Abd al-Salām b. ‘Abd al-Raḥmān b. Barrajān al-
3. Coran, Ghāfir - XL, 36-37. Lakhmī (m. 536/1141), théologien mystique de Séville, influencé par
4. Ibn Taymiyya distingue deux types d’union et d’inhérence du al-Ghazālī et opposé aux Almoravides ; voir A. FAURE, EI2, art. Ibn
divin et du créé ; voir le texte traduit in Y. MICHOT, Sang, p. 155-159. Barrajān.
5. ghayr : ‘ayr Ṣ 11. al-shuyūkh : al-shūkh Ṣ
6. Courant théologique rattaché au nom de Jahm b. Ṣafwān, Abū 12. Muḥammad Abū l-Bayān al-Qurshī (m. 551/1156), aussi connu
Muḥriz (m. 128/746) ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. Djahm comme Ibn al-Ḥawrānī, soufi shāfi‘ite de Damas ; voir L. POUZET,
b. Ṣafwān et Djahmiyya. Damas, p. 209, 230, 330.

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savoir qui ont une langue véridique, quand le fondement de la Hamadhānī10 et leurs semblables, commentent le voyage du
foi en Dieu et en Son Messager est là, pardonnée à chacun Prophète – Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! Ils le font
d’eux est son erreur qu’il a commise après son effort de relever de l’espèce du découvrement d’un savoir ainsi qu’ils le
réflexion personnelle. Cette hérésie qui s’est produite dans les font concernant les paroles adressées à Moïse et ils placent tout
propos d’Ibn ‘Arabī, l’auteur des Révélations1, et de ses sem- ce qui lui fut dit en son âme11. Voilà pourquoi Ibn ‘Arabī pré-
blables concernant les fondements de la foi en Dieu, en Son tendit avoir voyagé alors que tout ce voyage eut lieu en son
Messager et au Jour dernier n’exista pas dans les propos des âme et en son imagination (khayāl) : d’elle provint le locuteur
ulémas et des shaykhs célèbres dans la communauté, qui ont et d’elle provint le répondeur. Le sujet de l’imagination est un
une langue véridique. Ceux-là adoptèrent cependant la doctrine sujet que nul n’embrasse sinon Dieu. Ibn ‘Arabī prétend que
des philosophes se revendiquant de l’Islam, tels Avicenne et ses l’imagination est le monde de la réalité et lui donne une im-
semblables, une part abondante de cette doctrine rentrant dans mense importance. En son imagination il se mit donc à tenir, à
les propos de l’auteur des Livres à préserver de ceux qui n’en l’encontre des shaykhs et de leur célébration de l’unité divine,
sont pas dignes2 et de ses semblables. Ils la publièrent dans le des propos désapprouvant leur célébration de l’unité divine et il
moule de l’Islam au moyen de la langue du soufisme et de la prétend qu’il leur enseigna [comment] célébrer l’unité divine
réalisation (taḥqīq) ainsi que le fit Ibn ‘Arabī. Lui réprouve durant ce voyage. Tout ceci est du genre du Coran de Musay-
cependant la célébration de l’unité divine (tawḥīd) des shaykhs lima12 ou, plutôt même, pire que lui. Ce sont des propos créés
les plus grands, tels al-Junayd3, Sahl b. ‘Abd Allāh4 et leurs qu’il concocta en son âme.
semblables. Il désapprouva ce qu’al-Junayd dit quand il fut LE SOUFISME, D’AL-JUNAYD À AL-TILIMSĀNĪ
interrogé sur la célébration de l’unité divine et dit : « La célé- Al-Junayd – Dieu lui fasse miséricorde ! – tint les propos des
bration de l’unité divine, c’est isoler l’advenue (ḥudūth) de la imāms qui possèdent la connaissance. Beaucoup de soufis sont
prééternité (qidam)5 ». [À ce propos, Ibn ‘Arabī] dit : « Ne tombés dans une espèce d’inhérence et d’union ainsi qu’Abū
distinguera entre l’adventé (muḥdath) et le prééternel que quel- Nu‘aym le mentionne dans La parure13 et ainsi qu’al-Qushayrī
qu’un qui n’est pas l’un d’eux deux ». Il mentionna cela et des le mentionne dans son Épître14. Al-Junayd rendit clair que célé-
choses y ressemblant dans son livre Les théophanies6. brer l’unité divine (tawḥīd) ne se fait qu’en distinguant entre le
prééternel et l’adventé. [267] Ainsi [des gens] dirent-ils à ‘Abd
Allāh b. al-Mubārak15 : « Par quoi connaissons-nous notre Sei-
gneur ? » Il dit : « Par le fait qu’Il est au dessus de Ses cieux,
sur Son trône, distinct de Sa création. » Ainsi aussi ont parlé le
reste des imāms, tels Aḥmad b. Ḥanbal16, Isḥāq b. Rāhwayh1,

10. ‘Ayn al-Quḍāt al-Hamadhānī (m. 535/1131), juriste shāfi‘ite et


maître soufi philosophant, exécuté par les Saljūqides ; voir J. K.
TEUBNER, EI2 Suppl., art. ‘Ayn al-Quḍāt al-Hamadhānī.
11. « INDICATION. Quand l’âme est d’une substance forte, s’étendant
« Loué soit Celui Qui a fait voyager Son serviteur…7» jusqu’aux côtés qui s’attirent mutuellement, il n’est pas invraisem-
Il [composa] aussi un livre [266] du voyage (isrā’) qu’il intitula blable que ce rapt et cette saisie se produisent pour elle dans l’état de
Le voyage vers la station du plus haut8 et y plaça un voyage veille. Peut-être alors la trace descend-elle vers la mémoire et s’arrête-
t-elle là. Peut-être aussi la trace prédomine-t-elle et brille-t-elle claire-
comme le voyage du Prophète – Dieu prie sur lui et lui donne la ment dans l’imagination, l’imagination emportant la tablette du sens
paix ! Son voyage est finalement du genre du voyage au moyen commun dans sa direction. Ce qui est gravé en elle se dessine alors en
duquel Avicenne et ceux qui le suivent, tels al-Rāzī9, al- cette [tablette], d’autant plus que l’âme rationnelle l’assiste [et] ne [la]
détourne pas à l’instar de ce que l’estimative fait dans les malades et
les bilieux, ceci valant mieux. Lorque ceci est fait la trace devient
[quelque chose d’]observé, de visible, ou un appel, ou autre chose que
cela. Peut-être aussi se consolide-t-elle en une image d’une disposition
1. Voir IBN ‘ARABĪ, Futūḥāt, trad. M. CHODKIEWICZ (éd.), Illumi- parfaite, ou en des propos versifiés de manière accomplie, et peut-être
nations. [apparaît-elle] dans le plus sublime des états de la beauté » (AVICENNE,
2. Voir AL-GHAZĀLĪ, Maḍnūn. Ishārāt, X, xix, p. 214-215 ; la traduction de ce passage par A.-M.
3. Soufi modéré de Baghdād (m. 298/910), maître d’al-Ḥallāj ; voir GOICHON, Directives, p. 514-515, est en partie incorrecte).
R. DELADRIÈRE, Enseignement. 12. Musaylima b. Ḥabīb, faux prophète des Banū Ḥanīfa, tué durant
4. Abū Muḥammad Sahl b. ‘Abd Allāh al-Tustarī (m. Baṣra, 283/ la bataille d’al-‘Aqrabā’, sous le califat d’Abū Bakr ; voir W. MONT-
896), théologien et mystique, maître d’al-Ḥallāj ; voir L. MASSIGNON, GOMERY WATT, EI2, art. Musaylima.
