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Le Bonheur Véritable

Ibn Al-Qayyim
© 2020 MuslimLife, LLC
Tous droits réservés.
ISBN : 978-1-952608-09-4
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L’équipe de MuslimLife.
Table des matières
Biographie de l’auteur
Introduction
Chapitre 1 : La Patience et la Certitude
Chapitre 2 : Guider les gens et les appeler à Allah et Son
Messager (paix sur lui)
Chapitre 3 : Les étapes vers l’atteinte du bonheur
Chapitre 4 : Le bonheur véritable
Chapitre 5 : Premier élément : La Sincérité
Chapitre 6 : Deuxième élément : La Véracité
Chapitre 7 : Troisième élément : Le Suivi
Chapitre 8 : Quatrième élément : La Station de l’Excellence
Chapitre 9 : Reconnaître la Faveur d’Allah
Chapitre 10 : Sixième Élément : Blâmer sa personne
Chapitre 11 : Les Quatre Piliers
Nos autres éditions
Biographie de l’auteur
Son nom :

Il est l’imam, le Hafidh, l’exégète, le juriste, Shaykh Al-Islam : Abu


‘Abdullah Shams Al-Din Muhammad Ibn Abu Bakr, plus connu sous le nom
de Ibn Qayyim Al-Jawziyyah.

Sa naissance et son éducation :

Il est né le 7 du mois de Safar de l’année 691 du calendrier Hégirien, dans


le village de Zar ’ , près de Damas en Syrie.

Il grandit au sein d’une famille noble et éduquée. Dès son plus jeune âge, il
s’attela à l’apprentissage des sciences islamiques auprès des savants de son
époque.

Al-Hafidh Ibn Rajab décrit sa soif de connaissance dans son livre Dhayl
Tabaqat Al-Hanabilah : « Il éprouvait un amour intense pour le savoir, les
livres et les écrits. ».

Ibn Kathir dit dans Al-Bidayah wa Al-Nihayah : « Il acquit le savoir à


partir de livres que les autres n’ont pas pu obtenir. Il développa une
compréhension profonde des ouvrages des Salafs et des Khalafs. »

Ses enseignants :

Voici quelques-uns de ses enseignants :

- Shihab Al-Nablusi
- Qadi Taqi Al-Din Ibn Sulayman auprès de qui il étudia le hadith
- Qadi Badr Al-Din Ibn Jama’ah
- Safi Al-Din Al-Hindi
- Isma’il Ibn Muhammad Al-Harrani de qui il prit le fiqh et les fondements
- Son père qui lui enseigna les lois de l’héritage
Son enseignant le plus notable fut toutefois Shaykh Al-Islam Ibn
Taymiyyah qu’il accompagna pendant seize ans.

Al-Hafidh Ibn Kathir a dit :

« Il atteint une profonde maîtrise de nombreuses branches du savoir, en


particulier l’exégèse, le hadith et les fondements. Lorsque shaykh Taqi Al-
Din Ibn Taymiyyah revint d’Égypte en 712H. Il demeura auprès de lui
jusqu’à ce qu’il décède. Il prit de lui une grande part de la science, en plus de
ce qu’il avait déjà appris par lui-même. Il devint donc un savant d’exception
dans plusieurs domaines du savoir. ».

Son comportement et sa piété :

Nombreux sont ses étudiants et ses contemporains qui ont témoigné de sa


noblesse de caractère et de sa piété.

Ibn Rajab rapporte :

« Il, qu’Allah lui fasse miséricorde, demeurait constamment en adoration.


Il accomplissait la prière de nuit. Il prolongeait ses prières et ses adorations
autant qu’il pouvait. Il évoquait constamment Allah et éprouvait un amour
intense pour Lui. Il aimait également profondément le repentir envers Allah,
s’humiliant devant Lui à travers un sens prononcé de la soumission et de
l’impuissance. Il se jeta à corps perdu dans la piété et la servitude. Je n’ai
jamais vu quelqu’un de semblable à lui dans ce domaine. ».

Ibn Kathir a dit :

« Il implorait et faisait appel constamment à son Seigneur. Il possédait


une belle récitation et un comportement éminent. Il était rempli d’amour. Il
n’a jamais cultivé de jalousie ou de malveillance envers qui que ce soit. Il ne
cherchait jamais à nuire ou à déceler les erreurs des autres. Je faisais partie de
ceux qui se trouvaient le plus souvent en sa compagnie et je fus l’un de ceux
qu’il aimait le plus parmi les gens. Je ne connus personne de meilleur que lui
dans l’adoration à son époque. Ses prières se prolongeaient par de longues
inclinaisons et prosternations. Ses pairs le critiquaient à ce sujet, mais il ne
répliquait jamais ni n’abandonna cette pratique. Qu’Allah lui fasse
miséricorde. ».

Ses élèves et ses travaux :

Parmi ses élèves les plus célèbres, on trouve :

- Ibn Kathir
- Al-Dhahabi
- Ibn Rajab
- Ibn ‘Abd Al-Hadi
- Ses deux fils Ibrahim et Sharafu Al-Din ‘Abdullah

Ibn Al-Qayyim fut l’auteur de soixante travaux. Ses livres et ses écrits se
caractérisaient par leurs capacités à atteindre le cœur et l’âme. Il se
distinguait par son style précis, ses arguments forts et ses recherches
profondes.

Dans le domaine du fiqh et des fondements, on peut citer les ouvrages


suivants :

- I’lim Al-Muwaqqihin
- Turuq Al-Hukmiyyah
- Ighathatu Al-Lahfan
- Tuhfatu Al-Mawlud
- Ahkam Ahl Al-Dhimmah
- Al-Furusiyyah

Dans le domaine de la croyance :

- Ijtima’ Al-Juyush Al-Islamiyyah


- Al-Sawa’iqu Al-Mursalah
- Shifa Al-‘Alil
- Hadiy Al-Arwah
- Al-Kafiyat Al-Shafiyah
- Kitab Al-Ruh
Dans le domaine du comportement et de la purification :

- Madarij Al-Salikin
- Al-Da wa Al-Dawa
- Al-Wabil Al-Sayyib
- Al-Fawa’id
- Rissalat Al-Tabukiyyah
- Miftah Dar Al-Sa’adah
- ‘Uddat Al-Sabirin

Dans les sciences du Coran :

- Al-Tibyan fi Aqsam Al-Qur’an


- Amthal Al-Qur’an

Dans la langue et les sujets divers :

- Bada’i Al-Fawa’id

Ce qu’ont dit les savants à son sujet :

Ibn Rajab a dit :

« Il avait une profonde connaissance de l’exégèse et des fondements de la


religion, atteignant les plus hauts rangs de ces domaines. Ce fut également le
cas en ce qui concerne les sciences du hadith et notamment la compréhension
du sens des textes, de leurs subtilités et la déduction de loi à partir d’eux. Il
possédait une grande maîtrise de la jurisprudence et de ses fondements ainsi
que de la langue arabe. Il apporta beaucoup à ces sciences. Il fut également
un fin connaisseur de la rhétorique, de la grammaire et de la poésie. Il
disposait d’un regard averti sur les finesses et les détails que renfermaient les
paroles des gens du tassawwuf. »

Al-Hafidh Ibn Hajar a dit :

« Et si le shaykh Taqi Al-Din [Ibn Taymiyyah] n’avait pour seul mérite


que son célèbre élève, shaykh Shams Al-Din Ibn Qayyim Al-Jawziyyah –
l’auteur de nombreux travaux dont ont bénéficié à la fois ses partisans et ses
opposants – cela suffirait comme preuve de son [Ibn Taymiyyah] rang
immense. »

Al-Hafidh Ibn Nasir Al-Dimashqi a dit :

« Il était doté de la connaissance des sciences, en particulier l’exégèse et


les fondements. »

Al-Suyuti a dit :

« Ses livres restent inégalés. Il travailla dur et devint l’un des grands
imams de l’exégèse, du hadith, du Livre, de la Sunnah, des branches de la
religion et de la langue arabe. »

‘Ali Al-Qari a dit :

« Il apparaîtra clairement à quiconque aspire à lire le commentaire de


Manazilu Al-Sa’irin [Madarij Al-Salikin] qu’ils [Ibn Taymiyyah et Ibn Al-
Qayyim] font partie de l’élite des Gens de la Sounnah et du Consensus et se
situent parmi les Alliés de cette Communauté. »

Qadi Burhan Al-Din Al-Zur’a a dit :

« Il n’y a personne qui, sous les cieux, possède un savoir plus étendu que
le sien. ».

