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Croyances vs.

connaissances :
au-delà de la question de la vérité
Comment se fait-il que tant de personnes, éduquées et intelligentes, croient pourtant
à tout et n’importe quoi ?  Une partie de la réponse se situe dans la différence entre
croyances et connaissances, les premières écartant l’esprit critique.

Selon Gerald Bronner, dans La Démocratie des crédules (2013), « Une connaissance
est une description du monde fondée sur des éléments de méthode, qui mettent à
distance les grandes limites pesant sur notre rationalité". C’est pourquoi la pensée
méthodique est l’acquis le plus précieux de l’humanité, ce qui ne signifie pas qu’elle
aboutit toujours à la vérité.. Il ne faut pas confondre la partition
croyance/connaissance avec la partition vrai/faux. Des connaissances peuvent se
révéler fausses et des croyances peuvent être vraies. Ce n’est pas tant la question
de la vérité qui sépare croyance et connaissance que la méthode pour appréhender
le réel ».

Source : https://lelephant-larevue.fr/dossiers/entretien-avec-gerald-bronner/

https://www.youtube.com/watch?v=7JVUe9wDubU

Une autre explication à notre crédulité dérive du concept d’habitus,


développé par Pierre Bourdieu. Dans Esquisse d’une théorie de la
pratique (1972), le sociologue définit l’habitus comme étant « une
loi immanente, déposée en chaque agent par la prime éducation ».
Comparable pour les personnes d’une même classe sociale,
l’habitus désigne ainsi un système de références, mais aussi de
préférences intériorisées, influençant de vastes champs de
pratiques, dont le jugement. Face à une infox ou une théorie du
complot, l’habitus a son mot à dire : on pourra y croire parfois en raison de ces
structures mentales qui conditionnent nos avis, et peuvent faire fi du rationnel.

Se pose enfin une question délicate, à savoir jusqu'à quel point les gens croient en
ce qu’ils prétendent croire. De nombreuses infox, en particulier les théories du
complot, se présentent comme des histoires très bien racontées, auxquelles nous
avons envie de croire, auxquelles nous croyons un peu, mais pas vraiment ni
totalement !

Évaluer le degré de croyance d’une personne dans une infox est chose complexe, or
la plupart des enquêtes se limitent à demander au panel sondé s’ils croient ou pas
dans telle ou telle théorie du complot.
On peut ainsi croire un peu aux illuminati, ou prétendre y croire pour des raisons
idéologiques, parce que l’on croit profondément que “On ne nous dit pas tout”, alors
pourquoi pas. On peut aussi douter de l’existence des illuminati mais décider d’y

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croire, parce qu’on a rien à y perdre et tout à y gagner. Une posture qui rappelle le
pari de Pascal, dont on se souvient qu’il repose sur l’argument qu’une personne
rationnelle à tout intérêt à croire en Dieu, que celui-ci existe ou pas.

Petit exercice humoristique d’application du pari de Pascal à la prédiction des


Mayas

source : https://geektionnerd.net/pari-de-pascal/

Plus sérieusement, on voit bien comment ce type de raisonnement peut s’appliquer


à des théories comme celles de l’effondrement et aux mouvements survivalistes, et
nourrit de nombreuses infox médicales,qui font appel au principe de précaution

Deux podcasts pour aller plus loin

Le pari de Pascal appliqué à la Collapsologie et ses limites


https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-transition/l-impossible-pari-pascalien-de
-l-effondrement-3572478

Pour une approche cognitiviste, un entretien avec Thierry Ripoll, chercheur en psychologie
cognitive, qui se penche ici sur la question intuition vs. raison
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/science-en-questions/pourquoi-croit-on-1
393290

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