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DES
IDEES-FORCES
PAK
ALFRED POÊLÉE
TOME SECOND
PARIS
tNCtBNNB MBHA!!UB CEKMER BA!LM6M ET C"
FEUX ALCAN, ÉDITEUR
i08, BOOt.BVAaC SAtHT.OBttttttN, t08
i893
y<MM<h'ofM~M<.o~.
LIVRE CINQUIÈME
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loppement des idées. Ainsi pourront se réconcilier, en
ce qu'ils ont de plus essentiel l'idéalisme et le natura-
~&
lisme tes ~M deviendrontdes formes supérieures de la
vie et de la votonté, par cela même des au
lieu de demeurer inactives dans un monde de reflets et de
fantômes.
Il
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CHAPITRE PREMIER
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t/tOËË-POME DU MONDEEXTÈtMKUH
1. l'U.\IIC !lUmoi.\U:fp:o¡-t!OI.
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à l'idéalisine. Construcl!ulI
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PAS~ACE
OUMO)AUMX-HO)
m~
sensations et peut les renouveler en recommençantces
même effort moteur.
achève de faire la part non seulement du
moi, mais même de notre
propre corps par opposition aux
le
autres corps, ce sont tes expérienceso& nous touchons e~
expierons un membre au moyen d'un autre. Par exemple,
lorsque je presse ma M)ain gauche avec ma main droite
jusqu'à éprouver une sensation douloureuse, je distingue
t'eftbrt musculaire dans la main qui presse, la résistance
dans la main pressée, la pression et la douteuréprouvées
~ans cette main et qui varient selon que !'autre main
appuie plus on moins fort. Si je serre la main d'une autre
personne au lieu do la mienne, j'éprouve encore le sen-
timent d'eHbrt musculaire et de résistance, mais je ne sens
plus la pression et la douleur. ~arrive ainsi à distinguer
mon corps de tout autre et à supposer dans tes autres
corps tantôt volonté et douleur, tantôt simplement acti-
vité, pression, résistance, impénétrabilité, force motrice.
L'idéalisme répète sans cesse que tout ce que nous con-
naissons est par cela même </a~ notre conscience que
tes perceptions, sensations et autres choses semblables
sont des faits de conscience que les phénomènes de la
nature nous sont connus seulement sous forme de repré-
sentations, conséquemmentcomme processus psychiques;
en un mot, qu'on ne peut dépasse,. sa conscience, Il y a
dans toutes ces propositions un mctan~e de vérité et
.d'inexactitude. La notion d~'e n'est pas la mCtne
chose que la notion d'objet. L'o~ c'est ta forme que
l'appréhension de ta t'ca!it6 prend dans notre conscience
sous une double série de conditions f celles de ta con-
science en général, 2" celles de telle aHectionspéciale d'un
sens particulier. it est clair que tout objet est pour notre
conscience et dans notre conscience il est ~CM~
Mais nous concevons encore t'être rcet, l'existence de ta
chose en tant qu'elle est < ~a~/ de notre conscience.<ïM~
que notre conscience, !<</<?M~ de notre conscience.
Dira-t-on que c'est là un cerpte vicieux, et mémo une con-
tradiction, parce que c'est toujours notre conscience qui
construit et conçoit cette chose autre qu'elle? Sans doute
notre conscience ta conçoit, mais elle ta conçoitcependant
<comme non elle, comme autre qu'elle, comme n'existant
en elle qu'a l'état subjectif de conception, non à l'état
objectif d'existence. Avec le raisonnement des idéatistes,
il faudrait soutenir que je no puis concevoir un temps ou
je n'existais pas, par exemple le siècle de César, puisque
ce temps où ma conscience n'existait pas est cependant
dans ma conscienceà l'état d'idée et conçu par elte. Pour-
tant, il est bien certain que je c~MfMe ma consciencequand
je conçois le siècle de César, et encore bien mieux quand je
conçois te trentième siècle, où je n'existerai plus. N~est-it
pas étrange que les idéalistes nous refusent le droit de con-
cevoir le négatif, l'autre, te digèrent, et d'appliquer ces
notions & la conscience même prise en son tout? D'une
chose toute simple its font un mystère insondable. Et
leur dialectique repose sur deux métaphores la
conscience et A<M' de la conscience, comme si la con-
science était une sphèrematérielle où pénètrent des rayons
du dehors et que tout rayon saisi par la conscience
lui fût nécessairement M~'eMr. Mais la conscience
n'est pas une région de l'espace ni du temps; le seul fait.
d'avoir conscienced'une sensation présente, joint au sou-
venir d'avoir eu conscience d'une sensation passée et con-
traire, nous permet déjà de concevoir, au delà do la sen-
sation présente, d'autres sensations possibles, et, derrière
cette possibilité de sensations, une activité réettc autre que
notre sensation même. L'animal, nous l'avons vu, objective
en dépit de la métaphysiqueidéaliste et sans avoir besoin
de tant de raisonnements.
Une autre ambiguïté du mot conscience, c'est qu'il
désigne tantôt une série de faits et d'événements, un con-
tenu, tantôt une certaine manière de connaître, un acte
de connaissance. Or, comme acte de connaissance, la
conscience peut fort bien dépasser son contenu actuel
pour concevoir un autre contenu possible elle peut même
concevoir négativementquelque chose d'autre que la tota-
lité de son contenu. Pour combiner la négation non avec
i'idée moi (non-moi), ou pour combiner l'adjectif autre
avec le substantif moi (autre que moi, différent de moi),
il n'est nullement nécessaire ~tc « dépasser son moi M,.
de monter pour ainsi dire au-dessus de soi-même par le
moyend'une « conscience intetlectueMe ~) imperson-
ncllc, éternelle, ou d'un « acte de raison pare »,
». Point D'est
besoin d'une faculté extraordinaire et mystique pour con- <
ce~oir une négation, ni pour mettre le signe a la place r
du signe -+. La ~~ër~cc est la chose du monde qui nous <
est le plus familière, puisque nous n'avons une conscience
distincte que des diMrences nous sommes donc habitués
à concevoir ou le contraire de ce que nous sentons, ou "<
quoique chose de dinerent. Un son n'est pas une couleur;
il est non-couleur, oM~'e que couleur. Nous n'avons qu'à
oontinuer ainsi quand nons arrivons au groupe des
sensations, émotions ot appëtitions qui nous constituent, il
ne nous est pas difficile de concevoir autre chose que
notre moi, comme nous concevons autre chose que ta
.couleur, ou le son, ou l'odeur. Un coup qu'un autre nous
donne, un objet qu'il nous enlève, nous fait faire tout de
suite connaissance avec un ordre do phénomènes qui
dépend si peu de nos désirs qu'il les contrarie c'est le
MOM-MM! et ce non-moi ne reste pas a l'état d'entité méta-
physique, abstraite, car a la forme, par exemple, d'un
homme qui nous frappe ou qui nous prend notre mor-
ceau de pain, d'un animal qui nous mord, etc. Nous
retrouvonsdans ce non-moi des mouvementset des formes
qui nous sont connus en ~MM-~m~. Nous y voyons notre
image comme en un miroir, mais une image qui se re-
tourne contre nous.'nous bat, nous fait mal, nous résiste
Je non-moidevient autrui, il devient co~ ou lui, un autre
homme, un autre être vivant en chair et en os. L'objecti-
vité s'impose sous forme de résistance à notre volonté. j
Nous n'avons pas besoin de monter en quelque sorte sur l'
notre propre ~te pour contempler un horizon de « M~c
infinie, de )'ea~ absolue M. Encore moins avons-nous
besoin, avec Fichte. d'invoquer le ~eeOM' pour attribuer
une réalité à la bote qui nous mord ou à l'homme qui
<nous fait violence. Mais le plus étonnant, ce serait, avec
(t) M. LachcHer.
Renouvior, d'invoquer une croyance libre, un acte de
libre arbitre pour objectiver ce qui nous contraint, ce
qu'MyademoinsMbreaumonde. Est-ce ontairement
que la brebis croit à l'existence du loup qui ta dévore?
Elle n'est que trop forcée (t'y croire.
Les difncuttés que les métaphysiciens accumulent sur
cette question viennent de la façon û/c~/e dont ils
posent te problème, en termes abstraits et symboliques.
i!s partent d'abord d'un moi qu'ils supposent tout formé,
et fermé, d'une monade en possession de soi par la con-
science ils prêtent môme & ce moi une conscience de son
unité, de son identité; puis, après avoir ainsi clos toutes
les portes et fenêtres du moi sur le dehors, its se deman-
dont comment le moi pourra sortir de soi. En outre, nous
avons vu qu'ils assimilent métaphoriquement et géomé-
triquement la conscience à un M/MM)', & un </ee~ le
monde à un e~w, & un <i~û/v ils posent donc le pro-
blème en termes d'espace, ce qui le rend insoluble,
puisqu'il faudrait alors sortir hors de soi.
La vérité, c'est qu'au début la conscience est< une
collection de sensations multiples, de phénomènes et de
représentations de toutes sortes, un panorama diversifié
et confus, une procession vertigineuse d'apparenceschan-
geantes. La seule unité est l'appétit sourd de vivre, qui
subsiste sous cet amas incohérent et qui se sent vague-
ment tui-mëme. Mais cet appétit ne dit pas encore M<
ne se représente pas en opposition et en séparation avec
un mo~ide extérieur. Nous n'avons donc dès l'origine qu'un
sentiment tre~ vague d'unité, et un sentiment plus clair de
pturaHtc; en outre, nous avons le sentiment du désir et
cetui de S'opposition au désir. ~Lo reste n'est plus qu'af-
faire de groupement et de classification il n'y a plus qu'à
construire dans t'imagination, par le procédé que nous
avons décrit, des centres d'images divers ta conscience
se polarise spontanément, et ses deux pôles sont le voulu,
teMOM-fOM/M, derrière lequel, nécessairement nous repla-
çons une volonté ou activité, mais non ptus ta volonté autour
de laquelle nous groupons tout ce qui provient de notre
propre appétition. y a ia un effet d'optique interne et de <
perspective toute naturelle. Les appetitîonscUes sensa-
tions se distribuent régulièrement selon leurs apports'de
<ait, si bien que, pour notre conscience, des centres
divers se forment dont l'un finit par s'appeler moi, et les
autres t~oM~, /M~ etc.
Selon Riehi, on s'en souvient toute sensation étant te
discernement d'une différence entre l'état actuel senti et
un autre état non senti ou inconscient, la sensation se
trouve toujours en rapport avec du non-senti, et c'est c&
non-senti qui devient « le réel » au delà de la sensation.
Nous avons déjà répondu qu'on ne peut pas établir un
rapport entre un terme donné à la conscience et un autre
qui ne l'est pas. C'est entre deux états de. co~c~M qu'on
peut saisir une diMercncc. Ce n'est pas le non-senti et l'in-
conscient que nous objectivons sous forme de au delà
du senti, c'est au contraire le senti et le conscient que-
nous continuons au delà du MOM-uoM~ du /0rc~, surtout si
ce/b~~ est douloureux. C'est donc bien dans t'appctition
et dans sa limite qu'it faut chercher Forigine du contraste
entre moi et non-moi. L'existence ne se mesure pas seu-
lement pour nous au pâtir, mais encore et surtout a l'agir.
Nous projetons hors de nous une action plus ou moins
analogue à la nôtre, et c'est cette action, placée ainsi
derrière nos sensations, qui devient objet, et objet ~e/.
Une fois construite, Fidee d'objet est, par excellence,
idée-tbrcc t'être qui conçoit les objets agissant une
sur iui,
et sur lesquels i! peut réagir, ne réagit pas de la même °
manière que t'être qui nc~conçoit ni tes objets, ni leur
action, ni sa réaction possible. Dans le second cas, ia
réaction n'est que mécanique; dans le premier cas, etie
est en même temps psychique, et elle onre un degré de
complication bien supérieur. Eiie a beau être toujours
déterminée, c'est un déterminisme dans lequel le sujet
réagit sur l'objet par Hdée même qu'il a de cet objet.
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Il
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MÉ8 CM AUTM3 MOt. LEPACTBUBSOCMt.
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fi Au Heu de Fidee du M~c< en généra! ou de
examinons de plus près t'idée des d!M~ ~M<.
Nous avons rappeté tout & l'heure que Fichie n'invo-
qua~ rien moins que te devoir pour être cer~m de l'exis-
tence d'autres hommes, parce qu'i! partait d'un moi sup-
posé seut et ayant !c privMege de se concevoir dans son f',
indépendance. En Angleterre, CMnbrd et ses imitateurs
ont fondé ia métaphysique, « ta metempirique H, sur le
fait même que nous admettons d'autres consciences ana-
togues à notre conscience selon eux, ces autres con-
sciences ne peuvent, comme tes phénomènes matëriets
encore inconnus, devenir pour nous objets de conscience f w
cites sont donc rejetées en quelque sorte de notre con-
science, ou actuelle ou possibte, et ettes constituent des 1,'
non des objets. A ce compte, tes animaux eux-
mêmes fëfaicnt de la mëtempirique en supposant chez
aux teurs.
leurs semblables des sensations et des volontés analogues
D'après notre précédente analyse, it n'est pas plus difu*
cite, et peut-être même il est plus tacite de concevoir une
autre conscience qu'un objet matériel quelconque, itya
toujours ia un simple onet de déduction, de projection et,
en définitive, d~imagination. Je puis me figurer très aisé-
ment des sensations, des émotions,des appétitions comme
les miennes; l'imagination n'a pas pour unique objet des
phénomènes dans l'espace elle route aussi sur tes phé-
nomènes dans te temps et sur les ~c~ conscients de ces.
phénomènes. Vous concevoir, pour moi, c'est simplement
vous construire par cette imagination psychologique qui,
chez les romanciers, devient la faculté dominante. Vos.
phénomènes de conscience sont simplement les miens
affectés de la négation ~w miens votre moi est un moi
aNecté de la négation non moi.
Ajoutons seulement que le facteur social est, ici encore,
do majeure importance. Loin de naitre itolé dans sa
monade, l'être vivant, surtout l'homme, nait en relation
avec d'autres êtres semblables à lui. Par hérédité, il a déjà
une prédisposition cérébraie à construire la représenta-
tion de ses semblables et à la reconnaître. De même qu'il
y a des peurs instinctives devant les formesd'animaux qui
sont t'~w~K /Jc~s~ il y a des sympathies instinc-
tives devant les formes de l'ami héréditaire. Nous ne disons
donc pas d'abord ~KM nous dirions plutôt MM~, si nous
pouvions parler et traduire en motsnotre dispositioncére*
braie. Notre conscience est sociale par essence si olle a
une centralisationnaturelle autour de l'appétit, elle a aussi
un mouvement d'expansion naturel vers d'autres êtres éga-
lement sentants et doués d'appétit. La représentation d un
être semblable à nous est donc aussi automatique à l'ori-
gine que la vision de notre image dans l'eau ou dans un~
miroir. Il suffit, encore une fois, de nous apercevoir que
cette image ne dépend pas de notre volonté, de notre
centre d'appétitions, pour la concevoir cM~'c et <XM~
co~o~, amie ou ennemie. Le zoomorphismeest ta méta-
physique instinctive de tous les animaux, et 11 se réduit a
une simple combinaison d'images.
Une fois construite, la représentation des autres êtres
devient une idée-force, ou plutôt une collection d'idées-
forces toujours présentes à notre conscience, avec les-
quelles nous romptons toujours, et qui manifestent leur
influence dans tous nos actes, dans tous nos mouvements.
Nous ne commençons pas par avoir des autres êtres une
idée contemplative et théorique nous n'en avons à i'ori- <~
g!ne qu'une idde émotionnelle, appetitivo et pratique. Le
monde se divise pournouscncequiestdësirabic etcequt
est redoutable, en amis et ennemis; ii y a pour l'animal des 0
choses bonnes ou des choses mauvaises,des êtres bons ou
des êtres méchants, c'est-à-diredes formes qui attirent et
des formes qui repoussent, des images de jouissances ou
des images do souHranees sous te! aspect visible, tan-
gibte, etc. En même temps que tous les objets se classent
ainsi par leurs attributs appctitifs, des mouvements pour
réagir s'organisent, soit d'aversion, soit d'appetition pro-
prement dite. Le monde des représentations est donc aussi ,(
un monde d'images motrices. L'être doué d'appétit tout
d'abord ballotté au milieu des flots qu'H pousse etestqui le
repoussent c'est seulement bien plus tard qu'il pourra sa
retirer en quelque sorte sur le rivage pour contempler par
l'intelligencele grand tumulte de !a mer. Le métaphysicien n
alors se demandera comment il a pu passer du moi au non-
moi c'ost-a-dire qu'après avoir artificiellement séparé
deux termes inséparables, ii cherchera vainement
un
moyen naturel de !cs ramener it cette continuité qui est
la vraie loi de ta vie et de la conscience.
CHAPITRE DEUXÏËME
'o
L'tDÉE OB L'ESPACE. 80!< OR!C!?)B ET 80~ ACTION a~
LCafact&re&<aM;ejHenstf,tntcn!'tfetp)'o«'n:)fde!<'tat9deMn!t<!icncc.S<'nt)mont
1.
pttnMfdtat de la t<o !Mer()or~o et étendue. des (.enstruettott t)e )'Hee d'Mpaeo.
M)o de ta vue, du toucher et des <mtrM sens. )A troisième dtntcneton. Mb du
MXUmcnt de ta pesanteur )tt. CanteMM actttct moteur do la Mrccpttoo.
tV.8ubjectM!6de t'<d<!od'espace.
1
~M'<M?wd; il se déploie et agit au beau milieu de l'océan
Matériel. En un mot, la vie est une fonction essentielle-
mont GxtensivG et motrice l'appétit est en travail dans an
organisme étendu, toujours recevant et restituant du
mouvement. Vivre, c'est désirer; désirer, c'est agir; agir,
-c'est mouvoir; mouvoir, c'est déplacer des corps dans
l'espace au moyen d'une transformation d'énergie. Com-
ment donc n'v aurait-il pas dans la conscience, avant
même qu'elle ait à s'occuper de l'avenir et fût-eilo réduite
au jM'~M~ qui est le plus ~~M/, comment, dis-je, n'y
aurait-il pas dans la conscience un état général répondant
à la totalité des impressions de l'organisme, à la somme
des actions qu'il exerce ou subit a la fois dans toutes les
directions de t'espace? Cet état générât est la cœnes-
tbcsie; or cette comesthésio est, selon nous, un état de
conscience M~M~ c'est-à-dire percevant synthétique-
ment l'étendue de l'organisme,de même qu'elle est un état
de conscience intensif, c'est-à-dire percevant synthéti-
quement l'énergie de l'organisme. Il faut bien qu'il y ait
dans la conscience, dès l'origine, quelque mode répon-
.dant à l'extension corporelle, de môme qu'il y a quelque
mode répondant à l'intensité corporelle. Cette manière
d'être et de réagir propre & la conscience n'est point une
/(MWC, ni une sorte de cadre intellectuel a ~o~ c'est un
ctat général en corrélation avec l'étendue de l'organisme,
c'est un ensemble d'impressionsvenant de partout et pro-
voquant une réaction du centre dans toutes les directions
c'est un rayonnement véritable, une sorte d'irradiationdo
la vie comme celle d'un foyer de chaleur. L'être vivant a
donc, au fond de toutes ses perceptions, la perception
essentielle de son organisme, et c'est sur ce fond de
tableau sensitif, nullement intellectuel, que viendront se
dessiner et se détacher les diverses sensations.La co~r~-
./<bM intellectuelle de l'espace sera l'extrait quintessencié
<le ce sentiment primitif mais la vie extensive, par sa
simultanéité d'actions et de réactions, donne déjà à la
conscience le sentiment obscur d'une extériorité mutuelle
.de parties diverses et liées. A la conscience pure des kan-
tiens nous substituons ainsi, au début, la conscience
~o; ~<
Si l'on dit qu'il est difncite d'avoir conscience de
cette conscience, nous repondrons qn'i! est encore plus
difficile devoir conscience de sa conscience pure, car,
après tout, nous nous sentonsvivre, et vivre sur terre, cor-
poret!emcnt il est douteux que nous ayons le pouvoir de
nous apercevoir a l'état idéal de pur esprit. it faut être
Aristote pour s'étevcr à la w~MM?.
Le caractère extensif du sentiment de la vie corporelle
devient disccmabie en se diiMrcnciant selon les divers.
organes et les diverses sensations. Les sensations venues.
des organes internes et du corps entier ont une exten-
sivitë que t'écote anglaise a excellemment décrite sous le
Nom de sensation ~MMK'MeM~ qu'on vous jette un peu
d'eau froide sur les mains, puis qu'on vous plonge tout
entier dans !'eau froide, il y aura entre tes deux sensa-
tions une di<Mrcnce d'intensité, mais i'unc n'est-ctie pas.
aussi plus volumineuse, plus massive que t'autrc? n'avez-
vous pas le sentiment d'un plus grand nombre de par-
ties intéressées il ia fois, le sentiment d'une coexistence
ou simultanéité d'actions subies et formant une masse,
quelque chose d'ëpandu, d'ctaid dans tout l'organisme,
quelque chose qui vient (dira plus tard t'être pensant) de.
partout à la fois ? Vous ne savez pas encore ce que c'est
que pat-tout, direction, position, parties, etc. mais il y a
déjà dans votre ccenesthésie un changement sensible répon-
dant au caractère massif et & la ~M</eM~ des impres-
sions. Sans celu, même en ayant déjà l'idée de l'espace,
vous n'arriveriez jamais a distinguer les cas où c'est-
votre main seulement qui est allectée et ceux où c'est votre
corps entier. Une sensation de cbateur au bras peut être
intense jusqu'à la brûlure une sensation de chuleur par
tout le corps peut être, en somme, moins intense; mais-
vous éprouvez quelque chose de plus eyA'dans le der-
nier cas, et de plus dans le premier. Vous êtes.
touché de partout ici, et vous réagissez dans tous les sens,
avant même de savoir ce que c'est qu'une direction et un
-sens de mouvement. On dit c'est qu'il existe des ~~M
locaux, et, dans un cas, un plus grand nombre spnnnM-
Sans doute mais comment interpréterions-
resses.
no)M ces s~ si nous n'avions pas à quoi les rap-
porter? Supposons qu'il n'y ait dans notre sentiment
séaérat de la vie rien d'extensif, et qu'il n'y ait non plus
rien d'extensif dans tes états de conscience ~M:
appelés signes locaux nous aurons beau combiner tous
les signes entre eux, jamais ils n'arriveront à nous idon-
ner la notion d'étendue, dont Us ne contiennent pas élé-
ment. Nous serons comme en présence d'une langue.
impossible & traduire, faute de clef. Puisqu'on dit signe
local, la sensation-signe doit être signe d'un rapport
à retendue, d'un lieu ou plutôt elle doit avoir en elle-
mën.c, sans distinctionde lieu précis, le caractère exten-
sif qui, joint asa~Ma~ propre, permettra plus tard de
construire l'étendue, et de localiser ici, non là. Prétendez-
de la /<
vous que nous interprétons les signes locaux
à priori? Impossible. Vous
part une forme vide, absolument uniforme, homogène,
au moyen
avez d'une
j
la direction des mouvements, qui implique l'espace, Stuart
atitt répond que ses adversaires « auraient été plus près
de la vérité si, au lieu de dire que ~'ec~'<w signHIo
c~acc, ils eussent dit qu'espace signifie direction. L'es*
pace est l'ensemble des directions, comme te temps est
celui des successions. Par conséquent, postuler la direc-
tion, c'est postuler non pas t'espace, maist'ciémcnt dont
ia notion d'espace est formée. H Cette réponse de
Stuart Mitt est contraire aux faits nous ne concevons la
direction que par l'espace et dans l'espace, et nous la con-
avoir te
cevons plus tard que t'extensivité vague on peut
sentiment de l'étendue, comme nous ne le verrons, sans
attentive
aucun sentiment de direction. Une observation
aveugte-né avait
pendant trois semaines entières sur un
persuade Ptatner qu'un hommo privé de la vue ne
perçoit que l'existence de quelque chose d'actif, din'ércnt
de ses propres sentimentsde passivité, et qu'en générât il
ne perçoit que la din'6rence numérique des impressions
ou des choses. « En fait, pour les
aveugtes-nés, ic temps
/<eM <f~M'ce. Le voisinage et la distance ne signi-
fient pour eux rien de plus qu'un temps ptus court ou
plus long, un nombre plus petit bu ptus grand de sensa-
tions, qui sont nécessaires pour passer d'une sensation
a l'autre (1). » Nous répondrons que Piatner n'en
pouvait rien savoir et qu'il se borne à <aire une hypo-
thèse; de plus, cette hypothèse est contraire à l'expé-
rience. U y a dans les sensations mêmes du tact, de l'ouïe
et surtout des organes internes, autre chose que ildes
différences MM~M ou des dinérenccs de /<?~ y
dtstingue
a une extensivité vague un aveugle, lui aussi,
/o~ son corps d'une de son corps. Nous croyons
donc que la construction anglaise est utopique, tout
comme si, avec la sensation du jaune et celle du bleu,danson
prétendait construire la sensation du vert. Il y a
toute sensation et môme dans toute nuance de sensation,
il y a dans tout état actuel de conscience quelque chose
(<) James Ward se sort ici du mot «paWneM; H!eM, do mot OMMe*
MttMHdeï'.
lectualistes, soit rationalistes, soit empiristes, se
sont donné carrière. Nous ne saurions admettre avec eux
que ta coexistence soit construite dans notre esprit par-
te renversement de deux séries successives (comme les
sensations nécessaires pour parcourir des yeux uue table
de gauche & droite et de droite à gauche). Nous croyons
que la notion de coexistence nous est fournie immédia-
tement par ta rée!tc simultanéité en nous de sensations
distinctes, surtout celles du" sens de la vie. Ma!s la coexis-
tence, en cttc-méme et à elle seule, n'est pas nétessai-
rement spatiale. Qnt ne connaît l'objection tirée des sons [
simuitanésd'un accord, tesqxr'ts ne sont pas une simutta-
neite dans l'espace? Pour que ta coexistence ait un pre-
mler caractère extensif, non plus seulement intensif ou
protensif, il faut qu'clic soit la coexistence de toutes
les impressions venant des diverses parties de notre corps
et ayant chacune un caractère propre, une couleur locale.
La cocncsthésie est un concert continu où chacun de nos
organes fait sa partie et ou ~ë fondent un grand nombre
de voix, ayant chacune un timbre particulier, tt y a en
nous le sentiment continu de choses coexistantes,durables
et, en une certaine mesure, invariables/puisque, sous
les sensations diverses et successives, nous sentons ton-
jours un même fond de sensations simuttaneas, fourni par
l'ensemble des parties corporelles, assurant la perma"
nence des signes locaux toujours en fonction or ce
sentiment de notre corps est déjà extensif, parce qu'il
enveloppe le vague sentiment de jM~M coexistantes et
constamment coexistantes.
2° Toutefois, il manque encore un élément caractéris-
tique t~.p/c~o/ des parties par rapport à nous et entre
elles. L'extériorité par rapport & nous nous est révetëe
par la résistance et l'effort. tt y a là une conscience de
répulsion réciproque qui est l'origine de l'idée d'impéné-
trabitite; cette conscience établit entre tes choses une bar-
rière, une séparation plus profonde que ne le pourraient
l'obstacle une sorte de e~
faire, à eux seuls, les signes locaux. La résistance donne à
conséquemment de eorpo-
moi.
reité, de matérialité, commequand on se heurte & un mur.
Il y a donc là quelque chose de vraiment externe qui so
détache do la cfonscience du
Reste l'extériorité des parties entre elles, qui a pour
marque non plus seulement la distinction,ni même l'oppo-
sition des parties, mais leur position. Peut-on dire qu'une
sensation isolée, une.seule sensation ait un attribut de
~MM~!OM locale? Non il faut pour cela un rapport entre
elle et d'autres sensations. La place d'un point ne peut
pas être déterminée sans un rapport à d'autres points
établissons donc en principe que toute localisation sup-
pose un certain nombre do sensations simultanées. En
fait, une impression produite sur un point de notre corps
ne peut rester absolument isolée elle s'irradie vers
d'autres points plus ou moins voisins du premier. Lorsque
cette excitation de plusieurs points par irradiation s'est
produite un certain nombre de fois, l'habitude établit une
association entre ces points, conséquemment entre les
sensations qu'ils nous fournissentet dont chacune a une
nuance propre. Mais la qualité particulière de chaque
sensation, qui la rend discernable des autres, ne pourra
devenir signe local que si, de quelque manière, nous
avons des points de repère dans l'espace; car cette
qualité sensitive n'est pas par elle-même une situation,
elle n'a pas sa position ~e/~ et puis-
qu'une position, encore une fois, n'est telle que par
?'<M <<'a«/rM points donnés. Il faut donc admettre
que c'est seulement l'ensemble des sensations qui prend
une forme spatiale et locale, par l'établissement de rela-
tions d'un genre particulier au sein de notre ccenes-
tbesic. L'ensemble de toutes nos sensations corporelles
est extensif; quand plusieurs sensations se détachentsur
cet ensemble, elles ont non seulement une qualité senso-
rielle ~M! j~cy'M, mais encore une qualité locale, répon-
dant aux lignes de communication qui s'établissent par
l'habitude entre nos organes. D'ailleurs, nous ne pouvons
pas plus expliquer ce mode de représentationque la sensa-
tion du blanc ou celle de l'odeur de rosé. l'
Outre tes élémentsqui procèdent, ne faut pas ouMîer~
dans la formation dû l'idée d'espace, ce que tes Anglais-
appellent les sentiments de mouvements, feelings of
~Mo/~M. La notion de mouvement implique celle d'espace,
mais les sentiments corrélatifs au mouvement ne présup~
posent pas la ~/tOM d'espace. Par ces sensations de
mouvementnous n'entendons pas des impressions de pure
succession temporelle. Qu'un objet sur lequel nos yeux
étaient fixés se meuve tout d'un coup rapidement, nous
avons, môme indépendammentde toute idée d'espace ou
de mouvement, une certaine impression spécifique, très
dincrentc de celle que nous éprouvons en entendant le
son M~, puis le son C'est cette impression que, sans
présupposer l'idée de mouvement (ce qui serait un cercle
vicieux), on appelle sensation de mouvement, c'est-à-dire
impression particulière produite subjectivement par une
chose qui, extérieurement, se meut. Les sensations de
ce genre ne sont pas des conclusions de raisonnement,
des constructions de la pensée qui dirait !'ctince!!e
jaillie du foyer était au premier moment & tel point, au
second moment à tel autre point; donc elle s'est mue.