Sa mort :

L’imam Ibn Al-Qayyim décéda à l’âge de soixante ans, la treizième nuit


du mois de Rajab de l’an 751 H. Qu’Allah lui fasse miséricorde.
Introduction
Au Nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux

L’imam Muhammad Ibn Abi Bakr Ibn Qayyim Al-Jawziyyah, qu’Allah lui
fasse miséricorde, a dit :

Je demande à Allah, en Lequel j’ai espoir qu’Il exauce nos invocations,


d’envelopper le frère ‘Ala Ad-Din de Sa Bonté, dans cette vie et dans l’au-
delà, d’en faire une source de bienfaits [pour les autres], et de le bénir où
qu’il puisse se trouver.

En effet, la bénédiction (« barakah ») d’un homme réside dans le bien qu’il


enseigne où qu’il soit et dans les conseils qu’il donne à toute personne qu’il
rencontre.

Dans le Coran se trouve un verset dans lequel Allah, le Très-Haut, nous


informe de ce que le Prophète Jésus (paix sur lui) a dit de lui-même
(traduction relative des versets) :

« Et Il m’a rendu béni où que je sois »[1]

Cela signifie : « Il a fait de moi un enseignant du bien, un homme qui


appelle à Allah, ainsi qu’un porte-parole qui rappelle Allah aux gens et qui
les encourage à Lui obéir. ».

Certes, toutes ces qualités sont issues de la bénédiction d’un homme !


Celui qui ne possède pas ces qualités est dépourvu de bénédiction, tout
comme sa rencontre et sa compagnie.

La valeur du temps

Ce manque de bénédiction étendra son ombre sur quiconque rencontrera


cet homme ou se trouvera en sa compagnie.

En effet, ce genre de personne perd son temps à discuter de sujets


d’actualité futiles et d’évènements passés qui conduisent le cœur à se délabrer
et à s’obscurcir.

Or, ce sont la perte de temps et la corruption du cœur qui constituent les


causes principales de tous les types de maux qui tombent sur les gens. Non
seulement cela conduit la personne à manquer sa part de récompense, mais en
plus, son rang et son statut auprès d’Allah diminueront.

C’est pour cette raison que certains savants ont donné le conseil suivant :

« Prends garde à la fréquentation de ceux dont la compagnie te fera perdre


ton temps et corrompra ton cœur, sinon ta vie sera réduite en lambeaux et tu
te retrouveras parmi ceux au sujet desquels Allah a dit dans le Coran :

« Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à


Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est
outrancier. »[2] »

Si tu médites sur la condition de ce type de gens, tu constateras que le


cœur de chacun d’entre eux, excepté peut-être un petit nombre, se trouve
dans un état d’insouciance.

Il est dirigé par leurs caprices et leurs désirs, jusqu’à ce que leur vie ne
devienne que distraction. Ils ne s’engagent donc pas dans ce qui profite à
leurs cœurs et améliore leur droiture, mais plutôt dans ce qui ne leur apporte
aucun bienfait, et qui pourrait même leur causer du tort tôt ou tard.

Allah, Exalté soit-Il, a ordonné à Son Messager (paix sur lui) de ne pas
obéir à ce groupe. Donc, l’obéissance du Prophète (paix sur lui) nécessita
qu’il n’obéisse pas à ce groupe de gens, car ils appellent au suivi des désirs et
à la négligence du rappel d’Allah.

L’insouciance et le désir

Si l’insouciance d’Allah et de l’au-delà est couplée avec le suivi des envies


et des désirs, alors il ne peut résulter de cette association que le mal.
Or, ces deux éléments n’existent souvent qu’ensemble et ne sont jamais
séparés l’un de l’autre.

Celui qui médite sur ce monde corrompu, en général et en particulier,


comprendra que l’insouciance se tient en tant que barrière entre le serviteur et
la connaissance d’Allah et que le suivi des envies et des désirs tient à l’écart
de la recherche et du suivi de la vérité.

Celui qui se trouve dans le premier cas devient un des égarés et celui qui
se trouve dans le second cas devient un de ceux qui ont encouru la colère
d’Allah.

Les comblés de faveurs

À l’opposé se trouvent ceux qu’Allah a comblés de Ses faveurs.

Ce sont ceux qu’Il a guidés vers l’acquisition du savoir qui permet de Le


connaître, puis qu’Il a soumis à Lui et qu’Il a préférés à tous les autres.

Certes, voilà ceux qui ont emprunté le chemin de la sécurité alors que les
autres marchent sur la voie de la perdition.

C’est pour cette raison qu’Allah nous a ordonné de réciter, plusieurs fois
par jour et par nuit :

« Guide-nous vers le chemin droit, le chemin de ceux que Tu as


comblés de Tes faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni
des égarés. »[3]

Le serviteur d’Allah est en grand besoin de connaître tout ce qui lui sera
bénéfique dans cette vie et dans l’au-delà pour se trouver parmi ceux
qu’Allah a guidés vers le chemin droit. Il a besoin d’être enclin à favoriser,
par rapport à tout le reste, ce qui lui sera profitable, et d’éviter tout ce qui lui
causera du tort.

En revanche, celui qui négligera l’acquisition de ce savoir s’embarquera


sur la voie des égarés et celui qui déviera, ne se conformera pas ni ne se
soumettra à Allah, marchera sur le chemin de ceux qui ont encouru la colère
d’Allah.

À travers cette explication, le haut statut et la signification de cette


invocation deviennent clairs, de même que le besoin vital pour les gens
qu’elle se concrétise dans leur vie. En effet, le bonheur d’une personne ici-
bas et dans l’au-delà en dépend.

Le besoin des serviteurs d’être guidés persiste dans chacun des instants de
leur vie. Il se manifeste dans chaque souffle, chaque moment et chaque
situation, que ce soit dans ce qu’ils reçoivent ou dans ce qu’ils délaissent.

En effet, on ne peut être que l’une des personnes suivantes :

- une personne dont l’ignorance l’a conduite à croire ou à agir d’une


manière qui transgresse la guidance [de l’Islam] ; elle est donc dans le besoin
de rechercher la guidance d’Allah dans ces domaines

- une personne qui est consciente de la guidance, mais qui, néanmoins, la


transgresse intentionnellement ; elle se trouve alors dans le besoin de se
repentir

- une personne qui manque de guidance dans les deux domaines que sont
le savoir et les actes ; ainsi, elle échoue à acquérir le savoir et à agir
conformément à lui

- une personne dont la guidance est incomplète dans certaines choses ; elle
est donc dans le besoin de perfectionner et de compléter sa guidance

- une personne dont la guidance ne s’étend pas au point d’aborder les


détails de ce vers quoi elle a été guidée ; elle a donc besoin de guidance au
sujet de ces détails

- une personne qui a été guidée vers le droit chemin, mais cela requiert
qu’elle soit de nouveau guidée après s’y être embarquée. En effet, être guidé
vers le droit chemin est une chose et le fait d’être guidé après l’avoir
emprunté en est une autre. Une personne peut, par exemple, connaître le
chemin vers une ville spécifique sans pour autant pouvoir accomplir le
voyage. Cela, car pour y parvenir, elle aura besoin qu’on la guide vers la
bonne manière d’accomplir ce voyage, comme le fait de connaître le meilleur
moment pour voyager, la quantité d’eau nécessaire pour l’expédition et les
endroits où se reposer pendant le trajet. Sans l’acquisition de cette guidance,
il se peut que le voyageur souffre ou meure au cours du voyage.

- une personne ayant le besoin d’une guidance future au sujet de certains


éléments tout comme elle a reçu une guidance à leurs sujets dans le passé

- une personne qui ne dispose d’aucune opinion sur certains sujets et qui
donc ne les croient ni corrects ni incorrects ; elle a alors besoin d’être guidée
vers la bonne opinion les concernant

- une personne qui pense être guidée à propos d’une chose, alors qu’en
réalité elle est égarée sans s’en rendre compte ; elle est donc dans le besoin de
changer sa position, ce qui ne peut être accompli excepté par la guidance
d’Allah

- une personne bien guidée sur certains sujets, mais qui a besoin de guider,
conseiller et diriger les autres vers ce en quoi elle a été guidée, car cela
maintiendra sa guidance ; dans le cas contraire, elle pourrait en être démunie.
Cela, car tout comme le proverbe le dit : « Comme la faute, comme le
châtiment ». C’est-à-dire que lorsqu’une personne guide les autres et leur
enseigne, Allah la guide et lui enseigne comment devenir quelqu’un de bien
guidé qui guide les autres également. Il s’agit d’un rang qui a été rapporté
dans l’invocation du Prophète (paix sur lui) :

