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L'ÉVEIL
SPIRITUEL
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DUMÊMEAUTEUR

LAPENSÉEVIVANTE (4e édition) :


Éditions LeCourrier du Livre
LAPAIXDANSLATEMPÊTE (4e édition) :
Éditions LeCourrier du Livre

©LeCourrier du Livre,
et LaPensée Universelle, 1993

ISBN 2-214-09743-0
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M. A. ROHRBACH

L'ÉVEIL
SPIRITUEL
Accomplissement personnel
par la pensée créatrice

ÉDITIONSLAPENSÉEUNIVERSELLE
115, BdRichard-Lenoir, 75011 Paris
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INTRODUCTION

En notre temps, la science de la pensée progresse comme


progressaient, il y a un demi-siècle, la physique et la chimie.
Nous étions loin de cette évolution, il y a plus de cinquante ans,
lorsque mon attention fut attirée par le caractère psychologique
des paraboles évangéliques. Les milieux religieux que je
fréquentais alors se montrèrent hostiles à toute recherche menée
dans cette perspective. Cela me conduisit à expérimenter les
enseignements de ces paraboles indépendamment de tout contexte
théologique. L'expérimentation fut assez positive pour que de
nombreuses personnes s'intéressent aux applications pratiques
d'une telle recherche et que naisse un Mouvement (1). Depuis
lors, les règles de la pensée créatrice ont été précisées et elles
sont devenues un chapitre de la psychologie expérimentale (2).
Toute voie nouvelle débouche sur de nouvelles questions et
sur de nouvelles découvertes. L'étude du processus de la
pensée créatrice mit en évidence le fait que l'homme participe
à deux "mondes" dont il a une conscience très inégale mais qui
sont indubitablement associés dans lefait même de l'existence

(1) Voir la Note annexe I, p. 179.


(2) La Pensée vivante (Éd. Le Courrier du Livre) ; La Psychologie
expérimentale, de R.S. Woodworth (Éd. Presses Universitaires de France,
Paris)
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humaine et dans la conduite de celle-ci. Il ne s'agit pas du


monde de l'esprit avec celui de la matière, car c'est là une
notion probablement aussi vieille que l'humanité elle-même. Il
s'agit de la distinction entre un monde personnel, discontinu, et
un monde non personnel, continu, sans limites, tous deux
activementassociés dans le déroulementduprocessus depensée
créatrice. Ne considérer que le premier de ces mondes et se
sentir étranger à l'autre, c'est se construire une image tronquée
de la vie et encompenserle videpar descroyances invérifiables.
Cette constatation nous incita à renoueravecnotrepointde
départ évangélique et nous y avons trouvé des confirmations
précises. Les chapitres qui suivent sont tirés d'exposés oraux
ordonnés entre eux. Mais ils peuvent être lus séparément. Ils
présentent, sous des éclairages variés, les relations que la
personne entretient avecson milieu de vie, et conduisentainsi le
lecteur à dialogueravec lui-même.
Pour bien distinguer le mondepersonnel et le monde non
personnel, recourons à laformulation évangélique relative à ces
deuxmondes:
— un mondedésigné commeétant celui d'en bas, sans qu'il lui
soitfait reproched'être ainsipuisque c'est là safonctionpropre ;
c'est le mondepersonnel,
— un monde désigné comme étant celui d'en haut car, pour
vivre dans ce monde, il faut s'élever au-dessus des limites
personnelles ; c'est unmondedenon-personnalité.
Longtemps, nous avons employé les termes personnel et
impersonnel pour désigner ces deux mondes. Mais le mot
impersonnel suggère l'idée d'un fait non vivant alors que nous
voulonsdésigneruneréalité vivanteet universelle quidébordela
viepersonnelle mais ne la niepas. Uneexcellente solution dece
problème réside dans le recours au sens originel des mots
personnel et individuel. C'est cette solution que nous avons
finalement choisie; elle déconcerte un peu, au début, mais
ensuite ses avantagess'affirmentnettement.
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Etant donné que le mot personne désignait à l'origine une


