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RESUME

Ce mémoire cherche à porter au jour l’idée de contrat social dans la théorie de


justice de John Rawls. Plus précisément, il tente de déduire puis de définir les circonstances
pouvant conduire à la construction d’une société juste.

INTRODUCTION GENERALE

En philosophie politique le contractualisme se réfère à toute théorie selon


laquelle l'émergence des normes, les institutions et structures peuvent être pensée selon
un contrat entre les hommes. Le concept de contrat représente au sein de la philosophie
politique un instrument de l’agir de prise de décisions et de l’agir politique à la portée
des certains philosophes. Ainsi dans la théorie de la justice ouvrage majeur du célèbre
philosophe américain John Rawls, traite des questions de justice social, L’auteur se
donne dans l’optique de répondre au problème de la justice, de traiter de la justice en
se focalisant sur le model contractuel afin de donner solution au problème des
inégalités social.

La question de la justice sociale est au centre des préoccupations en philosophie


morale et politique. Notre choix porté sur le philosophe américain John Rawls (1921-
2002) se justifie non seulement par la pertinence de la question qu’il traite mais aussi
de l’actualité du thème qu’il aborde. Il faut reconnaitre que la question sur l’origine
des inégalités parmi les hommes et les solutions pour y remédier a été toujours le
centre des préoccupations des grands penseurs en général et des auteurs de la
philosophie morale et politique en particulier. Depuis La République de Platon, en
passant par le Contrat social de Rousseau, les philosophes ont cherché à définir le
meilleur régime possible, garantissant un ordre juste. Dans cette perspective les
théoriciens du contrat social dans la période moderne se sont donnée pour tâche de

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penser la société comme une construction humaine au sein de laquelle les hommes
seront capables de choisir les lois qui garantissent leurs libertés. Dans la même logique
la pensée de Rawls est une version du contrat qui cherche des réponses aux problèmes
contemporaine. Pour Rawls la justice et la liberté sont des valeurs absolues sur
lesquels les hommes devraient bâtir leurs bien-être sociaux. Dès lors sa tendance
critique vise à vis des utilitaristes consiste à relever les limites de leurs doctrines en
esquissant une théorie de la justice sociale qui est fortement inspire du model kantien
et matérialisée dans une théorie contractualiste.

Il faut ainsi relever que la justice sociale continue de nos jours à être le point
d’orgue de toute réflexion humaine. Face aux dérives du capitalisme les hommes
politique et les penseurs s’interrogent au quotidien comment trouver la meilleure
forme d’organisation institutionnelle qui soit à même de traiter les hommes au même
pied d’égalité. Répondre à une telle objection est l’une des missions de la pensée
contractuelle de Rawls qui se résume dans l’idée de donner à l’homme la liberté d’agir
et de faire les choix qui favoriserons son bien-être social. Pour cela cette démarche
rawlsienne de par l’importance des questions qu’elle soulève et son actualité interpelle
notre curiosité.

I ère PARTIE : LA CONCEPTION RAWLSIENNE DE LA JUSTICE

INTRODUCTION PARTIELLE

L’idée de justice comme équité constitue le thème central sur lequel, Rawls
entreprend bâtir sa pensée politique. Rawls veut résoudre le problème de la justice
distributive en critiquant l'utilitarisme, et en faisant appel aux positions de Kant et
au contrat social. Ainsi dans cette première partie, notre souci majeur sera d’exposer
les fondements de la pensée rawlsienne. Pour cela notre tâche consistera dans un
premier temps à préciser la définition rawlsienne de la justice en donnant son rôle et
son objet, ensuite présenter l’arguments fondamental de Rawls en faveur de sa théorie
de justice et sa critique des doctrines téléologique. Ensuite après avoir analyser les

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principes qui guident la conception rawlsienne, il sera question pour nous enfin de
démontrer l'utilisation la position originelle comme circonstance correcte pour
déterminer quelles lois doivent être utilisées pour la structure de base de la société

CHAPITRE I : L’IDEE DE LA JUSTICE COMME EQUITE

INTODUCTION PARTIELLE

Dans ce chapitre, il est question pour nous de présenter la définition rawlsienne de


la justice. Pour cela nous insisterons sur la signification que Rawls donne au concept
de justice et ensuite passer en revue les arguments qui ferons plutard l’objet de
justification de sa conception de justice

I. NATURE, ROLE ET OBJET DE LA JUSTICE

Pour asseoir sa conception de la justice, John Rawls commence au début de son


livre par préciser le rôle puis l’objet de la justice et ainsi que l’idée de justice qu’il
entend concevoir dans son livre

a. Nature et rôle de la justice

Dès l’entame du premier chapitre de son livre Rawls déclare : « La justice est la
première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de
pensée » (Rawls, 1987, p.29). Estimer ici la justice comme la première des vertus,
amène à reconnaitre la justice comme une qualité morale donc indispensable pour
l’existence de l’être humain. L’auteur pose ici les bases de sa philosophie, où la
recherche de justice apparaît nécessaire pour qu’une société soit égalitaire.

De même, Un système est juste si et seulement si l’ensemble de ses règles est à


l’avantage de tous les citoyens, et non pas seulement d’une partie de ceux-ci. De plus
l’auteur pense que « chaque personne possède une inviolabilité fondée sur la justice
qui, même au nom du bienêtre de l’ensemble de la société ne peut être transgressé ».
(Rawls, 1987, p. 29-30). Pour lui, chaque personne doit être considérée comme étant
moralement libre et égale aux autres et par le fait même comme étant source de
revendications légitime. Pour cela au sein d’une société libre, un citoyen ne peut obéir

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à un principe injuste. Les citoyens, sont égaux dans la mesure où ils répondent aux
mêmes droits et devoirs.

Par ailleurs l’idée de la justice contractuelle que Rawls entend développer dans la
théorie de la justice, s'applique exclusivement à une société conçue comme « un
système clos, isolé des autres sociétés » 1. La société selon Rawls est « une association
plus ou moins autosuffisante de personnes qui dans leurs rapports reconnaissent
certaines règles de conduites comme obligatoires et qui pour la plupart agissent en
conformité avec elles » (Rawls, 1987, p. 30). Une société représente ainsi une
entreprise de coopération dont l'objectif est l'avantage mutuel des participants.
Cependant, le conflit entre les personnes semble inévitable car chacun préfère une part
plus grande de ses avantages à une plus petite d’où la nécessité de différentes
organisations sociales pour une justice sociale, c’est-à-dire pour une répartition des
parts. La justice doit donc participer à cette équité. Pour se faire les hommes doivent
avoir confiance dans cette justice, garante des principes communs et qui satisfasse les
exigences de tous. De ce fait Rawls estime qu’« il est permis d’envisager une
conception publique de la justice, comme constituant la charte d’une société
ordonnée » (Rawls, 1987, p. 31). A cet effet il faut dès lors préciser que la justice doit
assurer une fonction stabilisatrice et régulatrice pour empêcher les violations et
restaurer, le cas échéant, l’organisation.

Ensuite comme toute discrimination arbitraire doit être proscrite définitivement, il


va de soi que l’objet de l’accord entre les parties doit partir des principes de justice
inaliénable destiné à définir fondamentalement les critères de coopération juste pour
tous. « On a donc besoin d’un ensemble de principe pour choisir entre les différentes
organisations sociales qui déterminent cette répartition des avantages et pour
conclure un accord sur une distribution correcte des parties » (Rawls, 1987, p. 31).
Selon Rawls si une société doit être pensée comme une tentative de coopération, une
société juste doit coordonner la coopération de sorte qu’elle soit à l’avantage
mutuel des partenaires cela veut signifier pour Rawls qu’une telle société ne peut être
ordonne que selon le critère de l’équité. Pour cela le problème de la justice est un
problème fondamentalement moral il met conséquemment à l’épreuve ce qu’il nomme
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« sens de la justice » c’est-à-dire une sensibilité morale que l’on peut tenter
d’expliciter puis d’organiser rationnellement en un tout hiérarchisé et cohérent.

b. Objet de la justice

L’Objet de la théorie de la justice concerne étude des principes destinés servir de


règles dans une société bien ordonnée.

Pour John Rawls, la justice a pour objet les institutions ou encore la structure de
base de la société « Pour nous, l’objet premier de la justice, c’est la structure de base
de la société ou plus exactement la façon dont les institutions sociales les plus
importantes repartissent les droits et les devoirs fondamentaux et déterminent les
répartitions tirées de la coopération sociale » (Rawls, 1987, p. 33).En effet, il est
question de mentionner ici de manière plus claire que pour Rawls la théorie de la
justice a pour but de déterminer la manière dont l’institution juridique politique et
économique doivent attribuer les droits individuels et repartir les fruits de la
coopération sociale. Dans cette logique, l’auteur pense que la justice est une des
institutions des plus importantes car elle assure une répartition des droits et des devoirs
fondamentaux qui déterminent le partage des avantages tirés de la coopération sociale.
Pour cela, les hommes doivent statuer et déterminer les règles qui vont arbitrer leurs
revendications mutuelles ; un processus qui doit être approuvé même à l'échelle
individuelle. En clair, chaque individu, par une réflexion personnelle, doit déterminer
ce qui constitue son bien ainsi que le système le plus rationnel pour y parvenir. Et il en
est de même pour un groupe de personnes de décider, une fois pour toute, ce qui est
juste et injuste en son sein.

La justice traite de la rupture de base de la société la manière dont les institutions


majeures déterminent les droits et les devoirs fondamentaux constitution politique et la
répartition des avantages mutuels et les structures socio-économiques.

En formulant sa théorie de la justice, le souci majeur du philosophe américain est


celui de dégager les principes qui régissent une société juste. Selon lui « le concept de
justice est donc défini par le rôle joué par ses principes constitutifs dans l’attribution
des droits et des devoirs et dans la répartition adéquate des avantages sociaux. Une

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conception de la justice par contre est une interprétation de ce rôle » (Rawls, 1987, p.
36). L’auteur cherche ici à réconcilier à cet effet deux principes qui s'opposent
souvent, mais qui sont au cœur de l'idéal démocratique à savoir : la liberté et l'égalité.
Les termes fondamentaux de l'association qui les unit seront considérés justes si et
seulement s'ils sont définis par des principes « que des personnes libres et
rationnelles, désireuses de favoriser leurs propres intérêts, et placés dans une position
initiale d'égalité, accepteraient ». (Rawls, 1987, p. 37) Cette idée d'accord originel
entre être libres, égaux et rationnels représente ce qu'il convient d'appeler la principale
idée contractualiste qui guide la théorie de la justice comme équité de John Rawls

II. JUSTIFICATION DE LA THEORIE DE LA JUSTICE COMME


EQUITE
a. Le rôle de La position originelle

De prime abord, l’équité est le critère par lequel Rawls propose d’arriver à résoudre
la question de la justice, telle qu’il la formule. Pour cela la conception de la justice doit
être bâtit sur des principes qui résultent d’une procédure correctement construite,
plutôt que déduits d’évidences ou de vérités apodictiques. Ainsi avant d’établir les
principes de la justice l’auteur essais de mettre en avant l’argument majeur sur lesquels
seront bâties ces principes à savoir la position originelle. La stratégie de Rawls est de
montrer que les principes de justice feraient l'objet d'un choix rationnel dans le cadre
de ce qu'il nomme la position originelle.

La position originelle est donc un procédé de représentation abstrait dans lequel on


imagine des partenaires délibérant à propos de principes de justice. Pour que la
délibération soit équitable, la situation originelle doit imposer des conditions. La
position originelle représente en soi une procédure de discussion. Sa fonction est
simplement de révéler correctement ce qui fait déjà l’objet d’un accord entre les
citoyens considérés comme des personnes libres et égales entre elles, rationnelles et
raisonnables. Rawls précise que cette expérience de pensée a pour but de
« représenter l’égalité entre les êtres humains en tant que personne morales, en tant
que créature ayant une conception de leurs bien et capable d’un sens de la justice »
(Rawls, 1987, p. 46). En ce sens, elle n’est qu’un procédé heuristique qui ne suffit pas

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à la justification des présupposés substantiels les valeurs de liberté, d’égalité, d’équité
situés en amont de la procédure.

Dans la position originelle, les individus choisissent les principes de justice derrière
un voile d’ignorance. Ce voile impose des contraintes à toutes les personnes placées
dans la position originelle d'égalité. Ces contraintes limitent la connaissance de la
place et du statut que chacun occupera lorsque la position originelle d'égalité sera
quittée et que le voile d’ignorance sera levé.

Plus précisément, le voile d’ignorance fait en sorte que personne ne connaît sa


place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que personne
ne connaît le sort qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons
naturels, comme par exemple la force ou l’intelligence. De cette façon, comme aucun
individu ne connaît préalablement la position qu’il occupera dans la société une fois la
situation initiale d’égalité, personne ne peut formuler des principes favorisant sa
condition particulière. De plus, les effets du hasard naturel et des contingences sociales
n’influencent pas le choix des principes de la justice, puisque personne ne sait à quelle
contingence sociale ou naturelle il sera éventuellement soumis une fois le voile
d'ignorance levé

Pour ces raisons, il est possible de dire que les principes de la justice sont le
résultat d'un accord ou d’une négociation équitable. Comme la théorie de la justice
repose sur la notion de justice procédurale pure, aucune contingence particulière ne
permet aux individus d'utiliser les circonstances sociales et naturelles à leur avantage
personnel. En raison de l'absence d'information particulière, personne ne peut tirer
profit ou encore biaiser le déroulement des discussions qui mènent au choix des
principes de la justice

Rappelons que tout l'objectif de la position initiale est de mettre en place un


processus équitable pour s'assurer que les principes qui en résultent, qui doivent être
utilisés pour la structure de base de la société, sont justes. La connaissance de cet
objectif ne garantit pas que les personnes agiront en conséquence. Les humains sont
naturellement tentés d'exploiter les circonstances sociales et naturelles à leur propre
avantage. Si ces tentations sont trop fortes pour que quelqu'un puisse y résister, rien ne
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les arrête actuellement de truquer le système pour eux-mêmes. Plutôt que de voter pour
les politiques qu'ils jugent justes, quelqu'un pourrait voter pour des politiques qui
favorisent les personnes avec les types de traits qu'eux-mêmes possèdent. Par exemple,
une personne physiquement forte peut vouloir un système qui alloue de l'argent et du
pouvoir aux gens en fonction de leur niveau de force physique. Quelqu'un de grand
pourrait vouloir un système qui alloue les ressources en fonction de la taille. Le point
ici est qu'ils pourraient voter pour les politiques qu'ils savent ne sont pas justes parce
qu'ils veulent faire ce qui est le mieux pour eux-mêmes.

b. Réfutation de la théorie utilitariste traditionnelle de la justice

L’Objectifs essentiels de la théorie de la justice de Rawls est de fournir une


solution alternative à la conception utilitariste. Il énonce ce projet comme suit « Mon
but est d’élaborer une théorie de la justice qui représente une solution de rechange à
la pensée utilitariste en général et donc à toutes les versions différentes qui peuvent en
exister » (Rawls, 199, p 49). En effet, Le but dans la philosophie utilitariste est de
minimiser la souffrance et de maximiser le bonheur de la collectivité. C’est la quantité
qui est importante, pas la manière dont sont réparties les satisfactions, peu importe si la
recherche du bonheur collectif implique l’exclusion ou le sacrifice de libertés ou des
droits et intérêts individuels. Ainsi en se concentrant sur l’intérêt du plus grand
nombre, l’utilitarisme va à l’encontre de l’idée de droits fondamentaux. Cependant
s’inspirant du modèle kantien Rawls considère que le respect de la personne humaine,
son intégrité, le fait de la considérer comme une fin en soi et non pas un moyen
constituent un impératif catégorique.

Malgré tout son succès, la tradition utilitariste apparaît insatisfaisante sur plusieurs
points aux yeux de Rawls ; certaines des implications de l'utilitarisme entrent en
conflit avec ce qu'il estime être nos jugements bien pesés sur la justice sociale. Plus
particulièrement, la logique agrégative qu'implique l'utilitarisme ne rend pas compte
adéquatement du caractère individuel et séparé des personnes, ce qui amène Rawls à
conclure que « la pluralité des personnes n'est donc pas vraiment prise au sérieux par
l’utilitarisme » (Rawls 1987 p 53). Si l’objectif de Rawls est de s’interroger sur les
principes qui permettent à une société de vivre harmonieusement, en en dégageant les

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fondements légitimes, sa réponse est d’abord contenue, comme il l’indique lui-même,
dans une critique essentielle de l’utilitarisme, conception qui ne prendrait en compte
que l’intérêt bien compris des Hommes. D’une certaine manière, l’utilitarisme ne serait
qu’une version moderne et partielle d’une conception morale plus ancienne, plus vaste,
et qui est la vision téléologique de l’Homme, de son existence, à travers la recherche
de la « vie bonne » déjà présente chez Aristote. Rawls fera, pour sa part, en s’opposant
à cette conception, le choix du déontologisme fondé sur la référence au Juste (par
opposition au Bien) comme chez Kant, mais il s’agira d’un Kant transformé ou
modifié.

De même, Selon Rawls, l’utilitarisme commettrait une faute majeure car en effet au
nom de la maximisation de l’utilité globale de la société, il serait prêt à sacrifier les
droits de certains. Position qui, avant même de poser un problème moral, se heurte à
une objection théorique : pourquoi une minorité, quelle qu’elle soit, souscrirait-elle à
un ordre social qui la défavoriserait ? Autrement dit, l’utilitarisme ne permet pas de
garantir les deux conditions premières d’une « société bien ordonnée »2 à savoir
la légitimité et la stabilité. C’est à ce double enjeu fondamental que Rawls va
consacrer sa propre démonstration, dans une problématique directement reprise de
Kant, référence constante de la Théorie de la justice.

De même Rawls critique également l’intuitionnisme. En effet de manière générale,


l'intuitionnisme rationnel affirme qu'il existe « une famille irréductible de principes
premiers que nous devons mettre en balance les uns par rapport aux autres en nous
demandant, par un jugement mûrement réfléchi, quel équilibre est le plus juste. »
(Rawls, 1987, p. 59) Ainsi, l'intuitionnisme rationnel nie la possibilité d'établir un
critère constructif qui rendrait une conception de la justice cohérente et unifiée

La philosophie intuitionniste est beaucoup moins répandue que les diverses formes
de la pensée utilitariste. Néanmoins, elle possède des caractéristiques qui la rende
singulière. L'intuitionnisme n'est pas téléologique ; il ne cherche pas à maximiser
certaines fins par les conséquences prévisibles de l'adoption de règles. Les tenants des
conceptions intuitionnistes considèrent qu'il y a une multitude de principes

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fondamentaux qui peuvent être utiles dans une situation particulière. Rawls fournit
l'exemple suivant : un pays pauvre et égalitaire voudra adopter des principes de justice
sociale de maximisation des biens, alors qu'un pays riche et inégalitaire optera pour
des principes de justice sociale favorisant la redistribution. L'intuitionnisme croit que
la réalité est trop complexe pour permettre l'adoption d'un ou de quelques principes de
base devant s'appliquer à toutes les situations.

