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Sondage du Vif – jan 21

Complotisme - Réalité ou fantasme ?!

1- Définition 2- Exemples 3- Cas pratique 4- Les Mécanismes

• Définition
Le complotisme, également connu sous le nom de théorie du complot ou pensée conspirationniste, est un type
de discours qui décrit un événement ou des situations comme résultant pour l'essentiel de l'action planifiée et
dissimulée d'un petit groupe, différent des acteurs apparents.
Peu importe l'absence de preuves : ce serait justement la preuve de la puissance dissimulatrice des
comploteurs.

 En janvier 2018, un sondage de l'IFOP révèle que, sur 1 252 répondants, entre 18,5 % et 23,5 % ne croient en aucune théorie
du complot, et que les jeunes sont plus susceptibles d'y croire. La croyance la plus répandue concerne une collusion entre
le ministère de la Santé et l'industrie pharmaceutique pour cacher les effets secondaires des vaccins (~ 55 %). Près de la moitié des
répondants croient au « grand remplacement », environ 32 % pensent que le virus du sida a été créé en laboratoire et testé sur la
population africaine.

L’auteur de cette note ne croit pas au complotisme. Est-ce une raison suffisante pour ne pas la lire…
• Exemples
1. La théorie du complot sur la lune : Certains affirment que les atterrissages sur la lune par les
astronautes américains dans les années 1960 et 1970 étaient une mise en scène réalisée sur Terre,
soutenant que le gouvernement américain aurait caché la vérité sur cet événement historique.

2. Théories du complot sur les attentats du 11 septembre 2001 : Certaines personnes croient que les
attentats du 11 septembre 2001 étaient un complot intérieur, orchestré par le gouvernement
américain pour justifier la guerre au Moyen-Orient.

3. Théorie du complot sur la COVID-19 : Il existe de nombreuses variantes de théories du complot liées à
la pandémie de COVID-19. Certaines prétendent que le virus a été créé intentionnellement en
laboratoire, tandis que d'autres soutiennent que la pandémie est un stratagème pour contrôler la
population mondiale.

4. Théorie du complot QAnon : Cette théorie du complot soutient l'existence d'une cabale mondiale de
pédophiles et d'élites corrompues, que l'on prétend combattre par le biais d'une mystérieuse figure
nommée "Q".

5. Théories du complot sur les vaccins : Certaines personnes croient que les vaccins sont dangereux ou
contiennent des puces de traçage pour un contrôle gouvernemental.

6. Théorie du complot sur la terre plate : Certains affirment que la Terre est plate plutôt que sphérique.

7. Théorie du complot sur la mort de célébrités : des théories suggèrent que le décès de certaines
personnalités était en réalité un assassinat ou une mise en scène.

8. Le complot sur une gouvernance secrète mondiale est souvent appelé la théorie du complot du Nouvel
Ordre Mondial (NOM). Cette théorie affirme qu'un groupe de puissants individus, d'entreprises, ou de
gouvernements conspirerait pour contrôler secrètement le monde, influençant les événements
mondiaux, l'économie, la politique et d'autres aspects de la société à leur avantage.

On retrouve de nombreux points communs entre ces théories :

1- L’attribution de la cause à des acteurs cachés : des groupes d'individus puissants, gouvernements,
entreprises ou entités secrètes sont responsables de manipuler ou de contrôler des événements
dans le but de servir leurs intérêts.

2- Le scepticisme envers les sources d'information traditionnelles : Les complotistes ont tendance à
rejeter les informations provenant de médias, de gouvernements ou d'experts en faveur de
sources alternatives qui soutiennent leurs croyances.

3- L’ utilisation sélective de preuves : Les complotistes peuvent chercher des preuves pour étayer
leurs croyances tout en ignorant ou en rejetant des preuves contraires.

4- La croyance en des événements extraordinaires : Les théories du complot peuvent être très
complexes et impliquer des événements extraordinaires, tels que des complots mondiaux pour
contrôler la population, des théories de la conspiration extraterrestre, ou des événements
historiques remis en question.
• Cas pratique – Le Nouvel Ordre Mondial
Un peu d’histoire Source : Wikipedia

Déjà en 1797, l'Écossais John Robison publie les preuves de conspirations contre toutes les religions et tous
les gouvernements de l'Europe. Il prétend démontrer, non seulement l'évident rejet des superstitions par
les Lumières, mais l'existence d'une organisation secrète, les illuminatis, qui planifie le remplacement des
religions par l’humanisme et le remplacement des nations par un gouvernement mondial unique.

