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Question de philosophie morale et légitimité du pouvoir

politique

Introduction
La philosophie morale est un domaine de la philosophie qui a pour objet de déterminer la
finalité et les buts des actions humaines. Elle est en recherche de la meilleure morale, une
morale qui n’est pas seulement un ensemble de règles ou de normes, mais qui prend surtout
en compte le bien et le mal. Ce concept de la morale constitue l’un des principes de la
légitimité du pouvoir politique, dans la mesure où le pouvoir politique doit être exercé dans
l’intérêt du bien commun et du bonheur des citoyens, et cela en respectant les principes de
vertu et de moralité. Ainsi, le problème fondamental ici se pose sur la question de la
philosophie morale et de la légitimité du pouvoir politique. Il convient alors d’entamer un
cadrage notionnel sur la philosophie morale en se référant à Kant et à John Locke. Puis de la
légitimité du pouvoir politique selon les pensées d’Aristote ainsi que celle de Jean Jacques
Rousseau. Et enfin terminer sur la question de la philosophie morale et la légitimité du
pouvoir politique en se référant à ARENDT et MILL.

I- Cadrage notionnel

1- Philosophie morale

 KANT :
La philosophie morale de Kant met l'accent sur les principes moraux universels et rationnels
basés sur le respect du devoir et de la raison, plutôt que sur les conséquences des actions.
En effet, elle repose sur plusieurs concepts fondamentaux, entre autres le devoir
catégorique exposant certaines actions qui sont moralement obligatoires en soi, l'impératif
catégorique qui commande d'agir selon des maximes, la bonne volonté, la dignité humaine
et le respect de l'autonomie morale.
"Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la
personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement
comme un moyen.''
-Kant, « Fondements de la métaphysique des mœurs », 1785.

 John Locke :
Locke développe une perspective complexe de la philosophie morale, intégrant des
éléments d'empirisme, de rationalisme, de contractualisme, ainsi que de droit naturel, et
influençant de manière significative le développement ultérieur de la philosophie morale
occidentale. Dès lors, la philosophie morale de Locke repose sur plusieurs concepts,
notamment la conviction que les individus possèdent des droits naturels, tels que la vie, la
liberté et la propriété. De plus, John Locke soutient que la moralité des actions est fondée
sur la raison, et que l'esprit perçoit des idées morales acquises par la réflexion. Ainsi, il
insiste sur le respect des droits individuels, le consentement mutuel dans les relations
sociales, et il estime que le gouvernement devrait protéger ces droits plutôt que les violer.
Sa perspective morale contribue à la théorie du contrat social afin de garantir les droits
naturels des individus.
''Le but principal de la loi est de garantir et de protéger la propriété, et c'est pour cela que
les hommes se réunissent en société. [...] La liberté n'est pas, comme nous le disent certains,
l'absence de toute contrainte sur les actions des hommes, mais plutôt la possibilité pour
chacun de disposer de sa personne, de son travail et de sa propriété, comme il lui plaît, dans
les limites permises par la loi naturelle."
-John Locke, « Traité du gouvernement civil », 1689, Awnsham et John Churchill, Londres.

2- Légitimité

 KANT :
Selon Kant, la légitimité dépend de la conformité des lois et des institutions avec le concept
de la volonté générale, qui est une volonté rationnelle et morale guidée par des principes
moraux universels. Étant donné que ces derniers visent à promouvoir le bien commun,
l'égalité devant la loi et la liberté individuelle, ils doivent être acceptés par tous les membres
de la société. De ce fait, une action est légitime si elle peut être généralisée sans
contradiction et respecte la dignité humaine.
''L'autorité de l'État repose sur la souveraineté du peuple, c'est-à-dire sur la volonté générale
du peuple."
-Kant, « Doctrine du droit », 1797.
 John Locke :
Selon Locke, la légitimité repose sur le consentement des gouvernés. Pour lui, les individus
naissent libres et égaux. En effet, John Locke développe la notion de contrat social,
suggérant que les individus acceptent d'obéir au gouvernement en échange de la protection
de leurs droits naturels. Si le gouvernement échoue à assurer ces droits fondamentaux, les
individus conservent le droit de contester ou de renverser ce gouvernement, soulignant ainsi
l'importance du consentement et la protection des droits individuels dans la légitimité
politique.
''Le pouvoir politique, je le déclare, est fondé sur le consentement des hommes ; celui qui
gouverne sans cela ne fait rien d'autre qu'un usurpateur."
-John Locke, « Deux Traités sur le gouvernement civil », Deuxième Traité, § 168.

3- pouvoir politique

 KANT :
Dans la philosophie morale et politique de Kant, le pouvoir politique doit être légitime, basé
sur la primauté de la loi qui est établie de manière juste et équitable, ainsi que sur un
contrat social volontaire où les individus cèdent une partie de leur liberté en échange de la
sécurité et de la justice. Mais aussi, il préconise une séparation claire des pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire, afin d'éviter les abus de pouvoir. Le pouvoir doit ainsi être exercé
conformément à des lois morales, visant le bien commun et respectant la liberté
individuelle.
"Le droit politique est le droit de citoyenneté, c'est-à-dire le droit de tout citoyen d'exercer
son activité à l'intérieur des limites des lois générales et publiques qui assurent à chacun sa
liberté de la façon la plus grande possible compatible avec la liberté des autres."
-Emmanuel Kant, « Doctrine du droit », 1797.

