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Commentez cette phrase du mathématicien et philosophe français,

Antoine Augustin Courront (1801-1877) :


"Que m'importent les découvertes qu'un philosophe a faites ou cru
faire dans les profondeurs de sa conscience, si je ne lis pas la même
chose dans la mienne ou si j'y lis toute autre chose ! ».

Vous développerez votre réflexion autour de quatre axes


principaux :

Quels sont les avantages et inconvénients de la démarche
introspection spontanée ?

Dans quelle mesure pouvons-vous dire que l'introspection provoquée
est à l'origine de la psychologie expérimentale ?

Quels sont les fondements de toute démarche scientifique ?

D'après vous, la psychologie est-elle une science ?

Nous avons ici une déclaration d'un scientifique français du dix-neuvième siècle,
période de révolution industrielle, scientifique, sociale et spirituelle. Le scientifique, Antoine
Augustin Courront est un mathématicien spécialisé dans les théories économiques. Le dix-neuvième
en France est très touché par le rationalisme, doctrine mentale obligatoire quand on veut
comprendre le fonctionnement d'une théorie et de l'expérimenter pour pouvoir la reproduire, ce qui
est le passage normal pour expliquer et prouver scientifiquement des faits.
L'assertion de Courront en substance énonce son point de vue sur la psychologie, toute
nouvelle science que des philosophes ont commencé à établir, à l'époque, pour tenter de comprendre
l'esprit humain. Les premières démarches des psychologues philosophes étaient de voyager dans le
psychisme humain par l'introspection simple ou spontanée. Méthode toute nouvelle dans une
science, la psychologie, qui devait encore trouver ses marques. L'homme ne va-t-il par tâtonnement
quand il voyage à l'aveugle ?
Cependant cette technique ne fut pas appréciée de tous pour son manque de rigueur
scientifique, et notamment par le Mr Courront. Cela est bien normal et c'est ce que ce
mathématicien exprime dans son propos. Au final, si l'expérience n'est pas reproductible, à quoi
bon ?
Ainsi, face au point de vue de ce scientifique, il est très clair qu'il y a une problématique par
rapport à une technique, celle de l'introspection simple ou spontanée qui fut pointée du doigt pour
son manque de rigueur.
De ce fait, comment cette nouvelle science, la psychologie, qui fut accouchée par des
philosophes a su se trouver une place au sein des grandes sciences dites humaines d'aujourd'hui et
qu'elle soit surtout reconnue par son sérieux par les sciences dites dures, comme la physique ou la
médecine ?
Nous allons répondre à cette question en établissement notre raisonnement sur trois axes.
En premier lieu, nous allons nous tourner vers cette technique d'introspection spontanée, et
sur la seconde pratique, l'introspection provoquée pour les expliquer. Car ces deux techniques
annoncèrent l’avènement de la psychologie.
En deuxième partie, nous nous concentrerons sur la notion de démarche scientifique en
psychologie et en quoi elle est devenue une science.
Enfin, en dernière partie, nous commenterons l'évolution de la psychologie.
L’avènement de la psychologie par une technique de recherche, l'introspection simple :
Permettre d'aider les humains à réfléchir et à cultiver une sagesse pour apprendre à
relativiser sur les expériences de la vie, cela a toujours été le rôle des grandes religions d'avant et
d'aujourd'hui, mais aussi des philosophies, qu'elles soient grecques, moyen et extrême orientaux.
Mais alors que les philosophes du dix-neuvième siècle ont été les témoins directs de la
transformation radicale de la société occidentale du fait des révolutions industrielles, économiques
et politiques qui ont emporté dans leur mouvement frénétiques les sociétés et les mœurs mais aussi
