SUJET N°2 : La philosophie doit-elle en finir avec les préjugés ?
INTRODUCTION La réflexion philosophique est une activité intellectuelle, consciente et méthodique qui se fonde sur la pensée critique, l’usage de la raison et n’a pas la prétention de dire le vrai. Elle a tendance à rejeter les préjugés qui sont un ensemble de croyances, d’opinions hâtives à priori favorable ou défavorable que le sens commun se fait en fonction des critères personnels. Dès lors, philosopher, c’est penser par soi-même en interrogeant librement le monde, pour se construire un savoir et une sagesse. C’est certes dans cette perspective que notre sujet nous invite à analyser la question selon laquelle « La philosophie doit-elle en finir avec les préjugés ?».Autrement dit, la philosophie doit-elle renoncer aux illusions et certitudes dont les hommes vivent ? Pour mieux élucider cette problématique, nous allons tenter de répondre à ces questions .Dans quel contexte la philosophie doit-elle en finir avec les préjugés ? Ces derniers ne peuvent-ils pas être utiles dans le cadre du déploiement du philosophe ? DEVELOPPEMENT Les préjugés qui sont abordés aujourd’hui par notre sujet sont déterminés par notre milieu social, notre âge, notre sexe, notre entourage, notre temps, notre environnement, nos origines. Pour supprimer ces préjugés il faut cesser rechercher la vérité et ainsi permettre à l'ignorance de disparaitre au profit de la raison. Par conséquent, puisque le préjugé relève d'une absence de réflexion, on peut penser que la connaissance de la vérité devrait éviter les préjugés. Or, l'outil qui permet l'exaltation de la vérité est la preuve. C’est en ce sens que DESCARTES affirme que «« Il fallait que je rejetasse comme absolument faux tout ce dont je pouvais imaginer, le moindre doute, afin de voir s’il ne restait point après cela quelque chose à ma croyance qui fut entièrement indubitable ». La preuve est ce qui conduit de façon indubitable et universellement convaincante l'esprit à admettre la vérité d'une proposition ou d'une idée. Le face à face entre Socrate et Calliclès en est une preuve ; Socrate ne parvient pas à amener Calliclès à penser et à dialoguer malgré les arguments qu'il avance. On peut donc dire que l'homme se préoccupe peu de la vérité. Les préjugés ont donc plus de force que la vérité et on peut ainsi se demander si ce n'est pas parce que les préjugés répondent à nos désirs que parfois la vérité ne suffit pas. Par conséquent, nous serions prisonniers de nos préjugés puisqu'ils sont l'essence de nos désirs. Ces préjugés ou opinions éloignent donc l'homme de la vérité et de la raison en plus de l'emprisonner dans une démarche sans réflexion intérieur. Cependant, est-il possible de penser sans préjugés et ainsi de se libérer des influences extérieures? Le préjugé est une opinion toute faite, un avis qui manque de fondement. Ainsi, on critique celui qui n'a que des préjugés, qui juge sans savoir. Le préjugé relève donc d'un jugement pris dans un état d'ignorance, on pourrait donc penser que la connaissance de la vérité et la conscience en ces préjugés devraient les éviter. Chaque homme ne se rend pas compte que sa conscience n'est qu'illusion et sans cette prise de conscience la remise en cause des préjugés devient, dès lors, impossible. La philosophie étant basée sur la lutte des préjugés, la culture de l'esprit critique, le désir de la sagesse et de la vérité, la non résolution de notre problème ne risque t-il pas de remettre en cause le principe même de philosophie ? Pouvons-nous affirmer que nous connaissons tous nos préjugés? Après avoir développé les arguments qui confirment la thèse selon laquelle la philosophie doit en finir avec les préjugés, nous avons pu constater les limites et les insuffisances de notre sujet, que nous sommes tenus de compléter et d’éclairer à travers d’autres considérations philosophiques. Par conséquent, chacun croit avoir une pensée personnelle mais il n'en est rien puisque chacun répète seulement la pensée des autres. Ceci peut s'expliquer par le fait que nous intériorisons ces opinions à un âge où nous n'avons pas encore d'esprit critique et où les connaissances et expériences sont trop peu nombreuses pour nourrir cet esprit critique. Les préjugés relèvent donc de notre inconscient. Ainsi, comment luttait contre quelque chose que l'on ignore. Marcien TOWA (philosophe camerounais DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR TEL. 77-621-80-97 / 78-108-42-12 Page 1 contemporain), atteste prouvant que le début véritable de l’exercice philosophique. Il dit à ce sujet : « La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance. Pour le philosophe, aucune donnée, aucune idée si vénérable soit-elle, n’est recevable avant d’être passée au crible de la pensée critique ». De plus, la condition humaine est définie par le désir, et c'est à cause de leurs désirs que les hommes ne se préoccupent pas de la fiabilité de telle ou telle idée. Par conséquent, l'homme est maitrisé par ses désirs (débordant sur la raison) ce qui empêche toute prise de conscience de soi même et comme certains préjugés relèvent de notre inconscient on ne peut pas en prendre conscience non plus. La condition humaine destinerait donc l'homme à avoir l'illusion de penser par lui même puisqu'il ne peut par remettre en cause sa façon de penser (il n'est pas conscient de ses préjugés). Au livre XII de la République, Platon décrit le chemin que suit le prisonnier que l'on détache du fond de la caverne. En effet, le fond de la caverne figure le lieu de l'opinion, du préjugé qui rend les hommes prisonniers de ce qu'ils voient et incapables de juger véritablement. Celui que l'on détache devient alors celui qui n'est plus prisonnier de ses préjugés, il n'est plus soumis qu'à ce que ses yeux voient mais qui est guidé par l'intelligence. Cette lutte contre les préjugés parait très douloureuse puisque l'homme vivant au fond de la caverne n'étant plus éclairé que par un feu derrière lui. Lorsqu'il sort et qu'il rencontre la lumière du soleil, il souffre énormément. Cet homme chargé d'éclairer les autres hommes est le philosophe qui se préoccupe peu du monde qui l'entoure et peut par conséquent acquérir la vérité relative et lutter contre des préjugés infondés. La lutte des préjugés serait donc permis grâce à la philosophie et à l'exercice du doute méthodique. Le doute méthodique ou Descartes suspend provisoirement un jugement afin d'établir la vérité. Cependant ne peut-on pas dire que certains préjugés sont utiles à la réflexion de l'homme? Les préjugés permettraient donc d'accéder au véritable savoir. Le mot préjugé ayant une connotation négative on lui préfèrera le mot "apriori". Les aprioris sont donc nécessaires au savoir et permettent à l'homme d'envisager un certain nombre de conditions préalables à la pensée. CONCLUSION Au terme de notre analyse, il convient de noter que penser et préjugés peuvent paraître au départ complément contradictoire d'où la difficulté de notre sujet « La philosophie doit-elle en finir avec les préjugés ?». Certes, on peut penser qu’une preuve peut exalter la vérité mais les hommes étant dominés par leurs désirs, un préjugé pourtant non fondé peut avoir plus de force qu'une preuve. Donc il serait impossible de penser sans préjugés puisque le sujet humain est dominé par ses désirs et parce qu'il n'a pas conscience de tous ses préjugés. Seulement, le sujet humain est il capable de penser par le seul usage de sa raison ? Les préjugés (ou aprioris) seraient donc nécessaires et même utiles à toute réflexion, préjuger se serait donc préparer une réflexion.
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