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Fiche signalétique
Thème : L’art !
2
2. Introduction
Véhiculée de longue date, l’idée selon laquelle les formes le, la, les, lui et
leur seraient des pronoms personnels compléments directs ou indirects, utilisés
pour remplacer un nom a été assez peu remise en question. Manifestant une
volonté de s’inscrire dans le discours traditionnel, les manuels de français langue
étrangère ont eux aussi souvent participé à la transmission de ce genre de théories.
Pourtant, il serait probablement bénéfique de se détacher de ces conventions
largement contestables, afin de donner aux apprenants une image plus cohérente
de la langue. Notre but étant de proposer une leçon de français langue étrangère
destinée à favoriser la bonne compréhension et l’assimilation du fonctionnement
des pronoms compléments à la 3ème personne, nous avons tenté de clarifier ce
point grammatical. Il s’agira dans un premier temps d’analyser de quelle manière
les manuels abordent la question, afin de déterminer si les méthodes employées
par ces derniers sont réellement appropriées. Nous poserons ensuite les bases de
notre réflexion théorique sur le système pronominal et clôturerons le travail par
l’exposé du déroulé de la leçon.
3
3. Les pronoms compléments dans différents manuels de
français langue étrangère1
Bonne route
4
plus que la terminologie laisse à désirer. Le premier tableau est intitulé « Le, la,
les : pronoms personnels », le second « Les pronoms me, te, nous, vous,
compléments d’objet direct », le troisième « Les pronoms lui, leur » et le dernier
« Les pronoms me, te, nous, vous, compléments d’objet indirect ». Sans parler de
l’oubli de la forme élidée l’ dans le titre du premier tableau, c’est surtout la
disparité – pour ne pas dire l’incohérence- au niveau de la nomenclature qui saute
aux yeux. Pourquoi le, la, les sont-ils présentés comme des pronoms personnels,
me, te, nous, vous comme des pronoms compléments d’objet direct ou indirect et
lui et leur comme….de simples pronoms ? Ces titres posent un filtre
supplémentaire à la saisie du système et donnent une image faussée puisque le, la,
les sont également des pronoms compléments d’objet direct, que tous peuvent être
désignés comme étant des pronoms personnels (pas seulement les premiers
comme cela semble être le cas ici) et que lui et leur sont aussi des pronoms
compléments d’objet indirect. Pour plus de logique et afin d’éviter de faire surgir
des difficultés pour l’apprenant, une uniformisation de l’appellation nous semble
nécessaire dans ce type de manuel. Toujours en ce qui concerne la présentation
grammaticale, nous remarquons que les quatre séquences théoriques répondent au
même schéma : chacune se compose d’un encadré comportant une ou plusieurs
phrase(s) avec en regard la structure pronominale équivalente et de quelques
remarques explicatives. Voici, à titre d’exemple, le tableau des pronoms lui,
leur :2
2
Pierre Gibert et Philippe Greffet, Bonne route 1: Méthode de français, Paris, Hachette, 1988,
p. 34.
5
Nous pouvons constater plusieurs choses. En premier lieu, que pour les
auteurs de Bonne route, les pronoms, indubitablement, remplacent un nom.
Deuxièmement, notons que la seconde remarque est totalement fautive. En effet, il
est tout à fait envisageable d’utiliser un de ces termes pour désigner un objet !
(ex. : Elle leur parle souvent où leur remplacerait les arbres par exemple est
évidemment correct). Nous dénotons également un manque de clarté au niveau de
la première remarque qui, selon nous n’apporte pas d’éclaircissement sur l’emploi
des pronoms dont il est question, étant donné qu’aucun commentaire explicatif ne
vient accompagner la notion de « complément d’objet indirect ».
3
Pierre Gibert et Philippe Greffet, Bonne route 1: Méthode de français, Paris, Hachette, 1988,
p. 38.
