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Au sens Platonicien du terme, la «vérité» peut être définie comme étant la d’équation du discours

avec ce qu’est la chose en elle. Autrement dit, la vérité renvoie à l’Idée1 ou Essence même de la chose.
Cela sous-entend que la vérité est anhistorique, elle transcende les sociétés, les cultures, et même
l’histoire. En un mot, elle transcende le cadre existentiel humain en ce qu’elle se trouve dans le monde
intelligible. Cela suppose que la vérité n’est pas l’émanation de l’homme en ce sens que l’homme ne
peut la construire. Situer dans le monde des Idées, elle existe indépendamment de nous. Pour la
connaître, l’homme se doit d’opéré un voyage, une sorte de passage dans le monde dans lequel il vit
pour le monde intelligible dans lequel elle se situe.
Cependant, il n’est pas exclu que cette approche que nous reconnaissons à Platon a suscité dans la
Grèce Antique des débats violent en l’occurrence l’approche relativiste 2 qui soutient la proposition
suivante : « une vérité n’est pas vérité en elle-même, dans l’absolu, mais seulement du point de vue
relatif de la personne qui l’énonce ou qui y croit.» Ainsi, pour les relativistes, toutes les opinions se
valent et, s’expliquent toutes par le point de vue d’une personne. En conséquence, les opinions, les
idées n’ont de valeur en soi, mais sont seulement relative à l’environnement, c’est-à-dire à une période
historique, à une culture et à la personnalité de chacun. Autrement dit, chacun a sa propre vérité.
Vu sur cet angle, la question qui demeure, est celle de savoir si finalement nous pouvons considérer
l’idée selon laquelle autant d’opinion autant de vérité. Dès lors, quelle interprétation des choses
pourrait tenir au rang de vérité? Autrement dit, la vérité est-elle une ou multiple? La réponse à cette
question implique que nous nous questionnons sur ce qu’est réellement le concept de vérité. Sinon,
à quoi, à chaque fois que nous l’invoquons nous renvoie-t-il ? Autrement dit, où doit-on situer la
vérité ?1

