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Les infox, une histoire vieille comme le monde

Le couple information-désinformation est aussi vieux que les médias. Autres temps, autres
formats, autres impacts, le phénomène « fake news » se situe dans le prolongement d’une
longue tradition d’infox, utilisées dans bien des domaines, qu’il s’agisse de rumeurs, de
canulars ou, plus grave, de propagande, comme l’illustre bien cette vidéo.

Voir la vidéo sur Retronews, le site de presse de la BNF, qui comporte une section gratuite
et des pépites !

https://www.youtube.com/watch?v=J_JrtSveAI0&t=3s

Les infox fondatrices de notre époque


Pour rappel, voici quelques dates et affaires historiques en matière de désinformation de
masse politique qui se sont produites bien avant internet.
Trois cas frappent l’attention car ils sont devenus célèbres dans la mesure où la
désinformation a été utilisée comme arme pour déclencher des guerres.

★ 1917-19 : Les relations publiques, fondatrices de la propagande lors de la première


guerre mondiale aux Etats-Unis

Regarder
https://www.youtube.com/watch?v=qU9zOLIPjdI (Anglais, sous-titres français)

La Commission on Public Information ou Commission Creel (propagande pro entrée en


guerre) marque la naissance des « Public Relations » et des premiers exercices de
propagande de masse.

Sont présents, en substance, les ingrédients que l’on retrouve dans les campagnes de
désinformation d’aujourd’hui :
- Utilisation de la désinformation comme outil de contournement de la démocratie
- Distribution massive de communiqués intégrant force fausses nouvelles
- Appel à l’émotion et à des personnalités populaires et à leurs communautés
- Usage de campagnes multimédias (presse, affichage, radio, cinéma, télégraphe…)
- Mise en place de faux groupes activistes, etc.

★ 1990 : l’ Affaire des couveuses et le Début de l’ère CNN

Ecouter le podcast
https://www.franceinter.fr/emissions/rendez-vous-avec-x/rendez-vous-avec-x-01-decembre-2012
"Je m'appelle Nayirah et je suis une jeune Koweïtienne. J'ai vu les soldats irakiens entrer
avec leurs armes dans la maternité de l'hôpital de Koweït City. Ils ont arraché les bébés des
couveuses, les ont emportés et les ont laissés mourir sur le sol froid. »

Nous avons ici :


- Un modèle propagandiste des médias utilisés à nouveau, comme en 1916, pour
convaincre la population d’entrer en guerre.
- Une campagne orchestrée par une agence de Relations Publiques au service de la
CIA.
- La création de toutes pièces d’une fausse nouvelle à « haute valeur émotionnelle ».
- L’utilisation du « story telling » comme format privilégié pour convaincre (un
scandale qui fait appel aux témoignages personnels pour susciter le changement).
- L’efficacité de la concentration et convergence des médias pour la diffusion de
l’infox.

★ 2003 : l’ Affaire Colin Powell et les armes de destructions massives


Le 5 février 2003, le Secrétaire d’État américain Colin Powell, présente devant le Conseil de
Sécurité de l’ONU des preuves mensongères (un tube) sur un présumé programme de
fabrication d’armes chimiques de destruction massive. Cette déclaration, reprise par les
médias de propagande d’État, sera déterminante pour justifier l’invasion de l’Irak.
Plus tard, et donc trop tard, les inspecteurs de l’ONU démentiront cette affirmation.
Colin Powell a affirmé, par la suite, avoir été manipulé par la CIA dans cette affaire.

Voir le discours sur l’INA : https://www.ina.fr/video/2205136001007


Lire l’article « mensonges d’Etat » du Monde diplomatique :
https://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/RAMONET/10193
La découverte de ces deux dernières affaires, propulsées par les premières chaînes
d’information en continu ont sans doute fortement contribué à la défiance que l’on connaît
aujourd’hui envers les médias et les responsables politiques.

Comment l’Etat « vend-il » la guerre ?

Regarder
https://www.youtube.com/watch?v=FvsWeHcukYA

De la propagande à la communication politique, de la guerre héroïque à la guerre propre, les


mots, discours et images changent mais, en cas de conflit, l’objectif reste essentiellement la
« fabrique du consentement » du peuple, comme le disaient Noam Chomsky et Herman
Edward (1988). Et la rhétorique utilisée est celle du bien contre le mal. Sauf qu’avec les
médias sociaux, les médias de masse n’ont plus du tout le monopole des discours de
propagande, et les instances d’État non plus, car d’autres types d’acteurs, y compris des
individus isolés, peuvent s’en emparer.

Lire : La fabrication du consentement - De la propagande médiatique en Démocratie _


Noam Chomsky - Herman Edward – Agone, 2008 (publication originale, 1988)

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