6
le point grammatical qui nous intéresse. Chacune des leçons comporte certes un
exercice oral mais celui-ci ne pousse en rien les étudiants à utiliser des pronoms.4
Espaces
Les pronoms compléments sont mis sur le tapis dans la cinquième séquence
de ce manuel qui n’en comporte que douze. Ayant pour thème « Qu’est ce qu’on
peut faire ? », cette leçon est surtout basée sur l’étude des verbes falloir, pouvoir
et vouloir. Un premier tableau sur les pronoms est introduit de manière assez
abrupte et sans lien logique avec ce qui précède à la quatrième page de la leçon.
Aucun texte ni exercice préalable ne justifie l’apparition de ce point grammatical,
puisque le début de la séquence est entièrement consacré aux verbes
susmentionnés. De la même manière que Bonne route, Espaces ne donne aucun
renseignement définitoire sur le pronom. Toujours comme dans le manuel
précédent, ce sont les formes le, la, les, l’ qui sont traitées dans un premier temps.
C’est surtout la question de la place qui est mise en évidence et nous pouvons
constater qu’aucune règle explicative ne vient accompagner le tableau.
L’apprenant est tenu de comprendre par lui-même quand et où il faut employer
4
Dans les deux premières séquences, l’exercice consiste à savoir analyser oralement des petites
annonces par pairs. Le premier élève n’a qu’à lire les questions qui lui sont donné, (« Qu’est-ce
qu’on cherche comme emploi ? Il (elle) est qualifié(e) ? Quel âge a-t-il ? (Quel âge a-t-elle ?) etc.)
le second y répond.
7
ces différents termes :5
Ce procédé peut être bénéfique, étant donné qu’il force l’étudiant à déduire
les règles de l’emploi des pronoms. Nous pouvons tout de même émettre une
réserve en ce qui concerne le dernier cas présenté, à savoir celui des pronoms
employés avec un verbe à l’infinitif. En effet, les exemples fournis paraissent
laisser entendre que le pronom se place toujours juste devant l’infinitif. Or, il est
des verbes pour lesquels celui-ci est renvoyé devant le verbe conjugué (ex. : Je la
voyais venir, Nous la laissions faire). Le cas des pronoms compléments d’objet
indirect est abordé un peu plus loin. À la différence du premier, leur tableau
grammatical est précédé d’un document (une bande dessinée) comprenant des
formes pronominales et justifiant davantage la présence dudit encadré. Lui et leur
sont envisagés ici avec les autres personnes. Il est intéressant de remarquer que
nulle part il n’est spécifié que me, te, nous et vous sont également les formes des
pronoms compléments d’objet direct. Ils se retrouvent classés sous l’étiquette
5
Guy Capelle et Noëlle Gidon, Espaces 1, Paris, Hachette, 1990, p. 67.
8
« compléments d’objet indirect » et ne sont pris en considération à aucun autre
moment :6
Il semblerait7 que la réticence des auteurs à rapprocher le, la, les, l’ de me,
te, nous, vous soit liée au fait que les premiers peuvent désigner des objets tandis
que les second se réfèrent essentiellement à des êtres animés, d’où leur lien plus
évident avec les formes lui et leur. À notre sens, le choix d’un tel critère de
différenciation pourrait être défendable mais la pertinence du procédé est ici
annihilée par le mauvais choix des titres qui semblent présenter comme élément
de catégorisation la fonction des pronoms. En effet, les intitulés présentent le, la,
6
Guy Capelle et Noëlle Gidon, Espaces 1, Paris, Hachette, 1990, p. 67.
7
Nous en sommes venue à cette constatation grâce aux exemples fournis dans les deux encadrés.
En effet, les phrases destinées à expliciter l’emploi de le, la, les, l’ sont presque exclusivement
constituées de termes renvoyant à des choses inanimés. Les exercices qui suivent le point de
grammaire, de même, ne présentent que ce genre de cas. Il nous semble donc évident que le but
des auteurs du manuel était de mettre en avant (implicitement) le fait que ces pronoms se référent
souvent à des choses à la différence des autres.
