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Le fact-checking à l’ère numérique

Internet ayant bouleversé la fabrique de l’information, de nouvelles pratiques de vérification de


l'information se sont développées. Certains journaux ont créé des équipes dédiées, des sites
comme factcheck.org, celui de “Arrêt sur images” et des émissions spécialisés ont vu le jour,
des zététiciens mènent des enquêtes… tandis que les techniques et outils de fact checking
évoluent au fur et à mesure des “avancées” que l’on constate en matière de deep fakes.

Comment vérifie-t-on l’information aujourd’hui ?

Les critères de vérification pré-numériques n’ont pas disparu :


- Ils répondent à une checklist du type : Contenu, Contexte, Code, Autorité de l’émetteur
(expert, officiel…).
- Ils procèdent d’un mode de lecture linéaire.
- Ils s’appuient sur des marqueurs familiers comme les guillemets ou les titres et noms
d'experts.

Les critères de vérification numériques créent une augmentation du processus :


- Ils reposent sur la compilation et la comparaison de très nombreuses données issues de
sources très diverses. Ces données sont typiquement des éléments de traçage, de
taggage ou de numérisation, et incluent les métadonnées associées aux fichiers
contenant des informations d’actualité.
- Ils incorporent la prise en compte de leurs contextes et de leurs parcours
informationnels.
- Ils procèdent d’un mode de lecture latéral, avec de nombreux onglets ouverts et sites
consultés.
- Ils s’appuient sur des techniques comme la recherche par mots-clés, l’exploration des
hyperliens et onglets, à l’extérieur du document ou du texte.

L'EMI vous invite à mélanger les deux types de vérification, selon vos besoins (la presse écrite
peut voir s'appliquer les critères traditionnels ; les sites ou réseaux sociaux comme Facebook ou
Reddit relèvent des critères numériques). A vous de juger. Et l'EMI vous donne du pouvoir d'agir,
à votre simple niveau de citoyen.
Ce qui a changé : les données au centre du processus, en plus des sources

Depuis les années 1990 et l’arrivée d’internet, le terme « vérification de l’information » (ou
fact-checking) renvoie aux techniques consistant à analyser des textes, des discours, ou des
contenus médiatiques de manière précise en cherchant à signaler, s’il y a lieu, les erreurs
pouvant s’y trouver. Ces techniques peuvent être partiellement ou totalement automatisées.
Le fact-checking s’est considérablement développé dans le monde entier depuis l’essor des réseaux
sociaux, la multiplication des théories du complot depuis les attentats de 11 sept 2001 et la
prolifération récente de « fake news ».

▪ Les données au cœur des pratiques


Toujours selon Paul Bradshaw, le travail du data journaliste procède en 4 étapes et intègre la
vérification dans le processus même de création de contenu médiatique numérique :

C ompiler les données sur le sujet. La multiplication des sources permet de faire une
première vérification sur leur véracité.

Cleaner les données en supprimant les erreurs et les convertissant toutes dans un
format compatible pour pouvoir les comparer

C ontextualiser les données


C ombiner les données pour créer une seule information
De nouvelles pratiques de fact-checking
- Automatisation avec logiciels ou robots depuis 2013
- Création de sites ou rubriques repérant et analysant les fausses informations
- Sites collaboratifs permettant de mener l’enquête à plusieurs (ex :
http://helpmeinvestigate.com/)
- Utilisation des données ouvertes pour mener des enquêtes et débusquer des infox
(osINT)
- Appel aux usagers pour qu’ils signalent et contribuent
- Mise à disposition de nouveaux outils « smart » ou intelligents
- Utilisation de nouveaux baromètres associés à des sites ou applications.

Penser comme un vérificateur numérique : les données en plus


- Qui se cache derrière cette information et avec quelles sources de données ? Est-ce que
la source souhaite informer ou manipuler le lecteur ? Dans quel contexte a-t-elle été produite ?
Quels sont les acteurs et leurs motivations ? Quels formats ?
Côté données : Vérifier via les métadonnées, la géolocalisation, les moteurs de recherche

- Quelle preuve et quelles données collectées ? S’agit-il d’un argument logique basé sur
des faits, de la neutralité et de la scientificité et non sur des émotions ou des opinions ?
Est-ce un compte rendu direct de l’incident ou s’agit-il d’une nouvelle provenant d’une
source différente ? Les images proviennent-elle de l’événement en question ?
Côté données : Effectuer une recherche d’image inversée, une recherche « forensique »
(deepfake)

-
- Que disent les autres sites de vérification ? Pouvez-vous retrouver ces nouvelles sur
d’autres sites d’actualité qui confirment ou contredisent indépendamment l’information ?
Côté données : Ouvrir plusieurs onglets de vos sites de vérification et sites d’information
de confiance et comparer avant de prendre une décision.

▪ Exemples de sites de vérification


L’enjeu des sites de vérification ? Les « critères de fiabilité », qui ne devraient pas prétendre à
définir la vérité dans un contexte de liberté d’opinion mais à pointer la fiabilité des sources.

En France, le site et le plugin Décodex ont fait office de


pionniers en matière de vérification des sites d’information. La
solution, en revanche, ne couvrait pas tous les sites et ne
permettait pas d’étudier la fiabilité des articles.

Le site Factuel de l’AFP est alimenté par les journalistes de


l’AFP en charge du fact-checking. Ils y exposent et démontent
des infox en donnant des éléments de contexte et d’analyse. 

Conspiracy Watch, observatoire spécialisé dans la


déconstruction des théories du complot

Hoxbuster.com plateforme de vérification collaborative

Pour aller plus loin

- Regarder : Rencontre avec des fact-checkeurs français


https://www.youtube.com/watch?v=9G3ACT6y_Kg

- Lire : Un article de The conversation “ De la vérification à la discussion : les nombreuses


méthodes de fact-cheking”

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