fonction dans la cité, le moyen d'y jouer un rôle, ce mot
désignera toujours pour nous une fonction ou l'instrument de
cette fonction. Ce qui distingue l'être humain du reste du monde
vivant, c'est son haut degré de personnalisation, c'est-à-dire sa
faculté d'accomplir un très grand nombre defonctions diverses
que nepeuvent assumer des personnalisations moins accentuées,
celles du règne végétal par exemple. Au niveau de l'humain, la
vie personnelle est merveilleusement affirmée. Mais cet
instrument personnel est si remarquable qu'il finit par absorber
totalement la pensée de l'homme, qui dès lors ne conçoit plus
que la discontinuité ; il ne sait plus comment interpréter le
sentiment de continuité qui subsiste en lui, sinon comme l'espoir
d'être lui-même immortel.
Le sentiment d'une réalité continue persiste ainsi en chacun
de nous. Cette réalité est intimement perçue malgré les
incessantes sollicitations du discontinu personnel ; elle est le
continu de la conscience, l'individuel essentiel en toute
personne.
Individuel, d'après la source sanscrite du mot, signifie non
séparé, non coupé. Ce mot, malgré l'usage dégradé qui en est
fait actuellement, désigne le monde de l'unité universelle,
éternelle, non conditionnée par le temps ou l'espace.
Dans ces perspectives, ce qui est personnel rend possible
l'action, et ce qui est individuel rendpossible la conscience. Tout
être vivant estfait de ces deux mondes, mais à des degrés divers.
La personne est un instrument admirable qui n'a cessé de
perfectionner ses pouvoirs d'action depuis le moment où elle prit
forme humaine. Ce qui la fait participer à l'autre monde réside
en elle comme une graine destinée à germer et à laquelle elle
doitfournir les conditions d'une germination satisfaisante.
Lorsque ce germe ne se développe pas en nous, nous
sommes comme morts au monde essentiel.
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Passer de la mort à la vie, c'est s'éveiller, se relever,


construire tige, tronc et rameaux, fructifier dans le monde d'en
haut.
Certes, cela n'est pas facile. La naissance physique, elle
non plus, n'est pasfacile quoiqu'elle soit chose naturelle.
Cet éveil spirituel, le docteur Roger Godel (1), à l'ins-
tar de Socrate, l'appelle une maïeutique - un enfantement -
comme Jésus l'appelle une naissance d'en haut (2) :
- Ilfaut que vous naissiez d'en haut,
- Commentcela peut-il sefaire, lui répondit Nicodème ?
- Tues docteur en Israël et tu ne sais pas ces choses !...
Nous ne sommes pas docteurs en Israël, mais nous avons
besoin que l'esprit s'éveille en nous.

(1) DrRogerGodel :Essais sur l'expérience libératrice.


(2) Le terme naissance d'en haut est la traduction exacte de l'original.
Traditionnellement, on dit et on écrit nouvelle naissance ; mais cette traduction
nuit beaucoup à la compréhension du contexte (Jean 3. 1-10). L'édition de
l'Alliance Biblique en 1964rétablit, enfin, le terme exact : naissance d'en haut.
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première partie la pratique


des règles de la
pensee créatrice

CHAPITRE PREMIER

PENSER

Le mot penser vient de "pensare" : peser.


