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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

FACULTE DE PHILOSOPHIE ET LETTRES

Leçon de FLE : la voix passive

HOEBEKE Margaux Travail réalisé dans le cadre du cours de


Grammaire appliquée au FLE
ROMA-B-431
Monsieur D. VAN RAEMDONCK

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1. Introduction
La voix passive était pour nous du pain béni lors de nos exercices de grammaire à
l’école : principe simple, maîtrise aisée de la formation, exercices de transformation dans
lesquels il suffisait de recopier, peu d’exceptions, peu d’applications dans la langue…
Apprise et retenue en un clin d’œil, elle fut rangée dans un coin de notre mémoire, et ne
servit qu’à de rares occasions.

Aujourd’hui, la loi du moindre effort n’est plus d’actualité, et nos lectures des
différents manuels de FLE dévoilent des lacunes dans l’enseignement de cette voix, trop
souvent définie par opposition à la voix active, alors qu’elle sert à exprimer d’autres
nuances. La grammaire traditionnelle ne nous a pas été d’un grand secours dans ce cas-ci,
étant donné que c’est sur elle que se basent les manuels, et que la manière dont elle
organise les différentes voix ne suffit plus à expliquer leur fonctionnement et leurs
particularités propres. Nous avons donc tenté, par le biais de cette leçon, de revoir la
manière dont la voix passive était expliquée, et de créer des exercices moins simplistes
que ceux qui ont facilité notre apprentissage grammatical.

La première partie de notre travail s’attardera sur les manuels, et critiquera la


manière dont ils envisagent la voix passive, au point de vue du thème, de la théorie et des
exercices. La deuxième rappelle le discours grammatical sur lequel nous nous baserons
pour la leçon, et la troisième consiste en la leçon que nous avons élaborée. Pour cette
dernière, les justifications des différentes étapes sont détaillées après l’énoncé ou
l’explication que nous donnons.

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2. Critique des manuels de FLE
Nous reprenons, dans cette partie, les mots utilisés tels quels par les manuels,
sans les modifier pour les faire correspondre à notre discours grammatical. Des
photocopies de toutes les pages consacrées à la voix passive sont disponibles en annexe à
titre d’information, puisque nous avons choisi d’insérer directement les images dans le
texte, pour éviter de fastidieux aller-retour. Devant l’abondance de manuels de FLE, nous
avons choisi aléatoirement quatre d’entre eux pour notre critique, mais il y avait
certainement matière à discuter dans tous ceux vers lesquels nous ne nous sommes pas
tournés.

1.1. Sans Frontières 3


1.1.1. Thème et présentation
Le sommaire du manuel nous permet de voir que la "forme passive" sera
abordée, avec la phrase nominale, dans la deuxième unité, intitulée « Dis-moi ce que tu
lis », qui traite de la presse et des médias, comme le précise le sous-titre. C’est un thème
qui nous a semblé judicieusement choisi, parce que la voix passive y est fréquemment
utilisée, sous des formes qui sont réellement employées par les locuteurs, et non dans des
productions artificielles que l’on ne rencontre jamais.

La leçon se présente comme suit : une première prise de contact avec le thème,
via une compréhension à la lecture, suivi d’une analyse, d’une compréhension à l’audition,
de son analyse, et enfin, de la théorie sur la forme passive. Le reste de l’unité reprend le
même schéma pour les autres points de grammaire qui y sont abordés.

1.1.2. Théorie
L’explication théorique de la forme passive s’articule en trois points : formation,
emploi et particularités.

Dans le premier point, la construction de la forme passive y est expliquée, par le


biais de la construction en croix, qui se base sur la voix active.

Ce choix n’est malheureusement pas le meilleur, à nos yeux, et ce pour deux


raisons. D’abord parce qu’il ne fait exister la voix passive qu’en opposition par rapport à

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la voix active, et la fait passer pour une simple transformation. Ensuite, il est stipulé que
le sujet fait l’action à l’actif, et qu’il la subit au passif. Cette affirmation est erronée,
puisque la simple phrase Lucie a reçu des cadeaux pour Noël (dans laquelle Lucie subit
l’action) la contredit.

Les explications qui suivent portent sur les conditions qui doivent être remplies
pour pouvoir mettre un verbe au passif. Dans le Livre du Professeur (p. 42) du même
manuel, nous avons trouvé un point qui disait que les expressions figées ne pouvaient se
mettre au passif (forcer la main, tendre l’oreille…). Pourtant, cela ne figure pas dans le
livre des élèves, alors que cela nous a semblé être un élément important, puisqu’il permet
d’avoir un aperçu de ce qui est passivable ou non.

La dernière partie porte sur les mots introducteurs, qui peuvent être soit par, soit
de. Quelques exemples d’emplois avec de sont donnés.

Le deuxième point aborde l’emploi des différentes formes : active, passive et


pronominale de sens passif. Les emplois se bornent en réalité à donner deux phrases qui
sont mises tour à tour à chacune des formes, sans explication sur les particularités de
chaque emploi, ni les nuances que cela peut exprimer. Le Livre du Professeur (p. 42) fait
mention des verbes impersonnels au passif et des cas dans lesquels ils sont employés,
mais cela ne figure pas dans le manuel. Nous trouvons cela un peu paradoxal, puisqu’on y
trouve les pronominaux de sens passif. La logique aurait voulu qu’ils y figurent tous les
deux, ou pas du tout.

Le dernier point cite deux remarques, l’une portant sur les verbes qui peuvent
être employés à la place de l’auxiliaire être dans une forme passive (rester, demeurer,
passer pour…), l’autre sur les verbes pronominaux qui expriment un passif renforcé (Il
s’est entendu condamner à mort).

1.1.3. Exercices
Les exercices se trouvent en fin de manuel, et sont au nombre de cinq. Les
corrigés se trouvent dans le Livre du Professeur (pp. 42-43).

Le premier exercice propose sept formes en gras, disséminées au sein d’un petit
texte, que l’on doit faire passer de l’actif au passif. Si cet exercice ne demande pas de
production de la part de l’apprenant, il lui permet de se familiariser avec la formation du
passif, grâce à des tournures relativement simples, mais vraisemblables, puisque les
formes de base et les formes transformées sont toutes cohérentes.

Le deuxième demande de remplir un texte à trous en utilisant des paires de


verbes qui sont placés dans la marge. Il n’y a toujours pas de production réelle de
l’apprenant, mais les verbes sont donnés à l’infinitif, ce qui ajoute une petite difficulté par
rapport à l’exercice précédent, en ce sens qu’il ne suffit plus de recopier.

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Le troisième a pour consigne de remplacer les auxiliaires être dans les formes
passives, pour utiliser les verbes placés dans la marge. Nous ne voyons pas vraiment
l’utilité d’un tel exercice. Il n’y a aucune production, puisqu’il suffit de remplacer les
formes (même si parfois, il faut en modifier la place). De plus, les consignes sont trop peu
claires, et dans les deux derniers cas, les formes auxquelles il faudrait arriver sont tirées
par les cheveux, et peu vraisemblables.