Dans le temps nécessaire a l'apcrception (et qui n'est pas
infiniment petit, mais mesurable), nous ~oy<~ te mou-
vement nous le voyons, dis-je, nous no le conctuons pas:
nous avons un mode particulier de sentir, d'être nuecte,
qui correspond en nous au mouvementextérieur et qui, si
le mouvement est rapide, soudain, peut aller jusqu'à nous
faire tressaillir par contre-coup. Comme le mouvement est
analysable en positions occupées a divers moments par le
mobile, une foule de philosophes, après Kant et Schopen-
hauer, ont nié à tort !a possibilité de sentir ou percevoir
ïe fait du mouvement actuel ils ont attribué au chien qui
voit fuir le iièvrc, à i'enfant qui voit passer une bougie
devant ses yeux, une analyse plus ou moins consciente des
positions successives. Sur votre montre, quand vous vove&
la petite aiguille à midi après t'avoir vue à huit heures,
vous <M/crM sans doute qu'elle s'est mue; mais, regarder
directement l'aiguille à secondes, vous la CM'~ se. mou-
voir. Si nous étions obligés d'analyser un mouvement
visible depuis le point de départ jusqu'au point d'arrivée
et d'analyser aussi l'intervalle de temps qui les sépare.
mouvement L
nous serions aussi embarrasséspour sentir le
que Zenon d'Eiée pour le comprendre. Mais, de même que
le mouvement se réalise de fait en dépit de nos raisonne-
ments de même nous le voyons se réaliser sans avoir :1.,
<
i
de
~~n~~
riorité ~0~ l'impression do mouvement
~«~~
l'extériorité
séparation au sein même de la continuité.des choses, leur
mouvement soit de celui qu'on exécute,
.soit do celui qu'on perçoit au dehors, été un des prel
miers et des plus importants résultatsa de ta
naturelle dans la lutte pour la vie. En effet, sélection
vivre,
mouv~rvers une proie quelconque,pour et
semo~
'voir à l'opposé des
?~T~
à t-e de vous leur proie. L'animal,
cela se meut
cherchent eux-mêmes
~ven!~
sa proie l'ennemi
révèle la proie, c'est le mouvement qui revête
t'ennemi. !t faut que ranimât devienne habile à aussi
te mouvement et qu'il soit, a l'égard de discerner
~?'
sur un perpétuel
que confirment tes
montré
le long de la série animale, le
ce qui se meut,
Les sensations de~mo~ement
ont donc dis se trier do bonne heure, s'intégrer, diS-
tu~'l~ MchSe~e~S se
nombreux exemples que,
mouvement est la qualité
~V~
par laquelle les animaux attirent le plus aisément l'attention
autres animaux. Pourquoi l'animal qui
ia~' a peur semble-t-il
S~
il ne songe nullement à imiter
ta mort; mais la crainte, en produisant
l'empêche d'et~~M par une sorte de para-
~S'y~
~i~
son ennemi; son immo-
moucheimmobite n'est pas remarquée;
l'aperçoit. Une ombre peutêtre trop
faible pour être perçue: cependant, dès qu'elle se meut,
nous la voyons. Schnetuera montre que Nombre
en mouv~
quand elle a une intensité
que Intensité qui lui serait nécessaire
pour être vue au repos. Si t'en tient un doigt immobHe
soleil,
quons pas la présence de ce doigt; sinous ne remar-
on lui imprime
un mouvement de va~et-vient, le discernons Une
perception visueMe dé ce genre nous
reproduit les conditions
de la vue chez les radiés. William Marnes
remarque avec
raison que, m&me aujourd'hui, in principale fonction des
régions périphériques de la rétine, c'est, d'être des
sentinelles qui, des que des rayons de lumière se meu-
vent sur eiies, crient: quivatà? et appellent le foyer
visuel du côte de l'objet. Beaucoup de parties de la peau
remplissent le même onice, par exemple le bout des
doigts, organe du tact par excellence.
Commele mouvement*ne peut avoir lieu en fait que dans
une </M'<M~'oM ~c/ï~!< on a nid t'impossibititc de percevoir
le fait du mouvement sans p<h'cevoir ta direction. Des expé-
riences fort simptMdémontrentcependant le contraire (1).
Wiiiinm James cite i'cxpcricncc suivante. Supposez, sur
votre bras, deux points ~par6s par un intervaHc assez petit
pour que les deux extrcmiîcs d'un compas, placées sur
ces deux points, produisent une seule impression puis,
entre ces deux points, qu'on trace sur votre bras avec un
pinceau des lignes dix fois plus petites vous sentirez dis-
tinctement le mouvement et vous ne sentirez que très
vaguement la direction. Le sens du mouvement, étant
beaucoup plus délicat que le sens de la position et de la
direction, ne peut donc en être dérivé. !i y a des expe"
riences où vous ne pouvez pas compter et distinguer les
cinq doigta d'une main, et où Cependant le ptus léger mou-
vement d'un des doigts est pcr~u comme mouvement, et
rien de plus. Exner a~fait votr à quel point le sens,du mou-
vement est une forme primitive de la sensibilité, en démon-
trant que ce sens est bien plus délicat que le sentiment
même de la succession dans{c temps. Deux étincellescicc-
triques apparaissenten succession rapide, l'une <i! c~e
de l'autre, et ~observateur doit noter si c'est l'étincelledu
côté droit ou ceite du côté gauche qui est apparue la
première. Quand l'intervalle de temps est réduit à 0,OM'\
le discernement de l'ordre de succession dans le temps
devient impossible; mais, si les étincelles sont assez rap-
prochées dans l'espace pour que leurs cercles d'irradiation
~1~II"3~rJ1~1~1~~r~~C:I":t
la volonté pour i tntrlit rnee, pou~ ~Clrr:I~o}'t~td~:rld~g~
iasrnsibilitt. t'otuntbda
Idéal. g. i.e nroï aociat. paint
soi af~rmationdu sai
do moj
de Clllllt'Meneeentre l'indivtdu
des tactrurs sociaux dans
«-ndMt& M~M~rMK.MnXc
tendent à S6 trolls! ou
se con~'l1nl,
~<
l"Iifée du 11101. ComlRent le mnt
du
rt la aorïbté. de moi
rt eationnei rst
mol ct c~Me de son )dc.
t.'tDËB BU MO!
SSun~
mouvement, conmc elle réalise la conscience
Xcf
laissent une trace.
la deux
seulement, dansdes con-
successives du mobile vivant
Imaginez une fusée sentante, tancée dans l'espace
au
milieu d'une foule d'autres fusées: chaque étincelle qui
Mo et meurt sera une sensation. Cotte poussiuro iumi-
ncuse, comme tetle, ne saurait tertner une conscience.
Mais supposons, à l'intérieur de la fusée, un appareil
opaque et photograpttique capable de photographier
toutes ses étincelles, tout son trajet brittant, et même le
trajet des autres fusées: ce sera une sorte de mémoire, si
la fusée sent a la fois sa lueur présente et les images
alfaihlies de ses lueurs passées, disposées selon une ligne
fuyante. Tout cet ensemble se distinguera même de l'en-
semble des impressions lumineuses venues des autres
fusées d'un côté sera le groupe du moi, de l'autre celui
du non-moi. Sans doute il y a dans l'être vivant
liaison, une connexion intime qui n'existe pas, dansune lu
fusée, entre les grains de poudre séparés qui s'enflamment
successivement. Mais ce lien ne suppose pas nécessai-
rement un centre indivisible, un être simple, une monade.
La continuité et la réciprocité d'action existent partout
dans la nature c'est la grande loi et le grand mystère
une fois ce point admis, une fois ce lien WM<w.~ reconnu
(ce qui est le fond même du déterminisme), les individus
ne sont plus que des concentrations relatives de ta sen-
sibilité universelle. Les individus ne sont pas des séries
de sensations détachées, des collections d'étincelles,
mais ce sont des développements continus de sensations
reliées entre elles.
La réflexion claire et distincte ne porte guère
que sur
un seul point à la fois, puis sur un second, puis sur un troi-
sième, etc.; d'où la forme sérielle que prend la con-
science réfléchie. Par la vision directe, la conscience
voit ~M? actuellement, avec un cortège vague do repré- se
sentations passées ou à venir que saisit la vision indi-
recte. De plus, it y a fusion en nous des représentations
et idées similaires, parfois même combinaison de repré-
sentations diu~rentes. En lin tout vient aboutir à l'idée
du moi, comme les rayons au centre, et ce centre est
un mobile toujours en progrès sur une ligne continue.
La synthèse psychique, qui est i'éiément irréductible
de la conscience, et dont i'tdée d'un moi simple et Ma-
tique est la personnification plus ou moins symbolique
sa contre-partie dans la synthèse cérébrale. M ne faut pasa
oublier que la constitution même du cerveau aboutit a
une classification automatique des sensations, que Snen.
ccr a excellemment décrue. Chaque sensation, on s'en
souvient, s'associe et s'agrège avec sa classe, son ordre
et sa variété, grâce à l'irradiation des mouvements céré.
braux dans los parties similaires qui produisent des
impresstpns similaires. C'est une différenciation et
intégratMn spontanées qui empêchent chaque sensation une
de jamais demeurer isolée, de même
que ia constitution
d'un instrument de musique ajoute toujours & chaque
des harmoniques qui iui donnent son timbre. son
Quel que soit le fond dernier de notre être (ce oui
est
une question de métaphysique),ses déterminations carac-
tér!St<ques sont, ou natives par FeCet de l'organisation,
aequtses par l'association des représentations et ou
mémoire, qui tient e!!e-n~me & l'organisme. De par ta
dcvmttOMs, erreurs et dédoublementsmorbides de la là les
notion
du moi. Ce n'est pas seulement, comme on l'a dit parfois,
t'associationdes idées qui produit le moi c'est la perma-
nence du même organisme, du même système ccrébrat
avec les anections obscures qui en résultent continue!~
ment. Le cerveau n'étant jamais tout d'un coup changé dans
sa masse entière, il reste toujours dans t'état nouveau
quelque chose de l'ancien. Le sentiment de ta personnalité
est un composé de tous nos souvenirs, qui répond à la
masse durable de notre cerveau. Quand une maladie
moatuc plus ou moins profondément le mécanisme géné-
rât des courants nerveux et tcurs phénomènes d'induction
rcetproquf ou d'aimantation mutuelle,
on peut constater
une nouvettc orientation des idées, qui tend à établir
seconde individualité sur ta première. Les conditions phy-une
siologiques de cette direction nouvelle d'ailleurs
inconnues; on ne peut que la comparer sont la direction
divergente qu'un simple mouvementdes avec aiguilles imprime
te simpto mouvement
aux rails d'un chemin de fer, ou avecsuccéder
de ressort qui, dans un orgue, fait un registre
à un autre, un air à un autre, ou mieux encore avec i ou-
verture et la fermeture soudaine d'un courant électrique
qui, dans le mécanisme d'une pile compliquée, produit
ou suspend les inductions,t aimantations, mouvements
invisibles et visibles. Lorsque, dans l'état nouveau de la
conscience, il reste encore un souvenir de i'ancien état,
l'étre s'apparait toujours à iui-mcme comme fin; s'il y a
une scission plus complète, il semble scindé en deux et
peut alors attribuer & un autre ce qu'il a fait lui-même.
Telle cette auenéc de Leuret, qui avait conservé la mémoire
très exacte de sa vie jusqu'au commencementde sa folie,
mais qui rapportait cette période de sa vie & une autre
qu'elle (t).
<
6
CHAPITRE QUATRIÈME
~S!I'?~
simultané,
''I. 'o" Du TM'P' <!<Hëtt)t!n-A <APPÉTM. SmtMment du
""fMMif. tMoMMnce du point de~ttathue StutS.
1 la~?" et«a «~trecMoa'tMtc
de 'e"'c<dttsouvenir. CoscEfn<M nu TOtM.HctuatMS
def~t
tecm~tote. ~<e3a~M du Mtttt de TModyttamtquee~appdUttf. j&n~nMinS
:<M
id~it~fommcnt )c pf&K.nt M d~tn~edu
l'idéalité- romment dM
~Mfon du présent inhbrenied toute
«mp~ Mtt !nh<'t-ente&
futur et du MWM;.
)!st.Uw!)o)m
teote r<~M'i.~{<<-&))MMtfM
r·eprcfaen~ntïon?-Bxpiicmtion
~X3~
~T'~ 'tM~Mt MMXitcnt fpon&nOntcntaMMUVtntM.Mo
Thébrie do !<p)noM do Taine Mr~M~dotaton-
tMdteMca logique dans )'oppo!ttion du présent etntdu pM&6.
TMar)odc~)t)M W)trdi <e~~M<M<<.M<KM-<
-M"S'
'MCK. t/oMttB DANS tB Tmtfs. Th~rtc de Guyau.
Th<'or<edeN.t)Ms~syte '°
~p~du?~
'~P~'MP! et ta durco pure. M~un) du ffmps. MOnstcfbcm.
d'une. Mut.
!~S 'd~&'M~,c'
tien pure
du temps
un facteur de l'évolution mrtmo.
idée '<< et devient
!Pour 1
«) Penser, c'est établit- des relations entre des termes qui, tous
tes deux, dotvent ctrc présents à la fois pour que la contpannson
soit possible. En vain dira-t-on que l'on compare une sensahon
avec un souvenir; si, au moment ntetno oit je revois la mer, je
n'avais pas une autre image de la mer dans un autre cadre, je no
m'apercevrais pas que je vois la mer pour la secondefois et que je
la reconnuis. Toute sensation présente parattrait nouvelle si, en
même temps, il n'y avait pas une image mnémonique de Iam6me
bthte et l'instantanéité de la conscience, c'est le néant de
la conscience rcoiaip ne se voit qu'à la condition de
pius 6trc eu nous un ëctau-, mais une continuité de lumièrene
ayant une cérame durée; i'eetau' indivisibie serait invisible.
Unesefie d'éblouissements n'est pas une vision. De même
un son ne s'entend que parce qu'i! a un écho où il se pro-
longe, un commencement, un milieu et tin it v a
d~& de la musique et de l'harmonie dans une la plus eMmen-
taire de nos perceptions de Fouïe; son apparente simpli-
citc enveloppe une innnitc de voix unies en
un concert.
sensation et si conscience ne tes apercova!t
fots.comme un homme et son ombre dans unotn&me pas toutes deux à la
tumiet-o. Sans
hconscîence immédiate de iaco-M~nce<<ep!us!cttM
montaïescrattune successionde sensations isolées. C'estétats,
c6t&
la vie
science de la co-fXtstcnce qui permet (te juger, de comparer, decon.
sirer et do vouloir, (OMtes opérations qttfsHp.toscnt'qu'dnMut da-
Ïa
uvoir plusieurs idées présentes. fois.Une simple
ei!e-mcmo mt complexusde sensations possibles
complexus, il faut embrasser ~pat-ttesdansuameme
c.fest
et, pour saisir ce
~.PeaMr.en un mot c'est 6{aM, des ret<tt..n8 tou tregard inté-
au moins de
d.fï-erenecetdeM8semMance;ot-,nn'y<tdcdiO'et-eo<:cctdcreSe~
blaoce aperçue qu'entre des objets co-ex.stantsdans la conscience.
Spencprasoute.utce paradoxe que, si on dirige les
deuxobtets très rappro~és.par exempte yeux sur
tache bleue sur du Mp:er b!anc, une mtctMgMceune taene rouM et uno
naKanteM
pourra savoir ~qu'h y en a deux, ni qu'clles sont co-existantes
parce qu'il faudrait pour cela avoir la porccpt.on de la Il distance))»,
qu. les sépare, et que 111 perception do respace est une a cqtlisi- »
t.on ultérieure de l'exp~ience. ~n quoi est-il besoin do concevoir
« une distance parhcHhere entre deux taches de couÏeuM diverses r
pour les percevoir cn'dehors runc de l'autre, tout au moins diS- `.
~ntes l'une do Fautre? Et si on saisit du pMmiercottp la différence
du rouge et du bleu sur le fond blanc, n'est-ce que toutes ces
scnsatmns co.cxtstent? D'a:!tcHrs, toute couleurpasn'est pcrccptiMo
que comme étendue, comme juxtaposition de parties c<)tot'~s.t:om-
ment donc ne s'apercevrait-on pas de leureo-existence tnêmc. puis-
que sans cela on ne les distinguerait pas, on ne les
pas'
succession même ne peut être
<<~
que dans et par la co-
existence. Au moment même oit j'atperçuela sensaHon A, j'ai
sensation R de !& ta perceptiond'un rapportnmacc-
de suc-
ces8ton_!i faut donc (lue Io passé rcsfe en partie présent- présent
par l'idée dans le préMttt même. f p'~som
En fait, nous ne pouvons saisir, comme étement du temps,
qu'une durée ayant déjà une grandeur. Le plus petit été-
ment de durée consciente n'est pas un présent réet. mais
tui ~'c. o/~a~ d'un certain nombre de fractions
do seconde, ayant déjà un passé. Tel est du moins le seul
otement temporel que la conscience puisse aN~'<'eï'OM'
~A'~< par l'attention. Duns les limites de cette
ception du temps présent, il y a eu en réalité une aper<série
de transitions et de changements, un mouvement in-
terne.
s
Cette premièrediMcutte tevée, c'est, selon nous, dans
la nature de la sensibilité et de la volonté qu'on doit
chercher les raisons tes plus profondes de la conception
de la durée; c'est par son rapport à la sensibilité et a
t activité motrice que chaque représentation, chaque idée
est une force psychique, et c'est parce qu'eue est une
force en ce sens quitte peut, nous allons le voir, pro-
duire la conscience du temps.
Puisque, pour la perception du temps, t'unite de com-
position est une durée résoluble en une série de suc-
cessions, it en résulte (lue ce que nous percevons primi-
tivement, ce n'est pas ta fixité, mais le changementmême
ce n'est pas l'immobilité, mais le mouvement. U n'est
nui besoin, pour sentie, une chose, d'avoir ta
ou le ~MM de cette chose pour sentir la différence du
plaisir à la douleur, il n'est pas besoin de ni de
~o~MM~' cette diHerence; de même, pour sentir cette dif-
férence partMuticre qui constitue un changement interne,
it n'est nul besoin de faire appel à la pensée a' ta
raison qui compare, aux catégories, à la formepure, pure 'du
temps.
Trompés par t'artiHce de l'analyse réncchic et du tan-
gage, la plupart des psychologues ne considèrent, dans ta
consctcnce et dans la mémoire, que des états <M<~
et cfp/t~M qui apparaissent l'un après t'autrc: blanc, bleu,
rouge, son, odeur, autant de morceaux artificiellement
trancttés dans t'étone mtérieure aussi n'admcttent-its
pas
qu on ait conscience.de ta transition mcme.du passage d'un
terme à l'autre, do ce qui dans l'esprit correspond au
mouvementet à l'innervation spontanée. Par là on intro-
duit Rît nous nn~ pnrpetuottc « vieissitodc dont les
tronçons décousus échappent à tout tien dp souvenir, une
<
fcerie de changements à vue qui est une série d'annihila-
tions et de crevons cttaquc pensée meurt au moment où
elle nait, tout est toujours nouveau en nous, et la concep-
tion de !a durée se trouve impossible. Comment, en effet,
p expliquer le sentiment de* ta'durée si la conscience est
une ligne o& les diverses perceptions existent l'une en
dehors de l'autre et l'une après l'autre, comme les mots
sans vie d'une phrase, sans que t'en sente te passage
même d~une perception à l'autre et teur continuité ? L'art
suprême de la nature ressemble à celui du poète selon
Boiteau: c'est « l'art des transitions ». Continuité, voità le
caractère de ta réalité, et c'est aussi celui de la conscience.
Nous sentons donc non seulement des manières d'être,
mais des manières de changer. Ne nous laissons pas
ici duper par l'imagination, qui ne considère guère que
des'images toutes faites et principalement visuelles ne
nous laissons m<~ne pas duper par la pure intenigence, qui
ne s'applique bien qu'à des idées de contour détint, expri-
mées pat' des mots définis et immuables.ti y a des photo-
graphies instantanéesdes vagues de la mer dansla tempête,
et ces photographies sont aussi immobiles quêta mer de
glace du mont Bianc telle serait la conscience si elle
n'avait pas le sens du changement; unesuccession depho-
tographies au repos ne tui donnerait pas le sentiment du
trttvra~, si elle ne sentait jamais que les termes sans les
relations. Nais ii n'en est point ainsi quand nous jouis-
sons, sounfons, voulons, nous avons te sentiment du
courant de la vie.
Ce n'est pas tout. Non seulement nous sentons les tran-
sitions, mais encore nous distinguons la transition qui a
lieu pour la seconde fois, pour la centième fois, de celle
qui a lieu pour la première et qui est nouvelle nous sen-
tons tes diverses espèces de changement ou de mouve-
ment intérieur, nous sentons tes directions du cours de °
nos pensées, non dans t'espace, mais dans te temps. Par
exempte, je récite do mémoire le début de 7?o~
E
seulementde deux termes l'un après l'autre, mais encore do
ce quo M. W. James appelle l'état transitif. Le point de
vue ~ométriqfue ct.?/~?~ est incomplet et tnndcte dans
ta psychotogie comme dans les autres sciences il v faut
ajouter !c point de vue~a~Me. L'état de transition est
obscur sans doute et dimcite à se représenter d'une
manière définie, par cela mémo qu'il n'est aucun terme
défini et. :M~ec~~ mais U est )'< C'est cet état de
transition que nous exprimons par oubrt, tendance, par
tous les mots indiquant l'activité en opposition à la pure
pensée il établit pour nous la continuité entre les divers
points de l'espace comme entre les divers points du
temps sans cet état intermédiaire, ni attente ni souvenir
ne seraient, possibles.
Supposons un être en train de tomber d'une hauteur
considérable, d'un ballon à quatre mille mètres en l'air:
cet être n'éprouvera-t-il pas ce sentiment particulier et
indéfinissable qui est le sentiment de chute, et ceia sans
avoir besoin d'aucune réflexion sur les mouvements qu'il
accomplit? L'animal même se sentira entralné dans cette
descente vertigineuse it n'aura pas l'impression do repos,
mais l'impression corrélative & un mouvementrapide. Eh
bien, dans le domaine de la conscience et du temps, nous
sommes ainsi entrainés nous faisons en quelquesorte une
chutecontinuelleàiaqueMerépond toujours une impression
d'entrainement, de changement de poussée perpétueiie
vers autre chose, it y a un sentiment particulier de pro-
cessus interne comme it y a un sentiment particulier de
chute. C'est sans aucune comparaison intellectuelle avec
un point uxc de l'espace qu'en tombant on se ~e~ tomber;
pareillement, c'est sans aucune comparaison intellec-
tuelle avec un point fixe du temps qu'on a le senti-
ment original de changement, de transition continuelle.
Mais, pour étever ce sentiment a la hauteur d'idée, il est
clair que les points de comparaison deviennent né-
cessaires. Pour l'espace, on se représente le bord
immobile du trou où l'on est tombé pour te temps, il y a
aussi des Bxitôs apparentes qui servent de points de
repère. Tout ne change pas tout d'un coup et & la fois
en nous il y a des séries de changements plus ou moins
rapides qut s'accomplissent .~M~y~ et dont plu-
sieurs sont si lentes qu'elles sont relativement fixes. L'es-
pace même, surtout t'espace visuel, nous offre de vrais
tableaux en apparence immobiles qui forment contraste
avec la succession de nos changements internes. Devant
le mémo pré, l'animal a faim, broute, n'a plus faim, etc.
Les groupes de représentations à changement rapide
s'opposent donc aux groupes de représentations relati-
vement permanentes; c'est ainsi que t'espace et le
temps, tout à la fois, se déterminent et s'opposent avec
leurs caractères différentiels.
Le présent, pour la conscience, c'est t'<M~ c'est-
à-dire, en somme, le réel. Que ce réel ne soit pas indi-
visible sous le rapport du temps, qu'il ait en lui-même
un commencement, un milieu, une fin, un avant, un pen-
dant, un après, nous venons de voir que cela est certain;
mais, pour la conscience, ce tout n'en constitue pas moins·
l'actualité et ta réalité de la représentation it est donc, par
rapport à elle, un élément, une unité de composition. Il est
t'actuet, parce qu'il est ce en quoi laconscience s'actualise;
il est le réet, parce qu'il est ce en quoi la conscience se
réalise pour cité-même it est le présent, parce qu'it est
Dans ce p?'
ce par quoi la conscience est présente soi.
c~'nyM, il y a appréhension si-
multanée par la conscience de deux états dont l'un
s'affaiblit et l'autre augmente, dont l'un vient et l'autre
s'en va. Limage de cette appréhension totale subsiste
dans l'appréhension du second moment empirique;
celle-ci, plus la première, subsiste à son tour dans t'ap-
préhension du troisième moment empirique. Si on répète
l'éternelle objection qu'a chaque moment la conscience
est fixée sur la représentation présente, nous répéterons
à notre tour que cette complète séparation du pré-
sent avec le passé est une fiction mathématique. Le
présent mathématique est une limite entre le passé qui
s'en va et t'avenir qui vient; or, nous ne pouvons pas
percevoir cet' instant limite; le présent de la conscience,
encore une fois, est une longueur do temps; c'est par un<
artince qu'on supposeim présent indivisible pour y enfer-
mer la conscience et ta défier de sentir la durée. Le
temps ne nous vient pas découpé en périodes présenter
« pareil, dit DI. Hodgson, à un ruban de métrage découpe
en centimëtres et millimètres ». Si vous prenez les périodes
~eM~ pour autant d'objets sépares, c'est simplement e
(t) Voir, outte nos études sur la Mémoire dans la /!ep«e (les Pena*
notre introduction à la Cc-M~e de <7tMe de temps par
J!fOH<fo<,
Guyau.
nous substituons des cadres immobiles à ces ?'<MM/ot-
<- qui sont toujours des ~OM.MM.?, qui reparaissent
toujours dans ta mémoire avec !o coractcro actif du
mouvement. En d'autres termes, il se surajoute en nous
li tout processus intérieur un certain mode partictuicr
de conscicnce~au n'est pas tui-tneme vraiment un
mais un autre ~'o~ <
répétant et réuécbissant le pre-
mier. C'est cette petite histoire en raccourci, durant
quelques fragmentsde seconde, qu'on appelle le présent,
et dont nous allons approfondirla nature.
Il. Le souvenir est !e germe de l'idée de passé,
t'attente est le germe de ridée de futur, comme ta repré-
sentation actuelle est le germe de l'idée de présent; la
distinction nette des temps ne pourra sortir que de ta mise
en rapport et do ta comparaison entre ces trois diverses
attitudes d'esprit accompagnées de sentiments divers,
de Modes divers de conscience. Examinons donc ce qu'il
y a de spécifique dans chacun des trois états de cons-
cience répondant au présent, au passe, & l'avenir.
Dans ta conscience du présent, nous avons vu que
la caractéristique est un sentiment d'actualité, une
sorte d'adéquation de la conscience a son objet, qui fait
qu'ette n'a pas te sentiment de quelque chose qui lui
manque. Cette adéquation aboutit à une intensité et & une
c~c maxima de la représentation. Nous n'admettons pas
pour cela, avec Spencer, Bain et Taine, que le présent
soit caractérisé uniquement par l'intensité et la clarté,
qu'un souvenir et une attente se distinguent uniquement
sous le rapport de l'intensité et de la clarté on sait,
en enet, que certains souvenirs ou certaines sensations
anticipées peuvent acquérir une intensité très grande. Il
est vrai qu'en ce cas les objets semblentprésents ou bien
près de t'être mais est-ce un effet de l'intensité et de la
ctarté seules Mous ne le croyons pas. II faut, outre ces
caractères, qu'il y ait le sentiment d'équation entre la
conscience et son objet, excluant to sentiment de mangue,
conséquemment de ~M~OM. Dans te présent il y a, non
point un vt~i repos (en ce sons que nous n'agirions pas et
ne changerions pas), mais ie .repos rotatif de la ~o~'e.v-
-f~. Ainsi !'nnima! a(fhm~ qui mange ne t'hnrhc a te senti-
Mtent de ta possession, de t~t~\ dc~
celui de la tension
t~
objet qui
de t'actuatit~,
n~est encore
i'
non vers un
d'une ~o/r
oa n'est ptus qu'une!une représentation au ticu
actuelle. Tout ceta est difficile a
décrire, mais, de fait, manger <ï<c~M~/ se distingue
fort bien de manger en idée quand on a faim, et cela non
seulement par l'intensité, mais par l'actualité, la pos-
session, t'adëquation & l'objet. Maintenant, comment se
fait-il qu'un souvenir intense ou une vision intense de
l'avenir donne l'illusion du présent? C'est que l'intensité
produit alors, comme première conséquence, la substitu-
tionpossiblede t'image a l'objet môme, puis, comme seconde
conséquence, ie sentiment de possession, d'adéquation,
avec disparition de toute tension et de tout manque.
Nous ne <wM phts l'objet futur, nous Je tenons, par
ta substitution de t'imageintnnse & l'objet. Nous ne regret-
tons plus t'objet passé, nous on jouissons encore, par la
vivacité do son image devenue haitucinatoiro. L'intensité
est donc un élément capital, mais elle n'est pas le seul
it faut encore considérer te rapport de t'activité A l'objet,
selon que cette activité s'adapte entièrement. l'objet, ou
qu'au contraire elle est en ~M/o~ sans se l'adapter. Le
sentiment de tension est te sentiment du ~o/pM~ par
rapport à F~/Mp~
sentiment d'p,
Si nous allons jusqu'au fond de ce qu'on nomme le
d'anticipation, nous voyons qu'il se
ramène à une tendance qui est elle-même une appé-
tition. C'est par l'appétition que l'animal fait d'abord
connaissance avec l'attente. Attendre signiHe propre-
ment ~M~'e attendre l'eau qui va désaltérer, c'est
tendre à l'oau qui va désaltérer, it n'est aucune attente
qui n'enveloppe désir ou aversion. On nous objectera
t'at~nte tout intellectuelle, en apparence indifférente.
Sabord, répondrons-nous,c'est là un résultat très ulté-
rieur de l'évolution mentale; de plus, même à ce haut
degré d'évolution qui caractérise Fintetngenee <'<M~M-
~oc, l'attenteihdtttcre~edans la contomptation pure est
encore une sitnptë apparence recouvrant un fond de f!és!t'.
