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LA VÉRITÉ

Pour le sens commun dans notre époque, une proposition ou


une théorie est considérée comme « vraie » lorsqu’elle est
conforme au réel et qu’elle peut être attestée par l’observation
ou par l’expérimentation1. Cependant, cette notion de vérité peut
varier en fonction des normes, des valeurs et des associations
symboliques largement diffusées dans une culture donnée2.

En lien avec le relativisme gnoséologique, la vérité est souvent


perçue comme étant relative et dépendante des circonstances3.
Le relativisme gnoséologique est une doctrine philosophique qui
soutient que la véracité ou la fausseté d’un jugement moral n’est
pas absolue ou universelle, mais est relative aux traditions,
convictions ou pratiques d’un groupe de personnes4. Autrement
dit, ce qui est considéré comme bon ou mauvais dépend des
normes, des valeurs et des croyances4.

Ainsi, la notion de vérité pour le sens commun dans notre


époque est influencée par le contexte culturel et individuel, et
peut être affectée par le relativisme gnoséologique.
Plusieurs philosophes grecs ont réfléchi à la notion de vérité. Voici quelques-uns des plus
notables :

1. Socrate : Socrate est souvent présenté comme le « père de la philosophie ». Il


a permis de populariser la quête de la vérité1. Dans le récit de l’Oracle de
Delphes, Socrate est désigné comme l’homme le plus sage de la cité
athénienne. Socrate lui-même pensait que seul un homme sage était capable
de reconnaître son ignorance. Seul le processus de questionnement continu
permet à une personne de comprendre et de découvrir la vérité2.
2. Platon : Pour Platon, le Vrai constitue, avec le Beau et le Bien, une valeur
absolue3. Tous les premiers dialogues écrits par Platon cherchent à conduire le
lecteur d’un premier niveau, où la vérité est entendue comme accord des
citoyens, à un second niveau, où la vérité relève d’un ordre supérieur régi par
le Bien et dépassant chacun des individus de la Cité4.
3. Les sophistes : Les sophistes étaient des professeurs d’éloquence auxquels
Socrate reprochait de ne chercher qu’à séduire leur auditoire par un usage
fallacieux du langage plutôt qu’à le convaincre au moyen d’arguments
rationnels1.
4. Les sceptiques : Le scepticisme, courant important de la philosophie grecque
antique, considère que la vérité reste inaccessible3.

Ces philosophes ont tous contribué à façonner notre compréhension actuelle de ce qu’est la
vérité.
Le dialogue de Platon qui se concentre le plus sur la notion de vérité
est probablement le Théétète1. Dans ce dialogue, Socrate et
Théétète discutent de la nature de la connaissance, ce qui implique
nécessairement une réflexion sur la vérité.

Un autre dialogue important est le Ménon2, où Ménon et Socrate


essaient de trouver la définition de la vertu, sa nature, afin de savoir
si elle s’enseigne ou non, et sinon, de quelle façon elle est obtenue.
Ce dialogue explore également la doctrine de la réminiscence, qui
est liée à la notion de vérité.

Enfin, l’allégorie de la caverne dans le livre VII de La République


est une autre œuvre majeure de Platon où il explore la notion de
vérité. Dans cette allégorie, Platon décrit des personnes enchaînées
dans une caverne, ne voyant que des ombres projetées sur le mur
devant elles et prenant ces ombres pour la réalité3. Lorsqu’un des
prisonniers est libéré et voit le monde extérieur, il prend conscience
de la vérité au-delà des apparences.
Pour Aristote, la vérité est une question d’"adéquation"1. Il y a deux
aspects principaux de cette adéquation1:

1. Au sein d’une proposition : Pour Aristote, le vrai est l’affirmation


de la composition réelle du sujet et de l’attribut, et la négation de
leur séparation réelle (Métaphysique, E, 4, 1027b, l. 20, trad.
Tricot)1. C’est la vérité soumise à la grammaire, la véracité d’une
proposition1.
2. Entre une proposition et ce à quoi elle se réfère : Les
propositions sont vraies en tant qu’elles se conforment aux
choses-mêmes (De l’interprétation, 9, 19a, l. 33)1. C’est la question
de la référence ou de l’indication1. La vérité serait alors
l’obéissance à la réalité, ou encore la prise en compte de ce qui
est par ce qui est dit1.