Le quatrième demande de remplacer des formes passives par un verbe qui peut
s’employer à la fois comme un passif, et un pronominal de sens passif. La nuance entre les
deux étant assez peu marquée, cet exercice nous semble également peu utile, parce qu’à
nouveau, il suffit de remplacer les formes déjà existantes, avec une légère adaptation, et
que cela n’apporte rien à la maîtrise de la forme passive.

Dans le cinquième et dernier exercice, l’apprenant doit utiliser la forme passive


dans des phrases dont les verbes sont remplacés par des noms. Ainsi, outre la forme
passive, les apprenants doivent trouver la forme correcte du participe passé. Une petite
remarque cependant sur le fait que les formes proposées sont toutes destinées à être
mises au passé, en raison des marqueurs de temps, et que donc, seuls les temps du passé
seront exercés.

1.1.4. En conclusion
Sans Frontières 3 reste assez conventionnel dans sa manière d’aborder le passif,
autant par sa synthèse grammaticale, qui est assez complète dans l’ensemble, malgré
quelques petites imprécisions ou erreurs, que par ses exercices, qui sont pour la plupart
simples et très encadrés. Si la grammaire garde une certaine cohérence (bien que le

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discours choisi ne nous convienne pas), nous avons trouvé les exercices trop peu
originaux, parce qu’ils ne nécessitent souvent aucune production des apprenants, et qu’ils
sont assez peu diversifiés, se basant toujours sur le même principe. Nous n’avons
d’ailleurs vu aucun exercice oral.

1.2. Mosaïque 3
1.2.1. Thème et présentation
La forme passive est abordée dans la leçon 8, dont le thème est celui de la vie
quotidienne, des services, des assurances, etc. Cela nous a semblé plutôt rébarbatif, et
relativement compliqué, au premier abord, mais cela a le mérite d’être réaliste, et de
donner un vocabulaire pratique. La déduction et la participation des apprenants sont très
sollicitées dans cette leçon : à chaque fois qu’un texte est lu ou écouté, des questions
d’observation sont posées aux apprenants, afin de les amener petit à petit à comprendre
la formation du passif, et la manière dont il est utilisé.

1.2.2. Théorie
Nous n’avons trouvé qu’un tout petit encadré contenant les règles de formation
de la forme passive, et rien du tout dans le précis grammatical qui se trouve en fin de
manuel, et qui reprend pourtant bon nombre des points qui ont été vus dans les leçons.

Cet encadré reprend également la règle pour la nominalisation, qui est vue dans
la même unité que le passif. La règle est exprimée au moyen d’abréviations ou de
symboles ( p.p., +, =, etc.), ce que nous trouvons peu adapté. Les règles de grammaire sont
censées être claires, et bien fixées, et le fait d’utiliser des abréviations et des symboles
(même s’ils sont expliqués oralement) peut amener une confusion dans l’esprit de
l’apprenant. Les commentaires sur chacune des deux formes sont pertinents, mais ils
seraient peut-être mieux classés dans une rubrique qui concernerait les emplois des deux
formes, ou les nuances qu’elles peuvent respectivement exprimer. Quant aux formations à
proprement parler, elles semblent se baser sur l’ordre des mots. La forme active est
décrite comme sujet + verbe + compl. Il est vrai que la plupart des phrases s’écrivent sous
cette forme, mais l’on peut néanmoins trouver, dans une tournure plus travaillée, par
exemple : Longue sera la route.

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La forme passive est décrite par compl. = sujet + verbe « être » + p.p. du verbe
(+par + sujet). La formulation est non seulement compliquée, mais comporte des
imprécisions : le complément de la forme active correspond au sujet, mais que faire
quand on n’a pas de complément ?, être est utilisé en tant qu’auxiliaire, on n’insiste pas
sur le fait que c’est lui qui varie pour indiquer le temps, même si par est le plus utilisé, on
peut également trouver de, et ce n’est pas mentionné, on retrouve deux fois le mot sujet
dans l’énoncé, etc.

On ne parle nulle part des verbes qui peuvent être passivés, de la manière de
tourner la phrase quand on n’a pas de sujet, ou quand c’est le pronom on, du fait que les
formes passives sont souvent utilisées sans complément, etc. C’est un tableau qui est
largement incomplet et imprécis, et qui nous semble tout à fait inadéquat. Cela peut, à la
limite, se comprendre si l’on considère que la méthode employée ici est celle de la
déduction, qu’il semble normal que le professeur suive pas à pas ses élèves dans tous les
stades de leur réflexion et qu’il donnera probablement toutes les précisions nécessaires
lors d’explications orales, mais la manière dont est expliqué le passif est beaucoup trop
légère pour que les apprenants puissent s’y référer, et trop imprécise pour couvrir les cas
principaux que l’on rencontre.

1.2.3. Exercices
Nous avons trouvé, dans cette leçon, trois exercices après l’explication sur le
passif. Étant donné les consignes floues, il nous a été difficile de déterminer s’ils étaient
ou non destinés à entraîner à la formation du passif.

Le premier demande d’imaginer une discussion avec un représentant de


l’autorité pour infraction. Il semblait plutôt destiné à entraîner le vocabulaire, et l’emploi
du passif s’y prête peu.

Le deuxième demande explicitement de faire le récit d’incidents (précédemment


énoncés) en utilisant autant que possible le passif ou la nominalisation. C’est un exercice
qui demande une production écrite de la part des élèves, tout en leur permettant de
s’appuyer sur des éléments déjà connus, et qui nous semble donc intéressant. Le fait de
mêler les deux points de grammaire n’est pas dérangeant, si ce n’est que l’on pourrait être
tenté d’en utiliser un plus que l’autre.

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Le dernier exercice porte probablement sur le futur et le futur antérieur, qui est
abordé entre les deux derniers exercices, et demande de fabriquer des phrases ambiguës
en français.

Il n’y a aucune correction des exercices dans le manuel des apprenants, ce qui
implique un suivi du professeur.

1.2.4. En conclusion
Mosaïque 3 est un manuel qui semble aborder les faits de langue au travers de
textes bien plus que par des exercices distincts, ou par des explications précises. Le fait de
faire participer les élèves, et de leur faire déduire la plupart des éléments est selon nous,
une bonne démarche, mais nous avons trouvé dommage qu’il n’y ait qu’un seul exercice
concernant le passif, et que la grammaire qu’ils adoptent soit si bancale, tant au niveau du
contenu que de la présentation.

1.3. Forum 2
1.3.1. Thème et présentation
Dans ce manuel, le passif est abordé dans une unité consacrée aux interviews. Le
thème est traité via des textes, mais aussi des compréhensions à l’audition, et de petits
articles. Beaucoup de questions sont posées aux élèves, mais elles portent toujours sur le
contenu et le vocabulaire, et non sur les points de grammaire qui pourraient s’y
retrouver. C’est surtout le second texte qui contient des formes au passif, assez variées
pour explorer les différents cas.

1.3.2. Théorie
La théorie est donnée juste après les différents textes et commence par quelques
questions pour amorcer le point de grammaire.

