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Licence I

Cours de sociologie politique

Dr. Stève Christian AKERA

Introduction

Le cours de sociologie politique permet aux étudiants, dès leur première année d’étude de droit,
de comprendre sur des bases scientifiques, le fonctionnement politique des sociétés.

La notion de sociologie a été utilisée pour la première fois par Auguste Comte en 1836. Cela
ne fait pas de lui le père de cette notion, car la sociologie comme science avait pris naissance
avant lui.

La genèse de la sociologie moderne à pour père IBN KHALDOU suivi de Machiavel et


Montesquieu, mais Aristote a posé les bases de cette science.

La sociologie politique ne cherche ni à justifier ni à condamner, ni même à établir ce qui est


juste, légal ou désirable. Elle se distingue du discours des professionnels de la politique dont le
but est d’abord de convaincre. Elle se différencie également de la philosophie politique, dont
l’objet consiste, par exemple, à s’interroger sur les conditions d’une vie plus harmonieuse et
plus libre en société ou sur la question du meilleur régime politique possible.

La sociologie comme ensemble des sciences sociales n’a, donc, aucune visée normative. C’est
pourquoi elle se distingue également du droit dont le principe est d’établir ce qui est légal et ce
qui ne l’est pas et qui, appliqué à l’ordre politique, cherche à organiser, en le réglementant, le
fonctionnement du pouvoir politique. Il est, d’autant plus, important de bien souligner les
différences entre droit et sociologie que sociologie politique et droit constitutionnel ont un objet
commun (l’objet politique) et que, tout au moins dans le contexte français, ces deux disciplines
sont fréquemment enseignées dans les mêmes institutions. Cela tient à l’histoire des sciences
sociales.

L’on peut retenir que la sociologie politique est une science des sociétés humaines et des faits
sociaux non dans leur globalité mais ceux liés au pouvoir, à son organisation, à son exercice et
à sa transmission au sein des groupements humains qui prennent aujourd’hui la forme d’Etat.
Cette approche a été vivement critiquée. Certains sociologues pensent que la sociologie
politique est la science de l’Etat, par contre d’autres estiment qu’elle est la science du pouvoir.

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Se présente alors une antinomie entre les notions d’« Etat » et de « pouvoir » que nous allons,
d’ailleurs, aborder.

Au-delà, neuf chapitres feront l’objet de notre cours. Il s’agit, notamment du pouvoir, de l’Etat,
de la démocratie, de l’autoritarisme, de la participation, des partis politiques, de l’action
collective, des médias et des femmes dans la vie politique.

Chapitre I Le pouvoir

Paragraphe 1 Qu'est ce que le politique ?

A) L'objet du politique : la préservation de la société

Le politique possède une finalité propre qu'il ne partage avec aucune autre forme de lien social.
Il englobe la totalité des individus qui composent la société. Or, elle est composée d'une
multitude de groupes dont les buts sont différents. C'est un ensemble traversé par les différences
et des contradictions. Pour que le politique englobe cette multitude d'individus, il faut une valeur
commune à tous les individus pour les réunir dans la société. Il n'y a qu'une valeur à laquelle ils
adhèrent tous : l'existence de la société elle-même. Ainsi, le politique permet de donner forme
à ce souci pour la préservation de la société.

G. BURDEAU dans son ouvrage La politique au pays des merveilles affirme que le politique
a pour rôle de préserver la société dans son être, sa cohésion et sa durée. Le but du politique
n'est pas le bien de ce qui incarne la vie collective, ni le bien de chaque membre du corps social,
son but est le bien de tous, le bien commun.

Que cherche à faire le politique ? Que faut il assurer et garantir ?

Le politique doit assurer pour les collectivités sa sécurité extérieure et la concordance intérieure.
C’est autant dire que le politique assure la protection de la société contre les menaces en
provenance d'autres sociétés où à l'intérieure même.

De quels moyens dispose-t-il ? Comment on empêche une armée d'envahir le territoire ? Le


politique a comme particularité d'être doté d'un moyen qui lui est propre : la force. C'est la force
légitime et institutionalisée. Cette force renvoie à l'idée de contrainte, à l'idée que l'autorité
exerce une pression sur le corps social qui permet de faire respecter les règles. La violence n'a
pas de finalité sociale générale. L'armée et la police représentent la force légitime. Elles visent
l'intérêt de tous. Cette force n'a pas besoin d'être mise œuvre. Il suffit qu'elles soient présentes
à l'esprit des personnes qui forment le corps social. On parle alors de forme symbolique.

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La force est indissociable des règles et des normes.

La contestation de la force c'est l'irruption de la violence, la force est une assurance contre
la violence.

B) La politique comme mise en œuvre du politique

Pour que le bien commun soit assuré, pour que la société atteigne son maximum de bien-être,
il faut que les individus se conforment sous l'autorité d'un ensemble de règles et de normes. Il
faut repérer cette autre dimension que condense le droit. Le droit est l'ensemble des règles et
normes mises au service du but du politique. Il renvoie à l'idée d'un corpus de lois qui
s'appliquent à l'entièreté du corps social. Ce sont les normes dont l'importance est telle pour la
collectivité qu'elles justifient qu'on mette à leur service des moyens du politique : la force et le
droit.

Qu'est ce que la politique ? C'est la compétition pour disposer de ces moyens du politique que
sont la force et le droit. Les personnes sont en compétition pour être désignées par le peuple.
La politique c'est l'exercice du pouvoir. Le pouvoir est la mise en œuvre du droit par le moyen
éventuel de la force.

Paragraphe 2 Le pouvoir : un mixte d'autorité et de légitimité

Le pouvoir n'est pas la domination. La reine des abeilles commande les autres abeilles qui ont
des fonctions. Cette reine est en fait la femelle reproductrice et si cela se passe comme cela c'est
parce qu'elle sécrète des hormones qui font réagir les abeilles dans tel ou tel sens. Il n'y a rien
de politique chez les abeilles, la politique n'existe pas. La domination est la capacité à imposer
aux autres sa propre volonté.

Qu'est ce qu'obéir ? Suivre de son plein gré, accepter et adhérer. Pourquoi on accepte d'obéir ?
Il se trouve que les hommes sont les seuls animaux capables de consentir ou non à obéir,
capables de contester la légitimité de l'ordre établi. La relation de pouvoir renvoie à la relation
qui associe autorité, obéissance et légitimité.

A) Le consentement à l'autorité fonde la légitimité du pouvoir

L'obéissance est motivée par autre chose que la crainte vis-à-vis de l'autorité. C'est Max
WEBER qui définit le pouvoir comme une solution supposant en chacun des deux termes un
consentement. Le pouvoir est une relation.

Max WEBER en 1919 dans Le savant et le politique a défini trois fondements de la légitimité :

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- Le pouvoir traditionnel : Il renvoie à la croyance, au caractère sacré des traditions qui fixent
les règles communes. Cette croyance se double d'une croyance au caractère sacré des personnes
qui incarnent la tradition. Dans un système de pouvoir traditionnel, le détenteur du pouvoir est
considéré comme sacré au nom de la tradition : le roi. Ceux qui obéissent adhèrent au pouvoir
du monarque. Ils lui reconnaissent un caractère sacré, car ils estiment qu'il est l'incarnateur des
traditions qui régissent la société. Généralement, ce monarque est considéré comme recevant
son pouvoir de Dieu.

- Le pouvoir charismatique : Le pouvoir qui se sur la croyance des qualités extraordinaires


du chef. Il possède la capacité de persuader.

- Le pouvoir légal-rationnel : Il se repose sur une croyance du bien fondé des normes en
vigueur. En démocratie, les citoyens obéissent moins à des personnes qu'à des institutions. Le
pouvoir implique l'existence d'un droit qui s'impose à tous : aux citoyens et aux gouvernants.
Le président de la République obéit aux règles en vigueur au même titre que n'importe quel
citoyen.

B) De la nécessité de ressources propres à entretenir le pouvoir

Chaque forme de pouvoir peut être entrainée sur une pente qui le rend fragile. Des éléments
doivent permettre à ces types de pouvoir de durer. Le chef charismatique doit toujours nourrir
les relations qu'il entretient avec les citoyens.

On voit bien avec ces différents types de pouvoir que tout pouvoir a besoin de ressources.
L'appui de tout pouvoir est l'usage de la force, mais elle n'est pas nécessairement la plus efficace
surtout si elle se fait violence. Le pouvoir peut exclure la force, car il repose sur la force des
croyances.

Chapitre II L’ETAT

Paragraphe 1 Le pouvoir sans l’État

L’Anthropologue français P. Clastres dans son ouvrage La société contre l'État, paru en 1974
souligne en substance que l'État ne constitue qu'une configuration politique particulière, celle
qui associe la notion de pouvoir au principe de la coercition physique. Les sociétés primitives
sont définies de manière négative : sans écriture, sans histoire, société sans État. Ce sont des
sociétés privées de quelque chose : société incomplète, société qui ne reste dans un stade
archaïque de développement. Les sociétés primitives comme incomplètes.

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Cette forme particulière de l’État n’est qu’une forme d’organisation. L’État c’est cette forme
particulière du politique, qui implique la contrainte physique et la coercition. Mais, il n’est pas
sûr du tout que l’obéissance soit partout et toujours.

Société indienne d’Amérique du sud : le politique s’exprime hors de toute violence et hors de
toute contrainte, il va donc falloir distinguer 2 types de pouvoirs : mode coercitif et mode de
pouvoir non coercitif. Dans ces sociétés il y a du pouvoir, du politique mais qui est exercé
différemment. Il y a des sociétés sans État mais il n’y a pas de société sans pouvoir.

A) Les sociétés primitives : des sociétés rigoureusement égalitaires

Pour comprendre il faut se tourner vers la sphère économique. Point de vue économique :
société de subsistance (c'est à dire pays incapable de produire plus que le minimum nécessaire
à sa survie). Il faudrait que ces tribus passent plus de temps à la production économique, or ce
n’est pas le cas, elles y passent très peu de temps. Ex : tribu Guarani les hommes ont seulement
la tache de labourer les champs, que les femmes vont exploiter pendant 6 ans => 4 mois de
travail tous les 6 ans. Constat : les indiens travaillent très peu. Premier constat : paresse
congénitale des Indiens. Pourquoi produire plus que le minimum vital ? Qu’est ce qui pourrait
les inciter à travailler plus ? La contrainte. Dans leur société il n’y a aucune contrainte exercée
sur eux pour les obliger à travailler, car ces sociétés sont rigoureusement égalitaires. Dans ces
sociétés personne n’est en mesure d’imposer quelque chose => car tous égaux => forme de
démocratie particulière.

Les rites d’initiations => signalent le passage de la jeunesse à l’adulte. Ce sont des rites qui
peuvent paraître barbares, car ce sont des sévices corporels. L’impossibilité pour les membres
de la tribu d’échapper à ces rites => il faut que les rites produisent des cicatrices. Les cicatrices
qui s’impriment ainsi sont une forme d’écriture. Chacun se voit rappeler tous les jours en voyant
ces cicatrices : "Tu ne vaux pas moins qu'un autre, tu ne vaux pas plus qu'un autre" => important
car l’inégalité est un danger car il pourrait amener à un pouvoir séparé. Ces cicatrices issues
des rites : tu n’auras pas le désir de pouvoir, tu n’auras le désir de soumission.

B) Le refus d'un pouvoir séparé

Les tribues égalitaires ont des chefs qui n’ont pas d’autorité. La fonction principale de ces chefs
est la fonction de régler les conflits qui existent entre individus. Ils sont des faiseurs de paix. Le
chef ne dispose que d’une seule chose : le prestige que lui reconnaît les membres du groupe. Le

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chef indien n’a pas de pouvoir, pas d’autorité, il n’a que le prestige et le pouvoir de la parole. Il
s’agit de persuader, par exemple, que la paix est mieux que tout.