EI2, art. Sahl al-Tustarī. 13. Voir Abū Nu‘aym AL-IṢFAHĀNĪ (m. 430/1038), Ḥilya, trad. AL-
5. Voir R. DELADRIÈRE, Enseignement, p. 131 ; AL-QUSHAYRĪ, AKILI, Beauty, p. 4.
Risāla, p. 3 ; Y. MICHOT, Sang, p. 57, n. 1. 14. Voir ‘Abd al-Karīm AL-QUSHAYRĪ (m. 465/1072), Risāla, p. 3,
6. Voir IBN ‘ARABĪ, Tajalliyāt, trad. RUSPOLI, Théophanies. trad. HARRIS, Principles, p. 3.
7. Coran, al-Isrā’ - XVII, 1. Calligraphie anonyme circulant sur 15. ‘Abd Allāh b. ‘Abd al-Raḥmān b. al-Mubārak al-Ḥanẓalī, ascète
l’internet ; voir https://freeislamiccalligraphy.com/?portfolio=al-isra- et traditionniste (118/736?-181/797) ; voir J. ROBSON, EI2, art. Ibn al-
171. Mubārak ; F. SALEM, Emergence.
8. Voir IBN ‘ARABĪ, Isrā’. Un chapitre des Futūḥāt est aussi con- 16. Aḥmad b. Ḥanbal (Baghdād, 164/780 - 241/855), célèbre théolo-
sacré à l’isrā’ ; voir sa traduction in M. GIANNINI, Voyage. gien, jurisconsulte et traditionniste, fondateur d’un des quatre rites
9. Fakhr al-Dīn al-Rāzī. juridiques du sunnisme ; voir H. LAOUST, EI2, art. Aḥmad b. Ḥanbal.

— 4 —
‘Uthmān b. Sa‘īd2, al-Bukhārī3 et d’autres qu’eux. Muḥammad d’Abū l-Ma‘ālī12, avec ses arguments théologiques ; [268] [II]
b. Isḥāq b. Khuzayma4, surnommé « l’imām des imāms », dit puis un credo philosophique, comme s’il était tiré d’Avicenne
même : « Celui qui ne dit pas que Dieu est au dessus de Ses et de ses semblables ; [III] puis il évoqua sa croyance ésotérique
cieux, sur Son trône, distinct de Sa création, sera appelé à se – celle qu’il divulgue dans Les châtons des sagesses13 –, à
repentir. S’il se repent, [tant mieux !] Sinon, il sera tué. » Ainsi savoir l’unité de l’existence. « Quant au credo de la quintes-
aussi cela a-t-il été mentionné à son sujet par al-Ḥākim Abū sence de l’élite, » dit-il14, « il arrivera, dispersé dans le livre. »
‘Abd Allāh al-Naysābūrī5, par son compagnon surnommé Voilà pourquoi ceux-là, tels Ibn Sab‘īn15 et ses semblables ren-
« shaykh de l’Islam » Abū ‘Uthmān al-Ṣābūnī 6, et par d’autres versaient la religion de l’Islam. Du réalisateur (muḥaqqiq) –
qu’eux deux. selon eux –, à savoir celui qui affirme l’unité, ils font la plus
Les shaykhs les plus grands, qu’Abū ‘Abd al-Raḥmān al- éminente des créatures et, lorsqu’il arrive à ce [stade], selon
Sulamī a mentionnés dans Les classes des soufis7 et Abū l- eux ne lui nuit pas le fait d’être un Juif ou un Nazaréen. Ibn
Qāsim al-Qushayrī dans L’épître, partageaient la doctrine des Sab‘īn, Ibn Hūd16, al-Tilimsānī17 et d’autres qu’eux [269] per-
gens de la Sunna et de la communion et la doctrine des gens du mettent même à un homme de s’en tenir au Judaïsme et au
ḥadīth tels al-Fuḍayl b. ‘Iyāḍ8, al-Junayd b. Muḥammad, Sahl Nazaréisme comme il s’en tiendrait à l’Islam. Ils font de ces
b. ‘Abd Allāh al-Tustarī, ‘Amr b. ‘Uthmān al-Makkī9, Abū [religions] des voies vers Dieu équivalant aux rites juridiques
‘Abd Allāh Muḥammad b. Khafīf al-Shīrāzī10 et d’autres (madhhab) des Musulmans et disent à quiconque se dédie à eux
qu’eux. Leurs propos se trouvaient dans la Sunna et ils compo- d’entre les Nazaréens et les Juifs : « Quand vous connaissez la
sèrent des livres à leur sujet. Certains des tardifs d’entre eux réalisation (taḥqīq), rester dans votre religion (milla) ne vous
suivirent cependant la voie de certains des théologiens du nuit pas. » Ils disent même quelque chose de semblable à cela
Kalām au sujet de certaines des branches des credos [mais] aux associateurs adorateurs des idoles !
aucun d’entre eux ne partagea la doctrine des philosophes. Phi- C’est à tel [point que ceci se passa] : Un grand homme,
losopher apparut seulement chez les soufis tardifs. Les soufis d’entre les cadis, était d’entre les pages d’Ibn ‘Arabī. Quand le
en vinrent donc tantôt à adopter la voie des soufis d’entre les roi des associateurs turcs, Hūlāgū Khān18 l’associateur, arriva
gens du ḥadīth – ce sont les meilleurs d’entre eux et les plus en Syrie, le nomma cadi et vint à Damas, il révéra ce roi qui
distingués d’entre eux –, tantôt à adopter la croyance des soufis avait commis contre l’Islam et ses adeptes, à Baghdād, à Alep
d’entre les théologiens du Kalām – ceux-là sont en deçà et en d’autres contrées, des choses célèbres parmi les serviteurs
d’eux – et tantôt à adopter la croyance des soufis d’entre les [de Dieu]. Un des étudiants des juristes qui en avait été témoin
philosophes, tels ces hérétiques-là. en ce temps-là lui dit : « Ô mon maître, si au moins il était mu-
Voilà pourquoi, au début des Révélations11, Ibn ‘Arabī a sulman ! » [Ce cadi] se querella alors avec lui d’une manière
mentionné trois credos : [I] un credo résumé de La guidance excessive, qui lui fit peur, et dit : « Quel besoin cet [Hūlāgū]
aurait-il de l’Islam ? Et que ferait-il de l’Islam, qu’il soit mu-
sulman ou non musulman ? » Et des propos semblables… [270]
1. Abū Ya‘qūb Isḥāq b. Ibrāhīm b. Makhlad b. Rāhwayh… al-
Marwazī (m. Naysābūr, 238/853), traditionniste et juriste ; voir
J. SCHACHT, EI2, art. Ibn Rāhwayh. 12. Voir AL-JUWAYNĪ, Irshād, trad. WALKER, Guide ; C. BROCKEL-
2. Probablement ‘Uthmān b. Sa‘īd b. Khālid al-Dārimī l-Sijistānī MANN - L. GARDET, EI2, art. al-Djuwaynī.
(200/815-280/894), traditionniste opposé aux Jahmites ; voir K. D. AL- 13. Voir IBN ‘ARABĪ, Fuṣūṣ, trad. GILIS, Châtons.
ZIRIKLĪ, A‘lām, t. IV, p. 205-206.