La première partie porte sur la formation du passif, selon le schéma en croix


actif/passif, dont nous avons déjà parlé précédemment. L’explication n’est pas complète,
il manque certains mots qui doivent être remplis par les élèves, ce qui suppose un suivi
du professeur, non seulement pour les guider dans leurs déductions, mais aussi pour ne
pas qu’ils notent d’erreurs. Après quelques informations que nous avons déjà rencontrées
concernant les modalités de formation du passif (auxquelles il ne manque réellement que
la mention du de comme mot introducteur du complément, en plus du par), des exemples
sont donnés afin de reproduire des temps différents dans les formes passives. Là encore,
les exemples sont à compléter par les élèves. Une dernière remarque concerne le fait que
seuls les verbes avec un COD sont passivables.

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La seconde partie porte sur l’emploi du passif : soit pour mettre le COD de la
phrase active en valeur, soit quand on ne connait pas, ou on ne veut pas exprimer le sujet
de l’action. Le manuel aborde en plus la question des formes pronominales de sens passif,
et dit qu’on emploie un verbe pronominal à la place d’un passif quand il s’agit d’un verbe
de perception, ou d’un verbe qui a un sens passif à la forme pronominale.

Dans le mémento grammatical qui figure en fin de manuel, une partie est
consacrée au passif. Elle reprend, en grande partie, ce qui est dit dans l’unité 4, mais
rajoute une petite précision d’emploi : quand l’auteur de l’action n’est pas précisé, on peut
choisir entre une phrase active avec on comme sujet, ou une phrase passive sans
complément. Cela aurait pu être mis dans l’unité, puisque ce point y avait été abordé,
mais seulement avec un exemple de passif sans complément.

Dans le précis grammatical enfin, l’ensemble des éléments de l’unité et du


mémento sont repris, toujours avec des trous dans le texte à remplir par les élèves. C’est
un livret séparé du manuel, qui peut donc servir de base lors des exercices ou de
l’apprentissage. Nous trouvons un peu risqué de laisser ainsi des trous dans l’outil
principal qu’ils utiliseront, dans le sens où, même si le professeur donne les mots qu’il
faut écrire, il peut toujours y avoir des erreurs, auquel cas, les règles de grammaire
seraient fausses. En début de page, le précis rajoute, alors qu’il ne l’avait fait ni dans le
manuel, ni dans le mémento, qu’au passif, le sujet subit l’action, et qu’à l’actif, il la fait. On
retombe donc ici dans le discours typique des grammaires traditionnelles.

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1.3.3. Exercices
Nous n’avons trouvé qu’un seul exercice relatif au passif dans le manuel. Il
demande de mettre à la voix passive un petit texte écrit à la voix active. Le corrigé se
trouve dans le Guide Pédagogique (p. 83).

C’est un exercice relativement basique, qui s’appuie sur la voix active, mais qui donne des
phrases crédibles au passif. Étant donné que cela parle d’un cambriolage, toutes les
formes sont conjuguées au passé, ce qui empêche d’entraîner les élèves à d’autres formes.
De plus, sur les dix formes demandées, seule une phrase au passif est construite avec un
complément, la dernière. Même si les phrases passives sans complément sont les plus
utilisées, cela reste très peu, et cela n’exerce pas beaucoup au reste. Cet exercice ne
demande, par ailleurs, aucune production des apprenants.

Trois autres exercices sont proposés dans le Cahier d’Exercices (p. 31), mais sans
les corrections, qui doivent être faites par le professeur.

Le premier est un exercice de drill, qui demande de mettre au passif cinq phrases
actives. Cela peut être utile pour débuter, même ce n’est pas un exercice très intéressant,
du moment que les autres exercices sont variés. Il est similaire à celui que nous avions vu
dans le manuel.

Le deuxième propose six énoncés comprenant deux phrases : la première pour


mettre l’apprenant dans le contexte, et toujours sous forme d’une question, la seconde en
est la réponse, et l’apprenant doit mettre le verbe à l’infinitif à la forme passive. Il ne
sollicite pas beaucoup plus de ressources que le premier, mais au moins, il ne se base pas
sur la forme active, et les verbes sont donnés à l’infinitif. De plus, la question qui introduit
est un bon moyen pour éviter d’avoir des phrases qui se suivent sans suite, et dans
lesquelles on trouve parfois difficilement un sens, faute de contexte.

Le dernier demande de reformuler cinq phrases écrites avec on, sans utiliser ce
pronom. Le but était probablement de montrer ce que donnaient des constructions
passives sans complément, mais cela n’apporte pas grand-chose. Le principe est
exactement le même que le premier exercice, et le fait d’avoir remplacé les sujets par on
ne change rien à la difficulté.

1.3.4. En conclusion
Forum semble être assez complet au niveau de la théorie, et couvre les
différentes particularités de la forme passive, mais se réfère encore trop à l’actif pour ses
explications grammaticales. Quant aux exercices, ils sont tous du même type, et donc,

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insuffisants à la maîtrise de la construction passive. Nous n’avons trouvé aucun exercice
de production écrite ou orale nulle part, ce qui signifie que les seuls entraînements
qu’auront eus les apprenants auront été du drill et des transformations actif/passif.
Retenons néanmoins le précis grammatical, qui est un outil pratique dans la résolution
d’exercices, ou comme manuel d’étude, et la clarté de tout ce qui est proposé, tant au
niveau du thème, que des exercices et de la théorie. L’ensemble forme véritablement une
unité, exemples et exercices se basant sur le vocabulaire du thème choisi.

1.4. Bonne route 2


1.4.1. Thème et présentation
Phrase et forme passives sont abordées dans l’unité 11 du manuel intermédiaire,
qui s’intitule La Ruée vers l’Art. L’unité commence par un texte sur les musées,
normalement destiné à illustrer la forme passive. À notre grand étonnement, nous n’en
avons trouvé que très peu dans le texte en question, ce qui rend les explications qui
suivent plus abstraites pour les élèves. À la page suivante, nous trouvons des explications
théoriques sur le passif, ainsi que des exercices.

1.4.2. Théorie
La théorie se divise ici en Forme passive et Phrase passive.

La première se centre principalement sur la forme verbale et la manière de la


construire. Les remarques habituelles sont faites (seuls les verbes avec un COD peuvent
se mettre au passif, cela se construit avec l’auxiliaire être + le participe passé du verbe), et
un grand tableau d’être décoré, conjugué à tous les temps, est reproduit. Une fois qu’il a
été expliqué que c’est l’auxiliaire être qui varie en temps, il peut sembler inutile de donner
ainsi toutes les formes possibles pour un verbe au passif. Néanmoins, c’est un tableau
clair, dans lequel on se repère facilement, et qui permet, grâce à la répétition de toutes les
formes, de bien ancrer cette règle de base dans la formation du passif. En outre, le choix
d’un sujet au féminin montre que le participe passé s’accorde avec le sujet, ce qui n’était
pas précisé explicitement dans les règles. Une remarque supplémentaire figure au bas du
tableau et précise qu’il ne faut pas confondre le présent passif et le passé composé des
verbes employés avec l’auxiliaire être.