Ces tribus fonctionnent en vertu des lois ancestrales, énoncées il y a très longtemps dont le
principe est que la paix vaut mieux que tout. Donc, le chef a pour fonction de répéter jour après
jour cette loi fondamentale : nécessité de vivre comme les ancêtres c’est à dire de vivre dans la
paix.

D’où vient le pouvoir de prestige ? Il faut que ce soit un individu avec compétences qui sont en
nombre de trois :

- Le chef doit être un bon orateur


- Il doit être un bon guerrier
- Le chef doit être généreux de ses biens : sa principale activité est de fabriquer des
cadeaux qu’il offre aux autres membres de la tribu.

Le chef est le seul homme qui est autorisé à épouser plusieurs femmes. Pour les Indiens c’est
vraiment un privilège. A cet effet, l’égalité rigoureuse est rompue, car il y a le chef qui a un
privilège, mais qui n’exerce aucune autorité. Cela signifie que le chef est mis à part, rejeté, c’est
pour signifier le rejet d’un pouvoir coercitif, on se prémunie de l’arrivée d’un pouvoir supérieur.
Si le chef est bien au service du groupe, s’il n’exerce pas le pouvoir où est le pouvoir ? Qui
l’exerce ? C’est le reste, c’est à dire que c’est le groupe qui a le pouvoir. Si le chef fait passer
son intérêt individuel avant l’intérêt du groupe il se condamne à mourir, puis qu’il sera rejeté et
abandonné.

Une société sans État n’est pas une société sans pouvoir. L’organisation politique des Indiens
se caractérise par rapport à nous par l’absence de commandement. Le pouvoir étatique n’est
qu’une forme du pouvoir politique.

Paragraphe 2 La genèse de l'État moderne

Le progrès vers l’Etat moderne : L’affirmation progressive de l’autonomie de la sphère


politique. Jusqu’au XVIIIème siècle c’était la règle de l’hétéronomie (règles venaient de Dieu,
et les hommes qui exerçaient le pouvoir exerçaient par rapport à Dieu.). L’hétéronomie se
définie par trois critères : l’universalisme, la médiation et la hiérarchie.

De cette configuration autonome, il a fallu quelques siècles pour que les évolutions mènent à
une nouvelle organisation moderne. A l’universalisme s’est substituée la Nation, à la hiérarchie
s’est substituée légalité et au pouvoir de médiation s’est substitué la représentation. Dans ces
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trois éléments, ce qui intéresse l’État c’est légalité. Quelles ont été les ruptures pour que les
hommes deviennent autonomes au niveau du pouvoir ?

A) La monopolisation progressive des moyens de l'État

La monopolisation progressive des moyens de l’État est le processus historique au grès duquel
de moins en moins d’individus vont capter les moyens.

Norbert Elias, La dynamique de l'Occident (1975)

Il faut remonter à la période féodale. La période féodale se caractérise du point de vue politique
par la personnalisation du rapport d’autorité et faibles institutionnalisations.

La lente affirmation d'un pouvoir royal centralisé : lien entre seigneurs et vassaux où le vassal
jure fidélité et honneur et le seigneur lui prête serment de protection : il n’y a pas de texte, tout
se fait d’individu à individu. Le rapport d’autorité est donc volatile, c’est à dire très fluctuant,
très fragile car l’autorité s’exerce sur des sujets donc varie selon les événements = pouvoir
fragmenté => règne une grande désorganisation et une concurrence militaire généralisée si bien
qu’au bout d’un moment l’Europe est en proie à un cycle de violence généralisée duquel va
émerger quelque chose de nouveau => certains seigneurs parviennent à être plus puissants que
les autres donc étendent leur territoire de domination, et se voient institutionnalisés comme
Royaume jusqu’à ce que le Royaume de France parvienne à dominer ces rivaux avec les
Capétiens. A partir du XVème siècle : victoire du monopole royale.

L'indispensable monopolisation militaire, fiscale et bureaucratique. Il n’y a pas de pouvoir


centralisé sans armée centralisée, sans ressource centralisée/monopole fiscal. Constitution de
bureaucratie de plus en plus efficace : le roi de France s’est entouré dune bureaucratie (serviteur
de l’État royale) qui lui permet d’exercer sa domination à l’échelle du royaume tout entier. Cette
bureaucratie est au service d’un individu. Il n’y a pas d’État sans bureaucratie.

Dans ce processus de monopolisation dépatrimoinisation : déliaison entre exercice du pouvoir


et possession de la paire. La monarchie centralisée est la première forme d’État dans lequel le
roi dresse son autorité sur son Territoire avec la monopolisation militaire, fiscale et
bureaucratique.

Pour que l’autonomie politique advienne il faut l’affranchissement vis à vis de la religion.

B) La séparation du religieux et du politique comme préalable à l'État moderne

La Réforme protestante ou la définition d'un pouvoir purement séculier :

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Le protestantisme apparaît au XVIème siècle. En 1517 Martin Luther affiche sur les portes de
son église 95 thèses sont dirigées contre les dérives du catholicisme. Il rejette la pratique de
l’indulgence du catholicisme (s’enlever de ses devoirs religieux en payant des moines pour prier
pour eux. Luther veut rédiger une nouvelle conception du salue (après la mort les morts sont
sauvés pour vivre éternellement auprès de Dieu). Au moment où écrit Luther une conception
de salue persiste : par leurs actions les hommes font leur salut. Luther définie une nouvelle
conception du salut : c’est quand on éprouve de la foi pour Dieu que l’on est sauvé => Luther
refuse à l’homme de participer à son propre salut. Dans ce mouvement là ce qui compte c’est
la relation à Dieu, pour Luther la pratique religieuse doit se reconcentrer sur la Bible. Désormais
cela signifie que tout homme doit pouvoir être interprète de la parole de Dieu, donc tous les
hommes peuvent devenir des prêtres. Le pape condamne la doctrine de Luther, Luther est donc
excommunié.

Jean Calvin (Genève). Doctrine Calviniste : la doctrine de prédestination : elle franchie létape
supplémentaire.

Le dieu des protestants est plus puissant, et inconnaissable donc personne ne peut interpréter
la Bible => c’est l’individu seul qui peut établir un lien avec l’au-delà. Donc, le roi ne peut plus
se dire interprète du Dieu, le roi n’est donc plus sacré, ne peux plus se dire supérieur aux autres
hommes sur terre, puis qu’il n’y a aucune institution supérieure à Dieu sur Terre. Pour les
protestants aucun homme ne peut être considéré comme participant du Divin => dans l’ordre
politique, il n’y a rien de supérieur au prince, au roi. Son autorité se suffit alors à lui même.
L’ordre de dieu grâce à la réforme protestantisme n’exerce plus de pouvoir sur Terre. La
doctrine va rompre ce lien de continuité entre la terre et le ciel, elle reconnaît l’autorité de
l’ordre terrestre (misérable mais autonome).

La raison d'État ou l'autonomie du politique qui se développe dans la continuité de la réforme


à l’occasion d’un clivage. On se pose la question quel est le lien entre politique et religion ?
Pour les dévots : l’idée d’un lien hiérarchisé entre le religieux et le politique, il faut que la
religion chrétienne domine moralement le politique.

Les tenants de l’État prônent la séparation entre politique et religion : cela leur est venu des
guerres de religion. Il y a un domaine où on ne doit pas prendre en considération les éléments
religieux c’est le domaine de la politique. Ils vont s’efforcer de démontrer que la raison d’État
doit se maintenir dans le temps et contrôler les hommes.

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Le premier théoricien est Machiavel : enseignement de la position d’un prince, le prince doit
faire usage de la ruse et la force pour continuer d’exercer sa domination, sans prendre en compte
les considérations religieuses. Ce qui montre que l’action politique relève de l’action éthique et
non de l’action morale. La politique n’est plus commandée par Dieu, elle n’obéit qua
l’efficacité.

L’État possède une raison d’État : une raison d’Être, un art de gouverner, un art pratique.
L’Edie de Nantes, est un Edie royale : les protestants sont tolérés, le roi est capable de restaurer
la paix sociale, ce roi donc n’est plus sacré, il est le roi de France, sa fonction principe est de
faire régner la paix dans son royaume en évitant les querelles religieuses. Sous le règne du
cardinal richelieu se passe un événement qui marque le basculement définitif du politique dans
l’autonomie : la guerre de 30 ans (oppose l’union évangélique à la sainte ligue catholique)

XVIIème siècle le pouvoir politique s’est affranchi de la tutelle de la religion, la sphère


politique se présente désormais comme une sphère autonome, le roi est désormais qualifié de
souverain dans son domaine. Il n’y a pas d’État moderne sans autonomie du politique, sans
émancipation vis-à-vis de la religion.

Paragraphe 3 Les formes modernes de l'État

A - État unitaire / État fédéral

Un seul centre de pouvoir auquel toutes les autorités publiques sont subordonnées. Quand il n’y
a qu’une seule circonscription administrative on parle d’État unitaire centralisé. Mais la plupart
du temps les États unitaires admettent des circonscriptions de niveaux inférieurs (département)
: le préfet est le représentant de la nation au niveau local. Ces entités territoriales imphra-
éthatiques ne sont pas autonomes, elles sont soumises à l’autorité centrale. Dans le cas de l’État
fédéral, se conjuguent un niveau fédéral et un niveau fédéré. Existence dans les États Fédérales
: deux chambres.

B) Des modèles hybrides

Maintenant État unitaire, a de plus en plus de caractéristiques d’État fédéral avec les lois de
décentralisation. On appelle ce nouveau modèle État unitaire décentralisé (France, Angleterre).

L’État régional : L’Italie => autonomie des régions, mais pas de participations des régions au
niveau national à la politique du pays.

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L’État autonome : Espagne => on attribue des compétences aux régions qui cohabitent avec un
État central. Elles se voient accorder des caractéristiques spécifiques : Langue.

Chapitre III LA DEMOCRATIE

Le modèle athénien

PÉRICLÈS (Vème s. av. J.C.): la démocratie, c'est le régime dont le pouvoir de décider, de
juger et de légiférer n'est à l'avance dévolu à personne.

Principe que tout citoyen peut être appelé à assurer des fonctions, par voie d'élection ou tirage
au sort.

A cet effet, l’élection considérée comme une procédure aristocratique. La procédure la plus
démocratique est le tirage au sort. Dans la cité grecque, chacun peut devenir gouvernant et
redevenir gouverné ensuite. Le commandement et l'obéissance sont interchangeables.

En démocratie la souveraineté revient au peuple tout entier. L'évènement fondateur de cette


démocratie Athénienne a été mis en œuvre par Clisthene (500 av JC) qui restructure la cité qui
fonctionnait jusque là sur une structure clanique.

Le principe fondamental de la démocratie grecque est le Demos : réunion sur la place


publique=l'agora pour discuter des affaires de la cité avec tous les citoyens athéniens qui ont
tous le droit de venir discuter des affaires de leur cité. Ils ont également chacun le droit de
prendre la parole. Il s'agit de discuter et voter les lois de la cité, de discuter et décider de la
guerre et de La paix avec les autres cités grecques et désigner les gouvernants temporaires de
la cité.

Il y a trois organes du pouvoir :

- Un organe exécutif. Le Conseil ou la Boulé est composé de 500 membres qui sont tirés au
sort. Il exerce ce pouvoir pendant un an. A la tête de ce conseil il y a un magistrat. Ce conseil
est chargé de faire exécuter les lois qui ont été votées par le peuple réuni à l'assemblée.

- Un organe judiciaire. Les citoyens tirent au sort les membres de l'Héliée, tribunal populaire
composé de près de 6000 citoyens.

- Le pouvoir militaire. Là il y a élection et pas tirage au sort. On élit des stratèges au nombre de
dix qui vont exercer les plus hautes fonctions militaires. Ils vont devenir en quelque sorte des
gouvernants.