Rawls est d'accord avec le fait qu'il soit impossible d'éliminer complètement le
problème de la pluralité des principes. Cependant, il est possible de réduire le recours à
l'intuition en soumettant nos principes à un ordonnancement sériel. Il faut mettre un
ordre entre les principes que nous voulons appliquer, le premier principe ne pouvant
être nié au profit des autres principes. Par contre, l'intuition ne doit pas être
complètement éliminée de notre théorie. Nos convictions bien pesées, c'est-à-dire
celles formées avec le désir de rendre la décision la plus juste possible selon notre
propre sens de la justice, doivent être confirmées par la démonstration déductive d'une
théorie de la justice, dans ce que Rawls appelle un équilibre réflexif.

Optant pour une démarche constructiviste qu'il qualifie lui-même de kantienne,


Rawls souhaite distinguer clairement sa méthode de réflexion philosophique de celle
de l'intuitionnisme rationnel.

Rawls distingue en outre un équilibre réfléchi étroit d'un équilibre réfléchi large.
Lorsque que nos convictions morales bien pesées sont toutes en accord avec les
principes qu'une théorie éthique énonce, nous avons réussi à atteindre un équilibre
réfléchi étroit. L'atteinte d'un équilibre réfléchi large implique que nous ayons
également considéré toutes les autres alternatives théoriques connues et pertinentes et
que la théorie qui est choisie est celle qui, après réflexion, articule de la façon la plus
satisfaisante nos jugements bien considérés en un tout cohérent et intelligible. Bien
entendu, on ne peut jamais être certain d'avoir examiné toutes les possibilités
théoriques et il est donc possible qu'une théorie jugée satisfaisante à une époque soit
éventuellement laissée de côté au profit d'une nouvelle théorie, améliorée. Il s'agit
d'une humilité à laquelle nous contraint le scepticisme de Hume dans toute démarche
scientifique et avec laquelle tout philosophe doit savoir composer.

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De même Puisque la coexistence d'une pluralité de conceptions du bien constitue «
un trait permanent de la culture publique de la démocratie » (Rawls, 1987, p. 63), il
vaut mieux renoncer à essayer de trouver un accord unanime sur des questions
fondamentales d'ordre métaphysique et religieux. Il faut plutôt tenter d'élaborer une
conception politique de la justice qui soit acceptable du point de vue de chacune des
doctrines compréhensives raisonnables présentes.

Ainsi, dans Théorie de la justice, Rawls confronte les principes de sa théorie de la


justice comme équité à celui des autres principales conceptions concurrentes, soit des
variantes bien connues de l'intuitionnisme, du perfectionnisme et de l’utilitarisme
l’auteur relève en quelque sorte leur limites majeur lorsqu’il déclare « l’intuitionnisme
n’est pas constructif, le perfectionnisme est inacceptable. Ma conjecture est que la
doctrine du contrat correctement élaborée comble le vide je pense qu’envisager la
doctrine de la justice comme équité est un effort qui va dans cette direction » (Rawls,
1987, p. 77). Cela étant dit, Rawls concentre son attention sur la doctrine utilitariste,
théorie dominante en philosophie morale depuis environ deux siècles.

III. LA PRIMAUTE DU JUSTE SUR LE BIEN

De prime abord, La tension entre liberté et égalité se présente également dans la


théorie rawlsienne par l’entremise des notions de bien et de juste. De manière générale,
dans la théorie de la justice comme équité le bien fait référence à la question de la vie
bonne, alors que le juste, renvoie à ce que chacun est en droit d’attendre de « la
répartition adéquate des bénéfices et des charges ». Nous avons souligné d’entrée de
jeu l’opposition de Rawls à l’utilitarisme. Précisons à présent que celle-ci s’inscrit
dans une volonté plus large de n’offrir rien de moins qu’une « solution de rechange »
aux doctrines téléologiques.

En somme, leur tort est essentiellement d’identifier la justice à la maximisation


d’un bien : la vertu, le bonheur, l’utilité, etc. Ceci est irrecevable pour Rawls dans la
mesure où la coopération sociale s’organise alors selon une logique de l’efficacité qui,
en vue de fins visées étant possiblement arbitraires, peut très bien s’accommoder de
l’instrumentalisation de certaines parties de la population. Si nous prenons au sérieux
autant le pluralisme des personnes que leur égalité, alors le juste doit se penser
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antérieurement au bien, c’est-à-dire que la légitimité des différents projets de vie doit
être définie par les limites de ce qui est juste. Cette distinction entre le bien et le juste,
puis la priorité accordée à ce dernier, constitue un trait central de la théorie de la
justice comme équité : c’est ce qui fait d’elle une doctrine déontologiste par définition
selon l’auteur. La distinction du juste et du bien ne vient toutefois pas sans difficulté,
car, comme nous le verrons, sans aucune conception du bien, les partenaires en
situation de délibération à propos de principes de justice ne seraient pour ainsi dire que
des coquilles vides, sans motivation, ni but, ni critère pour orienter leurs jugements
moraux.

De même Si la société est une association d’intérêts au-delà des conflits que peut
susciter la recherche de biens identiques ou différents, elle ne saurait s’y réduire, car
son harmonie présuppose l’existence de principes justes qui la fondent et qui soient
reconnus par tous ses membres. De ce fait, on comprendra que le bien ne saurait être la
référence ultime et qu’il faut donc rechercher le Juste, fondement de toute société.
Mais sa conception de la justice sera kantienne et non aristotélicienne car
déontologique et non téléologique.

CONCLUSION PARTIELLE

En définitive, il était question dans cette partie de déterminer comment Rawls


conçoit la notion de justice. Il ressort que pour lui la justice que pour lui la justice
représente la vertu des institution politique et son rôle est d’assurer l’harmonie et
l’équité dans la répartition des biens sociaux. Ainsi ceci amené Rawls à remettre en
cause la conception utilitariste qui selon lui ne prend pas en compte la dignité de la
personne humaine. Cependant il est menant question de voir se demander quelle sont
les principes qui d’après Rawls régissent une société juste ?

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CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DU CONTRAT SOCIAL : LES DEUX
PRINCIPES DE JUSTICE

INTRODUCTION PARTIELLE

Apres avoir relevé les limites des doctrines conséquentialistes Rawls examine les
principes de justice valables pour les institutions et les individus. Il élabore des lors
deux principes de la justice. Ces principes seront donc ceux auxquels seront soumis
des personnes soucieuses de promouvoir leurs intérêts ignorants des avantages ou des
désavantages dues à la contingence naturelle. La question sera tranchée selon la
rationalité maintenant identique le choix de chaque participant qui est d’accomplir son
projet de vie. Pour cela Rawls dégage ici les principes qui régissent une société juste.

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Les principes que va formuler Rawls servent de critère aux institutions modernes dans
leurs efforts de promouvoir la justice.

I. LES DEUX PRINCIPES JUSTICE

Le contrat social Rawlsien implique donc deux principes de justice conclus sous le
voile d’ignorance il s’agit du principe de l’égal liberté et du principe de différence. Il
s’agira ici d’examiner l'essentiel, des principes de la justice destinés à servir de règles
dans une société bien ordonnée

a. L’égalité des libertés

Le premier principe formulé par Rawls est celui d’égale liberté pour tous. Il se
définit comme la faculté donnée et garantie par un groupe social notamment l’Etat
d’avoir accès aux mêmes droits dans les mêmes conditions. Rawls l’énonce comme
suis :

« Chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de liberté de base égale
pour tous ». (Rawls, 1995, p. 91)

Ce principe défend l’idée d’une égalité d’accès pour tous aux libertés
fondamentales. L’auteur soutien ici l’idée selon laquelle les liberté civiques et
politique et assure qu’un système total le plus étendue de liberté de base cohérente
entre elle s’applique en droit à tous de manière égale. On compte parmi les liberté
politique (droit de vie, d’occuper un emploi public) la liberté d’expression, de penser
et de conscience. À l’exception de la propriété prive, tous les autres droits et autres
libertés seront généralement garanti par l’état libéral.

En formulant ce principe, Rawls veut répondre également à la question de savoir en


quoi les citoyens peuvent être considérés comme égaux. Ainsi On peut les concevoir
comme égaux dans la mesure où ils sont tous considérés comme possédant, au degré
minimum essentiel, les facultés morales nécessaires pour s'engager dans la coopération
sociale pendant toute leur vie, et pour prendre part à la société en tant que citoyens
égaux. Pour cerner l'idée sous-jacente de cette affirmation de Rawls, il est important de
ne pas oublier que la théorie de la justice comme équité est une théorie conçue pour
une société démocratique. Son souhait est en outre de fonder une base morale pour ce
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type de société car, il estime que la base de l'égalité constitue un minimum de capacité
morale pouvant permettre aux citoyens de participer à la vie de la société. C'est
pourquoi, dans la situation de départ, tous les partenaires devant participer au choix
des principes ont pour base l'égalité des droits. Cette idée d'égalité, au sein de ce
principe se comprend davantage en lien avec la liberté. En définitive, ce principe
assure à chaque individu dans une société non seulement les libertés fondamentales
principales, mais aussi toutes les libertés, même celles qui seraient accordées ne serait-
ce qu’à un seul autre individu

On notera que John Rawls fait explicitement remarquer qu’il ne compte au nombre
des libertés de base ni le droit de posséder certaines formes de propriété comme les
moyens de production, ni la liberté du contrat dans l’acception qu’en donne la théorie
du laisser-faire. Il soutient ce point de vue en affirmant : « les libertés ne figurant pas
sur cette liste comme le droit de posséder certaines formes de propriété privé (exemple
les moyens de production), la liberté de contrat comme la doctrine du « laisse faire »
ne sont pas des libertés de bases et ainsi elles ne sont pas protégées par la priorité du
premier principe » (Rawls 1987, p. 93), position qui contribue, au-delà de son anti
utilitarisme, à le classer à gauche sur l’échiquier politique américain.

Il y a effet ici quelque chose d’éminemment moderne qui va profondément contre


l’esprit médiéval à savoir le droit d’exception pour le clergé d’une part, la noblesse de
l’autre c’est-à-dire des catégories des personnes qui rendaient des services particuliers
à la société. Cependant au XVIIIe siècle, cette répartition des charges et des avantages
de la vie sociale sera remis en question. Ces privilèges ne semblent plus justifiés. On
va remettre en question ce régime de hiérarchie de patronage, ces inégalités des
rapports entre le vassal et le suzerain, entre homme libre et serf, entre hommes et
femmes, et promouvoir une société basée sur l’égalité d’accès pour tous et des libertés
fondamentales.

b. Le principe de différence

Quant au second principe, il s’exprime comme suis :

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« Les inégalité sociales et économique doivent être organisé de façon à ce qu’a la fois l’un
puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elle soit à l’avantage de chacun et qu’elle soit

rattache à des positions et a des fonctions ouvertes à tous » (Rawls, 1995, p. 91)

Ce second principe se subdivise en deux parties :

La première partie est appelé principe de différence qui stipule que les inégalités
socioéconomiques ne sont juste que si elles sont au plus grand avantage des plus
démunis. Ce premier volet du second principe formule le principe d’égalité équitable
des chances. La division sociale du travail produit des inégalités : certaines fonctions
sociales sont plus avantageuses que d’autres, que ce soit matériellement ou
symboliquement. En effet Rawls pense que les inégalités ne sont pas injustes si deux
conditions suivantes sont respectées. Tout d’abord, Rawls pense qu’au contraire de ce
qui se produit dans un système de castes, toutes les positions doivent être légalement
accessibles à tous. Mais cette ouverture légale des carrières aux talents ne suffit pas
Rawls estime en second lieu que le déterminisme social, qui affecte nos chances de
parvenir aux fonctions sociales que nous convoitons, est injuste. À dons égaux et à
désirs égaux de les développer, nous devrions avoir les mêmes chances au sens de
probabilités de parvenir à ces fonctions. Pour réaliser la justice, il faudrait donc
gommer les effets du déterminisme social. Telle est notamment la mission de
l’institution scolaire. L’égalité des chances doit être réelle et non simplement formelle.

Le deuxième volet du second principe, nommé « principe de différence », concerne


les inégalités de richesse. Les deux principes précédents ne suffisent pas à réaliser la
justice. Rawls estime en effet que nous ne méritons en rien nos dons naturels, dont le
développement dépend d’ailleurs des circonstances familiales contingentes qui sont les
nôtres. Il n’est pas juste que ceux qui sont dépourvus de dons ou qui n’ont pu les
développer soient condamnés à la misère. Le principe de différence exige par
conséquent que l’enrichissement des plus favorisés profite toujours également aux plus
défavorisés. Mais Rawls ne s’attend pas à ce que l’enrichissement des uns ruisselle
naturellement sur les autres. Le principe de différence selon l’auteur « s’applique dans
la première approximation la répartition des revenus et de la richesse et aux grandes
lignes des organisations qui utilisent des différences d’autorité et de responsabilité ».

16
(Rawls, 1995, p. 92) ceci Suppose la mise en place d’impôts redistributeurs qui
concernent les revenus aussi bien que les héritages. Précisons que pour que la justice
soit réalisée, l’ordre des principes (ordre lexical) doit être respecté. Conformément à
l’engagement déontologique de Rawls, le premier principe a priorité sur les suivants,
qui sont également ordonnés.

Finalement, les principes de la Théorie de la justice comme équité sont, pour


Rawls, la meilleure expression des valeurs de la démocratie libérale. Ce sont les
principes que des personnes libres et égales entre elles, rationnelles et raisonnables
choisiraient, considérant qu’ils protègent au mieux leurs intérêts fondamentaux. Ces
principes montrent que Rawls n’est pas un égalitariste strict, mais qu’il rejette
également le libéralisme économique.

De même l’auteur souligne également que l’injustice se constitue « par les


inégalités qui ne bénéficient pas à tous » (Rawls, 1995, p. 93), des lors il faut dire que
ce second principe a pour but de définir les règles de la justice sociale : les inégalités
socio-économiques ne sont acceptables que si elles induisent en compensation des
avantages pour les membres les plus défavorisés et si on respecte le principe d'égalité
des chances. Pour cela sein du second principe de la justice, l'égalité équitable des
chances à priorité sur le principe de différence. Ce dernier est subordonné à la fois au
premier principe de justice (le principe d'égale liberté) et au principe d'égalité équitable
des chances. Il fonctionne avec ces deux principes prioritaires, et il doit toujours être
appliqué dans le cadre d'un contexte constitutionnel dans lequel ces principes sont
satisfaits.

De même nous pouvons soutenir ici que l’originalité et la force de la théorie de la


justice de Rawls est qu’elle défend une conception déontologique qui tirerait sa
légitimité et son autorité d’une rationalité interne, celle d’un accord universel entre des
sujets rationnels sur des principes normatifs communs . Pour cela, Il faut noter des lors
que ce principe de justice rawlsien constitue un critère sous lequel viens s’achopper la
modernité, ou encore les institutions modernes qui s’avèrent de plus en plus incapable
de garantir pour les plus défavorables une amélioration de leurs conditions de vie. En
effet de nos jours dans le monde de manière générale, on estime un pour cent des plus

17
riches gagnent autant que cinquante-sept pour cent des plus pauvres. Il y a une
disproportion des inégalités qui sont de plus en plus fortes. A titre d’illustration, en
France depuis l’avènement de la modernité l’on entendra parler de la fracture sociale
qui est un phénomène qui remettent question la légitimité des institutions modernes.

Au final, il est possible de dire que les principes de la justice sont le résultat d'un
accord ou d'une négociation équitable, Comme la théorie de la justice repose sur la
notion de justice procédurale pure, aucune contingence particulière ne permet aux
individus d'utiliser les circonstances sociales et naturelles à leur avantage personnel,
En raison de l'absence d'information particulière, personne ne peut tirer profit ou
encore biaiser le déroulement des discussions qui mènent au choix des principes de la
justice.

II. LA JUSTIFICATION DES PRINCIPES

Pour commencer, il faut que les personnes dans la position originelle fassent un
choix comparatif. Ils ne se demandent pas seulement si les principes de Rawls sont
bons ou mauvais, mais décident s'ils sont des meilleurs principes parmi toutes les
options qui existent actuellement. Il se concentre principalement sur la comparaison
entre « la justice comme équité » et le « principe d'utilité moyenne »

Le principe d'utilité moyenne, dans sa forme la plus simple, nous dit que lorsque
face à l'incertitude quant à la ligne de conduite à adopter ou à la politique à mettre en
œuvre, l'un devrait prendre un calcul de valeur attendue de chaque situation et choisir
l'option avec un positif ou la valeur la plus élevée. Cela signifie que parmi toutes les
options possibles, le principe de l'utilité moyenne donne le niveau le plus élevé d'utilité
moyenne (ou de bonheur) par personne. Cela semble attrayant car selon ce principe, un
plus grand nombre de personnes ont un niveau de bonheur. Cela étant dit, si vous vous
retrouvez en dessous de la moyenne, vous serez moins bien loti que vous ne l'auriez
été sous la société rawlsienne, qui établit un minimum clair et décent pour tous les
membres.

Le principal argument de Rawls pour expliquer pourquoi les personnes dans la


position originelle choisiraient son principe de justice sur le principe d'utilité moyenne

18
repose sur l'idée d'aversion au risque. Rawls nous rappelle que dans la position
originelle, les gens ne connaissent pas leur place dans la société et doivent donc tenir
compte du fait que s'ils choisissent le principe de l'utilité moyenne, ils pourraient finir
comme l'une des personnes dont le bien-être est sacrifié pour améliorer l'utilité
moyenne pour tous les autres. Rawls prétend que cette perte potentielle d'un niveau de
vie minimum décent et la perte potentielle des droits fondamentaux n'est pas un risque
que toute personne rationnelle prendrait.