 John Locke :
Locke défend la théorie selon laquelle le pouvoir politique légitime doit être limité et justifié
par le consentement des gouvernés. Il distingue l'état de nature, où les individus ont des
droits naturels, et l'état civil, où ils forment un gouvernement par consentement mutuel afin
de protéger ces droits. Certes, la limitation du pouvoir gouvernemental et la séparation des
pouvoirs visent à assurer un équilibre de pouvoir et à protéger les droits individuels. Le
pouvoir politique, pour Locke, doit cependant servir le bien commun en préservant la vie, la
liberté et la propriété des citoyens. En cas d'abus ou de non-protection de ces droits, les
individus ont le droit de se rebeller contre le pouvoir injuste.
"Étant tous égaux et indépendants, personne ne devrait nuire à autrui dans sa vie, sa santé,
sa liberté ou ses possessions."
-John Locke, « Deux Traités du Gouvernement Civil », Chapitre II, Section 6, 1689.

II- Légitimité du pouvoir politique

1- Aristote :
Aristote met en avant l'idée que le pouvoir politique doit être exercé dans l'intérêt du bien
commun et du bonheur des citoyens, tout en respectant les principes de vertu et de
moralité. Pour lui, la légitimité du pouvoir politique repose sur plusieurs notions, entre
autres les différentes formes de gouvernement, y compris la monarchie, l'aristocratie et la
démocratie qui cherchent le bien commun. Mais aussi, Aristote soutient que le meilleur
gouvernement est celui qui vise le bien de la communauté dans son ensemble, favorisant
ainsi la vertu et la prospérité. Il met également en garde contre la dégénérescence de ces
formes en tyrannie, oligarchie et démocratie corrompue, soulignant l'importance d'un
leadership vertueux pour maintenir la légitimité du pouvoir politique.
"Le bien d'un individu isolé est moins important que celui d'une communauté entière, car
l'existence de chacun dépend de celle de tous."
-Aristote, « La Politique ».

2- Jean Jacques Rousseau :


Rousseau soutient que le pouvoir politique tire sa légitimité du consentement libre et
volontaire des gouvernés. La légitimité du pouvoir politique, selon lui, découle également du
contrat social, où les individus renoncent à une partie de leur liberté en faveur de la
protection et de la stabilisation offertes par l'État. La volonté générale, représentant l'intérêt
commun, devient la source ultime de légitimité. Rousseau souligne également l'importance
de l'égalité politique et de la participation démocratique afin de garantir la légitimité du
pouvoir, insistant sur la souveraineté du peuple comme fondement de la légitimité politique.
"Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême
direction de la volonté générale ; et nous recevons encore chaque membre comme partie
indivisible du tout."
-Jean-Jacques Rousseau, « Du contrat social », Livre I, Chapitre VI, 1762.

III- Question de philosophie morale et légitimité du pouvoir politique


1- ARDENT :
Arendt explore comment la responsabilité individuelle, la liberté politique et la participation
publique contribuent à la légitimité du pouvoir politique, en mettant en garde contre les
dangers de son abus. Elle souligne l'importance de l'action politique collective pour la
légitimité. Non seulement elle met en avant la nécessité pour les individus de penser par
eux-mêmes et d'assumer la responsabilité de leurs actions, mais elle étudie aussi la relation
complexe entre liberté individuelle et autorité politique. En outre, elle analyse les
mécanismes du pouvoir et les dangers de la domination totalitaire, mettant en garde les
formes extrêmes de pouvoir qui nient la dignité humaine.
"Le monde a toujours été gouverné par des politiciens, et jamais par des philosophes. [...]
Les philosophes se sont toujours préoccupés des conditions sous lesquelles les hommes
libres vivent ensemble, et ont rarement trouvé que leur réflexion avait quelque chose à voir
avec ce qu’on appelle l’État."
-Hannah Arendt, « L’origine du totalitarisme », 1951.

2- MILL :
La philosophie morale et politique de John Stuart Mill repose sur la liberté individuelle, les
droits de l'homme et le rôle du gouvernement dans la société. Il considère que la légitimité
découle de l'utilité maximale pour le plus grand nombre. Mill soutient aussi que le pouvoir
politique ne devrait intervenir dans la vie des individus que pour prévenir des dommages
envers autrui, et non pour restreindre les actions qui nuisent pas à autrui. Ses idées sur la
liberté individuelle comme étant essentielle au bien-être et au progrès de la société, et de
l'utilitarisme qui est une théorie éthique selon laquelle les actions sont moralement justes
dans la mesure où elles tendent à produire le plus grand bonheur pour le plus grand nombre
de personnes, ont une influence considérable sur la philosophie morale et politique.
"La seule liberté qui mérite ce nom est celle de poursuivre notre propre bien à notre
manière, tant que nous ne tentons pas d'entraver la liberté similaire d'autrui."
-John Stuart Mill, « De la liberté » (On Liberty), 1859.

Conclusion
Les perspectives varient, allant du consentement individuel à la souveraineté populaire et à la
moralité universelle pour déterminer la légitimité du pouvoir politique selon les philosophes
moraux.

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