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Les grecs vont se donner le pouvoir de remettre en question les lois. Tout citoyen peut suspendre
une loi en intentant une action en inégalité contre une personne qui aurait fait voter une loi qu'il
jugerait mauvaise.

La procédure de l'ostracisme consiste à pouvoir écarter des affaires publiques les citoyens qui
menacent la démocratie. On veut protéger la démocratie contre un retour de la tyrannie ou de
l'oligarchie. On vote à bulletin secret lors d'une réunion extraordinaire où les citoyens notent
sur un morceau de terre cuite, le nom de la personne qu'ils voulaient voir bannir. Il suffit qu'un
nom soit voté à la majorité pour qu'un citoyen soit ostracisé. Cette personne à dix jours pour
quitter la cité. On souhaite protéger la démocratie de toute ambition individuelle, conserver que
c'est le peuple tout entier qui détient le pouvoir.

Un espace public est un espace qui se distingue de la sphère privée, qui s'affirme dans
l'autonomie de son fonctionnement. Il possède ses propres règles de fonctionnement. Il renvoie
à l'idée d'une communauté politique souveraine, régie par ses lois et qui se gouverne elle même.
C'est ça la démocratie grecque, l'idée de la souveraineté du peuple où les citoyens sont tous
égaux.

Le peuple est composé de tous les habitants mâles de la cité. Le peuple athénien exclue :

- La femme car elles sont dévolues à la sphère domestique et placées sous l'autorité du chef de
famille : elles ne sont pas libres ni égales.

- Les esclaves ne sont pas libres, ils sont 40 000.

- Les jeunes en dessous de 20 ans

- Les étrangers exerçaient les fonctions d'artisans et commerçants.

Reste alors plus que 10% de la population. Cela est bien peu mais n'enlève rien au principe
démocratique qui régie la cité. Elle a déposé les deux principes fondamentaux :

- le droit égal à la prise de parole : tout citoyen a le droit d'exprimer son opinion sur les lois de
la cité

- la participation égale à l'élaboration et au vote des lois

Ces deux principes sont restés valides jusqu'à aujourd'hui.

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Aujourd'hui, la voix du citoyen et son pouvoir ne s'exprime pas directement. Le modèle grec
est celui d'une démocratie directe (réunion sur la place publique) et du vote direct. Nos régimes
contemporains n'en sont pas représentatifs.

Paragraphe 1 La démocratie libérale

A) L'impossible démocratie directe

La démocratie représentative est l'association de la délégation de la souveraineté populaire et la


légitimation des représentants par l'élection. Dans une démocratie représentative, le pouvoir
politique repose sur le consentement populaire.

Est ce qu'il peut être certain que sa volonté soit respectée ? Comment être garanti de ce que les
représentants vont bel et bien exercer le pouvoir en respectant la volonté du peuple ? La volonté
générale ce n'est pas l'addition des volontés particulières, ce n'est pas non plus la volonté de
tous. Pour Rousseau, c'est la volonté du tout, en tant qu'il est un. C'est la volonté du peuple en
tant qu'il est un.

Cette volonté générale, sa logique est de vouloir le bien-être et la conservation du tout et de


chaque partie du tout. Rousseau dit que la volonté générale est toujours bonne car on ne peut
pas se vouloir du mal à soi-même. Du coup, les lois qui sont l'expression de la volonté générale
ne peuvent pas être mauvaises. La garantie réside dans cette idée qu'il y a quelque chose au
dessus de la volonté générale, qui est une puissance qui veut le bien du peuple et de chaque
individu du peuple. Quand on obéit à la loi, on obéit à soi-même comme partie du tout, comme
fraction de la volonté générale.

Rousseau a exprimé cela dans une formule célèbre : "l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite
est liberté". La source des lois est la volonté générale qui est toujours bonne car elle ne peut pas
se vouloir de mal à elle-même. Le problème avec cette idée c'est que du coup si quand on obéit
à la loi on s'obéit à soi-même, celle-ci ne devrait appartenir qu'au peuple, sans représentation
possible.

Les révolutionnaires qui s'inspirent de Rousseau prennent en compte cette réalité, la


participation à la chose politique doit se faire sans représentation. Chez Rousseau, la figure du
peuple souverain exclue toute représentation, toute personnification. Rousseau lui même se
trouve un peu bloqué dans sa démonstration : il est inconcevable de remettre le pouvoir tout
entier au peuple. Il en vient à dire que les hommes sont incapables d'assumer une telle

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responsabilité. Rousseau envisage une solution : un grand législateur qui serait une sorte de
personnage et qui serait désintéressé, qui mettrait en place son génie fictif et improbable.

Rousseau ne parvient pas vraiment à penser la démocratie, il ne la pense que démocratie directe,
sur le modèle athénien.

Les révolutionnaires vont trouver ensemble cette solution. Ils conviennent qu'il est impossible
de recueillir l'accord unanime de tous les citoyens. Il faut réfléchir à une nouvelle formule : la
République qui est un gouvernement par représentation. Les premiers constituants de 1789 qui
vont définir le texte constitutionnel, ce qu'ils vont inventer c'est le principe majoritaire. C'est
l'idée que la majorité a la même puissance, la même légitimité que l'unanimité. L'unanimité est
l'idée que tous les citoyens sont d'accord sans exception. La majorité est l'idée que la moitié +1
est d'accord et cela a la même valeur que s'ils tombaient d'accord à l'unanimité.

Si une fraction du peuple n'est pas d'accord, les lois restent valides. La loi issue d'un vote
majoritaire, peut être considérée comme l'expression de la volonté générale.

Cela permet de reconnaitre à une loi qui est issue d'un vote de l'assemblée, la force qu'elle
aurait si elle avait été votée par le peuple tout entier. S'intercale entre la souveraineté du peuple
et la représentation, ce mécanisme majoritaire qui rend la démocratie possible.

La deuxième invention des révolutionnaires est que les représentants de la nation lorsqu'ils
sont élus ne représentent pas les citoyens concrets qui les ont élus, ils représentent la nation
toute entière : c'est ce qu'on appelle le refus de mandat impératif.

B) Le principe libéral en démocratie

Versent individuel de la démocratie, c'est la reconnaissance aux individus d'une sphère


inaliénable de droit et libertés. L'autorité politique doit non seulement respecter ces droits et
libertés mais aussi les protéger. Elle doit empêcher que ces droits et libertés soit bafoués mais
en même temps ne pas trop intervenir sur ceux-ci.

Sur un plan politique le plan libéral renvoie aux principes connexes de la libre confrontation
des opinions ce qui veut dire libre compétition des candidats à leurs représentations.

Démocratie : acceptation des conflits. « Démocratie procède d'un consentement en conflit » Le


critère de la démocratie devient l’élection de représentants & de gouvernants au SU lors de
scrutin compétitif régulier & transparent. La participation électorale est vraiment au cœur de

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nos démocraties car c'est le moment où se combinent la souveraineté populaire, la
représentation et le respect des droits individuels.

Paragraphe 2 Vers une démocratie davantage délibérative

A) Les implications oligarchiques de la démocratie

L'oligarchie est le pouvoir détenu par un petit nombre. N'y a t'il pas dans la démocratie un
principe oligarchique ? Bernard Manin, Les principes d’un gouvernement représentatif part du
cas américain. Treize colonies se sont affranchies de la tutelle de l'Angleterre, les USA sont
nés. Il y a un débat dans la démocratie. Les révolutionnaires mettent en place un gouvernement
représentatif : principe démocratique peuple source de légitimation de gouvernement et
oligarchique parce que le peuple à délégué sa capacité à gouverner à un nombre restreint
d'individus.

Les américains prennent conscience que les représentants viennent d'une classe sociale bien
définie. Les représentants forment une aristocratie de compétence, une élite politique, puisqu'il
faut que les représentants aient l'idée du bien commun, ceux qui parmi les citoyens sont les plus
aptes à définir le bien commun. Il y a une logique de gouverner par des élites qui ne sont pas
tenues de réaliser les vœux de tous les citoyens (principe anti démocratique).

Arrangement institutionnel selon Manin :

- Premier critère : choix des gouvernants par les élections. On réduit à 4 ans la durée du mandat

- Deuxième critère : indépendance des gouvernants dans la prise de décisions politiques

- Liberté d'opinion des citoyens à tout moment.

- La possibilité que les décisions publiques soient soumises à l'épreuve de la discussion.

Redonner la parole au peuple. Pas de crise de la démocratie si décision respectée. L'idée est
d'instaurer entre le pouvoir et le peuple des institutions qui lui permettent de s'exprimer
davantage. Il faut contrer l'exigence d'universalité. Dans la démocratie parlementaire, on a
l'expression des opinions et les représentants qui délibèrent. Les partis politiques sont les
instances intermédiaires entre le peuple et les gouvernants, jouent pleinement leur rôle d'arène
des représentations populaires, leur diversité est aussi l'expression de la diversité des opinions.

Habermas, philosophe contemporain dans droit et démocratie a posé les fondements


conceptuels de la politique délibérative, il distingue deux formes d'autonomie chez les individus

14
entre autonomie privée et publique qui renvoie au droit de communication et de participation à
la vie politique.

Les droits des individus ne sont pas mieux garantis que quand ils ont leur autonomie publique.
Il faut que la discussion puisse se déployer dans le cadre de la démocratie représentative au sein
duquel chaque citoyen aura les mêmes droits que les autres. Il faut trouver des nouvelles formes
de discussion et de décision qui permettront aux citoyens de réintervenir dans le processus de
décision consensus populaire permettant les décisions aux citoyens.

Habermas propose une démocratie davantage délibérative avec des débats publiques :
multiplication des lieux de discussion légitime, on essaye de recréer un processus véritablement
démocratique avec la participation des citoyens à la décision politique.

Il faudrait un mixte entre délibération et représentation : la représentation est le mode minimal


de la vie démocratique.

B) La délibération ou comment redonner la parole au peuple

La crise de la démocratie

Marcel Gauchet dans son ouvrage La démocratie contre elle-même constate que la crise de la
démocratie est caractérisée par un phénomène de désertion civique, hausse de l’abstention,
désintéressement de la chose publique.

A l'échelle de la terre tout entière la démocratie s'est imposée comme le modèle


recommandable. Jusque là, le régime concurrent était le régime communiste : idée
révolutionnaire.

Le Marxisme : idée d'une société sans classe. La révolution peut changer les choses.
L'effondrement de l'idéologie communiste à entraîné la perte de croyance en la capacité des
Hommes à changer les choses. Ce qui disparaît est l'idée d'un pouvoir de transformation sur
notre propre monde. Du coup, la démocratie qui est fondée sur l'idée que les hommes font leur
propre monde est frappée par cette crise.

Si on définit la démocratie comme pouvoir de la collectivité sur elle même, on a perdu


confiance sur ce pouvoir, on y croit plus, on s'en moque. Logique collective a cédé le pas a la
logique libérale. Le rapport entre pouvoir et société s’est inversé ce qui prime maintenant c'est
la société et ses membres qui l'emportent sur le gouvernement politique. On est passé d'un prima

15
du politique sur la société a un prima de la société civile sur le politique. Les droits et libertés
sont placés au cœur de la vie commune.

Fin des années 80 le respect des droits et libertés devient l'idéologie démocratique par
excellence. Du point de vue des gouvernants, les décisions politiques visent de plus en plus à
répondre à des revendications particulières. L’État devient une machine à donner des droits et
garantir leur respect. Les droits individuels se jouent au détriment d'une considération
d'ensemble.

Le mouvement d'ensemble est celui qui nous conduit vers une démocratie minimale, libérale,
circonscrite au respect des droits et libertés individuels. Il s’agit là de « plus de droits pour
chacun, moins de pouvoir pour tous ». Cette démocratie minimale se dirige vers une forme
d'autodestruction puisqu'elle se détourne de ce qui faisait l'essence de ce qui fonde la démocratie
à l'origine.