9
les, l’ comme des pronoms d’objet direct tandis que tous les autres sont rangés
sous l’étiquette « pronoms compléments d’objet indirect », donnant ainsi une
image erronée du système (me, te, nous, vous peuvent tout autant être des
compléments d’objet direct). Il nous aurait semblé plus légitime alors de présenter
les 3èmes personnes séparément, en précisant que le, la, les, l’, pronoms
compléments d’objet direct sont aussi bien utilisés pour désigner des êtres animés
et inanimés, que lui et leur, compléments d’objet indirect sont le plus souvent
utilisés pour désigner des êtres animés (mais qu’il est possible, dans certains
contextes de les employer pour des inanimés) et que me, te, nous, vous peuvent
être utilisés en fonction d’objet direct ou indirect et qu’ils renvoient toujours à un
être animé.
8
Guy Capelle et Noëlle Gidon, Espaces 1, Paris, Hachette, 1990, p. 70.
10
Pour clore la question, nous pouvons conclure que malgré une tentative
intéressante de classement des pronoms en fonction du (ou des) mot(s)
au(x)quel(s) ils se réfèrent, les auteurs ne sont pas parvenus, à notre sens, à aller
au bout de leur raisonnement. En dehors d’un exercice de production orale assez
contraint, l’application du point théorique se résume à des exercices rébarbatifs
répondant presque tous au même schéma.
Le Nouvel Espaces
11
une image plus claire du système pronominal. Au sein des tableaux mêmes, nous
constatons l’apparition de phrases à l’impératif négatif ainsi que la disparition des
exemples contenant des verbes conjugués suivis d’infinitifs. Nous ne pouvons
comprendre une telle suppression, d’autant plus que dans les exercices écrits, les
apprenants sont tenus de produire des structures de ce genre. Les auteurs auraient-
ils estimé que les étudiants pouvaient acquérir cette règle sans qu’elle leur soit
présentée sur un plateau ? Quoi qu’il en soit, nous estimons ce choix peu justifié.
La question de la place du pronom avec un infinitif nous semble importante
puisqu’elle ne va pas de soi !9 Précisons également que chaque encadré théorique
est suivi de questions destinées à faire produire aux étudiants des règles sur
l’emploi et la position des pronoms telles que « Qu’est ce que le pronom
remplace ? », « Où se place le pronom à l’impératif ? » etc. La démarche mise en
place relève donc beaucoup plus d’une méthode inductive que celle d’Espaces.
9
Voir à ce sujet notre exposé grammatical.
10
Grasses ajoutées.
11
Guy Capelle et Noëlle Gidon, Le Nouvel Espaces 1, Paris, Hachette, 1995, p. 71.
12
Le jeu de rôle est le suivant : « L’homme demande l’heure à la jeune femme, puis il se présente,
lui dit qu’il l’a déjà vue avec un de ses amis… La jeune femme ne veut pas l’écouter, dit qu’elle ne
le connaît pas. Jouez la scène. Utilisez des pronoms compléments » (Nouvel Espaces, p. 74)
12
exercices de drill – transformations de phrases ou textes lacunaires- assez
restrictifs.
Panorama
De nouveau, c’est au niveau débutant que les pronoms compléments sont pris
en considération. La onzième leçon de l’unité 4, intitulée « Un après-midi à
problèmes », est ainsi consacrée presque entièrement à l’analyse et à l’application
des pronoms compléments d’objet direct tandis que la séquence suivante, portant
quant à elle le titre « Tout est bien qui finit bien », est, comme nous pouvons
l’imaginer, dédiée à l’étude des pronoms compléments d’objet indirect.
Comme ceux de Bonne route, les auteurs de Panorama ont jugé plus
opportun d’introduire la question des pronoms par le biais de documents écrits.
Chacun des deux encadrés théoriques est ainsi précédé d’un texte comportant de
nombreux pronoms compléments, COD pour la première leçon traitant du sujet,
COI pour la seconde.
13
« Les pronoms compléments directs ». Celle-ci débute par deux propositions,
l’une comportant un COD et l’autre un pronom se référant à ce dernier :13
13
Jean-Marie Cridlig et Jacky Girardet, Panorama 1 : Méthode de français, Paris, CLE
international, 1996, p. 100.
