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Victor Béguin
© Centre Sèvres | Téléchargé le 24/05/2022 sur www.cairn.info par via Université de Caen (IP: 194.199.240.120)
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2022-2-page-131.htm
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L a ratio, transposée dans l’allemand Grund, est l’un des concepts fondamen-
taux de la métaphysique classique 1 ; et l’exigence de rendre raison de toute
chose en la reconduisant à son fondement suffisant paraît, de même, caracté-
ristique d’une certaine figure classique du rationalisme. Il semble donc natu-
rel que Hegel se confronte, dans la Science de la logique, à cet héritage, lui qui
entend construire une nouvelle logique permettant d’« occuper la place de
l’ancienne métaphysique 2 » pour, en quelque sorte, réaliser le projet de cette
dernière avec de tout autres moyens que ceux, inadéquats, qu’elle a employés
en son temps. L’objectif du présent article est d’étudier la manière dont cette
confrontation se déploie dans les développements qu’il consacre à la caté-
gorie logique du fondement (Grund). Outre les textes publiés de la Doctrine
de l’essence et des trois éditions de l’Encyclopédie, la base documentaire sur
laquelle peut s’appuyer une telle étude a été récemment augmentée de nom-
breux cahiers d’auditeurs documentant les différents cours sur la logique
professés par Hegel au fil de sa carrière. Si leur degré de fiabilité est évidem-
ment inférieur à celui des textes autorisés par Hegel, ces documents n’en de-
meurent pas moins précieux, à la fois parce qu’ils proposent de nombreuses
formulations alternatives éclairantes, et parce qu’ils permettent à l’occasion
de mieux cerner les enjeux d’une analyse développée dans des textes d’une
difficulté remarquable.
L’objectif de notre travail est double. Il s’agit de proposer, à partir de l’en-
semble des textes disponibles, une caractérisation du concept hégélien de
fondement ; mais aussi d’étudier, sur un cas précis et à certains égards para-
digmatique, la manière dont la logique hégélienne – et en particulier celle
1. Voir Vincent Carraud, Causa sive ratio. La raison de la cause, de Suarez à Leibniz, Paris, PUF, 2002.
2. GW 21, p. 48 ; trad. SL I, p. 74. 131
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La catégorie de fondement est, dans la Doctrine de l’essence aussi bien que
dans la logique encyclopédique et les leçons, entièrement reconstruite à par-
tir des déterminations de réflexion (qui explicitent elles-mêmes la réflexion
pure) : elle est à la fois la dernière de ces déterminations, leur résultat et leur
Aufhebung 4. Avant d’expliciter ce point, on peut donc partir du fait que Hegel
reconstruit la notion de fondement en la déterminant comme la vérité de la
réflexion. Que veut dire en général fonder ? C’est réfléchir au sens véritable du
terme, ou plutôt, c’est constater que la chose elle-même ne se contente pas
d’être, mais que la vérité de son être est la réflexion, la négation de soi. Et par
« réflexion », il faut ici entendre la totalité du développement de la réflexion
par elle-même tel qu’il s’est exposé dans les moments précédant l’analyse du
3. L’analyse proposée a tiré profit de plusieurs contributions à l’analyse de la catégorie hégélienne
de fondement, sans qu’elles aient pu être discutées en détail dans la présente étude, parmi lesquels
on peut notamment citer : Peter Rohs, Form und Grund. Interpretation eines Kapitels der hegelschen
Wissenschaft der Logik [1969], Bonn, Bouvier Verlag, 31982 ; Béatrice Longuenesse, Hegel et la critique
de la métaphysique, Paris, Vrin, 1981 ; Joël Biard et al., Introduction à la lecture de la Science de la
logique de Hegel, Paris, Aubier Montaigne, t. II, 1983, p. 102-156 ; Christian Iber, Metaphysik absoluter
Relationalität, Berlin, De Gruyter, 1990, p. 491-498 ; Pirmin Stekeler-Weithofer, Hegels analytische
Philosophie, Paderborn, Schöningh, 1992, p. 250-257 ; Gerhard Martin Wölfle, Die Wesenslogik in
Hegels Wissenschaft der Logik, Stuttgart-Bad Cannstatt, frommann-holzboog, 1994, p. 243-277 ; Günter
Kruck, « Die Logik des Grundes und die bedingte Unbedingtheit der Existenz », in A. F. Koch, F. Schick
(dir.), G. W. F. Hegel. Wissenschaft der Logik, Berlin, Akademie Verlag, 2002, p. 119-140 ; Diogo Ferrer,
« Hegels Begriff des Grundes », in E. Ficara (dir.), Die Begründung der Philosophie im deutschen Idealismus,
Würzburg, Königshausen & Neumann, 2011, p. 273-284 ; Bernard Mabille, « En quel sens Hegel est-il
philosophe de l’identité ? », Teoria 23, 2013, p. 213-231 ; Claudia Wirsing, « Grund und Begründung.