L'idée d'Etat comme puissance publique devient suspecte. On en vient à réclamer sa


neutralisation. L'État est devenu impuissant à répondre à toutes les revendications de ce qui
forme la société civile. Il y a donc une sorte de paradoxe qui fait que l'Etat démocratique a perdu
ce qui faisait sa force. Crise des fondations de la démocratie représentatives. Pas de vie
commune sans pouvoir collectif. Pas de liberté sans pouvoir.

Chapitre IV autoritarisme et totalitarisme

C'est une vieille tradition qui remonte de la Grèce antique. Au XIXème siècle, cette question
est écartée par la toute nouvelle science politique. Les sciences s'imposent comme étant
rationnelle, descriptive et donc non-normative. Il s'agit de connaitre et de définir les régimes
politiques. Il faut mettre en évidence des critères pour définir les gouvernements : il faut
imposer les régimes démocratiques et ceux non-démocratiques mais implicitement, on a une
démocratie normative. On a d'un côté les régimes totalitaires et autoritaires et de l'autre la
démocratie.

Il y a deux critères qui s'imposent en démocratie : la séparation des pouvoirs et la question du


pluralisme politique.

Dans le camp autoritaire ou totalitaire, c'est la concentration des pouvoirs et l'interdiction de la


liberté d'expression, alors que dans la démocratie, c'est la séparation des pouvoirs et la liberté
d'expressions.

16
Paragraphe 1 Les régimes autoritaires en vis-à-vis de la démocratie

On peut considérer les régimes totalitaires comme des régimes archaïques, odieux mais ils sont
aussi actuels. La forme autoritaire est aujourd'hui la forme la plus répandue sur la planète. Le
paradoxe est qu'en dépit de cette expansion, cette forme est restée longtemps indéfinie.

A - Définition de l'autoritarisme

Juan LINZ, Régimes totalitaires et autoritaires (2006) : " sont des systèmes politiques
caractérisés par un pluralisme politique limité, dépourvu d'idéologie directrice élaborée mais
reposant sur une mentalité caractéristique, sans volonté de mobilisation et dans lesquels un
leader ou parfois un petit groupe exercent un pouvoir dont les limites formelles sont mal
définies."

Juan LINZ a permis que l'on distingue l'abolition totalitaire d'un côté et des régimes purement
dictatoriaux.

La typologie de LINZ permet de classer les régimes non démocratiques selon 3 critères:

- Le degré de pluralisme du régime ;

- La question de la mobilisation ou dépolitisation ;

- L'existente ou non d'une idéologie.

Régime autoritaire ;

Le pluralisme du régime : le régime tolère l'expression libre des opinions tout en la contrôlant
très étroitement. Les régimes autorisent le maintien d'une liberté d'expression mais dans le cadre
des valeurs qu'est fondé le régime.

Juan LINZ, dans le régime totalitaire, il y a une mentalité c'est pour différencier de l'idéologie.
C'est un ensemble de références communes, qui sont généralement conservatrices ou
moralisantes, et elles doivent rassembler la population dans une sorte d'unanimité (ex :
l'Espagne de Franco). La mentalité est toujours fluctuante dans un régime totalitaire, car elle
est pragmatique.

Il peut arriver qu'une partie de la population n'accepte pas les règles du totalitarisme, et pour
contrer cela, le régime autoritaire est majoritairement répressif. Le régime autoritaire n'accepte
pas les critiques. La terreur s'applique à tous.

17
Ce que recherchent les dirigeants totalitaires c'est l'apathie (l'absence de passion) des individus,
cela va dans le sens de la dépolitisation. Plus les masses sont apathiques, plus le régime est
solide.

Comme les fondements sont fragiles, les régimes autoritaires sont plus fragiles que les régimes
totalitaires.

B - Des régimes de confusion des ressources publiques et privées

Ces régimes durent aussi longtemps car les dirigeants distribuent des ressources matérielles et
symboliques qui leur assurent le soutien des élites de la société. Cette situation est qualifiée en
sociologie politique comme une situation de domination patrimoniale. C'est une forme politique
issue de la logique patriarcale. Le pouvoir est entre les mains d'un chef qui considère ses proches
comme des serviteurs et ses sujets comme des fidèles et pour maintenir cela, le chef va faire en
sorte d'imbriquer les ressources publiques (ressources symboliques : la possibilité de distribuer
des titres, statuts) et les ressources privées (biens matériels, les grandes ressources sont
nationalisées et on les confie à ses proches pour les exploiter). Le dictateur crée un lien entre
lui et ses sujets.

Cette logique va lui permettre d'entretenir la soumission des élites. On appelle cela le
clientélisme.

Logique de clientélisme : alliance verticale entre deux personnes de statut, de pouvoir et de


ressources inégaux, dont chacune considère utile d'avoir un allié supérieur ou inférieur à elle.

Il s'agit pour le dictateur de s'assurer du soutien d'alliés intérieurs en leur donnant des
ressources et pour les alliés de bénéficier de la protection du chef. C'est donc une relation
hiérarchique et inégalitaire.

Dans le système autoritaire on a toujours cette dynamique clientéliste mais on a aussi le


développement d'un Etat politique, une institution étatique. La captation par les individus et son
entourage des ressources symboliques, matérielles et coercitives, couplé à la monopolisation
des institutions financières du pays aboutit à la création d'une façade institutionnelle, qui permet
au dictateur de se présenter au monde comme un véritable Etat.

Le régime autoritaire est un système politique autour de la personne qui est à la tête de
l'éxécutif et qui tente de reproduire un modèle de domination personnalisé, orienté vers la
protection de l'élite du pouvoir et qui cherche à limiter au maximum l'accès aux ressources
détenues par le centre, c'est à dire qu'il y a double monopole politique et économique.
18
Pour maintenir le régime, le dictareur s'arrange pour intégrer les potentiels rivaux dans
l'appareil bureaucratique. Ce qu'on observe c'est une confusion totale entre le politique et le
privé, ce qui est l'inverse d'un régime démocratique.

Le propre des régimes démocratiques c'est de maintenir la limite entre le politique et le privé.
Toutes les composantes du système sont conçues pour maintenir le groupe dominant au pouvoir,
cela permet au dictareur de faire comme si c'était un système démocratique.

Il y a 3 éléments communs aux régimes autoritaires :

- C'est d'abord le refus du caractère légitime des conflits de personne et de valeurs.

- La quasi absence d'institutionalisation du compromis en présence, refus du pluralisme par


partisan et contrôle étroit des institutions autorisées au sein de la société civile.

- La coercition c'est à dire la répression sur les personnes mais aussi la main mise sur les médias
et un certain degré de contrôle sur la population.

Tout cela fait signe vers des pratiques non démocratiques, ces régimes sont hostiles au
pratiques et normes démocratiques et pourtant ils présentent des éléments modérateurs qui
expliquent que certains vont évoluer vers des formes plus démocratiques :

- Le rôle mineur de l'idéologie, il a beaucoup de façons pour le dictateur de gérer la question


de la mentalité.

- Les dirigeants recherchent plus l'apathie que leur adhésion enthousiaste. Ils ne peuvent pas
compter sur la mobilisation des masses qui peut leur être fatal.

- La tolérance plus ou moins grande à l'agard des initiatives de la société civile, la tolérance
permissive.

l - Les régimes totalitaires, une exception historique ?

Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme (1951). Elle a écrit les origines des régimes
totalitaires où elle définit les éléments rendant le régime possible et où elle tente d'interpréter le
nazisme et le communisme, qui sont les deux seuls régimes totalitaires pour elle.

19
Elle décrit le phénomène totalitaire dans un caractère inouï car ce phénomène a introduit une
nouveauté sur le plan de l'histoire des horreurs perpétrées par les hommes sur les hommes. Cela
impose de réfléchir sur le totalitarisme en nouveau terme, car rien ne nous permet de
comprendre et saisir la nature du phénomène totalitaire. Donc il faut partir de zéro pour
comprendre le caractère inédit du régime.

A - Définition du totalitarisme

Tout ce qui permettait l'existence d'une personne vole en éclat à la faveur de la révolution
industrielle. Les individus deviennent des atomes individuels, complètement perdus. Max
Weber est resté 5 ans en dépression car il subissait un choix dépressif lié à la modification de
la société allemande.

Hitler propose un retour au IIIème Reich, c'est à dire une possibilité de repousser les frontières
allemandes.

Arendt dit qu'il y a dans le phénomène de dislocation des traditions une accentuation de
l'individualisme, c'est là où va commencer le succès du totalitarisme.

Il y a trois caractéristiques :

- L'inscription dans une nécéssité historique : les régimes totalitaires ne sont pas seulement
arbitrires, ils ne sont pas seulement dictés par l'arbitraire de leur dirigeant. Ce ne sont pas de
simples dictatures arbitraires. Les régimes totalitaires prétendent s'inscrire dans la nécéssité
historique, c'est à dire qu'ils prétendent reprendre des lois historiques préexistantes ; les nazis
par exemple s'inscrivent dans les lois biologiques de la nature qui renvoit à une hiérarchie des
races et une supériorité de la race arienne

Pour les soviétiques, les lois sociales ce sont les lois marxistes de l'effondrement des classes
et l'avenir d'une société communiste, sans classe et sans Etat.

- L'omniprésence de l'idéologie : ce n'est pas qu'une simple représentation du monde.


L'idéologie ne devient idéologique que quand elle s'intégre à un système d'explication à la fois
global et scientifique du monde.

Marx motre que depuis l'origine de l'humanité c'est la lutte des classes qui domine le monde.
C'est la vérité, c'est quand une idée devient une logique dans le sens où elle se surimpose à une
réalité sociale.

20
- Le remodelage de la société : c'est une domination à la fois totale mais aussi informe, car elle
correspond à un projet de domination absolue sur la société. Il faut mettre en oeuvre des
mécanismes permettant aux pouvoirs de s'assimiler (la société et le chef ne font plus qu'un),
c'est à dire la dénégation de toute autonomie, de toute différence, de toute pluralité.

La terreur c'est la soumission de la société selon laquelle chaque individu a la vocation de se


retrouver victime de la répression de l'Etat. La terreur totaliraire doit se mettre en place ou le
totalitarisme est à son pogée "la terreur est totale quand elle devient indépendante de toute
opposition" A. Arendt.

Il y a une dissolution de tout espace tant public que privé pour ne pas laisser plus subsister que
l'individu pour se désengager de toute appartenance sociale et qui peut donc engager une sorte
de dialogue entre lui et le chef. Dans les régimes totalitaires, tout s'organise autour du chef, il y
a un culte du chef. C'est le chef qui incarne et lui seul, l'âme du peuple, la ligne juste.

Le totalitarisme a pour principe l'idéologie et pour pratiquer la terreur, mais son motif ultime
c'est le mouvement.

B - Critiques et théories alternatives

Raymon ARON, Démocratie et totalitarisme (1958).

Cinq éléments :

- Un parti unique au pouvoir ;

- Une idéologie érigée en vérité officielle ;

- Le double monopole des moyens de violence et de persuasion ;

- L'absorption des activités économiques par l'Etat ;

- L'exercice d'une terreur idéologique et policière.

Claude Lefort, L'invention démocratique (1981) : une représentation de la non division,


l'impossibilité de tout conflit, même symbolique.

Barbarie a un visage industriel, le totalitarisme est une tentative pour nier la condition
humaine, "un système où les hommes sont de trop". H.Arendt

Là où se situe l'originalité du totalitarisme c'est dans la recherche fusionnelle de tous les


composants de la population. Le régime totalitaire est une visée d'emprise qui interdit toutes les

21
contestations et qui met au service de cette visée une utilisation massive des technologies
modernes de l'organisation, ce qu'on va appeler système concentrationnaire.