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La seconde se situe après quelques exercices sur la forme passive, et s’attache
plutôt à expliquer la structure de la phrase dans une voix passive. En se basant sur la
phrase active, on montre comment apparaissent les transformations, quelles sont les
nouvelles appellations et les mots introducteurs (par et de). De plus, on précise que la
voix passive est choisie pour mettre en évidence le sujet de la phrase passive. Ainsi, plutôt
que de tomber dans des considérations sur le sujet qui fait ou subit l’action, l’accent est
plutôt mis sur l’élément qui est mis en évidence grâce à la tournure, ce qui nous semble
être quelque chose de très positif. Après ces explications, on trouve quatre remarques :

La première porte davantage sur ce qui se dit ou non, que sur ce qui est correct. Il
serait correct de dire La pomme a été mangée par moi, mais cela ne s’entend jamais. C’est
donc bien de le préciser. On pourrait même supprimer le « en principe », puisqu’à notre
connaissance, il n’y a pas de cas où cela pourrait être dit.

La deuxième remarque est également très utile puisque les cas de phrases
passives sans complément d’agent sont les plus courants.

La troisième est une remarque qui aurait pu être évitée, puisqu’on utilise aussi
d’autres verbes à la place de l’auxiliaire être (demeurer, rester, etc.), et que l’imprécision
du « quelquefois » peut créer des complications là où il n’y avait pas de difficulté.

La dernière est pertinente, puisque c’est un cas particulier qu’il n’est pas rare de
rencontrer, et qu’il est donc bon de savoir comment se servir de pouvoir. Peut-être aurait-

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il été utile de mettre un exemple, comme ça a été le cas pour toutes les explications
précédentes.

1.4.3. Exercices
Il y a trois exercices concernant la forme passive.

Le premier demande de retrouver des formes passives dans une série de neuf
formes. On trouve dans cette liste de phrases des formes passives, actives, ainsi que des
formes actives dont le participe passé s’emploie avec l’auxiliaire être, ce qui corse un peu
l’exercice, et peut servir à remplacer la faible proportion de passifs dans le texte
introducteur en début d’unité.

Le deuxième, en faisant remplacer un pronom par un autre entraîne à l’accord


avec le sujet, bien que cet exercice puisse tout à fait s’intégrer à un autre plus complet, qui
changerait le genre et le nombre des sujets proposés. L’exercice est très court, et n’est pas
foncièrement indispensable.

Le dernier demande de faire des phrases à la forme passive. Les mots sont déjà
dans le bon ordre, étant donné que pour le moment, la phrase passive n’est pas censée
être connue, et les élèves doivent seulement trouver la bonne forme, à partir du verbe
donné à l’infinitif. Cela évite de recopier la phrase de l’actif, et permet d’entraîner aussi
les participes passés. De plus, les compléments circonstanciels en début de phrase
permettent de faire varier les temps des formes.

On trouve également trois exercices pour la phrase passive.

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Dans le premier, il faut faire des phrases passives à partir de phrases actives, et
l’on demande quelle est la phrase qui ne peut se mettre au passif. C’est un exercice de drill
habituel, ne demandant aucune production des élèves, et dans lequel il suffit de recopier
les formes verbales en se basant sur le tableau qui leur est fourni sur la page précédente.

L’exercice suivant demande de faire l’inverse, à savoir de mettre les phrases à


l’actif. L’intérêt de l’exercice ne saute pas aux yeux, si ce n’est pour insister sur
l’importance des temps, et les équivalences entre les deux voix, mais à nouveau, nous
préférerions que le passif ne soit pas toujours comparé à l’actif.

Le dernier exercice est le seul intéressant à nos yeux : l’élève doit s’improviser
guide de musée et commenter les tableaux (en utilisant des phrases passives, bien sûr).
Cela n’est pas précisé, mais on suppose que cet exercice se prête mieux à un travail en
groupe, et certainement à l’oralité. La situation est crédible, cela crée une interaction
entre les élèves, et ça leur demande une réelle production.

Soulignons que la forme pronominale employée au passif est expliquée très


brièvement dans le point qui suit, et qu’elle apparaît une fois dans l’exercice qui s’y
rapporte. Quant au corrigé des exercices, il se trouve dans le Guide Pédagogique (pp. 41-
42)

1.4.4. En conclusion
Malgré le choix un peu étrange du texte de départ, les explications grammaticales
concernant la voix passive se révèlent être très complètes, et bien présentées. Une
faiblesse cependant du côté des exercices qui, bien que variés, nous ont semblé trop
superficiels pour maîtriser l’ensemble de la voix passive. Ce manuel serait donc plutôt
une aide au niveau grammatical, plutôt qu’un livre d’exercice ou d’entraînement.

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3. Discours théorique
Nous avons tâtonné longtemps avant de trouver un discours grammatical qui nous
convienne, et qui permette de parer à toutes les éventualités. Les catégories traditionnelles étant
bien sûr inaptes à expliquer les différentes voix (et contenant d’ailleurs des contradictions
internes), nous nous sommes tournés vers la grammaire de Marc Wilmet. Celle-ci proposait une
classification plus claire que les grammaires traditionnelles. Mais, plutôt que de trouver un moyen
pour expliquer réellement ce qu’était une voix, et pourquoi on en utilise une plutôt qu’une autre, il
classait les différents cas que l’on rencontrait dans des catégories, en prenant comme critères les
sujets logiques et grammaticaux, et les agents et patients sémantiques. Plutôt que d’expliquer les
conséquences grammaticales des voix, il valait mieux se tourner vers les causes, et sur la notion
même de voix. Nous avons alors décidé de reprendre la théorie de Dan Van Raemdonck, qu’il
expose dans son référentiel1, et dans les deux cours de grammaire qu’il donne, et auxquels nous
avons assisté (Maîtrise et critique de la grammaire normative, et Grammaire descriptive du
Français Moderne I).

La voix est considérée ici comme un point de vue sur un procès donné, qui modifie toute
la structure de la phrase. La voix permet de changer de point de vue sur le procès, et de mettre un
élément de la phrase en évidence.

Prenons une phrase simple, qui contient deux éléments :

Picasso a peint le tableau Guernica.

Nous trouvons déjà deux voix différentes, puisque l’on peut prendre comme thème
Picasso (notre phrase d’exemple), ou tableau (Le tableau Guernica a été peint par Picasso). Ces
deux voix correspondent aux voix dites active et passive. Une troisième voix serait dite moyenne
ou pronominale, c’est celle qui prend comme thème la relation entre les deux éléments (Picasso se
peint).

Dans la voix I, on prend comme thème ce qui est à l’origine de tout le procès de peinture.
Si Picasso n’avait pas existé ou peint, Guernica n’aurait jamais été créé.

À l’inverse, dans la voix II, le thème adopté est l’aboutissement du procès peindre.

Dans la voix pronominale, le thème est à la fois l’origine et l’aboutissement du procès.