En 1903, les Protocoles des Sages de Sion est un texte inventé de toutes pièces par la police du tsar.
Ce faux se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons.

Un peu plus tard apparaît le gouvernement de l'ombre repris dans une famille de théories du complot fondées
sur l'idée que le pouvoir politique réel n'appartient pas à des représentants élus publiquement mais à des
particuliers qui exercent le pouvoir en coulisses, au-delà du contrôle. des institutions démocratiques . Selon
cette croyance, le gouvernement élu officiel est soumis au gouvernement fantôme, qui est le véritable pouvoir
exécutif.
Certains des groupes proposés par ces théories comme constituant le gouvernement fantôme
comprennent les banques centrales , les francs - maçons , les agences de renseignement , les groupes de
réflexion , les juifs organisés ; le Vatican , les jésuites ou les catholiques en général ; des sociétés secrètes ,
des intérêts financiers , des élites mondialistes et des organisations supranationales qui cherchent à
manipuler la politique dans leur propre intérêt ou afin de servir un programme plus large qui est caché au
grand public.

Le nouvel ordre mondial fait l’objet de nombreuses croyances.


Ses théories prétendant démasquer une conspiration planétaire sont ainsi originellement développées par
plusieurs conservateurs européens et américains, adeptes des théories du complot maçonnique et de leurs
dérivés. En 1912, le ministre français des Affaires étrangères complotiste Émile Flourens dénonça, dans « Un
fiasco maçonnique à l'aurore du vingtième siècle de l'ère chrétienne », les prémices de la création de la Société
des Nations et de la Cour permanente de justice internationale. Il y voyait des influences maçonniques pour
créer un gouvernement mondial, une justice mondiale et une religion globale, dans un nouvel ordre d'où le
papisme serait exclu. Il émit l'hypothèse que les cercles maçonniques désiraient éliminer le droit à
l'autodétermination des peuples, pour le remplacer par le droit international.
En 1958, l'industriel américain Robert W. Welch expose le complot qui menacerait selon lui les États-Unis
mené par un groupe secret et visant à établir une hégémonie mondiale via la passation progressive de la
souveraineté des nations à des organisations internationales. Il fait campagne en 1959, pour obtenir le retrait
des États-Unis de l'Organisation des Nations unies, qu'il accuse de vouloir instaurer un gouvernement
mondial. En 1971, Robert W. Welch exposera dans un discours l'idée que les communistes ne se trouveraient
pas au sommet de la conspiration mais qu'ils ne représentent qu'une de ses branches. Il baptisera les maîtres
supposés de cette conspiration « The insiders » (les infiltrés) et les reliera directement aux illuminati de
Bavière du XVIIIème siècle.
Selon l'historien Carroll Quigley, les élites du capitalisme financier, qu'il situe dans la période de 1850 à 1932,
ont comme ambition de créer un système mondial de contrôle financier dans les mains du secteur privé
capable de dominer le système politique de chaque pays et l'économie mondiale d'un seul tenant. Selon
Quigley, le pouvoir est ensuite passé des banquiers aux technocrates et aux groupes de pression, faisant
usage de la propagande.
Par la suite, la théorie d'un complot visant à une unification impériale du monde sera surtout le fait d'auteurs
et de groupes américains de droite paléoconservateurs tel Pat Buchanan et l'animateur Alex Jones, et
anticommunistes comme Jesse Helms, Steve Symms et Carroll Hubbard. Larry McDonald, membre de la John
Birch Society, affirma en 1983 qu'il y a eu un transfert de fonds et de technologie vers l'URSS, qui a eu pour
effet de maintenir un ennemi et l'activité du complexe militaro-industriel. Il expliqua que des élites des
États-Unis voulaient créer un gouvernement mondial de tendance socialiste. William F. Jasper, autre membre
de la John Birch Society, dénonce en 1983 l'appartenance socialiste ou marxiste de chaque Secrétaire général
des Nations unies, et dénonce une future dictature .