Quand vous attpnde~pourt'uniqueptaish'dc savoir ce quiva
arriver, vous désircx encore ce plaisir quand vous
contomptex t'objet prétendu 'indHMrent, vous désirez le
connaître, vous ~e~M encore a lui. 1
M etfeat de me~e pour cette sorte particulière d'attente
qu'on nomme l'attention. Fatre attention, c'est attendre
quelque chose qui va apparaître, c'est tendre à une repré-
sentation qui va venir. Or, dans tous ces cas, H y a une
attitude d'esprit très dinOrettte de ceiie de la possession
actuelle. Un être vivant ne peut pas ne point distinguer
son état d'attente et de tension, qui est au fond un état de
besoin et de désir, d'avec t'ctat d'adaptation actuelle et
réciproque entre te sujet et l'objet.
Il en résulte que l'état de conscience corrctatu' à l'objet
prosent et l'état de conscience corrélatif à l'objet futur,
onrant en eux-mêmes une diuët'ence, doivent se din'éren-
cierpourla réuexion, et que toute consciencequi concevra
ces deux états les verra en e!!et ~~w. L'aperception
de cette di~rence est le début de !a distinction intellec-
tuene entre le présent et t'avenir; elle est à la fois cons-
titutive du présent comme distinct et de t'avenir comme
distinct.
Pareittement, du côté du passé, nous avons vu que
l'image-souvenir a un caractère particulier qui n'est pas
seulement une intensité et une clarté plus faibles, mais
une relation de potentialité à actualité, de manque à
possession, de non-équation à équation. S'il s'agit d'un
objet agréable, il y a cette impression de manque qui se
traduit par le regret, il y a l'attitude de ta volonté qui vou-
drait retenir ce qui tui échappe. L'animal qui perd ce qu'il
enait a un sentiment de perte très distinct du sentiment
e jouissance, et qui n'est pas non plus te sentiment de
é sir, orienté vers te futur. U existe une nuance,- diMcite
exprimer peut'étrc,mais très facile a saisir.
onne chose qu'on a laissée tomber de sa bouche
en la
ct~ta
<
bonne chose qu'on n'a pas encore dans sa bouche, Quand
il s'agit d'une peine passée, il y a un sentiment de déli-
vrance particulier, qui suppose encore une simple Méatité
par opposition à la réalité. Mais, sauf ces cas de regret
ou de délivrance, le passé n'otfro pas le même que
l'avenir et nous laisse plus contemplatifs,plus purement
spectateurs. Le regret même du passé est au fond le
désir que le passé redevienne futur. C'est du côté de
l'avenir que notre activité est vraiment tournée, tandis
que le passé est surtout un objet de vision passive. Aussi
y a-til encore une dinërence de sentiment entre l'image
du passé et l'image anticipée de l'avenir. Cette différence
est un des étemcnts qui servent à nous faire distinguer te
passé de l'avenir.
La distinction devient de plus en plus facile quand les
représentations se groupent en séries, caralors nous avons,
du côté du passé, une série d'intensités et de clartés
décroissantes ou évanouissantes du cuté de t'avenir, au
contraire, une série d'intensités et de clartés croissantes.
Arrivé au ruisseau après une longue course, l'animal voit
comme par derrière une série tdcate d'impressions de
plus en plus ati&ibties, indistinctes et incomplètes,répon-
dant à sa course; ta perception du ruisseau est en pleine
artualité et complète; d'autre part, une secondesérie idéate
s'ouvre en avant, dont le premier terme, l'appétit de boire,
MO~/e on intensité au lieu de ~<ro~. En même temps
cette série est l'objet de l'attitude c~ec~c, de la ten-
dance à un complément de sensation, d'une attente de ce
qui vient, au lieu que la série en arrière est l'objet fuyant
d'une contemplation rétroactive.
Remarquons toutefois que le jeu d'imagesprécédemment
décrit est toujours .?tMM/~M dans l'esprit; c'est une pers-
pective où les termes, sous un même regard, sont distin-
gués comme réels et idéaux, intenses ou faibles, clairs on
obscurs, complets ou incomplets, en ordre de croissance
ou de décroissance; mais ils ne sont pas encore en
ordre de sticcession proprement dite. Il est bien vrai que
ces divers termes se sont succédé de fait dans la pen-
sec, mais la succession dans la pensée n'est pas par oMe-
mcme ta pensée de ta succession. §t, par cxcmuie, !o ton-
nturc suit i'cciair, de deux choses l'une ou bien, quand j'ai
l'impression du son de tonnerre, l'impression de l'éclair
n'existe plus, et alors je ne puis avoir l'idée de sucoes-
sion, ou bien oiic coexiste, attaibiic, avec l'impression du
tonnerre, et aiors j'ai deux impressions simuitanëes, i'une
forte, t'autrc faible comment donc puis-je savoir qu'it y
a ou succession? Uy a !à un fa~ nouveau qui réclame une
cxpticatïoHpat'ticunërG.
D'abord, outre les deux impressions simultanées du
tonnerre et de i'cc!air,j'en ai d'autres encorequi ieur servent
de cadres le souvenir du tonnerre n'est pas entoura do
ta même manière que la perception, et j'ai la représenta-
tion des deux cadres différents. De plus, le souvenir du
tonnerre est une représentation double il est la rcprcscn-
tution faible d'une reprcseniatinn dont je me représente
une inicnsitë plus forte. Le jeu d'intages est donc beau- g
coup plus complexe qu'on ne se te figure, mais enlin oest i.
toujours un jeu d'imagos staUques et simuttanees, un
sunptc spectacle haicidoscopique qui n'enveloppe pas, ]
La~<w
sur une tigne idéale, qui est celle de ia
du temps, dont nous venons de voir
la genèse, n'est pas, comme le croient Kant et mcmc
Spencer, une « forme nécessaire de toute représentation
ni a priori, ni a po~'KM~.Si i'appétit enveloppe le temps,
la représentation considérée en ctïc-meme ne t'enveloppe
pas. Supposez, par impossible, un animal réduit a une
existence toute représentative et même affective, mais
non volitive cet animal aurait des représentations
sans aucune ~r<~M/<OM du temps. U pourrait même
avoir des annotions de plaisir et de douleur uniquement
jM'~eM~, H pourrait avoir des perceptions spatiales
uniquement présentes il pourrait se figurer tout sous
forme d'étendue tangibie ou visible sans mémoire propre-
ment dite, en vivant dans un présent continuel sans passé
et sans avenir (4). C'est donc avec raison que nous fai-
sons du temps une forme de Pappétition et non de la
représentation.
<<) Voir notre Introduction a la CeMpae de <<Me <fe MKp~ de Guyau
<' Que cet animal se heurte h un objet et se blesse, la vue de l'objet, ·
en reparaissant,ressusciteral'image de la douleur, et l'animal fuira
sans avoir besoin de concevoir une douteur comme ~<<Mre, ni
l'image actuelle do la douleur comme en ««'MMfoM par rapport &
une douleur passée. Plongez-le à chaque instant dans le neuve du
Lëthe, ou supposez que, soit par un arrêt do développement céré-
bral, goitpar une !csMn cérébrale, ï'animat a'oubtte sans cesse lui-
ntemc & chaque instant les images continueront de surgir dans sa
tête il y aura des liens cérébraux entre ces images et certains
mouvements par tR seul faitque, une première fois, Mnages et mou-
ventents auront coïncidé: l'animal aura donc, a chaque instant, un
ensemble de représentations et accomplira un ensemble de mou-
vements déterminés par des connexions cérébrales, le tout sans la
représentation de succession. Cet état, quelque hypothétique
qu'il soit, doit ressembler &ceÏM! des animaux inférieurs. Comment
donc les kantiens peuvent-ilssoutenir qu'on ne peut se représenter
«
une représentation sans la représentation du temps ?q
« Même chez l'homme, il y a des cas maladifs ou toute notion du
temps semble disparue, ou l'être agit par vision machinale des
choses dans l'espace sans distinction de passé et de présent. Nous
pouvons nous eo faire une idée, mOnc à Tctatsain M y a des cas
a absorption profonde dans une pensée ou dans un sentiment,
d'extase même où le temps disparalt de la conscience. Nous ho
sentons plus la succession de nos états; nous sommes en chaque
instant tout entiers & cet instant mcmc, réduits à 1 état d'e~W~
McmpM~KM~,sans comparaison, sans souvenir.
ti
u
tes relations de pr<~ et /ow, de dedans et de <~o~, etc.,
« bien avant d'avoirdes idées définies sur la ~Mcc~MKwet
la des événements (t)~.
Selon nous, cette théorie de Guyau ne s'applique exac-
tement qu'à la ~M'<f.a/K~ du temps et de son ordre,
comparée a la ~~M/<~o~ de t'espace et de son
ordre. tt est bien vrai <tue la représentation de !'ordre
spatial est déjà liée aux perceptions mêmes, aux ~'<~M-
~o~.?, « tandis que !'o~<~ temporctcsttiO A t'itnagmaMon
reproductive, à !areprd8entaUonM; maiss'il s'agit du sen-
timent immédiat du temps et de la transition actuelle,
nous croyons que Guyau, qui a hti-mcmo insisté sur le
fond dynamique do ce sentiment, aurait pu y reconnattre
un caractëre immédiat de l'appétit, au lieu de parattre le
subordonner à l'espace. Lui-même ajoute, d'ailleurs
« Est-ce & dire que le temps ne soit pas déjà en germe
dans la conscience primitive H y est sous la forme
de la force, de l'effort et, quand rétro commence à se
rendre compte de ce qu'il veut, de l'intention; mais alors,
le temps est tout englobé dans iasensibititc et dans l'acti-
vité motrice, et par cela même il ne fait qu'un avec t'es-
pace le futur, c'est ce qui est devant t'animai et quit
cherche éprendre ie passe, c'est ce qui est derrière et
qu'il ne voit plus au lieu de fabriquer savamment de i'es<
pace avec le temps, comment Speticer, ii fabrique gros-
sièrement te temps avec l'espace 11 ne connaît que le
~M et le p<M/M.! de l'étendue. blon chien, de sa niche.
aperçoit devant lui t'ëcuciie que je lui apporte voilà le
futur il sort, se rapproche, et, à mesure qu'il avance, les
sensations de ia niche s'éloignent, disparaissent presque,
parce que !a niche est maintenant derrière lui et qu'il ne
la voit plus voii& le passé. M En somme, pour Guyau, la
succession est « un abstrait do l'effort moteur exercé dans
t'espace enbrt qui, devenu conscient, est l'intentiono. On
peut accorder a Guyau que te sentiment du temps n'a
point ~r~, comme on se t'imagine, le sentiment du
(<) CMyMt, CeM~M <f<'f/<Me de temps, p. « et suivantes.
a
mouvementet de t'extensivité,pas plus qu'il n'a précède !e
sentiment de l'intensité. La conscience du temps implique
tut tout continu de rcprescntaUons qui, des ï'origïne,
offre un caractërc d'extensivitc et forme une sorte de
masse. Pour prendre coM~~M~ de la durée, l'étre est
obligé de se figurer une série de représentations dans
l'espace. On ne commence pus par concevoir une sorte
de temps spirituel et mental: le temps est d'abord une
perspecttve d'images sensibles disposées par rapport à
nous dans un ordre particulier, qui d'ailleurs n'est pas la
juxtaposition spatiale; la série tcmporetie n'en est pas
moins composée d'une suite de tableaux dans t'espace.
L'animai revoit son passe sous la ibrme d'une série de
scènes avec décors, comme dans une lanterne magique.
Et en même temps que tes choses de iadufce ont une éten-
due, oiios ont une intensité;'ce sont des images moins
intenses que celles du moment actuel, qui viennent se
ranger l'une derrière l'autre. La succession est donc le
mode d'interprétation d'uo certain ensemble de représen-
tations coexistantes, une manière de les ordonner et do
les classer. Mais comment arrivons-nous à ce mode d'in-
terprétation?–C~est, nous t'avons vu, et Guyau tui-meme
!'a montré, par la conscience de l'appétit, de la tension,
qui distingue la pure !dëatitë de t'actuaïité présente, de
i'idëatitc future et de l'idéalité passée.
Une théorie analogue à celle de Guyau est adoptée par
James Ward, qui de ptus, comme Waitz, propose d'appliquer
~t la notion du temps une conception des &~M /oy~
pour faire le pendant de .M~z~ Mf~ Quand nous parcou-
rons de la main un objet, ta série d'eubt'ts dans l'espace
laisse des résidus, qui sont des signes locaux; pareillement,
quand nous faisons attention successivement & plusieurs
objets, nos cubrts successifs d'attention laissent une série
do résidus, qui varient à la fois en intensité et en dis-
tinction quand nous passons de i'un a l'autre (i). Selon
James Ward, ce sont ces résidus ou signes temporels qui
(i) Voir Guyau, f<t Cen~f de <*«?! do MmjM: «Au pointde vue
SMMMque, 1 unité de mesure t& p!ua pritmUve et tbodamentaM
doit être, évidemment, une quantité qu'on puisse mesurer t" direc-
tement, 2* par comparaison avec eHe-memc. Or, l'étendue remplit
ces deux conditions. On la mesure en superposant directement une
étendue à une étendue et en comparant l'étendue avec de l'éten-
due. On n'a besoin ni du temps ni du mouvement comme ëMments
de cette comparaison. Au contraire, le temps et le mouvement
ne peuvent se mesurer directement et par CM-memes.Je ne puis
un temps-étalon & un autre temps
pas superposer <Mfe<'<eweM<
puisque le temps vm toujours et ne se superpose Jamais. Je puis, it
est vrai, prendre un souvenir do tempset la compareravec un temps
réel, tOMs l'étalon, ici, n'a rien do t!M et la comparaison rien do
scientifique. On est môme sûr de se tromper. Kn outre, si vous y
regardez de plus près, vous voyez que, même dans cet essai inté-
rieur de mesure grosso modo, pour pouvoir comparer deux durées,
vous êtes ob!i~ de vous M~f~t~r ta durée prise pour mesure i
or, comment vous ta représenterez-vous?
Vous
Ce sera, si vous y faites
rappellerez
attention, en termes d'espace. vous ce que vous
temps dans tel milieu, et vous
avez fait pendant un certainimpressions
comparerez ce souvenir à vos présentes, pour dire
C'est de longueur à peu près égale ou inégale. Réduit à une durée
sans espace, vous ne pourriez arrivera aucunemesure. Voilà pour-
quoi, pour mettre quelque chose de Hxo dans ce perpétuel écoule-
mcat du temps, on est obligé de le représentersous forme spatiale. »?
mettent de mesurer approximativement 10 temps sans
recourir & t'espace. Nous saisissons le rythme, ic retour
fd~uHer dea tnémea sons sans tes ttHgnC!* s<tr «no
un protongementde silence entre les sons 90 fait immé-
diatement sentir. Nous aôcmrons même approximative-
ment tel tnterva!!ewo~ ~w/~ que Vautre (t).
Munsterberg a excellemment montre que nous mesu-
rons !e temps par des impress!ons sensibles. Lorsque le
temps qui sépare deux impressîons est moindre d'un tiers
(i) Guyau lui-même a dit: < Le sens externe qui a te plus servi,
xpr~s !<*s sens internait, & tirer le temps de l'espace, a lui donner
nne dimension à part, c'est l'ouïe, pr6e!sëment que route ne
localise que très vaguornent dans l'espace, tandisparce
qu'elle localise ad-
)n!mb!entcnt dans M dtUM~o. Un animal est couché itnmob}!eaumi.
lieu d'un paysage immobile Hn son se fuit entendre une fois, puis
deux fois, puis trois fois H y a !& une série en contraste avec
l'immuable tableau de t'esnacc c'est commel'incarnation du temps
dans te son. t/outo s'est dëveîoppeo en raison do son ntitité pour
avertir l'animal de la proximitéd'un ennemi. De la & distinguer la
premiertableau extérieur sans le son, pu!tt le tifcond tableau avec
le son. puis te troisième tableau nvec t'onnemi apparaissant, il n'y
a pas loin. Cette c!toso invisiMe et intangible, le son, a dû tondre
a se projeter dans un milieu digèrent de l'espace même, plus ott
moins analogue au milieu intérieur do l'appétit vital, qui n'est
autre que te temps. t/ouîe, dëgageo progressivementdes formes
sp:Mta!es, en est devenue nnc sorte de numérateur rythmique elle
est, par oxceucncc, le sens appréciateur du temps, de la succession,
du rythme et de la mesure.
<' L'estimation de la durée n'étant qu'un phénomène d'optique
intérieure, une perspectived'images, ne peut pasttCMSoMrirun
caractère d'essentielle relativité. Eîte est relative, en e(!ei: i" à 1YM.
<MMMdcsimages représentées; 2' à t'intcnsito des ~~eMCM entro
ces images; 3" au tMMt&t'e de ces imageset au nombrede leurs diiïë-
rence!t;v à ta vitesse de succession de ces images 8" aux relations
mutuettes entre ces images, entra leurs intensités, entre leurs ros-
semblances ou leurs diCeMaces, entre leurs durées diverses, et
enfin entre teurspM~MM~ dans le temps; 6" au temps nécessaire
pour la conception de ces images et de leurs rapports; 7" a l'inten-
sité de notre attentiona ces images ou aux émotions de plaisir et
de peine qui accompagnentces images 8" aux appétits, désirs ou
aversions qui accompagnent ces images; 0" au rapport do ces
images avec notre attente. avec notre prévision.
« On voit combien sont nombreux tes rapports do représentation,
d'émotion et de volition qui inHuent sur le sentiment de la durée.
de seconde, l'image mnémonique de la première impres-
sion, & l'état évanouissant, enveloppe la secondeimpres-
sion et c'est cet enveloppement ptusou moins grand qui
nous fait juger la distance entre les deux impressions.
Mals lorsque l'intervalle entre ces deux impressions
dépasse un tiers de seconde, Muntersberg soutient que
notre mesure est toute MtMMM~ Nous avons conti-
nuellement des sensations de tension et de relâchement
des muscies, bien que nous n'y prêtions pas une atten-
tion directe. En faisant attention, nous accommodons les
muscles des yeux, des oreilles, etc. Nous jugeons que
deux intervalles de temps sont égaux lorsque, entre le
commencement et la <h do chacun, nous sentons des relâ-
chements, puis des tensions expectantes do nos muscles
exactement similaires. Avec des intervaMesde temps plus
ongs encore, nous nous régions sur nos <M~'<~M~M et
nos MM~M'a~M. Avec nos expirations, toutes les autres
tensions musoulaires subissent un décroissement ryth-
mique avec nos inspirations, elles s'accroissent. Ces
observations, corroborées par d'ingénieuses expérien-
ces, sont exactes, mais Mûnsterberg finit par confondre
la mensuration musculaire du temps avec la conception
même du temps. ii y a là, évidemment, un cercle vicieux;
pour juger les longueurs des intervalles do temps par ia
longueur des rythmes musculaires ou respiratoires, il faut
déjà pouvoir juger et apprécier ces rythmes musculaires,
et nous ne tes apprécions que par nos efforts internes
d'attention volontaire, par nos appétitions et nos voli-
tions, auxquelles il faut toujours en revenir.
TN~OtHB XAMtBNKK8t!H LA MME A MUOtH BU TEHPS
1
science la plus obscure a pour condition le classementdes
impressions on avant et après. Spencer en conclut que le
sentiment du temps est une condition etM~M'n~Me néces-
saire a la conscience (et c'est en effet tout ce qu'on pour-
rait en conclure); M. Renouvier en conclut que c'est
une condition <ï do la. conscioncq, ce. qui, pour
nous, n'offre aucun sens (1).
(t) Voir l'appruc!ation do la titeorie de 5!. Honouvier, dans
notre Ïntroduction a la CcM~e de ~KMe <pM<ps. « Lcit disciples
contempof&<n&do Kant, renonçant a l'intuition pure, se contentent.
avec plus de modestie, déposer le temps comme simple « loi
de ta représentation Ils n'en appellent pa~ moins l'espace c
et le temps « les forteresses imprenables de l'apriorisme
et ils prétendent que les partifâns de la genèse expérimentale
veulent « tout ramener & l'expérience <aMs NMCWMM <o<< pour !a
régir, et dès lors sans posstbihtc pour la constituer ette-m6me et
pour la comprendre. & (Henouvier, ~«~«p, 3S~.) Mais où voit'on
ue les partisans de l'expérience, par exemple Guyau, considèrent
rexpérience comme n'étant soumise a aucune loi Ht en quoi
t'oustence d'une loi pxpo~mentalc prouve-t-cUe l'enistanco d'une
forme a pWoW? C'est une loi que, 8t je regarde une croix rouge,
j'éprouverai h sensation du rouge, et que, si je reporté les yeux 1
sur du blanc, une teinte verte remplacerate rouge on faut-il con*
cturo que les formes du blanc, du rouge, du vert et de leurs combi'
naisons soient atwMrt, sous prétexte qu'elles tiennent a la consti-
tution cerebrate? Les lois qui nous font éprouver telle sensation
d'odeur quand se (t~agoïo chlore sont-elles a priori Cette façon
do poser le probMnM est trop commode. Dans ses essais pour exp!i- ?
quer ta genèse déridée du temps, Guyau suppose l'expérience avec ¡
les lois physiologiqueset psychologiquesamta rendent possible, et
qui eUes-mctnes rentrent dans les lois générales de l'univers. i.a
question est de savoir s'il faut, au lieu du jeu des lois de la scnsa'
tton~ do l'émotion et de l'appÈtit, invoquer une loi transcendantale
ou, pour mieux dire, une facultétranscendantale, Hypothèse pares.
seuse, ~M<tMt ra<t~, qui, loin d'expliquer t'expenonce par des lois,
érige en loi l'absence même de loi naturelle sous le nom d'intuiHon
pure ou do forme a pWo<t.
Ce qui reste d'irréductibledans l'analyse du sentiment do la duréee
n'est nullement la preuve d'une intuition transcendante <r~M<'«-
MMJn'est point, comme on le prétend, oy~er~. Ceux qui le croient
(parmi lesquels M. M&btcr), commettent r~Mefatto efcKcM.Nos son*
Les partisans de t'a priori objectent que nous pouvons
nous représenter !o monde détruit, mais non le temps.
A vrai dh'c, quand nous croyons avoir tout anéanti
dans notre pensée, nous n'avons pas anéanti notre pensée
même, notre conscience. Nous femp!acons simplement
une série de perceptions par une série de possibilités,
qui sont eiies-memes des ~rc~M ;MM~ Or, cette
série est précisément la ligne du temps. Si, en rëaiité.
nous arrivions à ne plus nous représenter absolument
rien, le temps s'évanouirait avec tout !e reste. Mais, evi.
demmont, la réflexion même que nous faisons, en tondant
nos muscles, est un état de conscience prolongé, et aussi
r/
un ét~t musculaire prolongé, qui continue à nous donner
le sentiment interne du temps en l'absence de toutes
extérieures. De là vient l'illusion que, si le
monde était détruit. il y aurait encore et nécessairement
le temps. Nous disons i'oM, car, en réalité, s'il
n'y avait absolument rien de réet.iï n'y aurait rien, pas
plus de temps qu'autre chose. Le temps étant la série
des rapports de succession, une fois supprimés tous les
objets et toutes tes successions, comment voulez-vous
que les rapports subsistent, sinon comme pures possibi-
lités pour notre pensée actuelle ou pour une pensée que
vous supposez, par une contradiction, subsistante au-des-
sus de l'univers détruit, se survivant à eiie-meme pour
concevoir sa simple possiMMtë et la possibilité de toutes
les autres choses ?
C~SEM ACTION
S' M.
SAKTE.
P~CtPKS ~<M.\TtTÉ ET DE R.USOK
OMC~ËS M KOTM ST~CTUhR !NTËLLECT~
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t:T M LA !t)!t.t!CTtOX NATUttELLB.
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La structure intellectuelle et cérébrale peut avoir p!u-
sieurs origines, qut, scton nous, se ramènènt aux cinq sut-
vantes i" l'action directe du n)i!ieu sur !c cerveau et sur
la consciencepar le moyen des sens; 2" l'habitude acquise,
puis transmise par hérédité 3" la sélection naturelle; A" tes
lois fondamentales de la vie 5" la consU~Hon universelle
des ëtemcnts, au point de vue physique et psychique. Tous
les systèmes qui négligent l'une ou t'autre do ces ~`~
sont incomplets et ne sauraient expliquer la genèse causes
des <Yi.
formes cérébrates et mentales.
C'est dans la
fréquence numérique des sensations et
des expériences que Spencer cherche t'oxptication des
formes structurales du cerveau et de la pensée: il attri-
bue ces formes à « t'enregistremcnt d'expériences conti-
nuées pendant des générations sans nombre.
~OM M « y~M~ ?
p~A~MM, ~K~M<~W~ .soient, depuis les
nécessaires jusqu'aux fortuites, résultent des a.rp~'<?MCM
~~?oy~ ~e~cM~ ~<M'oy!<~M/Met sont ainsi
mises en harmonie avec celles-ci. La cohésion entre tes v
états psychiques est proportionnelle à ta /fc~M~ce avec
laquelle ta relation entre tes phénomènes extérieurs corre-
latifs s'est r~~dans t'e~M'~ce. La théorie de Spen- ,'1
cor est donc celle de l'association des idées, mais étendue
à l'espèce entière. Elle revient, en effet) à dire que notre
structure mentale a son origine uniquementdans des sen-
s~
;1
;D
:f
sations associées, qui ont constitué i'expérience
n'aw. ances-
Selon Mous, une tette doctrine
ne pousse soutenir exctu-
sivement. ï~'abord, ettc tient compte seulement de la sen-
catton. non des autres fonctions mentales, émotion et
volition, avec la réaction qu'ettes entraînent. En second
lieu, clle ne rend compte que des formes supernciettes
de la structure mentale et cérébrale,
structure a d'essentiel On ne comprend non de ce que cette
pas, par exempte,
que e sentiment du temps puisse venir du dehors par
simple répétition des relations tcmpore!tes entre les objets
« extérieurs M. De même pour l'identité et tacausatité. Si
t evo uttonnismeest légitime,c'est & la condition de ne pas
réduire ainsi t'experioncc tout entière à
son mode externe
et passif, qui est l'enregistrementdes rapports
dans !e cerveau par voie de répétition fréquente.extérieurs
Au reste,
Spencer lui-même n'a pu s'en tenir à ce mode élémentaire
d'enregistrement, et il a du faire une place dans
tème aux principes de Lamarck et de Darwin. son sys-
La seconde origine de ia structure cérébrale et mentale,
avons-nous dit, est t'acquisition et la transmission hérédi-
taire des habitudes. C'est précisément cette origine
Lamarch a mise en lumière et que Spencer appeue l'adap- que
tation fonctionnelle M. Seulement, si tes oncts de« Fexer-
cice suri ~M~K~pour t'adapter au milieu sont inconstes-
P~
~abtes, tt n'en est pas de même de ses effets
sur la ~ce~-
sont contestés aujourd'ttui par certains
listes, principalementpar Weissmann.Au où natura-
cas se vérine-
rait hypothèse de ce derniersur t'impossibilité de ta trans-
mission des caractères acquis, ce serait la négation du sys-
tème de Lamarck, et aussi de Spencer, profit du
deDanvin. Sans vouloir prendreauici parti danssys-
débat physiologique, nous croyons que, si ce
on n'a pas
encore prouvé entièrement ta transmission héréditaire des
habitudes, encore moins a-t-on prouvé
Ce qui sembte certain, c'est que l'action sa non-existence.
des habitudes
acquises sur l'espèce (nous ne disons pas
sur l'individu) a
été notaMement exagérée par Lamarck et Spencer;
autant
celle des caractères acquis est douteuse. L'ce
l'hérédité des caractères congénitaux est certaine, autant
acquise par de nombreuses séries d'individusa (roue fort
peu de chances de devenir cette sorte d'expérience héré-
ditaire et innée qu'admetSpencer.
Passons au troisième mode d'évolution cérébrale, que
Darwin a découvert. C'est ta « variation accidentelle M con-
servée par « sélection M. Supposez qu'un animal ou une
plante varient en couleur par i'etïet de causes fortuites
si la couleur nouvelle se trouve propre & cacher t'animal
et à empêcher ses ennemis de te dévorer, cet « heureux
accident opèrera un triage, une sélection it fera sur-
vivre les animaux ou les plantes qui auront eu la couleur
la plus propice. De même, dans le germe des animaux ou
de l'homme, certaines petites particularités peuvent se
produire, grâce à quelque « jeu de la nature et parmi
ces légères déviations du type congénital, ii y en aura de
malheureuses, il y en aura d'heureuses. Une fois le germe
déveïoppé, te cerveausera ou plus imparfait ou plus partait
qu'à i'ordinaire. !t pourra survenir, dans le développement
du système nerveux et ccrébrat, de nouveaux accidents
heureux, et la sélection les fixera enfin dans l'espèce. H est
donc incontestable que la structure cérébrale n'est pas due
seulement & des modifications produites par l'exercice et
l'habitude, mais qu'elle est due encore à des accidents
motécutaires; dans les deux cas, d'ailleurs, c'est t'h crédité
qui <!xe les résultats.