Il existe aussi une tournure factitive, et une tournure unipersonnelle (qui correspond à la
tournure dite impersonnelle). Dans la tournure factitive, le thème choisi est un élément qui sert de
déclencheur à l’origine du procès. Si l’on dit Le général a fait exécuter le prisonnier, c’est l’ordre du
général qui a déclenché l’origine (ses soldats) du procès exécuter. Dans la tournure
unipersonnelle, le sujet est vide, puisqu’il ne contient ni origine, ni aboutissement, et le thème est
placé dans le rhème : Il tombe des cordes.

1 Qui est disponible sur www.communelangue.com

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4. Déroulement de la leçon
Public : Niveau intermédiaire multilingue (B1)

Cadre scolaire

Classe d’une quinzaine d’élèves de 16 ans

Durée : 100 minutes

Thème : La presse

1.5. Première approche (20 min)


Le thème de la presse a été choisi parce que l’emploi de la voix II est fréquent
dans les journaux ou les récits, et qu’il n’est donc pas nécessaire de forcer les phrases
pour les faire correspondre au point de grammaire étudié. De plus, les journaux font
partie de la vie quotidienne des élèves, et les éléments qui y figurent leur sont
normalement familiers. Et enfin, c’est un sujet qui offre de nombreuses possibilités de
thèmes, afin d’éviter de répéter la même chose.

Une feuille (cf. Annexe) comprenant des titres de journaux est distribuée aux
élèves, qui commencent par la lire individuellement. Le professeur vérifie ensuite si tous
les mots de vocabulaire sont bien compris. Si ce n’est pas le cas, il les fait deviner aux
élèves, ou il en explique la signification. Les titres comportent des voix II, et des voix
moyennes, afin que les élèves se familiarisent avec le concept. La première voix s’y trouve
pour la raison évidente qu’elle est le sujet de la leçon, la seconde parce qu’elle mérite,
selon nous, d’être mentionnée, parce qu’elle exprime dans certains cas une nuance
passive.

Le vocabulaire aurait pu être donné sous forme de liste, mais nous avons choisi
de ne pas le faire, d’abord parce que nous les avons toujours trouvées indigestes et peu
agréables à étudier, ou à retenir, et ensuite parce qu’il serait difficile d’établir une liste
des mots qui ne sont pas connus, étant donné que le public est multilingue. Il serait de
toute façon utile de faire une séance orale d’explications, c’est pourquoi tout le
vocabulaire est expliqué par le professeur. Des notes peuvent être prises par les
apprenants pour les mots qu’ils ne connaissent pas.

Le professeur pose ensuite des questions de type :

- Quelles sont les caractéristiques grammaticales des phrases données ?


- Qu’est ce que cela exprime, selon eux ? (Au besoin, comparer avec une phrase
mise à la voix I pour voir ce qui est mis en évidence dans un cas et dans
l’autre)

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- Quelles sont les différences au niveau du sens et de la grammaire des voix
moyennes et des voix II ? (Une fois qu’il a été expliqué les noms qu’on leur
donnait).

Ces questions ont pour but de ne pas expliquer la matière de manière abrupte,
mais plutôt d’amener les élèves à réfléchir sur le contenu des titres de journaux, et de leur
faire déduire certaines choses par eux-mêmes.

1.6. Explication grammaticale + questions (15 min)


1.6.1. Concept et emploi
La voix est un point de vue que l’on prend sur un procès. En fonction du point de
vue que l’on désire adopter, et de l’élément que l’on veut mettre en évidence, on utilisera
une voix différente.

La voix II est celle que l’on emploie lorsqu’on prend l’aboutissement du procès
comme point de vue. Si l’on prend comme exemple Le directeur prépare la réunion, le
procès est préparer. Il a pour origine directeur, et comme aboutissement réunion.

Si l’on adopte l’origine comme point de vue, on utilise la voix I, comme dans notre
phrase d’exemple.

En revanche, si l’on adopte réunion comme point de vue, c’est-à-dire


l’aboutissement du procès, on utilise la voix II, et cela donne alors La réunion est préparée
par le directeur.

Cette voix peut être utilisée pour exprimer les nuances suivantes :

- Pour insister sur l’aboutissement de la phrase : La robe a été créée par un


couturier connu.
- Quand on ne connait pas l’origine du procès : Les bijoux de la reine ont été
dérobés.
- Quand on ne veut pas exprimer l’origine du procès : [Dans une réunion,
pour parler au nom de tout le monde] Une solution a donc été imaginée.

1.6.2. Formation
Seuls les verbes transitifs, c’est-à-dire qui se construisent avec un COD, peuvent
être utilisés dans une voix II. La formation de la voix II se fait avec l’auxiliaire être, qui
varie en fonction du temps utilisé, et qui est suivi par un participe passé, accordé avec le
sujet. L’aboutissement du procès devient alors le sujet de la phrase, et l’origine devient un
complément d’agent, introduit par la préposition par (ou dans certains cas, par de, comme
dans la phrase Il est aimé de tous).

Ainsi, on pourra dire :

- Cette ville a été fondée juste après la guerre.


- Les avions sont retardés par un ouragan.
- Les plus originaux seront récompensés.

17
Les verbes employés avec l’auxiliaire être ne peuvent pas s’employer dans une
voix II, ou alors ils ont un autre sens : Il est sorti et Il a été sorti (quelqu’un l’a forcé à
partir).

On ne peut mettre à la voix II des expressions idiomatiques : Il s’en lave les mains
ne donne pas Les mains en sont lavées par lui. Même chose pour s’emmêler les pinceaux,
passer l’arme à gauche, tenir tête à quelqu’un, avoir faim, etc.

Quand l’origine est un pronom, on ne l’exprime pas à la voix II : J’ai transporté


tous ses meubles ne donne pas Tous ses meubles ont été transportés par moi, mais Tous ses
meubles ont été transportés.

1.6.3. Voix moyenne ou pronominale


Quand l’origine et l’aboutissement du procès se retrouvent dans le sujet de la
phrase, on a affaire à une voix moyenne. C’est le cas dans Pierre se pince, où Pierre est à la
fois celui qui pince, et celui qui est pincé.

Les pronominaux qui ont un sens passif peuvent s’utiliser dans une voix
moyenne pour transmettre les mêmes informations qu’une voix II, mais souvent sans
devoir exprimer l’origine du procès. Le texte s’efface petit à petit veut dire la même chose
que Le texte est effacé petit à petit.

_____

Après l’introduction de la leçon, qui a permis aux élèves de se familiariser avec la voix II
et la voix moyenne, le professeur explique maintenant la théorie grammaticale. Elle commence
par une partie sur le concept et l’emploi de la voix II. Il est important de bien définir les termes
que l’on utilise, et les concepts que l’on manipule. C’est pourquoi nous définissons en quelque
sorte ce qu’est une voix, et comment elle s’utilise, même si les élèves sont déjà censés le savoir. Il
est d’ailleurs possible que leurs connaissances concernant la voix soient celles des grammaires
traditionnelles qui sont, nous l’avons vu, dépassées. La voix II n’a pas de cas particulier où elle est
la seule possibilité pour exprimer une nuance. Elle est un choix de la part de l’énonciateur, mais il
aurait pu décider d’utiliser une autre voix ou tournure pour exprimer ce qu’il a dit. Les quelques
cas d’emplois que nous donnons sont non exhaustifs, et le premier (pour mettre en évidence
l’aboutissement) est lié au fait même de prendre l’aboutissement comme thème, mais cela produit
un effet stylistique particulier que nous voulions souligner.