L'affirmation de Rawls sur la prise de risque est étayée par de nombreux exemples
dans la société d'aujourd'hui. Considérez le jeu de la roulette russe. Un participant à ce
jeu met un seul tour dans un revolver, fait tourner le barillet du revolver et tire sur sa
propre tête. Si le participant meurt, ils perdent. La probabilité qu'ils meurent dépend du
nombre de chambres de l'arme, mais est généralement 6, donc la probabilité qu'ils
meurent est généralement de 1 sur 6. Ceci est similaire au « jeu » qu’on jouerait si
nous utilisions quelque chose comme le principe de l'utilité moyenne pour déterminer
notre base structure de la société. Même si les chances de mourir à la roulette russe
étaient de 1 sur 100, un rationnel personne ne jouerait toujours pas. Même si le
« gagnant » a reçu une grosse somme d'argent, aucune raison, une personne
mentalement stable prendrait ce risque, tout comme aucune personne rationnelle ne
risquerait droits, tout comme aucune personne rationnelle ne risquerait d'être opprimée
en raison de circonstances socio-économiques, et tout comme aucune personne
rationnelle ne risquerait un système qui ne donne pas de nourriture, d'abri ou de soins
de santé à ceux qui en ont vraiment besoin. Les implications sont aussi graves que les
implications de la perte de la Russie roulette. Aucune augmentation de l'utilité ne vaut
le risque de vivre en dessous d'un minimum décent, tout comme aucune augmentation
de l'utilité ne vaut le risque d'une vie en dessous d'un minimum décent, tout comme
aucune somme d'argent ne vaut le risque de jouer à la roulette russe. De plus, vos
chances d'être défavorisés est bien supérieur à 1 sur 100 ou même 1 sur 6.

Des preuves à l'appui de Rawls peuvent également être trouvées dans les opinions
de la société sur le jeu. Les Personnes qui jouent et risquent leur argent de façon
constante sont considérés comme des toxicomanes et mis en centres de réadaptation

19
parce qu'ils sont considérés comme ayant un problème. Ils ne sont pas considérés
penser rationnellement lorsqu'ils choisissent de risquer leur argent. Cela soutient
encore Rawls que la société n'assimile pas la pensée rationnelle à la prise de risques
sérieux. Parce que les gens dans la position initiale sont rationnelles, ils choisiraient
l'option la plus sûre, qui est la Justice comme équité. Puisque vous ne savez pas qui
vous êtes dans la position originelle, vous ne savez pas quelle catégorie socio-
économique à laquelle vous appartenez. Par conséquent, vous choisissez des principes
qui vous protègent sous n'importe que circonstance dans laquelle vous êtes né. La
justice comme équité vous garantit une qualité de vie décente même si vous vous
retrouvez dans une minorité ou dans le groupe socio-économique le moins favorisé. Le
premier principe assure que vous aurez des libertés fondamentales, le second vous
assure d'avoir accès à une bonne éducation quel que soit votre groupe socio-
économique, et le principe de différence protège contre la pauvreté parce que vous
seriez rendu aussi aisé que possible.

Rawls pense qu'il y a des raisons au-delà de la maxime selon laquelle les personnes
dans la position originelle choisiraient les principes de justice plutôt que les principes
d'utilité moyenne. La première raison pour laquelle il donne est que parce que toutes
les parties dans la position originelle ont une capacité de justice, elles doivent adhérer
aux principes qu'ils choisissent dans la position d'origine. Il serait injuste de faire
autrement et irait à l'encontre de tout l'objectif de l'exercice de réflexion. Parce que les
gens dans la position originelle ont un sens capable de la justice et savent que les
autres personnes dans la position d'origine faire de même, ils peuvent s'attendre à ce
que tous les participants adhèrent également aux principes choisis.

Rawls souligne que pour cette raison, les personnes dans la position originelle ne
devraient pas accepter les principes qui, dans les pires circonstances possibles,
pourraient entraîner des conséquences qu'elles ne peuvent accepter.

Rawls pense que les gens devraient donc choisir les principes de justice parce que
l’un des principes assure la protection des droits fondamentaux de chacune des parties,
tandis que le principe de l'utilité moyenne pourrait obliger ceux qui sont les moins
avantagés à sacrifier leurs libertés pour le plus grand bien. Rawls pense qu'en pratique,

20
beaucoup de gens ne seraient pas disposés à sacrifier leurs libertés parce que cela
dépasse la capacité de la nature humaine. Par conséquent, les personnes dans la
situation d'origine devraient choisir les principes de justice.

La deuxième raison pour laquelle Rawls pense que les personnes dans la position
d'origine choisiraient ses principes de justice sur les principes d'utilité moyenne a à
voir avec le naturel des gens. Tendance à aimer et à soutenir tout ce qui favorise leur
propre bien. Avec les principes de justice, les droits fondamentaux des personnes sont
protégés et en raison du principe de différence, tout le monde bénéficie de coopération
sociale. Les gens soutiendraient donc ce système car il favorise la propre bien.
Cependant, les principes d'utilité moyenne exigent qu'un individu ou un groupe de
personnes sacrifier leur propre bien si cela augmente le bien général de la société. Par
conséquent, les personnes dont le bien n'est pas promu, mais sacrifié, ne soutiendrait
probablement pas l'institution qui mandate ce. Le principe d'utilité moyenne créerait
une société fragmentée, qui (comme c'est le cas dans notre société actuelle) diminuent
la coopération des gens lorsqu'ils travaillent ensemble. Ce serait finalement diminuer
la productivité globale, diminuant la qualité de vie des gens. Rappelons que le
l'argument en faveur du principe de l'utilité moyenne reposait sur la conviction qu'il
conduirait à une société plus productive. Rawls vient de souligner que ce n'est pas vrai.

La troisième raison pour laquelle les gens choisiraient les principes de justice plutôt
que le principe de l'utilité moyenne est parce qu'ils soutiennent davantage le respect de
soi de l'homme (ou de la femme). Rawls souligne que le respect de soi est présent dans
la conception du bien de chacun car les gens ont besoin d'un sentiment d'estime de soi
pour se sentir satisfait et prendre plaisir à son accomplissement. Il souligne également
que notre propre respect de soi dépend du respect des autres car sans lui, il serait
difficile de rester motivé et de sentir que nos projets valent la peine d'être poursuivis.
Parce que les principes de la justice donnent à tous les mêmes libertés fondamentales
et le principe de différence suggère que nous traitions les gens non seulement en tant
que moyen, mais en tant que fin en soi, elles respectent, à dessein, toutes les
personnes. Autrement dit, les deux principes de justice exigent que toutes les
personnes soient traitées avec respect.

21
Quand le principe de l'utilité moyenne exige que certaines personnes soient
aggravées pour augmenter le bien de la société, il utilise ces personnes comme un
simple moyen plutôt qu'une fin en soi. L'utilisation d'une personne comme un simple
moyen exige une absence de respect pour sa personnalité. Autrement dit, le principe
d'utilité moyenne favorise le mépris de certains individus. Rawls souligne qu’une
société où les gens se respectent se traduira par plus de productivité que son
alternative, suggérant une fois de plus que les principes de justice pourraient, dans la
pratique, produire un niveau supérieur d'utilité moyenne que le principe d'utilité
moyenne.

CONCLUSION PARTIELLE

Nous venons de voir dans cette partie que le contrat social de Rawls se fonde sur
deux principes majeurs que sont le principe d’égale liberté et le principe de différence.
En clair ces critère sont conçu comme des clauses qui serviront de base aux institutions
afin d’établir la justice au sein de la société. Pourtant des telle clauses méritent d’être
justifiée d’où il est question de se pencher sur l’argument de Rawls en faveur de la
question de l’impartialité des partenaires ce qui nous amène à traiter de l’argument
rawlsien de la position originelle.

CHAPITRE III : LA POSITION ORIGINELLE ET L’ELABORATION DU


CONTRAT SOCIAL

INTRODUCTION PARTIELLE

Dans cette partie nous nous intéresserons à la manière dont Rawls tente de justifier
sa théorie de justice. Il met en scène ici une situation hypothétique d’égale liberté. En
effet la théorie de la justice comme équité a besoin d’une justification, des lors Rawls
fait appel à la position originelle pour justifier le choix des principes. La position
originelle est une position hypothétique conçue par Rawls pour refléter avec précision
quels principes de justice se manifesteraient dans une société fondée sur la coopération
libre et équitable entre les citoyens, y compris le respect de la liberté et un intérêt pour
la réciprocité.

22
I. LA POSITION ORIGINELLE ET LES CIRCONSTANCES DE
JUSTICE

Selon Rawls, la position originelle constitue le seul dispositif qui permet de réaliser
l’égalité morale et de rendre compte de nos jugements moraux, d’expliquer notre sens
de la justice et de représenter nos jugements bien pesés en équilibre réfléchi. L’auteur
déclare : « le bien pour tout être humain est que tous les autres se joignent à lui pour
réaliser sa propre conception du bien quelle qu’elle soit sinon ce serait qu’on exige
que tous les autres agissent de manière juste mais que lui-même soit autorisé à
s’exempter de cette exigence selon son bon plaisir » (Rawls, 1987, p.152). Les deux
principes de justice tirent leur légitimité, dans un premier temps, du modèle procédural
employé, à savoir le voile d’ignorance. En outre la position originelle sert à garantir
l’impartialité et l’équité des principes de justice en jetant un voile d’ignorance sur les
intérêts particuliers des partenaires. Elle permet l’unanimité autour des principes de
justice en créant les conditions nécessaires à la validation du processus kantien
d’universalisation, puisque les principes sont considérés comme des impératifs
catégoriques par ceux qui les choisissent

Selon Rawls, un certain nombre de conditions doivent être réunies pour que l'on
puisse traiter de justice sociale. Ces conditions sont ce que Rawls désigne, s'inspirant
de Hume, comme étant les circonstances de la justice : Les circonstances de la justice
peuvent être définies comme l'ensemble des conditions normales qui rendent à la fois
possibles et nécessaire la coopération humaine. C'est pourquoi, bien qu'une société soit
une entreprise de coopération en vue d'un profit mutuel, se caractérise à la fois par un
conflit d'intérêts et par une identité d'intérêts. Il y a identité d'intérêts puisque la
coopération sociale procure à chacun une vie meilleure pour tous que celle que chacun
aurait eue en cherchant à vivre seulement grâce à ses propres efforts. Il y a conflit
d'intérêts puisque les hommes ne sont pas indifférents à la façon dont sont répartis les
fruits de leur collaboration ; en effet, dans la poursuite de leurs objectifs, ils préfèrent
tous une plus grande part à une plus petite. On a donc besoin de principes pour choisir
entre les différentes organisations sociales qui déterminent cette division des avantages

23
et pour conclure un accord sur une répartition correcte. Ainsi, les circonstances de la
justice se divisent en deux catégories : les circonstances objectives et les circonstances
subjectives.

a. Les circonstances objectives

Le contexte objectif de la justice part du fait qu'un grand nombre d'individus


partage un espace géographique fixe et restreint. De plus, les individus ayant tous des
capacités physiques et mentales semblables, aucun ne peut prétendre dominer seul tous
les autres et chacun est vulnérable aux attaques des autres, d'autant plus si leurs forces
sont réunies. Enfin, les ressources se retrouvent dans une situation de rareté relative ; «
les ressources naturelles et autres ne sont pas abondantes au point de rendre les
systèmes de coopération superflus, mais les conditions ne sont pas non plus difficiles
au point que des tentatives positives soient condamnées à l'échec ». (Rawls, 1987, p.
160) Ces circonstances objectives qui rendent la coopération humaine possible et
nécessaire ne sont pas sans rappeler les conditions menant au pacte hobbesien, dont
l'objectif est de mettre un terme à la guerre de chacun contre chacun dans l'état de
nature.

b. Les circonstances subjectives

Le contexte subjectif est quant à lui lié directement aux caractéristiques des
partenaires, dont les similitudes et une certaine complémentarité au niveau de leurs
intérêts rendent possible une coopération. Ce contexte, c'est aussi et surtout celui du
pluralisme raisonnable. En effet, plusieurs conceptions raisonnables mais opposées du
bien coexistent dans une société démocratique moderne. Ceci a pour conséquence que
les membres d'une telle société poursuivent différents buts et objectifs qui entrent
éventuellement en conflit. Or, ce conflit ne saurait être résolu à l'aide d'une conception
de la justice qui engloberait toutes les conceptions du bien puisque celles-ci sont
incompatibles en plusieurs points. D'où la pertinence et l'intérêt d'élaborer une
conception politique et non métaphysique de la justice en mesure de susciter l'adhésion

24
de tous à un consensus par recoupement quant aux principes de justice devant guider le
fonctionnement des institutions sociales de base.

II. L’IDEE DU VOILE D’IGNORANCE ET LES CONDITIONS DU


CHOIX

Rawls se situe dans la tradition du contrat social qu'il entend mener à un plus haut
degré d'abstraction. Rawls développe ce qu'il prétend être des principes de la justice
par la mise en place délibérée d'une fiction méthodologique qu'il appelle la « position
originelle ». Dans cette position chaque participant décide des principes de justice
derrière ce qu'il appelle un « voile d’ignorance ». Ce voile est destiné à leur cacher les
faits sur eux-mêmes, comme leur situation sociale ou leur talent, qui pourraient
obscurcir leurs capacités d'arriver à un consensus

En effet comme nous l’avons déjà précisé, la position originelle est un procède de
représentation abstrait dans lequel on imagine des partenaires délibérants à propos de
principes de la justice. Pour que la délibération soit équitable, la situation originelle
doit imposer des conditions. Parmi celle-ci la plus déterminante de ce point de vue est
sans contredit le « voile d’ignorance » 3dont le rôle est de neutraliser le caractère
arbitraire des intérêts, des avantages, et des désavantages particuliers de chacun des
partenaires, de même que les conditions socio historiques contingentes de la société
dans laquelle ils se trouvent. Lors de la délibération, ceux-ci exercent donc leurs
jugements sur la base de la considération générale puisqu’ils ignorent leurs positions
dans la société, ainsi que leur classe sociale leurs talent naturels, leur trait de caractère
psychologique leur conception du bien et leur projet de vie et tout ce qui pourrait les
différencier en raison d’intérêt particulier divergent « je pose ensuite que les
partenaires ignorent certains types de fait particulier. Tout d’abord, personne ne
connait sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, personne
ne connait non plus ce qui lui échoit dans la répartition des atouts naturels et des
capacités c’est-à-dire son intelligence et sa force ainsi de suite » (Rawls, 1987, p. 168-
169). Ainsi la position originelle parvient à une symétrie parfaite entre les partenaires
de telle sorte que les choix rationnels de l’un de ceux-ci seront de facto ceux de tous

3
Cf page 168

25
les autres assurant ainsi la possibilité d’en arriver à un accord mutuel. Et c’est cette
symétrie des relations entre les partenaires qui rend cet accord légitime car c’est elle
qui assure le caractère équitable de la procédure en empêchant toute asymétrie
d’avantage dans la relation.

Il est important de noter par la suite que les constructions définitives de la position
originelle dans la théorie de la justice doivent s’accorder à sa conception de la
personne morale. Parce que comme il s’agit d’un procède de représentation abstrait, sa
force normative provient du consentement des personnes à s’y soumettre et ainsi
reconnaitre le résultat comme valide sur le plan moral. Pour Rawls, si nous nous
reconnaissons comme personne morale, c’est-à-dire libre et égale aux autres en tant
que personne possédant un sens de la justice, alors nous devons accepter les conditions
de la position originelle et à reconnaitre le caractère équitable.

En effet si Les partenaires choisissent les principes de la justice sous un voile


ignorance cet égard ils ne disposent pas informations sur eux-mêmes ils ne peuvent
identifier par des noms propres ni sur autrui au sens où ils ignorent leur place
respective au sein de la société et les atouts naturels dont ils disposent. Cette hypothèse
forte vise ce que personne ne puisse élaborer des principes son propre avantage Elle
permet établir la première condition formelle la généralité des principes de la justice
La deuxième condition est celle de universalité des principes « si quelqu’un après
mure réflexion, préfère une conception de la justice a une autre, alors tous la
préfèreront et on parviendra à un accord unanime » (Rawls, 1967, p. 171) ceci
signifie que les principes qui en découlent s’appliquent tous sans discrimination. La
troisième condition stipule la publicité des principes Ceux-ci doivent être connus de
tous afin assurer la stabilité d’accord afin que les individus sachent quoi ils engagent
La quatrième condition institue une relation ordre transitive les revendications sont
hiérarchisées afin de permettre arbitrage des conflits la cinquième condition énonce
irrévocabilité des principes ceux-ci sont intangibles

L’ensemble de ces cinq conditions définit la contrainte formelle qui pèse sur le
choix des principes mais énonce rien quant au contenu des principes eux-mêmes sinon
que pour être considérés comme justes ils doivent nécessairement souscrire cette

26
contrainte Toutefois parmi L’éventail des conceptions possibles de la justice cette
contrainte permet d’éliminer les conceptions égoïstes parmi les solutions acceptables il
s’agisse de la dictature ou du free rider passager clandestin) qui avèrent incompatibles
avec la première condition Il reste néanmoins autres conceptions dont la liste est finie
parmi lesquelles il agit de choisir la meilleure

III. LA RATIONNALITE DES PARTENAIRES

Dans la théorie de la justice comme équité, le rationnel est associé à la capacité des
individus de se former une conception particulière du bien et de poursuivre les fins qui
lui sont reliées par ce qu'ils estiment être les meilleurs moyens. Dans Théorie de la
Justice, Rawls présente l'hypothèse de rationalité des partenaires de manière tout à fait
conventionnelle lorsqu'il affirme : « L'hypothèse que les partenaires sont rationnels et
mutuellement désintéressés revient alors à ceci : les personnes placées dans la
position originelle essaient de reconnaître des principes qui favorisent autant que
possible leurs systèmes de fins ». (Rawls, 1987, p.176) Il s'agit donc d'une rationalité
instrumentale presque identique à celle qui est imputée aux agents dans la plupart des
modèles élaborés par les économistes.

Soulignons par ailleurs que Rawls ajoute une hypothèse particulière concernant la
rationalité des partenaires, celle que les personnes rationnelles ne souffrent
généralement pas d'envie. (Rawls, 1987, p. 175) Le concept de rationalité occupe une
place importante dans l'élaboration et la justification des deux principes de justice,
bien qu'il soit exagéré de prétendre qu'il a un rôle fondateur.