S'il en est ainsi, t' « expérienceM proprement dite, au sens
où la prend Spencer, n'est pas la seuie origine possible de
nos formes cérébrales et mentales. Le nom d'M~~Mcc
individuelle ne s'applique exactement qu'au mode direct
d'action exercé par les objets extérieurs, qui, par le canal
des cinq sens, arrivent à produire dans un cerveau des
copies plus <)u moins exactes d'eux-mêmes.Pareillement,
quand on parte de l'e.rp~~ce aMCM~e, on ne peut
proprement désigner que l'adaptation directe de l'espèce
ait milieu, produite par l'habitude et par l'association des
idées, non l'adaptation indirecte, produite par un accident
de la période embryonnaire nxé dans la
dit avec raison W. ~.nes, a deux portes race. Le cerveau.
l'une de devant,
cinq sens, l'autre do dorr!crs. tes modineationsInternes
et les accidents morphologiques. Les agents qui aC-ectcnt
le cerveau par la porte des cinq sens sont
viennent immédiatement des objets de notreceux «quide-
expérience
les autres ne te deviennent pas ils agissent
connus et représentés; ils sont en dehors de notre sans être
rience et peuvent cependant innuer sur notre expérience expé-
Deux hommes ont le même talent de dessin,
génie naturet non cuitivé, l'autre a acquis maishab l'un a un
iorce d'exercice: vous ne direz pas son été a
tous les deux
dotvcnneut'talent à « l'expérience que Goltz et Loeb ont
montré que les chiens deviennent doux quand leur
enlève leur lobe occipital: de bons traitements on
bonne éducation peuvent avoir le même effet; mais et une
serait absurde, dit W. James, d'appeler du même il
des causes si différentes et do dire que les deux animaux nom
doivent leur bon naturel à ce que Spencerappelle
rience des relations extérieures La tb!ie n'est pas <re~c-
seule-
ment un manque « d'expérience o elle est une perturbation
organique du cerveau, considéré en lui-même. 11 fautdonc
restremdrc le terme d'expérience individuelle
trale aux influences directes exercées sur l'esprit ou ances-
porte ~an~c'estra-dire par l'intermédiaire despar la
de l'habitude et de l'association. On sens,
ne peut traiter
succès de la genèse des formes cérébrales et mentales, avec
des facteurs de évolution intellectuelle,
deux modes d'action sur le ce~eau la voie sans distinguer
Lamarck et Spencer, la voie indiquée indiquée par
par Darwin. !1 en
résulte que « la philosophie de l'expérience n'avuqu'un
des côtés de la question: elle areprésenté nosformcsceré.
brales comme de simples empreintes laissées
par les rela-
tions externes, Mxées par une répétition séculaire;
nous venons de voir que ces formes peuvent être aussi or
les résultai de variations heureuses, dues non à l'exné-
rience, mais à un jeu de circonstances antérieur à toute
expérience et ayant pour théâtre le
germe ou l'embryon.
C'est cette dernière explication que, pour sa part,
W. James adopte. Il n'admet la valeur de l'explication
mnpiriste que pour tes retat!on& des choses dans t'espace
et dans le temps, relations qui se reflètent évidemment
dans notre esprit; il ne l'admet pas pour les relations de
causalité, de ressemblance et de ditïerence, etc., qui ne
sont ptus des t'eues du dehors, mais des modes de con-
cevoirinhérents à notre structure cérébrale.
La théorie de l'innéitéprend ainsi, dans le darwinisme,
un aspect curieux: tes formes natives du cerveau, les
conceptions ~ce~a~A de la pensée tiennent précisément
& des accidents c'est le hasard qui a été le père de cette
nécessite. Jupiter se joue, disait Heraclite, et le monde
se fait; le darwinisme applique un adage semblable au
monde des idées ta nature, par un de ses jeux, a produitt
un cerveau qui mieux que les autres lui servait de miroir,
le cerveau humain, et elle s'y est contemplée.
Tout en reconnaissant que tes causes morphologiques
doivent avoir eu tem* part dans la construction des cer-
veaux, nous ne saurions accorder que d'heureux acci-
dents sunisent a expliquer, en leur racine meme~ les
croyances universelleset nécessaires que si, par exemple,
le cerveau humain est construit de manière a imposeraux
choses la loi de causalité, c'est parce que s'est rencontré
autrefois un cerveau accidentellement construit de la
sorte, dont la particularité native s'est transmise ensuite
par hérédité. Le hasard est à coup sur un grand maitre
en combinaisons cependant ses jeux ne sauraient être
l'unique cause de ta structure cérébrate et mentale. La
sélection naturelle, en ciïet, présuppose ette-meme les
lois physiologiques les « accidents heureux » de ta vie
impliquentla vie même avec ses tendances fondamentales.
La structure cérébrale doit donc, en définitive, s'expliquer
par des raisons physiologiques, c'est-à-dire par les fonc-
tions essentielles de la vie et par la synergie qu'elles
entrainent entre les organes. Parallèlement, tes traits
particuliers de la structure psychiquedoivent s'expliquer
par la fonction radicale qui constitue la vie psychique
eMe-mémc: désirer, vouioif. C'est dans i'appétition du
volonté, subissant faction du dehors et réagissant
en
conséquence, que doivent sa trouve! sobn nous, tes der-
ntercs raisons de nos croyances et des idé~-tbrces qui
tes expriment.
Les partisans de l'associationet ceux même de l'évo-
tution, tels que Spencer, ont te tort de trop considérer
l'intelligence comme une sorte de tabie rase, où vien-
draient passivement et mécaniquement s'imprimer les
marques du dehors ils s'en tiennent ainsi au même point
de vue abstrait de i'<~w/~<M~qu'ont choisi teurs adver-
saires spirituatistes. En fait, nous ne sommes point une
cire molle et passive recevant des empreintes, nous réa-
gissons notre affaire est, non pas de réfuter les choses,
mais d'écarter ta douleur et de retenir le plaisir, de vou-
loir, d'agir et de vivrez La nécessité vitale est mère de
industrie intellectuelle. C'est ce qu'oublient également
les ~c<<?A, préoccupes des /&rw<M préétablies dans
i mteii~cncc, et que l'intelligence, selon eux, imposerait
ensuite à ta nature. iïs se tiennent trop dans l'abstrait.
Schopenbauer, par exemple, fait du « principe de raison
suttisantc identique a celui d'inteiiigibitité universelle,
une forme inhérente à la constitution de l'esprit sans
qu'on sache pourquoi, et qui n'a d'autre but que d'intro-
duire t'o~'e dans le monde de la « représentation en te
M
plaçant « sous le sceptre de la loi C'est trop songer à
la représentation en oubliant la volonté. Le principe de
raison sunisanto et les autres de ce genre sont des ins-
tincts intellectuels or tes instincts ont leur première
origine, au point de vue physiologique, dans une orea-
nisation des mouvements de réaction ayant pour objet la
vie ils ont tour seconde et radicale origine,
au point de
vue psychologique, dans le désir ou vouloir cherchant a
se satisfaire par des actes appropriés. 11 faut donc mon-
trer le rapport intime qui re!ic les croyances nécessaires,
principalementtes principes d'identité et de raison sutïi-
sante, aux lois biologiques des réactions motrices et aux
lois psychologiques du désir ou du vouloir.
!i
SS~
mtere vague dont il n'aurait pu prévoir l'assaut.
part, la nature n'accorde le succès qu'à celui qui
intelligente et raisonnable, qu'il en ait
Il faut donc savoir deviner,
par la pre-
D'autre
a su
qui réagit d'une manière
ou non conscience.
plaisir de connattre, mais pour non pas seulement pour le
le besoin impérieux de
vivre et d'agir. Toute vie, toute action est
tion consctcntc ou inconsciente une divina-
Devine, ou tu seras
dévoré. La plante même, dont la« tige lentement
sante monte vers le ciel pour y trouver !a cbateut'crois-et la
lumière, compte sur le soleil et sur ses d'aujnur-
d'hui, Passent son retour futur la rayons croissance
plante est une mduetton qui s'ignore, de la
inconsciente
anticipation de l'avenir, une afurmationune acte
qui a été sera, que le soleil qui s'est levéen que ce
aujourd'hui
lèvera demain, que les phénomènes de la nature se
raisons constantes, qui font qu'on peut vivre, grandiront des
porter fruit. L'être intelligent yne fait que s'ex-
primer à lui-mème, dans le langage de ta conscience
avant de la vie, qui se
retrouve dans la nature entière. Supposons done,
cette nature soumise à un ordre intelligible, êtredans qui
n'aurait pas cherché de rayons et d'antécédents un il souf-
trances, à ses plaisirs, ou qui aurait réagi d'une sesmanière
diuerente sous (tes impressions semblables, d'une ma-
nière semblabte sous des impressions diMét'cntes, tantôt
Htyant son ennemi, tantôt se jetant dans sa gueule; un
être, en un mot, qui aurait voulu ou pensé comme si ta
nature n'avait point do règle intelligible un toi être,
n'étant pas viable, aurait disparu avec sa face de l'univers.
Un banquier qui croirait que deux et deux font cent serait
bientôt ruiné; un animai qui croirait les effets sans
causes ou la diuct'ence des effets produite par les mêmes
causes, et qui agirait en conséquence~ serait bientôt
mort.
Et non seutement~ta sélection naturette a fait, dans l'in-
dividu, le triage des mouvements tes mieux appropriés;
elle a fait aussi, dans t'espèce, le triage progressif des
individus réagissant le mieux, avec le plus d'adaptationaux
circonstances, it en est résulté a ta longue un organisme
réagissantd'une façon de plus en plus ordonnée. L'instinct
de l'ordre est avant tout une condition de conservation.
!t n'est pas, comme le croient tes sensualistes, un résultat
tardif de l'expérience extérieure; il est une nécessité pri-
mitive, un postulat pratique, une thèse nécessaire & la vie
même et sans cesse confirmée par la persistance de ta vie.
Outre les nécessites de la vie physiologique, il en est
d'autres encore qui ont contribua, dans une large mesure,
à notre structure cérébrale et intettectuctte ce sont les
nécessités de ta vie sociale. Déjà, au point de vue physio-
logique, t'individu porte en lui-même une société: nous
sommes plusieurs en un, un en plusieurs, puisque notre
organisme est composé d'une multitude d'organismes. Si
les actions et réactions de notre cerveau n'étaient pas en
harmonie avec les actions et réactions de notre corps
entier, nous ne pourrions vivre il faut donc, en premier
tieu, que la ici d'identité avec soi, qui est t'afnrmation
même de t'être et de ta persévérance dans t'être, vienne se
formulerau cerveau, en actions d'abord, en idées ensuite.
t! faut, de même, que te rapport de la cause a t'enet, de
faction & ta passion, il faut que ta réciprocité d'influence
et le déterminisme mutuel, qui sont des conditions d'exis
tenco et de dévetoppementpour toutes nos cellules, vien-
nent se formuler, en actes et en pensées, dans
ou lavie prend conscience ce cerveau
de soi. En d'autres termes, le
cerveau couine et promulgue les lois de la société cellu.
taire, et les deux premiers articles de ta constitution phy-
siologique sont nécessairement les suivants 1" t'être est
et s'affirme par tous les moyens, 2* t'être agit et pâtit de la
même manière dans les mêmes circonstances. Mais
deux règles fondamentalesde l'existence ces
en commun
s'appliquent pas seulement il cette société de cellules dont ne
nous sommes la conscience à la fois coHective et person-
nalisée elles s'appliquent de môme a la société humaine
dont nous faisons partie intégranteet active. !ci, le grand
moyen de communication réciproque n'est plus,
comme
dans te corps vivant, la mutuelle pression et la poussée des
cellules, se transmettant Fune & l'autre leurs élans leurs
arrêts, icur puissance ou leur résistance, par une ou
tmeuamedtate et une commune pulsation de vie sympa- dans le
corps sociai~ dos intermédiaires deviennent indispen-
sables l'action directe doit être remplacée l'action
indirecte, qui s'excrceà distance dans t'espace,par a distance
dans ta durée. Comment donc monter en quelque sorte
dessus de l'cspace et au-dessus de la durée? Comment trou- au-
ver un sommet d'où i'on domine l'infinité de ces deux
horizons ? Ce sommet est la pensée, mais ta pensée deve-
nue universelle, collective. sociale. !t faut que le membre
de la cité humaine pense toutes choses, sinon sub sperie
~e~M, du moins ~M~ec~cM~M. Pourtransporterdans
le domaine intellectuel ce que Kant applique domaine
moral, nous dirons que chaque citoyen deaula société
humaine doit se faire en même temps législateur, c'est-à-
dire promulguer dans sa pensée les tois de ta
logique (1). Un ctrc qui n'aurait commune
pas reconnu ces lois et
ne les ~M~
t égard des autrespascomme
en pratique, un être qui agirait à
s'ils pouvaient à !a fois être et
(i) Voir plu<; haut ch. )n.
n'être pas, comme si leurs actions pouvaient exister sans
cause ou changer indépendamment des causes, un tel être
serait encore plus « insociable » que l'assassin ou le voleur
il mériterait, sinon la prison, du moins le cabanon, h y a
donc eu, & travers les siècles, action et réaction mutuelle
de tous les cerveaux humains, jusque ce qu'ils fussent en
harmonie, comme des horloges marquant la même heure
au cadran de ta tonique, et aussi l'heure vraie, l'heure
que commande l'évolution de la nature, où toujours ce qui
est est et trouve dans ce qui précède sa raisond'être. Leib-
nitz disait que des horloges peuvent marquer la même
heure soit par hasard, soit parce qu'un même ouvrier a
régie d'avance leur harmonie, soit parce qu'elles se trans-
mettent sympatbiquement leurs vibrations par l'intermé-
diaire d'un commun support. II aurait du, selon nous,
adopter pour le monde entier l'hypothèse de l'harmonie
sympathique, ait lieu de l'harmonie préétablie il aurait dû
surtout transporter cette conception dans la société
humaine, o(t nul ne peut vivre sans sympathiser ~xyMc-
MM?~ avec ses semblables. La logique, on un mot, est l'ex-
pression des lois de l'action réciproque au sein de toute
société, c'est-à-dire du <MM!M ~CM/.
Un autre tait social d'importance majeure est venu cor-
roborer cette nécessité d'une logique commune: c'est
l'existence de la parole. Quand un animal est mordu par
un autre, il tâche de le mordre à son tour voit-il un
autre animal grincer des dents, il s'attend à être mordu
et grince des dents à son tour: voilit tout le langage dont
il dispose, langage d'action qui accomplit ce qu'il signifie
en même temps qu'il le signitie. La parole humaine a des
ailes elle s'envoie au-dessus de la réalité présente et des
besoins immédiats elle est l'idée même revêtue d'un corps
subtil et se faisant le plus possible immatérielle; elte est
ta raison manifestée, le « verbe Or. la parole n'est pos-
sible que scion le principe de contradiction et te principe
de raison sulïisante. L'être parlant qui confondrait l'affir-
mation et la négation, l'actif et le passif, le temps présent,
le temps passé, le temps futur, ne serait ptus qu'une
« cymbale retentissante M. tt y a une gramnMit'o sociale
comme une ionique socitUe, et on peut dire que tagram-
tnau'e est, elle aussi, noe sctcnce de la vie, eût' cttc pt'o-
mu!gue à sa iapon les lois de ta vie en commun pom* des
êtres capables do sympathiser et de coopérer a tfavers le
temps, à travers l'espace.
!U v.
f~
notre conscience, on dénnitivo~ que jamais les oontradio-
toiros ne se sont présentés onsembie et comme la main
dans !a main. Si d'aiiieurs on admet, avec Spencer
l'identité avec soi est une loi de tout oe qui fait partieque
de
l'univers, pourquoi ne pas admettre quitte est, par eeia
même, une loi essentielle du fait do conscience et de notre
constitution intellectuelle? Notre conscience a-t-elle cette
disgrâce de n'avoir absolument rien en propre, pas mente
ce ou! appartient au moindre objet de la nature, à savoir v'
l'identité? Ëat-oe qu'un miMif n'est identique & iu~thômo
que grâce A ce qu*M ne reflète jamais des contradictoifea,
par cxemple une chose & la fois blanche et noire sous le
môme rapport? Ne fait-ii pas partie, lui aussi, de l'univers
et ne participent pas a ta constitution commune? Be
m6me pour la pensée on veut en faire un simple rene~
je ne sais quelle chose passive sans qualité propre mais
un reHet est encore doue de l'identité avec soi, tout comme
ce qu'il roflète. Nous ne saurions admettre que l'acte de
conscience soit déshérite au point de ne pouvoir exclure
do soi la contradiction sinon par simple emprunt aux
pierres, aux arbres, aux animaux; au~ objets quelconques
qui nous entourent et qui no nous présentent jamais de
contradiction visible. Accordons-luiau moins ce que nous
accordons au dernier des atomes et au dernier des phé-
nomènes. Que répondrions-noussi on appliquait au cerveau
une doctrine analogueet si on disait ce n'est pas parce
(lue le cerveau est lui-même doué d'impénétrabilité qu'il
fournit au contact t'impression do la résistance~ c'est h;"
parce que les objets externes qui agissent sur lui sont
impénétrables. évidemment, l'impénétrabilité est ici une
propriété commune au cerveau et aux agents extérieurs.
L'identité est une propriété bien plus générale encore, et,
ait est permis de dire, avec Kant, que la pensée a une
« forme a constitutionnette, cette forme est ~absence de
contradiction.
Seulement, selon nous, c'est la plus qu'une forme de la
pensée et de la conscience c'est un mode d'action et un
déploiement de ta volonté. Que saisit continuellementla
conscienceen elle-même, sinon une action exercée ou subie,
et qui n~est jamais en contradiction avec soi ? J~ai chaud,
j'ai froid, je fais un mouvement, je désire, je veux: tout
cela, c'est accomplir ou subir telle action, non tette autre
la vie n'est qu'action et réaction perpétuelle. Si on va plus
au fond encore, toute action apparatt on nous comme un
vouloir unique, tantôt favorisé, tantôt contrarié, celui du
plus grand bien et c'est pourquoi nous no pouvons nous
empêcher de projeter en toutes choses l'analogue du vou-
loir. Or, l'essentiel de la volonté, c'est de se poser en face
des autres chosesqui s'opposent à elle, etdes'aiMrmerense
posant. Toute exertion de force est une assertion tout
acte, tout désir, tout vouloir, tout mouvement est une
affirmation. La contradiction est exclue de la volonté
même je veux ce que je veux, c'est-à-dire l'être et le bien-
être. La loi logique par excellence est donc primitivement,
selon nous, une loi psychologique de la volonté elle est `
ta positionde la votonte et sa résistance à l'oppositiondes
autres choses Je veux, donc je suis. Le sujet et l'objet
ne sont pas primitivement dans la conscience à l'état de
termes purement intellectuels, l'un représentatif et l'autre
représenté le sujet est un voutoir, qui ne se contente pas
de représenter les objets, mais tend a les modifier en vue
de lui-même. Par la volonté, au lieu de se disperserdans
les objets représentas, le sujet se fait centre et tache de
tout ramener à soi. La « fonction synthétique de la pensée
n'est que l'expressionet le dérivéde la fonction synthétique
du vouloir; et c'est cette dernière fonction qui est la vraie
origine de toute notre constitution psychique. Nous ratta-
chons ainsi la première loi de l'intelligence à la nature
radicale de la volonté, ou plutôt à son action radicale et
à son développementspontané. La persistance et l'identité
de la conscience, c'est la persistance et l'identité de la
volonté.
Mais, dira-t-on, nous ne croyons pas seulement que
notre pensée est identique à elle-même, nous croyons
aussi que les o~/e~ de notre pensée sont nécessairement,
et universellement identiques à eux-mêmes; comment
b
érigeons-nous !a nécessité propre de notre pensée
en
une nécessite universene des choses? La réponse est
contenuedans la question m6me puisque nous ne con-
natssons les objets que par notre pensée, c'est-à-diro
nos états de conscience et leurs relations, nous no pou-
par
vons fan'e autrement. En repoussant de sot !a contradic-
hon, la pensée la repousse par i& même de ses objets;
car, pou~ concevoir la contradiction dans tes objets, il
(audrait qu~eiie la reçut d'abord en eHe-tnëme, ce qui est
de fait impossible. La toi nécessaire et universelle de
notre pensée devient donc ~M' MOM< une loi nécessaire
et universelle des choses; et. comme nous ne pouvons
sorhr de nous-mêmes, i'universatite pour nous revient
pra~quement à i'universaMte pour nos objets quant
objets qui ne sont pas tes nôtres, its sont un r dont aux
n avons rien à dire. On peut, si t'en se pta!t à ces nous
jeux
d'esprit, supposer de, cet ;p qu'i! est t'ideatitë des con-
traires on peut prétendre que te principe de contradic-
tion est seulement vaiuMepour MO!M; et de fait,
c est toujours KOM~ qui faisons !a supposition,
comme
nous
tons dans un cercle dont il est impossible de sortir rou-
Chaque conscience étant, avons-nous dit plus haut,
monnaie frappée a FeMgie du monde, les lois du grand une
baiancter se retrouvent dans Fempreinte mais, d'autre
part, nous ne connaissons !e balancier et la loi du monde
que par Fempreinte. Au delà de ce cercle, U n'y a pour
nous rien de pensaMe.
IV
··F
sentation du feu comme douloureux et le mouvement
déterminé de fuite. Par une pente naturelle, la volonté
réagit de la même manière devant les mômes objets dou-
loureux ou agréables elle se déploie selon une loi elle
suit la ligne de ta moindrerésistance, qui n'est autre que
celle de la moindre peine. La volontéinstinctive de t'être
vivant n'a donc eu besoin que de se développer concur-
remment avec les influences extérieures, puis de se réné-
chir sur elle-même dans la conscience, pour devenir
<M'<c, ~M&M* loi ~MM~, « les M. C'est
antc-
rieurcmcnt à la logique abstraite de l'entendement, c~est
dans notre mode de sentir et de réagir qu'il faut chercher
!a raison dernière de notre instinct scientifique !'M ~MM
et M~~a~, non in intellectu. La connaissance est un
moyen de vouloir et de jouir dont nous avons fait ensuite
une un, par une sorte d'artifice supérieur, en le déta-
chant, comme un tout capable de se suffire, de ce cercle
sensitif et moteur dont il n'était qu'une partie, de ce
déploiement de !a volonté dont il n'était qu'un moment.
La supposition de i'intenigiMUté universeUe n'a pas eu
primitivementpour but de rendre le monde accessible à
la spéculation, c'est-à-dire approprié & notre satisfaction
intellectuelle; elle a eu pour but, avant tout, d'en faire un
milieu approprié à notre activité. Elle exprime te mode
d'action, et de réaction déterminéesqui existe de fait entre
les activités ou appétits.
Aussi le problèmedes raisons s'est-ii posé d'abord sous
une forme émotionnelle, plutôt qu'intellectuelle. « J'é-
prouve telle émotion, quel mouvement faut-il produire?Je
soufre, que fautil faire? Ainsi peut se traduire, en
termes abstraits, l'acte de tout être vivant. C'est une
question essentiellement pratique, portant tout entière
sur les relations du mouvement avec le plaisir et la dou-
leur, ou, physiologiquement, sur les relations entre les
muscles et les ner~. La question spéculative, et avec elle
la pensée scientifique, ne commence que plus tard; en
présence d'un objet, la pensée ne dit plus que faire? elle
dit ~M~-ce? Mais cette question, en apparence si spé-
culativeet si désintéressée,revient encore & ceci qu'est-ce
que cet objet pourrait me faire M~r, et par quel !MOMPC-
ment pourrais-je répondre? Peu & peu, nous éliminons
le plus possible notre moi, notre sensibilité au lieu
de cette succession particulière sensation et MOMce-
~M~ émotion et niotion, nous Unissons par ne plus
considérer que la succession en générât, !a succession
des sensations possibles ou des mouvementspossibles
pour les autres comme pour nous. Au lieu de la causalité
prtmtUve, qui est psychologiquement le rapport de l'ap-
petit&Ï& motion, ta science considérera causalité déri-
vée, qui n'est qu'un extrait de nos états de conscience
distingues et classés dans le temps et dans ~espace, tôt
encore, nous voyons que le logique et te Mec~MoMe ne
sont pas, comme l'a cru Wundt, !e fond du ~WM: au
contraire, !e sensible est le fond du logique et du
mécanique.
C'est donc toujours la volonté qui retrouve dans !'unt-
vers sa constitution propre, soit qu'elle amrme l'univer-
scite absence de contradiction, soit qu'elle aflirme i'unt'
vcrseiio régularitédes antécédents et des conséquents. Le
principe d'identité pose la volonté en elle-même, le prin-
cipe d'intelligibilité exprime le rapport uniforme des
volontés entre cites. Ce sont deux idées-forces qui
entrainentles mouvements appropriés et qui modifientles
choses conformément à eHes-memes. Elles aboutissent
extérieurement au résultat mécaniquede la réaction égale
à l'action, conforme à l'action; aussi ont-elles fini par
s'imprimer mécaniquement dans les mouvementsréMexes.
ïi n'en est pas moins vrai qu'à l'origine elles sont men-
tales, non mécaniques: eiies résultent, comme nous
t'avons montré, de la nature même de la volonté cons-
ciente la loi primordiale, la loi des lois, c'est la volonté
de l'être et du bien-être, dont le mécanisme n'est que la
conséquence extérieure.
Apres le role actif et volitif du principe d'intelligibilité
voyons de quelle manière son rôle proprement intellectuel
s'est do plus en plus développe. Toute action est déjà un
raisonnement explicite ou implicite, qui d'une identité
de principes a une identité de conclusionva ia conctusion,
ici, est un acte, comme de fairo un mouvement semblable
pour saisir un fruit semblable sur un arbre scmbmbte. Le
raisonnement est to passage d'une identité totale ou par-
tielle & une autre si A est identique a B et si B est
identique à C, on a par ia même A est identique a C.
Toute pensée qui ne tourne pas sur soi et qui avance
d'une identité li une autre, d'une daaiitc à une autre, d'une
similitude à une autre, raisonne. Est intelligiblece qui est
rationnel, c'est-à-dire réductible & un raisonnement Rn
disant que tout a une raison, nous voulons dire que tout
est, ou principe évident par soi-même, ou conclusion de
quelque principe. Appliquée aux phénomènes ou chan-
gements que l'expérience nous révèle, la loi de raison
suffisante ou de conditionnement universel demande
ios phénomènes se suivent selon une règle capableque do
devenir le principe ou la conclusion d'un raisonnement.
Pour cela, ii faut d'abord que tes phénomènes, par la
proportion do leurs ressemblances et de leurs dincrences,
rentrent dans des classes ou genres, et qu'on puisse
ensuite passer par le raisonnement du générât au particu-
lier ou du particulier au général. Ctossiiication et raison-
nement sont donc inséparables et, en somme, constituent
un même processus.
L'idée d'intelligibilité univorseiicou d'universelle ratio-
nalité, considérée sous !c rapport Intellectuel, est la
jection dans les choses de ces procédés essentiels de pro- i'in-
teiiigence,– classification et raisonnement. Cette projec-
tion est natut'o!!o et nécessaire pour plusieurs motifs.
L'intelligence étant au fond, nous i avons vu, volonté intel-
ligente, sa veut nécessairementetic-mëme, veut sa propre
conservation et son propre progrès; elle se maintient
donc le plus possible: 1" par le maintien de son identité
avec soi; 2" par la recherche de la plus grande identité
dos autres choses aveo elle-môme, c est-a-dire de i'intei-
MgiMiite. L'entant ne peut juger que d'après soi; il est
Inévitable qu'il attribue aux objets quelque chose d ana-
togue & lui-môme et, en particulior, à sa pensée lorsqu'elle
fonctionne, c'est-à-dire lorsqu'elle raisonne. Cette induc-
tion prit à l'origine la forme mythique et ne fut t'amenée
que plus tard â la forme métaphysique, puis sciontinque.
Au sens métaphysique, te principe d'intelligibilité uni-
verselle n'a paa l'évidence qu'on lui a souvent attribuée
depuis Platon. Par une analyse et une critique approfon-
~?
dies des lois ou conditions de l'intelligence, on en devait
venir & se poser ce problème ~OM~ r~ est-ii vraiment
Co point d'interrogation métaphysique est le
dernier terme de l'évolution intelleotuolle. Platon compa-
rait le soieU du monde ideai & oelui du monde scnsibte
mais notre soleil, si brillant a ta surface, renferme un
noyau obscur, et on peut se demander s'il n'en est pas
do même du principe de l'être, si, rayonnant au dehors,
it n'est pas obscur et opaque au dedans. Là existerait
encore, comme dans le soieil, la chaleur do la vie, l'ef-
iervesconco du mouvement ou de faction mais ces tcnc-
bres ~ternciiement vivantes et ëterneUemont insondables
opposeraient leur barrière aux rayons de l'intelligence.
Ce serait quelque chose d'ininteitigibio et pourtant do réel;
ce serait une puissance féconde pour créer, quoique sans
yeux pour voir et sans yeux pour la voir elle agirait
sans que ses actes fussent soumis aux conditions de la
pensée elle serait la cause qui produit réellement, sans
être la raison qui explique intellectuellement. En outre,
cette cause peut être conçue de deux manières soit
comme inférieure, soit comme supérieure à la pensée.
Les religions naturalistes et les philosophies naturalistes
se sont figuré la matière première comme un abime a la
fois obscur et fécond, laboratoire caché de la vie, ou la
pensée ne jaillit qu'après des siècles, étincelle brillante et
fugitive. D'autres doctrines déclarent la cause première
supérieure a la pensée. A leur exemple, certains méta-
physiciensde notre époque, partisans du libre arbitre dans
l'homme et de la contingence dans la nature, contestent
que tout ce qui est réel soit rationnel ils pensent qui!
peut y avoir des commencements de phénomènes inexpti~
cables par un changementantérieur, des actes de liberté
absolue. A vrai dire, leur doctrinen'est qu'une hypothèse
métaphysique transportée dans le domaine de la science.
Ils supposentque les mailles du réseau scientitique laissent
apparaître par endroits le fond métaphysique de t'être,
sous la forme de contingence, de commencement absotu,
de libre arbitre, etc. Au point de vue métaphysique, i'uni-
versalité de la raison, c'est-a-diro son extension au delà
des phénomènes, est donc contestable,puisqu'elle est con-
testée par beaucoup de métaphysiciens, selon lesquels ie
fond des choses serait, pour ainsi dire, extraiogique.Mais
comme ce fond, ainsi conçu, échappe par définition même
à notre intelligence, nous n'avons pas besoin de nous
en occuper au point de vue intettectue!. Nous devons tou-
jours appliquer le principe de raison et d'inteitigibilitéà
rëtro en tant qu'il est perçu et pensé par nous. Tout ce
qui est ~OM~' notre pensée est inlelligible.
Nous revenons ainsi du sens métaphysiqueau sens pure-
ment scientinque de l'universelle intelligibilité. Dès que la
pensée s'exerce et poursuit sa marche, elle suppose qu'il
y a quelque chose de pensable, que le terrain de la réatité
ne va pas tout d'un coup se dérober sous elle, que, par
conséquent, it y aura partout une certaine identité sous
les dinerences, qui lui permette à la fois de distinguer et
d'unir, de combiner les ressemblances et les dissem-
blances de manière à passer logiquement des prin-
cipes aux conclusions. De là i'idée de loi, essentieUe ata
science.
v
)BËKOKSCNSTANCK
MjtE DE HKM.tTj~
il la toi des
causes fimdes (3). » Tel est l'argument. n'ubord,
est-ce
(t) Nous ne l'enonçons pas a établir
1
que la pensée elle-môme
SlippOse l'existence de cette loi, et l'impose
nature. i, J. Lncbclior, De t'Ir~ductïon, 85. pur conséquent à la
P. 88.
(2) Lachetier, ?<<< p. 86.