14. Voir IBN ‘ARABĪ, Futūḥāt, t. I, p. 38 : « Quant à divulguer le
3. Muḥammad AL-BUKHĀRĪ (m. 256/870), célèbre traditionniste ;
credo de la quintessence, je ne l’ai pas indiqué isolément, en
voir J. ROBSON, EI2, art. al-Bukhārī. l’identifiant, du fait de ce qu’il y a en lui comme inscrutabilité mais je
4. Abū Bakr Muḥammad b. Isḥāq b. Khuzayma (223/838-311/924), l’ai donné éparpillé dans les chapitres de ce livre, exhaustivement et
juriste et traditionniste ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. VI, p. 29. rendu clair mais, ainsi que nous l’avons mentionné, dispersé. »
5. Abū ‘Abd Allāh Muḥammad b. ‘Abd Allāh al-Ḥākim al- 15. Quṭb al-Dīn Abū Muḥammad ‘Abd al-Ḥaqq b. Sab‘īn (Murcie,
Naysābūrī (321/933-405/1014), cadi spécialiste du ḥadīth ; voir K. D. 613/1217 - La Mecque, 668/1269), philosophe et soufi unioniste ; voir
AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. VI, p. 227. A. FAURE, EI2, art. Ibn Sab‘īn.
6. Abū ‘Uthmān Ismāʻīl b. ʻAbd al-Raḥmān al-Ṣābūnī (373/983- 16. Badr al-Dīn Ḥasan b. ‘Alī b. Yūsuf b. Hūd al-Judhāmī (Murcie,
449/1057), spécialiste du ḥadīth ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. I, 633/1235-6 - Damas, 697 ?/1297-8), philosophe, médecin et soufi
p. 317. unioniste, compagnon d’Ibn Sab‘īn ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām,
7. Voir Abū ‘Abd al-Raḥmān Muḥammad AL-SULAMĪ (325/937 ?/ t. II, p. 203 ; IBN AL-‘IMĀD, Shadharāt, t. V, p. 446-447.
412/1021), Ṭabaqāt ; G. BÖWERING, EI2, art. al-Sulamī. 17. ‘Afīf al-Dīn Sulaymān al-Kūmī l-Tilimsānī (Kūm, près de Tlem-
8. Abū ‘Alī l-Tālaqānī l-Fuḍayl b. ‘Iyāḍ (m. 187/803), un des pre- cen, 616/1219 - Damas, 690/1291), mystique disciple de Ṣadr al-Dīn
miers soufis, originaire de Samarcande ; voir M. SMITH, EI2, art. al- al-Qūnawī, l’héritier spirituel d’Ibn ‘Arabī ; voir F. KRENKOW, EI2,
Fuḍayl b. ‘Iyāḍ. Ibn Taymiyya l’appelle « maître (sayyid) des Mu- art. Tilimsānī. « Le dépravé (fājir) al-Tilimsānī est le plus dégoutant
sulmans en son temps » (MF, t. XI, p. 600). de ces gens et celui qui est allé le plus profondément dans la mé-
9. Abū ‘Abd Allāh ‘Amr b. ‘Uthmān al-Makkī (m. 297/909 ?), créance […] S’agissant de l’art de la poésie, sa poésie est excellente
traditionniste élève d’al-Bukhārī et shaykh qui initia al-Ḥallāj au (jayyid). C’est cependant, ainsi qu’il a été dit, « de la viande de porc
soufisme mais rompit plus tard avec lui ; voir L. MASSIGNON, Passion, dans un plat de céramique chinoise » (laḥm khinzīr fī ṭabaq ṣīnī) »
t. I, p. 113-115. (IBN TAYMIYYA, MF, t. II, p. 471-472).
10. Abū ‘Abd Allāh Muḥammad b. Khafīf al-Shīrāzī (m. 371/982), 18. Hūlāgū, fils de Tūlūy (vers 614/1217-663/1265) et petit-fils de
noble iranien, juriste shāfi‘ite, théologien ash‘arite et célèbre soufi, Genghis Khān, conquérant du Moyen-Orient musulman à partir de
favorable à al-Ḥallāj ; voir J. C. VADET, EI2, art. Ibn Khafīf ; L. MAS- 651/1253. Il détruisit Baghdād en 656/1258, mit fin à la dynastie des
SIGNON, Passion, t. I, p. 552-556 ; t. II, p. 192-196. califes ‘abbāsides et fonda la dynastie mongole des Īlkhāns d’Iran ;
11. Voir IBN ‘ARABĪ, Futūḥāt, t. I, p. 38. voir W. BARTHOLD & J. A. BOYLE, EI2, art. Hūlāgū.

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et prohibent ce qui s’y oppose, ils réfutent les adeptes des inno-
vations bien connus pour s’opposer à la Sunna et à la com-
munion, tels les Khārijites6, [271] les Shī‘ites, les Qadarites7 et
les Jahmites et, pour ce qui est de déclarer ceux-là mécréants,
ont des controverses et [rentrent dans] les détails.
Quiconque considère le philosophe autorisant la religion des
associateurs, des Juifs et des Nazaréens meilleur que soixante-
douze sectes n’est pas musulman. Comment [en ira-t-il donc, a
fortiori], de qui le considère meilleur que les groupes des
adeptes de la théologie du Kalām qui se réclament de la défense
Fals et dīnār de Hūlāgū1 de la Sunna et de la communion, puis place le juriste après tous
Ceci est d’entre les effets de la doctrine de ceux qui préten- ceux-là ? Quelqu’un qui place les imāms des rites juridiques
dent à la réalisation (taḥqīq) et font, du réalisateur qui permet (madhhab) et leurs suivants, tels Mālik8, al-Shāfi‘ī9, Abū
d’avoir comme religion la religion des Musulmans, des Juifs, Ḥanīfa10, al-Thawrī11, Isḥāq12, Abū Yūsuf13, Muḥammad b. al-
des Nazaréens et des associateurs, la plus éminente des créa- Ḥasan14, al-Buwayṭī15, al-Muzanī16, Ibn Surayj17, Ibn al-
tures. Après lui il y a selon eux, d’après ce qu’Ibn Sab‘īn et ses Qāsim18, Ashhab19, Ibn Wahb20, Ibrāhīm al-Ḥarbī21, Abū
frères mentionnent, le soufi – ils veulent dire celui qui soufise
selon la voie des philosophes, non pas le soufi qui est sur la
voie (madhhab) des gens du ḥadīth, du Livre et de la Sunna. Le 6. Les premiers schismatiques de l’Islam, d’abord combattus par
‘Alī ; voir G. LEVI DELLA VIDA, EI2, art. Khāridjites ; Y. MICHOT,
terme « soufi » est devenu équivoque. Quand ceux qui affir- Textes spirituels, N.S. XVII, p. 7-8, 20-22.
ment l’unité disent : « le soufi », ils veulent par là dire ceci. 7. Qadariyya vise ici, non les partisans du qadar ou « décret » divin,
Voilà pourquoi il est selon eux plus éminent que le philosophe, c’est-à-dire de la prédétermination, mais ceux du qadar au sens de
parce qu’il réunit ensemble l’examen (naẓar) et la soumission « capacité » (qudra), de « pouvoir » de l’homme sur ses actes, c’est-à-
au divin (ta’alluh), à l’instar d’al-Suhrawardī2 – le mis à mort – dire de libre arbitre ; voir J. VAN ESS, EI2, art. Ḳadariyya.
et de ses semblables. Après lui il y a selon eux le théologien 8. Mālik b. Anas (m. Médine, 179/796), théologien et juriste, épo-
nyme d’un des quatre rites de jurisprudence sunnite ; voir J. SCHACHT,
ash‘arite. Ils placent les Ash‘arites3 en dessous des philosophes EI2, art. Mālik b. Anas.