La pensée est tout d'abord une manière de peser ce que l'on
éprouve ou ce que l'on a l'intention de faire, afin d'en juger, de
l'accomplir ou de l'exprimer d'une manière satisfaisante.
Mais l'instinct ne remplirait-il pas mieux cette fonc-tion ?
Il constitue une réponse précise aux circonstances ; les animaux
en donnent d'admirables exemples. Lorsqu'on voit l'homme agir
contre son intérêt ou se détruire lui-même, on est tenté de
souhaiter qu'il ait plus d'instinct et moins d'idées.
Il est certain que la pensée est moins précise que l'instinct,
plus hésitante ; elle nous engage parfois dans des expériences
malheureuses. L'être humain, maniant sa pensée, est capable de
se tromper et il n'y manque pas. Mais par là même il assume un
apprentissage : il exerce son juge-ment, il invente des réponses
nouvelles dont certaines deviennent valables pour tous. Il
s'engage ainsi dans une voie tout autre et bien plus féconde que
celle de l'instinct.
Car la pensée n'est pas seulement, comme l'instinct, un
moteur, une impulsion à l'action. Elle est en elle-même un acte,
avant tout accomplissement visible. Dès qu'un tel acte est
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effectué, dès que la pensée est formée, elle peut être soumise à
un jugement de valeur, comparée à des critères généraux,
canalisée dans certaines voies connues ou à connaître. Cette
action-pensée est donc une action suspendue envuedejugement.
Elle devient un acte contrôlé, perfectible, de niveau très
supérieur àcelui del'acte instinctif.
Il mesemble doncjustifié que dans l'histoire allégorique de
la création de l'homme, il soit spécifié que notre première
acquisition ait été la connaissance du bien et du mal,
connaissance qui fit de l'homme un dieu sur la terre. Il s'agit là
d'une capacité de jugement personnel, d'une capacité de
réflexion qui libéra l'homme de l'inconscience et dont il fit
d'abord assez mauvais usage. Tout apprentissage commence par
de telles maladresses, mais l'apprentissage conduit à la maîtrise.
L'homme doit apprendre àfaire usage de sa pensée.
La pensée se réfléchit sur la prévision des conséquences
possibles de l'acte, sur ses qualités supposées, sur des critères de
bien et de mal. L'acte-pensée est ainsi pesé, jugé par référence
aux critères dont la personne dispose grâce aux informations
apportées par l'expérience et l'éducation. Ces critères sont donc
personnels. Schématiquement la personne peut être représentée
par uneimage prosaïque mais suggestive : unrécipient, une sorte
de cuvette aux bords abrupts plus ou moins élevés, à l'intérieur
de laquelle le moi se déplace comme un corps flottant sur un
liquide agité. Dans la cuvette se trouvent l'ensemble des
informations acquises ainsi que ce qui reste en l'homme de
dynamismes instinctifs. La partie de la cuvette qui dépasse le
niveau du contenu représente les diverses aspirations
personnelles ; c'est une sorte de panneau d'affichage des buts à
atteindre, comme on en voit autour des mairies à l'occasion des
élections. Les informations en provenance de l'extérieur, et qui
ne sont pas orientées dans le sens de ce qui est affiché, sont
généralement rejetées commenon valables.
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L'évocation d'une cuvette n'est pas seulement applicable à


la personne humaine ; elle est valable pour l'atome, par exemple,
à propos duquel des physiciens parlent d'un puits entouré de
barrières depotentiel. La personne est comparable à une nation,
avec sa capitale administrative située au cœur d'un territoire
délimité par des frontières franchissables seulement si certaines
conditions sont remplies ; ces frontières sont des barrières de
protection.
Quiconque veut comparer sa pensée à des critères plus
nombreux et plus universellement valables que ceux dont il
dispose sur les bords de sa cuvette personnelle, doit s'élever au-
dessus d'elle afin deconnaître un au-delà de lui-même.
Celui qui est capable de s'élever ainsi n'est plus
conditionné par ses propres limites. Il jouit de perspectives plus
vastes et il devient capable de mieux conduire sa vie. La vue que
découvre le marin depuis le mât de vigie est plus étendue que
celle qu'il avait à l'intérieur dubateau.
Il faut que quelque chose s'élève au-dessus de la
personnalité, quelles que soient par ailleurs les qualités de cette
dernière. Cequi s'élève ainsi domine et dirige le moi personnel.
Jésus désignait cette élévation comme étant celle du "Fils de
l'homme" (1).
Traitant de la pensée et de ses critères, sujet anodin semble-
t-il, nous voici affrontant des questions essentielles quant à l'être
humain. Mais les découvertes qui nous attendent valent bien
qu'on s'en donne la peine, d'autant plus que l'on dispose d'un
moyend'exploration très sûr : lapensée créatrice.

(1) Dans le langage biblique, le terme fils de... signifie venu de ;


p. ex. "Les fils de l'étranger rebâtiront tes murs." "Les fils d'Abraham
sonneront des trompettes." etc. Voir nos schémas (chapitre XI), ainsi que la
Note annexe II, p. 181.
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Cette forme de pensée consiste en une conception qui se