(3)
p.
vraiment là une preuve <ï ~<? II ne le semble pas. Dans
cet argument, on se bot'ne & chercher quelles sont les
conditions c~rMMr~ qui rendit possible ta conscience
intérieure on fait une hypothèsea~o~o~' sur la cons-
titution de l'univers ta plus propre à rendre compte de
de <~c~'<MM, de de ~M/
notre conscience. Aussi nous parte-t-on de MOMt~MC~
!M~, toutes choses
que nous chercherons en vain a ~o~ dans l'inspection
de notre pensée. Bienptus, l'explicationqu'on donne ainsi
de la conscience est elle-même mécanique, car elle re-
vient à dire que la conscience intérieure suppose un méca-
nisme extérieur où toutes les parties soient dans un rap-
port de dépendance réciproque et, par conséquent, forment
un système de mouvements simuttancs. Enfin, avant à dé-
montrer le principe des causes unates comme ditïerent du
mécanisme, on commence par supposer que le mécanisme
même est impossible sans ies causes iinaies de la dé-
pendance réciproque des diverses parties de l'univers on
tire hnmédiatement, sans démonstration, la conclusion
suivante « Il faut donc que, dans ta nature, l'idée du
tout ait précède et déterminé l'existence des parties.
Ccta revient & dire que la nécessité réciproque des parties»
dans un tout présuppose toujours r~e de ce tout comme
cause, conséquemment une cause idcate ou Mnate; or,
c'est précisément ce qui est en question il s'agit de
savoir si la soudure indestructible des parties d'm~mé-
canisme suppose partout un ouvrier qui les ait souuées
d'après une idée, ou si, au contraire, les lois du déter-
minisme et du mécanisme ne sullisent pas à expliquer
cette détermination réciproque et mécanique des parties.
La pétition de principe nous parait donc évidente, puis-
qu'on s'appuie sur la finalité qu'on entreprend de dé-
montrer.
Aussi M. Lacbetier, âpres avoir annoncé qui! cherchait
ta démonstration des causes linales dans la constitution
môaie de la conscience et dans tes conditions a ~'«Mt de
toute co~MH~-KMcc, nuit-it par avouer que t'anirmationdes
causes finales est un acte « non de coMMaMM~c, mais
t
de ~o/oM~. Or, on peut appliquer à cette nouvelle
démonstratton des causes finales par la volonté le reproche
de pétition do prmeipG que M. Lachc!ictkapp!ique lui
même a l'ancienne démonstrationdes causq}jnnates
répondre aux exigences de notre .7~ses–et
sensibilité, « Supposer, dit-il, que les par la
doivent
ajouteront;, nous, de notre volonté, « c'est»,évidemment nous
prendre pour principe la !o: même que l'on se propose
d étabhr. Dire que notre sensibilité seute ajoutons
notre volonté, « exige des phénomènes la nnatité que
nous leur attribuons, serait donc avouer que cette finatité
n'est susceptible d'aucune démonstration et si elle
est pour nous l'objet d'un o~)' légitime, ottcque, saurait
cire celui d'une co~Ma~~ce ~~Ma~'c (1). no M Rien de
plus vrai mais comment un acte de volonté, & son tour, `
peut-il être une co~MM~<;c néce.r;.flai1'e? Sans doute,
< ainsi que le dit excellemment M. Lachetier, la pensée
tout pas demeurer abstraite et vide, et après s'être mise ne
hors d'elle, pour se voir, sous la forme de l'espace et du
.mécanisme, elle a besoin de rentrer en elle-même et d'être
elle-même, sous la forme du « /Mr et de la c<M~-
c:~ce » mais est-il nécessaire qu'il y ait des «causes
finales pour que la conscience, la sensation, le moi existe ? t
D'abord le mécanisme universel n'exclut pas l'idée du
«/CM~ », il la suppose au contraire. Quant à ta « cons-
cience », assurément elle ne peut se réduire à
nisme abstrait et purement géométrique it y a donc un méca-
dans
l'univers quelque chose qui rond possible ta conscience
et la sensation,it y a place dans te monde pour te senti-
ment et pour la pensée mais nous ne savons rien
des conditions qui rendent possibles a~non
ta conscience et la
sensation nous ne pouvons affirmer a ~on
nature agit comme nous sous une idée, sous l'idée du que la
lotit,
conséquemment en vue d'une cause nna!e. Ce qui nous est
permis, c'est de transporter dans la nature, par une /~o-
MMe~o~enor!, quelque chose d'analogue à nos sensa-
(t) De f/M<twc~<tM, p. 84.
tions et appelons, et de supposer que tout phénomènea
ainsi, outre une face extérieure par taqueMe i! est mouvc.
ment, un fond intérieur par lequel est sensation et apDC..
tition saunons
Nous ne donc admettre que le principe des
causes finales et idôatos soit constitutif de la pensée. !t
n'est même pas une de ces necessttés de la vie que
nous
avons reconnues dans l'axiome d'idcnt;~ et dans le prin-
cipe de raison suffisante. C'est une simple hypothèse
fondée sur une extension au dehors de notre expérience
intérieure.
CHAPITRE SIXIÈME
4
(0 Voirr/~eMo~c dM<<fo«6t!aCW(~t<e~a~me<~ewo)'<
<'OM<MKpOf<M.
H
tNËBBBt.'ABaOt.M
jeu..
parce qu'elles sont liées à la nature même de notre sen-
sibilité et & ses rapports avec nos autres puissances.
Dans les sentiments esthétiques, nous sentons pour sentir,
plutôt que pour comprendre ou pour agir. C'est donc là
que les lois de la sensibilité et do l'émotion se mon-
trent dans leur libre
Une émotion agréable peut naître de sensations rela-
tivement isolées ou de mouvements relativement isolés,
dont nous n'apercevons ni les relations externes ni les
éléments internes. Cette émotion n'est pas encore nette-
ment esthétique, à moins que nous ne rcnéchissions sur
elle par l'attention et l'aperception, de anière à jouir
de notre jouissance m&mc. Toute sensation agréable, en
effet, tout mouvement agréable cause un plaisir esthé-
tique élémentaire lorsqu'il y a ainsi attention adéquate
ou du mouve-
en intensité à l'intensité du plaisir même représentation
ment d'où résulte une harmonie entre la
ou action et son aperception consciente. Un plaisir auquel
on ne fait aucune attention, qu'on n* « aperçoit pas~
qu'on n'achève pas en le mettant au point visoet de !a
conscience, ne s'inteiieotmtise on rien et ne prend pas
ce caractère de jouissance intelligente qui est la base du
sentiment esthétique. Au contraire, ie seul fait de t'enë-
chir sut* une sensation 6tentcntah'c contribue a la rendre
plus ag~eabte en même temps que consciente de soi; on
comtncnce atoffs à sentir p~e~M~
La seconde classe d'émotions esthétiques est celle où
le sentiment est déterminé par (tuc!quo combinaison ou
arrangement des ropt'esentations primaires. Ici, le plaisir
est moins matprie! et plus forme), cons~uemmentplus
inte!tcctuei.Et, comme ta jouissance, ainsi intellectualisée,
peut pleinement jouir d'e!te-mcme, jouir de sa propre
conscience,e!!e prend un cat'actëre pieinomentesthétique.
LIVRE SIXIÈME
LA VÛMNTB
CHAPITRE PREMIER
EXtSTENCBDE LA VOLOKTÉ
S~X" P~
actuelles ne nous donnerait et
pasridéeduMsseo~S
cnestinscpSe. 'Nous
sentiment de la transition m6me
chan ement. ou du
Ën'Qn,–nous arrivons point
cgen s du changement nous atl essentiel, les anté-
apparaissent
n'étant pas dans l'état total précédentdo latantôt comme
mais comme y pénétrant du dehors; tantôt, conscience,
au contraire,
comme préexistant dans cet état antérieur, Si je ressens
tout à coup une piqûre, elle a beau fondre immédia-
!'n~
~tavec se
mon étatgënerat. la conscience du chan-
gement est M.o~M~, la transition n'a été ni prévue
ni pressentie. ï! y a donc,
au point de VMdelfS
entre ma conscience de tout à
y~ ?~
l'heure et conscience
ma
pâtis, c'est-à-dire ma conscience de tout
veloppait point en c!teta totalité dë~ M~
dis alors que je
& l'heure n'eh-
l'~y du dehors et
dedans. Si, au contrait j'ai l'idée
de prendre la plume pour écrire
au bas d un ma signature
contrat, la décision que je prends
avoir son antécédent immédiat et suffisant me parait dan~;
états antérieurs de conscience, qui
sont ridée de tel
mouvement comme moyen pour telle On, 2" le désir de
ce mouvement. Je me conçois ici comme agissant c'est-à-
dire conditionnant des phénomènes
mes désirs, ainsi que par les mouvementscérébraux ou
parSS~~a
musculaires qui les accompagnent moraux ou
L'ensemble des changements ayant ainsi leur
tion dans la conscience antérieure forme condi-
un tout con-
tinu, par opposthon & vicissitude discontinue
des
sensations adventices. Nous avons donc Sitive
< <<
en
outre la conscience sensorielle, une conscience
peut appeler active et motrice. Je me qu'on
sens non seulement
changé, mais train
(passivité) et de quelque chose dans le temps
l'Qlft..I.tilt- D.IIII.AIA_..1. 1.lA. I~
(activité) et simuitanëmentdans l'espace (activité motrice).
Ceux qui nient cet aspect Intérieur s'en tiennent
point de vue au
fis considèrent des états de coh-
vue dynamique.des
conscience
M/f~,
de se ~'o~M~'e et de c/
science tout ~o~~ et a~M; its négligent le point de
c'est-à-dire les états de
Par
là, ils méconnaissent le sentiment de la transition et ren-
dent impossible la conception du temps. De plus, Us mé-
connaissent l'autre point précédemment indiqué que
toute transition, tout changement a deux directions pos<
sibles, du dedans au dehors, du dehors au dedans, et nue,
dans l'un des cas, nous voyons l'antécédent du chan-
gement, .dans l'autre, nous ne le voyons pas.
!t. Une nouvelle preuve de l'existence de la volonté
et du caractèreréactifqu'elle confère à tous les états de
conscience, c'est la tendance à projeter au dehors nos
représentations. Outre qu'cttes enveloppent toutes, plus
ou moins, un dtcment extensif qui s'oppose à retément
intensif, nos représentations sont encore toutes plus ou
moins ancctces, pour notre conscience, d'extériorité. Au
contraire, nous ne projetons point au dehors et nous
nous attribuons nos volitions. C'est, nous venons de le
voir, qu'au lieu de tomber en nous a~ notre grande surprise
et de pénétrer du dehors au dedans, elles se développent
du dedans au dehors elles sont pressenties dans leurs
motifs et mobiles, elles sortent du groupe antérieur de
représentations et d'impulsions. Elles n'ont de rapport
avec l'espace, de caractère extensif, que par le &~ &v~-
r~M~' auquel clics tendent, par ta représentation de tel
enet à atteindre dans retendue en cités-mêmes, elles
n'apparaissent qu'avec un caractère d'M~. Il est
donc légitime de les considérer comme déploiement d'une
activité interne, non comme un simple complexusde sen-
sations passives et externes.
C'est sur cette din'crencc même et sur elle seule
que peut
se fonder la distinctiondu sujet et de l'objet, du moi et du
non-moi, où se trouve encore une nouvelle preuve de la
votontc. Est~ MM<~ ce que je fais ou contribue & faire
monvouion'; estao~M par
ce que je trouve tout fait, et
souvcnUmt en dépit de moi. Réduit & des sensations
toutes passées, s'il en pouvait exister de telles, je
me distinguerais ptus de rien et me perdrais tout entier ne
dtmstutnvet's. t<a<( représentation comme telle, exprime
surtout les remuons de t'être vivant avec les autres
objets, conséquemment le reHet de ces objets
volition, le desu', le ptaMr et la peine, eu en lui la
qu'ils ont
de constitutif, expriment ta nature même etcete devcton-
pement propre de t'être vivant. C'est pour cela que
nos
plaisirs et nos peines, nos c~orts, nos désirs eL nos voli-
tions nous semblent si bien à ~o~ jamais nous
attMbMons au non-moi, tandis que nous localisons,. ne les
même u t'exces, nos sensations et nos représentations
Nous croyons que le vert est réellement
sur l'herbe, l'azur
sur le firmament, les sept couleurs dans l'arc-en-ciel.
Quetqaes erreurs que nous osions ainsi dans l'orientation
de nos états de conscience, nous en revenons toujours à
disUngucr te pûie passif et le pôle actif, le non-moi
moi. La classification o~M~ en mien et tien, moi etet le
toi,
suppose sans doute un jugement reu~chi, avec ta concep-
tion de deux centres opposes, si bien que tes idées du
et du non-moi sont des produits tardifs de la rcHexion moi
mais le sentiment du passif et de l'actif est immédiat'i
universel.
Non seulement laposition du moi en ~cc du non-moi
sera t ponr nous imcomprchensibte,s'il n'existait que des
modifications passives sans réaction, mais le caractère
d'unité ou de continuité que nous attribuons
au moi
tut-ce en detinitive une unité d'apparence etunecontinuite
d'apparence ne se comprend encore que par faction
continue du voutoir-vivre et par te mouvement perpctuct
(lui en est la manifestation en nous. Les sensations
chaque moment ont beau se mcter aussitôt au de
sensoriel, elles n'en ont pas moins, à leur apparition, des
(tuaiitcs tt'anchccs qui tour contrent une sorte d'indivi-
duatttc. Au contraire, mes volitionsm'apparaissent
comme
des parties intégrantes et des dévoioppements de ma vie
interne, combinée d'ailleurs avec les influences du dehors,
réfractée et rcnéchic en perceptions de toutes sortes.
J'ai le sentiment d'une tension interne continue, d'une
sorte d'appétit incessant, d'un vouloir-vivre indéfectible,
traduit par une motion continue. Je ressemble au nuage
qui, au lieu de recevoir l'éclair, comme le reçoivent mes
yeux, te produit et le tire de son sein, parce qu~it y a en
lui un passage des forces de tension & des forces mo-
trices. C'est cette continuité du désir, de l'attention, du
vouloir qui nous donne le sentiment de notre existence
~'<r
continue. Sans doute, quand nous essayons de nous
te vouloir, nous n'y parvenons qu'en t'incor-
porant dans un objet, désir de telle chose, vouloir de
tel mouvement, car nous ne pouvons vouloir à vide
mais cette présence nécessaire d'un objet, qui seul donne
à la volonté une détermination représentable, n'em-
pêche pas la volonté même d'être avant tout nécessaire.
Aussi la volonté a-t-elle la conscience continue de soi,
sans que cette conscience, comme telle, ait une /b)w<?
autre que celle qui lui vient des sensations résultant de
son contact avec le monde extérieur. En outre, par op-
position au tout de ta conscience sensoriette, le tout con-
tinu de la conscience motrice n'admet aucun mouvement
t~M de M<MM qui ne nous apparaisse, clairement ou obs-
curément, comme lié à notre réaction d'~M~M~et résul-
tant de son application à quelque objet particulier. Même
quand nous nous ugurons créer un mouvement ex M~Vo,
nous nous l'attribuons à nous-mêmes; par conséquent,
nous conservons le sentiment d'un lien entre ce mouve-
ment et ses antécédents internes mais, comme nous ne
pouvons analyser totalement ces antécédents, nous nous
tirons d'attiré en invoquant notre liberté d'inditierence.
Si cette liberté est chimérique, il n'est nullement chimé-
rique de dire que nos actions sont des mouvements
ayant leurs principaux antécédents dans notre moi, dans
la réaction nerveuse et cérébrale de notre organisme
entier, manifestée sur un point particulier. De même,
c'ost sur tel ou tel point que l'éclair jaillit du nuage
mats l'éclair n'en est pas moins la résultante, le signe de
la totalité des tensions existant dans le nuage et de leur
rapport avec les tensions simultanées des autres nuages.
On raisonne trop souvent dans l'hypothèse de facultés
distinctes qu'on met en rapport et en connit l'une avec
l'autre, au lieu de considérer l'évolution interne comme
développement continu et total. Mais la conception
pulaire de la volonté comme d'une faculté en opposition po-
avec l'intelligence vient elle-même de ce sentimentobscur
d'un tout continu de réactions, qui forment a chaque ins-
tant une seule réaction d'ensemble en un sens détermine
Ce n'est pas & une facullé que se rattache ma volition
présente, mais à ta totalité de mes réactions mentales et
cérébrales, dont elle est le terme et l'expression sensible.
Les actions particulières comme lever le bras,
voir les jambes, prononcer telles ou telles paroles mou- ne
sont en effet que des spécifications, des concentrations
de notre conscience motrice continue. Si mon petit doigt
s'abaisse sur la détente de mon fusil, ce léger mouve-
ment est le terme de !a totalité des mouvements de
réaction qui, composés et fondus ensemble, aboutissent,
selon la loi du parallélogramme des forces, muscles
de mon doigt. De même, le mouvement deaux la détente
du fusil aboutit à celui de ta balle traversant l'air; mais
il y a cette différence que le mouvement de la détente,
celui des gaz explosifs, celui de la balle ne sont pas
embrassés dans une conscience. Par quel mystère, nous,
pouvons-nous faire la synthèse de toutes nos réac-
tions motrices dans notre conscience de désirer et de
faire enbrt? Impossible de répondre. Mais pouvons-nous
davantage expliquer comment les mouvements produits
dans notre cerveau par les instruments d'un orchestre
arrivent à être synthétisés dans la sensation d'harmonie ?
U y a deux faits qu'il faut admettre et qu'il
confondre !e fait des changements subis que ne faut pas
nous sen-
tons, et le fait des changements M?MM'MK~ auxquels nous
~MK~O~.
in. Mus avons prouvequo toustcs piténomenes intet-
lectucls, sensation, représentation, projection au dehors,
conscience du mo! et de son existence continue, sont inex-
plicables sans la volonté; it en est de m~me des phcno-
mènes affectifs, Qui dit plaisir ou peine dit non-soutement
sensation, mais sensation ~vorabio ou dCtavorabie a t'en.
sembtedes mouvements vitaux et dos états de conscience
correiatits à ces mouvements. Or, le groupe des états do
conscience corrélatif aux mouvements vitaux ne reçoit
point passivement te plaisir et tu peine comme une simple
sensation additionnelle, comme un chitn'c de plus ait totut
antOficm*. Le totnl attire ou repousse le chit~'e nouveau
la coenesthésie admet ou rejette les sensations survenantes,
comme l'ensemble~des mouvements vitaux admet ou re-
pousse tes mouvements synergiquesou antagonistes.Cette
admission et ce rejet n'est plus simplement plaisir ou
peine, mais une tendance à maintenir le plaisir et & chan-
ger la peine en plaisir c'est i'app6tition. En un mot,
l'étre qui jouit ou souu't'o n'est pas, dans sa totalité,
reçoit; il ne se borne pas a~
Mdtucrent a la jouissance qu'il reçoit ou il la peine qu'il
de telle manière, &
répéter pour ainsi dire continuellement je pâtis, donc
je p&tis; it dit. je p&tis, donc je veux continuer ou ces-
ser de pâtir. Donnez le nom qui vous ptaira à ce mou-
vement vers t'avenir (avenir qui n'a pas besoin d'être
conçu), toujours est-il que ce mouvement existe. Si vous
placez la réaction, sous une forme quelconque, dans le
plaisir et la peine, vous pourrez ne pas ta mettre & part
sous ie nom de volonté, mais ce ne sera plus alors
-qu'une question de mots. Une fois arrive & l'analyse du
plaisirou de la peine, vous ne comprendrez plus qu'un
être jouisse ou souure, soit favorise ou contrarie, si
vous ne lui attribuez pas une direction antécédente et
une direction conséquente vers un certain but, sinon
~owïM, au moins ~<. Tout psychologue est obligé,
même quand il prétend n'admettre que des sensations,
soit nouvettes, soit renouvelées, d'admettre encore
que l'être vivant n'est pas neutre entre ses sensations,
qu'il y a toujours élection de l'une plutôt
~Otx quo do l'autre,
un non intellectuel
au début, mais spontané et iaô~
viable, par conséquent un M~
Les modernespartisans do la sensation transformée
utent de ce que tes sensations superncieltes pro-
des cinq
sens, ou du moins celles de la vue, de l~uïe et du tou-
elier, sont devenues aujou!'d1~u~ presque inditTëfontea
presque des sensations pures et en apparence passives,
tandts que les sensations organiques et cciics mêmes du
goût ou de l'odorat envetoppent ciait'otncntcmotion
t'cactton. tisbroutiientic tout et supposent des sensationset
~f"~ "cntes,
~!? ~~T~ qui, combinées, pro-
la pea itc du phusn' .M de ta douteuxou ~!a volonté,
Mais, d'abord
tordre suivi par les partisans exclusifs de la sensation
juste t'oppose de rordre véritable. Au lieu de prendre est
point de départ les sensations culmes et contemplatives pour
des sens supérieurs, derniers
faut, au contraire, prendre pour venus dans l'évolution, il
élément primordiat la'
sensation organique, profonde ct~eneraie, encore à peine
(httërenctee dans des organes spéciaux. Or, la
sensation
organique,vitale en quelque sorte, n'apparait plus
comme
un état tout passif, sans ton émotionnel et sans réaction
appëtthve elle est, au contraire, plaisir ou peine,
sion ou aversion elle est faim ou soif, appétitpropen-
blessure, etc. Mlle constitue donc un complet sexuel,
psychique avec ses trois moments inséparables processus
l"n)odi-
ou peine, 'on
Mcation subtc et sentie par un discernement immédiat.
?
de 1 objet. Si c'est là ce qu'on vers
l'objet ou & l'opposé
entend par sensat:o!h on
pourra en effet tout expliquer parla sensation; mais si,
comme on le doit, on réserve le nom de sensation puco à
la modification passive de la cccnesthésie, premier
ment du processus psychique, il deviendra impossiblemo- do
ne pas tenir compte do la ccencsthesie entière
(hMee.du caractère agréable ou pénible de cettequi est mo-
moditica-
tion d'ensemble, enfin do la réaction immédiate qui
résulte aussi sûrement que, dans le mondo physique,en
la
reaoMon résulte de l'action. On ne pourra plus amrmer
alors que la réaction psychique soit un ensemble de
sen.
sations passives qui, combinées, donnent l'illusion de l'agir
et du vouloir; aucune combinaison de passivités n'expli-
que d'une manière intetiigibte le sentiment d'activité, et le
vouloir-vivre est aussi clair en nous que la sensation
môme. De plus, pourquoi le plaisir ou la douleur
ils reconnus réels, tandis que le vouloir-vivre seraient
ne le serait
pas, du moins en tant qu'activité véritable ? Le
M~o~ donne à tout mode de consciencen'a pasterme de
de supprimer les réelles différences entre les la vertu
modes de
conscience; or, l'attitude sentante, dansi'expériencoin-
térieure, ne saurait se confondre avec l'attitude de
qui veut et fait effort pour maintenirou supprimer ia celui
sation (t). sen-
(i) Dans l'étude do M. CharÏton BMtiaa, qu'a puMiëoh ~fMe philo.
80ptiique d'avril <M2, l'auteur soutient d abord avec beaucoup
psychologues contemporains, que la volition o~tpM.h faculté de
pntnord~e m~
NMs croyons que c'est un développement ultérieur de l'attention.
l'inverse So vérité et que l'attention est
simplement appet:Hondifig6cvers lalaperception au M.d'étXdS
Këcvet-9 l'action musculaire. M. B~tianajoub ensuite
tion et la volition appartiennent rune et l'autre & la que cc l'atten-
sensations o~M exprcss!oM étrange, qui montM catégorie des
~&~ rétablir t'~tivi~ qu'on n~rX"
Selon M. James (Psychotome. t. ï, p. 3~, «des M<!M
comment on
~~Ma~oM
des idées de mouvement, voilà les facbnrs élémentaires dont notre
~~?:î~~ dans~X~
esprit est construit Mais que devient aïoMrXXSM~
deviennent mémo le p~~f et tape.~? ufaudrataKeoM~
qui ne sont que les rdsidus d'impressions kincsthosiques.
&
Est-ce là
preuves, et "M'' MpecMd'Sî
une thèse vraiment démontrée? M. Bastian, lui, l'admet
une idée de la
sans
constitution
radicale de ï& consctence: Nous avens dans l'écorce cérébrale
un registre étendu ou s'inscrivent deux
f~ espèces d'tmp~ressto,rsae"
P''«n.Uvetncnte~<.M(MM tM.M~<.M~ et d'E-
tres impressions sensorielles (kinesthésiques) ~M~aM<doccs
mouvements et constituant un ~Mc et un M~c pour l'exécution
ultérieure des mouvements similaires. Sur le second groupo
du
sensations kinesthésiques) et qui servent de guidesmouvement (ou
vements uMncurs, nous sommes d'accord avec M.'Kfian.mSs pour les mou-
quest-ce, dans l'autre groupe, que ces.M~pSteDduS
ponctuons que, oans la conception même du fait
ehoiogiqoe, on trouve tmptiqu~s 4" ta distinctionpsy. de
~(/~ conscient et d'objets qui sont présentés ou repré-
sentés & la conscience sous une forme quelconque(sen-
sations, idées, etc.) 2" la relation des objets, harmonie
ou connit, avec le sujet même, relation qui se manifeste
par le caractère c~~e ou pénible de la sensation
3" une ~c~'oM quelconque du sujet par rapport & l'objet,
une activité quelconque d'ordre subjectif, qui est !e fond
du vouloir. Cette réaction peut être plus ou moins éten-
due cite peut n'embrasser qu'une faible quantité de nerfs
et ne produire qu'une irradiation nerveuse peu intense;
telle est, par exemple, la sensation visuelle produite en
moi par une tache grise et indifférente le sol. Quand
je ne fais pas attention a la tache grise,sur
la réaction n'est
purement ae<M<M'~M « qui primitivement c.p<?t<eM< au mouve-
ment a? Co mot e.fdfcw< ratabUt toute la difficulté. Pourquoi
taines impressions excitent-elles & des mouvements d'écart, cer-
par
exemple? Parce qu'elles sont ~K~o-cMSM. Fort bien; muis est-il
évident que ta douleur soit cue'tuerno une pure ~M~M<oM et
meM< MtMor<eMe? De plus, pourquoi ta douleur excite-t-otto Mafc-
mouvement, c est-a-thro au changement, si elle no rencontre pas au
une direction générale ontocedente qu'cMo contrarie, une appé-
tition do bien-étre à laquelle elle s'oppose? La non-indiacrencede
tôtreMntant ù ses sensations n'cst.ei!o ene.m&me qu'une
sensa-
hon?< On voit quel pcte-mête d'idées dissemblables recouvre
l'apparente simplicité do cette division sensations
en c.M<<aM< au
mouvement et sensations n~M<~tM< du mouvement.
Entin M. Bastion pose, comme « accepté de tout le monde", non
seulement que la succession de nos pensées est soumise a la loi de
l'association des idées, mais que les associations ne sont~ qu'un
« réflexe de coextstcnces et de séquences externes ». Cette théorie
speneertcnne suppose que nous enregistrons passivement la
scnsatton les séquences et coexistences c.r~ptM'M, alors par qu'en
réalité nous réagissons par notre organisme: nous ne reproduMons
pas exactementlesséries externes, mais nous les combinons
nos appétits, avec nos plaisirs et nos peines, avec nos habitudes,avec
Lèsent humain n'est pas, comme dit M. ttastian avec Leibnitz,etc. un
simple < nurotr du monde it mete sa propre nature i celle des
choses, il les informe et souvent les déforme, d'abord selon ses
plaisirs ou ses peines, puis selon ses appotitions. Le point do vue
de la paMtpM est donc partout incomplet 1
qu'une vibration faible qui se perd dans la
acquérir le relief d'un acte distinct. ~s que jemasse, sans
fais atten-
tion, il y a déjà ~~e évident, concentration des mouve-
ments cérébraux et même musculaires. Ne voir des actes
que là où les bras font de grands gestes et où lesJMnbes
se remuent, c'est une opinion enfantine. Nous agissons
toujours, nous exécutons toujours quelque chose, otmémo
bien des choses à la fois. On i'a vu, nous ne nous repré*
sentons pas une action sans en poser tes premières con-
ditions et en esquisser te premier dessin toute représen-
tation est un commencementd'exécution. Entre ce com-
mencement et l'exécution complète, il n'y a qu'une
din~renco i" de prolongation dans ic temps 2" d'in-
tensité 3" de spécification qualitative enfin, A" d'exten-
sion au dehors et de rapport & retendue. Penscf a un
acte de violence, c'est commencerta violence en pensée,
c'est esquisser l'acte de violence dans sa tête on peut
s'en tenir là, on n'en a pas moins déjà commis. un pre-
mier acte on a eu non seulement une « mauvaise pen-
sée », mais encore une mauvaise impulsion, un mauvais
vouloir, et, en définitive, on a déjà fait une mauvaise
action, dont on se repent aussitôt, et dont on réprime le
développement interne, puis externe. La séparation de ta
pensée et de l'acte est artificielle penser, c'est accom-
plir l'acte avec les cellules cérébrales exécuter, c'est
l'accomplir avec les cellules musculaires, et jusqu'aubout.
Pratiquement et socialement, it y a certes une grande dif-
férence, comme il y a une dinërence entre deux heures
et une seconde, entre une force do mille kilogrammes et
une d'un gramme, entre une longueur de mille mètres et
une longueur d'un millimètre. 11 n'en est pas moins vrai
qu'une seconde est toujours une durée, qu'un millimètre
est toujours une étendue, que la pensée d'une action est
toujours une action, que l'idée d'un mouvementest tou-
jours ce mouvement commencé s'ii est arrêté ensuite,
ceia ne Fenpeche point d'avoirexisté tout d'abord. Quand
nous pensons a une action simplement possible pour nous,
nous voulons d~& cette action et nous la commençons.
