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Les ressorts des infox

A présent liquide, peurs liquides

A présent liquide, peurs liquides. L’une des raisons du succès des


infox – et de leur surmédiatisation - peut être attribuée à la
« modernité liquide » telle que définie par Zygmunt Bauman.

 « La tendance à substituer la notion de ‘réseau’ à celle de ‘structure’


dans les descriptions des interactions humaines contemporaines
traduit partiellement ce nouvel air du temps. Contrairement aux
‘structures’ de naguère, dont la raison d’être était d’attacher par des
nœuds difficiles à dénouer, les réseaux servent autant à déconnecter
qu’à connecter… » 

Il en résulte des peurs liquides, diffuses qui se manifestent par :


● Une incertitude perpétuelle
● Une obsession du changement, de l'innovation, de la flexibilité, de l'éphémère
● Le sentiment de vivre dans un monde instable hautement concurrentiel de
prédateurs, chasseurs et proies
● Une crainte de l’insécurité

En se fondant sur cette idée de peur liquide, on peut dire que le phénomène “Fake
news” se construit sur l’incertitude et l’insécurité, nourries par la mondialisation et la
société des réseaux. Une histoire de révélations de scandales (“gates” comme dans
Pizzagate) et de secrets (“leaks” comme dans Macron-leaks) qui amène à la
suspicion envers les institutions, les médias, les experts… et les faits!

A lire : Vivre dans la « modernité liquide » Entretien avec Zygmunt Bauman


http://sspsd.u-strasbg.fr/IMG/pdf/Vivre_dans_la_modernite_liquide._Entretien_avec_Zygmunt_Bauman.pdf

Des mécanismes puissants à l’oeuvre

Une société submergée par l’information


- Citoyens “bombardés” d’informations sur leurs équipements personnels
- Impossibilité de les vérifier, car trop nombreuses
- Mélange d’informations de types et sources très diverses présentées sans
hiérarchie
- Forte défiance envers les médias et les experts
La combinaison de ces différents facteurs est un excellent terreau pour les infox,
même les plus étranges !

La puissance de la rhétorique
Les infox qui marchent sont celles qui savent nous toucher. L’usage de la rhétorique
est au cœur de leur succès. Ce qui laisse à penser qu’un travail de fond sur cette
discipline est important pour tous ceux qui se mobilisent contre la désinformation.

Ressorts les plus fréquents 


- Création d’un sentiment d’appartenance à un groupe
- Appel à l’attrait du faux que l’on souhaiterait vrai
- Usage de chiffres, de preuves, rationalisation
- Flatterie (c’est agréable d’avoir raison contre tout le monde)
- Recours à la paranoïa (de groupes) : on ne nous dit pas tout, les médias nous mentent,
les élites nous trahissent
- Exploitation de vieux préjugés, de croyances bien ancrées
- Appel aux puissants biais cognitifs, notamment au biais de confirmation (je crois
davantage ce qui confirme ce que je soupçonnais déjà)
- Et à notre propension à ne pas croire ce qui ne nous plaît pas

Des formats efficaces


- Textes ou vidéos courts demandant peu de temps et d’attention
- Messages simples, voire simplistes
- Titraille racoleuse
- Story telling permettant de s’identifier à l’information
- Univers graphique « dans l’air du temps »
- Récits populistes, sensationnalistes

La recette de contenu qui a fait ses preuves


- Un noyau de vérité
- Une thématique clivante
- De l’émotion, de la nostalgie, de l’utopie
- Ou du « fun »

Des médias en crise


Les médias sont à la fois part du problème et de la solution en matière d’infox.
S’ils sont en première ligne dans la vérification des faits, la lutte contre la
désinformation et l’information des publics, ils sont aussi dans une situation
économique globalement difficile, qui peut être un facteur de développement des
Infox.
Sur Wikipedia, on peut lire que “ la réalisatrice Elizabeth Drévillon, présidente de la
Guilde des auteurs réalisateurs de documentaires, et le journaliste d'investigation
Jean-Baptiste Rivoire, ex-rédacteur en chef adjoint du magazine Spécial
investigation de Canal+, fondateur du média Off-investigation auditionnés en
février 2022 par la commission d'enquête sur la concentration dans les médias
créée au Sénat, ont estimé que la pression des chaînes sur les
auteurs-réalisateurs de documentaires aboutissait à une « autocensure», avec
pour conséquence un « préjudice au débat démocratique ». L'impression donnée
que les journaux développent les mêmes sujets, avec les mêmes idées suscite
une perte de crédibilité, en particulier dans le domaine politique et économique :
compte tenu du manque de contenus d’investigation télévisée, les citoyens «vont
chercher ailleurs l’information, ce qui ouvre la porte aux fake news et au
complotisme».

> Les Fake d’Or 2022 selon 20 minutes 

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