14
Marc Wilmet, Grammaire critique du français, 2ème édition, Paris, Hachette, 1998, p. 191.
15
Jean-Marie Cridlig et Jacky Girardet, Panorama 1 : Méthode de français, Paris, CLE
international, 1996, p. 100.
14
une fois le seul à attirer l’attention sur cette règle. Bien entendu, la pertinence
d’une telle précision dépend des motivations du public. Si ce dernier n’a pas la
nécessité d’acquérir une bonne connaissance écrite de la langue, le fait d’être
familiarisé avec les règles d’accord du participe passé ne présentera que peu
d’intérêt.
15
COD après la plupart de ceux-ci, lorsque l’on parle par exemple de choses
inanimées (ex. : Je parle anglais à Je le parle / Je montre la vidéo à Je la
montre). Nous ne pouvons que faire grief aux auteurs de ce manuel de manquer de
clarté sur ce point.
16
En dessous d’un dessin figurant un couple de personne est indiqué : « Ils organisent une grande
soirée. La veille, ils font le point : Inviter tout le monde, téléphoner à…, préparer, décorer la salle,
choisir les disques, installer les tables, etc. »16 exemples donnés : « tu as acheté les boissons ? »,
« Tu as invité les Richard… » (Panorama, p. 109)
17
Jean-Marie Cridlig et Jacky Girardet, Panorama 1 : Méthode de français, Paris, CLE
international, 1996, p. 101.
16
Cet exercice nous semble intéressant en ce sens qu’il permet aux apprenants
de produire de manière assez libre des structures pronominales à l’écrit, ce qui
n’avait jamais été proposé jusqu’à présent.
Studio 100
18
Évelyne Bérard, Gilles Breton et Christian Lavenne, Studio 100 : Méthode de français, Paris,
Didier, 2001, p. 71.
17
Les auteurs de Studio 100 prennent donc délibérément le parti de présenter le
pronom ça conjointement aux pronoms compléments le, la, les, l’, ce qui ne
manque pas de nous étonner quelque peu. Ceci nous semble d’autant plus
déconcertant qu’ils affirment explicitement que le, la, les et l’ sont utilisés pour
désigner un être animé tandis que ça est employé comme référent pour une chose
inanimée. La contrevérité d’une telle règle est évidente : d’une part pour
pronominaliser un terme désignant un inanimé, il est régulier d’employer les
pronoms COD à la 3ème personne et d’autre part, les exemples donnés ici par
Studio 100 pour illustrer les emplois de ça pourraient aussi bien contenir un
pronom personnel. Une phrase telle que Le poisson ? Je l’adore ! est ainsi tout à
fait correcte mais donne un sens différent à l’énoncé puisque l’article se voit
conférer une valeur déictique que celui de la phrase donnée par Studio 100 ne
présentait pas. La question des pronoms est ensuite passée sous silence pendant un
long moment pour réapparaitre six leçons plus loin. À ce niveau là, un encadré
grammatical vient présenter la distinction entre les pronoms COD et COI aux
3èmes personnes :19
Nous ne pouvons qu’apprécier le fait que les auteurs du manuel aient voulu se
débarrasser des appellations « compléments d’objet direct et indirect », cependant,
leur manière de présenter le sujet donne l’impression que ce sont les pronoms qui
19
Évelyne Bérard, Gilles Breton et Christian Lavenne, Studio 100 : Méthode de français, Paris,
Didier, 2001, p. 117.
18
sont de « construction indirecte », or, nous l’avons vu, cette étiquette ne colle pas,
étant donné que ceux-ci sont construits sans préposition. La liste jointe au bas de
l’encadré peut faire l’objet des mêmes réflexions que celles qui ont été émises
concernant celle de Panorama.20 Notons que jusqu’à présent, les formes des 1ères
et 2èmes personnes n’ont pas encore été envisagées. Elles le sont à la séquence
suivante, dans un encadré présentant d’un côté des phrases comportant des
pronoms « de construction directe » à toutes les personnes et en face d’autres
énoncés avec des pronoms « de construction indirecte ». De manière générale,
nous remarquons la question de la place des pronoms dans la phrase n’est pas
spécialement mise en avant.