Il y a aussi une troisième forme qui traduit la volonté de vérité chez


Aristote : “la perception des sensibles propres est toujours vraie” (De l’
âme, III, 3, 427b 12, trad. Bodéüs)1. Cette forme ouvre une large porte au
sensualisme tout en marquant la divergence entre Platon et Aristote1.
Saint Augustin a une approche profonde de la notion de vérité. Voici un résumé de
sa pensée :

1. La vérité comme expression de la raison : Pour Saint Augustin, la vérité


n’est pas seulement une question de foi, mais aussi d’expression de la
raison1. Il ne voulait pas d’une religion qui ne soit pas aussi pour lui
l’expression de la raison, c’est-à-dire de la vérité1.
2. La vérité dans la conversion spirituelle : Pour lui, l’homme doit se
détourner du monde extérieur pour retourner en soi-même, à la recherche de
la vérité divine que contient cette mémoire intérieure2. C’est un mouvement
de conversion que l’on voit à l’œuvre dans toutes les Confessions2.
3. La vérité dans l’amour de Dieu : Pour Saint Augustin, le seul vrai sage est
celui qui aime Dieu (La cité de Dieu, VIII, 1) - sagesse authentique - et la
seule "voie vérissime" ayant pour nom le Christ3.
4. La vérité comme processus évolutif : La pensée doctrinale d’Augustin s’est
développée progressivement, ne parvenant que par étapes, à la suite des
circonstances et parfois sous l’action de la controverse, à la prise de
conscience de chaque vérité et à la perception lucide du rôle de cette vérité
dans l’ensemble de la pensée4.

Ces aspects montrent comment Saint Augustin a cherché inlassablement la vérité


tout au long de sa vie.
Pour Saint Thomas d’Aquin, la vérité est une question d’"adéquation"1.
Il y a deux aspects principaux de cette adéquation1:

1. Au sein d’une proposition : Pour Thomas d’Aquin, le vrai est


l’affirmation de la composition réelle du sujet et de l’attribut, et la
négation de leur séparation réelle1. C’est la vérité soumise à la
grammaire, la véracité d’une proposition1.
2. Entre une proposition et ce à quoi elle se réfère : Les
propositions sont vraies en tant qu’elles se conforment aux
choses-mêmes1. C’est la question de la référence ou de
l’indication1. La vérité serait alors l’obéissance à la réalité, ou
encore la prise en compte de ce qui est par ce qui est dit1.

Il y a aussi une troisième forme qui traduit la volonté de vérité chez


Thomas d’Aquin : “la perception des sensibles propres est toujours
vraie” (De l’âme, III, 3, 427b 12)1. Cette forme ouvre une large porte au
sensualisme tout en marquant la divergence entre Platon et Aristote1.

En somme, pour Saint Thomas d’Aquin, la vérité est l’adéquation de la


chose et de l’intellect2.
Le nominalisme est une doctrine philosophique qui a émergé au Moyen
Âge en réponse au problème des universaux1. Cette doctrine soutient
que les concepts et les noms qui s’y rapportent ne sont que des
constructions de l’esprit et des conventions de langage2. Les choses et
les idées ne sont pas intrinsèquement porteuses des concepts par
lesquels nous les appréhendons2.

Au sujet de la vérité, le nominalisme a une approche particulière. Au


XIVe siècle, notamment chez les auteurs qualifiés plus tard de
“nominalistes”, la tendance dominante concernant la vérité est de la
traiter comme une catégorie logique3. Cependant, cette approche n’est
pas la seule possible. Certains auteurs, comme Jean Buridan, bien que
donnant une place décisive à la logique et à l’analyse logico-linguistique
du langage, enveloppent la vérité logique par d’autres considérations
relevant de la métaphysique ou de la théologie naturelle3.

Il est intéressant de noter que, selon certains philosophes modernes


comme Dummett, le nominalisme pourrait être considéré comme une
forme de réalisme dans la mesure où il partagerait avec le réalisme la
même conception de la vérité4. En d’autres termes, bien que le
nominalisme nie l’existence extra-mentale des universaux, il reconnaît
néanmoins l’existence d’une vérité objective qui peut être saisie par le
langage et la logique4.
Le débat entre les nominalistes, les réalistes et les ultra-réalistes au Moyen Âge
portait sur la nature des universaux, c’est-à-dire des concepts généraux tels que
“l’humanité”, “la rougeur”, etc1.