La barbarie c'est quelqu'un qui nie la condition humaine, qui juge l'autre comme rien. Ce que
produit les sytèmes totalitaires c'est la négation de la condition humaine.

Chapitre V La participation

La participation désigne l'ensemble des pratiques et des manifestations d’intérêts des gouvernés
à l'égard des affaires publiques. Que ce soit des affaires communes ou des affaires concernant
la l'humanité entière.

Du côté des pratiques, participer peut signifier : voter, manifester, militer dans un parti etc. Ces
marques d'intérêts sont un ensemble vague qui recouvre tous les biais par lesquels les citoyens
s'informent sur la vie politique et par lesquels ils discutent de la politique. Sous ce mot unique
on trouve une grande diversité de manifestations lesquelles peuvent être classées des formes
moins intenses (ex : regarder un débat télévisé, accepter un mandat local bénévole) à des formes
très impliquées. Au milieu de cette échelle on trouve le vote, c'est la seule forme de participation
qui peut prétendre être l'expression légitime de la participation politique car elle concerne que
les citoyens mais seulement les citoyens.

Paragraphe 1 - Le vote

Le 21 Avril 2002, Le Pen s'est retrouvé au second tour de l'élection présidentielle. Les
journalistes critiquaient le fait qu'il y ait une multitude de candidats, puis en 2007 il n'avait pas
eu plus de 10% ( Le pen ), et lors des législatives il plafonne à 4%, les journalistes disent que
Nicolas Sarkozy avait réussi à capter une partie de l'électorat du FN ( les frontistes ), une partie
des électeurs perdus, aux régionales de 2010 le FN a eu 11% ce qui a été vu comme une
renaissance et notamment dans l'électorat populaire. Les analystes essayent de mettre en
évidence la conjoncture qui permet de comprendre ce qui s'est passé lors de l'élection. Depuis
un siècle l'explication du vote est devenue une véritable science.

2012 Marine Le Pen obtient 18% a nouveau un pic électoral, à tel point que les commentateurs
parlent de renaissance due aux classes populaires ( les classes ouvrières victimes de la
désindustrialisation de la France. Ils votent à hauteur de 30% pour le FN) aussi, ceux qui sont
directement touchés par la crise (les chômeurs, les commerçants, ..) Deux catégories fragiles
par rapport à la crise économique : les vieux et les jeunes.

22
Expliquer le vote est une obsession et une dimension importante pour la science politique ( fin
19ème → reconnu comme science ) . Au même moment, les partis politiques se développent.

A - Les analyses écologiques ou la demension collective du vote

Le but est de mettre en relation le vote de l'électeur avec leur environnement c'est à dire avec
les caractéristiques géographiques, historiques et sociales. Les électorats → masse d'électeur

Il faut retenir la dimension collective de la consultation électorale qui l'emporte.

Le modèle de la géographie humaine : Siegfried observe au début 20ème siècle que les votes
des citoyens sont très homogènes par unité territoriale. Corrélation et orientation du vote, il
montre comment dans des zones granitiques ( état dispersé ) domine la prédominance de la
grande propriété terrienne et l'influence du clergé qui s'est maintenu. → vote de droite / A
contrario, les états regroupés dans les zone calcaire, petits et moyens propriétaires → zone de
vote de gauche.

Il met en avant le conditionnement des électeurs par la structure de l'endroit où ils habitent (
facteur géologique et économique ).

Ce qui conditionne est la nature du sol, le mode d'habitat et la nature de propriété. Il a remarqué
qu'on pouvait faire un lien entre un certain état de la géographie et une orientation du vote. Zone
d'habitats dispersés et de grandes propriétés, l'influence du clergé était maintenue : zones du
bastion du vote de droite. Dans les zones d'habitats regroupés, petits et moyens propriétaires,
perte d'influence de la religion donc vote de gauche.

privilégie une explication de la dépendance sociale, parce que le conditionnement des électeurs
est fait par un contrôle.

Le modèle de la géographie humaine sera critiqué par le modèle du traumatisme historique : il


s'agit ici de mettre l'accent sur l'histoire. Paul Bois s'intéresse à la France de l'Ouest, il parle
d'une critique du modèle géographique pour insister sur les traditions culturelles et tout ce qui
s'inscrit dans une perspective historique, il prend pour exemple la Sarthe ( Ouest du département
vote à droite, l'Est vote à gauche ) tout s'est joué autour du traumatisme de la révolution
française. Les révolutionnaires décident de nationaliser les biens du clergé. Les révolutionnaires
exigent qu'ils fassent allégeance à la toute nouvelle république. Certains des français vont
adhérer et rejoindre la révolution et d'autres vont résister auprès du clergé et des nobles.

23
-L'importance de l'histoire. Paul Bois développe un nouveau modèle qui met l'accent sur les
traditions culturelles des électeurs. Il s'attache à étudier la Sarthe parce qu'il a remarqué un
clivage entre l'Ouest qui vote à droite et l'Est qui vote à gauche. Révolution Française : la
nationalisation des biens du clergé, le projet des révolutionnaires était de faire le pilier spirituel
de la Révolution. Cela a engendré un clivage entre les prêtres républicains et les prêtres
réfractaires car ils ne voulaient pas prêter serment à la nation. Cela a entrainé une sorte de guerre
civile et dans la Sarthe cela a débouché sur une révolte populaire qui a enraciner l'Ouest paysan
et contre révolutionnaires et un Est citadin et pour la Révolution. C'est le modèle du traumatisme
historique à partir duquel la situation se cristallise et à partir duquel les comportements
politiques se figent. Il faut plus de temps pour que les mentalités évoluent, on continue
d'observer ce clivage droite/gauche.

Modèle du déterminisme social : Développement de la technique statistique et des sondages.


Aux Etats-Unis que ce s'est développé.

Prise en compte des milieux sociologiques d'appartenance. C'est grâce aux sondages que l'école
de Chicago ( Paul Lazarsfelf ) va pouvoir mettre en corrélation le fait que d'appartenir à telle
classe fait voter pour tel parti. Une personne pense politiquement comme elle est socialement.
Le vote est considéré comme étant déterminé par des normes collectives qui sont celles de
l'entourage social de l'électeur, même si c'est un acte individuel. On vote comme sa famille, ses
amis, ses collègues etc. Il y aurait une certaine homogénéité politique des groupes sociaux. Ils
distinguent trois critères principaux qui sont le statut social économique ( CSP ), la religion et
le lieu de résidence. Aux Etats Unis, une enquête a été faite pour voir les choix électoraux du
panel, ainsi on a pu étudier leur comportement tout au long de la campagne, comment les choix
de vote évoluent. La campagne électorale n'a pas beaucoup d'influence, dans 7 cas sur 10 ils
votent en conformité avec leur groupe social d'appartenance. Plus on est républicain, religieux,
plus on habite à la campagne plus on vote à droite. Plus la CSP est élevé, plus on vote
républicain.

Plus la catégorie socioprofessionnelle est basse, plus on vote à gauche. Les choix sont
déterminés par le milieu d'appartenance sociale des individus. ( cf Bourdieu )

Ceux qui s'intéressent à la campagne électorale, sont les plus intéressés.

Corrélation : idée de dépendance nécessaire entre deux phénomènes. Corréler des facteurs
sociaux. La correspondance geographique de deux phénomènes sociaux ne veut pas dire qu'il
existe un lien de causalité entre les deux.

24
« la ruralité frontiste » → Dordogne, dont l'une des caractéristiques est d'avoir été un haut lieu
de la résistance n France

Ceux qui sont les plus politisés sont également ceux qui sont les plus surs de leur choix. Pour
d'autres analystes du Michigan il faut prendre en compte la psychologie des individus en ayant
des entretiens avec certains votants pour trouver l'identification partisane. Pour ces analystes
écologiques il n'y a pas d'électeurs mais seulement des électorats avec des caractéristiques
communes, le problème c'est que cela pose un certain nombre de questions en terme de
corrélation ex : en France on a observé que les régions où il y avait le plus de suicide, votaient
plus communistes mais on ne peut pas faire de corrélation entre ces phénomènes.

La volatilité électorale c'est le fait que les électeurs vont de parti en parti et de candidats en
candidats : En 81 on s'est rendu compte que 40% des électeurs ont changé d'avis, il y a très peu
de stabilité. La mobilité électorale est venue recentrer l'analyse du vote en prenant la dimension
individuelle et la dimension à court terme.

B - Les analyses stratégiques

Le postulat de base est celui qui analyse la vie politique comme un marché politique. Elle a été
développé par Anthony Downs qui a écrit une théorie économique de la démocratie dans lequel
il montre que la politique marche comme l'économie. Le marché politique est le lieu symbolique
où les professionnels de la politique sont l'offre et la demande politique est celle des électeurs
en quête de satisfaction. Lors d'une élection les candidats offrent un ensemble de biens
politiques en faisant des promesses et face à cette offre l’électeur va prendre ce qui lintéresse
en essayant de maximiser son utilité par rapport à cette offre. Il tente d'obtenir de son vote une
incidence optimale sur ses conditions concrètes dexistence. Pour être valable cette théorie
suppose que tous les électeurs sont conscients des enjeux politique en présence et qu'ils sachent
les classer sur une échelle de préférence. Il faut également qu'ils aient accès à de l'information
fiable sur les offres politiques pour mettre en œuvre ce calcul rationnel.

Ce qui est intéressant c'est la nouvelle figure de l'électeur, les nouvelles générations sont plus
aptes à comprendre les débats de politique. Si les électeurs sont plus éclairés c'est parce qu'ils
ont été séparés de leur groupe d'appartenance, c'est une logique néo-libérale dans lequel
l'électeur est de plus en plus individualiste. De plus, ils sont apparus car il y a eu un
accroissement des ressources personnelles pour comprendre la vie politique.

25
L'atout des modèles stratégiques c'est qu'on peut comprendre ces phénomènes curieux qui sont
la volatilité électorale et l'indécision électorale. Le modèle de l'électeur rationnel n'existe pas
mais chez chaque électeur il y a de la rationalité mais aussi des éléments moins rationnels. Ainsi
on a pu qualifier les électeurs responsables en prenant position selon l'information politique.
L'électeur peut aussi être sensible aux qualités individuelles des candidats. L'électeur réfléchit
c'est celui qui laisse toute sa place aux sentiments et aux affectes, ainsi il va voter pour le
candidat qui va le mieux défendre sa catégorie ex : les femmes etc. Ce qui se passe dans la
campagne est décisif car les électeurs y sont sensibles.

Avec cette explication du vote on se rend compte qu'aucune théorie ne se suffit. Si le modèle
rationnel a eu un succès c'est parce que la société libérale triomphait, de nos jours les tendances
à long terme reviennent en force à cause de la conjoncture.

Paragraphe 2 - Comprendre l'abstention

La thèse la plus souvent défendue est celle d'une crisé électorale qui toucherait la démocratie
dans son essence parce que les signes de cette crise touchent à ce qui fait la vie de la démocratie
c'est à dire la participation électorale. On observe laugmentation des votes et des manifestations
protestataires, doublés d'un accroissement du refus de voter : Européenne 2009, 60%
d'abstention et Régionale de 2010, 50% d'abstention. Présidentielle en 2002 : 28% seulement
18% en 1988. On a souvent assimilé labstentionnisme à de l'indifférence politique.