et les jugent plus déficients qu’eux. 9. Abū ‘Abd Allāh Muḥammad al-Shāfi‘ī (m. au Caire, 204/820),
L’INÉGALITÉ DES RELIGIONS imām fondateur d’un des quatre rites juridiques de l’Islam sunnite ;
On le sait en vertu de l’accord unanime des Musulmans, voir W. HEFFENING, EI2, art. al-Shāfi‘ī.
quiconque est en dessous des Ash‘arites, tels les Mu‘tazilites et 10. Abū Ḥanīfa l-Nu‘mān b. Thābit (m. 150/767), théologien et ju-
les Shī‘ites qui rendent obligatoire d’être musulman et prohi- riste, éponyme d’une des quatre écoles de jurisprudence sunnite ; voir
J. SCHACHT, EI2, art. Abū Ḥanīfa.
bent ce qu’il y a au-delà de cela, est meilleur que les philo-
11. Abū ‘Abd Allāh Sufyān b. Sa‘īd al-Thawrī, traditionniste, juriste
sophes qui permettent d’avoir comme religion la religion des et ascète (m. Baṣra, 161/778) ; voir M. PLESSNER, EI2, art. Sufyān al-
Musulmans, des Juifs et des Nazaréens. Comment [en ira-t-il Thawrī.
donc, a fortiori], des groupes qui se réclament de la doctrine des 12. Abū Ya‘qūb Isḥāq b. Ibrāhīm b. Makhlad… b. Rāhwayh.
gens de la Sunna et de la communion, tels les Ash‘arites, les 13. Abū Yūsuf Ya‘qūb b. Ibrāhīm al-Anṣārī l-Kūfī (m. Baghdād,
Karrāmiyya4, les Sālimiyya5 et d’autres qu’eux ? Sans comp- 182/798), un des fondateurs de l’école de jurisprudence ḥanafite ; voir
ter le fait que ceux-là rendent obligatoire la religion de l’Islam J. SCHACHT, EI2, art. Abū Yūsuf Ya‘qūb.
14. Abū ‘Abd Allāh Muḥammad b. al-Ḥasan b. Farqad al-Shaybānī
1. À gauche, fals en bronze frappé à Irbīl en 661/1262-3 : « Le qāān (132/750-187/803 ou 189/805), disciple d’Abū Ḥanīfa, un des fonda-
le plus grand, Hūlāgū Khān » (Coll. part.). À droite, dīnār en or frappé teurs de l’école de jurisprudence ḥanafite ; voir É. CHAUMONT, EI2,
à Baghdād en 661/1262-3 : « Le qāān le plus grand, Mūnkā*. Qāān art. al-Shaybānī.
Hūlāgū Khān, possesseur des nuques des nations** (mālik arqāb al- 15. Abū Ya‘qūb Yūsuf b. Yaḥyā l-Qurashī l-Buwayṭī (m. Baghdād,
umam) – éternelle soit sa royauté ! » (Londres, British Museum, 231/846), disciple d’al-Shāfi‘ī ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. VIII,
1885,1004.37). * Möngke Khān (r. 1251-1259), troisième successeur de p. 257.
Genghis Khān, frère et suzerain de Hūlāgū. ** C’est-à-dire ayant droit de vie et 16. Abū Ibrāhīm Ismā‘īl b. Yaḥyā l-Muzanī (175/791-264/878),
de mort sur leurs habitants. juriste shāfi‘ite égyptien ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. I, p. 329.
2. Shihāb al-Dīn Yaḥyā b. Ḥabash al-Suhrawardī (m. 587/1191), 17. Abū l-‘Abbās Aḥmad b. ‘Umar b. Surayj (m. Baghdād, 306/918),
philosophe et mystique persan exécuté sur l’ordre de l’ayyūbide Ṣalāḥ important juriste et polémiciste shāfi‘ite ; voir J. SCHACHT, EI2, art.
al-Dīn ; voir H. ZIAI, EI2, art. al-Suhrawardī, et le texte taymiyyen Ibn Suraydj.
traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. XIII, p. 8. 18. ‘Abd al-Raḥmān b. al-Qāsim (m. 126/744), juriste et tradition-
3. Courant théologique rattaché au nom d’Abū l-Ḥasan al-Ash‘arī niste, un des savants importants de Médine ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ,
(Baṣra, 260/873 - Baghdād, 324/935) ; voir W. MONTGOMERY WATT, A‘lām, t. III, p. 322-323.
EI2, art. Ash‘ariyya. 19. Abū ‘Amr Ashhab b. ‘Abd al-‘Azīz al-Qaysī (145/762-204/819),
4. École de théologie mystique tirant son nom de l’iranien Abū ‘Abd juriste mālikite égyptien ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. I, p. 333.
Allāh Muḥammad b. Karrām (m. 255/869) ; voir C. E. BOSWORTH, 20. ‘Abd Allāh b. Wahb b. Muslim al-Fihrī l-Qurashī (125/743-
EI2, art. Karrāmiyya ; AL-SHAHRASTĀNĪ, Milal, trad. GIMARET & MON- 197/813), juriste mālikite cairote ; voir J. DAVID-WEILL, EI2, art. Ibn
NOT, Religions I, p. 347-361. Wahb.
5. École de théologie mystique baṣriote tirant son nom de Muḥam- 21. Abū Isḥāq Ibrāhīm b. Isḥāq b. Bashīr al-Ḥarbī (m. Baghdād,
mad b. Aḥmad b. Sālim (m. 297/909) et de son fils Aḥmad (m. 356/ 285/898), traditionniste, ascète et juriste shāfi‘ite, disciple d’Ibn
967), deux élèves de Sahl al-Tustarī ; voir L. MASSIGNON - B. RAD- Ḥanbal en ḥadīth ; voir J.-C. VADET, EI2, art. Ibrāhīm… Ḥarbī ; K. D.
TKE, EI2, art. Sālimiyya. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. I, p. 32.

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Dā’ūd1, al-Athram2, al-Marwazī3, al-Khallāl4, al-Khiraqī5 et (shaqī dawlati-hi). Parmi les choses qu’il récitait, il y avait9 :
les semblables de ceux-là en dessous des théologiens du Kalām, [272]
les théologiens du Kalām en dessous des philosophes, les Tu M’indiques en toutes les créatures
philosophes en dessous des soufis philosophes, les soufis Et, par celui qui choisit, tu informes sur Moi.
philosophes en dessous des gens de la réalisation qui affirment C’est que Moi Je suis toute chose
l’unité et fait de ceux-là les plus élevées des créatures, ce Toutes les origines des choses procédant de Moi.
quelqu’un ne contredit-il pas le Messager en sa religion d’une
Ils élevèrent son rang à tel point qu’ils firent en sorte qu’au-
manière apparaissant à tout un chacun ? En effet, quiconque est
cun moyen de subsistance et aucune autorité n’arrivent à per-
plus proche du Messager est selon lui plus bas et quiconque est
sonne excepté par une [autorisation] écrite de lui. Les croyants
plus éloigné du Messager est selon lui plus éminent.
furent alors affligés et intensément secoués, jusqu’au moment
où Dieu débarrassa les Musulmans de leur pouvoir, les humilia
après la puissance [qu’ils avaient eue], fit périr ceux d’entre eux
qu’Il fit périr, démasqua leurs secrets et déchira leurs voiles10.