1. Les nominalistes soutenaient que les universaux n’existent pas en dehors


de l’esprit. Pour eux, les universaux sont simplement des noms (d’où le
terme “nominalisme”) ou des termes de langage1. Ils distinguaient
nettement entre les choses existant dans le monde extra-mental et leurs
relations réciproques, d’une part, et les différentes manières et formes dont
notre esprit nous permet de les penser et d’en parler, de l’autre1.
2. Les réalistes croyaient que les universaux existent indépendamment de
l’esprit, soit dans les objets eux-mêmes (réalisme modéré), soit en tant
qu’entités séparées (réalisme extrême ou ultra-réalisme)2. Les réalistes
pensaient que la table des catégories décrite par Aristote dans le traité du
même nom répartissait des entités réelles sur la base de critères
ontologiques1.
3. Les ultra-réalistes, comme Platon, soutenaient que les universaux existent
en tant qu’entités séparées et indépendantes du monde sensible3.

Ce débat a eu un impact significatif sur le développement de la philosophie, de la


logique et de la métaphysique à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque
moderne1.
René Descartes, mathématicien et physicien avant d’être philosophe, a accordé une grande
importance à la notion de vérité1. Il était curieux de comprendre le monde et son fonctionnement,
et lorsqu’il s’est tourné vers la philosophie, il l’a fait avec la même rigueur qu’il avait adoptée
envers les mathématiques1.

Descartes a cherché à atteindre la vérité en utilisant une méthode qu’il a lui-même développée,
connue sous le nom de méthode cartésienne1. Cette méthode implique de douter de tout ce qui
n’est pas certain, afin d’établir quelque chose de ferme et de constant1. Il a utilisé le doute comme
outil pour détruire toutes les anciennes opinions et s’attaquer aux principes sur lesquels l’édifice
de la pensée est posé1.

Le premier objet de doute pour Descartes étaient les sens. Comme nos sens nous ont déjà
trompés par le passé, ils ne peuvent pas être conservés dans le cheminement vers la vérité 1. Tout
ce qui est perçu à travers les sens est potentiellement objet de doute1. C’est ainsi que Descartes a
considéré la physique, l’astronomie et la médecine comme des sciences douteuses et
incertaines1.

Cependant, Descartes a estimé que l’arithmétique et la géométrie contiennent quelque chose de


certain et d’indubitable1. Mais il s’est demandé si le doute ne pourrait pas aussi se porter sur les
mathématiques. Et si un Dieu, un malin génie, avait voulu que je me trompe toutes les fois que je
fais l’addition de deux et de trois ? Avec l’intervention du malin génie, le doute devient
hyperbolique, on peut douter de tout1.

Dans ce contexte, Descartes a conclu qu’il était nécessaire de suspendre son jugement sur ces
pensées1. C’est ce qu’on appelle l’épochè, ou suspension du jugement1.
L’empirisme est un courant philosophique qui fait de l’expérience
sensible l’origine de toute connaissance ou croyance1. Selon ce courant,
la connaissance est donc fondée sur l’expérience sensible externe (les
sensations)2. Les empiristes soutiennent l’idée que la totalité des
connaissances, croyances et goûts humains, dérive de l’expérience
sensible interne ou externe, directement ou indirectement3.

En ce qui concerne la notion de vérité, les empiristes considèrent que


toute vérité rationnelle est analytique4. Cela signifie que la vérité d’une
proposition est déterminée par les relations logiques entre ses concepts,
et non par une correspondance avec le monde extérieur4.

Parmi les philosophes empiristes les plus notables figurent Francis


Bacon, John Locke, Condillac, George Berkeley et David Hume1. Ces
philosophes ont considéré que la connaissance se fonde sur
l’accumulation d’observations et de faits mesurables, dont on peut
extraire des lois générales par un raisonnement inductif1.