20
Cf. pp. 15-16.
21
Évelyne Bérard, Gilles Breton et Christian Lavenne, Studio 100 : Méthode de français, Paris,
Didier, 2001, p. 128.
19
(exercices de reformulation) et ne permettent pas, selon nous, de mettre à
l’épreuve tout le savoir acquis sur la question.
À la fin de cette analyse, nous observons donc que Studio 100 ne présente pas
toujours le système pronominal de façon satisfaisante (pensons par exemple à la
règle établie sur le pronom ça en opposition avec le, la, les, l’), que les exercices,
peu nombreux, restreignent au plus haut point la production, et qu’aucune activité
n’est proposée dans le but amener l’apprenant à réaliser oralement des
constructions pronominales.
3.1 Conclusion
20
Panorama)22, s’accordent à penser que le pronom remplace le nom. Toutefois,
une telle affirmation ne va pas de soi, comme nous le verrons par la suite.
Les exercices aussi sont la plupart du temps fondus dans le même moule. La
majorité des activités relève de ce que nous pouvons appeler « exercices de
transformation de phrase » qui, s’ils présentent des avantages, ne remporte pas
notre adhésion en ce sens qu’ils peuvent devenir très vite lassant pour l’apprenant
devant produire de cinq à dix fois exactement la même construction phrastique.
Souvent, un texte à trous vient s’ajouter à cette « flopée » d’exercices de
transformation. Bien qu’en général une seule réponse soit possible, et ce grâce à la
contextualisation de la phrase, il n’en est pas moins que la création langagière
« spontanée » de l’étudiant est réduite à zéro. Les manuels Bonne route et Studio
100 s’en tiennent à ce genre de mises en pratique coercitives. Espaces et Nouvel
Espaces quant à eux tablent davantage sur l’activité communicative et intègrent de
une à deux expressions orales sur la question des pronoms. Panorama est de loin
le plus diversifié en termes d’exercices d’application puisqu’il propose une
activité orale mais aussi écrite sur le sujet, ce qu’aucun autre manuel n’a fait.
22
Studio 100 est quand à lui plus prudent sur le sujet puisqu’il emploie les verbes « désigner » et
« correspondre » au lieu de « remplacer » pour parler de la relation du pronom et du nom.
21
4. Explication grammaticale sur les pronoms compléments
4.1 Terminologie
4.2 Définition
23
« Fiche 52 : Le pronom », dans Gilles Siouffi et Dan Van Raemdonck, 100 fiches pour
comprendre les notions de grammaire, Rosny-sous-bois, Bréal, 2007, pp. 110-111.
24
« Le pronom », dans Marc Wilmet, Grammaire critique du français, 2ème édition, Paris,
Hachette, 1998, pp. 248-281.
25
Cf. pp. 14-15.
26
Il faut toutefois être attentif au fait que le pronom « le », peut synthétiser non seulement un
syntagme nominal mais aussi un syntagme adjectival (Je suis riche à Je le suis) ou une
proposition (Pierre veut que tu viennes à Pierre le veut).
22
et, nous l’avons vu, véhiculée dans les manuels de FLE, consiste à présenter le
pronom comme un substitut du syntagme nominal. Cependant, une théorie plus
récente, reprise par Marc Wilmet, tend à inverser la vapeur et à défendre la
conception selon laquelle ce ne serait pas le pronom qui jouerait le rôle de
« remplaçant » du nom mais bien le nom qui serait un développement du pronom.
Bien que les deux explications semblent à nos yeux tout à fait défendables, nous
pencherions davantage pour la seconde.
23
Il faut également établir une distinction entre pronoms accentués et non
accentués qui sera d’autant plus pertinente que la connaissance des formes
toniques est nécessaire pour former une structure pronominale avec un impératif
positif. Ainsi, nous établirons trois catégories, celle des formes intrinsèquement
accentuées (me, te), celles des pronoms non accentués (moi, toi) et enfin la
dernière constituée des formes qui peuvent être soit l’un soit l’autre selon leur
emploi (nous, vous, le, la, lui, les, leur).