Die normative Funktion des Unterschieds in Hegels Wesenslogik », in A. F. Koch, F. Schick, K. Vieweg,
C. Wirsing (dir.), Hegel – 200 Jahre Wissenschaft der Logik, Hamburg, Meiner, 2014, p. 135-178 ; Eadem,
« Die Realität des Grundes. Zur Logik des Grundes in der Wesenslogik », in A. Arndt, G. Kruck (dir.),
Hegels “Lehre vom Wesen”, Berlin-Boston, De Gruyter, 2016, p. 81-93 ; Michael Quante, « Die Lehre
vom Wesen. Erster Abschnitt. Das Wesen als Reflexion in ihm selbst », in M. Quante, N. Mooren (dir.),
Kommentar zu Hegels Wissenschaft der Logik, Hamburg, Meiner, 2018, p. 275-324.
132 4. Voir GW 11, p. 291 ; trad. SL II, p. 75.
La logique du fondement selon Hegel
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le terme de fondement 7 ». Cette signification est tendue entre les pôles de
la base réelle et de la raison d’être : le terme « fondement » renvoie à la fois à
l’essence, la vérité interne de la chose, et à la base sur laquelle elle repose, et
semble donc comporter fondamentalement l’idée selon laquelle l’essence de
la chose se trouve dans autre chose qu’elle-même. Or c’est là tout l’enjeu concep-
tuel de la théorie hégélienne du fondement, et on peut reconnaître une
fois de plus que Hegel ne se paie pas de mots lorsqu’il prétend prélever dans
l’usage ordinaire du langage des termes qui enclosent quelque chose de la
vérité du concept 8.
La structure du fondement, ainsi énoncée, s’avère d’emblée plus dévelop
pée que celle des moments examinés auparavant par Hegel. En effet, la
réflexion en tant que telle est un pur mouvement de rien à rien, sans termes
(on pourrait dire aussi : une structure tellement abstraite qu’elle ne définit
même pas de termes dont elle serait la mise en rapport). Les déterminations
de réflexion, quant à elles, sont bien des déterminations, en tant que telles
relativement autonomes, mais, bien qu’elles soient des figures relatives qui
comprennent leur autre en elles-mêmes, elles s’avèrent opposées et contra-
dictoires. Et le fondement est alors leur compénétration, leur sommation
5. E, § 121. Ici et par la suite, tous les soulignements sont de Hegel.
6. Cours sur la logique de 1824, Nachschrift Correvon, GW 23,1, p. 276.
7. Cours sur la logique de 1825, Nachschrift Kehler, GW 23,1, p. 355. Cf. cours sur la logique de 1831,
Nachschrift K. Hegel, GW 23,2, p. 753 : « [Le] fondement est identité, mais aussi bien différence. Le
fondement et le sol sont ce qui est identique à soi, mais [le] fondement d’une maison est cet élément
fixe, qui n’est cependant pas [un] abstrait, un non-étant, au contraire le fondement soutient aussi la
maison : la maison est ce qui sort du fondement, c’est un acte de différencier et une opposition. Nous
avons cette détermination dans notre représentation habituelle. C’est quelque chose, dans la mesure
où ce n’est pas le fondement, c’est son autre. » (trad. LL 1831, p. 137, ponctuation modifiée en fonction
du texte des GW).
8. Voir GW 12, p. 130 ; trad. SL III, p. 171. 133
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de l’exposé hégélien sur le fondement, comme on le voit notamment dans les
cours. Le fondement est une relation qui pose les termes qu’elle met en rela-
tion : le fondé, i. e. l’être-là immédiat relu comme être-posé, et le fondement,
i. e. ce que ce dernier est en sa vérité. À cet égard, citons par exemple cet extrait
du cours de 1825 :
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tale, mais comme l’identité différentielle de la chose même.
Cette idée peut être mieux saisie à partir d’un passage de l’introduction
du chapitre de la Doctrine de l’essence sur le fondement, qui situe ce dernier
par rapport à la réflexion pure :
15. Voir Peter Rohs, op. cit., p. 77 sq. ; Béatrice Longuenesse, op. cit., p. 112-113.
16. B 129 sq., AK 3, p. 107 sq.
17. AK 8, p. 247-248.
18. GW 11, p. 292 ; trad. SL II, p. 76. Cf. GW 11, p. 294-295 ; trad. SL II, p. 78-80. 135
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Ce texte très riche défend l’idée selon laquelle le fondement est la res-
tauration de l’immédiateté par la médiation de l’essence : l’immédiateté,
c’est-à-dire l’être, est un moment du fondement, un moment qui acquiert
une consistance propre par sa position dans la « relation de fondement ».