A - L'indifférence

Des citoyens qui pour des raisons socio culturelles sont très éloignées de la vie politique.
L'analyse consiste à séparer d'un coté des citoyens cultivés, appartenant à des couches sociales
favorisées et assez âgé de l'autre des citoyens peu cultivés, de classe populaire et jeune. On
observe que c'est au sein des milieux populaires que l'abstention est la plus importante mais
comme toutes les analyses collectives elle ne suffit pas à rendre compte du phénomène de
l’abstentionnisme. Les ouvriers et les employés constituent de plus en plus une minorité car ils
sont de moins en moins nombreux à aller voter. Plus un individu vit une situation précaire moins
il se fait entendre car il ne vote plus et ne fait pas partie de grèves ou de manifestations. Une
des illustrations est les émeutes en banlieue qui ne sont pas organisées, pas encadrées, c'est une
simple révolte qui n'a pas de revendications précises. Cela témoigne que les moins bien insérés
n'ont comme seul recours que la violence.

26
Affaiblissement de la norme participationniste, c'est à dire l'abandon des formes morales qui
étaient importantes dans le vote. Avant dans les quartiers populaires il y avait un encadrement
politique donc les membres étaient quotidiennement stimulés pour participer. Mais cela a
changé car près de la moitié sont des étrangers ou alors citoyens mais non inscrits sur les listes
électorales. Pour un jeune né en France de parents étrangers, il n'aura pas connu ce moment de
vote si par ailleurs il est mal inscrit (ne vit plus proche de son bureau de vote habituel) on
comprend que les jeunes adultes ne votent plus. Dans la cité des cosmonautes en Seine Saint
Denis, les sociologues ont remarqué que lors du premier tour de l'élection de 2002, 80% des
biens inscrits vont voter alors que 15% des mal inscrits sont allés voter. Plus on est indifférent
à la politique plus on a besoin d'entrainement pour aller voter. Les groupes d'appartenance sont
tellement déstructurés qu'ils ne peuvent plus contrebalancer l'indifférence des jeunes à la
politique. Chez les parents isolés avec enfant le taux d'abstention est le plus fort (65%) et dans
les cellules familiales les plus structurées, le taux de vote est le plus élevé.

A qui l'abstentionnisme profite-t-il ? L'abstentionnisme des classes populaires profite à la droite


et à la gauche, les classes moyennes et supérieures sont celles qui votent le plus donc elles sont
ciblées par la campagne. De ce fait, toutes les mesures qui sont sur les allègements fiscaux vont
rencontrer un grand succès car elles vont concerner une minorité sociale mais une majorité
politique. Aux États Unis les classes populaires sont des abstentionnistes permanentes du coup
ceux qui votent sont les classes supérieures donc du point de vue de l'offre politique il faut
satisfaire les intérêts de ces classes. Si depuis 20 ans l'abstention atteint des proportions
importantes c'est aussi parce que s'est développé un abstentionnisme de protestation.

B - La protestation

C'est l’abstentionnisme de gens qui sont impliqués dans le jeu politique, des électeurs qui se
déclarent proche d'un parti politique. En 2002, 32% des électeurs. Ce chiffre est en progression,
cela signifie que de plus en plus les abstentionnistes sont dans le jeu politique. Les électeurs
refusent d'aller voter pour sanctionner les candidats en présence donc refuser l'ordre politique
présenté lors de l'élection. En France la citoyenneté est basée sur la responsabilité individuelle
vis à vis de la collectivité et d'un engagement pour aller voter. C'est pourquoi jusqu'en 1997
l'inscription sur les listes électorales était volontaire. Le vote est un acte libre et responsable
donc le fait de ne pas aller voter a été vu pour beaucoup comme un acte libre et responsable
pour exprimer un mécontentement. Dans cette perspective, l'abstention est un écart vis à vis de
la norme civique c'est à dire qu'elle exprime un mécontentement que la classe politique doit

27
entendre, l'expression est « citoyen critique ». Ils s'intéressent à la vie politique, sont bien
informés et sont affranchis des références socio-économiques.

Ces citoyens critiques grossissent les rangs de l'abstention. Ce sont des abstentionnistes
intermittent, volatiles car ils reconsidèrent leurs choix politiques à chaque scrutin électoral.
Pascal Perrineau a développé la théorie de cet électeur critique exigeant et libre. L'abstention
serait un signe de la vitalité démocratique, 79% des français jugent qu'il est important de voter
et 60% pensent qu'il est important de manifester leur mécontentement.

Au delà de l'inconstance, il y a comme un remord des abstentionnistes, tout ceux qui n'ont pas
voté en 2002, 50% disent qu'ils auraient du aller voter. Ceux qui ne votent jamais représentent
12-15% des électeurs, 5% des citoyens ne sont pas inscrits soit 2 citoyens sur 10 en tout qui
sont exclus du système démocratique.

Il y a aussi un décalage entre l'intention de vote et le vote effectif, en 2002 40% des jeunes ne
sont pas allés voter. C'est l'abstentionnisme de perplexité car les jeunes sont indécis.

On peut dire du citoyen qu'il est caractérisé par la volatilité et la perplexité, ce sont des éléments
qui nous invite a revoir la place du vote dans la palette des outils démocratiques et reconnaître
que l'abstention est une forme de participation politique. Si l'on voulait être pessimiste, il
faudrait observer que l'abstentionnisme indifférent augmente fortement.

Chapitre VI Les partis politiques

Les partis politiques sont apparus pour la première fois dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Les électeurs devaient pouvoir identifier les candidats pour lesquels ils allaient voter. C'est la
naissance du clivage droite/gauche, les partis politiques sont apparus pour représenter tel ou tel
camp. Dans les années 1860 en Angleterre il y a les libéraux et les conservateurs, en Allemagne
création du premier parti social démocrate en 1875. C'est ainsi qu'apparait le système partisan
qui est la représentation du pluralisme des opinions. Parti = division.

Les partis politiques sont le produit de la démocratie. Ils sont l'émanation même des conflits
sociaux. Cela signifie que chaque parti permet de transposer les grandes oppositions qui
structurent la société civile. Donc il ne peut pas y avoir de démocratie sans pluralisme politique.
Leur objectif principal est de conquérir le pouvoir. Il prend la forme d'une association avec la
finalité de conquérir le pouvoir. Et la mobilisation des militants et celle des citoyens vient par
la suite, afin d'obtenir leurs voix. La théorie a produit plusieurs définitions, on va observer
l'évolution des partis politique au fur et a mesure que les sociétés occidentales ont changé.

28
Paragraphe 1 - Des partis qui changent en fonction de la vie politique

A - L'approche fonctionnaliste

La définition classique des partis repère 4 caractéristiques :

La Palombara et Weiner caractérisent le parti politique sur 4 caractéristiques :

C'est une organisation durable, son expérience de vie est supérieure à celle de ses dirigeants.

C'est une organisation implantée localement donc les échelons locaux sont en relation avec
l'échelon national (sans cette dimension aucun candidat n'a de chance de remporter l'élection).

C'est une organisation dans laquelle les dirigeants ont la volonté délibérée de prendre et exercer
le pouvoir.

Un parti est une organisation qui cherche à acquérir un soutient populaire de façon qu'il se
transforme en vote et en adhésion. C'est à dire que la conquête du pouvoir ne peut se faire sans
l'appui d'une fraction importante de la population.

On peut repérer les six grandes fonctions du parti politique :

La sélection des candidats aux élections locales et nationales. Chaque parti organise cette
sélection comme il le veut et ces mesures de sélection varient selon le poids des militants et des
sympathisants et leur importance. Depuis très longtemps aux EU, les primaires peuvent êtres
très ouvertes : à tout citoyen qui souhaite s'exprimer. Moins la procédure est ouverte aux
citoyens, plus elle apparaît opaque. Les primaires tendent à se banaliser comme aux États-Unis.
L'enjeu de la sélection des candidats est très important, le candidat choisi se retrouve avec une
stature d'homme politique très important sur le plan national.

En France, la désignation des candidats se faisait de façon opaque à l'intérieur des partis
politiques au milieu des instances dirigeantes. En 2007, le parti socialiste a décidé de choisir sa
candidate par élection, en prenant exemple sur EU. Les deux grands partis français ont adopté
plus ou moins douloureusement.

2012 : tout le monde s'accordait à penser qu'il y aurait des primaires, affaire DSK

Mobiliser des soutiens, cela signifie mettre tout un appareil au service des candidats avec des
ressources organisationnelles → importance du maillage territorial (= produit un tas de notes,
de rapports sur les thèmes socio-politique , réservoir à idée → think tank) (son réseau local et
son réseau d'experts) : think tanks, machines de guerre. Les personnes de ces think tanks

29
mettent leurs idées aux services des partis), des ressources financières (financement public et
cotisations des adhérents).

Les principaux think tank : terranova pour les socialistes ; et … pour la droite.

Réseau associatif de jeunes qui mettent leur enthousiasme dans les partis, à gauche on sait que
le parti socialiste peut compter sur des associations qui sont censées être chères à la gauche
(droit au logement, etc). On sait que parfois c'est là que tout se joue . Ex : Barack Obama qui
avait mis en place un système de démarchage local, il s'était adressé aux étudiants américains,
il avait eu l'idée de créer une sorte de mobilisation d'étudiants pour changer leur lieu de vote
(ils habitent loin de leur ville natale en générale). Réseaux sociaux. Cette campagne a lancé le
principe de la e-propagande.

Fonction de programmation avec le vocabulaire du débat politique, c'est l'endroit où les idées
politiques de demain sont réalisées. Cette fonction a son importance car elle structure le débat
électoral, elle permet de légitimer un certain nombre de thèmes. Elle permet de canaliser un
certain nombre de conflits en les transformant en projet politique.

On retrouve l'élément des conflits des opinions et les programmes canalisent les opinions,
convertissent les opinions en projet politique. Elle exerce ainsi un effet de pacification
puisqu'elle permet à chaque opinion de trouver une arène de représentation. Elle neutralise les
combats politiques un peu trop intenses et neutraliser aussi en leur sein les tendances décidantes.
Ex : la question de la politique d'émigration en ce moment, au sein de la gauche, il existait
depuis longtemps une façon d'appréhender la question de l'immigration. Manuel Valls a
bousculé cette idée, plus autoritaire. Plus aucun parti ne peut faire abstraction de cette question
de l'identité nationale car elle renvoie a un vrai conflit de société.

L'encadrement des élus. Faire des élus des véritables moyens de transmission entre le parti et
le peuple. Le rôle des partis est de discipliner et de contrôler les élus dans leurs actions
politiques, d'une part par la discipline partisane = accepter de voter, même si on a des
divergences avec la ligne politique du parti → Les élus se doivent de se comporter et de voter
dans le même sens que leur parti.

De plus, les élus politiques sont obligés de reverser une partie de leurs indemnités (quand ce
n'est pas la quasi-totalité ).

Le fait de reverser leurs indemnités signifie qu'ils sont liés.

30
Les partis exercent une fonction de médiation entre l'opinion public et la sphère politique car
ils médiatisent les opinions et la volonté des citoyens. Ils exercent une fonction de socialisation
politique, c'est le processus par lequel un individu qui ne connait pas très bien la politique va y
être éduquer car ils contribuent à favoriser la participation des individus à la vie politique.

Les partis politiques peuvent aussi remplir une fonction de subversion parce que certains
participent à la contestation du système. Lavau l'a montré avec le Parti Communiste Français.
C'était le parti contestataire par excellence, il exerçait une fonction tribunicienne (= un parti
politique a compris qu'il a peu de chance de prendre le pouvoir, mais qu'il peut exprimer
l'expression du mécontentement, de la colère des citoyens) car il exprimait les opinions de ceux
qui se sentaient exclus du système. Rôle du parti communiste, puis FN.

Une logique de la relève : assurer des gouvernements de façon continue et logique de la


légitimation c'est-à-dire rendre l'accès au pouvoir acceptable par les gouvernés.

La formule renvoie au tribun de la Plèbe dans la Rome antique pour porter le mécontentement
du peuple auprès de l'aristocratie romaine.

L'approche fonctionnaliste : Le problème est qu'elle ne considère pas les interactions entre les
partis. C'est-à-dire qu'il n'y a pas non seulement de la compétition, mais aussi des alliances et
de la coalition. Cette dimension permet l'approche structurale.