24
un trait d’union. Ex. : Regarde-le ! Une autre remarque doit être faite au sujet des
propositions contenant un verbe conjugué suivi d’un infinitif. En effet, Le pronom
peut se placer soit juste devant l’infinitif (ex. : Je désire la voir), soit devant le
verbe conjugué (ex. : Je la regarde manger). Les grammaires de FLE favorisent
l’option du « listage » des verbes pour lesquels le pronom est renvoyé à l’avant de
la phrase (ce sont les verbes regarder, voir, sentir, entendre, écouter, envoyer,
laisser, faire) En réalité, la différence réside dans le fait que dans le premier cas,
le référent du pronom n’est le « sujet » d’aucun des deux verbes (dans Je désire la
voir, ce n’est ni le la qui désire, ni le la qui voit) tandis que dans le second cas, le
pronom peut être considéré comme le « sujet » de l’infinitif, d’où son renvoie en
début de phrase, place habituelle des termes en fonction sujet (dans Je l’envoie
chercher le courrier, le référent du l’ fait l’action d’aller chercher le courrier)
25
5. Proposition de leçon
Nous attirons ensuite l’attention sur les formes en gras dans le texte et tentons
d’amener nos élèves à établir un lien avec les pronoms me, te, nous, vous déjà
étudiés précédemment. Les étudiants sont ensuite invités à reprendre chacun de
ces termes et à spécifier à quoi ils renvoient (la se réfère à « exposition » ; lui à
27
S’il devait s’avérer impossible d’emmener notre classe au musée, nous pourrions imaginer avoir
demandé aux étudiants lors de la séance précédente de choisir leur tableau préféré, d’en amener
une reproduction et de le présenter devant la classe.
28
Cf. Annexe 1.
26
« Picasso » etc.). Enfin, nous voyons s’ils sont capables de comprendre la
distinction entre le les et le leur (l. 10) qui, se référant au même mot, se
différencient uniquement en raison de la construction du verbe auxquels ils se
rapportent.
29
Cf. p. 24.
27
introductif.30 Le but est ici de voir si les apprenants se rappellent la construction
des verbes français qui diverge parfois de celle de leurs correspondants anglais.
Quelques minutes sont ainsi laissées aux étudiants pour compléter les phrases. La
correction se fait oralement. Il nous semble pertinent d’insérer cette activité avant
les autres, étant donné que grâce à celle-ci les étudiants seront certainement plus
attentifs à l’importance de la construction verbale lors des exercices qui suivent et
qui amènent une production plus spontanée. La seconde activité est consacrée à
une expression écrite. Chaque étudiant se voit distribuer une planche de bande
dessinée modifiée, extraite d’un ouvrage de Boule et Bill illustrant une vente aux
enchères.31 La consigne qui y est adjointe spécifie clairement qu’ils doivent
utiliser des pronoms compléments. Étant donné qu’il s’agit en quelque sorte de
présenter un tableau, nous pouvons imaginer que les apprenants utiliseront
principalement des 3èmes personnes. Lorsque chacun a achevé son exercice, nous
faisons lire les réalisations. Nous poursuivons ensuite avec une production orale.
Par groupes de deux, les apprenants doivent dialoguer sur base de la situation
suivante : « Vous êtes deux collègues chargés de l’organisation d’une grande
exposition. Le directeur d’un musée ne veut pas vous prêter une œuvre très
importante. Chacun pose des questions à l’autre pour savoir ce qui a déjà été
proposé afin de convaincre ce directeur de musée et pour savoir quelles sont les
raisons de son refus. Dans un second temps, vous émettez des idées pour obtenir
ce tableau qu’il vous faut coûte que coûte ! ». Nous nous permettons de spécifier
que, le but d’un tel exercice étant bien entendu de pratiquer la langue, de simples
oui-non ne suffisent pas comme réponses ! Pendant la durée de cet exercice, nous
passons entre les bancs et corrigeons les erreurs quand cela s’avère nécessaire. Il
semble préférable de placer cette activité à la fin du cours, car selon nous, la
production orale est facilitée du fait que les élèves ont résolu des exercices écrits
auparavant ; la conversation se fera peut-être de manière plus souple que si cet
exercice avait été placé avant celui de la bande dessinée.