Rawls témoigne un élément qui ne peut se résumer à une condition des choix
rationnel : c’est l’équité (fairness). Un choix rationnel conduit à une solution efficace
pas à une solution juste. C’est pourquoi il faut compléter la description de la situation
contractuelle initiale en disant qu’elle est équitable. L’equité est une procédure, un
contrat ou un jeu ou chacun applique des règles en sachant que les autres appliquent
également. La procédure suivie est celle d’un fair game. Tous les joueurs doivent avoir
des chances réelles de gagner, le jeu ne doit pas être d’avance faussé mais se dérouler
selon des règles équitables respectée par tous. On peut bien entendu prendre parti mais
on aura joue en ayant toutes les chances et donc le résultat sera lui-même reconnu
27
comme équitable bien que déplaisant. C’est ici qu’intervient le concept de justice
procédurale pure. Le caractère équitable des conditions de choix des principes
garantira en quelque sorte l’équité et la justice du résultat.

De même il faut distinguer la justice procédurale pure de la justice formelle qui ne


peut diriger le choix des principes puisqu’elle conduit à une obéissance aveugle au
système qui lui peut être injuste

Dans Théorie de la justice, Rawls va toutefois jusqu'à avancer l'idée que sa


théorie de la justice est une composante de la théorie du choix rationnel en précisant
que La théorie de la justice est une partie, peut-être même la plus importante, de la
théorie du choix rationnel4 . Plus tard, suite à certaines critiques, Rawls est amené à
réviser cette affirmation. Ainsi, il corrige dans La justice comme équité : une théorie
politique et non pas métaphysique ce qu'il considère désormais être une erreur : C'était
donc une erreur (et une source de graves malentendus) que de décrire la théorie de la
justice comme une partie de la théorie du choix rationnel. Ce que j'aurai dû dire, c'est
que la théorie de la justice comme équité utilise une analyse du choix rationnel, mais
soumise à des conditions raisonnables, pour décrire les délibérations des partenaires,
représentatifs de personnes libres et égales, tout cela dans le cadre d'une conception
politique de la justice qui est aussi, bien entendu, une conception morale. En effet,
l'application de la théorie du choix rationnel dans la théorie de la justice de Rawls est
limitée au contexte précis qui caractérise le moment fictif où se rencontrent les
partenaires pour établir les bases de leur coopération sociale.

De plus, la position originelle est elle-même construite de façon à incorporer un


certain nombre de convictions bien pesées et largement partagées sur des questions de
justice sociale. Les conditions dans lesquelles le choix des partenaires s'effectue
représentent ce que Rawls appelle le raisonnable. C'est de cette façon que Rawls
soumet le rationnel aux contraintes du raisonnable dans la position originelle. Ainsi,
dans la théorie de la justice comme équité, le raisonnable encadre le rationnel, ce qui
reflète la priorité du juste sur le bien. Cette idée de la priorité du juste sur le bien est

4
Cf théorie de la justice page 43

28
indispensable pour bien saisir une des critiques les plus importantes que fait Rawls à
l'égard de l'utilitarisme.

En outre le projet de Rawls n'est donc pas de développer une théorie contractualiste
de la justice exclusivement fondée sur la motivation individuelle et l'intérêt privé. Pour
Rawls, les concepts de raisonnable et de rationnel apparaissent comme étant
indépendants mais complémentaires. On peut en outre dire que, dans la théorie de la
justice comme équité de John Rawls, non seulement le raisonnable conditionne-t-ille
rationnel en lui imposant ses contraintes, mais en même temps, il le présuppose
puisqu'il implique que les individus sont déjà dotés d'une conception du bien. En effet,
même si, dans la position originelle, les partenaires ignorent quelle est leur conception
du bien, ils sont conscients qu'ils en ont une et reconnaissent l'importance que celle-ci
aura sur leur projet rationnel de vie.

Dans cette partie, force a été de constater qu’à la base du choix des critère de
justice, Rawls veux supprimera toute tendance qui peut instaurer l’inégalité ou encore
favoriser une partie de la société. Pour cela la position originelle se présente ici comme
un instrument pouvant nous conduire aux choix rationnels des critères universels qui
sont senseur corriger l’injustice sociale

CONCLUSION PARTIELLE.

Tout au long de cette première partie, notre souci était celui de montrer comment
Rawls élabore sa conception de justice. En effet cette théorie rawlsienne comme nous
l’avons déjà souligné se présente comme une solution de rechange a la doctrine
utilitariste qui définit le juste en termes de maximisation des avantages sociaux. Pour
Rawls une telle manière de concevoir la justice conduit à l’instrumentalisation de la
personne humaine et met également en péril le bienêtre social. Ainsi la justice devrait
être conçu pour matérialiser la coopération libre et équitable entre les citoyens, y
compris le respect de la liberté entre les citoyens. Également nous venons de voir dans
le second chapitre que le contrat social de Rawls se fonde sur deux principes majeurs

29
que sont le principe d’égale liberté et le principe de différence. Cependant comment
appliquer ces principes aux institutions ?

IIE PARTIE : L’APPLICATION DES PRINCIPES DE LA JUSTICE AUX


INSTITUTIONS ET LA SIGNIFICATION DU BIEN

INTRODUCTION PARTIELLE

Dans cette partie nous voulons mettre l’accent sur la réflexion de Rawls consistant
à appliquer les principes de la justice aux institutions et préciser au final la
signification du bien dans la théorie rawlsienne. En effet après avoir traité de la mise
en œuvre des principes de la justice au niveau de la structure de base de la société,
Rawls entreprend un raisonnement qui permettra de mettre en exergue le rapport entre
le juste et le bien. Ainsi le raisonnement rawlsien permettra de mettre en évidence une

30
compatibilité, nommée par Rawls « congruence », entre le juste et le bien, dans le cas
particulier où le projet de vie de l’individu est gouverné par le désir d’agir justement,
ce désir faisant alors partie de son bien.

CHAPITRE IV : LES INSTITUTIONS

INTRODUCTION PARTIELLE

Rawls démontre que l’application de principes de la justice se conçoit selon le


procès idéal en quatre étapes à savoir : choix des principes, choix des institutions
politiques conformes au premier principe, choix des institutions économiques
conformes au second principe, application des règles aux cas particuliers par les juges
et administrateurs et respect des règles par les citoyens. Une telle genèse théorique qui
représente idéalement la démarche de celui qui se pose les questions de la justice dans
une société déterminée se développe par une levée progressive du voile d’ignorance.

I. LES INSTITUTIONS POLITIQUES : LA PRIORITE DES LIBERTE

Le mot « liberté » chez Rawls mérite attention. Si les libertés ne peuvent être
distribuées également pour tous, un niveau minimal pour chacune d'elles est
inviolable. Les libertés particulières ne peuvent être limitées que pour le bénéfice d'un
système plus global de libertés. Par exemple, si la liberté de parole est enviable, sa
complète expression nuit à la discussion. En fait : « Sans l'acceptation de raisonnables
procédures de débat, le droit de parole lui-même perd sa valeur » (Rawls, 1987, p.
203).

Premièrement, on observe que toutes les libertés de base ne sont pas comparables :
d’après Rawls, « le rôle des libertés politiques est peut-être surtout d’être un
instrument qui préserve les autres libertés » (Rawls, 1987.p 237). En effet Rawls
pense que leur première préoccupation serait de se garantir les libertés de base
essentielles à la préservation de leur intégrité et au développement de leurs facultés
morales, en particulier la liberté de pensée et d’expression, mais aussi la liberté de
conscience et l’ensemble des droits civiques et politiques qui forment le cœur d’une
démocratie constitutionnelle. Dès lors, les libertés politiques peuvent être considérées

31
comme des libertés de base en tant que moyens institutionnels essentiels pour garantir
les autres libertés de base dans le contexte d’un État moderne.

Il existe aucune procédure politique qui puisse garantir aucune législation injuste
ne soit promulguée ce qui légitime exercice de la désobéissance civile égard une loi
injuste ou d’objection de conscience au regard de la liberté de pensée. Ainsi la
procédure démocratique du vote majoritaire représente une condition nécessaire mais
non suffisante conduisant élaboration une législation juste.

La présomption que les partenaires aboutissent une législation juste peut être
renforcée en faisant hypothèse ils se conforment la hiérarchie des principes en
incorporant chaque étape constitutionnelle législative judiciaire un volume croissant
informations concernant le fonctionnement de la société étape constitutionnelle définit
la priorité de la liberté égale pour tous sur la fraternité et égalité des chances étape
législative intervient pour définir les formes politiques et socio-économiques qui
incarnent la mise en œuvre des deux principes elle prend en compte information
nécessaire sur le régime parlementaire la nature du gouvernement le système de
propriété. La dernière étape judiciaire et administrative implique une connaissance
complète des faits relatifs application de la législation et de la réglementation. Dans
tous les cas la maximisation de quelque avantage socio-économique position autorité
ou richesse ne saurait prévaloir sur la priorité accordée aux libertés de base égales tous

Il reste expliciter la mise en œuvre du deuxième principe laquelle relève des


institutions socio-économiques

II. LES INSTITUTIONS ECONOMIQUES : LA PRIORITE A LA


FRATERNITE

Dans les chapitres précédents, nous avons exposé les arguments de la procédure
avec laquelle nous pouvons formuler le premier principe de justice : le principe
d'égalité. Dans cette section, nous allons exposer. Les arguments de Rawls pour
l'établissement du deuxième principe de justice : le principe de différence. Le
deuxième principe appartient à la sphère de l'économie politique et sa tâche est de jeter

32
les bases d'un appareil de régulation censée équilibrer la dynamique de coopération au
sein de cette sphère.

Comme nous comprenons maintenant la portée du premier principe de justice, il est


évident que c'est incontournable : un second principe doit compléter le premier.
Comme l'état de l'économie nationale est pas implicite dans la position originelle, nous
devrons formuler le deuxième principe afin de jeter les bases rationnelles du
fonctionnement de l'économie à son niveau le plus élémentaire. Pour cette raison,
l'issue de la Théorie de la Justice de Rawls est une réponse à l'utilitarisme, car elle
reste la plus fondamentale structure rationnelle dans laquelle l'économie est rendue
intelligible. L'objectif de Rawls est de prendre l'utilitarisme autant que possible dans la
tentative de respecter les deux principes de justice ; le but de ceci a alors formulé un
deuxième principe de justice qui tient compte des défauts de l'utilitarisme.

Pour que la société soit réellement juste, il faut des principes de base de
cette société au préalable. Ces principes trouveraient leur application effective et
satisfaisante dans le dynamisme de la justice politique qui, lui aurait la responsabilité
d’y veiller à la lettre et à la pratique. Il faut maintenant :

« Examiner la justice politique, c’est-à-dire la justice de la constitution, et esquisser la


signification de la liberté égale pour tous pour cette partie de la structure de base. La justice
politique à deux aspects qui viennent du fait qu’une juste constitution est un cas de justice
procédurale imparfaite. En premier lieu, la constitution doit être une procédure juste qui
satisfait aux exigences de la liberté égale pour tous ; et, en second lieu, parmi toutes les autres
organisations justes et applicables, elle doit être celle qui a le plus de chances de conduire à
un système de législation juste et efficace. ». (Rawls, 1987, p. 257-
258)

Dès lors, c’est sous ces points de vue qu’il faut évaluer la justice
politique ou encore la justice de la constitution. Ainsi, cet examen de la justice
politique, ce ‘veilleur de nuit’ nécessite sa responsabilité d’accorder à chacun de ces
membres la liberté la plus grande possible, de permettre que les inégalités
économiques et sociales soient acceptables pourvu qu’elles s’inscrivent dans un
système de positions sociales également accessible à tous et, de lutter contre ces

33
formes d’inégalités : la politique fiscale (les impôts), la redistribution (les allocations),
les services publics et la discrimination positive.

Cependant, une question nous intrigue : comment la justice politique peut-elle


tenter de limiter les inégalités ? Ce faisant, si la problématique des inégalités
sociales mobilise autant d’énergies, c’est assurément parce qu’elle constitue un défi
éthique majeur inhérent au processus de la justice en milieu social. Pour Rawls, le
cadre institutionnel sur lequel débouchent les membres de la société dans l’élaboration
des repères de la justice politique n’est qu’une figure approximative d’un ordre
procédural.

En dépit de l’espoir certain que la justice politique est susceptible de susciter toute
constitution qui prétendrait à une quelconque impartialité n’aboutirait pas à cela, elle
restera empreinte d’imperfection. Nous savons que le but recherché par la justice
politique n’est rien d’autre que de trouver parmi les constitutions justes (celles qui
satisfont le principe de la liberté égale pour tous), la constitution qui a le plus de
chances de garantir les principes de base de la société. « On considère la constitution
comme une procédure juste, mais imparfaite, conçue de manière à garantir un résultat
juste dans la mesure où les circonstances le permettent. Elle est imparfaite, car il
n’existe aucun processus politique qui garantisse que les lois promulguées en accord
avec elle seront justes. Une justice procédurale parfaite ne peut être atteinte en
politique. » (J. Rawls, 1987, p. 394). Cette faillibilité intrinsèque à l’ingénierie de la
justice politique est reconnue par Rawls lui-même, mais : « il faut alors prendre des
mesures de compensation pour préserver la juste valeur des libertés politiques égales
pour tous en utilisant, dit-il, divers moyens ». (J. Rawls, 1987, p. 262). Alors, le défi
majeur qui se présente ici consiste non seulement à repenser les régulateurs ou
les moyens sociaux compatibles avec les exigences des principes de base d’évolution
de la société et susceptibles de ressouder les liens intercommunautaires au plan
sociologique, mais surtout, à favoriser au plan politique, un cadre d’une gouvernance
au service du développement et visant à densifier le socle de l’équilibre social.

Il faut réaliser une société juste où la liberté de chaque individu soit respectée, et
permettre à ce que chacun soit capable d’occuper des postes à responsabilité sociale

34
s’il le mérite. Ici, Rawls veut donner la chance à chaque individu d’occuper les mêmes
postes que ses concitoyens lorsqu’ils ont les mêmes compétences. Les fruits de cette
œuvre, qui se réaliseront certainement dans la durée, nécessitent un engagement au
niveau de l’ensemble des institutions justes, de la société civile, de la classe politique,
du secteur privé et des populations elles-mêmes.

Au-delà des moyens et des stratégies mis en place pour parvenir à un tel projet de
la justice politique et pour rétablir l’équilibre social, nous soulignons la nécessité
d’une réelle volonté de la justice politique qui sera la clé même de la réussite de la
consolidation du processus du respect sacré des libertés individuelles et de la juste
égalité des chances. C’est à cette seule condition que la justice sociale pourra se
reconstruire dans un contexte équitable des principes de base, pour une stabilité
sociale. Dans cette perspective, il faut une prise de conscience du danger qui plane
dans la société démocratique, quand on voit le degré de favoritisme et de
discrimination dans les États actuels, il est nécessaire d’interpeler les gouvernants afin
que des initiatives soient prises pour mobiliser la communauté nationale et
particulièrement les acteurs politiques, et susciter par là même une évolution
qualitative des populations. Car, en instaurant l’égalité des chances, on peut accroître
les possibilités de développement dans la mesure où les plus méritants verront
propulser vers le haut niveau le développement de leur nation, au travers de leurs
talents. Mais, ce qui est essentiel, dit J. Rawls (1987, p. 257) : « C’est que, quand des
personnes ayant des convictions différentes émettent des revendications en conflit sur
la structure de base et que celles-ci ont le caractère d’un principe politique, elles
doivent juger ces revendications d’après les principes de la justice. Les principes qui
seraient choisis dans la position originelle sont le noyau de la moralité politique. »

Rawls pense alors parvenir à une justice sociale par les principes dits
politiques choisis dans la position originelle en s’attardant ainsi sur un accord
éventuel des revendications sur la liberté et l’égalité. Il croit qu’il y a une possibilité de
trouver un consensus politique qui inclut la pluralité de ces revendications. La liberté
et l’égalité trouvent dans la pensée rawlsienne leur terre natale. Il estime qu’on ne peut
pas aliéner la liberté de l’individu. Le droit à la vie, à l’accès des positions élevées ne
sont pas aussi aliénables.
35
Pour ce faire, Rawls se tournera d'abord vers la problématique de la justice
intergénérationnelle. Il faut d'abord comprendre que la conception de l'économie chez
Rawls est contractuelle, dans la mesure où elle ne peut être établie qu'après que ses
principes fondateurs aient été convenus dans la position originelle : l'économie doit
donc se structurer autour des deux principes de justice. Ces deux principes de justice
impliquent une liste de biens premiers, qui détermine ensuite la portée et la limites de
la justice dans le contrat.

À première vue, cela peut sembler trop idéaliste : mais Rawls l'accepte car cela
nous permet d'avoir une meilleure idée de la nature du contrat lui-même. À cause de
cela, la conception politique de l'économie de Rawls est plus proche du
perfectionnisme que de l'utilitarisme, en le sens que les motifs de coopération ne
découlent pas d'une condition générale (la constitution d'utilité moyenne, par exemple)
: au lieu de cela, ils reposent sur la constitution idéale de coopération présente dans le
contrat social lui-même. Si elle n'était pas fondée sur un tel idéal, elles ont du mal à
préserver et à maintenir le contrat, car les conditions sociales générales. Sont sujets à
des changements historiques. En d'autres termes, une conception idéale de l'économie
veille à ne pas déroger aux préceptes et principes du contrat social : il n'y a pas
d'arrangement de l'économie qui puisse être accepté par Rawls s'il ne repose sur un tel
contractant. Comme nous l'avons vu, le contrat de Rawls ne concerne pas le sens de la
vie bonne, mais la règles à travers lesquelles différentes interprétations de la vie bonne
interagissent. Cela ne veut pas dire que Rawls pense que le contrat ne fait pas allusion
à une conception particulière du bien ; ça le fait, mais ça va non plus qu'une allusion,
s'empêchant ainsi de devenir une approbation pure et simple. Autrement dit, le contrat
ne peut déterminer aucune conception particulière du bien, mais il peut permettre de
voir que certains se rapprochent plus des principes du contrat que d'autres. Cela diffère
de l'utilitarisme parce que celui-ci cautionne une conception particulière du bien : c'est
un contingent l'une, dans la mesure où elle repose sur ce qui est considéré comme la
maximisation « actuelle » de l'utilité de la société.