Bien ptus, quand nous pensons à co que nous ne vouions
pas taire, & ce que nous déclarons energiquement ne pas
voutoh', t'acic d'aHent!on par tequc! nous pensons la.
chose ost déjà un premier et provisoire consentement
nous consentons & ta regarder, sinon & i'executer; nous
entrons en pourparler avec c!!e. Dire « je ne veux pas »
signine je ne continue pas de vou!oir telle chose que
j'ai bien voulu concevoir et dessiner dans ma pensée. La
votonte n'apparaît pas et n'intervient pas tout d'un coup,
par des actes spéciaux et des /ï< soit pour ~ire atten-
tion a une idée, soit même pour prendre, comme on dit,
une « détermination Toutes tes scènes intérieures qui
nous paraissent et sont, en cnbt, si diversifiées, emprun-
tent leur diversité aux sensations de mittc sortes qui
viennent se combiner avec le deptoiement de notre
volonté mais, encore un coup, ce dëptoiement en iui-
meme est toujours continu et toujours gênera!; nous vou-
ions et agissons tout entiers, et les réactions tranchées
contre tes obstacles ne sont encore que les continuations
do notre voutoir antérieur combine avec des sensations
nouvelles. Kotre vie est une seule et même histoire
interne, variée par tous les concours ou connits extérieurs
qu'elle rencontre. Ou la votonte n'est nulle part, ou eue
est partout en nous; nous sommes partout en action et en
mouvement c'est ta ta vie, et la voionté ne cesse qu'avec
la vie.
H
spontanée
des cordons nerveux à partir du ccr-
que nos membres aient
et ~rcnechtedu courantnerveux,simple dinitsion
pour nue
putssions faire connaissance avec tel modo particulier nous
mouvement et, en nous représentant notre dtat générade&
ce moment, ainsi que nos sensations anierentcs, reproduire
une T~
volontairement la môme motion. Nous
ne pouvons avoir
notre oreille ~squ'à ce qnc
notre oreille ait dtd m~e en mouvement;si,
sion du courant nerveux, nous venons êtrepar la ditn!-
avertis du
mouvement de notre oreille, nous serons en possession
d'un certain de
ensuite volontairementmouvement, que nous pourrons
exécuter. Nous ne pouvons
tracter à volonté nos intestins; c'est que nous bavons con-
aucune image-souvenir de la manière dont la contraction
se fait.
objecte MQnsterbcrg, on ne voit pas pourquoi
Mais~
nous n'aurions pas aussi bien la conscience «
déporta
notre disposition là où les contractions e!ies-tncmcs
sont point senties, et pourquoi cette conscience ne
rait pas amener tes contractions -Munsterber~ ne pour-
oublie
qu'on ne peut atteindre un but qu'on ne 'voit pas, ni réa-
hser un mode de mouvement intestin dont la sensation
nous donne aucun schéme. De ce que t'eSbrt mentalne
"~?~~? seul, ne suMt pas pour déterminer tel mou-
et
vement de telle partie du corps, pas plus qu'un seul point
ne détermine une ligne, en rcsuite-M! que la representa-
tion d'une impression puretnent périphériquey sa<!tse, sans
un élément centrrri eiccrebrat qui apour corrélatif i~en-
sit6duvouton',dudésir etdereu'ort? Pouravoirun tevier,
il faut avoir une puissance et une résistance; la <:on~
tante nécessité de l'une "P~he mais implique,
au contraire, la constante nécessité depas,
i'autre.
~L soulevant un objet, dit MQnsterbere, je ne puis
découvrir aucune volitionnelle. Je
perçois, eu premier lieu, une tegcro tension ta tête,
mais~cette tensiona'esutte d'une contraction des~muscïes
de la tcte et non d'un sentiment de décuarge ccrebraie.
En oubt, je gens la tension sur le côté droit de ia Mte
iorsquejemeus tebras droit, tandis que ta déchargemotrice
a lieu dans le côté gaucho du cerveau. Dans les contrac-
tions extrêmes des muscles du corps et des membres sur-
viennnent, comme pour les renforcer, ces contractions
spéciales des muscles de ht face (spécialement le mouve-
ment des sourcils et le serrement des dents) et ces
tensions de la peau de la tête. Ces mouvements sympa-
thiques sont sentie particulièrement du côté qui fait
t'eiïbrt. Ils sont peut-être la raison fondamentale qui nous
fait attribuer notre sentiment de contraction extrême à
la région de la tcte, et l'appeler Une conscience d'énergie,
au lieu d'une .~M~!<w ~'M~e.
de Munsterberg montrent bien que nous » Ces observations
ne pouvons ac-
complir un grand enort d'un membre sans une irradiation
de l'onde nerveuse qui entraine des mouvements sympa-
thiques et synergiques, et cela, principalement du côté du
corps qui est en jeu (y compris la tête). Les sensations
afférentes sont alors très vives, très nombreuses, très
diversinces elles sont donc très visibles dans le champ
de ta conscience. Mais !a présence de ces sensations
n'cntrainc pas l'absence d'un état de conscience corrélatif
& rcHbt't cérébral, lequel
se fait sentir comme voïition,
impulsion, attention, etc., non comme « sensation péri-
phérique H. Plus la résistance du fardeau souteve est
intense et produit des sensations intenses, plus la réaction
cérébrale est elle-même intense mais ce n'est pas comme
sensation de la peau de la tctc du côté mû, ce n'est pas
comme contraction des muscles de la face, comme mou-
vement des sourcils, comme grincement de dents qu'une
réaction cérébrale peut se faire remarquer de notre cons-
cience, c'est comme intensité de vouloir, de désir, d'at-
tenHon. Munsterberg confond tes effets avec ta cause, et
des elfets très lointains, des chocs en retour.
« Nos idées de mouvement,continue-t-it (1), sont toutes
M BËVBLOPPBMENT M LA VOLONTÉ
·
~Ës c~sM .a.
ËSS~La volonté, consid<Mc
ait trop subjective pour admettre des classifications
en G!!e-m&m<;
est
isolément,
d'une nature toujours
identique à sol-même, sinon d'une intensité
toujours égale,
de l'ètre au plus grand bien-
être, il. la consorvation et il l'expansion
loir fondamental exprime ce que l'~tre de la vie. Le vou-
est en lui-même,
~~T~
son action propre chaque sensation particulière exprime
l'action du milieu sur lui; chaque imlJulslon
exprime sa J'énction sur le milieu. Pour particulière
distinguer et
faut évidemment se l'éféret'
~r~sc~
à co qu'il y a d'objectif et de
l'Cpt'Ósenlatif, c'est-à-dire
~p~
ment ou d'intelligence.
Les impulsions purement sensitives
proprement dit. Elles supposent une constituent l'appétit
x.~=& sensation
peine plus ou moins rudimentaire enfin
réponse
produite
par Je contaot d'un objet, une émotion de plaisir
ou de
une appétiUon ou
de la volonté.
comme fondamental eii psychologie. nous considérons
Quand la fonction indivisiblement
cët'ébraie et mental
sensation, émotion, appétition, s'est accomplie un
certain nombre de fois, la résistance diminue
tation et l'orientation nouvelles des molécules par l'adap-
oérébrales
le courant nerveux acquiert alors une rapidité plus grande,
séjourne moins longtempsau centre et passe tout de suite
du segment récepteur de l'arc nerveux au segment resti-
tuteur. Le plaisir et la douleur, par cela même, sont rame-
nés & une intensité extrêmement faible l'appétition,
d'autre part, prend la forme instantanée et à peine con-
sciente. L'attention n'est plus nécessaire. Il ne reste
qu'une conscience spontanée qui passe comme un éclair
et ne produit pas de changement appréciable dans la
ccenestucsie. Nous avons donc, du côté mental, une
représentation qui parait immédiatementsuivie de mou-
vement, sans intercatation d'un plaisir distinct ni d'un
acte de volonté distinct la représentation semble elle-
même, indivisiblement, impulsion en tel sens déterminé,
avec mouvement en ce sens. C'est le réflexe p~cA:yMC.
Un pas de plus et l'élémentpsychique disparaît, ou du
moins devient indistinct, ou encore se déplace et passe
à des centres autres que les centres cérébraux. On a
alors le rénexe mécanique proprement dit. Il ne faut pas
confondre !e rédexe psychique, qui suppose une sen-
sation et émotion plus ou moins conscientes, avec les
rénexjps purement mécaniques, où il n'y a plus aucune
sensation appréciable. Les réflexes mécaniques paraissent
s'accomplir dans l'être vivant en dehors de la conscience
centrate. Il est probable, cependant, puisqu'ils sont des
mouvements de l'organisme,qu'ils sont représentés d'une
manière quelconque dans la cocnesthésic; mais cette
représentation n'y est pas distincte: c'est seulement la
résultante des mouvements organiques qui s'exprime dans
la conscience,non les mouvements composants.
Aux impulsions provoquéespar la sensation immédiate
de l'objet succèdent celles que provoque la p~oM,
avec tous les souvenirs associés qu'elle enveloppe. Si on
voit une foule courir dans une direction, on est poussé à
tourner la tête du même côté et à suivre les autres: c'est
là une impulsion produite par une perception.
Ce genre d'impulsions est le principe de tous les ins-
tincts, qui en sont des complicationset des combinaisons
héréditaires. L'animal n'a qu'à percevoir un objet, par
exempte sa proie, pour que l'instinct développe sa série
d oiïets. Selon nous, l'instinct est
une combinaison de pro.
cossus appctitifs et de réuexes mécaniques. A l'origine,
la perception remplaçant la sensation provoquaitte même
appétit détermine que ta sensation même. en vertu de
cette loi que le souvenir est une sensation renaissante
inséparabto d'impulsions renaissantes. A la longue, les
actes destinés à satisfaire l'appétit sont devenus plus
complexes, et en monte temps habituels, it n'est donc
plus reste de volontaire chez l'individu que le premier
branle de i'appëtit tout le reste se déroute machinalement,
en vertu des associations acquises et enregistrées dans
les organes.
En môme temps que l'origine appétitive desinstincts,
qui vient d'être mise eu lumière, il faut reconnaître teur
origine mécanique. La réaction psychique et la réaction
mécanique ne faisaientqu'un dans les étres à constitution
très simpte, puisque le processus primordial de l'appétit
coYncide toujours avec le mouvement selon la ligne de s
moindre résistance. Dès que l'organisme s'est complique,
it y a eu entre tes cellules de nouvelles actions et réac-
tions mécaniques, accompagnées de sensations et d'appé-
titiohs obscures dans chaque cellule. Les éléments de
l'animal se sont donc arrangés dans la position ta plus
commode mécaniquement et psychiquement, comme des
pierres qui, en se tassant, prendraient le meilleur équi-
libre, mais avec un sentiment quelconque de cet équilibre.
Puis te sentiment même a disparu ou s'est déplacé. Enfin
l'hérédité et les variations heureuses des germes ou em-
bryons ont donné lieu aux instincts proprement dits, qui
sont de véritables idées-forces innées, servies par un
mécanisme de réflexes héréditaires. Mais ce mécanisme
.a toujours un ressort psychique. Aujourd'hui encore, t'ani-
mal n'agit par instinct que sous l'influence d'un <M~M~
éveillé par ta perception et qui donne le branle aux réhexes
mécaniques c'est la nn, la soif, le besoin sexuel, ma-
ternel, etc.
Quand un animal, appartenantà un groupe donne, pré-
sente un instinct d'une complication exoeptionnelle, on
retrouve un instinct analogue, mais plus rudimentaire,
chez la plupart des animaux du même groupe. Par exempte,
dit M. Perricr, tous tes rongeurs voisins du castor se
creusent une habitation ta courtilière fouit comme la
taupe, elle est voisine du grillon, qui se borne à creuser
un terrier certaines larves de tbunni-tioM sont simple-
ment fouisseuses, tandis que d'autres se creusent savam-
ment un entonnoir; tous les coucous, tous les ~<~o/
no sont pas pareils. De plus, on peut formerune gradation
aecendante qui va des instincts les plus simples aux plus
compliques dans une même espèce, par exemplecelle des
hyménoptères déprédateurs, dont les instincts sont si
merveilleux et d'une explicationsi embarrassante. L'eumène
pomiforme etl'odynère approvisionnent leur nid d'un certain
nombre de chenilles: cinq pour les œufs mittes, dix pour
les ccuts; femelles. Ils se bornent & paralyser incomplète-
ment les chenilles, en les frappant de leur aiguillon, à une
place encore indéterminée. Les ammophiles se contentent
de n'importe quelle chenille; t'ammophitc hérissée para-
lyse sa proie en la frappant d'un coup d'aiguillon à la face
ventratede chaque anneau beaucoup d'autres espèces du
même genre ne frappent qu'un coup d'aiguitton dans l'un
des deux anneaux qui ne portent pas de pattes, etc. (1)
L'échetie des instincts de plus en plus complexesreprésente
les divers degrés par lesquels un instinct a passé avant
d'arriver & sa forme supérieure. Ces degrés sont, selon
nous, les intermédiaires entre l'appétit primordial et la
combinaison finale de nombreux réHexes inscrits dans l'or-
ganisme. C'est donc une présomption en faveur de l'évo-
lution des instincts.
On connait l'objection tirée des neutres, qui déploient
des facultés que tes insectes femelles, par exemple la
reine des abeilles, ne semblent point avoir. Mais les
(i) Voir t. L
exemptes oc naee-torce. On a appliqué avec raison ce
principe & l'hypnotisme. La somnambule, a-t-on remar-
que, exécute un acte uniquement parce qu'eue en a l'image
<tans l'esprit: c'est pourquoi son acte est, machinal et
automatique nous, nous exécutons le même acte parce
<tue, outre l'image, nous jugeons l'acte utile ou nécessaire.
Le sujet hypnotisé « copie automatiquement te mouve-
ment de mon bras, et moi je copie volontairement un des-
sin c'est que le sujet fait Pacte uniquement parce qu'il
pense & l'image de cet acte et sans juger qu'il fait acte
semblable au mien moi, je copie en pensant à un la res-
semblance, et h cause d'elle (1). » Le sujet prononce telles
paroles parce qu'ellestraversent son esprit, sans songer à
autre ~hosc nous, nous parlons ainsi parce que nous
jugeons que cela est vrai.
Mais cet~e analyse, selon nous, est insuMsante.
La vplition n'est pas la déterminationencorepar un jugement
quelconque elle est la détermination par un jugement
qui prononce que la réalisation de telle fin dépend de
.Mo~'e causalité propre. Elle n'est pas simplement la ten-
dance d'une idée quelconque& sapt'oprc rôatisation, mais
ia ~<<'<? de <ac~/<' ~ow~
?'M~OM. La votontc ne se représente telle fin
li sa
comme
pouvant être atteinte que par le moyen de sa détermina-
tion même. De là la conception d'une e~pe~Mce de la
fin relativement a ce moyen primordial qui est notre idée
même de la tin et notre désir de l'atteindre. Considérée
par un autre cote, cette conception devient celle de r~M-
~WM~ce du vouloir relativement à la fin et a ses
moyens. Donc, en somme, ii y a dans l'acte volontaire
un jugementde causalité, mais différent des autres, et un
jugement de finalité, mais également original. Au point de
vue de la série des causes et effets, nous avons conscience
d'être, par notre idée, par notre désir, par l'effort qui en
résulte, la première condition d'une série aboutissant à
réaliser tel effet; au point de vue de la série des moyens
<
mouvement de translation avec mon pouvoir de ~nro-
duire; je juge ce mouvementutile
iin je te déstre avec une /o~ et
comme moyen de telle
une
sives des appâtions et représentations assez exclu-
contraires pour
que le mouvement commence dans mon cerveau
page à mes jambes. se nro- ~p'u
Le point important est de savoir de
jugement détermine ainsi le d6sh' et, parquelle manière le
te désir, l'action.
On a supposé là un mode de détermination
particulier, consistanta être mu par des idées tout à fait
images et par des rapports tout abstraits. A pures sans
coup sûr ta
par le jugement n~est pas automatique
ce sens qu'elle n'est plus aveugte; mais ettc n'en constitue en
pas moins un dëtcrmtnismc il la fois intellectuel, sensitif
et appètitif. Les jugements qui déterminent la volonté
~n~T~ f'rement abstraits, car ils sont toujours ne
r~
action, quo nous armons être
bonne ou
jugement pratique est la représentation mauvaise;
acte et de son rapport avec notre sensibilité,
anticipée
tout
d'un
avec notre
intelligence, avec notre volonté. Or, la représentation
d'un acte, par exemple d~un serment à prêter,
jours une image, accompagnée de quelque émotion est tou-
Quant aux dans le jugement,
veloppent pas toujours des images objectives s'ils n'en..
XL~ envelophent du moins la représentationcomme les
certains modes subjectifs de sentir et de réagir, decer- de
taines attitudes passives ou actives. Le rapport de
!~J~~?~~ abstrait semble-t-il, se revête par
un sentiment de choc interne, de résistance
éprouvons en passant d'une représentation que nous
de <~?~~ à l'autre;
enveloppe un sentiment de continuité,
de facilité, de non-résistance(i). !t
celui
y a donc dans tout
jugement un élément sensitif. En tnem~emp~
y a~ été-
(t) Voir tome 1, L tV, ch. t.
ment actif et moteur. Amrmer, nous t'avons vu, c'est com-
mencer & agit' sous une idée, par exemple celle d'un serpent
qui va nous mordre, à laqueUe se joint une seconde idée,
ceUe d'existence réelle indépendammentde nous te ser-
pent est bien là au dehors. tt en résulte que tout jugement
.est accompagné de mouvements, les uns dans le sens de
l'objet, les autres à l'opposé: juger que l'orange est
savoureuse, c'est esquisser par la pensée les mouvements
nécessaires pour savourer l'orange, et c'est se souvenir
de la sensation agréable qui en résulte: c'est commencer
à disposer ses organes dans un sens favorable & l'objet.
Juger que l'aloès est amer, c'est ébaucher intérieurement
les mouvements d'aversionet de dégoût (d). En y regardant
de près, on trouverait des commencements de propension
et d'aversion sous tous les jugements. Dans les proposi-
tions abstraites et, en apparence, indigentes, H existe
toujours au moins une propension de nature intellectuelle,
.ou une aversion égalementintellectuelle,résultantde ce que
ces propositions sont en harmonie ou en désaccord avec
la direction générale de notre intelligence, avec toutes
nos habitudes intellectuelles. Si, au lieu de convenir que
deux et deux font quatre, vous prétendezqu'ils font cinq,
j'éprouve une sorte de choc et de contrariété intellectuelle,
comme si, au moment où mes jambes avancent dans une
direction, vous me tiriez brusquement en arrière. Une
.absurdité excite l'aversion intellectuelle par la pertur-
bation qu'elle apporte aux idées et aux mouvementscéré-
braux dirigés dans leur sens normal. De là vient qu'on
donne ou refuse son assentiment à une proposition. Juger,
c'est donc en détinitive commencer à vouloir et à execu-
Jter des mouvements c<WMMe telles représentations et
tels rapports de représentations étaient en accord ou en
désaccord avec le monde où nous agissons (2). H y a ainsi
un 'côté pratique jusque dans les plus idéales spécula-
tions, en ce sens que nous les acceptons ou ne les accep-
Voir t. 1. ÏV, ch. n.
(3;~M.
tons pas dans te monde par nous conçu. Lu loi qui lie
tndt9so!uMement.& tasoMationte mouvement persiste
jusque dans nos méditations les plus phitosophiques seu-
lement le drame devient intérieur et cérébral lieu
de mouvoir nos jambes, nous aecomplissons des au
nades à travers les idées; nous nous attachons prome-
aux unes
et nous détournons des autres.
S'il en est ainsi, tout jugement qui lie des représenta-
tions et, simultanément, des impulsionsse réalise: l"par
les mêmes moyens que les représentations et impulsions;
2" contormément à ta manière dont sont unies et les repré-
scntahons et les imputions corréiatives, dans ieur rap-
port avec l'ensemble de toutes nos autres impulsions. L'en-
fant qui refuse de prendre une seconde fois la rose dont il
a été piqué agit d'abord, selon la toi que nous avons
posée plus haut, par la simple similitude de fait qui
existe entre t es deux sensations, similitude qui produit
un courant nerveux dans le même sens. Puis, prenant
mieux conscience de ce qui se passe en lui, il agit
1'~ sous
de cette similitude, en jugeant que la même épine
produit la même piqûre. Enfin, lorsqu'il sait parier, il
substitue la parole intérieure à l'action en disant: l'épine
fait mal. Cette proposition signifie: j'ai la représentation
d'une muttipticitc indcHnie d'épines et la représentation
de leur similitude, grâce à la similitude des sensations
qu'elles causent en même temps j'esquisse, en pensée et
en parole, te mouvement de réaction a t'opposé de l'objet,
sous le souvenir de la sensation pénible associée à l'image
de l'épine. Ce jugement en apparence tout contemplatif
est donc encore le résidu et te début interne des mouve-
ments de réaction causés primitivement par la sensation
même de la piqûre. C'est un geste intérieur. Dire deux
et deux font quatre, c'est, en abrégé et par parole, pren-
dre deux objets, puis deux, et les réunir une même
représentation qui résume et synthétise lesenmouvements
successifs de la main ou de t'omit. D'où l'on peut con-
clure, en premier lieu, que, s'il est question de choses
~'o~M~et non pas seulement théoriques, nous avons
?oMn.ËE. Psychologiedes Idées-forces. Il 18
des représentationset ~<M~M liées par un déterminisme
anaiogHe à celui qui liait les sensations primitives et les
réactions primitives, avec une ditterence de complexité;
et en second lieu que, s'it est question de jugements théo-
riques, la réaction existe encore, mais sous la forme de
cette parole intérieure qui est une esquisse do mouve-
ments et d'actes.
De ce que tout jugement enveloppe ainsi du vouloir et
de t'agir, a-t-on le droit de conclure qu'il soit, au Moins en
partie, t'ceuvre du libre arbitre? Cette conclusion, chère &
M. Renouvier, dupasse les prémisses, car il reste toujours
& savoir si notre vouloir même, qui contribue à nos juge-
ments, est libre, ou s'ii résuite de l'ensemble de nos incli-
nations actuelles et de notre caractère. Prétendre que nous
jugeons librementparce que nous ne sommes pas passifs
dans nos jugements, c'est supposer que l'activité entraîne
l'indétermination,ce qui constitue une pétition de principe.
Mais comment pouvez-vous entendre, demande
M. Renouvier, que le jugement détermine la volonté,
puisque la volonté intervient dans la formation du juge-
ment même et contribue ainsi à rendre tel ou tel motif
plus ou moins fort ? Si vous désignez, répondrons-
nous, par volonté la réaction de notre moi, lequel est
conscient du pouvoir même qu'it a de réagir par ses
idées sur ses passions, il est vrai alors de dire que la
volonté intervient dans ia formation des motifs, mais elle
intervient selon des tois, qui sont les lois mêmes de ta
pensée et du désir. Il y a action et réaction mutuelle des
idées et appéUtions, c'est-à-dire des euhts accumuié&
dans la consciencepar les objets extérieurs(facteursobjec-
tifs) et desimpulsions provenant de nous-mêmes (facteurs
subjectif). La série de jugements appelée délibération est
un processus où tous ces facteurs interviennent constam-
ment c'est la volonté en~<?ï' mais se développant
toujours d'une manière déterminée. La continuelle réac-
tion des facteurs personnels dans le jugement et dans la
délibération ne suppose donc en rien l'indéterminisme.
Apres avoir répondu & ceux qui dotent le jugement
d~tne efHcacite spécinquc et même supérieure & tout
déterminisme, nous devons répondre à ceux qui,
par un
excès contraire, lui refusent toute efficacité. La!voiitionse
résume et se traduit à elle-même par le jugement final
je veux. M. Ribot a raison de soutenir que ce jugement,
comme tel, n'a pas d'efficacité sur la volition m6me, qu'il
< constate la direction prise par la volonté et
mine pas. M Mais, d'abord, il n'en résulte point ne la déter-
jugement demeure Inutile. Vouloir avec conscience que ce
et en
se disant à soi-même « Je veux tel ou tel acte, c'est
avoir une idée qui, par association, peut en éveiller
multitude d'autres. Agir avec les yeux de une
l'intelligence
ouverts, c'est être au centre d'une multitude de relations
intellectuelles qui disparaîtraient si on agissait tes
fermés. De plus, la conscience de la volition présente, yeux
la fixant dans ta mémoire, lui assure une intluence en
sur les
volitions à venir.
Enfin, si le jugement je veux est une formule et
non
un facteur de la résolution actuelle, il n'en résulte point
que les jugements en générât et les idées ne soient pas
des facteurs de la résolution future. Par exemple, le juge-
ment je puis vouloir a une bien autre efRcace que le
jugement je ~M.p. En disant: je puis vouloir, j'ai pré-
sente à l'esprit t'idee de mon moi comme pouvant inter-
venir dans le problème intérieur, comme pouvant,
exemple, maitriser un mouvement de haine. Je puis par
vouloir ne pas baïr celui qui m'a fait du mal. »« Voilà
jugement qui, dès qu'il se produit, a un enct sur ma un
naine: il la modère du coup, en retient et en retarde les
conséquences il peut même les empêcher, grâce
raisonnables auxquelles il ouvre la porte. « Je puis aux idées
loir cette chose ou son contraire, M ce jugement est vou- l'af-
franchissementqui commence par rapport aux impulsions
passionnelles et aveugles il transporte la volonté sur
sommet d'où elle a deux versants en vue. La force initiale un
des motifs et mobiles est donc à la fin modifiée par l'idée
du pouvoir même de la volonté.
v
M VOMKT~ COMMESVNTMÈSR ~TBMt~B S6t.OM DES MtN
t
Le résultat général de notre étude, c'est
s~~T.
XX~i~ eontïent l'explicalion ~~J qu'aucun motif
de la volition
~~? des motifs et mobiles, tels
~Lf~
~~T~
conscience rënéchie, ne contient
~p cation complètede nos volitions.
des motifs et mobiles conscients,
~T'~P"M
ajouter les il faut
subconscientes, t'etat actuel de h
les dispositions cér6bra!es
S~
ouvrent la volonté telle voie plutôt nerveuses qui
tantôt lui opposent une résistance que telle autre'qu
sourde, tantûnu
apportent un secours. Enfln et surtout il faut considérer
le caractère. Nos actes sont le produit
mination non d'une déter-
détermination totale. C'est
moi tout entier qui conditionne
dis .n~?? mon acte. Quand donc je
désigne la partie la plus
saillante et la plus consciente de la causation,
ne faut pas croire qu un motif détaché, à mais it
lui seut,cond!.
l'acte. Au reste, a pas de motif détache
toute raison d'agir, dans les circonstances
~'H~?
resse la personnalité entière, qui tout entière
e~ a
les explications de nos actes que nous donnons
graves, inté.
détermine
fait souvent la remarque,
S~~T'~
coup ne sont jamais compotes, ni de tout point exactes.
imparfaites, souvent mensongères,
car nous avons l'art de nous mentir à nous-mêmes. Nous
après
sommes des raisonneurs à outrance, et nous avons l'habi-
tudo de «maximiser » tous oos&ctes; c'est-dire que
nous découvrons toujours quelque maxime générale
dont nous présentons notre acte comme conséquence.
Même nos fautes, nous !es élevons & la dignité de théorie,
plutôt que de !es expliquer par l'impulsion égo'fste de nos
passions. Non seulement, avant d'agir, nous trouvons de
bonnes ou mauvaises raisons pour faire ce qui nous ptait,
mais, alors même que nous avons agi sans connaître tes
vraies causes de nos actes, nous teur imaginons encore
telles et telles raisons. Gr&ce à MOtre acuité spontanée
de motivation, toutes nos impulsions tendent à s'inteuec-
tuatiscr, à 8C formuler elles-mêmesen jugements, comme
la chateurqui unit par se projeter en lumière. Un être intel-
ligent est habitue à ne rien faire sans raison il v va de sa
dignité d'être raisonnaMo;il cherche donc instinctivement
des motifs a ses actes, et il en trouvetoujours. Tout acte
est associé dans notre esprit il une fouie d'idées qui
sont comme les principes dont it est ta conséquence or,
la conséquence suggère nécessairement le souvenir do
ses principes habituels. Quand ces principes surgissent
dans la pensée, nous les reconnaissons, Us nous sont
familiers par une illusion facile, nous croyons que ces
principes ont dû plus ou moins obscurément inspirer
l'acte, alors même qu'en réalité la suggestion serait venue
du dehors. Souvent une idée traverse la tête sans appor-
ter ses raisons avec elle. Surpris, on tes recherche par-
fois on tombe juste, quand elles sont suuisamment con-
scientes pour qu'on les poisse retrouver; sinon, de bonne
foi, on les invente. Au milieu de mon travail, tout à coup
je me dis Si j'allais faire un tour de jardin ? Ce
désir subit me surprend, car je ne suis point habitue a
m'interrompre. C'est peut-être qu'il fait chaud aujour-
d'hui, ou que je ne suis pas encore sorti, ou que j'ai vu
hier des roses en bouton et que j'ai le désir de les voir
épanouies. Dans la collection je prends la raison la plus
vraisemblable et, si Fon est surpris de me rencontrer,
je réponds avec la ptus grande sincérité a On dtounai~
dans la maison j'ai voulu voir mes rosés. Encore bien
moins l'hypnotisée sait-elle d'où lui vient l'idée d'aller
trouver son docteur tel jour & telle heure précise cepen-
dant en vertu d'une suggestion à longue échéance, elle
y vu et elle découvre & cette démarche les raisons les
plus plausibles H y a longtemps que je ne vous ai
vu j'ai voulu vous demander de vos nouvelles, vous
donner des miennes, vous consulter. La suggestion
hynoptique ne peut exciter a un acte sans susciter la
tendance & expliquer cet acte par des raisons l'initiative
du sujet trouve ensuite telles raisons déterminées, 11 croit
alors avoir agi spontanément, en vertu de ces raisons
mêmes. Au reste, qu'estrce que la spontanéité? Quand eue
n'est pas simplement le déterminismû intellectuel, elle est
ou un déterminisme passionnel, ou un déterminisme phy-
siologique. Nous donnons le nom de spontanéité à ce que
nous sentons surgic des profondeurs de notre organisme
pour arriver ensuite à une conscience ptus ou moins
claire de soi. Et nous appelons la spontanéité liberté
<!uand elle est un dévetoppement de raisons conscientes
dirigé par l'idée mémo de notre liberté.
La volition, en définitive, est la synthèse de tous les
éléments psychiques et physiques, conscients, subcon-
scients et inconscients: qui donc pourrait en faire une
complète analyse, une de ces analyses que les Anglais
appellent « exhaustives M ? D'une part, la matière étant.
sans doute divisée à l'infini, notre organisme doit enve-
lopper une infinité d'éléments. D'autre part, la conscience
enveloppe une inimité de petites perceptionset impulsions
dont elle est la fusion originale. Quel calcul infinitési-
mal pourra mettre en équation tous ces éléments? Si on
y parvenait et qu'on trouvât un reste absolument inexpli-
cable, alors et alors seulement ou pourrait imaginer un
libre arbitre, qui ne serait d'ailleurs qu'un mot de plus
pour couvrir notre ignorance libre arbitre = x.