En 1997, le conservateur Gary H. Kah reprend la théorie du complot maçonnique dans En Route to Global
Occupation, en accusant la franc-maçonnerie d'être la force derrière l'agenda pour un nouvel ordre mondial,
c'est-à-dire un gouvernement mondial unique.
On évoque aussi la théorie du chaos contrôlé . Le Chaos Contrôlé est basé sur la soumission des individus à
des méthodes sophistiquées de manipulation psychologique globale conçues pour réformer et réprimer la
conscience de masse, en façonnant de faux récits qui détruisent l’unité et l’empathie au sein de l’humanité. Les
stratégies de division et de domination encouragent les divisions, les conflits et le chaos entre les groupes
opposés afin d’empêcher la formation d’alliances fortes et l’unification qui pourraient remettre en cause le
pouvoir du Contrôleur ou du Dirigeant. Cela s’étend aux entités négatives, telles que les groupes Lucifériens
ou Sataniques, qui exercent un contrôle supplémentaire sur leurs représentants humains qui ont été
socialement conçus pour mener à bien leur programme de division et de conquête de la race humaine.
Comprendre les motivations de l’élite du pouvoir en place signifie comprendre leurs croyances spirituelles et
idéologiques liées à l’utilisation du chaos contrôlé contre leur opposition, qui est essentiellement d’inciter
continuellement au chaos et à la division afin de contrôler le reste des habitants de la terre. Le chaos contrôlé,
c’est comprendre le rôle de la théorie du chaos qui est utilisée dans la prise de décision militaire, lors de la
planification de tactiques de division et de conquête visant tout groupe, toute population ou toute nation. Le
Chaos contrôlé est utilisé à la fois comme une stratégie de guerre spirituelle sur le front métaphysique par des
forces obscures non physiques, et comme un outil de désinformation et une tactique d’affaiblissement basé
sur la propagande et visant les masses du monde physique. Il s’agit d’une stratégie globale de domination de la
Terre sur tout le spectre menée par les forces des aliens…

Le Nouvel Ordre Mondial – NOM

La 1ère difficulté pour décrire cette hypothèse, ou cette réalité selon ses adeptes, consiste à en choisir une
parmi les nombreuses déclinaisons du concept. Si cette théorie compte de nombreux adeptes, on peut se
demander comment ils s’informent étant donné qu’il est presque impossible de trouver – c’est normal, c’est un
complot – d’informations structurées sur le sujet.

A noter que ces thèses varient d’un extrême à l’autre, l’oppresseur se situant généralement dans le « camp »
opposé, notamment :
• Hégémonie de la finance ou des multinationales versus hégémonie des socialistes
• Hégémonie des Juifs ,versus hégémonie des Musulmans
En conséquence, il est complexe de commenter l’hypothèse du NOM.
Choisissons l’hypothèse assez répandue que les patrons des multinationales, que ce soit à Davos1 ou autre
part, se sont mis d’accord pour s’enrichir sur le dos de la population mondiale.

Voici quelques éléments partagés par la majorité de la population qui incitent à le penser :
• La richesse produite dans le monde profite essentiellement aux plus riches. Exact.
• Certains ont intérêt à ce que la population, consommatrice de leurs produits, continue à ne pas se
poser trop de questions et ne change pas ses habitudes. Exact, le lobbying des puissants est
malheureusement assez efficace.
• Certains nous vendent sciemment des produits nuisibles à notre santé. Exact.

1
L’existence de groupes de discussion privés entre leaders internationaux, souvent peu transparents, comme le Forum de
Davos, ou encore le groupe Bilderberg, dont le fonctionnement est opaque et peu démocratique, peut faire l’objet de critiques
légitimes, mais suscite aussi de nombreux fantasmes.
On y discute beaucoup de ce que sera le nouvel ordre mondial. Si un complot des élites y est discuté, il faut toutefois être clair
que le NOM évoqué ici n’est pas celui d’un complot, mais celui d’un nouvel ordre international normatif qui nous permet de
régler nos différences et nos différends en tant que monde civilisé.
• Nos élus ne font pas le poids face aux décisions des grandes nations, de groupes financiers… Plutôt
exact.
• Nos élus sont corrompus. Parfois oui, souvent non ?
• Si on voulait régler les problèmes, il suffirait de le vouloir. Plutôt faux sauf à mettre fin au désir de
croissance de notre bien-être consumériste, et au désir de puissance de certains extrémistes.

Voici quelques éléments de doute sur le bien-fondé de cette pensée.