libère de ses attaches personnelles - c'est-à-dire de la sujétion de
la personne - franchit les barrières du connu personnel et revient
à son heure pour assurer l'exécution dont elle est porteuse (1).
Plusieurs paraboles évangéliques sont très explicites à cet égard,
mais on se refuse généralement à y voir un enseignement
psychologique direct.
En résumé, disons que la personnalité est liée à des lois
d'horizontalité : contenu de la "cuvette", séparation des
personnes les unes des autres, juxtaposition de cuvettes aux
bords plus ou moins relevés, etc.
Quant à la verticalité qui permet l'élévation au-dessus de
soi-même, c'est la voie de l'individuité (2) ou voie du
JE SUIS. Se familiariser avec cette voie est œuvre de longue
haleine parce qu'il est malaisé de se libérer des attachements de
la personnalité dominatrice. Onretrouve ici l'image évangélique
dela voie large et de la voie étroite.
Nous abordons ainsi des problèmes de vie spirituelle. Ces
mots ne désignent pas quelque qualité particulière des contenus
personnels mais bien le fait spécifique de la verticalité, dit aussi
conscience d'unité.
La vie spirituelle est l'esprit de l'univers. Elle est aussi bien
l'ensemble des lois universelles que la force de foi animant ceux
qui sontcapables decontribuer àl'évolution humaine. L'approche
de la vie spirituelle n'est pas sentimentale ni spécifiquement
morale ;elle est faite dedisponibilité envers la vérité.

(1) Voir le chapitre Pensée créatrice (p.15)et, pourplus dedétails, l'ouvrage


LaPensée vivante (Éd. LeCourrier duLivre).
(2) Voir le chapitre X.
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CHAPITREII

LAPENSÉE CRÉATRICE

Les faits qui caractérisent la pensée créatrice répondent à un


schéma commun bien défini : ils se succèdent en trois temps, ou
périodes, dont la plus caractéristique est dite temps d'abandon ou
temps d'incubation.
Le premier temps est celui de l'élaboration d'une
conception, d'une idée, d'une aspiration, à l'aide des données
disponibles, perceptibles. Les objets de cette élaboration sont les
plus divers : œuvre d'art, solution d'un problème, aménagement
d'une existence, etc.
Dans le deuxième temps, la pensée devient créatrice ; c'est
un temps d'incubation, durant lequel le contrôle personnel est
suspendu ou dépassé, un temps d'évolution inconsciente et
silencieuse de la pensée, d'ajustement effectué hors de toute
intervention personnelle. Il présente toujours le caractère d'un
abandon, d'un détachement volontaire ou involontaire. Celui qui
s'est efforcé d'arriver à un résultat sans en trouver les voies, fait
parfois involontairement l'expérience de la pensée créatrice
lorsqu'il abandonne sa tentative, soit par dépit (sans toutefois
cesser de considérer que le résultat visé est souhaitable en soi),
soit par libre décision (car il estime être tenu de s'occuper
d'autre chose), soit enfin par conviction (car il pense que son
souhait doit être abandonné à la volonté divine ou abandonné au
contexte universel) ; les conditions d'une réussite apparaissent
alors comme venant spontanément.
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Le troisième temps est celui de l'exécution, de la réalisation


concrète qui répond aux aspirations exprimées pendant le
premier temps en les approuvant ou en leur apportant divers
ajustements et rectifications. Cette réponse surgit par les voies
les plus diverses, les plus imprévisibles, aux moments où l'on s'y
attend généralement le moins. Tout se passe comme si étaient
intervenues une sagesse, une intelligence, une harmonie, que le
jugement personnel ne pouvait atteindre ; l'artiste se sent mené
par son inspiration, la réponse donnée aux problèmes de
l'existence prend une allure évidente et présente une conjugaison
de facteurs dont souvent plusieurs étaient inconnus de
l'intéressé.
Ce qui surprend le plus, lorsqu'on analyse l'expérience de
pensée créatrice, c'est la sagesse qui caractérise les réalisations
se situant dans le troisième temps. Sagesse esthétique, par
exemple, qui respecte les critères de beauté ou les rend sensibles.
Sagesse morale qui satisfait au contexte humain dans lequel
l'exécution particulière s'insère. Sagesse spirituelle enfin qui
tient compte de faits préparant les événements à venir,
inaccessibles encore à la vision personnelle et pourtant
primordiaux.
Il est naturel qu'une telle sagesse soit attribuée à une
intervention divine ; les croyants y voient la preuve de la
présence de Dieu. Mais cette sagesse intervient quelles que
soient les formes des croyances, et se manifeste alors même que
l'expérience est menée par des athées ; elle peut participer à un
contexte religieux, mais n'y est pas soumise. Elle ne se répète
pourtant jamais sans finalement soulever le problème de la place
de l'homme dans la réalité universelle ; c'est en cela qu'elle
n'est pas comparable à un processus mécanique de relation entre
cause et effet.
Ce qui résulte de cette expérience, lorsqu'elle est
convenablement observée et renouvelée, c'est que la personnalité
cesse aussi bien de se considérer comme une entité isolée,
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capable de se suffire à elle-même, que de recourir


