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Viralité et mécanisme de diffusion

Plusieurs études ont indiqué que les infox se répandent plus rapidement en ligne que les
informations vérifiées. Le MIT a par exemple démontré que la vérité mettait six fois plus
de temps que les fausses informations pour atteindre 1.500 personnes. Mais la viralité a
aussi souvent du bon !

La vidéo la « plus virale de l'histoire », selon le site


d'actualité anglais Mashable, avec plus de 100 millions
de vues en six jours et plus de 500 milles
commentaires est la vidéo "Kony 2012", un
documentaire de 30 minutes contre Joseph Kony, chef
de guerre ougandais, fondateur de l'Armée de
Résistance du Seigneur, ayant commis de nombreux
crimes et viols, et commandité l'enlèvement de 30 000
enfants, réduits en soldats ou esclaves sexuels. Une
vidéo produite par L'ONG américaine Invisible
Children  pour dénoncer ces crimes
(Cliquez sur les liens des vidéos que vous souhaitez
visionner)

▪ Viralité

Comment une information devient-elle virale ?

Le degré de viralité d’une information dépend :


1) du nombre de personnes avec lequel on la partage en moyenne
2) de la rapidité avec laquelle on la partage
3) de sa longévité (combien de temps elle continue à être propagée). On parle de
“longue traîne" pour désigner cette phase de propagation

Ce type de modèle en entonnoir semble avoir été fait pour les médias sociaux dont le
mécanisme de base est le partage instantané à des groupes souvent très nombreux et
actifs. D’informations vraies ou fausses. Sauf que les fausses sont souvent plus alléchantes,
étonnantes, susceptibles de faire le buzz… Toujours selon le MIT, une fake news a 70% de
chances de plus qu’une information vérifiée d’être retweetée.

Approche épidémiologique de la désinformation

Plus encore depuis la Covid et la création début 2020 du terme d’Infodémie par
l’Organisation mondiale de la santé, certains assimilent la propagation d’infox à la
propagation de virus, et empruntent pour leur analyse à l’épidémiologie, en s'articulant en
particulier sur les métaphores et analogies suivantes :
- L’assimilation des infox à des agents pathogènes
- Le taux de reproduction de l’infox
- La courbe de contamination
- La vitesse de contamination
- Les notions de contagion, et d’infection
- Les variants d’une infox initiale
- Les facteurs de vulnérabilité
- La quête d’immunité
- …
- Et les gestes barrières pour s’en protéger !

L’OMS a demandé la création d’une nouvelle discipline basée sur ce modèle biopolitique,
l’Infodémiologie, consacrée à la gestion et la prévention des infodémies. Une discipline au
sens fort du terme, destinée à produire à la fois de la connaissance et des actions.
L’infodémiologie a ainsi pour objectif de cartographier les acteurs et les agents pathogènes
et proposer des mesures prophylactiques et curatives au niveau mondial.
L’infodémiologie concerne bien évidemment le domaine de la santé, mais peut s’appliquer à
tous les champs qui seraient l’objet “d’épidémies de fake news”.

Reproches adressés à ce modèle


- L’approche et son champ sémantique sont fortement anxiogènes
- Cette approche de la désinformation est trop centrée sur la diffusion
- L’analogie centrale entre Infox et agent pathogène met trop l’accent sur les risques,
et passe sous silence la question des causes socio-politiques ou idéologiques
- L’infodémiologie calque les actions de lutte contre la désinformation sur un modèle
médical interventionniste, centralisé, dirigé de façon autoritaire par les institutions.
Pour exemple, le rôle clé de la surveillance (monitoring, tracking, checking) et des
normes dans les préconisations d’actions issues de cette approche.
- Le danger de donner trop de poids à la maîtrise institutionnelle de la nature et des
modalité de circulation de l’information, notamment dans le champs privé
- L’enjeu sécuritaire de cette approche (l’annonce de l’OMS sur la nécessité de fonder
l’infodémiologie a été prononcée le 15.02.20… lors de la Conférence de Munich sur
la sécurité).

Source : Source : https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2022-1-page-159.htm

Pour aller plus loin :


https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/psychologie-fake-news-recherche-etudie-desinformation-com
me-virus-96624/

Le rôle des algorithmes et de l’IA

Les algorithmes de tri, utilisés notamment par les moteurs de recherche tout comme les
algorithmes de recommandations utilisés par les médias sociaux, ne se contentent pas de
proposer à une personne des contenus personnalisés censés correspondre à ses goûts. Ils
ont aussi une fâcheuse tendance à mettre les infox en avant.

Or les moteurs de recherche, les médias sociaux et les plateformes vidéo représentent une
part toujours croissante de sources d’information - et de désinformation.

Des enquêtes menées en 2022 par le projet Crossover ont ainsi montré que :
- l’auto-complétion de Google quand on tapait des mots comme “Donbass” à une
certaine période menait vers des sites complotistes
- les vidéos suggérées par YouTube aux internautes font la part belle aux infox
- les # les plus tendances sur Twitter ou Facebook sont souvent liés à de la
désinformation

Pourquoi ? La réponse tient en ces mots “ économie de l’attention”. Dans un univers où


nous sommes saturés d’informations, suivant le principe de l’offre et de la demande, notre
attention (et donc le temps que nous passons devant un document en ligne) devient une
ressource rare, et donc précieuse. Le contrôle de cette ressource est au cœur de la
concurrence pour les GAFAM. En pratique, pour assurer leurs revenus, les médias de masse
et les médias sociaux cherchent par tous les moyens à nous faire non seulement venir, mais
rester sur leurs pages en captant puis retenant notre attention. Les algorithmes de ranking et
de recommandation sont ainsi conçus pour nous apporter des contenus qui nous plaisent…
mais surtout nous feront rester plus de temps sur les plateformes.

Robots sociaux
Les robots sociaux utilisent l’Intelligence artificielle pour simuler le comportement
humain sur les réseaux sociaux. Très utilisés sous forme d’assistants virtuels, comme à
la SNCF, ils peuvent aussi servir à des fins de désinformation et propagande, non
seulement pour diffuser massivement des messages, mais pour « discuter » en live avec
des internautes.
Actuellement le tout nouveau Chatbot GPT 3, doté d’une Intelligence Artificielle
générative de haut niveau, inquiète tout particulièrement. Cet assistant capable de
répondre à quasiment toutes les questions et de produire des articles, des tutoriels ou
des résumés, utilise en effet comme base de données (Big Data), sans les vérifier, les
informations qu’il extrait du web…. donc une part non négligeable d’infox qu’il participe
à diffuser à grande échelle.

Ce Mooc, soutenu par le Ministère de la Culture, est issu du projet


YouVerify ! financé par l’Union européenne en 2021-22.
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