Comme le dit un cours, « ce que le fondement a dans lui, il le pousse vers
l’extérieur, rien d’étranger 19 » : il comprend en lui-même la relation à son
autre, il fait exister l’être-là, et s’avérera bientôt, comme on le verra plus loin,
être la pure émergence de l’existence. La médiation est alors réelle en ceci
que le fondement comprend son autre, l’être-là, comme moment de lui-
même ; mais elle est en même temps la médiation supprimée, puisque le
fondement est contradictoirement la réflexion dans soi de l’essence et l’abo-
lition de cette réflexion dans le laisser-être d’un être-là ainsi déterminé dans
sa vérité.
Le fondement est donc en quelque sorte l’essence qui se repousse d’elle-
même, « le contrecoup absolu d’elle-même dans elle-même 20
», et qui
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médiatise ainsi l’immédiateté de l’être ; il y a donc introduction d’un écart au
sein même de la massivité de l’être ; apparaît à même l’être, et pour elle-même,
sa différence à soi, c’est-à-dire ceci que l’être en général est l’être-posé (ce que
le « principe de raison suffisante » viendra incorrectement exprimer comme
une relation entre des termes mutuellement extérieurs). On peut considérer
qu’il y a là la première explicitation complète du fait que c’est la pensée qui
est ici, dans la logique, en train de se saisir elle-même : autant elle restait en
quelque sorte en sommeil dans la logique de l’être, autant la relativisation
de cette dernière dans la nouvelle sphère de l’essence laisse place à la pen-
sée elle-même comme écart à soi de l’être. Pourtant, cet écart se joue encore
dans des déterminations objectives, fondement et existence, de telle sorte
que la pensée n’est pas encore purement auprès d’elle-même comme elle le
sera dans la sphère du concept, concept que le cours sur la logique de 1831
définit comme « ce qui est purement et simplement auprès de soi dans sa dif-
férence par rapport à soi-même 21 ». L’activité propre au fondement est donc
à distinguer de celle du concept, en ceci que le fondement est un pur proces-
sus de production de l’immédiateté/négation de soi, alors que le concept est
l’activité d’un sujet qui maîtrise absolument la position de ses propres déter-
minations dans et comme sa différence, au point de laisser exister librement
cette dernière tout en en faisant un moment de lui-même, là où le fonde-
ment s’abolit entièrement, comme on y reviendra, dans l’existence dont il
est l’émergence. C’est d’ailleurs sans doute pourquoi la remarque au § 122 de
l’Encyclopédie dénie l’activité au fondement, précisément, comprenons-nous
à la lecture de ce passage, parce que l’activité véritable est celle du concept et
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Pour résumer cette première esquisse d’analyse de la catégorie de fon-
dement, l’exposé hégélien présente l’originalité de s’interroger sur ce que
signifie le terme même de fondement dans l’usage qui en est fait notam-
ment par la métaphysique, mais aussi par la langue courante, pour faire
apparaître la structure dialectique relationnelle qui, contrairement aux
apparences charriées par ces usages, est la vérité de la catégorie ainsi mobi-
lisée. Il y a là, en quelque sorte, un double déplacement : premièrement, de
la recherche d’un fondement particulier à une interrogation sur ce que
signifie en général rechercher un fondement, et, deuxièmement, du fon-
dement comme terme à la relation de fondement (Grundbeziehung). En ce
point de l’analyse, le fondement n’est cependant qu’une catégorie extrême
ment générale, une totalité indéterminée se niant dans la position d’un
être-là générique : le développement de cette catégorie dans le chapitre de
la Doctrine de l’essence a pour objectif de concrétiser cette détermination. Ce
développement s’opère en trois moments : fondement absolu, fondement
déterminé, condition. Pour le dire en deux mots, le fondement absolu est le
fondement dans son abstraction, comme pure catégorie générique ; la sec-
tion correspondante développe ses caractéristiques structurelles pour faire
ressortir l’importance, pour le fondement, d’être un contenu déterminé,
ce qui amène à la deuxième section, portant sur le fondement déterminé.
Enfin, la section sur la condition fait porter l’interrogation sur cet immédiat
même que le fondement, en le réfléchissant, présuppose comme sa condi-
tion, afin de développer intégralement le processus de médiatisation qu’est
22. Voir le cours sur la logique de 1828, Nachschrift Libelt, GW 23,2, p. 504.
23. E, § 122, rem.
24. Cours sur la logique de 1828, Nachschrift Libelt, GW 23,2, p. 504.
25. Nachschrift Correvon, GW 23,1, p. 276. 137
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l’être-posé en tant qu’un être-posé. Cet être-posé est, du coup, pareillement,
identique à lui-même, mais il est l’identité avec soi du négatif 26.
tirent tout leur sens différentiel ; on pourrait d’ailleurs dire que cette progres-
sion est reprise à l’intérieur même de la Doctrine du concept dans l’exposition
du concept, du jugement et du syllogisme.