En somme, pour les empiristes, la vérité est dérivée de l’expérience


sensible et est déterminée par des relations logiques plutôt que par une
correspondance avec le monde extérieur.
La notion de vérité chez Kant est complexe et profonde :

1. La vérité comme adéquation : Pour Kant, la vérité est une adéquation entre la
connaissance et son objet1. Cependant, cette adéquation n’est pas simplement une
correspondance entre une idée et la réalité2. Au lieu de cela, elle implique une
relation plus complexe entre le sujet connaissant et l’objet de la connaissance1.
2. Le sujet comme centre de la connaissance : Kant a affirmé que le “centre” de la
connaissance est le sujet connaissant (l’homme ou l’être raisonnable), et non une
réalité extérieure par rapport à laquelle nous serions simplement passifs1. En
d’autres termes, c’est le sujet qui donne ses règles à l’objet pour le connaître1.
3. La distinction entre le nouménal et le phénoménal : Selon Kant, nous ne pouvons
pas connaître la réalité en soi (nouménale), mais seulement la réalité telle qu’elle
nous apparaît sous la forme d’un phénomène1.
4. La vérité comme limite de l’entendement humain : Kant a établi une ligne de
partage entre ce qui est accessible à la raison humaine et ce qui la dépasse1. Cela
permet de distinguer la science d’une part, et ce qui relève de la croyance d’autre
part1.
5. La vérité en science et en éthique : Kant a libéré la science de tout dogmatisme,
notamment en acceptant l’idée qu’une vérité scientifique peut être à la fois provisoire
et vraie3. Par l’autonomie de la conscience, il a libéré la réflexion éthique de toutes
les autorités, et en particulier, de celle des Églises3.

En somme, pour Kant, la vérité est une notion complexe qui implique une relation
dynamique entre le sujet et l’objet de la connaissance.
La notion de vérité chez Hegel est profondément liée à sa conception de l’esprit 1.
Voici un résumé de sa pensée :

1. L’esprit et la vérité : Pour Hegel, l’esprit se révèle de lui-même,


intérieurement et intégralement, et la relation de l’esprit à autrui est
fondamentalement un rapport à soi1. Il utilise le concept de “témoignage de
l’esprit” pour défendre sa thèse selon laquelle l’esprit est à connaître sur un
mode proprement spirituel1.
2. La vérité comme auto-révélation de l’esprit : Selon Hegel, l’esprit se
manifeste spontanément et constitue sa propre attestation1. Il soutient que
le spirituel est supérieur à l’extérieur ; il ne peut être accrédité que par soi et
dans soi, il ne peut s’avérer qu’intérieurement par soi et en soi-même1.
3. La vérité dans la Phénoménologie de l’esprit : Dans son ouvrage
majeur, la Phénoménologie de l’esprit, Hegel présente les figures
successives que prend l’esprit dans son auto-déploiement vers le savoir
absolu2. Il y explore le processus dialectique qui mène d’une figure à
l’autre2.
4. La vérité comme identité dans la différence : Hegel propose une
nouvelle ontologie, de type dialectique, qui n’est plus fondée sur le principe
d’identité ou de contradiction2. Il soutient à l’inverse que l’identité inclut la
différence, le négatif ; qu’une chose doit devenir son contraire avant de
revenir en elle-même et de trouver son identité2.
La notion de vérité chez Søren Kierkegaard 1813-1855 est
profondément liée à sa conception de la foi et de
l’existence12. Voici un résumé de sa pensée :

1. La vérité comme subjectivité : Kierkegaard est


célèbre pour son affirmation que "la vérité est la
subjectivité"2. Cela ne signifie pas que la vérité est
subjective, mais plutôt qu’il n’y a de vérité que dans
la mesure où le sujet s’y engage, y adhère2.
2. La vérité et l’engagement personnel : Pour
Kierkegaard, toute vérité implique une décision
personnelle de s’y engager2. Il soutient que ce qui
importe n’est pas tant ce que l’on dit, mais la
manière ou le chemin par lequel on est parvenu à
considérer cela comme la vérité2.
3. La vérité dans la foi : Kierkegaard considère la foi
comme une forme supérieure de vérité1. Il soutient
que la foi transcende la raison et permet d’accéder à
une vérité plus profonde1.
Friedrich Nietzsche (1844-1900) a une conception unique de la vérité:

1. La vérité comme valeur : Nietzsche critique la notion de vérité, qu’il ne


considère pas comme une essence des choses, mais comme une simple valeur
à la base de tout ce qui a été produit jusqu’à présent par les philosophes dits
dogmatiques1.
2. La vérité et la volonté de puissance : Pour Nietzsche, toute connaissance est
interprétative et toute interprétation procède de la volonté de puissance1. La
connaissance n’est pas la contemplation désintéressée d’une prétendue réalité
objective placée devant le regard de l’esprit1. Elle traduit l’effort des instincts
groupés à l’intérieur d’un même organisme, pour s’approprier le chaos d’une
réalité qui ne constitue pas un monde avant que le travail démiurgique de la
volonté de puissance ne l’ait intégré à un ordre, à des structures1. Connaître
signifie primitivement commander1.
3. La vérité comme fiction utile : La vérité se confond alors avec la valeur. Est
vrai ce qui favorise les intérêts de chaque type de volonté de puissance1. La
vérité n’est, à ce titre, qu’une fiction ou une erreur utile, et la connaissance
mérite d’être appelée un pragmatisme vital1.
4. La pluralité des perspectives : Il n’y a pas de vérité, au sens d’adéquation
entre une idée et le réel, et donc pas de vraie vie au sens d’une existence
conforme à une vérité contemplée2. Il y a une pluralité de perspectives, une
pluralité de genres de vie, au sens d’une relation d’expression entre un discours
et les conditions d’existence de qui l’énonce2.
Ludwig Wittgenstein (1889-1951), philosophe autrichien, a apporté
une contribution significative à la philosophie du langage et à la
notion de vérité1. Voici un résumé de sa pensée :

1. Le Tractatus logico-philosophicus : Dans cette œuvre


majeure, Wittgenstein traite des limites du langage et de la
faculté de connaître de l’être humain1. Il se demande ce qu’il
est possible d’exprimer par le langage et montre que les sens
éthique et esthétique du monde sont intransmissibles2.
2. Le langage comme image : Pour Wittgenstein, le langage sert
à exprimer les faits du monde2. Par la parole, l’homme produit
des « tableaux » des faits, dans le sens où ses représentations
transposent la réalité en reliant les éléments les uns aux
autres2.
3. La vérité comme correspondance : Selon Wittgenstein, un
énoncé est vrai seulement s’il correspond à la chose à laquelle
il réfère dans la réalité3. C’est ce qu’on appelle le
correspondantisme3.
4. Le jeu de langage : Wittgenstein compare le langage à un jeu
avec ses règles4. Le jeu de langage est donc une question de
règles, d’apprentissage et d’utilisation de règles, voire de
création de nouvelles instructions4.
Tractatus Logico-philosophicus

“Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence.”


(Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen.)

● Le monde est tout ce qui a lieu.


● Ce qui a lieu, le fait, est l'existence d'états de chose.
● L'image logique des faits est la pensée.
● La pensée est la proposition pourvue de sens.
Le Cercle de Vienne, formé à Vienne à partir de 1923 autour de Schlick, a
joué un rôle significatif dans l'histoire de la philosophie¹. Ce groupement de
savants et de philosophes avait pour objectif de développer une nouvelle
philosophie de la science, en excluant toute considération métaphysique¹.
Ils ont défendu une conception empiriste et positiviste de la vérité¹.

Le Cercle de Vienne s'est constitué d'abord comme un mouvement de


promotion de l’empirisme logique (ou « positivisme logique »), et s'inscrit
dans une double tradition philosophique, celle du rationalisme et celle de l'
empirisme³. Il a développé une critique radicale de la métaphysique
spéculative³.

Les membres du cercle ont élaboré une théorie de la connaissance et une


critique radicale de la philosophie traditionnelle¹. Ils ont étudié la
philosophie vers 1920, en particulier le Tractatus de Wittgenstein¹.

Il est important de noter qu'il n'y avait pas de doctrine commune arrêtée
parmi les membres du Cercle. Chaque participant avait des conceptions
assez différentes des autres⁵. Le groupe ne défendait ni une "doctrine" ni un
"dogmatisme" de quelque nature que ce soit⁵.

En somme, le Cercle de Vienne a marqué l'histoire de la philosophie par son


approche rigoureuse et empirique, sa critique radicale de la métaphysique
traditionnelle, et son influence sur le développement ultérieur de la
philosophie analytique.
Edmund Husserl (1859-1938), philosophe allemand et fondateur de la
phénoménologie, a une conception unique de la vérité1. Voici un
résumé de sa pensée :