1 Idée
2 Relativiste
3* Gorgias, dialogue de Platon, composé entre 395 et 391 av. J.-C. Les interlocuteurs sont Socrate, Chléréphon, Gorgias, Polos et Calliclès.
L’objet du dialogue est de rechercher ce que doit être la conduite de la vie
*Protagoras, dialogue de Platon. C’est une satire des sophistes. Protagoras vient d’arriver à Athènes. Socrate va lui présenter un jeune
athénien qui désire suivre ses leçons. Socrate demande à Protagoras si la vertu peut-elle s’enseigner ? Protagoras l’affirme, mais Socrate en
doute. Une discussion où interviennent les sophistes Prodicos et Hippias à cette conclusion que la vertu ne peut se concevoir sans la
science du vrai bien et du vrai mal. Socrate finit par prouver que la vertu est une science et Protagoras s’en est convaincu.
4.
L’esprit humain est confronté à une pluralité d’opinions souvent contradictoire ; il est submergé
par un flot d’information et d’idée de tout t’ordre. L’histoire des idées démontre que la recherche de
la vérité est une principale préoccupation de la philosophie. En effet, la philosophie depuis ses origines
a toujours réfléchi sur les rapports qui existent entre la pensée et le discours dans lequel elle s’exprime,
d’une part, et le réel, l’être, d’autre part, les choses mêmes. Mais sa particularité est qu’elle se présente
comme une tribune de débats contradictoires. Chacun médite et contemple seul, mais pense à partir
des opinions déjà exprimées. Il frotte ses idées à celle que les autres défendent, formulent, proposent,
pour les améliorer, les rendre plus convaincantes, les porter au débat. La discussion facilite l’échange
des idées, ce qui conduit à la construction d’un raisonnement. Ainsi pour une seule et même question,
il nous est offert une diversité d’opinions. C’est le cas par exemple, de l’attitude de plusieurs auteurs
sur la question du concept de vérité. Autrement dit, sur la manière à laquelle comment l’homme peut
parvenir à atteindre la vérité.
Pour le cas de Platon par exemple, son attitude philosophique l’emmène à procéder à cette
recherche par la voie de la discussion dialoguée, c’est-à-dire l’entretien d’homme à homme, dans
lequel deux interlocuteurs réfléchis par interrogations et par réponses, tentent en s’exprimant
librement et sincèrement leur jugement de se mettre d’accord sur question nettement poser. D’où,
dans ses dialogues pour ne citer que deux (Gorgias* et Protagoras*) 3, nous retrouvons un effort de
distinction entre prétention de savoir de sophistes et la recherche philosophique de Socrate, entre
l’opinion qui affirme et l’authentique vérité qui établit et justifie, entre l’attitude orgueilleuse de celui
qui répond et l’attitude ouverte et critique de celui qui questionne et examine, montre bien que pour
Platon, une authentique recherche de la vérité implique un manque c’est-à-dire la conscience de ne
pas déjà posséder ce qu’on cherche. Pour Platon l’interrogation fait par Socrate est un examen
dialectique4 qui permet à l’âme de découvrir ou de se ressouvenir des vérités éternelles. Ainsi, la
théorie platonicienne de l’Idée, théorie philosophique opposée au subjectivisme et au relativisme,
vient ouvrir la voie à une connaissance objective de la vérité.
L’exemple de Descartes, rejoint celui de Platon. Descartes philosophe du 17ème siècle s’est rendu
compte que la philosophie scolastique, n’a pas pu satisfaire les âmes. L’image de nombreux
philosophes de la renaissance, la connaissance érudite de la tradition théologique ne paraît plus
suffisante pour un savoir sûr. Pour lui, cette dernière a accordé trop d’importance au principe
d’autorité divine en laissant de côté la science. Pour sortir de ce labyrinthe des disputes et des
incertitudes scolastiques Descartes va opérer une révolution philosophique en partant du bon sens
qui serait «la chose du monde la mieux partagée»5. Ce sous-titre du Discours de la méthode apparaît
comme étant une attitude à adopter pour la recherche de la vérité. Pour Descartes, il est important
de s’assurer du droit chemin pour construire la science à partir des principes formant, « le bon sens
qui est la chose la mieux partagée», ce qui permet, si l’on use bien de la méthode, de rejeter tout
argument d’autorité, pour qui que soit qui raisonne clairement. En effet, dans le Discours de la
méthode, Descartes soutient que penser, c’est se servir rigoureusement de sa raison, c’est-à-dire
appliquer bien son âme dans la quête de la vérité. Cette exigence suppose que l’âme doit se
débarrasser des préjugés, des doutes et des erreurs. Ainsi, la vérité doit se fonder sur la méthode6. Car,
la vraie méthode favorise l’usage personnel de la raison pour ne pas glisser dans l’erreur. Par la
méthode Descartes sous-entend que l’homme peut gérer les capacités réelles de son intelligence et
unifier le savoir.
Platon comme Descartes, ont tous deux chacun pour sa part combattu la diversité d’opinions au
sujet de la question de la vérité. Bien qu’appartenant à des époques différentes chacun de son côté
finira par conclure que la vérité n’est pas à construire dans des discours spéculatifs. Mais au contraire,
la recherche de la vérité doit se présenter comme un cheminement, un parcourt initiatique qui consiste
en une conversion d’âme d’une attitude à une autre attitude. En d’autres termes l’âme pour atteindre
la vérité ou pour la découvrir doit appliquer une bonne méthode.

Certes, Platon a fondé la vérité sur une forme intelligible: l’Idée, réalité invisible. Descartes va
corroborer et développer avec une vision moderne la théorie de l’Idée de Platon, en établissant que
la science doit se fonde sur la méthode et la recherche de la vérité, et que la raison humaine peut
accéder à la connaissance de cette vérité. Cependant la science moderne n’est pas du tout d’accord
avec cette conception traditionnelle que la vérité est à rechercher dans un au-delà, dans un monde
suprême ou la vérité serait indépendante du sujet. Mais, qu’est-ce que alors la vérité pour la science
moderne? Cette remise en question nous conduit à une nouvelle analyse.

L’histoire des idées nous enseigne que la science7 a été d’abord à l’origine assimilée à la
philosophie, dans la mesure où cette dernière se veut recherche systématique de la vérité. La science
dans son but de se démarquer de la philosophie va décider de se défaire de l’ensemble de préjugés
qui tiennent lieu ordinairement de pensée. Elle nous dira que la philosophie traditionnelle voire de
Platon jusqu’à Descartes n’ait pas développé de science du moins au sens moderne de ce mot. La
science moderne s’est demandée pourquoi et comment des personnes aussi doués n’ont pas été
capable d’élaborer un savoir scientifique qui fût à la hauteur des spéculations théoriques qu’ils ont été
par ailleurs capable de produire dans des nombreux domaines.

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