Le problème est cependant que, de manière initiale, les moments
constitutifs du fondement apparaissent comme relativement exté-
rieurs : c’est la difficulté qu’affronte la section sur le fondement absolu.
L’approfondissement de l’analyse à partir des notions de forme, de matière
et de contenu permet de déterminer le fondement, de le sortir de son abs-
traction initiale pour le rendre plus concret. Indiquons brièvement quels
moments parcourt le fondement absolu 28. Il se détermine d’abord comme
rapport essence/forme, dans la mesure où l’essence comme fondement,
comprise comme ce à partir de quoi est posé le fondé, se présente immédiate
ment comme base, Grundlage ; cette base est ensuite déterminée de manière
plus précise en matière indifférente à la forme. Mais l’approfondissement
du rapport forme/matière montre qu’il s’agit bien, non d’un rapport exté-
rieur, mais d’une relation intime d’identité-différence qui, une fois posée,
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s’avère être relation de la forme au contenu et du contenu à la forme. Le
fait que ces deux déterminations soient posées de manière purement rela-
tionnelle dans le fondement fait de ce moment un moment de totalisation,
de rassemblement de ce dernier, en même temps qu’il ouvre son moment
de particularisation : on n’est plus en effet face au fondement générique
du début de la section sur le fondement absolu, mais le fondement s’avère
essentiellement déterminé.
La section qui porte sur cette nouvelle figure du fondement a pour inté-
rêt d’exposer ce qui pourrait être appelé la « grammaire conceptuelle » de la
notion de fondement, c’est-à-dire le fonctionnement concret de l’acte de
déterminer un fondement, tout en produisant, à partir de cette analyse, la
critique des fixations métaphysiques de cette catégorie. Le fondement déter-
miné se caractérise par le fait d’avoir un contenu déterminé, de ne plus être
un fondement abstraitement générique. Dans sa première figure, il se pré-
sente comme l’articulation relationnelle de deux moments qui sont chacun
le même contenu « considéré suivant deux côtés : une fois pour autant qu’il
est posé comme fondement, l’autre fois pour autant qu’il est posé comme
quelque chose de fondé 29 » : il y a alors redoublement du contenu considéré,
qui est présent deux fois, dans un fondement et un fondé qui ne sont articu-
lés que dans une identité formelle – c’est là le fondement formel. Autrement
28. Pour le détail de ces textes, voir Peter Rohs, op. cit., passim, et Joël Biard et al., loc. cit.
29. GW 11, p. 303 ; trad. SL II, p. 89. 139
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dit, le fondement est si bien une totalité réfléchie qu’il est exactement la
réduplication de la chose même. C’est là un moment nécessaire, car il faut
que le fondement, pour être véritablement fondement, soit le paraître de la
nature de la chose en autre chose qu’elle, et lui soit parfaitement coalescente.
Mais si on autonomise cette dimension du fondement déterminé pour la faire
valoir unilatéralement, on se retrouve avec une modalité d’indication d’un
fondement qui n’est qu’« un simple formalisme et une tautologie vide » :
on duplique en effet la chose dans autre chose qu’on donne pour son fon-
dement, un peu sur le modèle de la « vertu dormitive » censée expliquer les
propriétés somnifères du pavot.
Hegel consacre une remarque à ces utilisations unilatérales tautologiques
du fondement formel, dans laquelle il s’en prend particulièrement à certaines
« explications » de la science physique qui consistent simplement à expri-
mer « dans la forme de la réflexion-en-soi, de l’essentialité, le même contenu
qui est déjà présent dans la forme de l’être-là immédiat, considéré comme
posé 30 ». C’est particulièrement la force d’attraction, telle que mobilisée
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dans la physique newtonienne, qui est visée : elle n’est pas, contrairement au
reproche de Leibniz, une qualité occulte (ainsi qu’on a pu également baptiser
la « vertu dormitive »), mais au contraire, d’après Hegel, une détermination
« trop bien connue » puisqu’elle n’est que la réduplication, sous forme de fon-
dement, de l’être-là empiriquement constaté : « elle n’a d’autre contenu que
le phénomène lui-même 31 ». Le problème est encore aggravé par le fait que
l’exposition d’une science ainsi produite prétende partir des fondements
pour en déduire les phénomènes observés : on place ainsi au commencement
ce qui n’est en fait que le phénomène transposé tel quel en fondement, et on
croit à partir de là avoir progressé scientifiquement jusqu’à l’explication des
phénomènes concrets, alors que l’on n’a fait que se tenir dans le vide d’un
cercle vicieux 32. Pour Hegel,
b. Le fondement réel
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le fait que fondement et fondé aient un contenu différent implique que la
relation de fondement a cessé d’être une relation formelle ; la remontée au fon-
dement et la sortie de lui en direction de l’être-posé, ce n’est plus la tautologie ;
le fondement est réalisé. C’est pourquoi, lorsqu’on interroge au sujet d’un fon-
dement, on réclame proprement pour le fondement une autre détermination
de contenu que celle dont le fondement est objet de l’interrogation 34.