« Ô Allah, orne-nous de la beauté de la foi, fais de nous des biens


guidés qui guident les autres ; ne nous laisse pas nous égarer ni égarer les
autres, rends-nous pacifiques envers tes partisans et belligérants avec tes
ennemis, fais-nous aimer ceux qui T’aiment, car ils T’aiment et fais que
nous fassions preuve d’hostilité envers ceux qui désobéissent à Ton
ordre. »[4]

Allah, Exalté soit-Il, a fait l’éloge de Ses serviteurs croyants qui


l’implorent d’être des gens bien guidés et qui se tiennent en tant que modèles
à suivre pour les autres dans leurs guidances. Il a dit dans le verset :

« Et qui disent : "Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos


descendants, la joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux" »[5]

Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agréé) a dit : « Cela signifie : « Fais que les gens
soient guidés vers le bien à travers nous. » »

Abu Salih a dit : « Cela signifie : « Fais que les gens soient guidés à
travers notre guidance. » »

Makhul a dit : « [Cela signifie] Fais de nous des exemples dans la piété
afin que les pieux suivent notre exemple. »

Mujahid a dit : « [Cela signifie] Fais de nous des suiveurs des pieux et
[fais que nous] suivions leur exemple dans la vertu. »

L’explication de Mujahid posa problème à ceux qui ne saisissaient pas


l’étendue du savoir des pieux prédécesseurs ou qui n’avaient pas conscience
de la profondeur de leur connaissance. Pour cette raison, ils ont émis
l’opinion suivante :

« Selon cette explication, le sens du verset est inversé et signifie : « Fais


que les pieux représentent l’exemple que nous suivons. » »

Je cherche refuge auprès d’Allah contre un tel propos, car il est impossible
de trouver un verset ayant un sens inversé dans le Coran. En effet, la parole
de Mujahid, qu’Allah l’englobe de Sa Miséricorde, indique sa compréhension
parfaite puisqu’il est évident qu’une personne ne peut être un modèle que les
pieux suivent sans qu’elle-même ne suivent l’exemple des pieux.

C’est cet aspect que Mujahid avait pour intention de souligner. Cela
explique comment une personne peut atteindre ce rang élevé : en suivant
l’exemple des pieux qui l’ont précédé au point qu’Allah fasse que les pieux
qui l’ont succédé suivent son exemple. Certes, cela fait partie des meilleures
compréhensions du Coran et il n’est nullement question ici de « sens
inversé ».
En d’autres mots, quiconque suit l’exemple des prédécesseurs qui ont
adhéré à la Sounnah, servira lui-même de modèle à ceux qui lui succéderont
dans le temps ainsi qu’à ceux qui vivront dans la même époque que la sienne.

Le mot « Imam » (traduit par « guide ») est au singulier. Comme on peut


le noter, Allah le Très-Haut n’a pas utilisé le pluriel de ce mot, car le verset
ne se lit pas de la manière suivante : « Fais de nous des guides pour les
pieux. »

De nombreux savants ont expliqué cela. Certains ont affirmé que le mot
« Imam » est le pluriel du mot « Aâm », mais cette interprétation est farfelue
et atypique au sein de l’usage répandu de la langue arabe. Ainsi, une telle
explication ne peut être utilisée pour interpréter les mots d’Allah.

D’autres savants ont dit que le mot « Imam » n’est pas un « ism » (nom),
mais plutôt un « masdar » (un nom dérivé d’un verbe et qui conserve les
caractéristiques syntaxiques de ce verbe). Cela signifierait donc que le sens
est « Fais que nous ayons un guide ». Cette interprétation est un avis encore
plus faible que le précédent.

Al-Farra a dit : « La raison pour laquelle le mot « Imam » a été utilisé au


singulier et non pas au pluriel est parce qu’il entre dans la catégorie des
singuliers qui sont destinés à faire référence à un pluriel. C’est le cas par
exemple du mot « messager » dans le verset :

« Nous sommes le messager (« rassoul ») du Seigneur des mondes »[6],

où le mot est au singulier alors qu’il fait référence à deux personnes.

Cette explication est la meilleure de toutes, mais requiert tout de même


quelques éclaircissements que voici.

L’ensemble des pieux marche sur la même voie, adore le même dieu,
adhère au même livre, croit au même Prophète, et tous sont les serviteurs
d’un Seigneur Unique. Donc, c’est comme si tout cela représentait l’Imam
qu’ils suivent.
À l’opposé se trouve le cas de plusieurs Imams dont les opinions, les
voies, les croyances, les dogmes et les méthodologies diffèrent.

Ainsi, en réalité, suivre l’exemple des pieux signifie suivre ce sur quoi ils
sont.
Chapitre 1 : La Patience et la Certitude
Allah le Très-Haut nous a informés que le statut de guide dans la religion
s’obtient par la patience et la certitude. Il a dit :

« Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les
gens) par Notre ordre aussi longtemps qu'ils enduraient et croyaient
fermement en Nos versets. »[7]

C’est donc par la patience et la certitude qu’une personne peut atteindre le


statut de guide dans la religion.

Certains ont dit qu’il s’agissait d’une patience en rapport avec ce bas
monde, d’autres ont affirmé que cela signifiait se montrer patient face aux
épreuves, et d’autres encore ont stipulé que cette patience consistait à
s’écarter de l’illicite avec persévérance.

L’explication correcte, cependant, est qu’il s’agit d’être endurant dans tout
cela ; être endurant dans l’accomplissement des obligations qu’Allah nous a
imposé, être endurant dans le fait de s’écarter de tout ce qu’Allah a interdit et
être endurant face à tout ce qu’Allah a décrété et nous a prédestiné.

Allah, le Très-Haut, a combiné la patience avec la certitude dans le verset


cité, car la source du bonheur des serviteurs d’Allah émane d’elles. Sans ces
deux éléments, les serviteurs d’Allah s’en retrouvent éloignés.

Cela s’explique par le fait que le cœur est exposé à la pression des envies
coupables qui transgressent les ordres d’Allah, ainsi qu’à la pression des
doutes qui contreviennent aux textes divins révélés.

Cependant, grâce à la patience, ces envies sont éloignées et grâce à la


certitude, ces doutes sont repoussés. En effet, le désir [coupable] et le doute
s’opposent à tous les aspects de la religion. Seuls ceux qui ont repoussé leurs
envies avec patience et barré la route à leurs doutes avec certitude seront
préservés du châtiment d’Allah.
Allah, le Très-Haut, a dit dans le verset :

« [Il en fut] de même de ceux qui vous ont précédés : ils étaient plus
forts que vous, plus riches et avaient plus d'enfants. Ils jouirent de leur
lot [en ce monde] et vous avez joui de votre lot comme ont joui vos
prédécesseurs de leur lot. Et vous avez discuté à tort et à travers comme
ce qu'ils avaient discuté. Ceux-là verront leurs œuvres anéantis dans ce
monde et dans l'autre et ceux-là sont les perdants. »[8]

La phrase « Ils jouirent de leur lot [en ce monde] » fait référence à leur
jouissance de leur lot de désirs [coupables], alors que la phrase « Et vous
avez discuté à tort et à travers comme ce qu'ils avaient discuté. » fait
référence à la discussion autour de sujets faux et illicites en rapport avec la
religion d’Allah, menés par les gens du doute.

Dans la fin du verset : « Ceux-là verront leurs œuvres anéantis dans ce


monde et dans l'autre et ceux-là sont les perdants. », Allah mentionne que
l’obtention d’une telle condition, c’est-à-dire devenir des perdants et voir ses
actes anéantis, est due au suivi de leurs désirs, qui consiste à jouir de leur part
des plaisirs mondains, et au suivi des doutes, qui consiste à s’engager dans
des discussions vaines et erronées.
Chapitre 2 : Guider les gens et les appeler à Allah et
Son Messager (paix sur lui)
Le verset attire l’attention sur deux autres principes, en dehors des deux
exigences mentionnées précédemment [c’est-à-dire la patience et la
certitude].

Le premier est : appeler les gens à Allah et les guider.


Le second est : guider les gens vers Allah conformément à ce qu’Il a
décrété et ordonné à travers Son Messager (paix sur lui), et non pas selon leur
intellect, leurs opinions, leurs politiques, leurs préférences et leur suivi
aveugle de leurs ancêtres sans aucune preuve venant d’Allah.

En effet, Allah a dit :

« Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les
gens) par Notre ordre aussi longtemps qu'ils enduraient et croyaient
fermement en Nos versets. »[9]

Pour récapituler, ce verset renferme quatre principes.