Ceux-là se joignent aux mécréants comme les Qarmaṭes éso-
téristes se joignent à eux, du fait de ce qu’il y a entre les mé-
créants et les hypocrites comme hostilité à l’encontre des gens
de la foi. Voilà pourquoi les ésotéristes et leurs suivants rāfi-
ḍites, en Syrie et ailleurs, étaient en relation avec les mécréants
et étaient hostiles à l’encontre des gens de la foi, eux étant du
genre de ceux-là.11
UNE HIÉRARCHIE DES SAVOIRS ERRONÉE

Al-Shāfi‘ī et Abū Ḥanīfa 6 Parmi les causes de l’égarement de ceux-là il y a le fait qu’ils
voyaient la perfection dans le savoir et l’agir, le savoir précé-
Voilà pourquoi, quand l’épreuve (miḥna) de ceux-là se pro-
dant l’agir pour ce qui est du comportement. Ils faisaient du
duisit en Égypte et en Syrie, qu’ils firent semblant de [partager]
savoir théorique la fin ultime sur la base de [l’idée] que la per-
la doctrine des Jahmites – laquelle est apparemment leur [doc-
fection de l’âme réside dans le savoir. Ils virent la jurisprudence
trine] emblématique –, et qu’ils tinrent secrète la doctrine de
être le savoir pratique et en firent donc le plus bas des degrés.
l’unionisme qui constitue la réalité de leur jahmisme, ils éga-
rèrent7 certaines des autorités en charge des affaires [des Mu- Ensuite, après elle, [ils plaçaient] la théologie (kalām) parce
sulmans] au point d’élever leurs frères et d’humilier quiconque que, selon eux, c’est le savoir théorique qui convient au com-
s’opposait à eux. Tout individu qui était plus proche de l’Islam, mun, le théologien disant qu’il étaie le credo Légal au moyen
ils en vinrent à l’éloigner, à l’isoler et à l’abaisser, tandis que des preuves péremptoires et des preuves intellectuelles, si bien
tout individu qui était plus loin de l’Islam, ils l’élevaient. Ils après qu’il ait été consulté […] Dans le palais du vice-roi il siégait à
élevèrent même un individu qui était nazaréen et, après sa con- côté de Sālār au dessus de l’ensemble des enturbannés et son jugement
version à l’Islam, le firent devenir sab‘īnien. On l’appellait Ibn était exécutoire concernant tout individu, important et méprisable […]
Sa‘īd al-Dawla8 alors qu’il était le misérable de son régime Il en vint à lire les réponses du service postal aux vice-rois, le sultan
n’apposant sa signature sur rien avant qu’on y voie son écriture » (IBN
ḤAJAR AL-‘ASQALĀNĪ, Durar, t. I, p. 248-249, n° 599) ; voir aussi D.
1. Abū Dā’ūd Sulaymān b. al-Ash‘ath al-Azdī l-Sijistānī (202/817- P. LITTLE, Conversion, p. 558 ; IBN ḤAJAR AL-‘ASQALĀNĪ, Durar, t. II,
275/889), traditionniste ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. III, p. 122. p. 50, n° 1402.
2. Abū Bakr Aḥmad b. Muḥammad b. Hāni’ al-Athram (m. 261/ Ce qu’Ibn Taymiyya écrit ici du « sab‘īnisme » d’Ibn Sa‘īd al-Dawla
875), traditionniste influencé par Ibn Ḥanbal et auteur d’un Sunan ; constitue un correctif intéressant à la réputation d’incorruptibilité que
voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām, t. I, p. 205. ce dernier a chez Ibn Ḥajar et jette un éclairage bienvenu sur le con-
3. Abū Zayd Muḥammad b. Aḥmad b. ‘Abd Allāh al-Marwazī texte idéologique de la brève usurpation du sultanat mamlūk par Bay-
(m. Marw, 371/982), juriste et traditionniste shāfi‘ite, disciple d’al- bars al-Jāshankīr. Ce témoignage taymiyyen conduit par ailleurs à se
Ash‘arī ; voir IBN KHALLIKĀN, Wafayāt, t. IV, p. 208, n° 581. poser une question absente de D. P. LITTLE, Conversion : à quel genre
4. Abū Bakr Aḥmad b. Muḥammad b. Hārūn al-Khallāl (m. 311/ d’Islam les conversions de coptes qu’il étudie conduirent-elles par-
923), traditionniste, juriste et théologien ḥanbalite ; voir H. LAOUST, fois : un Islam « de la Sunna et de la communion » ou, comme dans le
EI2, art. al-Khallāl. cas d’Ibn Sa‘īd al-Dawla évoqué par le théologien damascain, un
5. Abū l-Qāsim ‘Umar b. al-Ḥusayn b. ‘Abd Allāh al-Khiraqī (m. Islam « sab‘īnien », ou akbarien, ou unioniste, c’est-à-dire ne faisant
Damas, 334/945), juriste ḥanbalite, « auteur du fameux Compendium pas de véritable différence entre les religions et donc d’adoption assu-
(al-Mukhtaṣar) » (IBN TAYMIYYA, Dar’, t. VII, p. 148) ; voir C. BROC- rément plus aisée ?
KELMANN, GAL, Suppl., t. I, p. 193. 9. En vers wāfir trimétriques.
6. Détail d’une miniature du Zubdat al-tawārīkh, MS Dublin, Ches- 10. L’ « épreuve » (miḥna) que l’usurpation du sultanat par Baybars
ter Beatty Library, T 414, fol. 130 r, Istanbul, Xe/XVIe s. tardif ; voir al-Jāshankīr constitua selon Ibn Taymiyya prit fin avec le retour au
E. WRIGHT, Islam, p. 187, fig. 139. pouvoir du sultan légitime, al-Nāṣir b. Qalāwūn (684/1285-741/1340),
7. fa-aḍallū : wa aḍallū Ṣ en shawwāl 709 / mars 1310. Commençant alors son troisième règne,
8. C’est-à-dire : « le fils du bienheureux du régime ». Il s’agit al-Nāṣir b. Qalāwūn s’attacha d’abord à se venger de ses adversaires :
d’Aḥmad b. Abī l-Faraj Barakāt al-Fārqānī Tāj al-Dīn b. Sharaf al-Dīn, il fit étrangler Baybars et affama à mort son complice Sālār.
copte converti à l’Islam aussi appelé Ibn Sa‘īd al-Dawla (m. 709/ 11. Ibn Taymiyya fait vraisemblablement allusion ici à la collabo-
1309). Proche du sultan mamlūk Baybars al-Jāshankīr (r. 708/1309- ration de certaines populations shī‘ites de la montagne syro-libanaise
709/1310), il acquit un tel pouvoir que « dans les administrations du avec l’envahisseur mongol au tournant des VIIe/XIIIe et VIIIe/XIVe
vizirat et de l’intendance (ustādāriyya), rien ne se faisait si ce n’est siècles ; voir Y. MICHOT, Roi croisé, p. 83-84.

— 7 —
que c’est un credo démontré. Ceux-là croient que ce dont les liquement et d’exposer le savoir que la guidance prophétique a
Messagers ont informé est pour le commun. Quant à la réalité souhaité faire connaître4. » Dans la hiérarchisation de leur
que nul ne connaît excepté l’élite, c’est une affaire ésotérique prédication (da‘wa), Ibn ‘Arabī et leurs pareils furent du genre
qui ne se connaît pas à partir du sens (mafhūm) des propos des des hérétiques shī‘ites ésotéristes. Au début, leur credo est en
Messagers. C’est pourquoi ils placent le théologien après le effet le credo des Shī‘ites. Ils font ensuite passer celui qui leur
juriste, vers le dessus. Ils considèrent ce credo de deux points répond au Rāfiḍisme. Ils le font ensuite passer à l’abandon des
de vue : le simple credo pour le commun et le credo lié aux œuvres. Ils l’amènent ensuite à se défaire des particularités de
arguments pour l’élite. l’Islam, puis à se défaire des religions (milla) jusqu’à ce qu’il
arrive à « l’aboutissement (balāgh) majeur et la Loi (nāmūs)
suprême5 » – selon eux – et devienne un pur réducteur (mu-
‘aṭṭil). Ils vont jusqu’à dire : « Entre nous et les philosophes il
n’y a pas de différence si ce n’est pour ce qui est d’établir
l’existence : ils veulent dire l’initiateur du monde. Si les philo-
sophes l’abandonnaient, il ne resterait pas de différence entre
nous et eux. » Ceci est en réalité le point final de la prédication
de ces hérétiques-là.