Puisque nous n’avons pas encore de contenu immanent qui serait posé par
l’intermédiaire de la forme même, le contenu est encore contingent, indif-
férent et peut être pris empiriquement, c’est pourquoi l’on peut donner un
fondement pour tout. Tout contenu peut être donné comme fondement 37.
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de choses diverses (la remarque prend l’exemple de la pesanteur, qui peut
être considérée comme le fondement aussi bien d’une maison en tant qu’elle
tient debout que de la chute d’une pierre 40). « L’allégation d’un fondement
réel devient donc […] un formalisme tout autant que l’est le fondement for-
mel lui-même 41. » Ces développements critiques se retrouvent du reste en
grande partie dans les Leçons sur la logique, qui comptent de nombreux pas-
sages parallèles semblant parfois même reprendre explicitement des extraits
de cette remarque (on retrouve notamment, d’un texte à l’autre, les mêmes
exemples). En fin de compte, si l’usage métaphysique du fondement formel
aboutit à une démultiplication indéfinie d’« explications » tautologiques qui
n’expliquent rien, l’usage métaphysique du fondement réel aboutit quant à
lui à une inflation des « explications » contingentes, qui n’ont aucun rapport
essentiel (c’est-à-dire aucun rapport de totalisation) à la chose et n’ont donc
pas plus de vertu explicative que les tautologies du premier cas.
On peut donc dire que, dans ces textes, Hegel propose une sorte de
diagnostic des dérives de la pensée d’entendement dans sa prétention expli-
cative, c’est-à-dire en tant que réfléchissante, – diagnostic de vaste portée,
puisqu’il englobe aussi bien la métaphysique que certaines pratiques scien-
tifiques ou certaines réflexions sur la pratique. On peut interpréter ces textes
à partir de la notion de Nachdenken, c’est-à-dire de réflexion extérieure et
subjective, telle que Hegel la thématisera à partir du début des années 1820,
notamment dans ses cours sur la logique. Les textes que l’on vient de citer
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nition, production subjective d’universalité essentielle, et que le fondement
s’avère en outre être la forme générique véritable de l’universalité essentielle.
Toute pensée qui tente de réfléchir sur les choses (pour justifier une action,
expliquer un phénomène naturel ou une construction humaine, ou encore
énoncer l’essence même de la réalité) va donc chercher un ou des fondements.
On peut donc supposer, comme le montrent d’ailleurs certains exemples pris
par Hegel, que la métaphysique, au sens d’importation dans la philosophie
du Nachdenken, est, en vertu de ces analyses, essentiellement fondationnaliste,
en ce sens que, pour elle, penser quelque chose revient à réfléchir sur cette
chose pour indiquer l’essence qui la fonde, c’est-à-dire la différence détermi-
née dans laquelle se pose son identité, le fondement qui la fait être ce qu’elle
est. Penser, dans la métaphysique réfléchissante (ou dogmatique), c’est ainsi
exprimer l’essence des choses dans des fondements. La logique peut donc à
la fois extraire la vérité de cette manière de penser réfléchissante (en recons-
truisant le sens proprement spéculatif, relationnel, de la réflexion) tout en la
relativisant dans la mesure où ce qui fait le fond de cette manière de penser
n’a que cette vérité positionnelle d’être un moment idéel du concept – et en
critiquer les figures d’entendement, qui sont l’autonomisation et l’isolation
de ces déterminations logiques. C’est pourquoi l’analyse du fondement a en
même temps un intérêt spéculatif positif et une portée critique.
c. Le fondement complet
42. E, § 21. Voir également l’addition à ce paragraphe, qui développe les formes que prend le
Nachdenken dans différents domaines (GW 23,3, p. 815-817). 143
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du fondement, dimensions qui sont cependant, dans leur séparation, cha-
cune unilatérale, et qui ouvrent ainsi la voie à une déchéance de la fondation
en simple « juxtaposition 43 » extérieure. Le fondement complet est alors l’ar-
ticulation de ces deux figures comme les dimensions ou les moments qu’elles
sont : il s’avère que le fondement formel et le fondement réel se présupposent
mutuellement, et le fondement complet est moins une nouvelle figure que la
relation totalisante de ces deux moments. Il émerge dans l’analyse à partir du
moment où l’on se rend compte que le caractère contingent (donc potentiel
lement arbitraire) du fondement réel a pour conséquence qu’il requiert
lui-même, en tant que relation, un fondement 44 : il se comporte donc comme
fondé, mais cela n’entraîne pas une remontée à l’infini, car le second fonde-
ment se détermine de cette manière :
il est, premièrement, ce qui est identique au fondement réel en tant que celui-ci
est fondé par lui ; les deux côtés ont, suivant cette détermination, un seul et
même contenu ; les deux déterminations de réflexion et leur liaison dans le
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quelque-chose se trouvent pareillement dans le nouveau fondement. Mais,
deuxièmement, le nouveau fondement en lequel s’est supprimée la liaison
extérieure seulement posée évoquée d’abord 45, est, en tant qu’il est la réflexion
en soi de celle-ci, la relation absolue des deux déterminations de contenu 46.