Le professeur explique ensuite la formation de la voix II, tant au niveau de la forme


verbale que de la phrase complète. Cela commence par des généralités, et par trois exemples qui
sont chaque fois à des temps différents. Suivent ensuite des remarques que nous avons jugées
importantes dans la formation de formes ou de phrases à la voix II. Elles sont toutes
accompagnées d’exemples, que le professeur expliquera à chaque fois aux élèves. Le cas des
expressions idiomatiques est difficile à appréhender pour un élève FLE, parce qu’il n’a qu’une

18
faible connaissance des expressions figées en français. Cette règle ne lui est donc d’aucune utilité,
à moins qu’on lui dise, ou qu’il apprenne par lui-même ce qu’est une expression, et ce qui peut
être transformé. Nous avons également pris le parti de dire que telle phrase ne donnait pas telle
autre phrase à la voix II, même si cela peut être le cas. Prenons l’exemple de J’ai transporté tous ses
meubles. La phrase à la voix II Tous ses meubles ont été transportés par moi est grammaticalement
correcte. De plus, il est possible qu’un ami ayant aidé à déménager, fier de son exploit insiste en
disant Tous ses meubles ont été transportés par moi ! Par moi, hein ! Néanmoins, ces deux cas ne
s’utilisent que très rarement dans la langue, ou dans des cas très particuliers. Nous n’avons donc
pas voulu donner aux élèves de fausses pistes, et nous avons donc choisi de déclarer « fausses »
les tournures trop lourdes, ou peu évocatrices. Si le cas se présentait en classe, le professeur
pourrait expliquer à ses élèves que cela peut se dire, mais que personne ne le dit jamais.

La dernière partie de cette explication grammaticale porte sur la voix moyenne. Cela ne
fait pas partie, à proprement parler, de la voix II, mais comme nous l’avons dit précédemment,
nous jugeons utile de la mentionner, et d’expliquer son cas parce qu’elle peut exprimer une
nuance passive, qu’il n’est pas rare de rencontrer. En revanche, nous n’aborderons pas la tournure
factitive ou unipersonnelle, que nous ne jugeons pas pertinent d’introduire ici, et qui
compliquerait inutilement des notions nouvelles pour les élèves.

1.7. Exercices (65 min)


1.7.1. Dernières nouvelles (10 min)
Dans les phrases suivantes, mettez les infinitifs entre crochets à la voix II.

Exemple : Les malfaiteurs _____________ [arrêter] par la police cette nuit. -> Les
malfaiteurs ont été arrêtés par la police cette nuit.

1. Hier, deux fillettes _____________ [enlever].


2. Un banquet _____________ [organiser] pour cet événement.
3. La Coupe du Monde _____________ [remporter] par l’équipe des bleus !
4. Un dédommagement _____________ [verser] aux familles des victimes le plus vite
possible.
5. Lundi prochain, le feu vert _____________ [donner] pour le lancement du projet.
6. Un plan d’action _____________ [adopter] par les dirigeants contre la crise.
7. Une statue volée _____________ [retrouver] à Paris.
8. La fabrication de nouvelles voitures pour 2010 _____________ [annoncer] en ce
moment même dans la salle de réunion.
9. Des passants _____________ [blesser] dans une fusillade.

_____

19
Les élèves doivent réaliser cet exercice seuls, et leurs réponses seront ensuite
en
corrigées oralement. L’exercice en lui-même
lui même ne devrait pas prendre plus de cinq
minutes : il n’y a que neuf phrases, relativement simples.. Les mots de vocabulaire qui ne
seraient pas compris peuvent bien sûr être demandés au professeur. Quant à la
correction,
rrection, elle est orale, mais les élèves notent les réponses sur leur feuille. Neuf élèves
seront interrogés pour donner leur réponse. Tout ceci devrait normalement être rapide,
mais comme c’est le premier exercice qu’ils doivent réaliser, il est possible qu’il faille faire
quelques mises au point, ou donner quelques explications supplémentaires, c’est
pourquoi dix minutes sont prévues pour la réalisation de l’exercice.

Nous avons essayé de concevoir des phrases qui soient les plus variées possible :
les sujets diffèrent pour changer les accords des verbes, tout comme les temps, et
certaines phrases comportent des compléments, alors que d’autres non. Ainsi, les élèves
voient les différentes possibilités que l’on peut trouver. Néanmoins, cet exercice reste
basique,, et ne leur demande aucune production. Il s’agit juste de se familiariser avec la
voix II.

1.7.2. Imaginez (20 min)


Imaginez une réponse qui raconte ce qui se passe dans l’image. Les verbes
suivants peuvent être utilisés pour vous aider : réveiller – tuer – bâtir – transporter –
renverser – heurter – sauver – opérer – poursuivre – abattre –cambrioler
cambrioler – assassiner – élire
– répandre – percuter – construire – emmener – arrêter.

1.
- Est-ce que notre équipe a marqué ce dernier penalty,penalty pour finir ?
- _____________________________________________________________
__________________________________________________________________

2.
- Il paraît qu’il y a eu un problème chez vous pendant que vous étiez en
vacances… Que s’est-il passé ?
- __________________________________________________________________________

20
3.
- Il s’est évanoui brusquement ?! Et qui s’occupe de lui maintenant ?
- __________________________________________________________
__________________________________________________________________________

4.
- Je croyais que tu devais rendre ce rapport hier ? Tu as pris du retard ?
- __________________________________________________________________________
________________________________

5.
- Pourquoi es-tu de mauvaise humeur ? Tu as mal dormi ?
- __________________________________________________________________________

6.
- Comment va-t-il ? Est-ce qu’on sait s’il va s’en sortir ?
- __________________________________________________________________________
____________________________________________

7.
- On a réussi à rattraper le bandit ? Où est-il ?
- __________________________________________________________________________

21
8.
- Comment est-il mort ?
- ____________________________________________________________
__________________________________________________________________________

9.
- Quels sont les résultats du vote ? Il est enfin président ?
- __________________________________________________________________________

10.
- Ça aurait pu être beaucoup plus grave !
- Oui, heureusement ___________________________________________________
__________________________________________

11.
- Comment a-t-elleelle fait pour avoir les deux jambes cassées ?
- __________________________________________________________________________

12.
- Cette cathédrale est magnifique ! De quand date-t-elle ?
- __________________________________________________________________________
_________________________

_____

22
Après avoir distribué les feuilles aux élèves, le professeur vérifie avec eux que les
verbes donnés sont tous bien compris, de même que les mots de vocabulaire des
questions. Les étudiants réalisent ensuite l’exercice par deux, pendant que le professeur
vérifie que tout se passe bien dans les groupes. Si le besoin se fait sentir, il pourra donner
une explication supplémentaire sur l’exercice. La correction se fait oralement, en
comparant les réponses des groupes, qui peuvent être différentes, et le professeur
explique quels verbes pouvaient être utilisés pour chaque situation.