Afin de contrer une telle contingence, Rawls vise à établir les conditions idéales
dans lesquelles tout conception particulière du bien peut trouver son sens. C'est le

36
système de règles qui façonnera conduite des personnes au sein de la société ; les gens
suivront ces règles parce qu'ils ont déjà accepté à leurs principes sous-jacents dans la
position d'origine. Le contrat de Rawls sera donc différent du l'utilitarisme parce qu'il
ne peut pas aller à l'encontre de tels principes en échange d'avantages économiques,
non quelle que soit leur productivité ou leur efficacité. C'est parce que ces principes
sont basés sur l’accord pour la distribution des biens primaires qui sont antérieurs à
l'entrée dans la société. Dans ce cas, ils sont donc antérieurs au calcul utilitaire lui-
même ; car le calcul utilitaire n'a de sens qu'une fois ces produits primaires ont été
satisfaits, il serait paradoxal de les échanger sur la base de maximiser son utilité. Pour
l'utilitarisme, la priorité des libertés et libertés se conçoit comme choix alors que pour
Rawls, ils sont donnés et donc non négociables ; en d'autres termes, ils sont conditions
dans lesquelles nos choix peuvent se présenter et par conséquent faire sens pour nous.
L'utilitarisme n'est pas considérez-les comme des conditions, car elles tirent leur utilité
du point de vue du spectateur impartial ; comme le spectateur réside « en dehors » de
ces conditions, ils ont la même valeur que tout autre bien pouvant être échangé.

Des penseurs comme Hume et Mill caractérisent ce spectateur impartial en faisant


abstraction de la société et posant la « fin » la plus générale d'une telle abstraction.
Pour Rawls, l'idée d’un tel spectateur n'est rien d'autre qu'une hypothèse standard que
l'on retrouve dans de nombreuses théories morales ; comme en fait, on peut encore le
trouver dans la plupart des philosophies morales d'aujourd'hui. Fait intéressant, ce n'est
qu’une variation de la position d'origine : la seule différence est que Rawls veut que
plusieurs individus prendre le rôle du spectateur impartial, afin de voir sur quoi ils
s'accorderont en délibération.

En ce sens, le « spectateur impartial »5 de Rawls est dialecticien, tandis que celui


de l'utilitarisme est didactique. Dans le cas de Rawls, il est tout à fait compréhensible
que deux parties opposées soient d'accord lorsqu'il s'agit à l'idée que la liberté de
poursuivre son individu se termine en fonction de ses perspectives de vie est le
fondement d'une société juste. Bien qu'ils puissent être en désaccord sur le sens de
telles fins, cela ne change rien au fait qu'ils reconnaissent le droit de chacun de se
conformer à leur propre interprétation de la belle vie. Pour Rawls, il n'y a aucune
5

37
raison de polémiquer sur le sens de certaines fins dans la position d'originelle, car nous
ne savons pas lesquelles nous adopterons éventuellement comme nôtres ; une fois les
deux principes de justice ont été établis, il n'est plus nécessaire d'en privilégier une
conception de la vie bonne sur une autre, comme nous avons déjà assuré la liberté de
l'individu à choisissez-en un en particulier comme s'il s'agissait du meilleur.

Rawls ne s'intéresse pas aux théories censées décrire l'économie complète.


Systèmes ; à ce stade, il emploie encore les outils du raisonnement économique de
base. C'est l'un des les raisons pour lesquelles il admet qu'il ne s'intéresse pas à
l'économie en soi, mais plutôt à la manière dont les arrangements économiques se
rapportent à la morale et à la justice. En ce sens, il se limite aux questions tels que
l'épargne, la fiscalité et le salaire minimum : il s'agit ici de formuler la solution
économique la plus juste disposition au lieu de la plus efficace.

Parce qu'il pense d'abord à la justice, il ne peut faire l'éloge de tous les systèmes
économiques actuels, dans la mesure où leur organisation (que ce soit en Union
soviétique ou aux États-Unis) repose d'abord sur l'efficacité. Cela ne signifie pas que
Rawls propose un nouveau système économique, car il ne s'est pas donné les outils
pour le faire : au lieu de cela, il essaie simplement de trouver une portée pour la justice
à l'intérieur d'un système économique donné.

Afin d'éviter de nouveaux malentendus, Rawls commence par faire quelques


remarques concernant le système dans le contexte de l'économie politique : il ne
s'intéresse pas seulement aux marchés, mais des institutions sociales censées les
réguler. Tout d'abord, il expliquera ce qu'est un système économique est en réalité : un
appareil qui règle les moyens et les fins de la production, ainsi que la distribution et la
redistribution globales de ce qui est produit. Le but de Rawls est de voir comment dans
la mesure où ces arrangements peuvent satisfaire les deux principes de justice ; mais
d'abord, il doit voir si c'est possible pour les satisfaire en premier lieu.

Rawls ne s'intéresse pas aux différences entre capitalisme et socialisme, mais plutôt
entre deux aspects du secteur public. Le premier aspect concerne la propriété des
moyens de la production : la différence est que dans le socialisme le secteur public est
beaucoup plus important, alors que dans capitalisme, le nombre d'entreprises publiques
38
est beaucoup plus petit. Le deuxième aspect du public secteur est la proportion des
ressources sociales totales consacrées aux biens publics, car il y a des biens qui peut
être plus demandé par certaines personnes, mais doit toujours être divisé également
pour que tous en bénéficient d'eux : puisqu'ils ne sont pas des biens privés, ils ne
peuvent être produits que pour quelques-uns qui peuvent le permettre.

Un exemple d'un tel bien est l'armée. Alors qu'une armée privée pourrait être en
mesure de protéger les rares qui en ont le plus besoin pour un prix convenable, son
efficacité n'est pas prise en compte car du fait que la protection est un bien public
auquel tous les citoyens ont droit sur un pied d'égalité. Cependant, cela révèle un
problème de biens publics : le problème de l'assurance. Alors que les biens publics
peuvent être équitablement par le biais des services publics, il n'est pas garanti que
tous les citoyens participer à parts égales au maintien de ces services.

Le problème est que si la participation augmente ou diminue, le bien fourni doit


être distribué de manière stable et régulière. Pour Rawls, cette participation doit donc
être imposée par le biais d'une obligation légale, car cela veiller à ce que la même
qualité de services publics soit offerte au plus grand nombre de citoyens, le tout en
manière juste et équitable. Le raisonnement sous-jacent est simple : alors que les
citoyens qui participent à parts égales pourraient récolter les bénéfices de ces services
de manière inégale, cette inégalité de service tend à se dissiper au fil du temps. Un
exemple en serait la privatisation des vaccinations contre maladies contagieuses. Si
elle était privatisée, les consommateurs pourraient bénéficier des vaccinations tout en
les citoyens non payants ne le feront pas ; mais si cette maladie se propage parmi ce
dernier groupe, les répercussions finiront par atteindre les consommateurs vaccinés si
la contagion n'est pas contrée dans sa totalité.

La réponse à ce problème est de rendre publiques les vaccinations afin de s'assurer


que la maladie ne suffisamment répandue pour être considérée comme une menace
pour la société dans son ensemble. Un autre exemple serait les externalités liées à la
dégradation de l'environnement : alors que les entités privées sont libres de traiter avec
leur propriété comme ils le souhaitent, ces actions peuvent conduire à la dégradation
de l'environnement en tant que dans son ensemble : les marchés ayant du mal à faire

39
face à de telles externalités, il est impératif d'assurer au moins qu'ils peuvent être
traités avant qu'ils ne causent des dommages irréversibles. L'incapacité du marché à
traiter avec de telles externalités fait partie de son caractère inhérent ; car il y a une
différence entre public et "comptabilité" privée lorsqu'il s'agit de ces questions, Rawls
accepte que nous ne puissions pas laisser tout jusqu'à la comptabilité de ce dernier

L'indivisibilité même du secteur public est ce qui lui donne son caractère « public »
: le but de l'État est de réglementer les résultats qui ne peuvent survenir que dans une
sphère aussi indivise. C'est dans le l'intérêt de chacun à participer à l'indivisibilité des
biens publics, car un manque de participation est ne fait qu'éroder le caractère
indivisible du secteur public. La base de toute convention collective se rapportant aux
biens publics doit être trouvée dans le fait que quiconque y participe aura la garantie
leur juste part : sans cela, personne n'aurait l'incitation à participer en premier lieu. Ce
peut être représenté assez précisément par le dilemme du prisonnier et ne peut donc
pas faire allusion à un solution car on doit s'attendre à ce que les acteurs à l'intérieur de
la solution se comportent d'une manière que nous ne pouvons pas garantie. Pour laisser
le marché fonctionner à sa manière, il faut donc établir un minimum forme
d'assurance.

Dans le contexte de la théorie des jeux et du dilemme du prisonnier, cela signifie


que le jeu lui-même doit au moins garantir que le résultat le moins viable ne menace
pas la structure de base de société. Si cette politique d'assurance est mise en place, les
citoyens seront encouragés à participer équitablement dans la distribution des biens
publics et garantir ainsi que les efforts individuels en vue de tels une distribution ne
sont pas en vain. La seule façon pour que cela soit possible est que le gouvernement
érige un système d'incitations et de sanctions qui garantissent qu'une forme minimale
de comportement sera assurée, même dans le pire des cas. Une fois cette assurance
établie, les citoyens peuvent se sentir à l'aise leur rôle, car ils participent au processus
même qui garantit leur égalité partagée

Que les moyens de production soient de propriété privée ou publique ne concerne


pas Rawls, et ceci pour deux raisons. La première raison est que le commerce est

40
quelque chose qui passe par sociétés différentes et implique des sociétés plus isolées
sous différentes formes de gouvernement

La deuxième raison est que le gouvernement peut passer des contrats avec les
secteurs privé et public : c'est possible parce qu'il y aura toujours une structure de
marché, car elle est conforme aux deux principes de la justice. La raison pour laquelle
le marché persistera sous le socialisme ou le capitalisme est qu'il est une condition
minimale pour une coopération libre dans la sphère économique ; en ce sens, Rawls ne
peut savoir si la force de travail sera achetée par le gouvernement ou le secteur privé,
mais plutôt reposer sur l'assurance qu'il y aura une sorte de marché du travail en place.
Les marchés remplissent exigences de justice parce qu'ils permettent la libre
concurrence pour réguler les prix, ainsi qu'une distribution efficace des biens qui y
sont produits. Afin de garantir l'efficacité principe ne dépasse pas les principes de
justice, la relation entre les travailleurs et les propriétaires des moyens de production
est plutôt déterminée sur la base de l'égalité. Alors que le gouvernement ne peut pas
fixer l'interdépendance entre ces deux classes, ils peuvent faire en sorte que les moins
privilégiés sont également en mesure de concourir sur un pied d'égalité. Comme nous
l'avons vu, cela ne peut être établi que par institutions qui sont calquées sur les deux
principes de justice : il doit y avoir une actualisation du principe de différence pour
que cela soit possible.

III. LES PRINCIPES INDIVIDUELS

Le début du chapitre 6 Rawls s'applique à l'étude des « principes du devoir et de


l'obligation naturels applicables aux individus » (Rawls, 1987, p. 375) il essai
d’analyser le principe de devoir et de justice applicable aux individus. En effet il
cherche des éléments de réponse à la question de savoir quelle est la source de nos
devoirs et de nos obligations individuelles ou encore qu’est ce qui fait qu’en tant
qu’individus nous avons le devoir ou l’obligation d’obéir, par exemple a une loi ou à
un système de principe. Rawls choisit de traiter le problème en esquissant une théorie
qu’il appelle « théorie de l’obéissance partielle » (Rawls, 1987, p. 392) qui se
concentre sur deux figures essentielles : la désobéissance civile et l’objection de
conscience

41
Rawls choisit de traiter ce problème classique en esquissant ce qu'il appelle une «
théorie de l'obéissance partielle » ((Rawls, 1987, p. 392), qui se concentre sur deux
figures essentielles : la désobéissance civile et l'objection de conscience. De l'aveu
même de Rawls, cette entreprise relève en effet de « la théorie non idéale de la justice
» (Rawls, 1987, p. 392) alors que la démarche de la théorie de la justice relève
principalement de la théorie idéale. Selon Rawls, dès qu'on s'intéresse à la question de
l'application des principes de justice, on est contraint de quitter la sphère de la théorie
idéale et de pénétrer dans celle de la théorie idéale. Il existe en effet, selon Rawls, des
contraintes structurelles qui nous obligent à reconnaître que les principes de justice,
même s'ils sont clairement connus et reconnus, ne pourront être simplement appliqués
L'une de ces contraintes structurelles, à laquelle Rawls s'intéresse dans cette partie c'est
le gouvernement par la majorité. Rawls explique qu'un gouvernement par la majorité
est « le meilleur moyen disponible pour assurer une législation juste et efficace »
((Rawls, 1987, p. 397).

Le gouvernement par la majorité est le type de gouvernement qui maximise nos


chances d'aboutir à une législation juste, par opposition à un gouvernement par la
minorité. Rawls souligne néanmoins que ce n'est pas un moyen infaillible : « Il n'est
pas du tout exact de dire que ce que veut la majorité est juste ». La majorité peut
vouloir l'injuste.

Le contexte d'une société presque juste est marqué par ce que Rawls appelle un «
conflit des devoirs » (Rawls, 1987, p. 404). Dans le cadre d'une société presque juste,
nous avons à la fois le devoir d'obéir et le devoir de désobéir. Certains principes nous
indiquent qu'il faut obéir tandis que d'autres nous indiquent qu'il faut désobéir. La
société est presque juste et, selon Rawls, nous avons le devoir de soutenir des
institutions justes. Mais cette société n'est que presque juste. Cela signifie que des
injustices, qui peuvent être graves, perdurent, injustices au nom desquelles il nous
faudrait désobéir puisque nous avons également des devoirs vis-à-vis de la justice.

Rawls va développer une conception originale de la désobéissance civile et


apporter ce faisant des éléments de réponse au problème du conflit des devoirs. Il
distingue ainsi l’objection de conscience de la désobéissance civile. En effet que tandis

42
que la désobéissance civile est nécessairement politique et publique, l'objection de
conscience est fondamentalement non politique et peut être non-publique elle n'est
publique que de façon contingente. De même la désobéissance civile est
structurellement publique et politique, l'objection de conscience n'est publique que de
façon contingente et elle est morale (c'est-à-dire non politique).

CONCLUSION PARTIELLE

En définitive, tout au long de ce chapitre il était question de présenter de manière


détaille comment Rawls met en œuvre les deux principes de la justice au sein de la
société. Ainsi niveau de la structure de base de la société fait correspondre
respectivement ces principes comme des instrument de protection de deux types de
liberté que sont la liberté politique et la liberté économique. Cependant après avoir
présenté en quoi les principes de la justice rawlsienne peuvent se matérialiser au
niveau des institutions, il est question pour nous a présent de se demander a quoi
renvoi le Bien chez Rawls ?

CHAPITRE V : RELATION ENTRE LES GRANDS PRINCIPES DE


JUSTICE ET LE BIEN INDIVIDUEL

INTRODUCTION PARTIELLE

Après avoir présenté les grands principes de justice, les institutions qu'ils exigent,
et les devoirs et obligations qu'ils imposent aux individus, Rawls aborde enfin la
question de savoir si la justice en tant qu'équité est une conception réalisable. Est-ce
compatible avec la grande variété de désirs et objectifs que les hommes ont ? Notre
nature est-elle telle que ces principes peuvent être mené à bien ? Ces principes
conduisent-ils à une société stable et sont-ils sont-elles conformes à la façon dont les
hommes voient leur propre bien ? Les principes de Rawls de justice sont provisoires :
elles sont avancées en sachant qu’ils ne sont valables que si un compte du bien
individuel montre que le les objectifs de vie et les désirs des individus prospéreront
selon ces principes.

I. NATURE DU BIEN INDIVIDUEL


43
Rawls considère le bien individuel comme un ensemble multiple et complexe
d’activités et fins. Cette complexité résulte à la fois de la grande variété des désirs et
des potentialités que chaque personne possède et à partir d'un principe de la motivation
humaine que Rawls appelle le « principe aristotélicien » :

« Je suppose que les humains ont un désir d’ordre plus élevé de respecter le principe
d’inclusivité. Ils préfèrent un projet à long terme le plus complet parce que son exécution implique
probablement une combinaison plus complexe de talent. Le principe aristotélicien affirme que toute
chose égale par ailleurs les êtres humains aiment exercer leurs talents (qu’il soit inné ou acquis) et
que plus ces talents se développent, plus elles sont complexes, plus grande est la satisfaction qu’ils
procurent(...). Et ce désir ainsi que les désirs d’ordre plus élevé d’agir d’après les autres principes du
choix rationnel est l’une des fins régulatrices qui nous pousse à la délibération rationnelle et aux
aspects de son résultat » ((Rawls, 1987, p. 455)

Non seulement le bien individuel est complexe, mais il peut être analysé et planifié
rationnellement. Il est déterminé par le plan de vie que nous voudrions adopter en
toute rationalité délibérative si l'avenir était précisément prévu et adéquatement réalisé
dans l'imagination. Le bonheur résulte de l'exécution réussie (plus ou moins) d'un plan
de vie rationnel établi dans des conditions (plus ou moins) favorables. Quelqu'un est
heureux quand ses plans vont bien, ses aspirations plus importantes s'accomplit, et il
est sûr que sa bonne fortune durera. Bien que le bien diffère selon les individus, un
plan de vie rationnel contiendra certains biens primaires qui sont uniformément
recherchés comme rationnels. Revenu et richesse raisonnable, liberté et opportunités
étendues, et le respect de soi sont des biens premiers qui s'inscrivent dans tout plan
rationnel : le respect de soi comprend la conviction de l'individu que ses buts dans la
vie valent la peine d'être poursuivis et qu'il sera en mesure de concrétiser ses buts et
ses intentions

II. LE BIEN COMME RATIONNALITE

En suite Rawls définit dans le chapitre 8 Le bien comme rationalité de la personne.


En effet le bien d'une personne est la réalisation d'un projet rationnel de vie fondé sur
ses aspirations, ses capacités et la connaissance du contexte. Cette idée de bien est
celle qui est à l'œuvre dans la position originelle. Elle détermine la notion de « biens
sociaux primaires ». Bien que la Théorie de la justice soit fondatrice de la priorité du
44
juste sur le bien, la théorie du bien s’avère principielle, dans l’élaboration constitutive
de la théorie de la justice comme équité. La théorie de la justice suppose, sans préjuger
du genre de personnes que les hommes choisiront d’être, une théorie du bien, en ce
sens que les partenaires, dans le cadre d’un projet rationnel de vie, désirent une
certaine classe de biens, pouvant inclure les fins les plus variées.

Plus précisément, la théorie rawlsienne de la justice conduit à et fonde une théorie


des sentiments moraux, laquelle se déduit de l’articulation entre une détermination
formelle du bien, d’une part, des principes de la justice, d’autre part, et enfin de
l’exigence de donner un contenu aux valeurs morales.