Du fait que le fondement réel lui-même est retourné dans son fondement, on
restaure en lui l’identité du fondement et du fondé ou le fondement formel. La
relation de fondement qui naît alors est, pour cette raison, la relation de fon-
dement complète, qui contient dans elle-même en même temps le fondement
formel et le fondement réel, et qui médiatise les déterminations de contenu
immédiates l’une par rapport à l’autre dans le second fondement 48.
43. Le terme est emprunté à Joël Biard et al., op. cit., p. 139.
44. GW 11, p. 312.
45. C’est-à-dire dans les lignes précédentes, lorsque la définition du fondement réel a été reprise.
46. GW 11, p. 312 ; trad. SL II, p. 101.
47. GW 11, p. 313 ; trad. SL II, p. 102.
144 48. GW 11, p. 312 ; trad. SL II, p. 101.
La logique du fondement selon Hegel
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lation différenciée : le fondement réel garantit que la réflexion dans soi est
bien réflexion dans un autre, qu’il y a bien différence, et le fondement formel
garantit qu’il y a bien identité dans cette différence, et non pure et simple
juxtaposition extérieure. Par là, le fondement réel présuppose le fondement
formel, et inversement ; c’est pourquoi la Doctrine de l’essence affirme que
« [l]a relation de fondement en sa totalité est […] essentiellement réflexion
présupposante 50 ». Par ailleurs, on peut constater que le fondement a ici défi-
nitivement rompu avec la fixité de l’être-là. Dans les premiers moments
du fondement, en effet, ce dernier apparaissait encore comme reliant des
termes, ce qui pouvait donner lieu à une rechute dans l’autonomisation de
ces derniers conduisant à tenir la relation de fondement pour une simple
juxtaposition. En revanche, dans le fondement complet, le fondement appa-
raît comme relation de relations, comme une totalité purement relationnelle
qui pose et engendre les relations elles-mêmes, et les termes comme pures
fonctions dans ces relations. Une telle relation de relations prend alors la
forme d’une présupposition mutuelle : dans le fondement complet, l’essence
a donc atteint une forme d’auto-fondation circulaire, puisqu’elle a accompli
l’Aufhebung de tout fondement partiel, donc a fortiori de tout fondement
ultime, pour se faire réflexion mutuelle, une réflexion qui tient en quelque
sorte par elle-même. C’est déjà la circularité du concept qui paraît ici anti-
cipée sur un mode encore essentiel, et, pourrait-on dire, seulement essentiel.
En effet, la forme d’auto-fondation ici décrite est déficiente, dans la mesure
où elle n’est précisément qu’un rapport de présupposition mutuelle, et pas
l’auto-développement totalisant d’un sujet : demeure l’irréductible dualité de
l’essence, qui ne trouvera sa vérité qu’intégrée au concept à titre de moment
49. Cf. Günter Kruck, « Die Logik des Grundes… », art. cit., p. 136.
50. GW 11, p. 314 ; trad. SL II, p. 103. 145
Victor Béguin
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sitif, qui se soutient lui-même, de médiation, autrement dit de relativisation
de l’évidence de l’être-là, qui est ici mis à distance de lui-même à l’intérieur
d’une relation réciproque n’ayant rien à voir avec ce fondationnalisme de
type métaphysique que l’on continue pourtant régulièrement de reprocher
à Hegel 53.