Cet exercice demande aux élèves de créer eux-mêmes des phrases à la voix II,
mais avec l’aide d’une image et d’une question pour les mettre en contexte.
Contrairement à l’exercice précédent, dans lequel les mots étaient dans le bon ordre, et
où les sujets/compléments n’étaient presque pas à changer, ici, tout est à inventer.
L’interprétation des images, de la question, le choix du verbe et la manière dont la
réponse sera tournée offrent une relative liberté aux élèves. Néanmoins, une série de
verbes leur est fournie, pour le cas où ils manqueraient d’inspiration, ou si le verbe à
utiliser ne leur est pas spécialement familier (cambrioler, par exemple). Il y a plus de
verbes que de phrases, et plusieurs sont des synonymes, ce qui leur donne largement le
choix. Le fait de travailler par groupes de deux favorise la naissance des idées, et leur
permet de confronter leurs réponses, dans le cas où elles seraient différentes. Dans le cas
où certains n’auraient pas tout à fait compris le principe, cela lui serait expliqué par son
camarade. Et enfin, cela évite d’avoir toujours le rapport classique entre les élèves et le
professeur, ou d’être livré à eux-mêmes dans un exercice individuel.

L’ensemble de cet exercice devrait durer approximativement vingt minutes,


correction comprise.

1.7.3. À la Une (15 min)


À la manière du texte d’introduction, imaginez que vous écrivez une liste des
différents faits du journal d’aujourd’hui, au choix parmi les rubriques qui suivent :
- Culture
- Économie
- Actualité
- Sport
- Divers
- International

_____

Les élèves travaillent cette fois seuls. Un temps relativement court leur est laissé
pour réfléchir, avant la correction orale, et pour éventuellement prendre note de
quelques titres. Ce sont les élèves qui vont se corriger entre eux, toute l’opération étant
bien sûr suivie par le professeur.

23
Cet exercice vise surtout une production orale de la part des élèves. Le temps
assez court dont ils disposent ne leur permettra probablement pas de trouver une phrase
pour chaque catégorie, ce qui les obligera à improviser. De plus, il n’a pas été stipulé
clairement qu’il fallait utiliser une voix II dans les réponses. Ceux qui ne l’auront pas fait
devront donc modifier leur phrase afin qu’elle corresponde au sujet de la leçon. Cela ne
devrait pas poser de problèmes majeurs, étant donné l’entraînement dont ils disposent à
ce stade.

Nous pensons qu’on ne comprend jamais aussi bien une matière qu’une fois
qu’on l’a expliqué à quelqu’un. C’est alors qu’on se rend compte des lacunes de notre
propre raisonnement, et de la nécessité d’en avoir saisi tous les aspects pour pouvoir
l’expliquer de manière valable à une personne qui en ignore tout. Le fait de faire
intervenir deux élèves, le premier pour sa réponse, le second pour corriger la réponse du
premier, oblige ce dernier à avoir très bien compris le principe de la voix II pour
déterminer si la réponse est juste, et pour pouvoir, le cas échéant, justifier pourquoi elle
est fausse, et expliquer ce que serait la forme correcte. Le deuxième élève est ensuite
interrogé sur une forme et un troisième doit le corriger, et ainsi de suite. Nous sommes
conscients du fait que cela peut donner lieu à des moqueries ou à des « règlements de
compte » entre les élèves si l’un d’entre eux est tout à fait perdu. Nous faisons cependant
confiance aux élèves qui devraient, à ce moment-ci de la leçon, avoir acquis la plupart des
compétences nécessaires à la maîtrise de la voix II, et ne plus faire d’erreurs grossières
qui les rendraient sujets à d’éventuelles moqueries, et au professeur pour réguler la
manière dont la correction se déroule, et éviter ainsi le « carnage ».

L’exercice dure plus ou moins quinze minutes au total, et les élèves peuvent
prendre note des réponses des autres pendant la correction.

1.7.4. Et si j’étais… (20 min)


Un journal ? Une ville ? Une célébrité ? Un monument ? Une œuvre d’art ? Mettez-
vous dans la peau d’un personnage, d’un objet ou d’un endroit, et racontez quelques
événements marquants qui vous sont arrivés depuis votre apparition, ou qui vous
arriveront dans le futur. Utilisez la première personne du singulier pour votre texte, dans
lequel vous mettrez au moins 5 formes à la voix II sur un total de 10 phrases.

Exemples :

• [Dans le cas d’une ville] J’ai été détruite au 1er siècle av. J.-C. par les
Gaulois
• [Dans le cas d’un monument] Je suis utilisé comme lieu de réunion par
l’ONU.

_____

24
Avant de commencer l’exercice, une séance de questions est proposée. Elle peut
servir à mettre au clair les dernières choses avant l’exercice écrit. Si aucune question n’est
posée, le professeur peut commencer tout de suite. Pour ce dernier exercice, les élèves
travaillent seuls, et peuvent choisir le thème qu’ils veulent. Il est impossible de corriger
oralement les réponses de quinze élèves différents, c’est pourquoi leur texte sera corrigé
par le professeur, et doit lui être rendu en fin de leçon. Pendant que les élèves rédigent, le
professeur passe entre les bancs pour vérifier que l’exercice a bien été compris, et qu’il se
déroule correctement. Il peut également répondre aux questions concernant du
vocabulaire inconnu, puisque l’exercice porte ici davantage sur la voix II que sur la
rédaction. Si les élèves sont en panne d’inspiration, ou qu’ils éprouvent des difficultés à
trouver un sujet ou des idées de phrase, le professeur pourra les aider en donner un
exemple. En choisissant un journal comme sujet, on pourrait par exemple dire : J’ai été
créé par Truc en 1892. Ce matin, j’ai été imprimé à 6h, avant d’être distribué dans la rue.
Après avoir été lu, j’ai été chiffonné, et jeté dans une poubelle, etc. Ces quelques phrases
donneraient une idée de ce qui peut être fait. Les dernières minutes du cours sont
consacrées à la remise des travaux et à d’éventuelles consignes à noter au journal de
classe, ainsi qu’à attendre les probables retardataires.

Cette dernière partie demande aux élèves une production écrite qui utiliserait la
voix II, dans laquelle ils doivent mobiliser leurs savoirs propres pour réaliser l’exercice,
puisqu’il n’y a maintenant ni image, ni camarade, ni contexte pour les aider. Le large
éventail des possibilités leur permet cependant de trouver le thème qui leur convient, et
de choisir eux-mêmes les verbes et les phrases qu’ils désirent utiliser. Il ne leur est pas
imposé d’utiliser une voix II dans toutes leurs phrases, ce qui rendrait probablement le
texte assez lourd, mais uniquement lorsque cela est possible. Néanmoins, nous avons
ajouté comme consigne d’écrire le texte à la première personne du singulier, parce que
cela favorise l’emploi de la voix II, sans que cela soit trop lourd.