La volition, disons-nous, est une synthèse. Comment
~'en représenter la nature. Faut-il prendre modèle sur la
composition mécanique des forces? Au point de vue phy-
siologique, on peut accorder que la tutte des motifs et la
résolution ne sont autre chose qu'une lutte de mouvements
antérieurs dans le cerveau, aboutissant a un mouvement
de translation visible. Ainsi l'arc est tendu par ta main, et.
)a ftëche parait immobile puis, lorsque disparaît la force
qui s'oppose à la détente de l'arc, ta tension emmaga-
sinée dans l'arc fait partir la flèche. Quelque contraste*
qu'il y ait pour les yeux entre te départ soudain et l'im-
mobilité apparente de l'instant précèdent, l'un n'est
cependant que la continuation de l'autre, Il vient un mo-
ment où telle force t'emporte, c'est-à-dire où têts mouve-
ments antérieurs invisibles aboutissent à telle résultante
visible. « Mais n'arrive-t-it pas, ditron, que la votonté
rende ~M'<~M<MMM/ prépondérant un motif qui, /~orï-
<yM~MMM<, n'était pas la résultante des forces qui sollici-
taient Famé (1). Dans ce cas, le calcul /Aco~M6 était
incomplet it portait seulement sur ta valeur intrinsèque
des forces sollicitant te cerveau et ne tenait pas compte
de ta réaction des forces inhérentes au cerveau même
c'est la résultante de ces deux facteurs qui seule est pra-
tique, et en même temps seule exacte /Ac<M'~M~M~. Il y
aurait équation parfaite entre ta théorie et la pratique si
on calculait toutes tes forces même dans tes cas où.
selon MM. Wittiam James et Dctbocuf, ta volonté semble-
« suivre ta ligne de la plus grande résistance",par exemple
de la plus grande douteur: ta bombe de canon qui s'en-
fonce dans'une muraille, au lieu de se détourner, suit une
ligne résistante, mais c'est que ta puissance emmagasinée
dans la bombe lui impose cette ligne. C'est encore là,
tout considéré, la ligne de ta ~o~'e résistance, puisqu'il
faudrait, pour vaincre la force de projection imprimée par~
ta poudre, une force de résistance plus grande que n'en
oppose la muraille. It en est de même chez le martyr qui
va. au supplice ta tigne qui parait de la ptus grande résis~
tance, si on la considère en ette-meme, c'estrà-dire la
(i) M. BoHtroux, De la Contingente du ?& de la nature, p. <4<L
ligne aboutissant à la mort,– est toujours ta ligne de la
moindre résistance si on la considère par rapport au
cerveau du martyr, à ses idées et a ses mobiles, soit vi-
sibles, soit invisibles, à son tempérament et a son ca-
ractère.
Toutefois, ne l'oublions pas, la notion mécanique des
forces et de leur composition, avec le paratlétogramme
oit elle s'exprime, est toute symbolique,malgré son utilité
pratique et la part de vérité qu'elle renferme. On y sup-
pose, en enet, des forces indépendantes, dont chacune
agit comme si les aM~'M~?~~M/ Dans m balance,
par exemple, nous avons des plateaux inertes. avec des
poids inertes différents des plateaux, qu'on enlève ou
remet ad ~~K~. Chacun des poids que nous ajoutons
ne modifie en rien les autres et n'en change point la qua-
lité c'est simplement une quantité de plus à introduire
dans ic total. Or, si on entend par motifs toutes les dis-
positions &agir, quelles qu'eiics soient et d'où qu'eues
tirent leur origine, rien n'est plus absurde que de séparer
ainsi la volonté des motifs, comme s'ils étaient « hors
d'elle», disait Leibnitz, semblables aux poids séparés de
la balance. Ce qui ressemble de loin aux poids, ce sont
tes influences extérieures et adventives, sensations,
paroles, conseils, ordres, suggestions de toutes sortes,
qui encore n'agissent qu'en se combinant avec nos dispo-
sitions propres mais il y a des motifs internes, les plus
dëcisits en dénnitive, les seuts vrais motifs d'une déter-
mination volontaire en tant que telle. Il est donc ciair
que toute comparaison avec la balance est un schème
grossier de la volonté. Les comparaisons tirées de la chi-
mie sont supérieures si vous combinez t'oxygène et
l'hydrogène pour former de i'eau, vous ne reconnaissez
plus dans le résultat ni l'oxygène ni l'hydrogène toutes
tes propriétés ont changé, au moins en apparence (i).
L'affinité c imique fournit donc une comparaison supe-
LA VOMNT6 UBM
~M~
'°*y
Il. Ot~résl~ 08 L'80l1H 08 umusrd. la de vue ~<
~S~MMM~
ttt. ~tt&~TM tt~oatS DOUBtB AtMaS.
-.Comment MoaaBMtYE CB
h'ttuta M t.tMM~.
la liberté est un objet de désir. Comment
Ses moyens pMchotMtaue!
eut le
la d8str produitta
désir produit
réalisation
la réailsatton
MOCMSSt~K
BËAUSATfOK DE t.'<B~8 PB UBBMË. SES MOYBNS
i'
intense une certaine durée est nécessaire pour une certaine
la sensation d'uno couleur déterminée le spectreproduire
solairo,
vu nstantanement, n'apparait pas de sept couleurs, mais
seulement de deux, faiblement rouge du côté gauche et bleu
du côté droit. Il suNt donc de diminuer
et ladu-
?'cc d'une modificationde la conscience
ou de l'appétitvital
pour diminuer par cela même sa qualité distinctive, c'est-
a.dtre la nuance qu'elle offre comme sensation, émotion
impulsion; elle tend alors à se fondre dans l'ensemble ou
con-
fus des autres modifications qui constitue le sens total de
la vie. Nous sentons vaguement un milieu où nous sommes
plongés et où, pour ainsi dire, nous nageons, mais com-
ment discerner à part l'action des myriades de gouttes
d'eau qui nous pressent et dont toutes les pressions se
ressemblent? Il y a des systèmes de mouvements, comme
ceux du violoniste, qui sont enchaînés par l'habitude
la plus petite excitation du premier anneau de la chaîne
produit une décharge le long des autres anneaux, mais
cette excitation, en certains cas, peut n'avoir ni le degré
d'intensité ni le degré de distinction nécessaire pour
être reconnue et nommée par le moi. C'est une exci-
talion subconsciente.
Beaucoup de faits qu'on prétendait naguère inconscients
ne tarderont pas à s'expliquer, croyons-nous, par l'asso-
ciation d'états de conscience faibles et indistincts avec
d'autres états de conscience plus forts et plus distincts.
Et cette association est un phénomènequi se produit sans
cesse dans la vie normale. Quand une idée en suggère
une autre, c'est qu'elles ont été précédemment associées
soit dans une représentation commune, soit simplement
dans un état commun de la conscience générale, soit
même dans un travail commun et systématisé de la moelle
ou du cerveau. Si la suggestion est possible, c'est que
l'idée suggérée, dont la conscience est distincte, apparte-
nait & un tout donné d'une manière indistincte quand
cette idée surgit du sein de la masse, le reste demeure
non pas «au-dessous du seuil de la conscience comme
on le répète sans cesse, mais fondu dans l'état générai de
la conscience, dans l'énergie psychique totale de l'orga-
nisme. C'est ainsi que nous interprétons plusieurs des
curieuses expériences de MM. Binet et Pierre Janet, sur
les hystériques ayant des membres insensibles. Dans la
main insensible d'une hystérique, placez une paire de
ciseaux: sans rien sentir en apparence, elle n'en fera
pas moins les mouvements nécessaires pour couper.
Faut-il en conclure, comme le fait M. Binet, qu'il y ait
une sensation vraiment « inconsciente a? Cette conclusion
n'est pas nécessaire. Un changement trop faible et trop
indistinct pour que te BM~ puisse le remarquer & part n'en
auftit pas moins à produire la décharge nerveuse sur les
centres moteurs immédiatementassociés or ces centres
moteurs sont précisémentceux dont la mise en activité
amènerait faction de couper avec des ciseaux il y
aura donc décharge en ce sens, et décharge (Fau-
tant plus sore, d'autant plus machinale, que le cerveau,
qui l'ignore, ne pourra plus l'inhiber ni la diriger.
L'action se rapproche ators des actes réftexes accomplis
par ies centres inférieurs du cerveau ou par ceux de la
moelle.
Une autre expérience, c'est d'exciter par le contact d'un
objet connu, tel qu'un couteau, la paume de la main
insensible l'hystérique ne sent pas le contact du couteau,
mais elle peut M~' tout à coup un couteau. Selon nous,
les mouvements tactiles sont alors trop faibles pour pro-
voquer l'image tactile de l'objet, mais sufflsants pour
s'associer aux mouvements des centres visuels ceux-cî,
M'étant pas engourdis, se mettent tout d'un coup à vibrer
et remplissent la conscience, comme une apparition qui
surgirait dans la nuit.
Telle autre malade dont on touche le doigt n'éprouve
aucune sensation rutanée localisable, mais elle a immé-
diatement la représentation visuelle de son doigt. Telle
autre devine tout de suite, les yeux fermés, le mot qu'on
lui a fait tracer elle n'a pourtant pas senti, dit-elle, le
mouvementimprimé à sa main pour la faire écrire, mais
elle a la représentation visuelle du mot, qui lui apparatt
tout à coup, dit M. Binet, « comme s'il était écrit à la
craie sur un tableau noir M. En réalité, le cerveau ou la
moelle a senti quelque chose d'indistinct qui n'est pas
parvenu à prendre la forme taclile, mais qui a fini par
prendre la forme p~Me~. L'excitation imprimée à la
main, n'ayant pu se dépenser tout entière sur les centres
engourdis du tact, a rejailli sur ceux de la vision et, de
sensation tactile indistincte, s'est transformée en sensa-
tion visuelle distincte. Ainsi, dans un objet animé d'une
grande vitesse, un arrêt subit transforme le mouvement
do translation en chaleur et en lumière.
Me.me explication pour les calculs inconscients »
« des
hystëriques. La main insensible d'une hystérique est.
cachée derrière un écran sans qu'ette s'en aperçoive,
touchez cette main un certain nombre de fois; priex
ensuite ta personne de penser et de prononcer un nombre
quelconque, à son choix. En générât, ta réponse sera te
nombre même des contacts de la main. Faut-it
clure, comme on le fait d'habitude, que te calculenaitcon- été
opéré sans conscience, ou encore par seconde
« une per-
sonnalité subconsciente? M Cela n'est point, ici npcps-
saire. La main, quoique en apparence insensible, envoyé
au cerveau des impressions extrêmement faibles,a qui ont
provoqué une réaction machinale extrêmement faible
forme d'une numération presque inconsciente. Quand sous
sommes occupés à un travail, nous pouvons chanternous ma-
chinalement, compter machinalement un, ~M~ ~O!~
~<t hystérique en fait autant sans s'en apercevoir.
on lui demande de penser un nombre, elle
en a déjà pensé un très vaguement. Tout au moins les
cellules côrdbrates ont vibre comme quand telle série
d'impressions amène il sa suite têt ehiu're qui ta résume.
Le mécanisme cerébrat du mot </M~'e ou du mot c~<?.
qui vient de recevoir un commencementd'cbrantemcnt.
est donc plus pt-ct que tout autre à fonctionner quand ia
question arrive, et le nombre choisi en apparence
hasard est, en réaUto, déterminé par la série des petites au
impressionsantécédentes. L'association des états de
science faibles entre eux ou avec des états de consciencecon-
forts suffit ainsi à expliquer la plupart des états actes
prétendus inconscients. Si, dit tui-méme M. Binet, ou
interroge te sujet avec certaines précautions, on
mettre en évidence qu'il a, dans la plupart des on peut
de l'excitation, « sans savoir comment ni pourquoi cas, l'idée
idée lui est venue, et sans se douter le moins cette
du monde
que cette idée correspond à la réalité. H
Un des exemples tes plus frappants de
la tendance
qu'ont les idées à se réaliser en mouvements par tous !cs
moyens possibles, et sans mémo que nous en ayons -une
conscience distincte, c'est que, lorsqu'une hystérique
tient entre les doigts de sa main insensible une plume
dans ta position nécessaire pour écrire~ cette plume enre-
gistre Fêtât de conscience prédominant du sujet sans quit
s'en aperçoive. Si le sujet pense spontanément à une
personne a un obje~ à un chUtre, ou si on te prie
do penser & tout ceta, sa main anesthéaique, qui tient
une plume, « écrit aussitôt, dit M. Binet, le nom de cette
personne ou de l'objet, ou le chinée. Le sujet, quand
ses yeux sont formés ou que son attention est portée ail-
ieurs, ne s'aperçoit pas du mouvement de sa main, qui
revête à l'expérimentateur te fond intime de sa pensée.
Dès que te malade fait un eHbrt inteitectuet pour se rap-
peler ou pour raisonner ou pour deviner quelque chose,
on voit sa main prendre t'attitude nécessaire pour écrire:
dès que le problème est résolu ou abandonné, « la main
laisse tomber la plume et s'affaisse dans une attitude de
résolution. »
M. Binet fait remarquer l'analogiede ce phénomène avec
tous ceux qui ont été étudiés par M. Chevreu!, a propos
du pendule explorateuret des tables tournantes, ainsi que
par M. Richet et M. Giay. Une image mentale consciente
peut déterminer un mouvement inconscient. M. Binet
demande a la personne quet est son âge; au moment où
elle répond dix-huit ans, « et même quelques secondes
avant qu'elle réponde M, la plume qu'on a eu soin de glis-
ser entre l'index et le pouce de sa main anestbésique fait
ia même réponse écrite. Le sujet a la représentation
consciente de son âge; il n'a pas la représentation de ce
qu'it écrit. Le phénomène « idéo-moteur est conscient
dans sa première moitié, inconscient dans ia seconde.
L'image graphiquesubconsciente qui s'ajoute a la re-
présentation mentale du sujet n'est pas suggérée unique-
ment par cette représentation mentale; elle l'est aussi et
en mémo temps par l'attitude donnée à la main. Nous
avons, pour ainsi dire, les deux extrémités d'un courant
mental; d'une part, des idées dont le sujet a la conscience
ctaire; d'autre part~ la sensation subconsciente d'une
plume provoquant la tendance à écrire; en mémo temps
que le sujet pense, sa main est invitée par des sensations
sourdes à exprimer ta pensée.
Tous ces phénomènes connrment ce principe que
chaque état psychique a pour corrélatif un état moteur
particulier; « notion fort Importante, dit avec raison
M. Binet. et que la psychologie contemporaine a large-
ment contribue à mettre en lumière. »
Il. Quand ta sensation diminue sur un point, ses élé-
ments doivent se répartir sur d'autres points, et l'affaiblis-
sement de la conscience doit avoir, selon nous, pour
corrélatifson déplacement. C'est là une nouvelle loi que
la psychologie n'a pas encore suffisammentétudiée et qui,
croyons-nous,prendra par la suite une importance crois-
sante. y a entre les diverses parties du cerveau un
commerce, un échange de tensions qui fait que l'activité
mentale change sans cesse de centre, de forme et
d'objet. A une sensation en succède une autre les sen-
sations peuvent provoquer des émotions, des pensées,
des volitions, des actions c'est le déplacement et la
transformationde i'énergie mentale, parallëiemental'éne!
gie physique.
M faut remarquer, à l'appui de notre thèse, que le cer-
veau est un organe double, comme les yeux ou les oreilles,
tout au moins qu'il est composé de deux hémisphères. On
a même prétendu que chacun des deux avait son indivi-
dualité La Mettrie disait que Pascal avait un cerveau fou
et un autre intetiigent. Beaucoup de physiologistes attri-
buent un certain nombre de folies et d'immoralités au
cerveau droit, tandis que le gauche serait relativement
sage. Sans aller jusqu'à admettre cette « dualité céré-
brale », on comprend très bien qu'un des hémisphères
soit généralement plus actif, par cela même plus facile à
fatiguer, et que des déplacements de travail puissent
s opérer entre les deux hémisphères. !1 peut aussi se pro-
duire des cas do corrélation défectueuse entre l'énergie
du ccrveaM droit et celle du cerveau gauche les deux
exécutants ne s'accordent pas toujours entre eux. Enfin
des échanges et déplacements de tension nerveuse, par
cela même d'activité mentate, ont lieu aussi entre le cer-
veau et la moelle épiniëre. Supprimez ou diminuez l'action
du cerveau vous augmentez généralement l'intensité et
ta rapidité des actions rënëxes provenant de la moeHe
sous !a moindre irritation, les membres font des mouve-
ments convulsifs exaltez, au contran'c, t'activite dans
le cerveau, « vous modérez ou inhibez» M génératementles
actions de la moelle épiniëre. Dans les faits d'habitude, le
travail descend du cerveau pour se distribuer à travers
la moelle, et, probablement, avec le travail, descendent
aussi les sensations d'enbrt et de résistance, qui se dis-
tribuent dans les ceMutes médullaires. L'attention du pia-
niste, par exemple, passe de sa tête dans son tronc, dans
ses bras et dans ses doigts c'est une pièce d'or qui se
change en menue monnaie. Aux diminutions de la con-
science il faut donc ajouter ses déplacementspour expli-
quer les états d'apparente inconscience.
Passons maintenantaux troubles, rétrécissementset dé-
sagrégations de la conscience.
CHAPÏTRE DEUXIÈME
t. LA POUE, t.BSOiMMtt.KATMHB)..
Il. LK MMtK)~«YHfOTtoet!. ~& tmtaM et ses cause:. ExptteaHoMp~chotmtquMet
phystoto)))nue!).
!!t. Bt~ËTS BE MttfXWtSM);KM
slJn t.')Bt~TKM
L"DRATIONET
£1' LA
LA HnTtOH.
IIOTION.
tV. KfFEM BK L'MIfMMHMBaM LA VtB nnMXtQCR. ACttOS M'nATtVB0!! L'WKMH'MMR.
V t.tM B~OPet~NKitTSt)E
YH. Co~Ct-MtOS.
H CONMtKSCB. f-
V. CctU)0!«<!ATMMK)sst~NB<TM!LB!<cBttv~cx.<.6rapMMhypnot!queett'~MMt<t6.
t
l~ FattenHon
nuicxp&it est
unoiddecSa~
ce
parition des autres idées. De môme, pourquoi
S~~X existence
certain degré d'attention ? C'est que, coSc~~
phy
une sensa.
pour atteindre
un
certain degré d'inteMité distincte, la pX (tuMnaori~
un
affectée doit recevoir un « surplus de
surplus pouvant varier en quantité et nutd~~ ce
en
tention eHe-meme peut être plus ou moins intense, plus
ou moins vive, enfin p!us ou moins concenh'ée'
Nous avons vu plus haut ;~PPMon de
ces lois au
sommeil artificiel. Le naturel
dire, dtinhs, sans concentration stabte de es0~
sommeil naturel; Lehmann les applique éaatemfnt
!a conscience
sur telles et telles représentations, sans direction
au
précise
provenant de la volonté. Be là rincobercnce des rêves.
Pourtant, tnûme dans le sommei:ttaturet, rexen~edeb
mère attentive a l'enfant ma!ade montre q~uneconce~
tration et direction de la conscience demeure
possible sur un point déterminé, encore
ce
point comme une persistance de la veillequi produit sur ce
~n~?' au milieu même
Impressionnable tout un
groupe d'impressions systématisées autour de ridée de
son enfant. De m&me. t'hypnotisé reste impressionnai
à touto une classe d'impressions ~tematisSs
l'idée de l'hypnotiseur, La mère s'endort autour de
fixe de son enfant; t'hypnotisë, dans la dans la pensée
pensée fixe do
Sh~
l'hypnotiseur. De là un rapport » subsistant
« entre la
mère etPenfant. entre l'hypnotisé et l'hypnotiseur.
observa; c'est ce
Lehmanna mis en pieine lumière. Nous
C'est
que
causant ~c
l'attention persistante a un sUtnutus avons dit que
monotone et sans
et la stagnation de l'activité
mentale, tend à produire le sommeil si donc vous aban-
~?~
donnez le sujet à il tombe effet dans un
distinguer du sommeilenordiMi~- mais
l'hypnotiseur ~'abandonne pas le sujet à iui-meme
Pen-
dant toute tadurée du processus, l'attention du sujet est
dirigée vers les manœuvres de l'opérateur. Son esprit
doit donc rester nxé dans « une attitude de réponse »
aux impressions venant de cette source, même lorsqu'il
décent insensible à tout le reste. L'hypnotiseur,s'empa-
rant de. ce « rapport » spécial intervient pour arrêter à
moitié chemin le processus de somnolence. Comme, de
plus, il continue de suggérer au sujet des représentations
et des actions, ces idées et ces actes maintiennent le dor-
meur dans un dtat de veille partielle, et lui font rêver
une série de rêves ayant leur centre commun et leur
point de départ dans la représentation persistante de
l'hypnotiseur. Cette fixation unilatérale de l'attention a
pour contre-partie physique de rendre fixe un certain
arrangement vaso-moteur, grâce auquel une certaine
portion limitée du sensorium est seule h recevoir une
nutritiot) sunisanto pour soutenir l'activité mentale. Cette
nutrition est même exagérée proportionnellementau reste.
Aux actionsvaso'motrices si bien analysées par Lehmann,
it convient d'ajouter,avec Wundt, ics actions neuro-dyna-
miques qui on sont inséparables. De même qu'il y a un
certain équilibre de la distribution sanguine, il y a aussi
dans l'organisme un certain équilibre de la distribution
neuro-dynamique, avec des contre-balancementsqui aug-
mentent d'un côté ce qui a diminué de l'autre. On peut
donc admettre la loi proposée par Wundt « Quand une
partie considérable de l'organe centra!, par suite d'actions
inuibitoires, se trouve en état de latence fonctionnelle,
l'excitabilité de la partie qui fonctionne est augmentée,
et cette augmentation sera d'autant plus grande que la
quantité de force latente existant dans Forgane central
aura été moins dépensée par un travail précèdent. »
On a constaté dans l'hypnosel'existence d'une certaine <
hypérémie cérébrale. Comment l'expliquer?C'est, repond
Lehmann, que la nutrition du cerveau dépend de la ~M-
dité du cours du sang, si bien qu'une diminution de rapi-
dité signée une nutrition plus imparfaite. Les récentes
recherches de Geigor sur les conditionsmécaniques de la
distribution du sang dans le cerveau montrent que la di!a-
tation des capillaires, quiproduit!'oyperémie,imp!iquoune
moindre rapidité du cours. « Dans l'hypnose, en conclue
Lehmann, la fixation unUaterale de l'attention consiste en
une « contraction tétaniquede certainsvaisseaux sanguins,
produisant un mouvementaccéléré du sang dans la partie
éveillée du cerveau ». Cette contraction tétanique, jointe
à la stagnationsanguine dans le reste du cerveau, semble
expliquer, en une certaine mesure, pourquoi, dans t'byp-
nose profonde, le sujet est insensible aux ptus violences
impressions qui ne viennent pas de l'opérateur. De mémo,
l'impossibititéd'éveiller le dormeur par les moyens ordi-
naires serait une conséquence de cet arrangement vaso-
moteur devenu Hxe. Nous croyons qu'il y faut ajouter
une certaine communication nerveuse entre l'hypnotiseur
et t'hypnotisé, communicationdont la nature n'est pas
encore connue et qui rend les nerfs du sujet sensibles à
la moindre action de l'opérateur. 11 y a des lois de sta-
tique et de dynamique nerveuses encore plus subtiles
que ceiie de l'hydrostatique sanguine. ·
En somme, l'hypnose est un sommeil partiel dans lequel
une portion restreinte du cerveau reste excitable et
môme surexcitable, gr&ce a FaMux de sang qui vient s'y
localiser. Dans le demi-sommeit ordinaire, il n'existe plus
aucune direction ni concentration provenant de la partie
encore éveillée, tandis que, dans l'hypnose, il y a direction
systématique de la pensée par l'idée dominante de l'hyp-
notiseur. Cette idée demeure une porte ouverte a Fhvp-
notiseur iui-méme pour prendre la direction des autres
idées.
Le sommeil ordinaire peut être transformé en sommeil
hypnotique. Bernheim a souvent opéré cette transforma-
tion en posant la main sur le front du dormeur et en
disant « Dormez tranquillement, ne nous éveillez pas. »
Le contact, dit Lebmann, éveille à demi le dormeur, assez'*
pour qu'il soit capable d'entendre ce qu'on lui dit il
reconnait la voix du médecin et, étant accoutumé & obéir
aux ordres provenant de cette source, il continue de dor-
mir; t~ais son attention est désormais'dirigée vers l'hyp-
notiseur, de manière à être ~p9F~ avec lui.
Les analogies de l'hypnotisme avec le sommeil n'em-
pochent pas les din~renees. Les stages lucides de t'hypno-
tisme, principalement, sont caractérises par des phéno-
mènes musculaireset par des phénomènes d'hyperestbésie
ou d'anesthésie qu'on ne remarque pas dans le sommeil
normal. L'esprit, dont l'état est contus dans le sommeil
ordinaire, peut, dans t'hypnotisme tucide, avoir une claire
conscience de co qu'il fait. Selon l'école de Nancy, Fhyp*
nose ne serait pas un sommeil mais « un état psychique
particulier qui exalte la suggestibiiitë et qui a son an&!o-
gie dans t'état de veille normal. C'est la suggestion, dit
H. Bernheim, c'est l'action de l'idée sur !c corps qui déter-
mine tous les phénomènes; ces phénomènes ne sont pas
d'ordre pathologique, mais d'ordre psychologique hyp-
?0~~ yMe/yM~, c'est ~'<W<~MO' un état
~s~cM~' <~ exalte la ~M~e.?~ Assurément
~Me
mais cet état psychique ne peut ëtt'c provoque que par
l'intermédiaire d'un état physiologique, lequel à son tour
n'est point naturel et normal, mais artificiel et anormal,
par conséquentvoisin d'un état pathologique.M. Bernheim
aura beau répéter a quelqu'un « Vous ne pouvez plus
remuer votre bras M si le cerveau ne s'engourdit pas en
partie par quelque procédé à la fois physiologique et
psychologique, ta suggestion n'aura aucun cnbt appré-
ciante; il faut que, dans t'écorce cérébratc, se produise
une inhibition comparable à t'arrét du cœur sous iln-
Muence de l'irritation du ncrfpneumo-gastrique. Et il est
difficile de soutenir qu'une aliénation de ta personne qui
rappelle ou la folie, ou le somnambulisme naturet, ou
les deux à la fois, soit un état sans aucun élément pa-
tbotogique.
L'écote de la Satpetricre, pour d'autres raisons que
l'école de Nancy, rejette aussi toute comparaisonde l'hyp-
nose avec le sommeil et n'y~veut voir qu'un phénomène
de physiologie pathologique. Ette considère l'hypnose
comme l'équivalent d'une attaque d'hystérie, comme une
phase isolée ou anormalement protongcc de la période
passionneitede la grande attaque. L'hypnose ne ressem-
bterait « en rien M au sommei! naturel (1). C'est aiterbien
loin, et ces assertions dogmatiques semblent d'autant
plus exagérées qu'elles ne sont admises ni par t'ecote de
Nancy, ni par M. Detbceuf, ni par Morsetti, ni par Leh-
mann et Wundt, ni par une foule d'autres. Ï~a vérité nous
semble être que t'hypnose consiste en une combinaison
de sommeil partiel et de troubio nerveux, engendrant un
état do suggestibiiité anormaie. Il n'est mente pas dé-
montré qu'i! n'y eût rien ~e vrai dans l'ancienne hypo-
thèse du nuide mngnëtique~ si on entend par là une
surexcitation du système nerveux produisant des ondu-
lations capables de s'irradier au dehors do l'organisme et
d'établir une communication anormale entre deux sys-
tèmes nerveux. Los actions inhibitoircs ne semblent pas
être ce qu'il y a de ptus important dans l'hypnose, et il
faut surtout considérer tes actions excitantes, qui sont
liées aux premières ou qui s'y ajoutent. L'exaltation de
la sensibilité sur certains points est plus étonnante encore
que son abolition sur d'autres points te développement
anormal de certaines ~cuites est plus merveilleux encore
que te rétrécissement du champ de !a conscience. On ne
peut donc savoir s'ii ne se produit pas des phénomènes
vraiment anatogucs t'aimantation d'un objet. Nous ne
connaissons pas toutes les forces en jeu dans la nature,
c'est-à-dire tous tes grands modes possibles d'ondula-
tions éthérées. L'étpctriciié et le magnétisme des physi-
ciens ne sont point le dernier mot de la nature, et le
système nerveux doit être le siège de forces plus subtiles
encore.
(t) V. Moc(t, P<M ~omMMMt&M~sMps (<7<t:. &<*M.,1800).
III
f
BPfETS HB L'MH'NOTtSMESUH L'MÉATtOK ET tA MÛTtON
~he~
iL
(1) « Pendant une opération dentaire, dit
~S:~° la suspendre
volonté chez cartuines femmes.
(2) De fOr~~MC des effets CMfOf~~
Detbœuf.
M.
esprit sur cette idée que la s<~Hon Mi~a rcenneatta-
produirait P~~?'
M~MC~MC.
M
pendant ua temps rc!at.~neS
pleurs
Mur emploie la suggestion de t'idée q«'it déclare a ttt
personne, dan~ un cwtain nombre de séances, que toite
irritation maladive va disparaitre, que le mat «'est. plus,
qu'ette ne soutt're ptus. Cette idée dusoutagementsm'un
point déterminé, tettoment intense qu'ette va Jusque t'aat-
tucinMtion, obscurcit lit douteur, devient une idée4orce
capable de produire à tu tongue des etïets pttysiotogiqucs
en rapport avec sa nature la persuasion du mat qui
ditninuc, c'est le mal qui commence aussi ta diminuer,
c'est le calme qui succède a l'orage intérieur, c'est la
~ncrison qui se prépare au sein môme de la maladie. En
d'autrps termes, c'est un ensemble <!e mouvt'mcnts par
tesqucis t'être vivant reprend possession de soi t'idce
réagit contre t'intluence morbide, hausse le ton vital,
comme un musicien inspiré qui traduit son inspiration par
les sons tes mieux adaptes tout t'organisme se relève,
se tend, se renforce ridcc de ta guérison d'un mat déter-
mine a favorisé tu. réaction déterminée sur ce mai et~
conscquemmcnt, a facilité la guefison même.