[Diverses] affaires renforcent leur égarement.
Il y a notamment leur croyance que ce que les Messagers ont

aussi le premier à avoir construit des temples et à y avoir loué Dieu, et


le premier a avoir étudié la médecine et à en avoir parlé. Il composa
pour les gens de son temps des odes harmonieuses et des poésies
connues sur les choses terrestres et célestes. Il est le premier à avoir
averti du déluge […] Il habitait la Haute-Égypte. Il avait choisi cela et
y construisit les pyramides et les villes des tombeaux** […]
Le deuxième Hermès était d’entre les gens de Babylone. Il habitait la
ville des Chaldéens, à savoir Babylone, et [vécut] après le déluge […]
Il était brillant dans la science de la médecine et de la philosophie et
Hermès Trismégiste1 connaissait les natures des nombres. Il fut le disciple de Pythagore
Ensuite, après cela, [ils plaçaient] le philosopheur (mutafalsif) l’arithméticien. Cet Hermès renouvella ce qui de la science de la mé-
decine, de la philosophie et de la science du nombre, était étudié avant
car, selon eux, il pénètre dans2 les [questions] théoriques inté- le déluge à Babylone. Abū Ma‘shar a mentionné cela […]
rieures que les Messagers n’ont pas rendues apparentes mais Le troisième Hermès habita la ville du Caire (maṣr). Il [vécut] après
auxquelles ils ont fait allusion et qu’ils ont indiquées sym- le déluge et fut l’auteur du Livre des animaux vénéneux. C’était un
boliquement. philosophe, médecin, savant des natures des médicaments qui tuent et
Après cela, [ils plaçaient] le soufi car, selon eux, il combine des animaux contagieux. Il parcourait les contrées, y faisait des tour-
nées et était savant des caractéristiques des villes, de leurs natures et
l’examen et la soumission intérieure au divin si bien que le des natures de leurs habitants. Il tint des propos précieux sur l’art de la
savoir devient pour lui vision (shuhūd). chimie […] Il eut un disciple qui est connu et dont le nom est Asclé-
Ensuite, après cela, [ils plaçaient] le « réalisateur » (muḥaq- pios » (IBN JULJUL, Ṭabaqāt, p. 5-6, 9-10). * Voir D. PINGREE, Thous-
qiq) – selon leur principe – à savoir celui qui voit (shahida) que ands. ** al-turab : al-turāb Ṭ
4. Aucun des écrits d’Ibn Sab‘īn édités par ‘A. R. BADAWĪ, Rasā’il,
l’existant est un. [273] Lui est celui qui est finalement arrivé au
n’est intitulé La réponse (al-Ijāba). Cette citation peut cependant être
point ultime. Ils prétendaient que ceci est la quintessence (lu- rapprochée du passage suivant d’IBN SAB‘ĪN, Faqīriyya, p. 6 : « Le
bāb) de ce que les Prophètes ont apporté et que les philosophes soufisme comprend neuf aspects. Après eux, il y a le câble de la réali-
antiques pensaient. Voilà pourquoi Ibn Sab‘īn dit au début de sation (taḥqīq) et, après le câble, nous commençons avec le monde du
La réponse : « Moi, j’ai décidé de diffuser le secret de la sa- voyage. Après le voyage, nous frappons à la porte de la réalisation et
gesse que les Hermès3 des premiers temps ont indiquée symbo- de la lumière évidente. Les Hermès en particulier en possédèrent le
savoir et les Livres révélés (munazzal) le* firent connaître. Quant aux
philosophes en leur ensemble […] ils n’y arrivèrent pas du fait de leur
1. Panneau de marqueterie de marbre du pavement de la cathédrale déficience par rapport à lui. » * afādat-hu : afādat-hum F
de Sienne (Italie) réalisé en 1488 par Giovanni di Stefano et repré- Dans son Dar’, t. V, p. 360, Ibn Taymiyya évoque aussi les Hermès,
sentant « Hermès Mercurius Trimegistus, contemporaneus Moysi ». mais sans mentionner La réponse et d’une manière contredisant étran-
2. fī : min Ṣ gement le passage de Faqīriyya traduit ci-dessus : « Ibn Sab‘īn dit
3. Hermès Trismégiste (« le trois fois grand ») est un personnage avoir exposé le savoir que les Hermès des premiers temps ont indiqué
mythique du monde hellénistique combinant le dieu grec Hermès et le symboliquement et que la guidance prophétique a souhaité faire con-
dieu égyptien Thot et sous le nom de qui circulent maints écrits d’oc- naître. Selon ses dires, les Prophètes souhaitèrent le faire connaître et
cultisme. Chez de nombreux auteurs musulmans, notamment Abū ils ne le firent pas connaître. »
Ma‘shar et Ibn Juljul, il devient trois personnages distincts ; voir M. 5. Al-balāgh al-akbar wa l-nāmūs al-a‘ẓam est aussi le titre d’un
PLESSNER, EI2, art. Hirmis. important ouvrage pseudo-ismā‘īlien déjà connu au IVe/Xe siècle ;
« L’astrologue Abū Ma‘shar al-Balkhī a dit dans le Livre des mil- voir W. MADELUNG, Fatimids, p. 21-73, p. 43-45, 66-68. Ibn Tay-
liers* que les Hermès sont trois. miyya en détaille le contenu dans son fetwa contre les Nuṣayrīs ; voir
Le premier est celui qui [vécut] avant le déluge […] Il est le premier S. GUYARD, Fetwa, p. 191-192. Voir aussi les textes traduits in
à avoir parlé des choses supérieures – les mouvements des astres. Son Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. XIII, p. 8 ; Textes spirituels, N.S.
grand-père Gayomart lui enseigna les heures de la nuit et du jour. Il est XXIV, p. 10 ; Vizir, p. 211.

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apporté a un [sens] intérieur en contredisant le [sens] apparent. tre ceux qui ne la déclarent pas ouvertement vaine.
Parmi les raisons de cela il y a ce qui leur advint comme per- Il en est aussi parmi eux qui la blâment parce qu’elle com-
plexité et confusion dans la compréhension de ce que les Mes- porte des stations vaines ne faisant pas obtenir ce qui est visé
sagers avaient apporté. mais, bien plutôt, contredisant cela. C’est ce que disent les
Il y a par ailleurs le fait qu’ils virent la voie empruntée par les imāms du ḥadīth et la masse des Anciens (salaf).