1. L’évidence comme critère de vérité : Pour Husserl, l’évidence


est le critère ultime de vérité1. Contrairement à Descartes,
Husserl redéfinit l’évidence non pas comme une modalité
subjective ou une propriété du jugement, mais comme un mode
d’être de l’étant en tant qu’il vient à la connaissance pour ce qu’il
est et sans reste1.
2. La vérité et l’étant : Selon Husserl, la vérité se définit par rapport
à un étant1. Il fait une distinction entre l’évidence adéquate et l’
évidence apodictique1. L’évidence adéquate est une évidence
dans laquelle apparaît l’adéquation comme « adequatio
intelectuelus et rei »1.
3. La vérité et la phénoménologie : Husserl a introduit le concept
de phénoménologie, qui est le retour aux choses elles-mêmes1. Il
s’oppose à une métaphysique idéaliste à la Kant, qui a
abandonné la chose, voire la chose en soi, au profit des
phénomènes qui ne sont que des représentations1.
La notion de vérité chez Martin Heidegger (1889-1976) est profondément liée à sa conception de
l’être et du langage1:

1. La vérité comme Alètheia : Heidegger reprend une interrogation qu’il poursuivra jusqu’en
1930 avec la conférence De l’essence de la vérité1. Il entreprend la « Destruction ou
Déconstruction » du concept philosophique de Vérité, tel que venu jusqu’à nous depuis sa
première apparition dans la Grèce archaïque1. Il apparaît que ce concept traditionnel, que
l’on définit habituellement comme « adéquation entre l’idée et la chose » et qui trouve son
application dans le jugement, a subi au cours du temps de nombreuses métamorphoses 1.
Dans des analyses remontant aux premiers pré-socratique, Heidegger, en recherchant la
source et les conditions de possibilités, exhume le sens originaire du concept de Vérité
comme Alètheia, qui n’est pas, à l’inverse de son sens actuel, un concept de relation mais
l’expression du surgissement hors du retrait, de l’étant en soi1.
2. La vérité et l’étant : Par cette affirmation Heidegger tente de transcender les difficultés
soulevées par les théories de la connaissance, car exprimer la chose telle qu’elle est,
suppose qu’elle soit déjà là-devant, pas simplement dans sa représentation1. Heidegger
parle de Vor-stellen, traduit par « Apprésentation », de saisie en chair et en os selon
l’expression husserlienne, qui suppose un Dasein toujours déjà auprès des choses
(être-au-monde)1.
3. La vérité et l’errance : Heidegger distingue de la non vérité, l’errance qui n’est pas l’erreur
mais un mode d’être fondamental dans lequel l’être-là oubliant le mystère, c’est-à-dire la
prévalence de la dissimulation s’accroche à l’étant rencontré dans la préoccupation
quotidienne1.
Edith Stein (1891-1942), philosophe allemande, a mené une grande recherche
de vérité tout au long de sa vie1. Voici un résumé de sa pensée sur la vérité :

1. La vérité et la phénoménologie : Stein a été l’assistante d’Edmund


Husserl, le fondateur de la phénoménologie1. Elle a commencé sa quête
de la vérité à partir de la phénoménologie de Husserl pour aboutir à la
spiritualité carmélitaine1.
2. La vérité et la personne : Stein a une approche phénoménologique de
la personne1. Elle considère que la structure essentielle de la personne
est celle d’un être qui se sait, et pour qui ce savoir de soi fait problème1.
3. La vérité et l’essence : Stein est avant tout une philosophe
essentialiste1. Elle analyse l’être en cherchant d’abord le sens à lui
donner1. Le sens le plus fondamental qu’elle trouve est un sens
personnaliste1.
4. La vérité et la foi : Stein a vécu une intense recherche de la vérité qui
l’a menée de la phénoménologie à la spiritualité carmélitaine, en passant
par les philosophes chrétiens1. En tant que sœur Thérèse Bénédicte de
la Croix, sa vie mystique a trouvé ultimement sa signification à
Auschwitz comme martyr1.
La spiritualité carmélitaine est le fruit de l’histoire mouvementée de l’ordre1.
Érémitique à sa fondation, les frères carmes ont conservé de leurs fondateurs,
et développé une spiritualité contemplative de rencontre avec Dieu1. Cet ordre
est profondément marial : dès le début de son histoire, la communauté
naissante se place sous le patronage et la protection de la Vierge Marie à
travers une appellation particulière : Notre-Dame du Mont-Carmel1.

Le scapulaire, porté dès la fin du XIIIe siècle par tous les membres de l’ordre,
est le signe visible de ce lien de confiance et de dépendance du carme envers
la Vierge1. La prière silencieuse et solitaire des premiers ermites perdure
encore aujourd’hui à travers l’oraison silencieuse qui a été au centre de
nombreuses réformes dans l’ordre1.