La théorie étroite du bien, c’est-à-dire la théorie du bien « limitée à l’essentiel », a


pour « but […] de garantir les prémisses nécessaires concernant les biens premiers
pour arriver aux principes de la justice » (Rawls, 1987, p 438). Une théorie du bien
est donc mise en œuvre par Rawls, pour fonder les principes de la justice

La détermination du bien comme rationalité ou théorie complète du bien est mise


en œuvre par Rawls, dans l’analyse de la valeur morale, pour concevoir, en particulier,
les concepts de « personne bonne » et de société bonne, à partir desquels une
intégration du souci de la justice au bien peut être pensée. Alors que la théorie étroite
du bien ne doit être utilisée que comme une partie de la description de la position
originelle, dont dérivent les principes du droit et de la justice, la théorie de la justice se
voit reliée à la théorie du bien, dans la théorie complète. Pour que le concept du bien
comme rationalité vaille pour la notion de la valeur morale, il faudra démontrer que
les vertus sont les propriétés qu’il est rationnel, pour chacun, de souhaiter chez autrui
et réciproquement « si nous appliquons cette définition, a cet exemple, cela voudrait
dire que nous disons de l’individu en question qu’il possède des attributs qu’il est
rationnel de souhaiter trouver chez un espion ou un assassin étant donne ce que les
espions et les assassin ont à faire » (Rawls, 1987, p. 445). Or la référence à une théorie
des vertus, lorsque, par exemple, l’on veut définir un bon père, un bon ami ou un bon
associé, présuppose les principes du juste1. Ainsi concernant de nombreux rôles et
emplois, les principes moraux jouent un rôle, dans l’appréciation des propriétés
souhaitées.

45
L’élucidation du concept et de la valeur de ce que Rawls appelle la « personne
bonne » constitue une étape, relative au point de vue de l’individu, dans la résolution
de la question qui nous occupe, car la personne bonne est celle qui inclut, dans son
projet rationnel de vie, la considération d’autrui et de ses intérêts. Une personne bonne
est celle qui possède, à un degré supérieur à la moyenne, les qualités que recherchent,
de manière rationnelle, les citoyens les uns chez les autres. Dans la mesure où
l’extension de cette définition du bien, au cas de la valeur morale, est rendue possible
par le recours aux principes de la justice, l’articulation entre bien et justice se trouve
reformulée. Ainsi la théorie de la justice comme équité, autrement dit, le fait que les
principes de la justice sont ceux qui seraient l’objet d’un accord, entre personnes
rationnelles, dans une situation originelle d’égalité, prépare la voie à l’extension de la
définition du bien aux problèmes du bien moral « la définition du bien est purement
formelle. Elle pose simplement que le bien d’une personne est déterminé par le projet
rationnel de vie qu’elle choisirait sur la base d’une délibération rationnelle parmi la
classe des projets ». (Rawls, 1987, p. 465) L’élaboration de la conception du bien
moral exige donc d’introduire les principes du juste et de la justice. La conception de
la justice joue alors un rôle dans l’analyse des vertus, en permettant de définir les
sentiments moraux et de les distinguer des atouts naturels. Des vertus, comme
l’intelligence et l’imagination, la force et l’endurance par exemple, sont nécessaires à
une conduite juste. Un rapport réciproque entre la justice, entendue comme conduite
juste, les principes de la justice, et les sentiments moraux s’esquisse.

La définition du bien, en tant qu’elle est formelle et renvoie simplement à une


théorie de la rationalité, est moralement neutre. En ce sens, lorsque l’on dit que
quelque chose est bon ou mauvais, cet énoncé ne comporte rien de nécessairement
juste (right), ou de moralement correct. Une fois que les principes de la justice ont été
choisis, il n’y a pas besoin dans le cadre de la théorie complète de fournir une analyse
du bien, qui force l’unanimité sur tous les critères du choix rationnel. La détermination
du bien comme rationalité ou théorie complète du bien est mise en œuvre par Rawls,
dans l’analyse de la valeur morale, pour concevoir, en particulier, les concepts de «
personne bonne » et de société bonne, à partir desquels une intégration du souci de la
justice au bien peut être pensée.

46
Ainsi la théorie de la justice comme équité, autrement dit, le fait que les principes
de la justice sont ceux qui seraient l’objet d’un accord, entre personnes rationnelles,
dans une situation originelle d’égalité, prépare la voie à l’extension de la définition du
bien aux problèmes du bien moral. L’élaboration de la conception du bien moral exige
donc d’introduire les principes du juste et de la justice. La conception de la justice joue
alors un rôle dans l’analyse des vertus, en permettant de définir les sentiments moraux
et de les distinguer des atouts naturels. Des vertus, comme l’intelligence et
l’imagination, la force et l’endurance par exemple, sont nécessaires à une conduite
juste. Un rapport réciproque entre la justice, entendue comme conduite juste, les
principes de la justice, et les sentiments moraux s’esquisse. Plus précisément, la
théorie rawlsienne de la justice conduit à et fonde une théorie des sentiments moraux,
laquelle se déduit de l’articulation entre une détermination formelle du bien, d’une
part, des principes de la justice, d’autre part, et enfin de l’exigence de donner un
contenu aux valeurs morales.

L’idée du bien comme rationalité a été appliquée, au cours de la tradition


philosophique, aux cas d’objets fabriqués, de rôles ou de valeurs non morales, telles
que l’amitié et l’affection, la recherche du savoir et l’amour du beau. Or Rawls
s’efforce d’étendre la validité de la théorie du bien comme rationalité aux personnes et
aux sociétés. La principale objection que pourrait soulever la théorie du bien comme
rationalité serait qu’elle ne puisse pas s’appliquer au cas de la valeur morale. Ainsi
lorsque l’on qualifie une personne de bonne parce qu’elle est altruiste ou juste.
Pourtant, Rawls va montrer que la théorie complète du bien comme rationalité, une
fois établis les principes du droit et de la justice, permet d’analyser ces jugements.

Rawls répond à la question d’une intégration possible de la justice au projet


individuel de vie, en développant une théorie des actes moraux (bienfaisants, altruistes,
surérogatoires), puis une théorie des vertus morales (morale surérogatoire, morale du
saint et du héros). Le projet rationnel de vie étant compris comme ce qui détermine le
bien de l’individu, un acte bon, au sens de bienfaisant, peut être défini comme un acte
que nous pouvons ou non commettre, c’est-à-dire qui n’est exigé ou interdit par aucun

47
devoir naturel, ni par aucune obligation, et qui doit favoriser et favorise le bien
d’autrui, en l’occurrence, son projet rationnel.

Une action bonne, au sens d’altruiste, se pense alors comme un acte bon réalisé au
nom du bien d’autrui. Alors qu’un acte bienfaisant favorise le bien d’autrui, une action
altruiste vient du désir que l’autre obtienne ce bien. Quand l’action altruiste apporte
beaucoup de bien à l’autre et ce, en prenant des risques considérables, par rapport à
nos intérêts au sens étroit, elle est dite surérogatoire « un acte qui serai
particulièrement bon pour autrui par exemple qui le protègerai d’un grand mal ou une
injustice est un devoir naturel qui exige un principe d’aide mutuelle à condition que le
sacrifice et le risque encourue ne soit pas trop grand. Un acte surérogatoire est donc
celui qu’accompli une personne pour le bien d’une autre personne » (Rawls, 1987, p.
478).

La définition du bien, en tant qu’elle est formelle et renvoie simplement à une


théorie de la rationalité, est moralement neutre. En ce sens, lorsque l’on dit que
quelque chose est bon ou mauvais, cet énoncé ne comporte rien de nécessairement
juste (right), ou de moralement correct. Une fois que les principes de la justice ont été
choisis, il n’y a pas besoin « dans le cadre de la théorie complète de fournir une
analyse du bien, qui force l’unanimité sur tous les critères du choix rationnel » (Rawls,
1987, p. 487).

48
CHAPITRES VI : LA CONGRUENCE (CONFORMITE) DE LA JUSTICE
COMME ÉQUITÉ ET BIEN INDIVIDUEL

INTRODUCTION PARTIELLE

Ce dernier chapitre nous permettra de comprendre que l’intégration de la justice au


bien individuel est complète et effective, lorsque le désir d’agir justement gouverne la
vie de l’individu. Il s’agit donc de comprendre comment le sens de la justice peut
gouverner la conduite des individus et en quel sens l’adoption du point de vue de la
justice est compatible avec le bien de chacun.

I. LA JUSTICE COMME BIEN

Dans Théorie de la Justice, la division entre le juste et le bien se trace le long des
frontières de la conception étroite du bien

Le chapitre 9 de la théorie de la justice est particulièrement consacrée à la


définition de la justice en rapport au bien. En effet Rawls pense que Dans une société
bien ordonnée, c’est-à-dire dans une société conçue pour favoriser le bien de ses
membres et gouvernée efficacement par une « conception publique de la justice »
(Rawls, 1987. P. 565), le fait d’avoir un sens de la justice est effectivement un bien, «
un sens efficace de la justice est une partie du bien d’un individu ». Ses membres sont

49
des personnes morales, libres et égales, et qui se considèrent comme telles. Elles ont et
sont conscientes d’avoir des buts et des intérêts fondamentaux, relativement auxquels
elles pensent qu’il est légitime d’exprimer des revendications, les uns à l’égard des
autres. Elles ont et sont conscientes d’avoir un droit égal au respect et à la
considération, quand elles déterminent les principes, qui doivent gouverner la structure
de base de leur société. Enfin elles ont un sens de la justice, qui dirige normalement
leur conduite. De plus il faut noter que Grâce au consensus par recoupement, le bien
peut maintenant être pensé dans sa dimension publique ou politique, c'est-à-dire en
tant qu'il est partagé par tous. Il est maintenant venu le temps de voir ce que cela
implique comme nouveautés théoriques.

En dernier lieu Rawls tente d’analyser la notion du Bien en effet Les individus ont
en outre besoin les uns des autres, comme de partenaires, qui s’engagent ensemble
dans des modes de vie ayant leur valeur en eux-mêmes, et révèlent ainsi la nature
sociale de l’humanité. Le bien d’autrui et le mien sont complémentaires. Ainsi « que
les autres réussissent et soient heureux est nécessaire à notre propre bien »( Rawls,
1987, p 566). Les institutions et les activités des membres d’une société bien ordonnée
constituent des biens partagés.

La problématique de la justice comme bien tend à se résoudre dans la question du


bien commun, puisque l’argumentation rawlsienne repose sur l’idée que les êtres
humains partagent leurs fins essentielles, et valorisent leurs institutions et leurs
activités communes comme des biens. Dès lors se dessine une intégration du bien
d’autrui dans ma propre conception du bien, par la médiation d’un bien commun à
tous. Ce qui est apparu comme une deuxième étape, par laquelle le bien d’autrui en
vient à être considéré comme un élément de mon bien après que la possibilité d’une
identification des intérêts d’autrui avec les miens a été établie, peut être interprétée de
deux façons, soit d’un point de vue utilitariste, établissant une complémentarité
nécessaire et vitale (dont la division du travail serait un exemple), soit au plan des
normes et des valeurs. Le second cas permet de penser une intégration du bien de
chacun dans un bien commun, dans un système dont les individus constituent des
parties.

50
L’espèce humaine est alors conçue comme formant une communauté, dont chaque
membre bénéficie des qualités et de la personnalité de tous les autres, au sein
d’institutions libres. Dans ce cadre, tous reconnaissent que le bien de chacun est un
élément d’un système, sur lequel ils sont d’accord, et qui leur apporte des satisfactions
à tous. La conception que chacun a de son bien et qui se trouve formulée dans le projet
rationnel de chacun, est « un sous-projet du projet global, qui gouverne la société, en
tant qu’union sociale d’unions sociales » (Rawls, 1987. P. 566). Il n’est alors plus
question de penser l’intégration de la justice comme composante du projet rationnel de
l’individu, où ses fins seraient premières, car le rapport du tout et de la partie se voit, à
présent, inversé. Celui-ci est conçu comme une union sociale, dans laquelle les
objectifs sont partagés et les activités communes valorisées.

La position rawlsienne peut alors être comparée à une thèse déontologique,


établissant la primauté du bien commun. Toutefois Rawls envisage la question du bien
commun, à partir de prémisses libérales, c’est-à-dire à partir de l’individu, considéré
comme être rationnel, actualisant un projet de vie personnel. Il s’agit par conséquent
de fonder et de penser une communauté, ainsi qu’un bien commun, mais à partir de
prémisses et de principes libéraux. Rawls se donne par-là les moyens de concevoir des
valeurs communes, un bien commun coïncidant avec les institutions et s’actualisant
dans l’activité collective. Dès lors, une communauté libérale se dessine. Celle-ci n’est
pas pensée relativement à une culture ou à une identité nationale, mais à partir de
l’humanité et du genre humain. De la sorte, la problématique de la justice peut, à
terme, être étendue au-delà du cadre national, dans le rapport interétatique

II. LE BIEN COMME PROJET D’UNE VIE RATIONNELLE

Rawls démontre également que la justice en tant qu'équité est conforme à la


conception du bien individuel en tant que projet de vie rationnel. Les principes de la
justice contribuent au bien individuel des membres de la société qui, lorsqu'ils
évalueront leurs plans de vie, décideront de maintenir pour montrer la congruence de
la justice rawlsienne et de la justice individuelle

Il faut de même accepter son idée d’union sociale et comprendre pourquoi les
individus participent à des groupes. Rawls rejette l'idée que l'individu participe à des
51
familles et à d'autres associations selon la norme de réciprocité uniquement comme
moyen d'obtenir une plus grande part pour lui-même et réaliser ses propres objectifs
privés. Rawls soutient que les gens participent aussi parce que les potentiels
individuels de chacun sont plus grands que ceux qu'il peut espérer réaliser » et, comme
dicté selon le principe aristotélicien, l'individu prend plaisir à réaliser les potentialités
des autres et leurs efforts pour développer et exercer leurs capacités. Leur sens de la
justice comme régulateur de leur conduite les uns envers les autres.

L'union sociale dans ce sens de sociabilité humaine est souhaitable en soi. La


société est composée de nombreuses unions sociales, et Rawls conçoit une société
ordonnée selon les principes de justice comme équité comme union sociale dans
laquelle les membres coopèrent pour réaliser leur propre nature et celle des autres.
Appliquer l'idée de l'union sociale à la structure de base de la société dans son
ensemble, nous constatons que les institutions justes sont bonnes en elles-mêmes, et
l'activité collective sous ces principes doivent être vécus comme un bien en soi. Le
désir de développer le sens de la justice et agir avec justice dans l'union sociale »
découle de part du désir d'exprimer le plus pleinement ce que nous sommes ou
pouvons être, à savoir des êtres rationnels libres et égaux avec la liberté de choisir. 38
Nous avons pleinement réalisent nos natures individuelles et notre bien quand nous
agissons non seulement dans les différents syndicats sociaux auxquels nous
appartenons, mais agissons également avec un sens de la justice au sein de l'union
sociale élargie dont les institutions sont créées conformément aux principes de justice
comme équité.

L'ordonnancement par Rawls du premier principe de justice sur le second - la


priorité qu'il accorde au principe d'égale liberté sur le principe concernant la répartition
des richesses et de l'autorité procède du besoin des individus de réaliser leurs propres
potentialités et celles des autres individus grâce à l'union sociale. Cette priorité
s'applique à des sociétés relativement bien ordonnées dans lesquelles le niveau
d'abondance nourriture, vêtements et besoins matériels est suffisante pour que seuls les
besoins les moins urgents demeurent à combler par de nouvelles avances.

52
Lorsque les besoins matériels de base sont rencontrés, l'individu poursuit
généralement des intérêts spirituels et culturels, participe aux affaires publiques et
exerce un certain contrôle sur les lois association régulatrice. Le désir des individus de
s'exprimer en union sociale libre avec d'autres augmente, et l'importance d'assurer la
liberté d'association dans les unions sociales à travers le principe de la liberté égale
croît en conséquence. De plus, à moins de souligner là l'importance prioritaire du
respect de soi découlant de l'égalité de citoyenneté sur le statut et l'estime de soi
découlant de la place d'un individu sur l'échelle du revenu et de la richesse, nous
élevons l'importance de la richesse et fixons les moyens de statut de telle sorte que le
gain de chacun est la perte de l'autre.

La nature de la relation entre les principes du droit moral et le bien individuel


établit alors la justice comme équité comme une conception plus réalisable que
l'utilitarisme ou d'autres philosophies à fin unique. Là où l'utilitarisme poursuit la
satisfaction ou le bonheur comme sa principale fin et maximise ce bien individuel pour
la société dans son ensemble son principe de justice, la justice comme équité renverse
l'ordre et reconnaît que les principes du droit se réalisent avant le bien et fournir les
paramètres à l'intérieur desquels chacun définit son propre bien. Selon cette vision, le
bien est multiple et complexe, et la théorie de Rawls ne vise donc pas à la spécification
complète du comportement, comme ont des conceptions unilatérales ou dominantes de
la justice. La conduite d'une personne est moralement correcte tant qu'il agit selon un
plan de vie rationnel régis par les principes de justice en tant qu'équité.

53
IIIE PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVE DE LA PENSEE DE RAWLS

CHAPITRE : CRITIQUE DE LA PENSEE RAWLSIENNE

Dans ce chapitre, nous voulons présenter les limites de la thèses contractualiste de


Rawls sur la question de la justice. Notre critique sera principalement centré sur les
arguments que Rawls met en place pour justifier sa théorie et aussi la validité des
principes choisie dans la mise en vue de forger des institutions justes. Dans cette
perspective nous aurons recours aux idées de Robert Nozick développé dans son
ouvrage Anarchie, Etat et Utopie qui donne une autre signification a la question de la
justice sociale.

