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La psychanalyse nous fait comprendre que se connaître peut devenir une nécessité et que cela consiste à retrouver

des pulsions inconscientes refoulées (non volontairement) pour se libérer de leurs effets. Ainsi la connaissance de soi
est libératrice. Le but est cette libération même et la cure psychanalytique n’est qu’un moyen. Or, ce moyen doit être
considérer comme problématique puisqu’il repose sur l’hypothèse de l’existence d’un inconscient que, par définition,
on ne peut pas voir. Qu’en est-il de la scientificité de la psychanalyse ? Ne peut-elle pas être critiquée ? Connaît-elle
des risques ou dérives  ? Par ailleurs, le fait même de se tourner vers soi-même pour se connaître est-il le seul moyen
dont nous disposons ? Peut-être que se connaître ainsi peut devenir dangereux si nous nous enfermons en nous-
mêmes.

C. Limites

1) L’inconscient comme hypothèse critiquable

• Dès l’époque de Freud celui-ci s’est vu adressé des critiques notamment sur le fait que l’inconscient ne saurait
être prouvé directement (en l’observant) puisque par définition il est privé de conscience ! On ne peut donc
pas se rendre compte de l’inconscient ou alors ce serait totalement le dénaturer ! Freud répondait en disant que
ce qui prouvait la psychanalyse c’était ses résultats c’est-à-dire la guérison des patients. C’est vrai parce que
ça marche ! C’est ce qu’on appelle une conception pragmatiste de la vérité (« pragma » en grec signifie
« action »).
Mais peut-on se contenter de cela ?

• Le premier risque c’est la tentation de tout expliquer de façon psychanalytique. On sait par exemple que dans
la seconde partie du 20ème siècle on a cru que l’autisme relevait de problèmes liés à l’inconscient (dans le
rapport à la mère notamment) et on a traité les autistes par la psychanalyse. Or ce fût un échec et cela a fait
beaucoup de mal aux enfants autistes. La psychanalyse ne peut donc pas résoudre tous les problèmes, et même
dans le cas des névroses « simples » elle n’est pas toujours efficace, Freud ayant lui-même connu de
nombreux échecs.
Ce sont les raisons pour lesquelles aujourd’hui la psychanalyse est fortement critiquée, et ente en concurrence
avec des formes de thérapies plus brèves comme les thérapies comportementalistes.

• Mais pourquoi cette faiblesse ? C’est peut-être parce que la psychanalyse n’est pas vraiment une science.
Mais qu’est-ce qu’une science ? (Attention c’est une notion au programme qu’on aborde ici pour la première
fois et sur laquelle on reviendra!). Une science est généralement un effort de connaissance du monde par
le moyen de méthodes garantissant la fiabilité des conclusions. Le discours scientifique se veut « vrai »
c’est-à-dire en accord avec le réel et permettant de l’expliquer, voire d’agir sur lui en appliquant ces
connaissances dans la technique (notion au programme également!).
Pour qu’un discours ait une forme d’autorité, la tentation est grande de dire qu’il est scientifique (et par là n
entend « vrai » car prouvé). Ainsi, par exemple, l’astrologie (à ne pas confondre avec l’astronomie..) se veut
scientifique alors qu’il n’en est rien : c’est une pseudo-science.

Certains auteurs ont dit la même chose de la psychanalyse. C’est le cas notamment de Karl Popper qui a
inventé un concept pour démarquer les théories scientifiques de celles qui ne le sont pas : la falsifiabilité ou la
réfutabilité. C’est tout simple : est scientifique une théorie qui prend le risque d’être rendue fausse par
l’expérience (falsifiée ou réfutée). Par exemple l’astrologie n’est pas une science car quoi que dise mon
horoscope il est toujours vrai quoi qu’il m’arrive ! Le propos de cette horoscope est tellement vague, soumis à
interprétations, qu’il ne sera jamais rendu faux par l’expérience. Or, une science prend ce risque : si le
biologiste fait une hypothèse sur le fonctionnement du rein chez la souris, il prend le risque d’être contredit
par les IRM du rein, sa dissection, etc.. Si malgré toutes les expériences aucune ne la contredit, on dira que sa
théorie est vraie (du moins jusqu’à ce qu’une nouvelle observation ne vienne la contredire).
Or, la psychanalyse ne prend pas un tel risque selon Popper : on peut toujours trouver une explication
psychanalytique à nos comportement, et il est impossible de savoir s’il en est bien ainsi car on pourra toujours
dire que cette explication est cachée dans l’inconscient du patient !

Lire le texte de Popper (assez long mais c’est formateur!) p354 du manuel

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