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Les sciences
Ensemble documentaire
Repères :
* Une hypothèse est posée, dont on conclue certaines conséquences, lesquelles sont vérifiées
ou non par l'expérience : c'est la méthode hypothético-déductive. Une fois formulée, la théorie
prévoit donc le résultat de certaines expériences. Une fois formulée, la théorie prévoit donc le
résultat de certaines expériences ; ces expériences effectuées peuvent à leur tour modifier la
formulation de la théorie. Mais une nouvelle théorie n'est jamais simplement plus large, plus
compréhensive qu'une ancienne qu'elle conserverait telle quelle en la complétant. On ne peut
davantage affirmer qu'elle renverse purement et simplement l'ancienne théorie par la force de
nouvelles expériences. Un ensemble théorique peut toujours être corrigé ou être redressé par des
ajouts d'hypothèses ad hoc qui rendent compte d'un phénomène précis faisant entorse à la loi
générale.
Mais lorsque le système théorique est tellement corrigé que sa complexité propre dépasse
son pouvoir d'éclairer l'expérience, l'esprit scientifique se met en quête d'une explication plus
simple. Ainsi il est toujours possible de penser que les astres se meuvent autour de la Terre qui seule
demeurerait immobile ; mais les équations qui rendent compte de leurs mouvements sont si
complexes que supposer le Soleil au centre et les planètes, dont la Terre, tournant autour de lui,
semble s'imposer.
Texte 1.
L'ère positiviste, l'âge révolu des révolutions et l'époque du progrès par les découvertes.
Selon le « positivisme », courant philosophique fondé par Auguste Comte au XIXème siècle,
il faut distinguer l'évolution initiale des âges ou « états » de l'esprit qui se succèdent (« la marche
progressive ») et le progrès dans l'accumulation des connaissances, qui caractérise le dernier état,
l'état positif ( « les progrès de la science »). Seul ce dernier constitue une véritable avancée
scientifique mais, paradoxalement, il ne témoigne d'aucune évolution dans la pensée (son état fixe
et définitif).
1 Le positivisme
fictif ; l'état métaphysique ou abstrait, l'état scientifique, ou positif. En d'autres termes, l'esprit
humain, par sa nature, emploie successivement dans chacune de ses recherches trois méthodes de
philosopher, dont le caractère est essentiellement différent et même radicalement opposé : d'abord la
méthode théologique, ensuite la méthode métaphysique, et enfin la méthode positive. De là, trois
sortes de philosophies, ou de systèmes généraux de conceptions sur l'ensemble des phénomènes, qui
s'excluent mutuellement : la première est le point de départ nécessaire de l'intelligence humaine, la
troisième son état fixe ; la seconde est uniquement destinée à servir de transition.
[…]
Dans l'état positif, l'esprit humain, reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions
absolues, renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes
des phénomènes, pour s'attacher uniquement à découvrir par l'usage bien combiné du raisonnement
et de l'observation, leurs lois effectives, c'est-à-dire leurs relations invariables de succession et de
similitude. L'explication des faits, réduite alors à ses termes réels, n'est plus désormais que la liaison
établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux dont les progrès de la
science tendent de plus en plus à diminuer le nombre. »
Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 1830
=> Auguste compte distingue trois états de la pensée humaine. Lesquelles ? Cherchez un
exemple pour chaque étape.
=> Lorsque la science est arrivée à son terme à quoi l'esprit humain doit-il renoncer ?
=> Penser à partir du texte : la dernière phrase indique une clôture à venir du nombre de
faits à expliquer. Qu'induit cette idée ?
=> Les anciennes théories sont-elles remplacées par les nouvelles uniquement car elles
étaient fausses ?
Sur quelle distinction Bachelard s'appuie – t- il dans le texte ?
=> Comment se fait-il qu'une théorie qui éclaire la réalité puisse aussi la cacher ? Cherchez
un exemple en sciences physiques.
Thomas S. Khun, épistémologue états-unien, s'intéresse dans son ouvrage La structure des
révolutions scientifiques, de 1962 à la manière dont s'établissent de nouvelles théories. Le modèle
qui s'impose dans une science précise à un moment donné est appelé « paradigme », et la méthode
de recherche qui en découle est nommée « science normale ».