inconsidérément à des appuis extérieurs contestables. Elle ose
choisir ce qu'elle estime le meilleur et travaille à l'obtenir dans
la mesure de ses moyens. Elle sait alors pouvoir compter sur des
résultats qui seront pour elle un enseignement autant qu'une
réalisation.
La pensée créatrice permet de résoudre les problèmes qui
paraissent "tourner en rond" et qui se répètent parce qu'ils n'ont
pas trouvé de solution. La pensée créatrice tend à résoudre les
conflits et à construire les solutions par des conjugaisons
appropriées.
Lorsqu'un problème a trouvé solution sous la forme d'une
telle conjugaison, apparaissent alors de nouveaux problèmes se
situant à un niveau plus élevé et rendant possibles des créations
meilleures. Ce dont les hommes souffrent le plus, ce n'est pas
d'avoir des problèmes à résoudre, mais c'est d'avoir sans cesse à
résoudre des problèmes sans relation avec leurs aspirations.
Pour réaliser des conjugaisons répondant à ses aspirations
essentielles, l'homme doit recourir à l'appui de forces
universelles. Les techniques de pensée créatrice le permettent.
Delà l'immense intérêt qu'elles acquièrent, non seulement pour
élever les problèmes à un niveau satisfaisant, mais aussi pour
aider à mieux connaître les sources de la vie et notre raison
d'être.
Le recours à la pensée créatrice est une forme noble du
comportement humain : l'exercice moral qu'elle implique, en ce
qui concerne notamment les techniques d'abandon, est un
exercice sain, plein de finesse autant que de virilité.
L'intelligence ne peut qu'en être affermie et éclairée. Et si de
vaines croyances s'estompent - justement parce qu'elles sont
devenues sans objet - nul ne se plaindra de cet allègement.
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Ajoutons pour terminer que le mot abandon a toujours,


dans le cas de la pensée créatrice, un sens positif conforme à
l'origine du mot :"mettre à bandon", c'est-à-dire confier au
pouvoir de, s'en remettre à l'autorité de. Que l'abandon soit
voulu ou simplement accepté, il est toujours une manière de se
confier à une vérité plus objective et plus universelle. Le
contraire d'abandonner, dans ce cas, c'est retenir ou garder pour
soi. Ceque l'on garde et retient finit toujours par mourir. Ceque
l'on abandonne à la vie tend à renaître en se transformant. Ainsi
en va-t-il du grain que l'on abandonne à la terre. Ainsi en va-t-il
des pensées auxquelles onlaisse leur autonomie spirituelle.
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CHAPITRE III

PENSÉE VIVANTE

La forme de pensée qui nous est la plus coutumière est la


pensée conceptionnelle ; elle se manifeste grâce à une idée, par
des relations, par un raisonnement, par une image, bref par une
conception.
La pensée conceptionnelle est une pensée personnelle,
dépendante de la personne, dépendante de nos mécanismes
psychologiques personnels. Elle est l'instrument de travail de la
personne, le moyen par lequel celle-ci peut se diriger dans
l'existence et y accomplir des actes cohérents.
Nous ne pouvons avoir pratiquement qu'une seule
conception à la fois. Lorsque nous raisonnons, nous le faisons
par des conceptions successives qui ont un lien logique entre
elles. Dès que l'attention se porte sur une conception, toutes les
autres sont plus ou moins reléguées dans l'inconscient, dans
l'ombre. Ceci est vrai également pour les sens : en sélectionnant
certaines informations, ils relèguent les autres dans l'ombre. Les
perceptions de l'ouïe en sont un exemple typique : on peut
parfaitement entendre quelque chose sans en tirer la moindre
information. D'où la fréquence des dialogues dits "de sourds"...
Le contrôle par audition d'un enregistrement est très significatif
à cet égard et chacun reste surpris de tout ce qui était parvenu à
son oreille sans qu'il l'ait effectivement entendu. Cette sélection
est nécessaire à toute pensée rationnelle ; sans elle, les idées ne
pourraient s'ordonner et nulle pensée abstraite ne serait possible.
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La pensée conceptionnelle est comparable, à cet égard, aux