I. LA REDISTRIBUTION COMME LEGITIMATION DE L’INJUSTICE

Le principe de différence, comme principe de répartition des ressources social


et économique soutenu par Rawls tend à favoriser une distribution inégalitaire en
s'appuyant sur une valorisation injuste de certains traits individuel et de plans de vie
particuliers. En effet dès lors que dans la position originelle vient le temps de repartir
les ressources sociales et économiques, le choix de l’indice des attentes des biens
sociaux premiers comme unité de comparaison interpersonnelle, fondée sur les besoins
objectifs des citoyens conçus comme des personnes libres et égales établit l’identité

54
quantitative des attentes des biens sociaux premiers attribués à chaque citoyen comme
borne égalitaire de comparaison pour les partenaires

En effet dans la Théorie de la justice, œuvre monumentale de Rawls, l'auteur


soutient l'idée selon laquelle les principes de justice ne doivent exister en tant que tel
que s'ils sont à la fois généraux et universels. Pour ce faire pour parvenir à cette
universalité, Rawls envisage une procédure qui repose sur deux fictions dont les idées
majeures ont été empruntées pour l’une de Jean-Jacques Rousseau et pour l’autre
indirectement à Kant et à Locke. Selon lui pour définir des principes universels, un
accord reste indispensable et il doit lier les participants de la société. Cependant pour
que le contrat soit à l’origine de ces principes de justice, Rawls imagine une procédure
originale : celle qui consiste à placer les contractants en situation originelle sous un
voile d'ignorance. Voici cette remarque de Nozick : « Rawls imagine des individus
rationnels désintéressés les uns vis-à-vis des autres se rencontrant dans une certaine
situation de choix ou détacher de leurs caractéristiques qui ne leur seront pas fournis
dans cette situation donnée » (Nozick, 1988 :236)

Selon Rawls les personnes qui élaborent les principes de justice devront être
imaginées comme étant dans l'ignorance de leur propre situation dans la société, ne
connaissant pas les talents dont la nature les a dotés et ils ignorent leur conception
même du bien. Cette ignorance leur interdira ainsi de conclure une convention à leur
seul avantage. Elle les obligera à penser pour le bien de tous car, par définition chacun
se verra ainsi contraint nécessairement de se mettre à la place de l'autre. Rawls note
que le voile d'ignorance les autorisent à créer ce qu'il considère devoir être les deux
principes de la justice sur lesquels se ferait un accord dans la position originelle à
savoir le principe du droit égal au système le plus étendu de liberté pour tous, le
principe de différence qui autorise des inégalités économiques et sociales à la seule
condition que celle-ci s'organise à l'avantage de chacun et qu'elle soit attachée à des
fonctions ouvertes à tous.

Cette démarche rawlsienne que nous venons de décrire constitue la base de la


critique de Nozick. En effet ce dernier constate que, Rolls a exclu une grande partie
des personnes dans l’établissement de la justice. C’est pourquoi il se demande ce qui

55
motive Rawls à choisir uniquement comme contractant destiné à élaborer ces principes
de justice des êtres rationnels. Ce principe de différence est une forme d'injustice
sociale.

« Un autre aspect du problème de la relation de la coopération avec de parts de


distribution nous amène à nous mesurer à la discussion véritable de Rolls. Ross
imagine des individus rationnels des intéressé les uns vis-à-vis des autres se
rencontrant dans une certaine situation, ou détachés de leurs caractéristiques qui ne
leur seront fournies dans cette situation donnée logique » (Nozick, 1988 : 236)

Autrement dit dans la prise de décision, Rawls a exclu du groupe fondateur ou


de ceux qui ont décidé les lois, les gens dépressifs, alcoolique ou présentant des
paraplégiques. Le problème que pose la conception de Rawls est de ne pas indiquer les
raisons pour lesquelles il a considéré que ces personnes anormales ne peuvent
participer à l'œuvre commune de construction des principes de justice. Dans ce cas
Nozick interroge implicitement Rawls sur sa vision étroite du raisonnable et plus
subtilement, il met en évidence le lien qui existe entre la conception rawlsienne de la
rationalité et des principes de justice qu'ils nous propose d'adopter.

En effet, pour Rawls d'une part les personnes sous voile d'ignorance ne sont pas
conscientes de leurs atouts et de leurs faiblesses, donc des problèmes moraux ou
physiques qu'elles peuvent subir et d'autre part, il souhaite essentiellement mettre en
place une théorie générale et universelle. Or celle-ci ne peut se penser à partir de
situation particulière où anormale. La question qui se pose toutefois ici et celle de
savoir si une théorie peut réellement être universelle si elle n'inclut pas en son sein des
logiques elle-même irrationnelle ou juger comme telles par la collectivité.

De même nos Nozick dénonce la confusion et le manque de clarté qu’introduit


cette théorie de la justice distributive sur le droit de chacun à procurer son dû. En effet
chaque individu devrait mériter ce qu’il obtient sans aide elle ne devrait pas se sentir
menacée dessus. La coopération sociale crée des problèmes spéciaux de justice
distributive qui autrement n'apparaissent pas ou reste vagues sinon mystérieux. Rawls
pour résoudre le problème des inégalités a mis en place le principe de différence qui
par conséquent, introduit une légitimation des inégalités si celles-ci produisent, en

56
compensation, des avantages pour chacun et en particulier pour les membres les plus
désavantagés de la société. Le premier principe de différence consiste à choisir derrière
le voile d'ignorance la position originelle de l'individu et le second prétend que la
structure institutionnelle doit être prévue de telle sorte que l'individu est le 2nd

a. Hypothèse anhistorique de la justice distributive

D’abord, la construction est incapable en principe de produire toute conception


différente de cells qu’elle produits effectivement. La théorie de Rawls est mythique,
elle ne tient pas compte de l'aspect historique de l'individu. La théorie de l’habilitation
est par contre la mieux à imposer à la justice et l'équilibre social

Aussi, le principe de la justice distributive de Rawls exclut-il l'habilitation dans


la position originelle des individus. Voilà pourquoi Nozick souligne en ce terme :

La construction de Rawls est incapable de produire une habilitation ou une conception


historique de la justice distributive. Les principes de justice, tels qu'ils sont produits par le
processus de Rawls dans lequel l'état est considéré comme une fin, peuvent être utilisés dans
une tentative de puiser lorsqu'ils sont accompagnés d'une information factuelle, des principes
d'habilitation historique, comme principe dérivatif tombant sous le coup d'une conception de
non habilitation (Nozick, 1988 : 251)

Autrement dit le processus de distribution suppose le rejet non seulement


d'indépendance de l'habilitation historique des individus mais également le fait que les
gens n’ont pas droit aux propriétés individuelles. La construction est incapable de
produire toute conception différente de celle qu'elle produit effectivement

De plus, la théorie de Rawls ne s'applique qu’à une macrostructure


fondamentale de la société toute entière. Elle exclut de ce fait les microstructures, alors
qu'il faut au contraire s'intéresser à ces micro situations dont on possède une solide
connaissance. Les microstructures forme l'élément de base de toute analyse d'une
situation. Si la justice se limite au macro structures, alors le principe de différence est
injuste. La théorie de Rawls n'est pas universellement applicable car elle ne s'applique
pas à l'individu mais, ne s'en tient qu’au groupe ou la coopération sociale.

Par ailleurs, le reproche allégué par Nozick est la responsabilité que doit avoir toute
personne de disposer de ses biens comme bon lui semble sans la moindre limite ou
57
contingence à ce sujet. A en effet la personne jouit d'une large liberté répartit à la
responsabilité de transmettre ses biens à qui le désir, que cette personne soit dans le
besoin ou qu'elle jouisse des conditions de vie des plus aisés. Les gens ne disposent
pas Les choses par hasard. Les choses viennent au monde déjà rattaché à des gens
ayant des droits sur elle. Par l'intermédiaire de l'imposition, l'état offre une image
négative à la distribution. L’imposition dans la distribution viol les droits
fondamentaux et les libertés individuelles. Le seul cas de figure où il serait possible
que cette personne puisse soumission serait celui où une partie de ses biens entrerait en
conflit avec la troisiemee règle de Nozick c’est-à-dire la réparation en cas
d'appropriation illégitime. Ce cas de figure mis à part, la propriété privée suit son cours
et la transmission s'effectue sans l'ombre d'un compromis en faveur de celui qui lègue
ses biens

II. CRITIQUE DES INSTITUTIONS DE BASE DE LA JUSTICE


DISTRIBUTIVE

La structure de la théorie de Rawls visant une coopération sociale présente un


problème. En effet dans la théorie de la justice Rawls nous dit que les structures de
base d'un système social sont définies comme la manière dont les institutions majeures
distribuent les droits ainsi que les devoirs fondamentaux et de la façon dont ils
déterminent la division des avantages de la coopération sociale.

Le libertarisme Nozickeen rejette toute théorie qui méconnaît ou qui dévalorise


le talent naturel de l'individu. Dans la formulation de sa théorie Rawls confond la
liberté naturelle à la liberté sociale. Pour lui : « Nous ne méritons pas notre place dans
la répartition des dons à la naissance, pas plus que nous ne méritons notre point de
départ initial dans la société. » Rawls 1971. Cette idée et pour nozick un obstacle à la
réalisation de la justice. Dans Aarchie Etat et Utopie, Nozick avant de montrer la
raison pour laquelle Rawls rejette le talent naturel il passe en revue la revendication de
ceux qui sont dans la position originelle.

Rawls soutient que ceux qui sont dans la position originelle doivent accepter les
inégalités social et économique. En effet , les principes qui doivent régir ce qui sont
dans cette position ne doit pas être fondé sur le talent naturel de chaque individu, mais
58
plutôt sur ce qu'ils ont choisi sous le voile d'ignorance. Les talents ou encore les dons
naturels sont contingents et n'obéissent à aucun principe moral les actifs naturels sont
arbitraires pour Rawls :

« Les dons initiaux de la nature pour les contingences de leur développement dans l'instance
son arbitraire d'un point de vue moral…. Les fort qu'un individu est désireux de faire est
influencé par ses capacités et ces talents naturels ainsi que par les possibilités qui s'ouvre à
lui. Les mieux doués ont plus de chance toute chose égale par ailleurs de faire un effort
contentieux » (Rawls théorie de la justice citée par nozick page 226)

Cette affirmation illustre dénigrement les talents naturels des individus qualifiés
comme arbitraires. Pour l’auteur de la théorie de la justice les avoirs ne doivent pas
défendre de dotation naturelles, car ces derniers sont arbitraires et immérités du point
de vue moral. C’est dire que pour Rawls la redistribution est un phénomène antérieur
aux atouts naturels. C’est dire que, pour Rawls la redistribution est un phénomène
antérieur aux atouts naturels. Puisque, « La répartition des revenus et de la richesse et
les faits cumulatifs de répartition antérieurs des atouts naturels c’est-à-dire des
talents et des dons naturels en tant que ceci ont été développés ou au contraire non
réalisé régule ainsi que leur utilisation favorisée ou non dans le passé par des
circonstances sociales et des contingence bonne ou mauvaises » Rawls 1971 page 103

Cette injustice première dans la répartition des talents et des biens sociaux, le
droit de chacun sur la totalité des actifs naturels constituent l'une des bases de la
conception Rawlsienne de la justice. Elle justifie que les plus favorisées soient
contraints par l’état a donné une part de leur bien à ceux qui le sont moins. Cette
conception de base de la personne, de ses talents et les conséquences que Rawls peut
en tirer font l’objet d’un second groupe de critiques importants de la part de Nozick. Il
la considère comme injustice arbitraire elle-même contraire au but qu'elle prétend
poursuivre.

La théorie de Rawls et fondamentalement incompatible avec les conceptions de


la justice historique fondé sur l'habilitation. En effet, la théorie rawlsienne décrit le
processus de façon abstrait, elle ne présente pas un argument déductif direct de nos
deux principes de justice à partir d'autres affirmation qui en serait à l’origine.

59
Toutefois, la théorie de l'habilitation et la théorie de la justice distributive arrive toutes
deux à un même processus. La théorie de l’habilitation explique un processus destiné a
créé un ensemble des parts. Elle est constituée de trois principes : principe de
l'acquisition, de transfert et de réparation. Ces trois principes constituent le processus
pour atteindre une fin ultime. Elle n’est pas comme les principes rawlsiens qui
considèrent l’état comme une fin en soi. Le principe de différence est organique en ce
sens que l'on peut obtenir une distribution injuste en vertu de ce principe, une
distribution dont le principe paraît juste et éliminant certaines personnes en même
temps que leurs parts de distribution. Les principes organiques mettent l'accent sur les
traits dépendant de la structure globale.

De même « Si l'on élimine D’une situation le groupe le moins loti et ses


savoirs, Rien ne garantit que la situation et la distribution qui en résultera
maximiseront la position du nouveau groupe au moins loti » (Nozick 1998 : 260). Le
principe de différence créé de ce fait deux conflits liés aux intérêts : entre ceux qui
sont au sommet et ceux qui sont à la base et entre ceux qui sont au milieu et ceux qui
sont à la base. Si ceux qui sont à la base disparaissent, le principe de différence
pourrait servir à améliorer la position de ceux qui sont au milieu qui, vont former à
leur tour un nouveau groupe a la base dont la position doit être maximisée

60
CHAPITRE : LE CONTRAT RAWLSIEN COMME UNE SOLUTION AU
PROBLEME POLITIQUE EN AFRIQUE

INTRODUCTION PARTIELLE

De prime abord la théorie rawlsienne, qui a une portée universelle, serait une
solution purement de rechange à la pensée politique des sociétés démocratiques
africaine. Elle a des réalités exposées à la pensée politique des sociétés injustes et
inefficaces. Ainsi, le défi majeur de la pensée politique moderne consiste non
seulement à repenser des régulateurs politiques compatibles avec les exigences du
nouveau contexte d’évolution de la société moderne et susceptibles de résoudre les
liens intercommunautaires, mais surtout, un cadre d’une gouvernance au service du
développement. Les fruits d’une telle œuvre, qui s’affirmeront certainement dans le
temps, nécessitent l’apport de la pensée politique rawlsienne. En outre, notre problème
relatif à l’Afrique se précise en ces termes : comment la pensée politique rawlsienne
peut-elle prônée la base d’une justice sociale ?

I. EXAMEN CRITIQUE DE L’ESPACE POLITIQUE AFRICAIN.

L’objectif de cet examen critique est de répondre à la question suivante : quel


regard faut-il porter à l’intérieur de l’espace politique africain miné d’inégalités de
toute sorte afin de permettre aux forces existantes l’apparition de nouveaux pôles ? La
61
réponse à notre question pourra se faire en examinant l’espace politique africain pour
chaque catégorie sociale des États Négro-africains ou de la modernité Négro-africaine.

Les dirigeants africains, depuis les indépendances, sont complètement désorientés


par l’avènement et la multiplicité des conflits ethniques, religieux et identitaires qui
auraient dû appartenir à un passé ancestral (lointain). Ces conflits ont fait naître des
divisions, des séparations dans toutes les couches socio-politiques. Or, il faut savoir
que

« L’homme ne vit pas isolement, mais il fait partie d’une société. Il ne faut
pas que cette société soit barbare, c’est-à-dire dans l’état de nature, mais
organisé de manière à laisser à chaque individu la faculté d’user de sa
liberté, ou si l’on veut, de réaliser sa fin morale, car c’est en cet effet de
réalisation que consiste essentiellement la liberté. » (Kant

En effet, en Afrique, l’État fonctionne en excluant un nombre élevé de


populations. Cette exclusion excessive est constatée au niveau social, politique et
surtout au niveau économique où le secteur informel est dominant. Cette domination
traduit en fait un repli d’un grand nombre de populations sur elles-mêmes pour
survivre. Ces populations créent ainsi une nouvelle conception de leur environnement
social qui se caractérise par une sorte de capital de résistance. Ce capital de résistance
qui est en fait un capital social régit la pensée de ces populations et leur donne une
autre manière de concevoir l’espace politique africain. Ce qui infecte l’espace
politique africain, car la population est souveraine.

En outre, pour cette population, l’État qui devrait pouvoir leur apporter un
minimum de sécurité et d’égalité, est lui-même en proie à des contradictions internes
qu’il a du mal à surmonter. C’est ainsi que l’Occident apparaît pour s’interférer dans la
gérance de l’espace politique d’où il se présente comme celui qui a le monopole de la
politique africaine.

L’Occident représente aujourd’hui dans le monde moderne l’Être. Et, que


les autres contrées, et surtout les pays africains ne sont que des succursales, les
différentes ramifications où cet Être se manifeste. L’Afrique n’est qu’un étant ne
recevant de sens que par le biais de cet UN et UNIQUE. L’espace politique africain est

62
influencé et manipulé par des mains exogènes. Il est très fragile au point où l’Occident
renforce toujours sa dépendance et son sous-développement. L’Occident implante du
jour au jour ses capitaux, et l’État africain est pris en otage par ces capitaux étrangers
qui organisent, orientent le système politique africain, favorisent l’injustice sociale au
mépris de la qualité de vie des citoyens. Dès lors, la société libérale occidentale,
comme le signifie J. abandonnerait : « l’idéal de la communauté politique et traiterait
la société comme un ensemble d’associations ou d’individus distincts qui ne
coopéreraient qu’en vue de leur propre intérêt, individuel ou associatif, sans partager
aucune fin ultime ». (Rawls, 1993, p. 310-311)

Dorénavant, l’intérêt occidental ordonne aux dirigeants africains qui, à leur


tour, ordonnent au peuple. L’État perd cependant sa souveraineté au profit de la
mondialisation. Les capitaux occidentaux priment sur la liberté des citoyens. Nos États
africains dits des États de droit ne sont que de simples colonies occidentales, c’est-à-
dire des territoires où les intérêts du peuple sont aliénés et soumis à ceux d’un groupe
autre que ce peuple. Et, il faut le dire, dans cet espace politique, les habitudes se sont
créées, les réseaux d’intérêts constitués.

Un certain nombre de difficultés qui a entraîné inexorablement l’impuissance et


la faiblesse de la politique africaine en sont la prise en otage du pouvoir par les partis
politiques (du parti unique au multipartisme), l’absence de vision, d’organisation‚ de
méthode et de responsabilité au sein de l’espace politique, la déviation du rôle des
forces socioprofessionnelles (religion, presse, armée, ONG, intellectuels, etc.),
consécutives à l’affaiblissement de l’État.

C’est un triste constat que les élections en Afrique entretiennent au quotidien,


l’insécurité au sein des populations africaines.

Cependant, les conflits intérieurs, causés plus ou moins par les dirigeants
africains lors des périodes électorales, ont maintenu l’Afrique dans un retard très
remarquable. Aujourd’hui, le creuset entre l’Afrique et l’Occident est très grand et
inquiétant. Les gouvernements africains ont échoué à leur responsabilité de veiller à
des règles destinées à empêcher l’abus du pouvoir monopolistique et à garantir un
cadre social sûr, abordable et fiable aux pauvres.