B - L'approche structurale

L'approche structurale analyse le parti à travers le prisme de l'entreprise politique, entreprise


politique → logique de concurrence et de coopération avec les autres partis.

Il est important d'étudier la dimension collective du système partisan des démocraties. De ce


fait les partis politiques se présentent différemment, ils apparaissent comme des organisations
en compétition les uns avec les autres.

L'approche structurale permet de mettre au jour un certain nombre de mécanismes qui montrent
que les partis sont de véritables entreprises politiques.

Ils se sont développés de plus en plus sur le modèle de l'entreprise économique, En tant
qu'entreprise, le parti dispose de capitaux: ils disposent de capitaux financiers et humains, ils
offrent une série de biens sur le marché politique (programmes et promesses), et les partis en
tirent des profits. On comprend mieux ce qui s'est joué en terme de professionnalisation de la

31
vie politique : le rôle de représentant est devenu un métier. Les hommes et les femmes politiques
vivent de la vie politique.

Ce que cela permet de repérer c'est la professionnalisation politique. Cette professionnalisation


vient de la concurrence entre les partis qui a fait de leurs membres des professionnels de la
politique dont la compétence principale consiste à relayer la pensée politique et obtenir le plus
de voix possibles. Les partis en sont venus à se développer en suivant une pente oligarchique,
un certain nombre d'individus se sont spécialisés, il a fallut organiser le parti en suivant une
logique de bureaucratisation. De plus en plus le leadership du parti est devenu le cœur de la vie
partisane sur fond de bureaucratisation de l'organisation. C'est ce que le sociologue Allemand
Michels a appelé la loi d'airain de l'oligarchie : cette loi veut que dans chaque parti politique on
doit se spécialiser dans une tâche, la direction ou le militantisme. Au 19ème siècle les partis se
sont développés sur ce modèle, ce n'est pas une forme démocratique.

L'analyse structurale révèle que les partis politiques sont devenus des élites de plus en plus
coupés de leur base militante.

Sur la base militante, on peut être tenté de classer les partis. Maurice Duverger : distingue les
partis en fonction de leur structure → Longtemps cela a été la séparation entre les partis de
cadres et ceux de masse. Les partis de cadre reposent sur un certain nombre de notables pouvant
se prévaloir à titre individuel d'un certain nombre de ressources propres et qui légitiment leur
autorité politique sur leur situation sociale. Dans une logique différente les partis de masse se
caractérisent par une masse populaire importante et leurs ressources proviennent
principalement des cotisations des adhérents. L'élite dans ces partis est enracinée dans le
militantisme et la volonté de changer la société.

Le problème c'est que cette bipartition ne rend pas compte du champ partisan français, il a fallut
diversifier l'approche : le parti attrape-tout, émerge dans un contexte d'érosion des clivages
socio professionnel, 60,médias. Apparaît l'électeur rationnel. Les partis abandonnent leurs
anciennes stratégies fondées sur des distinctions de classes et sefforcent d'adopter une posture
électoraliste (avoir le plus de voix) donc interclassiste. Ce qui implique un amoindrissement
quand ce n'est pas un rejet du dogmatisme idéologique. Valoriser une idée de fond commun =
susceptible de ramasser un maximum d'électeurs. 4 clivages, 2 par révolution sur le versant de
la révolution nationale, le premier sur la relation État/Eglise, le second sur la question
centre/périphérie.

32
Dans la seconde parti du 20ème siècle les partis sont devenus des partis attrape tout, ils ont
laissé de côté la distinction de classe. Ils ont adopté une posture interclassiste et s'adressent à
toutes les classes confondues. C'est la personnalité du leader qui l'emporte et on laisse de côté
les dogmes et les programmes trop fermés, ce sont les valeurs les plus englobantes qui ont été
choisies pour séduire un maximum d'électeurs. La révolution industrielle qui fait émerger deux
clivages urbain/rural et question possédant/travailleur.

État/Eglise : opposition entre les partis chrétiens et partis sécularistes (anti-cléricaux)

Centre/Périphérie : opposition entre parti centraliste (républicain) et parti


autonomiste/indépendantiste.

Rural/Urbain : a donné naissance au parti écologiste .

Possédant/Travailleur : opposition entre les partis bourgeois et les partis ouvriers (salariat).

C - Des partis en mutation

NMS ( Nouveau Mouvement Sociaux ) ; apparition de nouveau système social ; volatilité


électorale ; nouveau système de valeurs.

On observe un relâchement voir une disparition des liens qui associaient les partis politiques
avec des associations non politiques comme les syndicats. 450 000 adhérents tous partis
politiques.

Par ordre décroissant : UMP, PS, FN, UDI, EELV

Les partis se sont concentrés sur leur seule organisation avec les partisans uniquement qui se
sont retrouvés autour des dirigeants, qui eux ce sont entourés par des conseillers et des experts
(les conseillers en communication par exemple), de ce fait il y a moins de fédéralisme. C'est
l'instrumentalisation des partis, ils sont devenus des machines au service de leur leader, il y a
des équipes de mercenaires au service du leader de ce fait ils ont perdu le contact avec la société
civile. Cette perte de contact se traduit par le déclin du militantisme, la fragilisation
organisationnelle du parti et la baisse logique des ressources. La solution pour le parti politique
c'est de se tourner vers l'État donc ils sont devenus des partis cartel.

Ce sont des partis exacerbés de la forme « attrape-tout » sauf que sur leurs fonctionnement ils
vivent grâce à l'aide de l'État et de façon très professionnalisée et centralisée. Les leaders
politiques doivent être des managers capables de gérer l'organisation et les intérêts sociaux
divers de la société civile. Ils n'ont plus qu'un objectif, c'est rester dans le jeu politique et se

33
partager les ressources qui viennent de l'État. Ainsi la cotisation partisane se resserre à quelques
partis et comme dans des entreprises cartelisées ils s'entendent entre eux pour se partager les
subventions et les ressources financières. Les partis cartels (forme exacerbée de parti attrape
tout, obsédés par l'ambition de sélectionner des leaders qui sont bons managers, leur objectif
est de rester das le jeu politique pour continuer à bénéficier du financement public ; logique
selon laquelle les partis forment ensemble des coalitions pour obtenir le pouvoir et se partager
les ressources publiques. On observe une tendance au regroupement, les partis deviennent des
agences semi-publiques).

C'est une des raisons qui expliquent le désintéressement des citoyens de la vie politique.

Ce sont comme des agences semi-publiques qui font la médiation de l'État vers la société civile
bien plus qu'elles ne relèvent l'opinion de la société civile vers l'État.

Aujourd'hui 80% des français expriment leur méfiance des partis politiques. Cela ne veut pas
dire qu'ils ne voteront pas pour ces partis.

Paragraphe 2 - La composition du champ politique français

Il n'est pas simple de se repérer dans le paysage français partisan. Est ce qu'on peut se repérer
en partant du clivage droite/gauche ?

A - Bipolarisation gauche droite : apparence ou réalité ?

La notion de bipolarisation renvoie à un phénomène d'intensification idéologique par lequel le


conflit entre les pôles politique se radicalise. La situation est alors celle d'une opposition
conflictuelle sur le mode ami/ennemi. En France nous avons été habitué à la bipolarisation,
notre pays a connu deux grands moments :

Le Gaullisme (1962-1969) : durant cette période la vie politique française s'est posé sur la
structuration de la vie politique en fonction du ralliement à la politique général de Gaulle. D'un
coté il y avait les partisans du Général et de l'autre les républicains qui étaient contre ce pouvoir
personnel. Ce clivage s'est renforcé avec les souverainistes (contre l'intervention de l'Europe
etc.) et les atlantistes (pour une collaboration avec les américains et la puissance supranationale
de l'Europe). Dès 1965 cette séparation n'est pas si claire, un candidat centriste se présente et
obtient 15% des voix donc il avait mis le général de Gaulle en ballottage. Par la suite en 1969,
un centriste a battu tous les gauchistes tournant à l'avantage de Pompidou.

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Le Mitterrandisme (1981-1995). En 1971, Mitterrand met en place une unification de la gauche
en faisant une alliance avec les communistes. Lors de l'élection de 1974 le paysage est encore
classique avec la bipolarisation classique qui oppose les libéraux aux socialistes. Le centre qui
était apparu en 1961 disparaît car l'aile gauche rejoint Mitterrand et l'aile droite rejoint Valéry
Giscard d'Estaing. C'est ce dernier qui l'emporte de justesse. En 1978 Valéry Giscard d'Estaing
créé l'UDF pour contrer le mouvement de Jacques Chirac avec l'UDR. La gauche reste unie et
elle accèdera au pouvoir. Aux législatives qui vont suivre cette élection la bipolarisation
marchera à plein. C'est le quadrille bipolaire avec deux partis à chaque aile politique : PC-PS
et UDF-UDR.

B - Le rôle perturbateur des partis extrémistes

Les partis d'extrême gauche représentent la radicalisation de lélectorat de gauche après le retour
au pouvoir de la droite en 1995. Des groupuscules sectaires, intransigeants qui représentent le
fondamentalisme politique. Trois courants représentent l'extrême gauche française, ils sont tous
issus du Trotskisme : courant d'extrême gauche non stalinien qui reprend les grandes idées
communistes mais à l'échelle de la terre toute entière « prolétaires unissez-vous ! » Donc
l'extrême gauche française ne devait pas avoir de lien avec le Parti Communiste. A eux trois en
2002, ils ont eu 10% au premier tour de l'élection :

La Ligue Communiste Révolutionnaire a été créée en 1969 comme étant l'internationale


française Trotskiste, en 2009 il s'est renommé en Nouveau Parti Anticapitaliste. La stratégie de
la LCR a été d'infiltrer les partis communistes pour y capter les tranches les plus radicales et les
conduire vers le Trotskisme. Pendant les années 60-70 il y a eu des Trotskistes qui ne se
considéraient pas comme tels qui sont rentrés dans des grands partis comme le Parti Socialiste
pour nourrir le radicalisme ex : Lionel Jospin. Ce courant de la gauche a toujours soutenu les
nouvelles revendications de la gauche radicale notamment soutenir les mouvements
communistes non-soviétiques comme Castro et Ché Guevara. Plus récemment ces
revendications ont pris la forme d'un soutient à l'altermondialisme et à la défense des sans-
papiers etc.

Une fraction de la ligue communiste s'est divisée et s'est reconstruite secrètement. Pierre
Lambert fonde le Parti Ouvrier indépendant qui deviendra le Parti des travailleurs qui avait pour
stratégie d'infiltrer les syndicats et rallier ceux contre l'hégémonisme de la CGT. Au sein des
sociétés ils tenaient un discours catastrophique sur le capitalisme.

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Lutte Ouvrière est une organisation secrète qui a une activité propagandiste au sein du monde
ouvrier et dans les syndicats en attendant le «grand soir» c'est à dire la révolution. Lutte
Ouvrière a toujours dénoncé l'Union Soviétique comme un pays ouvrier dégénéré.

L'extrême gauche a toujours le but d'une société égalitaire et solidaire sans forcément supporter
le socialisme. Souvent ce sont des électeurs déçus du socialisme et du communisme.

La montée du Front National en 1984 peut être expliquée avec la victoire de la gauche quelque
temps avant, sorte de radicalisation de l'électorat de droit mais en réalité ce n'est pas exactement
ce qui s'est passé. Lors des élections régionales de 1998, les présidents de régions ont demandé
au FN de former un groupe pour que le président soit assis sur un socle confortable. Le leader
de démocratie libérale est un homme favorable à l'Europe et aux Etats-Unis donc sur le plan
des positionnements il y a un écart. Si les dirigeants ont accepté ces alliances c'est parce que
Alain Madelin pensait que Bruno Maigret pourrait évincer Jean Marie Le Pen mais cela ne s'est
pas passé comme prévu.