réflexes conditionnés qui s'affirment en créant autour d'eux des
zones d'inhibition. Toute idée préconçue - au sujet de soi-même
par exemple ou au sujet de quelque croyance - s'affirme en
minimisant ce qui ne la confirme pas et en supprimant aubesoin
toute perception susceptible de s'opposer à elle. Ce
fonctionnement est comparable à celui d'un récepteur de radio
qui reçoit toutes les émissions ; lorsqu'on choisit l'une d'entre
elles, il faut que les autres soient inaudibles.
Or, notre personnalité s'affirme elle-même commele fait la
pensée conceptionnelle : elle minimise ce qui n'est pas elle ou ce
qui ne la confirme pas. Le schémade la personnalité est le même
que celui de la pensée conceptionnelle et que celui du réflexe
conditionné : un centre entouré d'une barrière de protection
faiblement perméable. Ainsi personnalités, pensées et réflexes
sont corpusculaires.
Tous les problèmes de l'apprentissage découlent de ces
règles ; les acquisitions manuelles ou mentales sont strictement
personnelles, enfermées dans les limites de la personne et
mortelles avec elle.
La pensée créatrice et la pensée vivante, en revanche,
dépassent très largementla pensée conceptionnelle.
La pensée vivante, celle par laquelle notre existence
acquiert une signification quant au devenir de l'humanité, est un
rejaillissement de la pensée créatrice, quelque chose de
comparable auxrayons Xqui rejaillissent sur la palette d'un tube
deCrookes.
Lapensée conceptionnelle est lepremier temps de la pensée
créatrice. Elle est conception personnelle, doncpartielle, partiale,
incomplète ; elle est conditionnée par la discontinuité des
possibilités et des informations de notre cerveau. Cette pensée ne
peut que s'affirmer, se confirmer, car par elle-même elle ne sait
pas faire autre chose. Amoinsque, étant abandonnée, elle puisse
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être confrontée avec les pensées d'autres personnes ou avec


celles qui sont en réserve dans ce qu'on appelle encore
"l'inconscient". La désignation importe peu ici ; ce qui compte
c'est l'acte par lequel la pensée est abandonnée ou confiée à ce
qui constitue le deuxième tempsde son existence.
Cet acte d'abandon - difficile à exécuter s'il est
intentionnel, plus facile s'il est spontané - situe la pensée dans
un contexte "d'individuité" (1) ou d'universalité où elle subit un
certain nombre de modifications, de corrections, la rendant plus
apte à s'ordonner avec d'autres pensées. En particulier, sa
barrière de protection s'estompe et la pensée cesse d'être la
propriété de la personnalité qui lui adonné naissance. Libérée de
la subjectivité, nettoyée des impuretés qui en relèvent, elle va
pouvoir affronter son passage dans le troisième temps.
Cequi est conçu dans le premier temps, puis ajusté aucours
du deuxième temps, va tenter de s'exécuter pendant le troisième
temps de la pensée créatrice. Cette exécution s'effectue par soi
ou par d'autres, sous l'effet de circonstances ou de faits capables
d'assurer ou de déclencher cette exécution. Ceci explique
pourquoi l'expérience de pensée créatrice s'accompagne de tant
decoïncidences surprenantes et admirables.
Cette exécution a toujours lieu. Unepensée vatoujours vers
son exécution mais celle-ci n'est pas forcément ce
qu'on attendait ; elle ne se produit pas nécessairement par les
voies jugées normales et surtout elle obéit à des règles
d'opportunité étrangères aux visions trop restreintes de la
personnalité.

(1) Voirchapitre X.
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"M.A. Rohrbach, à l'exemple familier des philosophes antiques, nous
invite à faire silence en nous-mêmes afin de trouver un sens à nos vies et,
ce sens perçu, à le vivre au gré d'une technique ou d'une ascèse engageant
l'être tout entier
Voici un aperçu de ce que publiait le Journal de Genève (page littéraire
et scientifique) en 1966sur l'oeuvre de l'auteur.
La réédition de cet ouvrage s'impose : "L'Éveil spirituel" est une
nécessité pour tout homme de nosjours car il répond à ses inquiétudes par
le biais d'un enseignement simple, amical, direct, pratique et cependant
surprenant par les perspectives qui s'en dégagent.
M.A. Rohrbach nous livre les clefs bienfaisantes de l'accomplissement
personnel par la pensée créatrice, et c'est unhéritage précieux :jugez-en.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.

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