la science qui s'y développa. L'esprit rigoureux de la science a fait évoluer la médecine et avec elle,
son lot de recherches sur le corps humain. Mais quand était-il de l'esprit de l'homme ?
Les philosophes furent les tous premiers à s'y intéresser, et notamment en tentant de clarifier
la pensée humaine et son fonctionnement. La toute première pratique qui fut établie, un peu par
tâtonnement, qu'on nomma l'introspection simple ou introspection spontanée. Elle avait pour
objectif de rechercher en soi-même les cheminements qui nous permettaient de nous comprendre.
Pour faire simple, une personne devait décrire sa manière de penser, mais cette technique fut mise à
mal dès le début pour les psychologues philosophiques et même leurs détracteurs. On devine
facilement qu'une seule personne qui se concentre sur elle même ne peut pas vraiment commencer à
découper des processus de raisonnement, à s'observer mentalement pour y déceler des indices. On a
tout de suite compris que ce processus était beaucoup trop subjectif, du fait du manque de lucidité
du praticien, qu'il était forcément seul et qu'il n'était pas sous l'observation d'une autre personne
qu'il l'aiderait à clarifier les zones d'ombres, à lui faire prendre conscience de ce qu'elle ignore chez-
elle.
Vint alors l'introspection provoquée, que d'autres surnomment l'introspection expérimentale ;
cette technique confronte un patient face à l'interrogateur, celui-ci va diriger la conversation vers un
point bien précis. On y recherche plusieurs utilisations à cette technique. Premièrement comprendre
les lois du fonctionnement du psychisme, et deuxièmement créer des données statistique pour
confronter les résultats d'études.
L'introspection provoquée permet entre autre, par le jeu d'écoute, d'éclaircir des zones
d'ombres dans la personnalité des patients, c'est le cas de la fenêtre de Johary, mise en place par
deux chercheurs qui ont classé en quatre parties la personnalité. Il est très intéressant de se
concentrer sur cette exemple car, il démontre l'intérêt du dialogue entre deux personnes dans un but
thérapeutique.
Cette fenêtre comporte deux colonnes principales, l'une étant le « moi », la conscience du
patient, ce dont elle a en connaissance, par exemple, ses défauts et qualités, ses capacités, ses dons,
ses potentiels, ses histoires personnelles et surtout les expériences qui lui ont permis de se connaître
davantage. La personne peut les exposer au vu de tous, on nomme cette case « Le grand jour ». Ou
alors, d'en garder certaines dans le secret de son intimité, c'est-à-dire « La face cachée », notre
jardin secret dans le langage populaire.
La seconde colonne représente le « ça », l'inconscient, ce dont la personne ignore sur elle.
De prime abord, il peut ignorer des faits sur lui-même, mais que les autres perçoivent, ce qui dénote
une estimation trop haute de soi-même, d'un manque de lucidité, d'une vie trop solitaire par
exemple. On utilise le terme de la « Zone aveugle » pour désigner cette partie inconsciente qui se
révèle à nous quand nous avons à faire face à une personne qui va lui faire refléter tous ses défauts
et ses qualités. C'est en général ainsi que chaque personne se connaît, parce qu'une personne intime
lui fait prendre raison des ses tords, travers et qualités.
La second partie inconsciente que l'on distingue comme étant « l'inconnu » représente ce que
les autres et le sujet ignorent de lui-même. La fameuse expression suivante : Que ferais-tu si tu te
trouves dans un tel cas ? Devant une situation de crise ? Face à de telles expériences, nous en
apprenons plus sur nous-même que l'on pouvait l'imaginer.
Cette technique d'introspection provoquée n'a pas non plus fait l'unanimité, jugée encore
trop subjective, elle aura au moins eu l'occasion de mettre les bases de la psychologie, qui sont
l'écoute et l'observation.