S’il se révélait que nos étudiants sont des petits génies sur la matière
pronominale et que, ces derniers ayant été très rapides à réaliser tous les exercices
proposés, il reste du temps à écouler, nous pourrions leur faire visionner à deux ou
30
Cf. Annexe 2.
31
Cf. Annexe 3.
28
trois reprises la vidéo de l’émission d’Art d’Art ! consacrée à la présentation de
l’urinoir de Marcel Duchamp, d’une durée de moins de deux minutes.32 Ainsi
s’achèverait donc le cours sur les pronoms compléments.
32
Bruce Lassau, « Marcel Duchamp, La fontaine», dans D’Art d’Art !, Paris, Froggies, 3 juin
2007, 1 min. 55 sec., http://dartdart.france2.fr/?fichesEmissions=/france2.fr/programmes/dartdart
/archives/31453081-fr.php, consulté le 20 octobre 2008.
29
6. Conclusion
33
En effet, le système anglais ne prévoit pas de différenciation morphologique entre pronom
complément du verbe I et un complément du verbe II ; le second se caractérise uniquement par
l’adjonction de la préposition to ex. : I told him not to come / I’ll talk to him.
30
7. Bibliographie
- SIOUFFI, Gilles, et VAN RAEMDONCK, Dan, 100 fiches pour comprendre les
notions de grammaire, Rosny-sous-bois, Bréal, 2007, 219 pp.
- CAPELLE, Guy, et GIDON, Noëlle, Espaces 1, Paris, Hachette, 1990, 208 pp.
31
- CAPELLE, Guy, et GIDON, Noëlle, Le Nouvel Espaces 1, Hachette, 1995,
206 pp.
32
TABLE DES MATIÈRES
1. Fiche signalétique...…………………………………………………………….2
2. Introduction…………………………………………………………………….3
4.1 Terminologie……...………………………………………………………….22
4.2 Définition…………………………………………………….……………....22
4.3 Classification des pronoms personnels compléments………………………..23
4.4 Le choix et la place du pronom………………………………………………24
5. Proposition de leçon…………………………………………………………..26
6. Conclusion…………………………………………………………………….30
7. Bibliographie…………………………………………………………………..31
33
Annexes
34
Annexe 1
Arts
Picasso et ses maîtres : plus qu’une expo, un événement !
Durant toute sa vie artistique, Picasso (1881-1973) s’est toujours inspiré des
peintres qui l’ont précédé et notamment de Vélasquez, Goya, Manet, Delacroix,
Ingres, Van Gogh, Rembrandt, etc. Ce sont ces influences multiples que
l’exposition « Picasso et ses maîtres » veut mettre en valeur. Souvent, Picasso
s’est inspiré des œuvres de ses maîtres pour les détourner, leur donner un
caractère décalé, voire même parfois, ironique. L’exposition qui lui est consacrée
au Grand Palais présente près de 210 œuvres. Au Louvre, l’exposition tourne
autour du tableau « Femmes d’Alger dans leur appartement » réalisé par Eugène
Delacroix. Cette œuvre, Picasso l’a imitée pour peindre une série de tableaux qui
sont réunis ici. Enfin, le musée d’Orsay présente les œuvres de Picasso
réalisées à partir du tableau « Déjeuner sur l’herbe » de Manet. Pour réunir tous
ces chefs-d’œuvre, l’exposition a nécessité une organisation considérable. Il a
fallu faire venir les tableaux du monde entier, mettre en place un système de
protection pour ne pas les endommager et prévoir une sécurité sans failles. En
tout, cela aura pris 3 ans et coûté plus de 4 millions d’euros.
35
Annexe 2
Exercices
36
Annexe 3
Expression écrite :
Compléter les cases vides de cette bande dessinée. Employer des pronoms
compléments et…. Faites fonctionner votre imagination !
37