Les phénomènes électriques d'induction prouvent que
tel ou tel mouvement peut se reproduire au loin avec la
même force et ta même direction, sans communication
immédiateet visible t'idce d'une modification or~aniquc~
qui est une forme de mouvement dans le cerveau et un
dessin cerebra!, peut donc produire par induction, du
côté de ta périphérie, cette modiueation organique
laquelle eHe a été associée. Tout le monde connait t'cxpe-
riencc du sinapisme imaginaire. On persuade à une hyp-
notisée qu'on lui a mis un sinapisme ayant la forme d'une S
ou celle d'une étoile; on tui applique sur la peau un
papier ordinaire, et te résultat final est une rougeur on
forme d'S ou d'étoile. C'est donc bien ici une idée qui
s'est réalisée, une forme de rougeur représentée qui est
devenue une rougeur Comment nier l'influence que
le mental exerce par ses conditions physiques sur le
physique? tt faut bien admettre une contagion des ondu"
tations cérébrates, correspondantes aux images, qui par-
court en sens inverse ta ligne de ta sensation normale
an lieu d'atter de la périphérie au centre, elle va du
centre à ta périphérie. L'hypnotisée se rcprcsento avec
intensité une bruture, un vësicatoirc, un stigmate elle
tinit par sentir ta hrûturc et par la réaliser ainsi en ses
~t!ets cct'cbraux puis devient cause, et !a chateur
sentie dans te cerveau va rayonnant jusqu'à la peau
m&me, dans tcttcs limites déterminées pat' ce que les psv-
choto~ucs appellent. « les signes locaux ». On connatt
<t'atncut' t'acUon vaso-ntotrtce et sect'~toh'e du système
nocvcux. t)G môme qu'on produit, piu' la suggestion de
l'idée, !es c~;ts d'un v~sieatnit'e, de m6me on peut,
suggestion, empêcher tes et!cts d'un vcsieat.ott'c l'éclpar
et
<c dcvcioppemcnt des putyctcnes. Il thut. donc supposer
<tue ta persuasion profonde de t'impossibitite d'une vési-
caUon, en produisant une sorte de résistance tout le long
du système nerveux et. en haussant le ton des fonctions
végétatives, a pu contre-batanccr t'ettet irrita-nt des can-
tharides: c'est ta un des exemptes les plus frappants de
la force que peut avoir une idée, par les sensations et
imputions a)ïhibtics qu'ettc renferme et qui se renforcent
:t un moment donne.
Il est facile d'en conclure que. pour se guérir d'un mat,
la première condition est de se persuader on que te mal
n'existe pas, ou qu'it n'est pas grave. L'idée du mat. au
coittraire, tend à produire et à aggraver le mat. M. Dot-
bo'uf a insisté avec raison sur t'cnet fâcheux de la
souurancc, qui, entretenant l'idée du mal, entretient le mal
mente et occasionne, eu tout ou en partie, les accidents
consécutifs. Ladouteurqui prend naissance au point affecte
ne tarde pas a étendre la lésion, puis « fait avalanche M.
Qu'on enlève ou atténue tadouteur, on cntevera ou on at!ai-
btit'a i'un des tUcteurs du mal organique. Même dans t'etat.
normal, nous « créons t'agrandisscmcntde lit ptaic à force
de ta sentir et d'avoir notre attention fixée sur elle ».
L'hypnotisme, qui distrait cette attention, opère en sens
inverse de la douleur: il diminue te mat en faisant que
nous n'y songions plus. On explique aussi par là, dans
~nc certaine mesure, une partie de l'action des remèdes
ordinaires. En catmant tes symptômes,les remèdes calment
t esprit. et peut-être leur attribue-t-on parfois une oitica-
cité qui est due « à l'imagination tranquiitisce du malade.
t y a donc du bon même dans la médecine des symp-M
tômes (l).
Considères phitosopbiquement, ces faits prouvent,
fois de plus. que ta douleur et la pensée ne sont pas, dansune
la nature des t( epiphdnomènGs~ sans intittenee. dont
t être vivant pourrait se passer. Douleur et idée imptiquent
certains processus de t'organisme qui ont leur action
propre dans le résultat (tnat.. Dans certains cas excep-
ttonnetsct morbides, dit M. DetbŒuf, ne peut-il
tau'equa la sensation éprouvée se joigne la MM~c~'oM pas se
~~Me correspondante? Non seulement,
drons-nous à aL Deiboeuf. ceta peut se faire, mais,répon-
la thëone des idées-forces, ceia doit faire la selon
tion douloureuse est, du côté physique, se sensa-
une modification
organique en un sens oppose au mouvement de ta vie
la sensation agréable est une modification orsaniuue
qui relève ta puissance vitate. L'image, t'idée,
tion du mieux, c'est la rcatisation du mieux. Lela menlai
sensa-
et e physique ne t'ont qu'un dans la réalité concrète
il n'y a point de mouvement du corps qui n'ait
contre-
partie mentale it n'y a point de fait mentat quisan'ait
ellicacité organique. son
~~J~?P'
E:
parh présence
S~~
Ën~T!
malades qui a ,ncn:
ces faits l'action catmantcexcM~
ct.r, par la confiance q.t'.t
(t.. doc
& change de m.-decin
ct~H
atï-cetc
ou de t-ëg te
~<t-
pendant quc!que temps, âpres chaque changen"GnL
tiennent probablement pas à une Les succès dcs'hontcop~hesn~
autre cause.
CMMt;!<tCATtOt'; t'OSStBt.BS KSTBK LM CBMVEAUX
"?~~Y's
<e9 enilamme les unes après les autres, en proie à la plus grande
ugttatton. M. Pierre Janet ronaortpuurtacalmer, et 5~'B. s'écrie
matin ? H fait grand jour. »
me faire allumer une tampe ce
M. Ochorowicz raconte ainsi une de ses expériences de
sugges-
tion mentale; L&vo ta main droite Je concentre ma pensée
le bras droit de la malade, comme s'il était te mien je m'imagine sur
son mouvement à plusieursreprises, tout en voulant contraindre la
malade par un ordre intérieurement parlé. Première
action nulle; deuxième minute agitation dans ta mainminute droite;
M. Pierre Janet & M"" B. Si, dans une autre chambre,
M. Pierre Janet boit et mange pendant que M" B. est
endormie, celle-ci croît boire et manger, et on voit sur sa
gorge les mouvements de déglutition. KHc distingue si
M. Pierre Janet a mis dans sa. bouche du sol, du poivre ou
du sucre. Si, dans une autre chambre, M. Pierre Janet se
pince fortement le bras, M"" B. endormie pousse des
cris et s'indigne d'être pincée au bras. En se tenant dans
une autre chambre, M. Jules Janet, frère de M. Pierre
Janet, et qui avait aussi sur M" B. une très grande
inHuence, se brûta fortement le bras pendant que M'
était en icthargic. M' B. poussa dos cris terribles, et
B.
M. Pierre Janet, qui était avec elle, eut de ta peine a la
maintenir (i).
ti y a souvent, nous l'avons vu, chez les hypnotisés,
une hyperacuitc des sens qui rappelle la perfection avec
laquelle tes aveugles distinguent les choses au toucher,
ou avec laquelle les sourds-muets lisent la parole sur les
lèvres. Selon M. Detboeuf, un sujet, après avoir soupesé
une carte bianchc prise dans un paquet de cartes sem-
troisième minute l'agitation augmente, la malade fronce les sonr*
cils et Mpe ~< Mt<t'M droite, (lui retombe quetqttes seconde après.
<) <oM ~'e et <'m&f««c- HHc se lève, s'avance vers mot, puts
vers son ffnrc. HUc t<Ue l'air près de sa t6tc, niais ne le touche pas,
s'afr6tc devant lui en hësitant elle sc rapproche lentementet re!n-
brasse sur le front en tressaillant.
La Socictc pour les recherches psychiques, en Angleterre et en
Amérique,s'est Hvn'o il des expériences tre:; patientes et très minu-
tieuses sur la transmissionde ta pensée àdcs personnes hypnotisées
~t môme non hypnotisées. Ces resuttats, quoique frappants dans
certains cas, ne nous semblent gttttrc probants dans l'ensemble.
(i) M°*~ R. tenait son bras droit au-dessus dit poignet et se p!ai-
gnait d'y souffrir beaucoup. Or M. Pierre Janet ne savait pas ht:-
même exactementoù son trcre avait voulu se brotcr c'était bien a
cette place-là. Quand M"* B. fut éveillée, elle serrait encore son
poignet droit et se p!ai~nait d'y souffrir beaucoup sans savoir
pourquoi Le iendenMtn, e!te soignait encore son «bras avec dcs~
compresses d'eau fratche; « et le soir, dit M. Pierre Janetjo cons-
tatai nn gonnemontet une rottgettr très apparente à l'endroit exact
où mon frère s'était brûM, mais il faut remarquer qu'elle 8'chnt.
touché et gratté le bras pendant la journée. n (~M., p. 223.)
blables, peut ensuite la retrouver dans le paquet d'âpres
sa pesanteur. Sur ta peau, deux points peuvent être dis-
tingués, au moyen du compas de Weber, à une distance
moindre que la normale. L'oreille peut entendre le tic-lac
d'une montre dans une chambre voisine. DI. Bergson a
raconte, dans la ~Me ~:7<M< l'histoire de cet
hypnotisé qui paraissait lire à travers le dos un livre
ouvert devant l'hypnotiseur, et qui lisait réellement la
page reflétée sur la cornée de ce dernier. On prétend que
des sujets ont vu des choses reHétées par des corps non
polis. Persuadez à un sujet qu'il y a une photographie
sur une carte blanche, il retrouvera la carte dans te
paquet, entre cent autres, quoique vous n'y aperceviez
aucune différence. II faut donc qu'il ait des points de
repère d'une délicatesse inconcevable. Cette exaltation
des sens provient, en partie, de ce que l'activité nerveuse
et mentale est concentrée dans des directions exclusives,
ou elle acquiert plus do force, comme une eau endiguée
et tout entière accumulée en une seule direction.
On a émis cette hypothèse que ta pensée de l'hypnoti-
seur se transmet à t'ouïe de t'hypnotisé par t'intermédiaire
de ta parole. Nous ne pensons point, en cuet, sans pro-
noncer mentalement des paroles, et nous ne les pronon-
çons pas mentalementsans les prononcer aussi physique-
ment avec le tarynx penser, c'est parler tout bas. Les
idées sont tellement inséparables du mouvement qu'étiez
se traduisent toujours, dans notre larynx, par des bruits
tnnscutaires très faibles, qu'une oreille plus fine pourrait.
entendre. L'hypnotisé peut avoir l'acuité de t'ouïe néces-
saire pour entendre un ordre qui lui est donne par la
parole intérieure. M. Ch. Féré et M. Ruault ont même
pensé que t'hypnotisé peut, comme le sourd-muet, lire les
mots sur les lèvres. Lorsque l'expérimentateur veut sug.
gérer mentalement à son somnambule de lever la jambe,
it dit en lui-même « Levez la jambe. Je veux que vous
leviez la jambe, » et plus it veut donner cet ordre, plus il
tend à articuler des mots. On conçoit donc que le sujet
puisse, comme le sourd-muet, mais avec beaucoup plus.
de délicatesse, discerner ces mots presque articulés, en
observant tes mouvements extérieurs que détermine
chez l'hypnotiseur le jeu très atténué des organes de
la parole (i).
Quoi qu'il en soit, le moyen de transmission, pour tu
pensée, doit être un mode d'énergie vibratoire transmise
par un milieu c'est IMe seul procédé par lequel des
changements, dans une portion de matière, se repro-
duisent eux-mêmesen une autre portion de matière éloi-
gnée. De plus, il s'agit ici d'une reproduction par un cer-
veau de ce uni a lieu dans un autre cerveau. Enfin, ce
qui se reproduit, c'est une idée-force, avec ses etibts
moteurs. L'hypnotiseur qui concentre fortement sa vo-
lonté sur l'idée d'endormir à distance une autre personne
se met artificiellementlui-même dans un état de monoï-
déisme, où tout est subordonne& une seule idée, devenue
le centre actuel du cerveau et. de ses mouvements. D'autre
part, ou sait que, cncz le sujet uypnotisabte, l'idée du
sommeil voulu par ~hypnotiseur suMt pour réaliser le
sommeil même. Il faut les deux idées n !a fois pour pro-
duire le sommeil. Ces idées n'ont pas besoin d'être claires
et distinctes quand le sujet est très impressionnable. U
suffit que le cerveau, par un moyen quelconque, reçoive
les vibrations qui, d'ordinaire, aboutissent a l'idée du
~<MMM~ voulu par telle personne. Comme t'hypnose est
précisément la dépression des étéments prédominants
dans la conscience normale et l'exaltation d'éléments qu~
d'ordinaire, sontenaces sous les autres, on comprend que
l'eSet, à distance, puisse et doive se produire dans, les
éléments subconscients ou, en quelque sorte, dans le
sous-sol de la conscience, qui est le siège même du som-
meil hypnotique. En un mot, on peut admettre une cer-
taine tension cérébrale, nerveuse et musculaire, capable
de produire une orientation de la force nerveuse dans une
seule direction, et qui, par son intensité même, détermine
des ondulations extérieures. Ces ondulations, rencontrant
~)~M<e~</osep~ç«~Md., p. 085.
un cerveau d'un équilibre excessivement instable et habi-
tué, sous teur innuence, & tomber dans le sommet!
produisent !eur en'et habituel malgré ta distance. y
Faites
résonner un diapason: un autre diapason, à l'unisson du
premier, 8e mettra à résonner. Les ondulations sonores
du premier se sont donc reproduitesdans le second, srace
au nuheu aérien qui les a transmises.
Au témoignage de Gurney. !e révérend Kewmann
adresse mentalement à sa femme une question
sa femme,
sans le voir, assise devant la planchette des médiums,
écrit automatiquementla réponse à la question adressée*
et elle na eu conscience ni de la demande ni de la
réponse. On peut donc encore supposer ici
sion de la pensée, soit par des une transmis-
ondulations aériennes.
soit par des ondulations etherées qui passent d'un
veau à t autre. En outre, cette transmission a lieu cer-
à la
région subconsciente du cerveau, où se produit d'ordi-
nale le somnambulisme; l'individu doué do l'écriture
automatique (on médium) est un bcmi-somnambute;il n'a
qu'une subconscience de la question
qu u y fait le dialogue a lieu au-dessouset
de la réponse
de la conscience
claire du moi.
Marguerite
Marûueri!~
dans le Co~ nie de la
délire
!0h<
que.
X'<
Dans d'autos
le long d'une haie et ne font pas atten-
nous aurions une hallucination récipro-
cas, il y aurait des Iiattueinat~s
Pe~nnS' par p!u&
personnes.
On nous raconte aussi des histoires
Godfrey, peu convaincantes
en se mettant au lit, désira, avec
toute Pénergte de sa volonté et toute la
sa pensée, apparattre au pied du lit de concentration de
sonSM-~
qu'il l'avait en et lui demanda si elle
l'avait vu en rêve « Oui. Comment? Assis près de
moi. » La même dame, la même nuit, rS'e~c
lève pour prendre « quelque soda.wate se etso
retour-
nant, elle aperço.t M. Godf.-ey, debout sousenlase fenêtre.
M. Keutemans, au milieu d~uno
occupation nue!con(tue'
aperçoit tout d'un coup en imagination un panier conte-
nant cinq ceufs, dont trois tort gros. Au
deux de ces œufs sur la table. Et il lunch, il voit
trouve
nourrice avait placé cinq beaux œufssedans que sa
pour les lui un panier
envoyer. Ces détails
de anglais sont
amusants, mais est-il probable que rextraorSr~
produise & propos de choses si o~inaires?
Dans la majorité des apparitions, ragent
raissait était en proie à quelque grande
« qui appa-
crise, et, dans
plus grand nombre de cas, c'était la crise suprême le
& six cent soixante-neuf cas de tetépathiespo~ la
m~ quatre cents
«
mort, en ce sens qu'il s'agissait d'un malsont des cas de
sérieux qui, en
peu d~eures ou en peu de jours, s'est termmëtmr~a
mort. Ces cas sont aussi nombreux aussitôt S~iamoX
qu'aussitôt avant. j! n'y a a7
que po~iO~es cas où
a~ extSM un lien de parente entre les parties la
sangumiM comme telle attrait donc pen d'in~cnce: con- c'est
lien d'affection qui constitue te rapport le ptus étroit.
D'autres fois, le rapportconsiste en une simple similarité
d'occupation mentale au moment de la vision. Dans neuf
cas, il y eut une convention antérieure entre les
parties
par laquelle celui qui mourrait te premier s'eiibrcerait de
rendre sensible sa présence. Dans un des
avait suppiiô son frère de lui apparaitre cas, un frère
dans autre.
raconté par mïss Bird, Fauteur anglais de un livres de
voyages, il y avait eu promesse de la personne qui mou-
rut et apparat ensuite. ~f
Une hallucination est une perception à laquelle
la base objective dont elle manque
suggère la croyance, mais (lui
ne peut être reconnue comme étant sans base objective que
par la réflexion distincte. Or, il faut se rappeler que, dans
lit perceptton même la plus vcridique, il y a uneeo~Mc-
de l'objet par nous voir une maison, ce n'est point
demeurer passif, c'est réunir en un tout
signes sépares, c'est interpréter ces signes,une multitude de
c'est Induire
la réalité d âpres des apparences, juger de la situation
dans l'espace, dans le temps, etc. Percevoir, c'est donc
toujours imaginer, ajouter par association des détails de
toute sorte à t esquisse incomplète que la réatitc fournit
et qui n'est qu'un point de repère. Dès lors,
être qu'une impression plus ou moins vagueil sumt peut.
trans-
mtsetétépathiquementpourconstituerun pointsoit de repère
et un centre Association. L'impression deviendrait une
idée, tdcc entraincrait une émotion, l'émotion donnerait
le branle à l'imagination, qui construirait une vision et
i objcctiveratt do là une hallucination, de celui
qui l'éprouve, mais cependant provoquée ceuvrc impres-
sion qut se serait transmise d'un cerveau par une
à un autre.
Quand i y a des défaits d'apparition qui n'ont pu être
imagmes par les visionnaires, M. Gurney
mourant, ayant tui.même dans son esprit, pense que le
scient ou subconscient, sa propre Image, a
à l'état con-
pu
quelques traits et comme une esquisse, en même temps en envoyer
que l'idée de lui-même et que l'impression de sa souf-
france.
Jusqu'à présent, tes faits de télépathie sont bien loin
d'offrir une certitude scientifique. !t faut faire la part du
hasard et des coïncidences fortuites, de t'exagération, du
mensonge involontaire, des oublis, et même de ces hallu-
cinations de ta mémoire qui font (lue certaines personnes
s'imaginent avoir vu ce qu'elles n'ont point vu. Mais la
sympathie à distance et t'hyperacuité exceptionnette des
sens n'ont en soi rien de contraire aux données de ta
science. est possible qu'il y ait, ou plutôt il est impos-
sibte qu'il n'y ait pas des modes de communication a tra-
vers t'espace qui nous sont encore inconnus. On peut
construire des télégraphes sans tous les fits tétegraphi-
ques ordinaires. Un téléphone reproduit à une distance
énorme tes vibrations reçues de la voix. part'intermc-
diaire d'un ni conducteur, ou même sans cet intermé-
diaire, comme le montrent !fs récentes expériences faites
en Angleterre (1) on ne saurait donc nier & priori que
certaines ondulations cérébrales ne puissent se trans-
mettre au loin par un conducteur dont nous ignorons ta
nature et produire un effet sensible sur des cerveaux
particulièrement en sympathie.
(i) Cei< expériences sont venues confirmer ce que nous avions
~cr!t dans la ~Mc DeM.c-~oM<~ et ce qui nous avait attiré tes
critiques d'un savant distingué: « S'autoriser de ce qu'un télé-
phone reproduit a une distance énorme les vibrationsreçues pour
en inférer la poMtMM~ de la télépathie, c'est oublier le /H m~M~Mo
dont on utilise la conductibilité; jusqu'à présent l'en n a pas encore
construit de téiéphone t~lépaUuque. » M. Banville, fAMe et la force
(~ccMepM< octobre t8$i). Les phénomènes d'inunetion h distance
sont cependant bien connus, et on vient de les utiliser précisément
pour le téléphone.
VI
~MMee ~<a<< <fe <MM<eten<'c. Nous pouvons très bien faire, sinon
deux choses & la fois, du moins deux choses en alternance rap:de,
comme quand nous dictons une lettre tout en faisant un travail
manuel. Nous pouvons aussi oublier presque immédiatement l'une
des séries alternatives, celte dont
nous sommes d~ra~. Cette
oscillation du pendule intérieur n'implique point une réelle divi-
sion de la conscience en deux moi, le moi du scuMol et le moi du.
premier étage.
ciencc de chercher une adresse, et que cette adresse, par
t'enbt d'une surexcitation nerveuse, lui est revenue tout
d'un coup ù l'esprit. C'est ce qui nous arrive chaque jour;
seulement, nous ne nous donnons pas pour ceta une hai-
lucination en concentrant nos yeux et notre imagination
-sur un cristat magique.
On a souvent décrit une expérience bien connue et
très importante chez les hypnotises celle des « halluci-
nations négatives ». On suggère une personne hypno-
tisée que, revenue à l'état normal, elle ne verra plus tel
objet ou tel individu présent, et, enhctivcment, après son
révei!, elle ne le voit plus. De là nos psychologues se
sont empressés de conclure Pour que l'objet présent t
cesse d'être vu par la personne normaïe, it faut qu'it soit
reconnu par un autre personnage subconscient, comme
étant l'objet qu'on a ordonné de ne pas voir; c'est donc
le personnage subconscient, développé par l'hypnotisme,
.qui, après le réveii, « prend pour lui la vue de cet objet M
dont il a conservé le souvenir (i). Selon nous, it ne
faut pas multiplier ainsi les êtres sans nécessité, et on
ne doit s'écarter que le moins possible des explications
.ordinaires pour expliquer l'extraordinaire.
Les hallucinations négatives ont plusieurs explications
possibles. Selon Wundt, le cerveau partiellement engourdi
a une réceptivité moindre pour toutes les impressions
sensorielles autres que celles sur lesquelles t'bypnotiseuf
tourne l'attention du sujet; l'attention étant exclusivement t
concentrée en une autre direction, les sensations causées
par l'objet que le sujet croit absent deviennent très indis-
tinctes. Nous croyons surtout que le patient est dans un
état d'obéissance passive et de foi aveugle. Est-il bien
vrai, d'ailleurs, qu'une somnambule réveillée ne voie
aucunement la personne qu'on lui a suggéré de ne pas
voir ? i<,t!e ne veut pas la voir, ni surtout reconnaître
-qu'elle ta voit, tout comme il y a des gens qui se refu-
-sent à l'évidence. Ettc est persuadée qu'elle ne peut pas
(i) M. Mricourt.
et ne doit pas voir, ni avouer quitte voit tel est t'état
de sa voioaté prévenue et docite & la consigne. Cet état,
il son tour, réagit sur la perception des objets environ-
nants il fait abstraire systématiquement telle partie, tel
objet au profit des autres l'intelligence devient attentive
a tout, excepté & cet objet. N'oublions pas que,
pour ta.
psychologie contemporaine, une perception est toujours
une « synthèse de sensations et d'images quand
vous apercevez une orange, vous n'avez que ta sen-
sation actuelle d'un disque coloré, mais vous liez à
cette sensation telles images et tels souvenirs
sphérique, sotidit~ odeur et saveur. De même, forme
reconnattre une pet'sonne, ii faut faire une série do pour
thèses. qui rattachent certains souvenirs à l'ensemblesyn-
des
scnsattOtts actuelles. Chez l'hypnotisée, il v a après le
revett la forte persuasion de ï'absence nécessatre d'une
personne, jointe à l'exaltation de toutes les autres sensa-
tions de un trouble de la synthèse, qui rejette dans
la pénombre l'image rée!te de ta personne présente, t'ef-
face même par une sorte de paralysie partieHe. La mère
qui dort en faisant abstraction de tout, excepté de la
voix do son enfant, se suggère à elle-même
une sorte
« d anestuésie systématisée au protit d'une seule idée
qui ctmce le reste. Si, dans tous tes faits de
besogne était rce!!cment partagée entre deuxce genre, tu
distinctes, la communication entre tes deux personna-
inconcevable on ne voit pas comment,
serait
parce que ta per-
sonne inconscienteverrait l'objet qu'on a suggéré de ne
pas voir, ta personne consciente pourrait cesser de t'aper-
~ct,
cevoir de ce que vous voyez un arbre que je regarde,
il n'en résulte point que je cesse de te
donc obhgc d'expliquer l'absence de vision dans ta est
voir. On
sonne consciente ette-méme, & laquelle it faut toujoursper-
revenir (i).
.)'! les choses que !o
~'aH"e.nahoM nëgattve, ~ratt ne pas percevotr.sont
en réalité perçues,
ant-ëa!it6 Ignorées par racHvitéMée
délibérément~norees
per~M, mais d~Mn~eat l'activitééveillée
dune autre section ou couche de la personnalité, AuUend'&tr~
Dans ces difucites problèmes, la nouvelle écoie de psy-
choiogie fait appel trop tôt aux décompositions du moi,
pour expliquer des phénomènes dont uue bonne parUo
rentre dans les lois ordinaires de la psychologie. C'est
là une réaction exagérée contre l'ancienne doctrine de
l'unité du moi.
On admetvolontiers aujourd'hui, comme étéments pri-
mitifs de la conscience, des états absolument détachés,
sans aucun germe de moi et de non-moi, qui ensuite pour-
raient s'agréger et se désagréger de cent façons. C'est ta
méconnaître que le plus é!cmentah'e des états psycholo-
niques, cnvctoppant il la fois une sensation reçue du
dehors et une réaction exercée du dedans, enveloppeaussi
en germe le contraste du non-moi et du mot. Tout état
psychique renferme, à un degré quelconque, sensation et
appctition, par conséquent une opposition de fait entre
l'action de l'extérieur et ta réaction de l'intérieur. Cette
opposition de fait n'a pas besoin d'être pensée et jugée
pour être immédiatement sentie, et il est bien difficile
qu'eue ne soit pas toujours sentie & quelque degré. Selon
nous, une science plus avancée fera reconnattre que ta
conscience est, pour ainsi dire, essentiellementpolarisée,
alors mcme que tes doux pûtes, moi et non-moi, ne sont
pas conçus par l'intelligence dans teur essentielle
antithèse. Brisez un aimant en particules de plus en plus
petites, vous aurez encore tes deux pôles, l'un propre a
attirer, l'autre à repousser. De même, en tout phéno-
mène physiologique et psychologique, il y a la direction
vers le dehors et la direction vers le dedans, qui se
manifestent par l'attraction et ta répulsion, par te désir
et l'aversion, ces deux pulsations de tout cccur qui vit.
Mordre ou être mordu ne se confondront jamais, même
pour le ptus humble des vivants 11 n'a pas besoin de
savoir conjuguer aucun verbe pour discernerte passif de
P~
aphasie graphique (on ne sait plus les écrire). Unemots),
lésion produit donc des en'ets très diMrcnts même
sur Finte! i-
gence et la mëmoire selon au'elle frappe dos individus
qui, pour penser et parler intérieurement,
tue! emen de telle ou telle catégorie d'images. usent habi-
~?~
individu dont tous tes souvenirs sont «cristattises Pou .un
autour des images motrices, la
suelles n'a pas grande importance perte des images vi-
elle supprimera au
toute chez un aut?.e
sujet qui se sert de ces images visuet!es. Selon
Janet, il se produit, chez les hystériques et les M. Pierre
somnam-
Pour comprendre ia mémoire alternante des et amnésies,
bules, qui ~tnbtent passer périodiquement d'une somnant-
l'autre, vie a
suppose qu'elle est due & une
« modification périodique (spontanée
ou provoquée) dans
l'état de la sensibilité et, par conséquent dans
des images (lui servent à former les phénomènesla nature
logiques compiexes, en particulier le tangage psvcbo-
Une
femme passe, par exemple, du type visuel
moteur 'L~. ~~P''oquement; dès « au « typo
lors, la personne qui
pensait
~~T7'
au moyen des signes fournis par la vue
semble disparaitre pour faire place a celle
qui se sert des
signes moteurs. En réalité, ce sont des mémoires a ter-
prendre la forme d'une
personnalité particulière.
vn
c<M<ot.uatû!<
LIVRECINQUIÈME
MactpatM M<es<foMes. Leur gea6M et leur ioQeeace.
ÏNtBOMCTtOM. y
S~
&'K m.
?
u~erscs tMohca de t acte volontaire,26t.
des lois, 217, comme
tV ~« moments
S~ed~m!
'&~9~n~ CHAPiTMTMOtSt~tB.vot.o~MM.
dS~
r
285
Il. Grravao do l'idée de Iiborl6, po~t'de~e~ch.J
liberté au
do
des
T~°~
Bhluo. 287.
dl
!Mycho<ogtqu<'a.
t'crs éléments do la libertrt, 311.
MU3. -1ft. Les récentes
IV. RéaliaatiOIlprogressive de l'idée
Contmo~ la liberté est un
réalisation
LIVRE SEPTtÊME
-g~ L-
Les altérationset transformationsde la
conscienceet de la ~enté.
CMMTBE~ LA
¡ClllfeS
331
l, UbIquité do la sensibilité dans l'organisme, 3:J3. Il. Diminutions et
~J-
s~
produisant l'apparence,da l'intoit.
science,339.
L'UVPltOTI'ISt:
8T
8r Las Ibl1u-,onCIIS
l, La folie, le sommeil naturel,3n. Il. Le sommeil "ypnoUque.
341
nature et ses causes. Explications psyellologhlucset 8It
111. Efrots de 1'liypnotïsmo pbyslologiques, 3111.
sur l'idéatioit et a motion, 3G3.
sur ta vie organique. Action
t'byptlotlsmn,311. V. Communications curative de
J,(j rapport hypnotique et I'~Iectirrït6, possibles entre les l'enCllux.
de conscience, 39~. Vtt. S&.n.~ 383.
~Me~t.
VI. Les dérloublemeuis