1- La patience : elle consiste à se retenir d’accomplir ce qu’Allah a


rendu illicite, à se dédier à l’accomplissement de ce qu’Allah a rendu
obligatoire, et à s’empêcher de se plaindre ou de se mettre en colère
face au décret d’Allah

2- La certitude : elle consiste à posséder une foi profondément ancrée,


démunie de toute question, hésitation ou doute, en cinq fondements
qu’Allah a citée dans les versets suivants,

« La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant


ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au Jour
dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes »[10]

« Quiconque ne croit pas en Allah, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses


Messagers et au Jour dernier, s'égare, loin dans l'égarement. »[11]
Et également dans le verset :

« Le Messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de


son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Allah, en Ses Anges, à
Ses Livres et en Ses Messagers »[12]

dans lequel croire au Jour Dernier fait partie de croire aux Livres divins et
aux Messagers.

‘Umar Ibn Al-Khattab (qu’Allah l’agréé) a rapporté que le Prophète (paix


sur lui) a dit :

« La foi consiste à croire à Allah, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses


Messagers et au Jour Dernier. »[13]

Ainsi, quiconque ne croit pas à l’ensemble de ces cinq fondements n’est


pas un croyant.

Quant à la certitude, c’est lorsque la foi en ces cinq principes est tellement
profonde que le cœur peut les concrétiser et les observer tout comme les yeux
peuvent contempler le reflet du soleil ou de la lune [sur l’eau]. C’est pourquoi
certains pieux prédécesseurs ont dit : « La certitude provient de la foi. ».

3- Guider les gens et les appeler à Allah et Son Messager :

Al-Hassan Al-Basri avait pour habitude de commenter, après avoir récité


le verset suivant :

« Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait
bonne œuvre et dit : "Je suis du nombre des musulmans?" »[14]

« C’est celui qu’Allah aime, c’est l’allié d’Allah. Il s’est soumis à Lui, Lui
a obéi, a accompli de bonnes œuvres et a appelé les gens à Lui. »

Ces personnes sont les meilleurs des gens. Leurs rangs seront les plus
élevés le Jour du Jugement. Ils sont ceux qu’Allah a exemptés d’être parmi
les perdants lorsqu’Il a dit :

« Par le Temps ! L'homme est certes, en perdition, sauf ceux qui


croient et accomplissent les bonnes œuvres, s'enjoignent mutuellement la
vérité et s'enjoignent mutuellement l'endurance. »[15]

Dans cette sourate, Allah a juré que l’humanité est en perdition, excepté
ceux qui se sont bonifiés par la foi et les bonnes œuvres, et ont bonifié les
autres en les conseillant sur la foi et les bonnes actions.

L’imam Al-Shafi’i a dit :

« Si les gens méditaient sur la sourate Le Temps, elle leur suffirait. »

On ne peut suivre véritablement le Messager d’Allah (paix sur lui) sans


appeler à Allah avec « bassirah » :

« Dis : "Voici ma voie, j'appelle les gens [à la religion] d'Allah avec


« bassirah », moi et ceux qui me suivent. »[16]

Allah a utilisé les mots :

« J’appelle à Allah »

afin d’expliquer la voie sur laquelle se trouve Son Messager (paix sur lui).
Donc, appeler à Allah représente forcément la voie du Messager, ainsi que la
voie de ceux qui l’ont suivi. Alors, quiconque n’appelle pas à Allah ne sera
pas sur la voie du Messager d’Allah.

L’expression « avec bassirah » fait quant à elle référence au fait de se


tenir fermement sur la religion, comme l’a dit Ibn Al-‘Arabi. Elle a également
été utilisée pour signifier : « une leçon et un exemple. »

Toutefois, après recherches, l’avis correct est qu’on ne tire une leçon qu’en
faisant preuve de lucidité vis-à-vis d’une chose. En effet, si une personne se
montre clairvoyante au sujet de quelque chose, elle finira par réaliser la
sagesse qui se trouve derrière. Donc, celui qui ne connaît pas la sagesse qui
se cache derrière une chose ou la leçon à en tirer, c’est comme s’il ne
possédait aucune clairvoyance.

[Dans la langue arabe], l’origine du mot « bassirah » signifie


« éclaircissement » et « vraisemblance ».

Allah, le Très-Haut, a décrit le Coran comme étant « bassaïr » (pluriel de


« bassirah »), ce qui se traduit par la preuve, la guidance et l’éclaircissement
menant à la vérité et la bonne voie. C’est pour cette raison que les Arabes
nomment « bassirah » les traces de sang menant à la proie.

Le verset indique également que celui qui ne détient pas cette qualité
(c’est-à-dire la « bassirah ») ne fait pas partie des suiveurs du Prophète (paix
sur lui). Il stipule que ses partisans sont ceux détenant la « bassirah » dans
cette partie :

« Moi et ceux qui me suivent »

En effet, si le sens voulu est supposé être « Moi et d’autres invitons à


Allah », que la partie « ceux qui me suivent » est connectée au nom dans
« J’appelle » et que la conjonction utilisée est jugée bonne pour séparer les
deux éléments, alors cela prouve que les suiveurs du Prophète (paix sur lui)
sont ceux qui appellent à Allah et à Son Messager (paix sur lui).

D’autre part, si cela avait été associé au pronom dans


« Ma voie »

cela voudrait dire « c’est ma voie, ainsi que celle de ceux qui me suivent ».

Donc, dans les deux cas, la voie du Prophète (paix sur lui) et la voie de
ceux qui le suivent consistent à appeler les gens à Allah.

4- La partie du verset :

« qui guidaient par Notre Ordre »

introduit le quatrième principe et prouve qu’ils suivaient ce qu’Allah avait


révélé à Son Messager, et que leur guidance ne pouvait se produire qu’en
étant conforme à la guidance des ordres d’Allah, et non pas avec une opinion
quelconque ou avec un avis, car ils ne guident que par Son Ordre seulement.

Cela démontre que les Imams de la religion, que les gens suivent et
prennent en exemple, sont ceux dotés de patience, de certitude et qui
appellent à Allah conformément à la Sounnah et à la révélation d’Allah et
non pas selon leurs opinions et innovations.

Nul doute qu’il s’agit des successeurs du Prophète (paix sur lui) dans cette
communauté. Ils forment le groupe favorisé qu’Allah aime et rapproche de
Lui.

Donc, les prendre pour ennemis signifie montrer de l’hostilité envers


Allah, le Très-Haut. Alors, de la même façon, Allah déclarera la guerre à Ses
ennemis.

L’imam Ahmad a dit dans l’introduction de son livre « Réfuter les


Jahmiyyah », ce qui suit :

« Toutes les louanges appartiennent à Allah qui a aidé, à chaque époque,


des gens de science à guider l’égaré vers le chemin droit tout en patientant
face à leurs torts, à assister l’aveugle [du cœur] pour qu’il voie la lumière
d’Allah, à ranimer les [cœurs] morts avec le livre d’Allah, car nombreux sont
ceux qu’Iblis a assassinés, mais qui ont réussi à revivre. Nombreux sont ceux
qui furent égarés et perdus, mais qui ont fini par être guidés.

Certes, leur effet sur les gens est bon et digne d’éloges, alors que l’effet
des gens sur eux est vil.

Ils ont neutralisé ce que les extrémistes ont extrapolé du Coran, ont réfuté
les affirmations des falsificateurs, ont démenti les interprétations des
ignorants qui ont levé les drapeaux des innovations et qui ont déployé les
argumentations injustifiées, les conduisant à s’éloigner du livre d’Allah et à
accepter de parler d’Allah et de Son livre sans science, à céder aux
discussions à propos des mutashibhat (c’est-à-dire les versets non spécifiques
dont l’interprétation et les sens sont vagues), puis à tromper les gens du
commun avec leurs arguments.

Nous cherchons refuge auprès d’Allah contre les nuisances et la déviation


de ceux qui sont égarés et qui égarent les autres. »
Chapitre 3 : Les étapes vers l’atteinte du bonheur
Les êtres humains, sans même parler des autres créatures, sont à la
recherche de ce qui procure plaisir, confort et vie heureuse, à travers lesquels
ils peuvent éviter l’opposé de ce qu’ils espèrent atteindre.

Il est un devoir pour les gens que de se préoccuper de ce sujet et d’acquérir


les connaissances en rapport avec lui tout en s’assurant d’avoir la volonté et
l’intention d’obtenir tout cela.

Il s’agit, de toute évidence, d’un but que toutes les créatures se doivent
d’atteindre et de poursuivre. Ce but implique le suivi de six étapes
mentionnées ci -dessous :

1- Connaître ce qui est profitable et qui permet à une personne de


mener une vie agréable et d’obtenir la joie, le confort.
2- Connaître le chemin qui mène à cela.
3- Emprunter ce chemin.
4- Connaître ce qui cause du tort et qui, par conséquent, perturbe la vie
d’une personne.
5- Connaître le chemin qui mène à cela.
6- Éviter ce chemin.