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ce qui lui permet de construire l’être-là comme une position dans la rela-
tion essentielle élargie. En effet, de même que le fondement présuppose la
condition, la condition est être-en-soi pour le fondement, de telle sorte que
fondement et condition « se présupposent réciproquement 55 » : la condition
n’est être-là immédiat qu’au regard du fondement. La relation de présup
position mutuelle est donc désormais celle de la condition et du fondement,
c’est-à-dire de déterminations qui sont réellement autres ; c’est cette relation
qui est exposée pour elle-même dans la deuxième section du chapitre sur la
condition, sous le nom de l’« absolument inconditionné ». Cette dialectique
de la condition et du fondement est, en quelque sorte, une version dévelop-
pée de la dialectique de l’être et de l’essence : la condition apparaît en effet
comme la ressaisie, à l’intérieur de la logique de l’essence, de cet être dont le
fondement s’est déterminé comme l’essence – « la vérité de l’être-là est d’être
une condition 56 ». Ce que Hegel appelle la chose (Sache), c’est alors l’élément
de médiatisation réciproque de la condition et du fondement, la totalité
processuelle dont ils constituent les moments différenciés. Mais cette chose
qui est la médiatisation intérieure de soi-même, posée pour elle-même, se
fait existence. L’explicitation complète du fondement, qui l’amène à se res-
saisir comme relation de l’être et de l’essence, ou plutôt, comme l’essence
médiatisant l’être en se médiatisant elle-même, aboutit donc à l’Aufhebung
de la dualité attachée au fondement comme tel : la relation de présup
position mutuelle de la condition et du fondement s’abolit pour se faire
pure émergence de l’existence – ce qui est bien entendu, pour Hegel, l’occa-
sion de revenir sur l’équivalence de zu Grunde gehen (« aller au fondement »)
et zugrunden gehen 57 (« s’effondrer »). L’existence est ainsi l’immédiateté
médiatisée par l’Aufhebung du fondement ; par « existence », il ne faut donc
pas entendre, comme on pourrait le croire, un être-là brut, mais l’être-là en
tant que médiatisé par la disparition du fondement, en tant qu’elle sort du fon-
dement, donc l’être-là vrai, et, réciproquement, par « fondement », il ne faut
pas entendre un terme qui garantirait l’être et la vérité d’un être-là, mais ce
pur mouvement de disparaître dans l’existence. En toute rigueur de termes, il ne
faudrait donc pas dire que le fondement est fondement de l’existence, mais
que l’existence est le fondement lui-même supprimé dans sa disparition, en
tant qu’il s’avère, dans la négation totale de soi, pure productivité. C’est ce
qu’indique notamment une des premières pages du chapitre sur l’existence :
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fondement, et c’est seulement par cette négation qu’il y a ce qui est égal à soi-
même et immédiat 58.
De notre point de vue, ces pages donnent de Hegel une image très
différente de celle d’un apologiste de la réduction de toute chose à son fon-
dement accomplissant la tradition métaphysique classique 59
, puisqu’il
construit la catégorie de fondement comme effondrement, pure émergence
de l’existence. Nous suivrons volontiers Bernard Mabille lorsqu’il affirme
que le fondement, ainsi déterminé, se présente en même temps comme
libération du sens de l’existence 60 : la négativité essentielle s’approfondit
si bien comme médiation qu’elle peut opérer sa propre négation et se faire
« restauration de l’immédiateté ou de l’être, mais de l’être pour autant qu’il
est médiatisé par la suppression de la médiation 61 ». C’est là, en même temps,
une limite manifeste du fondement. Sa vérité est de passer tout entier dans
l’existence ; pour reprendre un exemple de Grund souvent donné par Hegel, la
raison pour laquelle j’agis est complètement engloutie dans la réalité de mon
action, qui vit son existence propre dans le monde indépendamment de la
raison pour laquelle j’ai agi. On n’est donc pas encore parvenu, à ce moment
de la logique, au point où la différence existe librement au sein d’un proces
sus total présent dans chacun de ses moments et exerçant la maîtrise sur tous
ses moments, comme le montrera la logique du concept – le concept, en
effet, demeure auprès de lui-même dans tous ses moments, se continue dans
sa différence et pose son unité avec cette différence, tandis que le fondement
s’abolit dans l’émergence de l’existence comme être vrai.
Avant de conclure sur l’analyse du fondement dans la Doctrine de l’es
sence, on peut faire remarquer que la conception du fondement ici présentée
par Hegel hérite sans doute, comme l’indiquent les renvois explicites de
Hegel lui-même, de la formulation du concept de ratio (terme dont Grund est
la traduction allemande) donnée par Leibniz, qui soutient, notamment dans
les 24 thèses métaphysiques, que la ratio est ce qui confère l’existence 62. On peut
cependant noter en même temps que, dans cette doctrine leibnizienne, le
fondement est un ens, un étant : les développements de la Doctrine de l’essence
que nous venons de commenter ont au contraire montré, contre une telle
perspective métaphysique, que le fondement est à penser comme une totalité
purement relationnelle dont la vérité est de s’abolir dans l’existence.