Pour le chrétien, l’oraison n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’arriver à la
contemplation, la rencontre avec Dieu et sa sanctification1. La contemplation
est liée à l’apostolat : contemplation et apostolat s’enrichissant mutuellement
comme l’ont écrit de nombreux auteurs carmélitains1.

Dans l’ordre du Carmel, l’apostolat ne se fait pas seulement par la prière, mais
également par l’action. Ainsi, de nombreuses congrégations religieuses, liées à
l’ordre, ont une vocation apostolique concrète (soin des malades, éducation,
formation), en plus de leur vocation contemplative1.
Hannah Arendt, philosophe politique allemande, a une conception unique
de la vérité123:

1. La vérité et la politique : Arendt a écrit un essai intitulé “Vérité et


politique” dans lequel elle explore la relation complexe entre ces
deux concepts1. Elle soutient que la vérité et la politique sont
souvent en conflit, car la politique repose sur l’opinion et le
consensus, tandis que la vérité est souvent despotique et s’impose
par la force du raisonnement3.
2. La vérité comme fait : Arendt distingue entre la vérité de raison, qui
est typique des mathématiques et ne peut être réfutée, et la vérité
de fait, qui est plus compliquée1. Les faits sont vulnérables et
peuvent être manipulés ou ignorés1.
3. La vérité et le mensonge : Arendt explore également le rôle du
mensonge en politique1. Elle soutient que les mensonges ont
toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes
en politique1.
4. La vérité et l’action : Selon Arendt, l’action humaine est une source
importante de vérité4. L’action humaine révèle la réalité d’une
manière que les simples faits ne peuvent pas4.
Voici dix sujets de dissertation philosophique :

1. La vérité est-elle absolue ou relative ? : Une exploration de la nature de la vérité et de


sa subjectivité.
2. La vérité peut-elle être atteinte par la raison seule ? : Une analyse de la capacité de la
raison à découvrir la vérité.
3. La vérité est-elle toujours bonne à dire ? : Un débat sur les implications morales de la
vérité.
4. La vérité a-t-elle une valeur universelle ? : Une étude sur l’acceptation de la vérité dans
différentes cultures et sociétés.
5. La science est-elle le seul chemin vers la vérité ? : Une discussion sur le rôle de la
science dans la découverte de la vérité.
6. La vérité peut-elle exister sans preuve ? : Une exploration du concept de “vérité” dans
le contexte de l’épistémologie.
7. La vérité est-elle une question de perception ? : Un examen du rôle des sens et des
perceptions dans notre compréhension de la vérité.
8. Peut-on vivre sans chercher la vérité ? : Une réflexion sur l’importance de la quête de la
vérité dans la vie humaine.
9. La vérité est-elle nécessairement objective ? : Un débat sur l’objectivité et la
subjectivité dans le concept de vérité.
10. Le langage peut-il vraiment exprimer la vérité ? : Une analyse du rôle du langage dans
la communication et l’expression de la vérité.
5

La philosophie, depuis ses origines, a toujours été une quête de la vérité. Mais qu’est-ce que la
vérité ? Peut-elle exister sans preuve ? Ce sont des questions qui ont hanté les penseurs à
travers les âges et qui continuent de susciter un débat animé dans le domaine de l’
épistémologie, l’étude de la connaissance et de la vérité.

Le sujet de notre dissertation, “La vérité peut-elle exister sans preuve ? : Une exploration du
concept de “vérité” dans le contexte de l’épistémologie”, nous invite à explorer ces questions en
profondeur. Il nous pousse à réfléchir non seulement à la nature de la vérité, mais aussi à la
manière dont nous la reconnaissons, la validons et l’acceptons.

Dans cette dissertation, nous allons d’abord examiner les différentes définitions et conceptions
de la vérité proposées par divers philosophes et théoriciens. Nous allons ensuite nous pencher
sur le rôle des preuves dans l’établissement de la vérité. Enfin, nous allons explorer les
implications de l’idée que la vérité pourrait exister sans preuve.

En abordant ces questions, nous espérons non seulement éclairer le débat sur la nature de la
vérité, mais aussi contribuer à une meilleure compréhension du rôle crucial que joue l’
épistémologie dans notre quête collective de connaissance et de compréhension.
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