Dans cette deuxième partie, nous allons décrire deux approches totalement différentes mais
qui ont apporté des éléments à cette science en utilisant toutes les deux l'introspection provoquée.
L'une, l'approche comportementaliste basée sur une vision très rationnelle de l'esprit humain, en
expérimentant et en notant les résultats. Et l'approche psychanalytique qui a utilisé des techniques et
des expériences plus intuitives que des psychanalystes ont pu notifier et qui ont mis en surbrillance
des éléments du psychisme humain. Des découvertes que nous n'aurions peut-être pas dues
découvrir avec d'autres approches.
Pour enrichir notre propos, il faut expliquer très brièvement la méthode scientifique. Elle
s'articule sur cinq axes. En premier lieu, vous avez la théorie, qui est souvent produite par l'intuition
humaine, pour ainsi dire, la théorie prévoit des événements. Si on veut que cette prédiction puisse se
produire, il faut l'expérimenter et l'observer. Et par la suite, c'est en observant l'expérience que nous
pouvons en déduire des conclusions qui vont confirmer la théorie, la réfuter, où la modifier.
L'approche comportementaliste (béhavioriste) a tenté de décrire et de définir tout ce qui était
observable, comme les émotions et les comportements. Ils partaient du constat que l'esprit humain
n'est pas observable, alors ils se sont concentrés sur la partie visible, c'est-à-dire des phénomènes
tels que les émotions pouvaient produire sur le corps. Par exemple, ils notaient tout ce qui se passait
sur une personne quand celle-ci se mettait en colère, ou bien en état de tristesse. On utilisait des
rats, qui sont des animaux sociaux pour tenter de comprendre leurs réactions lors d'expériences dans
des laboratoires et de le reproduire à l'échelle humaine. Certes, il y a eu des détracteurs, comme des
éthologues qui ont critiqué ces pratiques pour la raison principale que les rats ne peuvent être étudié
dans un laboratoire, puisque ce n'est pas son lieu naturel et de ce fait cela faussait les analyses,
néanmoins, cette approche comportementaliste aura eu l'intérêt entre autre de définir des émotions.
La mise en place de protocoles expérimentaux nous ont permis de comprendre nos émotions, nos
sentiments comme le désir, et bien d'autres activités de notre cerveau. On peut citer par exemple,
l'expérience du chercheur russe Pavlov, qui a découvert tout à fait par hasard la réaction qu'un chien
pouvait avoir quand celui-ci entendait une sonnette qui le prévenait qu'on allait lui servir à manger.
Le médecin russe Pavlov qui était aussi physiologiste en a déduit logiquement que la sonnette qui
prévenait l'animal de son futur repas était un stimuli, un effet qui agit directement sur le cerveau de
l'animal. Ce stimuli n'est possible qu'en conditionnant le canidé.
Cet exemple montre que la rigueur scientifique, notamment chez les comportementalistes, apporte
un socle sérieux, expérimental et intéressant. Mais d'autres approches de la psychologie ont fait
progresser à leur manière cette science.
Il faut se tourner dès à présent vers la psychanalyse de Sigmund Freud. Ce scientifique fut le
tout premier à s'intéresser à la profondeur de l'esprit humain et il s'est fait connaître notamment par
son livre sur l'interprétation des rêves. Sa contribution reste énorme puisqu'il a permis de mettre des
mots sur des strates de notre psychisme. Le « ça » qu'il nomme ainsi pour parler de l'inconscient, le
« moi », qui est la partie consciente de l'esprit de chaque personne, et enfin nous avons le « sur-
moi », qui représente les autres individus rentrant en interaction avec le moi. Il ne s'est pas arrêté là,
il a décidé de définir les différents maux de l'esprit, entre la névrose et la psychose, même si
aujourd'hui, on les utilise moins qu'auparavant, elles ont marqué le vocabulaire de la psychologie.
Car après tout, le travail de tout scientifique et d'observer, noter, décrire ce qu'il découvre.
Pour en revenir aux recherches de Freud, il a compris que des expériences, qu'elles soient depuis
notre enfance ou bien intervenant plus tard, peuvent nous affecter mentalement, et de là, à marquer
notre inconscient. Freud parle de refoulement de nos pulsions, qui sont étouffés dans notre « ça »,
cherchent à s'en extraire de diverses façons. Par ce constant, il décida d'utiliser la psychanalyse pour
tenter de soigner ses patients, il procéda à l'hypnose pour tenter de comprendre les origines de la
souffrance de certains de ses patients. Il mit en place la méthode du transfert, une thérapie où le
malade voit ses parents au travers de son thérapeute, technique pouvant aider des personnes avec
des troubles de la personnalité. Le résultat de ses applications ne fut pas toujours couronné de
succès, il alla même jusqu'à truquer et mentir sur ses résultats. Néanmoins, le fait qu'il se soit
plongé dans le psychisme humain en créant des théories qui n'auront pas l'effet escompté.
Cependant ils auront eu l'opportunité d'ouvrir la voie pour d'autres découvertes.