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V. Originalité de la conception hégélienne
du fondement et ouverture vers la logique
du concept
Au moment de faire le bilan de nos analyses, nous pouvons d’abord
soutenir qu’il y a, dans la conception hégélienne du fondement, un double
héritage philosophique, à partir duquel Hegel reconstruit le concept de fon-
dement dans une perspective originale : d’un côté, la ratio leibnizienne et sa
relation intrinsèque à l’existence dont elle a pour fonction de délivrer l’intel
ligibilité ; et, de l’autre côté, la synthèse kantienne des jugements, dont Hegel
semble cette fois hériter la reformulation du Grund en termes de totalité active
posant l’unité de la chose. Ce double héritage s’assortit d’une double critique :
contre Leibniz, Hegel déplace l’accent du fondement comme étant à la rela-
tion de fondement, constitutive de l’essence dans la différence de son régime
logique par rapport à celui propre à l’être ; et contre Kant, il désubjectivise
et détranscendantalise le fondement pour en faire l’auto-négation de l’être,
son écart à lui-même. Nous sommes donc ici en présence d’un échantillon
assez représentatif du rapport de la Doctrine de l’essence à la tradition méta-
physique et critique. De manière plus générale, il nous semble qu’en refusant
de traiter le fondement comme un point de repos à partir duquel peut se dis-
tribuer en toute quiétude l’intelligibilité de l’étant, mais en le pensant, tout
au contraire, comme effondrement, Hegel, à sa manière, met en crise de l’inté
rieur même de la tradition métaphysique – c’est-à-dire en reprenant son appareil
catégoriel pour le laisser énoncer dialectiquement sa vérité – la préséance
du Grund, de la ratio, dans la détermination de l’intelligibilité ; on peut en
prendre pour preuve le fait que, de son point de vue, la ratio véritablement
62. Sur ce point, voir Vincent Carraud, op. cit., p. 492. 149
Victor Béguin
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même. 63 » Autrement dit, le fondement ouvre la question de la différence à
soi comme production d’intelligibilité, mais il s’avère en même temps que
l’intelligibilité de la chose n’est pas, en dernière instance, commandée par
le fondement, mais par son mouvement immanent comme concept – par
le fait qu’elle est (de façon inadéquate, comme les phénomènes naturels, ou
adéquate, comme les figures de l’esprit) le concept. Il y a donc, à l’intérieur
même de la logique de l’essence, une relativisation du fondement qui prend
tout son sens du point de vue du concept 64 (raison pour laquelle Hegel fait
régulièrement droit, de manière anticipée, à ce dernier point de vue dans ses
analyses portant sur le fondement). Cette relativisation frappe a fortiori le
Nachdenken ordinaire dont la logique de l’essence établit par ailleurs qu’il est,
en son essence, recherche de fondements – mais de fondements unilatéraux,
toujours formels ou contingents. C’est là tout à la fois une reconnaissance
de ce qu’une certaine métaphysique, une fois ressaisie spéculativement, peut
apporter à l’auto-développement du vrai comme tel, et une relativisation de
la vérité même qu’elle contient, qui entraîne en même temps une critique
sans reste de la figure d’entendement qu’elle en présente.
victor.beguin@pm.me
63. Cours sur la logique de 1831, Nachschrift K. Hegel, GW 23,2, p. 772 ; trad. LL 1831, p. 159.
64. Nous rejoignons donc en partie les conclusions de Stephen Houlgate, d’après lequel la Doctrine
de l’essence comporte une « critique du fondationnalisme », même si ses analyses portent moins sur le
fondement que sur l’essence en général. Voir Stephen Houlgate, « Hegel’s Critique of Foundationalism
150 in the “Doctrine of Essence” », Bulletin of the Hegel Society of Great Britain 20, n° 39-40, p. 18-34.
La logique du fondement selon Hegel
Résumé
L’article propose une étude de la concep-
tion hégélienne du fondement (Grund)
telle que la présentent les textes de Hegel
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sur la logique. Son objectif est double :
il s’agit de proposer une caractérisation Abstract
du concept hégélien de fondement, et This paper studies the Hegelian concept
d’étudier, sur un cas précis, la manière of Grund as presented in Hegel’s texts on
dont la logique hégélienne produit une logic. The aim of the study is twofold: to
critique en acte de la métaphysique et propose a characterization of the Hege-
de sa critique kantienne. Pour ce faire, lian concept of Grund, and to study, on
l’analyse s’appuie non seulement sur a specific case, the way in which Hegel’s
les textes publiés par Hegel (Science de logic acts as a critique of both metaphys-
la logique et Encyclopédie), mais aussi sur ics and its Kantian critique. In order to do
des cahiers d’auditeurs des Leçons sur la so, we rely not only on Hegel’s published
logique, récemment publiés et encore peu texts (the Science of Logic and the Encyclo
exploités. pedia) but also on the recently published
Mots-clés : Hegel, Science de la logique, and still little exploited students’ note-
Encyclopédie, fondement, métaphysique. books of the Lectures on Logic.
Keywords: Hegel, Science of Logic, Ency-
clopedia, ground, metaphysics.
151