25
5. Conclusion
Du point de vue des manuels, s’ils semblent souvent placer la voix passive dans une unité
qui est également consacrée à la nominalisation, ils ne se rejoignent pas dans les thèmes choisis
pour son étude. Cependant, tous font l’effort de créer des phrases, ou un contexte qui soit crédible,
plutôt que de demander des formes absurdes, qui ne sont jamais employées en temps normal.

La théorie abordée est presque toujours celle des grammaires traditionnelles, déclinées
sous plusieurs formes différentes : les uns parlent explicitement de sujet qui fait ou subit l’action,
tandis que d’autres mettent plutôt l’accent sur ce qui est mis en évidence ou non quand on utilise
une voix passive. Le discours grammatical ne fait jamais l’objet de réforme, ou de manière plus
« novatrice » de voir les choses. Lexique, emplois, manière de définir le passif, etc. restent très
attachés aux grammaires typiques. Le discours grammatical est donc, selon nous, insuffisant, ou
mal conçu, et ne permet pas aux apprenants de percevoir la réelle utilité du passif, ou en quoi il
consiste.

Les exercices sont bien souvent de simples transformations à l’actif/passif, qui peuvent
prendre plusieurs formes différentes (avec ou sans complément, avec un pronom ou pas comme
sujet, utilisant des verbes conjugués ou à l’infinitif, etc.). Ce sont des exercices de drill, qui ne
demandent pas de production de l’apprenant, et enlève tout son sens à la voix passive, qui ne peut
être utilisée tout le temps, et qui sert à produire certains effets. Nous essaierons donc, dans notre
leçon, de privilégier les exercices qui ont un sens, et qui favorisent la production des élèves,
qu’elle soit écrite ou orale.

Le discours théorique que nous avons choisi d’adopter change le concept de voix, et
réforme les appellations et les raisons d’être des différentes voix. Nous avons tenté de l’inclure
dans notre leçon et de l’expliquer aux apprenants de manière claire, sans les embarquer dans des
considérations grammaticales qui ne seraient pas de leur niveau.

Quant à notre leçon, elle se présente sous une forme assez classique (introduction +
grammaire + exercices), mais nous avons essayé, dans les exercices proposés, de placer les élèves
dans plusieurs situations, et de leur faire utiliser différentes ressources. Ainsi, nous avons des
exercices plutôt axés sur l’oral, d’autres sur l’écrit, individuels et en groupe, des exercices avec des
consignes précises et d’autres qui sont plus libres, certains faisant appel aux mots, un autre aux
images, etc. Nous avons essayé de donner une gradation à la difficulté, en supprimant les éléments
pour les aider au fur et à mesure qu’ils acquièrent des compétences et de l’aisance. Le thème est,
quant à lui, globalement respecté, le vocabulaire tournant autour de la presse, des événements
publics et de la vie quotidienne.

26
6. Bibliographie
• Banque d’images libres de droits, http://www.fotosearch.fr/, consulté à différents moments du
mois de décembre 2008.
• CAMPA A., MURILLO J., MESTREIT C., TOST M., Forum 2. Méthode de français, Paris, Hachette, 2001,
189 p.
• DOMINIQUE P., Plum C., Santomauro A., Sans frontières 3 : méthode de français, Paris, CLE
International, 1984
• GIBERT P., PARIZET M.-L., PEREZ-LEON A., Bonne Route ! 2 : méthode de français, Paris, Hachette, 1989,
296 p.
• GIBERT P., PARIZET M.-L., PEREZ-LEON A., Bonne Route ! 2 : guide pédagogique, Paris, Hachette, 1989,
109 p.
• JOB B., Mosaïque 3. Méthode de français, Paris, CLE International, 1994, 208p.

• VAN RAEMDONCK D., SIOUFFI G., 100 fiches pour comprendre les notions de grammaire, Rosny-sous-
Bois, Bréal, 2007, 220 p.
• VAN RAEMDONCK D., Référentiel : le sens grammatical, créé le 18-12-2008,
http://www.communelangue.com/envois/documents/autres/referentiel/referentiel2%20syntax
e.pdf, consulté le 28-12-2008.
• WILMET M., Grammaire rénovée du français, Bruxelles, De Boeck, 2007, 331 p.
• WILMET M., Grammaire critique du français, 2ème édition, Paris, Hachette, 1998, 704 p.

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7. Table des matières
1. Introduction..............................................................................................................................................................2
2. Critique des manuels de FLE .............................................................................................................................3
1.1. Sans Frontières 3.................................................................................................................................................3
1.1.1. Thème et présentation ................................................................................................................................3
1.1.2. Théorie ...............................................................................................................................................................3
1.1.3. Exercices ...........................................................................................................................................................4
1.1.4. En conclusion ..................................................................................................................................................5
1.2. Mosaïque 3 .............................................................................................................................................................6
1.2.1. Thème et présentation ................................................................................................................................6
1.2.2. Théorie ...............................................................................................................................................................6
1.2.3. Exercices ...........................................................................................................................................................7
1.2.4. En conclusion ..................................................................................................................................................8
1.3. Forum 2 ...................................................................................................................................................................8
1.3.1. Thème et présentation ................................................................................................................................8
1.3.2. Théorie ...............................................................................................................................................................8
1.3.3. Exercices ........................................................................................................................................................ 10
1.3.4. En conclusion ............................................................................................................................................... 10
1.4. Bonne route 2 .................................................................................................................................................... 11
1.4.1. Thème et présentation ............................................................................................................................. 11
1.4.2. Théorie ............................................................................................................................................................ 11
1.4.3. Exercices ........................................................................................................................................................ 13
1.4.4. En conclusion ............................................................................................................................................... 14
3. Discours théorique ............................................................................................................................................. 15
4. Déroulement de la leçon .................................................................................................................................. 16
1.5. Première approche (20 min) ...................................................................................................................... 16
1.6. Explication grammaticale + questions (15 min) ............................................................................... 17
1.6.1. Concept et emploi ...................................................................................................................................... 17
1.6.2. Formation ...................................................................................................................................................... 17
1.6.3. Voix moyenne ou pronominale ............................................................................................................ 18
1.7. Exercices (65 min) ........................................................................................................................................... 19
1.7.1. Dernières nouvelles (10 min) ............................................................................................................... 19
1.7.2. Imaginez (20 min) ..................................................................................................................................... 20
1.7.3. À la Une (15 min) ....................................................................................................................................... 23
1.7.4. Et si j’étais… (20 min)............................................................................................................................... 24
5. Conclusion ........................................................................................................................................................... 26

28
6. Bibliographie ......................................................................................................................................................... 27
7. Table des matières.............................................................................................................................................. 28
8. Annexes ........................................................................................................................................................... 30

29
8. Annexes

30

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