• Qui contrôle le monde économique, contrairement à ce que l’on pense ce ne sont pas quelques
personnes…
o L’économie non occidentale prend de plus en plus d’ampleur et n’est pas pilotée par
l’occident.
o Bernard Arnaud, Elon Musk, Jeff Bezos, Larry Ellison, Bill Gates, Bloomberg… possèdent :
▪ Des avoirs (pour la plupart volatiles car liés au cours de la bourse) pour 1200
milliards de dollar soit environ 1/100ème de la valeur totale des actions cotées en
bourse qui ne représentent qu’une partie de la « richesse » mondiale.
▪ Un pouvoir de décision sur des entreprises vendant annuellement (à ne pas
confondre avec les bénéfices) pour environ 1000 milliards de dollars.
La valeur du CA mondial serait évaluée à plus de 50 000 milliards de dollars.
▪ En conséquence, leur poids financier est important mais ne représente pas non plus
une part à ce point significative de la finance mondiale.
o Sur les 20 plus grandes multinationales, il faut savoir qu’aucune n’est encore contrôlée
majoritairement par son créateur. Le principal actionnaire de la plupart d’entre elles est le
groupe Vanguard qui en détient généralement moins de 10%.
Avec BlackRock et State Street Global Advisors, Vanguard forme le groupe des «Big
Three», celui des trois fonds d’investissement gérant les plus gros capitaux d’actifs
financiers. Ce statut fait d’eux les actionnaires de référence d’un grand nombre de
multinationales, ont montré en 2017 trois chercheurs de l’université d’Amsterdam dans un
article sur «le Pouvoir caché des Big Three». «En assemblée générale, ils votent en général
dans le sens du management d’entreprise», résume Fabien Foureault. Et s’opposent ainsi
aux fonds «activistes» qui défendent leurs propres positions et intérêts au sein des conseils
d’administration. Les gestionnaires d’actifs «n’ont pas un pouvoir d’influence direct
puisqu’ils ne prennent pas le contrôle des entreprises, mais peuvent voter contre le
management s’il ne les satisfait pas», nuance le sociologue.
o En résumé, contrairement à ce qui est parfois dit, de nombreuses personnes ont un pouvoir
d’influence sur les affaires du monde.
S’il suffit parfois de quelques leaders pour entraîner la foule des « moutons », il ne faudrait
pas oublier que de nombreux leaders doivent rendre des comptes à leurs actionnaires,
majoritairement les petits investisseurs, qui in fine possèdent la plus grande partie des
actifs, qui pourraient limiter l’impact négatif de la finance mondiale en investissant dans
des entreprises éthiques.

• Si l’idée de ce complot existe depuis longtemps, il faudrait que ce soient un noyau des mêmes
personnes qui soient à son origine. On peut supposer que certaines personnes succèdent à
d’autres, en effet, les 20 plus grandes entreprises actuelles ne sont pas les mêmes qu’auparavant.
Seule 1 des 20 plus grandes entreprises en 1990 figure encore dans le top 20 actuel.

• Il serait surprenant que toutes les personnes approchées pour intégrer ce complot aient décidé de
s’y joindre. Etre puissant ne signifie pas nécessairement être une mauvaise personne.
Dès lors, pourquoi ceux qui n’ont pas rejoint le complot ne parlent-ils pas ?

• Personne ne peut citer qui s’est réuni pour décider quoi.

• Pourquoi l’hypothèse du NOM serait « le » complot alors que de nombreuses autres hypothèses
existent.
• Les mécanismes du complotisme
• Les mécanismes pour rendre la croyance crédible

o En général
• Utilisation d’études ou d’experts qui ne sont pas reconnus par leurs pairs – le fait de ne
pas être reconnus par ceux-ci étant une facette du complot.
• Mélanger le vrai et le faux. Tout n’est pas nécessairement faux dans un contenu
complotiste : c’est ce qui le rend à la fois plus efficace et plus insidieux. Ainsi, le
documentaire Hold-up prospère sur des controverses légitimes (comme la gestion
gouvernementale décriée des masques), en leur adjoignant de nombreuses rumeurs
ainsi que de fausses informations.
• Le hasard n’existe pas, il faut une cause concertée.
• Le rejet de la contradiction : « Media main stream », « experts collabos », « merdias »,
« vendus »…

o Lorsque quelqu’un conteste la croyance d’un complotiste, celui-ci recourt à…


▪ La méthode hypercritique qui consiste en la critique systématique ou excessivement
minutieuse des moindres détails d'une affirmation ou de ses sources de celui qui
conteste la croyance. Elle se distingue de la pensée critique qui est une utilisation de
la raison ayant pour finalité d'affiner et de préciser les affirmations sans chercher par
principe à les discréditer.
▪ Le renversement de la charge de la preuve : il est demandé au tenant de l'explication
admise par la majorité de montrer qu'il n'y a pas eu complot, alors que dans une
démarche critique, c’est normalement au critique d’établir la preuve.