Ce n’est qu’à travers ces étapes que le bonheur, la joie et la droiture


peuvent être complétés et assurés. En revanche, celui qui manque l’ensemble
de ces six étapes ou même l’une d’entre elles verra sa vie perturbée et
impactée de manière négative.

Bien que toute personne raisonnable s’efforce d’agir selon ces six
principes, la plupart d’entre elles échouent à atteindre le bienfait qu’elles
poursuivent.

Cela est soit dû au fait qu’elles n’aient pas la bonne approche ni la


connaissance de cette approche, soit qu’elles échouent à connaître le chemin
qui y mène. Les gens tombent dans ces deux erreurs par ignorance. C’est par
l’acquisition du savoir que ce problème est résolu.
Certains détiennent la connaissance de ce qui est utile et profitable et
connaissent également le chemin qui y mène. Cependant, ils sont touchés par
des envies et des désirs qui les freinent dans leurs efforts pour obtenir le
grand bienfait derrière lequel il court. Cela les empêche d’emprunter le
chemin y menant, car, chaque fois qu’ils y aspirent, leurs envies et leurs
désirs leur barrent la route.

Pour dominer leurs envies et leurs désirs et être libres de partir à la


conquête du bonheur, ils doivent soit être animés d’un immense amour, soit
supporter la gêne.

Concernant le premier élément [l’immense amour], ils doivent aimer


Allah, Son Messager, l’au-delà, le Paradis et ses butins plus que leurs propres
envies et désirs, tout en sachant qu’ils ne peuvent pas combiner les deux.
Ainsi, ils décident de donner préférence à ce qu’ils aiment le plus par rapport
à ce qu’ils aiment le moins.

Concernant le second élément [supporter la gêne], il se peut qu’ils


connaissent les conséquences du fait de donner préférence à leurs envies et
désirs. Ils sont donc conscients que suivre leurs envies et leurs désirs
causeront chez eux une crainte et une douleur plus longues et plus intenses
que la souffrance qu’ils endureront en abandonnant leurs envies et désirs.

Si ces deux types d’amour dominent leur cœur, ils se rendront compte de
ce qui doit être préféré. En effet, la raison humaine nous amène à favoriser ce
qui est le plus aimé par rapport à ce qui est le moins aimé et à supporter ce
qui est le moins détesté par rapport à ce qui est le plus détesté. En connaissant
ce principe, tu comprendras alors la façon de penser des gens et cela t’aidera
à distinguer le raisonnable du déraisonnable et à reconnaître les différents
degrés de raison des gens.

Certes, celui qui favorise un plaisir immédiat, dont l’effet nuira à sa vie
ici-bas et dans l’au-delà, n’a forcément aucun sens logique. En effet,
comment peut-on favoriser de tels plaisirs aussi éphémères qu’un rêve et
aussi courts qu’un bon moment passé avec un personnage le visitant dans un
songe, par rapport à un plaisir éternel situé parmi les plaisirs ultimes ?
Comment peut-on vendre tout cela contre de vils plaisirs mortels qui ne
sont accompagnés que de douleur, qui s’obtiennent par la douleur et dont le
résultat n’est que douleur ?

Si celui doté d’intelligence, lorsqu’il médite sur ce genre de désirs,


comparait la douleur au plaisir et le tort au profit reçu, il se serait senti
honteux de lui-même et de son intellect. Il ne poursuivrait alors plus jamais
de telles envies ni ne perdrait son temps à s’occuper avec, sans parler de leur
donner préférence sur « ce qu’aucun œil n’a jamais vu ni aucune oreille
n’a entendu et qui n’a jamais été imaginé par quiconque. »[17].

En effet, Allah, le Très-Haut, a acheté des croyants leurs vies en échange


de ce qu’ils auront au Paradis. Il a établi ce contrat à travers Son Messager, le
meilleur de l’humanité, qu’Il aime et qu’Il a préféré à toutes les autres
créatures.

Ainsi, comment une personne douée de raison peut-elle négliger, gaspiller


ou ruiner une marchandise que le Seigneur des cieux et de la terre a achetée,
dont le prix est de jouir de la vue de Son Noble Visage et de l’écoute de Ses
Mots au Paradis, sans même parler du grand honneur qu’un tel contrat ait été
établi à travers Son Messager ?!

Comment peut-on gaspiller ce grand bienfait contre cette vie mortelle ?


Vraiment, il s’agit là de la plus grande des pertes, dont l’évidence apparaîtra
le Jour du Jugement, lorsque les balances des pieux seront lourdes, et celles
des perdants seront légères.
Chapitre 4 : Le bonheur véritable
Si tu viens à connaître ce que je viens d’expliquer, tu ressentiras alors le
plaisir ultime et la joie parfaite.

La grâce et la vie agréable ne se trouvent que dans la connaissance


d’Allah, le fait de L’adorer exclusivement, de ressentir confort et satisfaction
dans Sa compagnie, dans le fait d’aspirer à Le rencontrer, dans la dévotion du
cœur et dans l’effort pour Lui.

En revanche, la vie la plus triste est celle de ceux dont les cœurs sont
distraits [par les plaisirs mondains] et dont l’attention [n’est pas dirigée vers
Allah]. Ils ne trouvent donc aucune demeure en laquelle s’installer et aucun
bien-aimé auprès duquel trouver refuge.

En effet, la vie profitable et agréable, accompagnée de la paix de l’âme,


s’atteint à travers la tranquillité et le confort trouvé en présence du premier
amour [c’est-à-dire Allah].

Peu importe à quel point le cœur vacille entre les plaisirs mondains aimés
et désirés, il ne jouira d’aucun d’eux sans ressentir confort, sécurité et joie
avec Son Seigneur.

Il est le seul Soutien et Protecteur, dont l’autorité surpasse la création et


sans Lequel ni soutien ni protection ne peuvent être atteints.

Tu dois t’assurer que tu ne t’intéresses qu’à une seule chose, travailler


pour la satisfaction d’Allah Seul. En effet, il s’agit de l’ultime bonheur qu’un
serviteur d’Allah peut rêver d’avoir.

Celui dont le cœur est dans un tel état non seulement se prélassera au
paradis tout en étant encore sur terre, mais il demeurera également ensuite
dans le Paradis d’Allah dans l’au-delà.

Il a été dit par quelqu’un parmi ceux dont les cœurs sont submergés par
l’amour d’Allah, le Très-Haut :
« Parfois, mon cœur se trouve dans un état [car étant en compagnie
d’Allah] qui me fait m’exclamer. Si les habitants du Paradis ressentent un tel
état de bonheur et de confort, je suis convaincu qu’ils sont plongés dans une
joie au-delà de toute imagination. »

Un autre a dit : « Parfois, le cœur se trouve dans un état de joie qui le fait
bondir de gaieté. »

Un autre a dit : « Comme sont pathétiques et pauvres ceux dont les


préoccupations tournent autour de cette vie mondaine ! Ils la quittent sans
avoir goûté à son plus grand plaisir. ».

On lui demanda : « Lequel est-il ? ».

Il répondit : « Connaître Allah, L’aimer, ressentir de la joie à se trouver


proche de Lui et aspirer à Sa rencontre. »

Vraiment, il n’existe aucune grâce équivalente à la grâce dans laquelle les


habitants du Paradis se plongent sauf ce type de grâce. C’est pourquoi le
Messager d’Allah (paix sur lui) a dit :

« On m'a fait aimer de votre vie d'ici-bas les femmes et le parfum et la


réjouissance de mes yeux se trouve dans la prière »[18]

Dans ce hadith, le Prophète (paix sur lui) nous informe qu’on lui a fait
aimer deux choses issues de ce bas monde.

Puis, il a poursuivi en disant que son plaisir, sa joie et sa paix se trouvaient


dans la prière.

Il est évident que les sentiments de plaisir, de joie et de paix sont d’un rang
plus élevé que les sentiments d’amour. En effet, tout ce qu’une personne
aime n’apporte pas forcément plaisir, paix et joie, car ces sentiments ne
peuvent être atteints qu’avec le plus aimé, qui est aimé pour son essence.

L’état ultime de l’amour ne peut être éprouvé pour personne en dehors


d’Allah seul, l’Unique, le seul digne d’adoration, alors que toute chose et
toute personne ne sont aimées qu’en résultat du fait de L’aimer.

Donc, les personnes et les choses sont aimées par Sa cause et nous
n’aimons rien ni personne en parallèle de Lui.

En effet, aimer en Son Nom découle du monothéisme alors qu’aimer une


chose ou une personne avec Lui est [une forme de] polythéisme.

Le polythéiste prends effectivement autres qu’Allah en égaux [à Lui] et les


aime donc comme il [est supposé] aimer Allah.