63
Aussi, elles apparaissent, de plus en plus, comme l’une des clefs d’explication
des crises politiques en Afrique. Certes, nous avons tendance à établir un lien
inextricable entre l’élection et la violence en Afrique. Or, ce n’est pas l’élection en soi
qui créée en elle-même la violence en Afrique. C’est plutôt la mauvaise élection.
Contrairement aux élections dites démocratiques, les mauvaises élections violent dans
leur principe et dans leur organisation, les normes internationales exigées en la matière
(liste électorale crédible, liberté de l’électeur, crédibilité de l’organe chargé de
l’organisation des élections, indépendance de la justice constitutionnelle chargée du
contentieux des élections, neutralité et impartialité des forces de défense et de
sécurité). Dès lors qu’elles enfreignent ces règles, les mauvaises élections créent des
injustices et des frustrations. Ces injustices et frustrations provoquent généralement et
inexorablement la violence électorale. Les mauvaises élections en Afrique créent
évidemment et inévitablement la peur et endeuillent de nombreuses familles africaines.
Elles sont ou constituent un facteur d’instabilité des sociétés africaines. C’est le sens
de l’impact négatif des mauvaises élections sur la cohésion et sur l’espace politique
africain. Tandis que les élections démocratiques sont libres, transparentes et sincères
dans certains pays de l’Afrique où elles ont été déroulées sans aucune violence, les
principes démocratiques régissant les élections ont été violés dans d’autres.

C’est dire que les élections en Afrique restent un exutoire de la violence, dès
lors qu’elles ne se déroulent sans effusion du sang. Ce faisant, ces élections à violence
rendent très fragile et déconstruisent l’espace politique africain. L’autre fait, c’est que
nos dirigeants africains se plaisent à abuser du pouvoir. Ils font du trône un patrimoine
éternel ou un héritage familial, où ils préparent même leurs successeurs, qui ne sont
rien d’autres que leurs fils. Ils créent ce qu’on appelle le tribalisme.

Les dirigeants politiques sont impuissants, incapables et même négligeant face à


ces faits sociaux. Et, ils se permettent de construire leurs gouvernements uniquement
qu’avec des personnes de leur tribu, de leur système politique, de leur religion, et bien
d’autres.

Un tel phénomène met en mal la cohésion sociale, la justice sociale, la stabilité


sociale, et surtout la politique africaine en particulier. L’État n’est plus ce « veilleur de
Nuit », qui dirige et coordonne toutes les actions sociales en vue d’une unité sociale où
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sont conciliées l’Amour, le respect, l’acceptation de l’un et de l’autre. Mais, il favorise
l’affrontement d’un peuple à un peuple, les désaccords et les séparations ethniques,
religieuses, etc. Par ailleurs, il nous faut jeter un regard critique nouveau sur l’espace
en
construction démocratique de l’Afrique actuelle. L’Afrique est caractérisée par une
pluralité de doctrines compréhensives, morales, philosophiques et religieuses
opposées. L’on a tendance à croire que l’Afrique n’est pas mature pour la démocratie,
et qu’elle doit s’imprégner de la politique occidentale pour s’améliorer.

L’espace politique africain manque et nécessite ainsi une responsabilité


éducative et une sensibilisation sur la question. Pour ce faire, il faut que les africains
des campagnes les plus reculés et coupés d’informations et de formations soient
interpelés et sachent de quoi on parle pour mieux choisir ce qu’on leur propose comme
modèle du cadre social pour leur mieux-être social. La possibilité pour que ces
citoyens hors du commun et de la réalité politique participent à la vie politique est
donc fonction du degré d’émancipation atteint par l’autonomie de chacun d’eux en tant
qu’acteur social.

C’est la prise de conscience et le pas vers les informations et les formations


propres à chacun qui ouvriront l’Afrique à l’émergence effective d’une libre
délibération. L’une des pierres d’achoppement que nous devons combattre à ce
processus en Afrique est surtout l’emprise des dépositaires du pouvoir politique sur la
vie publique.

Dès lors, comment concevoir un espace politique africain nouveau ou une


Afrique nouvelle sans traits apparents d’inégalités et d’instabilité sociopolitiques ? Les
déchéances politiques constatées en continent africain laissent croire à une greffe
presqu’impossible de l’émergence du continent. L’Afrique n’est pas figée, en marge
d’une révolution quelconque (industrielle, scientifique, et même politique). Elle doit
espérer et expérimenter en ce moment même à un éveil politique certes, en se
conciliant et en mettant ensemble nos forces et nos idées.

Nous devons penser et réaliser une politique africaine qui serait garant du
respect sacré des libertés individuelles et de la juste égalité des chances en vue du

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mieux-être du noir dans la perspective rawlsienne. Cependant, comment donc, en
s’appuyant sur le discours de Rawls‚ pouvons-nous envisager une alternative nouvelle
et innovatrice pour ce continent ? Tel est l’objet de notre étude dans la suivante étape
de notre travail.

II. LA THÉORIE RAWLSIENNE FACE AUX ENJEUX DE LA PAIX EN


AFRIQUE.

À la lumière des éléments qui ont contribué à fragiliser le modèle ou l’espace


africain de la politique, plusieurs initiatives ont été ou seront prises tant sur le plan
économique et politique que sur le plan social et culturel pour réconcilier les africains
entre eux et pour repositionner l’Afrique ou le continent africain dans son rôle de
leader au niveau mondial. La fracture sociale et les déchéances du système politique
africain, ont été exacerbées par la compétition politique entre les acteurs à la
succession de la présidence, depuis les indépendances des pays africains.

Les points culminants de cette fracture sociale sont marqués par les coups d’États,
les crises ou violences électorales, les abus du pouvoir. Ces pratiques dans l’espace
politique africain semblaient avoir pour objectif de reconstruire la cohésion sociale en
mettant fin aux dérives des échéances politiques constatées en Afrique, et instaurer une
plus grande ouverture dans cet espace politique en vue de redynamiser la stabilité
sociale. Cela engage la responsabilité de l’homme d’État, qui doit considérer les
gouvernés au même titre que lui, étant tous deux un idéal de la société.

« L’homme d’État est un idéal, au même titre que celui de l’individu honnête ou
vertueux. Les hommes d’État sont des présidents ou des premiers ministres qui acquièrent
cette dimension par leur autorité et leur réussite exemplaires dans leurs fonctions, en faisant
preuve de force, de sagesse et de courage ». (J. Rawls, 2006, p. 120).

La raison fondamentale en est que partout, il est question de paix ; dans les
villages, les villes ou même les campements les plus éloignés ou reculés, au plus haut
sommet des États et dans toutes les parties du monde (dans les pays développés ou non
développés), l’on ne rêve que de paix perpétuelle. Cependant, cet idéal de paix
perpétuelle est possible ou réalisable, mais il est mieux et important de faire en sorte
que cette paix se concrétise dans les actes humains. Confère Federico MAYOR,

66
(UNESCO, le 12 Mai 1998) que « la notion de la culture de la paix puise son symbole
dans le fait qu’une paix durable n’est pas l’absence de guerre, mais un processus
dynamique fondé sur des principes démocratiques ».

Ce faisant, l’État africain, détenteur de la force légitime, a l’impérieux devoir, dans


l’impartialité, la justice‚ l’équité, l’objectivité et le respect des droits de l’homme et de
l’égalité entre les citoyens, d’exercer une autorité ferme pour assurer la régulation
sociale au bénéfice de l’ensemble de citoyens. Tous les citoyens sont demandeurs
d’autorité et de sécurité pour progresser et s’accomplir, mais plus, ils ont besoin de la
paix ou de la justice de paix pour un vivre ensemble effectif et pacifique. D’où la
morale kantienne devient ainsi une « morale du devoir » (E. Kant, 1795, p. 56). Ce qui
est l’objet du combat politique de Rawls, ‘’le devoir

Il conviendrait toutefois que cette autorité soit éclairée et souveraine. Il s’agit ainsi
d’un processus pédagogique à mener avec subtilité et délicatesse, et en profondeur, en
vue du raffermissement des bases d’une évolution sociétale harmonieuse et prévisible.

La réforme administrative proposée devrait permettre avec des acteurs


responsabilisés, d’assurer davantage l’efficacité, la pertinence et l’utilité de l’action
publique, pour de meilleures réponses aux préoccupations des citoyens, notamment en
matière de justice, de sécurité et encore plus de paix durable. Elle s’inscrit dans une
logique de modernisation de l’espace socio-politique à l’écoute des citoyens, finalité
de toute politique de légitimité et de renforcement de la cohésion sociale et de la
stabilité sociale.

En effet, pour construire un avenir africain sur la paix durable, c’est aujourd’hui
qu’il faut, dans la sagesse et avec détermination, engager des réflexions sur les
paramètres fondamentaux de la compétitivité tels que : le rapport au temps, au travail,
à l’argent, la vision du monde, l’aménagement de l’espace politique et du cadre de vie
sociale, bref la conception africaine de la vie dans un environnement mondial en
mouvement. C’est ainsi que E. Kant (1795, p. 71) nous demande de rechercher «
premièrement le règne de la raison pure et sa justice et votre but (le bienfait de la paix
perpétuelle) vous reviendra
spontanément ». Ainsi, la recherche du règne de la raison pure doit être pour tous les

67
hommes, non seulement le citoyen mais aussi pour l’homme politique, un devoir pour
que se réalise la paix durable. Donc la recherche de paix perpétuelle se veut un devoir
qui doit interpeler plus les États africains pour un développement durable et une
stabilité sociale.

Le rôle du pouvoir politique est alors déterminant à cet égard pour la promotion
d’une nouvelle représentation sociale et culturelle. La société ne retrouvera son
équilibre et la paix durable que par l’équilibre et la stabilité de l’État. C’est lui qui doit
donner à la société la volonté de revivre par la garantie de la paix durable. C’est ainsi
qu’une approche rawlsienne désormais focalisée sur l’Afrique est nécessaire. Toute
solution face aux enjeux de la paix en Afrique doit donc être recherchée par une large
concertation, soutenue par la formation et la communication, pour réaliser le
consensus nécessaire au partage des objectifs et des efforts.

Dans ce sens, ne serait-il pas assez préoccupant d’analyser la réalité africaine avec
Rawls, et surtout de sa théorie qui donnerait une solution assez systématique à la
politique africaine, et particulièrement aux enjeux de la paix dans la modernité Négro
africaine ? Ce faisant, la théorie rawlsienne sera une théorie incontournable qui
apportera une contribution assez significative aux préoccupations sociales et politiques
touchant la question de la paix en Afrique. Son objectif est d’élaborer cette théorie de
la justice qui soit une solution de rechange du système politique africain afin de
favoriser une paix durable. Ainsi, il s’agit ici, avec Rawls, d’instaurer une justice de
paix en Afrique. Il faut amener la société africaine à s’investir principalement,
profondément et essentiellement dans la recherche de la culture de la paix durable à
travers la réalisation d’un équilibre entre les acteurs politiques et les citoyens. « Ce
que l’on peut faire d’en haut et que l’on devrait toujours faire, ce qui incombe à tout
gouvernement, c’est d’essayer d’instaurer (…) » la paix perpétuelle qui soit concrète
dans les actions humaines. (Karl Popper, 1993, p. 62).

Une telle initiative nécessite au préalable de créer une coopération sociale qui
serait le début d’une quête garantie de la paix dans la modernité Négroafricaine.
Aux dires de J. Rawls :

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« (…) une société qui satisfait les principes de la justice comme équité se rapproche
autant que possible d’un système de coopération basé sur la volonté, car elle satisfait
les principes mêmes auxquels des personnes libres et égales donneraient leur accord
dans des circonstances elles-mêmes équitables ». (1987, Rawls, p. 39)

C’est à une telle condition que les sociétés africaines parviendraient à une
justice de paix. Cette coopération voudrait signifier un effort de vivre ensemble, de
communiquer et de cohabiter, même d’échanger pour décider et promouvoir un
meilleur futur social basé sur des fondements de la justice de paix. Pour ce faire,
s’agirait-il peut-être de se faire violence sur soi-même et à soi-même pour retrouver sa
propre dignité d’homme libre.

Mais, comment la retrouver si elle est chaque jour perdue quand la société
et le pouvoir politique tiennent si peu compte de l’existence des ‘droits de l’homme’,
au point même de les violer. Il faut pouvoir bénéficier du droit à la vie, à la parole, aux
besoins vitaux, ce qui n’est pas chose totalement évidente en Afrique.

Ce faisant, la culture de la justice de paix a beau être un projet louable en


Afrique, aucune paix, même efficace et durable ne peut être cultivée en dehors du
strict respect des droits de l’homme (droit de vivre, de parler et de penser), des droits à
la sécurité, des droits d’habiter en humain quelque part dans la société civile. C’est
pourquoi, pour confirmation, J. Rawls va signifier que : « chaque personne possède
une inviolabilité fondée sur la justice, qui même au nom du bien-être de l’ensemble de
la société, ne peut être transgressée » (Rawls,1987, p. 29-30)

Ceci voudrait dire que dans les perspectives d’une justice de paix dans la
modernité Négro-africaine, les droits de l’homme, et surtout inviolable doit être au
cœur d’un tel projet de paix durable. Cependant, la modernité Négroafricaine
caractérisée par la culture de la justice de paix, par le droit et la justice doit dépendre
du développement d’un État souverain fondé sur la loi et des principes de base de la
société. Si la paix est fille de la justice sociale, c’est sous l’effet de la violence et de la
contrainte qu’elle est née.

Par ailleurs, il faut dire qu’une renaissance africaine doit être amorcée avec la
tenue des rencontres et des échanges entre les tenants du pouvoir et les citoyens pour

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penser ensemble et unanimement la meilleure gouvernance possible de l’ordre socio-
politique en vue d’une paix évidente durable en Afrique. Avec Rawls, nous pouvons
dire que la paix est fille de la justice sociale, car une société juste (équitable) dit-il, est
celle qui rend les relations humaines plus cohésives et stables. D’où affirme-t-il en ces
termes : « la justice est la première vertu des institutions sociales (…) ». (J. Rawls,
1987, p. 29).

Il faut, selon Rawls, que ces institutions soient régies par les principes de la
justice sociale pour plus de vigueur et de garantie (pour la paix en Afrique). Pour J.
Rawls : « l’objet premier auquel s’appliquent les principes de la justice sociale est la
structure de base de la société, c’est-à-dire l’organisation des institutions sociales
majeures en un seul système de coopération » (Rawls 1987, p. 85). Laquelle structure
de base qui sera mise en place pour coordonner, veiller au maintien et à la mise en
forme de la paix.

La question de la justice de paix en Afrique doit interpeler tout le monde,


même les citoyens des campagnes les plus reculés et coupés de toute réalité sociale de
ce qui est de l’émergence du territoire. Ce faisant, il faut une communication, une
sensibilisation à la culture de la justice de paix. Les journées internationales et
nationales de la paix doivent être portées aux intérêts de tous et célébrées comme il le
faut par tous et avec tous. Il faut plus œuvrer pour le retour et le maintien de la paix
durable, condition nécessaire à tout projet de reconstruction durable et de l’émergence
effective de l’Afrique.

C’est à cette seule condition que de véritables stratégies de reconstruction et de


réconciliation pourront être mise en place, dans un contexte de paix durable, de
cohésion sociale pour un développement durable en Afrique. L’idée de paix et de la
culture de la paix doit être partagée donc entre tous les citoyens, et être pour eux un
projet d’une meilleure vie communautaire future. Elle doit être au cœur et dans les
actions de tous les jours de l’Africain, car l’homme est un être libre, et qui ne saurait
se réaliser que dans la paix, et laquelle paix qui est équitable.

Pour ce faire, réintégrons l’homme dans ce que Rawls appelle la ‘position


originelle’ pour mieux se préparer et se garantir un avenir de paix durable où acteurs

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politiques et citoyens jouissent de leur liberté et des privilèges de leur temps. Comme
le dit-il J. Rawls (1987, p. 44) : « la position originelle représentait le statu quo initial
adéquat qui garantit l’équité des accords fondamentaux qui pourraient y être conclus
», dans les perspectives d’une culture de la justice de paix entre citoyens d’un même
pays, et entre citoyens de tous les pays du monde.

CONCLUSION PARTIELLE

Notre troisième et dernière partie a pour titre : John Rawls et la pensée politique
moderne ; apport et rapport. Il est ici d’un enjeu qualificatif de mettre en perspective la
pensée politique moderne que nous vivons à la lumière du projet politique de Rawls.
En effet, comme une terre reçoit une semence, la fait sortir, germer et fructifier, ainsi,
la théorie de Rawls qui a une portée universelle apporte une solution purement
systématique de rechange à la pensée politique moderne. La théorie de Rawls d’où la
justice comme équité vient rectifier et modifier la conception traditionnelle erronée et
dominante, depuis longtemps, du système politique des sociétés Négro-africaines. La
pensée politique de Rawls vient construire et rétablir plusieurs fondements de la
pensée politique moderne jusque-là, et fixer des objectifs pour élaborer de nouvelles
bases de l’éthique sociale. Il dit à propos : « je présente l’idée principale de la justice
comme équité, théorie de la justice qui généralise et conduit à un plus haut niveau
d’abstraction la conception traditionnelle du contrat social ». (J. Rawls, 1987, p. 29).
De ce fait, nous pouvons dire que Rawls modifie aujourd’hui cette vaine manière, sans
changement véritable, de concevoir l’éthique sociale. Rawls veut amener les sociétés
Négro africaines à espérer et à expérimenter une émergence radicale du continent
africain.

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CONCLUSION GENERALE
L’apport philosophique de Rawls à la compréhension du concept de justice en
société aura donc révélé que cette notion est et se doit d’être l’objet d’une attention
plus particulière dans les débats interdisciplinaires. En effet, de tous ceux, depuis
l’Antiquité qui, avant Rawls, ont eu à aborder cette question, jamais personne n’a eu le
mérite et l’audace d’accorder à la notion de justice en société, une telle destinée
sociale. Il a fallu Rawls pour servir de passeur à la justice sociale, afin de faire passer
et parvenir la notion de l’autre côté du rivage de la pensée politique moderne. La
pensée politique moderne a reçu un changement, une révolution assez systématique à
partir de Rawls. Ce qui répond fidèlement à son objectif qui est donc de présenter : «
une conception de la justice assez systématique pour pouvoir se substituer à
l’utilitarisme dont une forme ou une autre n’a cessé de dominer la tradition de la
pensée politique (…) » moderne. (J. Rawls, 1987, p.29). Cette nouvelle vision s’inscrit
dans la doctrine traditionnelle du contrat social, qui, à son tour, servira de fondement à
la contribution de Rawls à l’évolution et à la redynamisation de l’ordre social actuel.
Sa pensée politique, Rawls l’aura consignée, entre autres, dans son idée d’une société
juste au point de vue sociétale ainsi que dans son projet de développement durable et
de justice de paix perpétuelle. Rawls fonde ainsi sa théorie de la justice sur la notion
d’équité, qui en fait sa spécificité et son originalité

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