théologiens ne pas procurer [274] de savoir. Bien plutôt, c’était Quand ces philosopheurs-là virent ceci être la base de ces
soit de la sophistique et de la dialectique par de vains [moyens] théologiens-là pour établir l’advenue du monde et établir
– selon quelqu’un la connaissant –, soit de la dialectique procu- [l’existence de] l’Artisan et qu’ils discernèrent (tafaṭṭana) l’en-
rant la victoire – selon quelqu’un n’en connaissant pas la réa- droit où l’empêcher – à savoir leur affirmation : « La perpétuité
lité. C’est que ceux-là empruntaient en théologie la voie de des adventices est impossible » –, ils en vinrent à dire : « Cette
l’auteur de La guidance1 et de ses pareils, laquelle est fonda- voie implique nécessairement que l’Artisan ait été continu-
mentalement tirée des Mu‘tazilites négateurs des attributs [di- ellement dépourvu (mu‘aṭṭal) de la parole et de l’agir jusqu’à ce
vins]. Ceux-ci et ceux-là bâtirent sur elle le fondement de leur qu’Il fasse advenir une parole et une action, fondamentalement
religion et en firent la condition de la vérité de la religion de sans cause. » « Or ceci, » dirent-ils, « est d’entre les [choses]
l’Islam. C’est qu’elle a pour condition la foi dans le Messager qu’on sait être vaines de par la claire raison. » « S’agissant des
et qu’avoir foi en lui a pour condition de connaître Celui Qui textes des Prophètes, » dirent-ils, « vous n’avez avec vous rien
[l’]envoie, eux prétendant que Celui Qui [l’]envoie n’est connu qui corresponde à ceci. Quant aux informations de Dieu [selon
que par elle. « Il n’est connu, » dirent-ils, « que par l’examen et lesquelles] Il créa les cieux et la terre en six jours, ceci prouve
la démonstration (istidlāl) amenant à savoir établir [l’existence qu’Il les créa à partir d’une matière antérieure à cela. Ainsi
de] l’Artisan. » « Or il n’y a pas de voie [menant] vers cela, » [nous] informa-t-Il « s’être adressé au ciel, qui était alors
dirent-ils, « excepté établir l’advenue (ḥudūth) du monde. » fumée, et lui avoir dit, ainsi qu’à la terre : « Venez tous deux,
« Et il n’y a pas de voie [menant] vers cela, » dirent-ils ensuite, bon gré, mal gré ! » Tous deux dirent : « Nous venons obéis-
« excepté établir l’advenue des corps. » « Or il n’y a pas de sants3. » Ainsi aussi y a-t-il, au début de la Torah4, quelque
preuve de cela, » dirent-ils, « excepté la démonstration par les chose correspondant à ceci. « Même si ce texte contredit notre
accidents, ou par certains des accidents comme le mouvement affirmation de la prééternité du monde, il ne s’y trouve rien qui
et le repos, ou la réunion et la séparation, lesquels sont les [cho- prouve vos dires rendant l’Artisan dépourvu d’œuvre (ṣan‘). À
ses] en venant à être (akwān). Le corps n’en est en effet pas ce moment, nous, nous disons, au sujet de ce [276] texte et de ses
dénué et ils adviennent (ḥādith) ; or ce qui n’est pas dénué des pareils d’entre les textes du commencement et du retour, ce que
adventices (ḥādith) est un adventice. » « Ce fondement, » nous disons, nous et vous, au sujet des textes des attributs [di-
dirent-ils, « comporte quatre stations : établir les accidents, puis vins]. »
établir leur advenue, puis établir que le corps les requiert néces- Parmi ceux-là il en est en outre qui cheminèrent sur la voie de
sairement, ou qu’il n’en est pas dénué, puis invalider des ad- l’interprétation (ta’wīl) ainsi que le faisaient ceux des Qarmaṭes
ventices n’ayant pas de début. À ce moment-là s’ensuit néces- qui le faisaient, tel al-Nu‘mān5, leur cadi, auteur du livre La
sairement l’advenue du corps. S’ensuit donc nécessairement fondation de l’interprétation, et tels Abū Ya‘qūb al-Sijistānī6,
l’advenue du monde parce qu’il est corps et accidents. S’ensuit l’auteur de Les clefs de la souveraineté et du livre L’orgueil, et
donc nécessairement l’établissement de [l’existence de] l’Arti- leurs pareils. Ceux-là ont jeté le vêtement de la pudeur, ont
san parce qu’à l’adventé (muḥdath) il faut immanquablement traité les gens avec dédain et les ont choqués au point de pré-
un adventeur (muḥdith). tendre que prier, c’est connaître leurs secrets ou être l’ami de
LE KALĀM, SOURCE DES HÉRÉSIES POSTÉRIEURES leurs imāms, que jeûner, c’est tenir cachés leurs secrets, et que
Cette voie est la base de la théologie dont le blâme par les le pèlerinage, c’est rendre visite à leurs shaykhs. Ceci, ils le
Anciens (salaf) et les imāms est célèbre. C’est aussi à cause disent ouvertement quand ils sont seuls avec leurs frères.
d’elle qu’ils dirent que le Coran est créé, que Dieu n’est pas vu Quant à ceux qui résidaient parmi les Musulmans, tels al-
dans l’au-delà, qu’Il n’est pas dessus le trône, et qu’ils nièrent Fārābī7, Avicenne et leurs pareils, il ne leur fut possible de dire
les attributs [divins]. [275] Ceux qui la blâment sont de deux rien de semblable à ceci et ils savaient que c’est d’entre les
espèces.
Il en est parmi eux qui la blâment parce qu’elle est une inno- 3. Coran, Fuṣṣilat - XLI, 11.
vation dans l’Islam. Nous, nous le savons en effet, le Prophète 4. Voir Genèse, I, 1-31.
– Dieu prie sur lui et lui donne la paix ! – n’appella pas les gens 5. Al-Nu‘mān b. Abī ‘Abd Allāh Muḥammad b. Manṣūr (m. 363/
au moyen de [cette voie], ni non plus les Compagnons, étant 974), célèbre auteur originaire de Kairouan qui devint la plus haute
donné qu’elle est longue, dangereuse, et comporte maints em- autorité judiciaire sous le calife fāṭimide al-Mu‘izz li-Dīn Allāh ; voir
pêchements et résistances. Celui qui y chemine en vient donc à F. DACHRAOUI, EI2, art. al-Nu‘mān ; I. K. POONAWALA, Qāḍī. Sur La
fondation de l’interprétation, voir AL-NU‘MĀN, Asās.
être comme celui qui voyage sur la mer alors qu’elle est en
6. Abū Ya‘qūb Isḥāq b. Aḥmad al-Sijistānī (m. vers 390/1000), pen-
furie. Telle est la voie d’al-Ash‘arī dans le blâme qu’il en [dé- seur ismā‘īlien majeur profondément influencé par la philosophie néo-
veloppe], d’al-Khaṭṭābī2, d’al-Ghazālī et d’autres qu’eux d’en- platonicienne ; voir S. M. STERN, EI2, art. Abū Ya‘ḳūb al-Sidjzī ; P. E.
WALKER, Shiism ; Y. MICHOT, Mamlūk I, p. 199-203. Sur Les clefs de
1. C’est-à-dire al-Juwaynī. la souveraineté, voir I. K. POONAWALA, Sijistānī. Sur L’orgueil, voir
2. Ḥamd b. Muḥammad Abū Sulaymān al-Khaṭṭābī (319/931-386/ A. Y. AL-SIJISTĀNĪ, Iftikhār.
996 ?), traditionniste de tendance shāfi‘ite et poète ; voir EI2, art. al- 7. Abū Naṣr Muḥammad b. Tarkhān al-Fārābī (m. Damas, 339/950),
Khaṭṭābī. philosophe musulman majeur ; voir R. WALZER, EI2, art. al-Fārābī.

— 9 —
choses dont le caractère vain est apparent. Ils dirent donc que BUKHĀRĪ (AL- ; m. 256/870), al-Ṣaḥīḥ, 9 t., Būlāq, al-Maṭba‘at al-
les Messagers s’étaient seulement adressés aux gens avec des Kubrā l-Amīriyya, 1311/[1893]-1313/[1895]. [Ṣaḥīḥ].