En revanche, le monothéiste [c’est-à-dire celui qui adore Allah


exclusivement] aime ceux qu’Allah aime et déteste ceux qu’Allah déteste.
Tous ses actes Lui sont dédiés et tout ce qu’il se retient de faire est aussi
dédié à Lui.

1- La religion tourne autour de quatre règles

La religion tourne autour de quatre règles. Il s’agit de l’amour et de la


haine, qui impliquent les actes suivants : s’abstenir et délaisser, donner et
garder.

Ainsi, quiconque s’assure que chacun de ces éléments est sincèrement


dédié à Allah, sa foi sera parfaite et quiconque échoue à ce que tous ces
aspects ou l’un d’entre eux soient dédiés à Allah Seul, sa foi sera affectée de
manière proportionnelle.

Le sens visé est que, tout ce qui apporte plaisir, joie et paix est supérieur à
ce que nous aimons de manière simple.

L’accomplissement de la prière apporte plaisir, joie et paix à l’ardent dévot


qui aime Allah dans ce monde. Cela est dû au fait que la prière permet de
communiquer avec le Seul qui satisfait et anime les cœurs, auprès Duquel les
âmes s’installent et les esprits sont en paix.

La prière lui permet de demeurer dans la grâce de Son rappel. Elle baigne
son cœur dans l’océan de l’humilité et de la soumission à Sa Majesté.

Elle le rapproche de Lui, particulièrement pendant la prosternation qui est


le moment où le serviteur croyant peut être le plus proche d’Allah.

Ce sens s’exprime dans les mots du Prophète (paix sur lui) :

« Ô Bilal ! Appelle à la prière afin que nous trouvions du réconfort en


priant. »[19]

Ce hadith nous informe que le réconfort du Prophète (paix sur lui) se


trouvait dans la prière, au sein de laquelle il trouvait aussi paix, joie et plaisir,
comme il l’a également dit. Compare cet état à celui de ceux qui disent :
« Prions afin que nous nous soulagions du fardeau de la prière ! »

Seul le vrai dévot trouve paix, joie et plaisir dans la prière alors que
l’insouciant et le négligent sont privés de tout cela !
En réalité, ce genre de personne trouve la prière difficile et la considère
comme un fardeau. Cela la rend perturbée et confuse pendant qu’elle prie et
lui donne l’impression qu’elle se tient sur des braises.

C’est pourquoi ce genre de personne préfère une prière très courte et


rapide, car elle n’y trouve aucune paix, plaisir ou joie en elle.

En effet, celui qui trouve paix, joie et plaisir dans une chose, il lui sera
difficile de s’en séparer. En revanche, celui dont le cœur est vide de l’amour
d’Allah et de l’Au-delà et touché par l’amour de cette vie mondaine et de ses
plaisirs, trouvera la prière comme étant la plus difficile des choses à
accomplir.

Il s’agira de la chose qu’il dédaignera le plus lorsqu’elle sera longue, bien


qu’il soit en bonne santé, qu’il ait suffisamment de temps libre et qu’il ne soit
pas occupé par autre chose.

Il est un devoir de savoir que la prière qui apporte paix, joie et plaisir au
cœur se compose de six éléments.
Chapitre 5 : Premier élément : La Sincérité
La raison pour laquelle le serviteur prie et se sent motivé à prier doit être
son intention de se rapprocher d’Allah, son amour pour Lui, son désir de
rechercher Sa satisfaction et Sa proximité, et le respect de Son Ordre
d’accomplir la prière.

C’est alors que rien d’autre dans ce bas monde ne le motive à prier. Au
contraire, il ne prie que pour rechercher la Satisfaction de son Seigneur le
Très-Haut qu’il aime et qu’il craint, et dont il cherche la récompense et le
pardon.
Chapitre 6 : Deuxième élément : La Véracité[20]
Il convient de vider son cœur de cette vie mondaine afin qu’il soit dédié à
Allah Seul pendant la prière. Ainsi, il devient possible de faire des efforts
pour être attentif et l’accomplir de la meilleure manière intérieurement et
extérieurement. Cela, car la prière possède deux aspects : un aspect apparent
et un aspect caché.

L’aspect apparent est constitué des actes visibles et des paroles audibles.
L’aspect caché est composé de l’attention portée à Allah et de la
concentration, tout en maintenant le cœur entièrement dédié à Lui et non pas
distrait par quiconque ni quoique ce soit.

L’aspect apparent est tel un corps de la prière et l’aspect caché tel une
âme. Ainsi, si l’âme est absente, la prière devient comme un corps sans âme.

Le serviteur doit avoir honte de lui-même de rencontrer son Maître dans un


tel état ! C’est pourquoi, lorsque la prière est vidée de son âme, elle s’enroule
comme un vêtement puis frappe le visage de son auteur et lui dit : « Qu’Allah
te gâche tout comme tu m’as gâchée ! »

Quant à la prière dont les aspects cachés et apparents ont été complétés,
elle s’élève accompagnée d’une lumière qui brille comme le soleil, jusqu’à ce
qu’elle soit présentée à Allah. Il l’accepte alors. La prière dit ensuite à son
auteur : « Qu’Allah te préserve tout comme tu m’as préservé ».
Chapitre 7 : Troisième élément : Le Suivi
Le troisième élément consiste à s’assurer de prier conformément à la
manière du Prophète (paix sur lui).

La prière doit être conforme à la description de la prière du Messager


d’Allah (paix sur lui). Il convient donc de s’écarter des actes, propos et
descriptions de la prière que les gens ont innovés et qui n’ont pas été
rapportés du Messager d’Allah (paix sur lui) ou de ses Compagnons.

On ne doit pas prêter attention aux mots de ceux qui cherchent sans cesse
des concessions et ne se conforment qu’aux aspects minimums obligatoires.

En effet, certains savants ont débattu avec eux au sujet de leurs opinions et
interprétations au point de déclarer obligatoire ce que ces gens-là déclarent
comme étant surérogatoire.

Il est également possible qu’ils ne prennent pas en compte des ahadiths


authentiques ainsi que des actes établis de la Sounnah qui s’opposent à leurs
positions sous prétexte qu’ils suivent l’école juridique d’untel ou d’un autre.

Il s’agit, de toute évidence, d’une excuse non valable qu’Allah n’accepte


pas et qui ne retire pas la responsabilité de ne pas pratiquer une Sounnah
après en avoir eu connaissance.

Cela, car Allah, le Très-Haut, nous a ordonné de lui obéir et de suivre Son
Messager exclusivement. Le seul cas dans lequel les autres sont suivis est
lorsqu’ils défendent les ordres et les façons de faire du Messager d’Allah
(paix sur lui).

Ainsi, il faut garder à l’esprit que les opinions d’une personne peuvent être
débattues et donc acceptées ou rejetées, à l’exception des ordres et des propos
du Prophète (paix sur lui) dont les mots sont finaux et exécutoires.

Allah, le Très Haut, a juré par Lui-Même que nous ne croirons pas jusqu’à
ce que nous nous référions au Messager d’Allah pour juger sur ce sur quoi
nous divergeons, puis qu’ensuite nous nous soumettions et acceptons son
jugement, car le jugement d’aucun autre ni la soumission à aucune autre
personne nous sauveront du châtiment d’Allah.

De plus, cette réponse ne sera pas acceptée lorsqu’Allah nous interrogera


le Jour du Jugement :

« Qu’avez-vous répondu aux Messagers ? »[21]

Il nous interrogera assurément à ce sujet et nous demandera de Lui


répondre. Allah, le Très-Haut, a dit :

« Nous interrogerons assurément ceux vers qui furent envoyés des


Messagers et Nous interrogerons aussi les Envoyés. »[22]

Le Prophète (paix sur lui) a dit :

« Il m’a été révélé que vous serez testés et interrogés à mon sujet. »[23].

C’est-à-dire que nous serons interrogés à son sujet dans nos tombes.

Donc, quiconque connaît un acte de la Sounnah, puis l’abandonne pour


l’opinion d’un autre, sera interrogé à ce sujet et connaîtra les conséquences de
ses actions.
Chapitre 8 : Quatrième élément : La Station de
l’Excellence
La station de l’excellence signifie être vigilant vis-à-vis d’Allah. Cela
consiste à adorer Allah comme si tu Le voyais.

Cet état découle d’une foi complète en Allah, Ses Noms et Ses Attributs.
Cela au point que c’est comme si tu pouvais Le voir au-dessus de Son Trône,
au-dessus des cieux, administrant les affaires de la création tout entière,
émettant Ses commandements qui gouvernent le cosmos, tout cela pendant
que les œuvres et les âmes de Ses serviteurs Lui sont présentées.