• Les caractéristiques régulièrement présentes dans le public « complotiste »

o L’adhésion aux théories du complot relève d'une forme de narcissisme collectif de la part de
personnes voulant se différencier des autres. Il découlerait d'un sentiment d’impuissance et de
manque de contrôle sur leur environnement.
o Les personnes ayant une santé psychique plus fragile, ayant un niveau d’angoisse élevé, sont
plus susceptibles d’adhérer aux théories du complot
o L'estime de soi est corrélée négativement à la croyance aux théories de complot, c'est-à-dire
que plus l'estime de soi est grande, moins l'on croit aux théories de complot. Toutefois, plus
l'estime de soi sera faible, plus la tendance à croire aux théories de complot spécifiques sera
forte. En effet, ceux qui manquent de confiance en soi additionné au fait d'apprécier se mettre
en avant apprécient les théories de complot car cela leur permet de se sentir spécial, ce qui
augmentera alors leur estime d'eux-mêmes. De plus, pour les personnes ayant une faible estime
d'elles-mêmes et croyant aux théories de complot, elles peuvent blâmer certains individus ou
groupes pour les considérer comme responsables de leurs problèmes. Ceci leur rend la tâche
plus facile étant donné qu'ils ont la possibilité de faire un rejet mutuel de leurs responsabilités.
o Pour les personnes qui éprouvent un sentiment d'impuissance, les croyances en des
conspirations spécifiques leur permettent d'éviter de penser que le monde est chaotique. Elles
peuvent également croire que des forces secrètes sont en marche, ce qui les aide à comprendre
pourquoi elles n'ont pas le pouvoir de contrôler leur propre vie.
• Les attitudes à développer face à un discours complotiste
o Tenir l’émotion à distance. Il convient de ne pas se laisser impressionner par l’effet
d’accumulation, par l’émotion suscitée, ni par l’abondance apparente de références citées. Face
à chaque affirmation il faut se poser les bonnes questions : quelle en est la source ? Quel en est
le contexte ? A-t-elle été partagée ailleurs, et par qui ? Est-ce une personne ou un site fiable ?
Ces faits sont-ils avérés ? Quelles sont les autres explications possibles ? En quelques clics, il est
parfois facile de remonter à la source d’une information et de s’apercevoir que des liens établis
sont grossiers ou infondés.

o Traquer les études scientifiques peu sérieuses. « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la science »,
« selon une étude très sérieuse menée sur 3 000 personnes… » : le recours à des publications
académiques est un ressort classique de la rhétorique complotiste. Celui-là est permis par la
masse de « preprint », ces études scientifiques à la qualité très variable publiées sur Internet
sans avoir été relues ou validées par des spécialistes.

o Un autre procédé consiste à citer des études sérieuses et validées, mais en déformant leurs
conclusions. Ainsi, en novembre, une étude danoise sur le port du masque a été exploitée par la
complosphère pour arguer que ces derniers étaient inefficaces – à tel point que son principal
auteur a dû préciser que ce n’était en aucun cas le propos de son étude –, d’où l’importance de
vérifier directement la source originale et non pas ses interprétations.

o Faire des recherches sur les « experts » cités.


« Ce n’est pas n’importe qui qui le dit », « un expert de renommée mondiale en virologie »…
L’argument d’autorité est un procédé fréquemment utilisé. Les mérites des experts cités
peuvent être tout à fait réels. Nombre d’experts mis en avant dans les publications très
partagées sur les réseaux ou dans les documentaires complotistes ont été déjugés par leurs
pairs. Le virologue Luc Montagnier, qui avait reçu le prix Nobel 2008 pour avoir en 1983
codécouvert le virus du sida avec Françoise Barré-Sinoussi, tient ainsi depuis une quinzaine
d’années des propos farfelus, de telle sorte qu’il a été publiquement rappelé à l’ordre par plus de
cent académiciens en 2017.

o Consulter les « preuves » données. Il arrive que celles-là n’aient aucun rapport avec le discours
tenu ou qu’elles soient datées. En 2020, l’exemple le plus spectaculaire a été celui d’une vidéo
accusant l’Institut Pasteur d’avoir créé le SARS-CoV-2. Sauf que le brevet de 2003 sur lequel
reposait cette accusation concernait un autre coronavirus.

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