Bilan de lecture
Brève note sur La structure des révolutions scientifiques, Thomas S. Khun, 1962.
L’épistémologue Thomas S. Khun (1922 – 1996) enquête, mène un travail d'histoire des
sciences sur leur évolution et arrive au constat que les démarches scientifiques ne naissent pas de
rien. Comment ont lieu les révolutions scientifiques ? Lors de changements de paradigmes.
Un paradigme c'est-à-dire ?
Le paradigme définit des problèmes et des méthodes qui sont légitimes, et en fournissant un
langage commun à la communauté des scientifiques, il permet une plus grande efficacité de la
pensée. Cela favorise la diffusion des idées, canalise les recherches et les investigations. Au sein
d'un paradigme donné, on pratique ce que Kuhn appelle la « science normale » : une science qui
progresse, de façon lente et continue, sans grande rupture.
=> C'est un cadre méthodique commun au sein duquel des scientifiques partagent le même
langage, les mêmes pratiques et peuvent échanger et travailler ensemble.
On comprend que les démarches scientifiques n'ont pas attendu d'être purement scientifiques
pour exister. Une théorie qui n'est pas strictement scientifique au sens moderne du terme vient aider
une théorie à accumuler des faits. Ce fût longtemps le rôle de la physique héritée d'Aristote qui
s'appuyait sur une conception finalisée de l'Univers où chaque être tend vers une fin, le Souverain
Bien, selon ses fonctions.
Un symptôme de crise d'un paradigme est la multiplication des versions qui ne s'accordent
pas d'une théorie entre les chercheurs. Versions qui ne s'accordent pas pour expliquer une anomalie
dans l'observation.
Exemple 1 : quand Antoine Lavoisier, chimiste français du XVIIIème siècle commença ses
expériences sur les « airs » i.e. sur le comportement des éléments lors de combustion le paradigme
dominant était celui du phlogistique. Le phlogistique ou l'idée selon laquelle le corps même d'un
métal contient un élément inflammable. Or chaque chimiste avait une version différente expliquant
le gain de poids des métaux sous l'effet de la combustion. Combiné avec l'utilisation de plus en
plus répandue en science d'instruments de mesure et de la théorie gravitationnelle de Newton le
phlogistique apparaît comme un élément de moins en moins utile à l'explication des phénomènes
de combustion.
10 Métaphysique : au sens littéral hérité du grec ancien : ce qu'il y a avant la nature, ce qui n'est pas observable
directement dans la nature. Exemple : la conception d'Aristote de la nature reposait sur l'idée que notre monde était
animé par un principe « téléologique » i.e. que chaque être tend naturellement vers une fin, le Souverain Bien.
Exemple 2. :Nicolas Copernic, astronome, 1473-1543 se plaint dans la Préface de son De
Revolutionibus de la trop grande complexité des hypothèses léguées par Ptolémée. Mais malgré le
succès explicatif du géocentrisme ce succès n'est que partiel. Bien qu'encore utile au XVème siècle
pour des observations pratiques et approximatives comme celles des marins il ne parvenait pas à
rendre compte des équinoxes et de la position des planètes avec la précision accrue offerte par les
observations et les calculs de Copernic.
– D'où des facteurs internes aux sciences qui expliquent le changement de paradigme, de
vision, de théorie. Ici le degré de précision de l'observation méthodiquement menée par
le calcul.
– Khun remarque aussi que des facteurs « psychologiques » entrent en jeu. Lorsqu'un
scientifique a travaillé toute sa vie sur un même modèle explicatif qu'il a utilisé une
certaine réticence naît en lui pour l'abandonner. A l'inverse un nouveau paradigme peut
sembler plus séduisant car promettre davantage d'énigmes à résoudre pour l'apprenti ou
le jeune chercheur attiré par de nouvelles énigmes à résoudre.
Etat de la « science normale » : la science progresse au sein d'un même paradigme. C'est
l'état le plus fréquent et régulier. Les querelles sont mineures et ne portent que sur des conclusions
au sein d'un même cadre méthodique. On observe des rapports de collaboration entre chercheurs.
Des hypothèses sont formulées et le scientifique s'attend à un résultat conforme à l'hypothèse.
Etat de crise : apparition d'anomalies qui se multiplient.
=> Concurrence entre plusieurs paradigmes.
=> Retour à une « science normale ».