Dans cet état, le serviteur croyant vit tout cela avec son cœur et ressent
[l’expression de] Ses Attributs et Ses Noms.

Il voit [dans son cœur et son esprit] qu’Il est Celui qui subsiste par Lui-
même, Le Vivant, Celui qui entend tout, celui qui voit tout, le Tout-Puissant,
Le Sage, Le Roi qui a autorité sur toute chose, qui aime, déteste et est
satisfait, qui se met en colère et accomplit tout ce qui Lui plaît de faire, qui
décrète tout ce qu’Il veut tout en étant au-dessus de Son Trône.

Rien ni personne n’échappe à Son Savoir, car Il sait ce qui trompe les yeux
et ce que les poitrines cachent.

Cet état de pleine conscience constitue la base à partir de laquelle toutes


les œuvres du cœur émanent, car il implique de devenir pudique (Al-Haya[24])
et prude (Al-Ijlal) vis-à-vis d’Allah. Il implique de se montrer respectueux
envers Lui et de revenir (Al-Inabah[25]) vers Lui. De plus, il suscite l’amour
d’Allah, la crainte de Lui, la pleine confiance en Lui, la soumission à Lui et
incite à l’humilité.

Il met également fin à tous les susurrements (waswas) des diables, éloigne
les doutes et pousse les cœurs et les âmes à se dévouer à Allah Seul.

La proximité d’un serviteur vis-à-vis de son Seigneur dépend de son degré


d’Excellence (Ihsan). En raison de cela, la récompense et le rang d’une prière
diffèrent d’une prière à une autre. De même, la différence entre la prière
d’une personne et celle d’une autre peut être telle la distance entre les cieux et
la terre, bien que les deux accomplissent la prière de manière similaire.
Chapitre 9 : Reconnaître la Faveur d’Allah
Cela consiste à reconnaître le bienfait infini d’être au service d’Allah. Le
bienfait que ton cœur et ton corps soient déployés à Le servir, qu’ils ne soient
que pour Allah, dont la Grâce et la Faveur t’ont été conférées, afin de te
faciliter l’accès à une telle condition [de servitude].

Sans Sa Grâce et Sa Faveur sur toi, rien de cela ne se serait produit. Les
Compagnons du Prophète (paix sur lui) étaient conscients de cela lorsqu’ils
répétaient les vers de poésie suivant :

Par Allah, sans Allah,


Aucun d’entre nous n’aurait été guidé
Ni capable de donner l’aumône ni capable d’accomplir la prière

Allah, le Très-Haut, a dit :

« Ils te rappellent leur conversion à l'Islam comme si c'était une


faveur de leur part. Dis : "Ne me rappelez pas votre conversion à l'Islam
comme une faveur. C'est tout au contraire une faveur dont Allah vous a
comblés en vous dirigeant vers la foi, si toutefois vous êtes
véridiques". »[26]

C’est Allah qui, en tout premier lieu, permet à un serviteur de devenir un


croyant. C’est Lui qui a facilité la prière aux gens, tout comme le Prophète
Abraham (paix sur lui) a dit dans le verset :

« Notre Seigneur ! Fais de nous Tes Soumis, et de notre descendance


une communauté soumise à Toi. »[27]

Et

« Ô mon Seigneur ! Fais que j'accomplisse assidûment la Salat ainsi


qu'une partie de ma descendance ; exauce ma prière, Ô notre Seigneur
! »[28]
C’est donc un fait établi que c’est par la Faveur qu’Allah leur a conférée
que Ses serviteurs l’adorent et Lui obéissent. C’est en effet l’une des plus
grandes grâces qu’Allah donne à Son serviteur. Allah, le Très-Haut, a dit :

« Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d'Allah »[29]

Et

« Et lorsque votre Seigneur proclama : "Si vous êtes reconnaissants,


très certainement J'augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous
êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible". »[30]

Cet élément est de loin l’un des plus grands et plus bénéfiques pour le
serviteur d’Allah. Donc plus le monothéisme d’un individu sera profond, plus
ce qu’il tirera de cet élément sera perfectionné.

L’un des bienfaits tirés de cet élément est qu’il empêche le cœur de
s’enorgueillir des bonnes œuvres accomplies.

En effet, celui qui reconnaît et affirme qu’Allah, le Très-Haut, est Celui


qui guide le serviteur vers Lui, et que c’est par Sa Faveur que le serviteur est
croyant, ne sera pas émerveillé par ses bonnes actions, ni ne se sentira
supérieur aux autres en raison de cela.

Tous ces sentiments vils seront instantanément retirés de son cœur. Ainsi,
il n’en parlera pas ni ne se sentira supérieur aux autres en raison d’elles. C’est
là la nature de toute bonne action acceptée.

Parmi les autres bienfaits de la reconnaissance de la Faveur d’Allah sur


nous se trouve le fait que cela nous pousse à faire l’éloge du Seul qui mérite
réellement l’éloge.

On ne fait pas notre propre éloge, mais plutôt on reconnaît le fait que
toutes les louanges appartiennent à Allah Seul tout comme on reconnaît le fait
que la grâce dans laquelle on se prélasse et les bienfaits par lesquels on est
béni proviennent d’Allah Seul. Ce bienfait concrétise la perfection de
l’adoration exclusive d’Allah.
Ainsi, il n’est pas possible d’avoir un ancrage solide au sein du
monothéisme tant qu’on ne reconnaît pas et ne ressent pas tout ce qui vient
d’être expliqué.

Celui qui vit cela se voit aussitôt raffermi et dès que son cœur le ressent, il
en recueille des fruits que nul bienfait de ce monde n’atteint.

Il plongera alors dans l’amour et l’intimité d’Allah tout en se prélassant


dans l’amabilité de Sa compagnie et en étant impatient d’atteindre le moment
où il Le rencontrera. Il savourera de se souvenir de Lui et de L’adorer.

En vérité, il n’y a aucun bien dans la vie d’une personne lorsque le chemin
qui mène à tout cela est bloqué et lorsque le cœur en est banni. Les personnes
de ce genre sont telles qu’Allah l’a décrit dans le verset :

« Laisse-les manger, jouir (un temps), et être distraits par l’espoir ;


car bientôt ils sauront ! »[31]
Chapitre 10 : Sixième Élément : Blâmer sa
personne
Cela consiste à garder en tête que tes efforts dans l’adoration d’Allah sont
toujours insuffisants et que le droit d’Allah sur toi est plus grand.

Ainsi, ton obéissance, ton adoration et ta servitude doivent être plus


élevées que ce que tu accomplis, car le degré de ta servitude envers Allah doit
convenir à Sa Gloire et à Sa Puissance.

Si les serviteurs et les sujets des rois montrent de hauts égards, du respect,
de la révérence, de l’admiration, de la crainte et de la sincérité envers leurs
maîtres au point de leur dédier leurs corps et leurs cœurs pour les servir, alors
cela est encore plus approprié au Roi des rois. Le Seigneur des cieux et de la
terre doit être traité non seulement de manière similaire, mais bien plus
encore.

Si un serviteur reconnaît que son état de servitude ne remplit pas, ou est


même loin de remplir les droits d’Allah sur lui, il réalisera ses lacunes et se
hâtera alors de rechercher Son pardon, de s’excuser pour ses déficiences,
ainsi que pour son adoration et son obéissance insuffisantes.

C’est pour cette raison que nous sommes plus dans le besoin de Son
pardon en raison de nos adorations et obéissances insuffisantes, que dans le
besoin de demander Sa récompense pour l’adoration et l’obéissance que nous
avons accomplie.

Il n’y a aucune fierté ni crédit devant être réclamé par une personne, même
si celle-ci a été capable de remplir toutes les conditions de l’état de servitude
envers Allah, le Très-Haut. En effet, celui qui sera dans ce cas n’aura fait que
remplir son rôle naturel de serviteur envers son Maître, Allah, Glorifié soit-Il.

Il est évident que si le serviteur servait son maître, et qu’il demandait à son
maître une récompense pour son service, les gens le traiteraient de fou. Cela,
alors qu’en réalité, il n’est pas le vrai esclave d’un autre homme puisque
l’humanité appartient à Allah et Le sert Lui Seul de tout point de vue.
Ainsi, lorsqu’Allah récompense Ses serviteurs pour leurs adorations, qu’ils
sont obligés d’accomplir de toute façon en tant que serviteur de Lui, cela
n’est dû qu’à Sa faveur et Sa grâce qu’Il leur confère, bien qu’ils ne soient
pas habilités à recevoir une récompense quelconque.