CHODKIEWICZ, M., Le Sceau des saints. Prophétie et sainteté dans la
choses leur faisant imaginer (khayyala) des affaires telles qu’à
doctrine d’Ibn Arabī, Paris, Nrf, Gallimard, « Bibliothèque des
y croire ils en tireraient profit pour ce qui est de la foi en Dieu Sciences humaines », 1986. [Sceau].
et au jour dernier, alors même que ce qu’ils croient de ces — (éd.), Les Illuminations de La Mecque - The Meccan Illuminations -
affaires est vain, ne correspondant pas à la réalité en elle-même. Al-Futūḥāt al-Makkiyya. Textes choisis / Selected Texts. Présentés
Le discours indiquant cela est en réalité, selon eux, du men- et traduits de l’arabe en français ou en anglais sous sa direction, avec
songe, mais le mensonge grâce auquel les gens s’améliorent est la collaboration de W. C. CHITTICK, C. CHODKIEWICZ, D. GRIL et J.
W. MORRIS, Paris, Sindbad, « La Bibliothèque de l’Islam, Textes »,
permis1. Selon celui d’entre eux qui s’abstient de traiter cela de 1988. [Illuminations].
mensonge, cela relève de la dissimulation (tawriya) des gens DAFTARY, F. (éd.), Mediaeval Isma‘ili History and Thought, Cam-
intelligents qui dissimulent dans l’intérêt de ceux qui les sui- bridge, Cambridge University Press, 1996. [History].
vent2. [277] DELADRIÈRE, R., JUNAYD, Enseignement spirituel. Traités, lettres, orai-
Ce que, des3 idées intellectuelles corrompues et des inter- sons et sentences traduits de l’arabe, présentés et annotés, Paris,
Sindbad, « La bibliothèque de l'Islam. Textes », 1983. [Enseigne-
prétations déviantes, ces théologiens-là prirent comme chemin,
ment].
voilà ce qui fit sortir ceux-là vers le point ultime de l’hérésie et ENCYCLOPÉDIE DE L’ISLAM. Nouvelle édition : T. I, Leyde, E. J. Brill -
les amena finalement à traiter les Envoyés de menteurs, ainsi Paris, Maisonneuve, M. Besson, 1960 ; t. II-XII, Suppl., Leyde, E. J.
qu’à la corruption de la raison et de la religion. Brill - Paris, Maisonneuve & Larose, 1965-2007. [EI2].
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Blessed Companions of God’s Messenger Muḥammad. Based on the nūn].
Classic 10th Century Work of Imām al-Ḥāfiẓ Abū Nuʻaym al-Iṣfa- GIANNINI, M., IBN ‘ARABĪ. Le voyage spirituel (Les Illuminations de La
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GOICHON, A.-M., IBN SÎNÂ. Livre des Directives et Remarques. Traduc-
tion avec introduction et notes, Beyrouth, Commission internationale
1. Pour al-Fārābī, les Prophètes offrent aux gens des images maté- pour la traduction des chefs-d’œuvre - Paris, J. Vrin, « Collection
rielles, corporelles, censées les amener à saisir les réalités purement d’œuvres arabes de l’UNESCO », 1951. [Directives].
intelligibles, philosophiques, dont la perception est la condition du GRAMLICH, R., Die Nahrung der Herzen, Abū Ṭālib al-Makkīs Qūt al-
salut dans l’au-delà. Le fait est cependant que, pour le commun, ces Qulūb. Eingeleitet, übersetzt und kommentiert, 4 t., Stuttgart,
images deviennent un écran plutôt qu’un filtre. S’y arrêtant, les gens Steiner, « Freiburger Islamstudien, 16 », 1992-1995. [Nahrung].
n’ont donc pas accès à la béatitude future. Et comme ces images ne GUYARD, S., Le fetwa d’Ibn Taymiyyah sur les Nosairis, in Journal
sont que des mots ne recouvrant rien de vrai, elles s’avèrent des men- Asiatique, ser. 6, 18, Paris, Imprimerie Nationale, 1871, p. 158-198.
songes pour ceux qui s’y attachent littéralement. Socio-politiquement, [Fetwa].
de tels mythes peuvent être utiles. Il n’en reste cependant pas moins HARRIS, R., Abū-l-Qāsim ‘Abd-al-Karīm bin Hawāzin al-Qushayrī.
que les missions prophétiques apparaissent alors, non seulement com- The Risālah - Principles of Sufism. Translation. Edited by L.
me des mensonges mais aussi, leur finalité dernière étant d’amener les BAKHTIAR, Chicago, Kazi Publications, « Great Books of the Islamic
gens à un bonheur futur exclusivement immatériel, comme des World », 2002. [Principles].
fiascos ; voir Y. MICHOT, Destinée, p. 33-35. IBN ‘ARABĪ (m. 638/1240), Fuṣūṣ al-ḥikam, éd. A. ‘A. ‘AFĪFĪ, Bey-
2. Il est permis de reconnaître ici la prophétologie d’Avicenne. À la routh, Dār al-Kitāb al-‘Arabī, [1966]. [Fuṣūṣ].
différence d’al-Fārābī, le Shaykh al-ra’īs juge que le but premier des Voir aussi C.-A. GILIS, Châtons.
Prophètes n’est pas de conduire le commun à la connaissance des
—, al-Futūḥāt al-makkiyya, 4 t., Beyrouth, Dār Ṣādir, s.d. [Futūḥāt].
réalités spirituelles, philosophiques, mais d’instaurer dans la société
humaine le règne du Bien. Pour ce faire, les Prophètes sont obligés Voir aussi M. CHODKIEWICZ (éd.), Illuminations ; M. GIANNINI,
d’opérer au niveau du commun et de s’adresser à lui en un langage Voyage.
imagé. Ce langage n’a pas pour fonction première d’amener à perce- —, Kitāb al-isrā’ ilā maqām al-asrā, in M. ‘A. K. AL-NAMRĪ (éd.),
voir quelque réalité immatérielle que ce soit. Au contraire, plus le Rasā’il, n° 13, p. 132-183. [Isrā’].
commun s’y attache littéralement, mieux il en va pour lui et pour la —, Kitāb al-tajalliyāt, in M. ‘A. K. AL-NAMRĪ (éd.), Rasā’il, n° 22,
société. Il ne s’agit cependant pas de mensonges. Selon Avicenne, p. 322-350. [Tajalliyāt].
ceux qui s’attachent littéralement aux promesses et menaces prophé- Voir aussi S. RUSPOLI, Théophanies.
tiques en vivront en effet imaginalement la réalisation dans l’au-delà. IBN ḤAJAR AL-‘ASQALĀNĪ, Shihāb al-Dīn (m. 852/1449), al-Durar al-
Les Prophètes ne sont donc pas des menteurs. De surcroît, le langage kāmina fī a‘yān al-mi’at al-thāmina, éd. M. S. JĀD AL-ḤAQQ, 5 t., Le
imagé de l’Islam, avec notamment son eschatologie du Jardin et de la Caire, Umm al-Qurā li-l-Ṭibā‘a wa l-Nashr, s.d. [Durar].
Géhenne, correspond le mieux à l’entendement limité du commun et IBN AL-‘IMĀD, Abū l-Falāḥ (m. 1089/1679), Shadharāt al-dhahab fī
est le plus performant, socio-politiquement parlant. La mission de akhbār man dhahaba, 8 t., Beyrouth, Dār al-Fikr, 1414/1994. [Sha-
Muḥammad ne fut donc en rien un échec. Que du contraire ! Voir Y. dharāt].
MICHOT, Destinée, p. 35-43. IBN JULJUL AL-ANDALUSĪ (IVe/Xe s.), Ṭabaqāt al-aṭibbā’ wa l-
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