La partie précédente a démontré que la psychologie a été un territoire nouveau de recherche,


qui a été initié par des philosophes, mais très vite, repris par des scientifiques. Ils étaient aussi bien
des médecins que des biologistes, ou neurologue comme Sigmund Freud. Ils ont utilisé la méthode
scientifique pour confirmer leurs théories.
Mais depuis l’avènement de la psychologie à la fin du dix-neuvième siècle, jusqu'aux années
cinquante, celle-ci a vu de nouvelles approches apparaître, comme le courant humaniste qui fut créé
en réaction aux deux approches précédentes, les comportementalistes et les psychanalystes. La
psychologie humaniste privilégie la thérapie et prend l’individu dans son entièreté. Les
psychologues humanistes reprochaient l'attitude beaucoup trop scientiste, notamment des
comportementaliste sur la manière de considérer l'homme en le déshumanisant pour le réduire à de
simples données statistiques. Au contraire pour les psychologues humanistes, l'important est de
considérer l'humain dans sa globalité, c'est-à-dire de saisir toutes les informations sur son état de
santé physique, sa situation sentimentale, son passé, sa situation professionnelle, en prenant la
l'ensemble des informations sur un patient pour que l'on puisse cibler davantage l'origine des
problèmes, et pouvoir le guérir psychiquement.
Il y a une grande subtilité avec les problématiques d'ordre psychique, ils ne sont pas visibles.
Le mathématicien, Mr Courront n'a peut être pas pensé à l'époque sur l'aspect non visible du
psychisme humain. Car même si ce scientifique n'admettait pas cette nouvelle science, car le
principe d'introspection provoqué n'était pas reproductible à ses yeux, comme par exemple des
équations mathématiques ou les expériences en physiques, il faut tout de même admettre que la
psychologie cherche à comprendre le psychisme de l'homme pour y soigner aussi les maux. Hors, à
la grande différence des maladies physiques qu'un médecin peut identifier grâce à son observation
d'expert et avec tous les outils qu'il a à sa disposition, les maladies mentales ne se repèrent pas aussi
facilement. On peut passer du temps avec un camarade dans un bar qui vous dit qu'il va bien, alors
qu'il est dépressif depuis quelques temps et qu'il songe depuis quelques semaines au suicide. Puis un
beau jour, vous apprenez qu'il a fait une tentative de suicide et qu'il est en repos dans un hôpital. En
apprenant cela vous êtes estomaqué car vous n'avez rien vu venir. C'est la problématique du cerveau
humain et de son esprit, mais aussi un constat, l'esprit humain n'est pas palpable. Ce fut tout le
travail des psychologues. Notamment avec la partie clinicienne de la psychologie, qui souhaitait
découvrir les maladies psychiques, pour les comprendre et les guérir. Pour la psychologie
humaniste, elle s'appuie sur des recherches qui ont porté sur l'humain dans la société ( notamment
avec l'approche psychosociale) afin de proposer aux patients des outils de réflexion pour mieux se
connaître et se sentir à sa place dans la société. Depuis la fin des années cinquante, il y a tout un
développement pour une approche beaucoup plus holistique. On peut penser aux recherches sur
l'estime de soi et le besoin de reconnaissance qui permet de mieux comprendre la patient et de le
situer dans une échelle du bien être. L'approche cognitive qui débouche sur les neurosciences
apporte d'autres informations intéressantes sur le fonctionnement du cerveau, sur l'effet des
hormones sur ce dernier et l'impact sur tout le corps, et cela n'est qu'une infime partie de ce que
représente les neurosciences aujourd'hui. L'impact de la psychologie fut telle qu'elle a des
embranchements aussi bien dans l'univers de la médecine, de la criminologie, la finance, les
mathématiques, la sociologie, la politique, c'est ce qui donne à cette discipline une image de science
tout à fait plausible et accepté au sein de nos sociétés.
Il a existé un débat sur la psychologie pour savoir si cette discipline reposait sur des bases
scientifiquement solides, mais ce conflit d'idée ne fut que très peu nourri, au vu du très peu de
détracteur. Puisque finalement, c'est une science qui a appris à s'ouvrir aux autres connaissances.
Comme nous l'avons vu dans la précédente partie, la psychologie fut développée par des médecins,
des neurologues, des biologistes, et depuis son apparition à la fin du dix-neuvième siècle jusqu'à nos
jours, elle permet de soigner comme d’émettre des théories qui peuvent aussi toucher d'autres
disciplines, comme les mathématiques et l'économie. Le fait de son développement et de sa division
en de nombreuses sous parties, comme les neurosciences par exemple, a confirmé son statut de
science parmi tant d'autres.
Aujourd'hui, la psychologie est rentrée dans l'inconscient collectif mais il y a encore
beaucoup d'idées reçues sur la consultation auprès d'un professionnel de la santé psychique. Il existe
encore une forme de défiance auprès de la couche masculine de la population qui a encore du mal à
accepter de voir un psychologue car il se sent tout à fait normal, et non pas « fou ». Des chocs
émotionnels, des séparations difficiles, troubles alimentaires, stress, toutes ces expériences de vie ne
sont pas encore totalement considérées par tous comme des problématiques qui peuvent engendrer
de la souffrance psychique ; et encore beaucoup de personnes décident de vivre avec sans consulter
de thérapeute.

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