En comprenant ce principe, nous pouvons saisir le sens de la parole du


Prophète (paix sur lui) lorsqu’il a dit :

« Nul n’entrera au Paradis par ses œuvres. »

Les Compagnons demandèrent :

« Pas même toi, Ô Messager d’Allah ? »

Il répondit :

« Pas même moi, sauf si Allah m’englobe de Sa Miséricorde et de Sa


Grâce. »[32]

Anas Ibn Malik (qu’Allah l’agrée) rapporte :

« Le Jour du Jugement, il y aura trois comptes pour chaque personne. Un


compte qui contient ses bonnes œuvres, un qui contient ses mauvaises œuvres
et le dernier dédié aux bienfaits qu’Allah a conférés à son serviteur.

Le Seigneur, Glorifié soit-Il, dira à Son bienfait : « Prenez vos droits à


partir des bonnes œuvres de Mon serviteur. ».

Dès lors, le plus petit et minime des bienfaits commencera à prendre ses
droits jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucune bonne œuvre sur son compte.

Ensuite, il [le bienfait] dira : « Ô mon Seigneur ! Je n’ai pas encore pris
assez de bonnes œuvres pour remplir mon droit ! ».

À ce moment, si Allah veut faire Miséricorde à Son serviteur, Il lui


attribuera de Ses grâces et de Ses bienfaits, pardonnera ses péchés et doublera
ses bonnes œuvres. »[33]

Ce récit est authentique et il a été vérifié qu’il a été rapporté de Anas ibn
Malik (qu’Allah l’agréé). Il est une preuve des plus claires de la connaissance
parfaite de leur Seigneur qu’avaient les Compagnons ainsi que de Ses droits
sur eux. Inutile d’ajouter que c’est eux qui connaissaient le mieux le Prophète
(paix sur lui), sa Sounnah et la religion.

Ce récit renferme un savoir et une connaissance que nul ne peut saisir


excepté ceux dotés d’un cœur perspicace, qui connaissent leur Seigneur, Ses
Attributs, Ses Noms et Ses droits sur Ses serviteurs.

Muni de cette connaissance, on peut comprendre le hadith rapporté par


l’Imam Ahmad et Abu Dawud, d’après Zayd Ibn Thabit, Hudhayfah
(qu’Allah les agréés) et d’autres, selon lequel le Prophète (paix sur lui) a dit :

« Si Allah châtiait les habitants des cieux et de la terre, Il n’aurait pas


été injuste envers eux, et s’Il avait fait preuve de miséricorde envers eux,
Sa miséricorde serait meilleure que leurs bonnes œuvres. »[34]
Chapitre 11 : Les Quatre Piliers
Pour saisir tous les aspects de cet état, quatre éléments doivent être réunis :
une intention sincère, une compétence forte, du désir et de la crainte.

Ces quatre éléments forment la base de cet état. Chaque lacune dans la foi
d’une personne, dans sa situation ou dans les évènements qui la touchent,
apparents et cachés, sont dus à un manque situé dans l’un de ces quatre piliers
ou dans tous.

Ainsi, la personne sensée se doit de réfléchir à ces quatre éléments et


s’assurer d’être conforme à eux. Elle doit respecter ces quatre règles, en faire
les lignes directrices de son savoir, de ses actes, de ses paroles et de ses états.

Il est possible d’affirmer que celui qui a développé cet état n’a pu y arriver
sans ces quatre piliers et ceux qui ont échoué l’ont fait seulement, car ils
n’ont pas été conformes à eux.

Et Allah sait mieux ! Nous nous en remettons à lui, nous dépendons de


Lui, nous recherchons Sa satisfaction, c’est Lui qui peut nous aider, nous et
nos frères issus des gens de la Sounnah, dans la conformité à ces quatre
piliers, que ce soit en matière de savoir et en matière d’actions.

Certes, Il est Celui capable de cela et Il est Celui qui nous suffit en toute
chose.
Nos autres éditions
100 Trésors de l’Islam : principes du Coran et de la Sunna pour une
vie meilleure — Samir Doudouch

La Guérison des Âmes — Ibn Al-Jawzi

Les Bienfaits de l’Épreuve — Al ‘Izz ibn ‘Abd Al-Salam & Ibn Al-
Qayyim

Le Réveil des Cœurs — Ibn Al-Jawzi

Tafsir Sourate Al-Fatiha — Ibn Al-Qayyim & d’autres

Le Livre de L’Amour — Ibn Taymiyya

La Piété envers les Parents — Ibn Al-Jawzi

Le Livre du Comportement — Ibn Qudamah

[1]
Sourate 19 : Marie, verset 31
[2]
Sourate 18 : La Caverne, verset 28
[3]
Sourate 1 : L’Ouverture, versets 6-7
[4]
Rapporté par Ibn Khuzaymah. Jugé faible par Al-Albani.
[5]
Sourate 25 : Le Discernement, verset 74
[6]
Sourate 26 : Les Poètes, verset 16
[7]
Sourate 32 : La Prosternation, verset 24
[8]
Sourate 9 : Le Repentir, verset 69
[9]
Sourate 32 : La Prosternation, verset 24
[10]
Sourate 2 : La Vache, verset 177
[11]
Sourate 4 : Les Femmes, verset 136
[12]
Sourate 2 : La Vache, verset 285
[13]
Rapporté par Al-Boukhari & Muslim
[14]
Sourate 41 : Les Versets Détaillés, verset 33
[15]
Sourate 103 : Le Temps, versets 1 à 3
[16]
Sourate 12 : Joseph, verset 108
[17]
Rapporté par Al-Boukhari & Muslim
[18]
Rapporté par Al-Nasa’i. Jugé bon par Al-Albani.
[19]
Rapporté par Ahmad et Abu Dawud. Jugé authentique par Al-Albani.
[20] La Véracité (Al-Sidq) est la conformité entre l’intérieur et l’extérieur, de manière à ce que les
actes et les propos d’une personne ne trahissent pas ses croyances et vice-versa. La Véracité est le
fondement de la foi. Son résultat est la paix de l’esprit. Le mensonge est le fondement de l’hypocrisie.
Son résultat est le doute. C’est pourquoi ces deux éléments ne peuvent jamais coexister sans s’opposer
l’un à l’autre. On demanda à Al-Junayd si la Véracité et la Sincérité étaient identiques ou différentes et
il répondit : « Elle sont différentes. La Véracité est la racine et la Sincérité est la branche. La Véracité
est à la base de tout et la Sincérité n’entre en jeu que lorsqu’on débute un acte. Les œuvres ne sont
acceptées que lorsqu’elles combinent les deux. ». Celui qui détient la véritable Véracité sera démuni de
toute vanité.
[21]
Sourate 28 : Le Récit, verset 65
[22]
Sourate 7 : Al-A’raf, verset 6
[23]
Rapporté par Ahmad. Jugé bon par Al-Albani.
[24]
Al-Haya : la pudeur. Ce mot est dérivé de « Hayat », la vie, car c’est à travers la pudeur que le cœur
reçoit la vie et que c’est par son manque qu’il meurt. Il s’agit d’un état qui se développe par le fait que
le serviteur devienne conscient qu’Allah le voit, par le fait de L’aimer, Le craindre et Le vénérer ainsi
que par le fait qu’il ait une piètre opinion de lui-même.
[25]
Al-Inabah : revenir. Ibn Al-Qayyim a dit dans « Madarij Al-Salikin » : « Al-Inabah est constitué de
quatres éléments : l’amour d’Allah, la soumission à Lui, revenir à Lui et se détourner de tout ce qui est
en dehors de Lui. Le pénitent est celui qui remplit ces quatre éléments. Les explications des Salafs
concernant ce mot tournent autour de cela. Ce mot porte aussi un sens de promptitude, de retour et de
priorité. Ainsi le pénitent se précipite d’accomplir ce qui satisfait son Seigneur, revenant à Lui à chaque
moment et mettant en priorité ce qu’Il aime. »
[26]
Sourate 49 : Les Appartements, verset 17
[27]
Sourate 2 : La Vache, verset 128
[28]
Sourate 14 : Abraham, verset 40
[29]
Sourate 16 : Les Abeilles, verset 53
[30]
Sourate 14 : Abraham, verset 7
[31]
Sourate 15 : Al-Hijr, verset 3
[32]
Al-Boukhari & Muslim rapportent le hadith d’après Abu Hurayrah dans lequel le Prophète (paix sur
lui) a dit : « Il n’y a aucune personne dont les œuvres le feront entrer au Paradis. ». On lui
demanda : « Pas même toi Messager d’Allah ? ». Il répondit : Pas même moi, sauf si Allah
m’enveloppe de Sa Miséricorde. »
[33]
Jugé mawquf par Al-Haythami
[34]
Rapporté par Abu Dawud et Ahmad. Jugé authentique par Al-Albani.

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