Le positionnement idéologique du Front National, s'il s'agissait d'un parti le plus à droite de la
droite il devrait prôner les idées comme les néo conservateurs américains avec l'ultralibéralisme
et l'ouverture aux frontières économiquement. Le Front National se caractérise par une défense
systématique de l'option nationale. Donc c'est contre l'Union Européenne, rejeter l'hégémonie
américaine et rejeter la mondialisation économique. Le Front National n'est pas à proprement
parler un parti d'extrême droite. François Perrineau observe que dans les premiers moments
c'est bien lélectorat classique qui vote mais par la suite il y a le ralliement non négligeable de
la tranche populaire et des ouvriers « Gaucho Le Penniste ». L'idéologie du Front National
traverse le clivage habituel droite/gauche. Sur quelles bases ce parti est interclassiste ?

Le Front National a inventé le clivage identitaire, il renvoie à une hostilité vers la pensée unique
et les élites qui lui sont associées et la valorisation de l'identité nationale et du destin des
individus. Ce modèle identitaire est un 3ème pôle à coté de la gauche et de la droite. Ce modèle
identitaire se définit par l'attachement à la souveraineté nationale mais aussi à l'histoire
nationale et surtout à la préférence nationale. C'est un phénomène de France-partisan qui peut
revêtir des habits respectables et d'autres plus méprisables. Le Front National joue sur le côté
affectif de la nation. Quand il s'agit de nation il faut abandonner le clivage gauche/droite.

A l'origine le nationalisme était une idée de gauche avec le « droit des peuples à disposer d'eux
même ». Le nationalisme de gauche est un nationalisme d'appartenance. Il y aussi un
nationalisme, celui du centre avec le sentiment d'appartenance avec en plus l'idée de la

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supériorité de cette nation sur les autres. Puis le nationalisme de droite radicale et celui qui
combine le nationalisme affectif et le nationalisme idéologique.

Ainsi on ne peut pas analyser la construction du champ politique français en terme de


bipolarisation gauche/droite car il faut ajouter le sentiment nationaliste. De plus en France il y
a un électorat indécis (le marais) qui en fonction des circonstances se laisse facilement séduire
par le nationalisme. D'une certaine façon le nationalisme qu'incarne le Front National est une
sorte de tradition car en effet on observe que dans le passé il y avait un césarisme populaire. A
chaque fois qu'une droite républicaine solide s'est emparé de la question identitaire, le FN recule
comme en 2007 avec le succès de Nicolas Sarkozy. Des études de sociologie politique ont
montré que les parcours électoraux de certains français étaient accidentés : des ouvriers retraités
avait été communiste dans leur jeunesse puis socialiste avec Mitterrand puis frontiste dans les
années 80 et enfin sarkozyste.

C - La force centriste

L'existence d'un centre politique date des années 1960 mais cette force centriste a été
complètement absorbée par l'UMP. La renaissance date de 2007 avec les 18% de Bayrou à
l'élection présidentielle. Sur le plan idéologique Bayrou a réussi a offrir une troisième
alternative à la droite/gauche. En effet le MODEM accepte la mondialisation mais avec des
efforts à faire en terme d'égalité sociale.

Chapitre VII L'action collective

Toute action collective est revendicative :

Toute action collective est au service d'une cause ou d'un intérêt commun d'un groupe
d'individu.

L'action collective est directe lorsqu’elle met les citoyens face aux gouvernants sans la
médiation des canaux classiques de la médiation.

L'action collective est autonome parce qu'elle s'émancipe des contraintes institutionnelles et
parfois même juridique et parce qu'elle repose sur l'initiative individuelle.

L'action collective est publique dans la mesure où sa visibilité dans l'espace publique est un
élément de la réussite de l'action collective.

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L'action collective est contestataire parce qu'elle est dirigée contre le pouvoir en place, elle
comporte toujours la potentialité d'une dérive illégale ou violente. (Ex : Les bonnets rouges de
Bretagne.)

L'action collective institutionnalisée, c'est celle qui s'appuie sur la constitution de groupe
organisés (ex : le syndicat) et pérenne et prétend s'imposer comme les interlocuteurs officiels
des intérêts défendus.

La forme non institutionnelle est une forme de mouvements sociaux spontanés et imprévisibles.

Du coté de l'action institutionnelle on tente une démarche de collaboration avec le pouvoir alors
que l'action non institutionnelle est un face à face avec le pouvoir. Toute action collective doit
être comprise comme un mouvement social, une campagne durable de revendications qui
prennent appui sur des organisations, des réseaux et des solidarités.

1- L'organisation institutionnelle de la mobilisation : les groupes d'intérêts

A. Définition des groupes d'intérêts

Toute organisation constituée cherchant à représenter des intérêts d'une section spécifique de la
société dans l'espace public (syndicats, associations etc.). Leur fonction est de faire pression sur
les détenteurs du pouvoir et d'accéder à la position d'interlocuteur reconnu.

On comprend que ces groupes soient sans cesse impliqués dans des rapports de pouvoir mais
les groupes d'intérêts sont aussi tournés vers la société en faisant relayer leurs revendications
par les médias.

Leur objectif est d'être reconnu comme interlocuteur légitime. Influencer l'opinion publique,
faire que leurs revendications soient relayées par les médias. Cette double fonction permet de
les situer parmi d'autres groupes et de rassembler des manifestants, en tant qu'organisation
instituée ils doivent être distingués des autres foules ou groupes latents.

Il faut les distinguer des groupes sociaux comme les classes sociales ou communautés
ethniques. Ils cherchent à faire pression sur le pouvoir, c'est-à-dire chercher à peser dans le
processus de décision publique.

Les groupes cherchent à influencer le pouvoir et tenter de peser dans les processus de décisions
publiques (Ensemble des mécanismes par lequel on arrive au vote d'une loi qui entérine une
certaine décision politique).

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Ce qu'ils essayent de faire surtout c'est que leurs revendications soient prises en compte dans le
processus d'élaboration législative, c'est l'inscription sur agenda.

L'inscription à l'agenda : Le moment ou le gouvernement cherche à intégrer telle cause dans


leur programme. L'agenda est l'ensemble des problèmes publics qui déterminent à un moment
de la société l'attention et/ou l'action des pouvoirs publics. C'est l'ensemble des questions qui
intéressent l'État pour produire des décisions publiques qui aboutissent par des lois. On
distingue deux types d'agenda :

L’agenda systémique : C'est l'ensemble des problèmes qui font l'objet d'une demande et d'une
mobilisation sociale suffisamment forte pour être entendue par les gouvernements.

(Ex : L'euthanasie figure à l'agenda systémique, pour autant à ce jour elle n'est pas inscrite à
l'agenda institutionnel puisque l'État n'a pas donné de véritable réponse avec une loi. → Pas
encore inscrite à l'agenda institutionnel.)

L’agenda institutionnel : Ces problèmes font effectivement l'objet d'une action publique.

(Ex : Mariage homosexuel → pendant longtemps dans l'agenda systémique, elle vient d'être
intégré dans l'agenda institutionnel.)

Il y a deux types de groupes d’intérêts :

Ceux à caractère identitaire. Ils représentent un groupe d'individu qui partage une même identité
reconnue par le reste de la population.

(Ex : les syndicats qui représentent telle ou telle profession (intérêts sociaux économiques) ou
comme des groupes de défenses pour les corses ou les bretons (intérêts sociaux culturels), aussi
groupement qui partage intérêt historique. Aussi, les syndicats étudiants. Dans certaines de ces
catégories, il y a une grande diversité de cas.)

Pour ces groupes, il est incontournable de s'organiser en groupe d’intérêt, s'ils veulent que leurs
intérêts soient portés au niveau étatique.

Les groupes d’intérêts support d'une cause, regroupent tous les individus qui souhaitent la
défendre. Conviction partagée, ils défendent une cause particulière et sont basés sur une
conviction très spécialisée et sont susceptibles de se retrouver autour de cette cause des gens
qui ont ce point commun (l'écologie, la protection des animaux).

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L'engagement ne renvoie pas à des motivations personnelles comme dans le 1er cas, mais à un
militantisme désintéressé. Au service de la cause peut se cacher certaines gratifications
personnelles, par exemple les mobilisations lycéennes. Dans les rituels de la manifestation, il y
a des rituels festifs.

B. La représentativité et relations au pouvoir

La représentativité est cruciale car elle désigne l'aptitude à mobiliser autour de soi des soutiens
politiques de façon à légitimer une prétention à parler au nom d'autrui. Trois catégories peuvent
être reconnues :

La notoriété, est importante car elle permet de générer de l'identification, renvoie au processus
par lequel une organisation se retrouve associée à la défense d’intérêts catégoriels ou à la
défense d'une cause.

Les groupes travaillent pour avoir une notoriété sociale pour apparaître comme les organisations
légitimes pour défendre telle ou telle catégorie ou telle ou telle cause.

Le mécanisme primordial c'est qu'il faut faire en sorte que les individus concernés prennent
conscience qu'ils ont quelque chose à défendre et que cette défense est assurée par le groupe
d'intérêts.

Les intérêts soient identifiés socialement.

(Ex : Au sein de la CGT, scission et apparition du mouvement solidaire)

La capacité de mobilisation, c'est la capacité d'un groupe d'intérêt à rassembler des adhérents,
lever des fonds, et faire respecter des consignes d'action. Les choses sont plus simples puisqu'on
la mesure au nombre d'adhérent ou de cotisants. Elle se mesure aussi par l'autorité à faire
appliquer des mesures avec des boycotts ou des manifestations.

La reconnaissance par les pouvoirs publics, 3 échelons, généralement cette reconnaissance


extérieure se fait en deux temps.

D'abord dans les médias puis ensuite progressivement une reconnaissance par le pouvoir public,
elle prend une forme politique car l'État prend la décision de reconnaître la légitimité de certains
groupes d'intérêts.

L'objectif final est l'inscription sur l'agenda des revendications et pour y parvenir un certains
nombres de moyens sont mobilisés.

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Il y a d'abord un travail indirect de communication qui vise à gagner le rattachement d'une partie
de l'opinion public, ce travail est orienté vers les médias pour qu'il soit relayé. Devient un peu
plus direct quand il s'agit de grands mouvements. Encore plus direct, quand on démarche auprès
des élus et des instances départementales : le lobbying.

Il y a aussi l'influence sur les pouvoirs publics avec l'organisation de grands mouvements avec
des grèves, des manifestations, des consignes de votes. Ils ne peuvent pas faire autrement que
de sintéresser au problème puisqu'il est porté par une partie de la population.

Le troisième type d'action est discret puisqu'il s'agit de démarcher les élus, c'est le lobbying :
Interactions entre des acteurs publics et privés à l'occasion d'un processus de décision. (Couloir,
cela renvoie au couloir du parlement Anglais ou des rencontres informelles ont lieu entre les
représentants des groupes d'intérêts et les élus nationaux).

Par extension le lobbying désigne aujourd'hui toutes les formes d'interactions plus ou moins
formelles entre les acteurs privés et publics à l'occasion d'un processus de décisions politique.
C'est une modalité assez opaque car cela se passe dans les couloirs et ce n'est pas public, encore
moins démocratique car à l'évidence certains groupes d'intérêts ont des accès plus faciles avec
les élus.

Aux USA le lobbying est institutionnalisé depuis 1946 car ceux qui portent les intérêts doivent
être enregistrés auprès du Congrès, ainsi ils ont un accès plus faciles aux élus et au processus
d'élaboration de la loi mais le pouvoir peut aussi mieux contrôler leur pouvoir. Souvent assimilé
à une démarche commerciale.

En France, pas de codification du lobbying, la tradition est hostile à la participation des intérêts
privés à la prise de décisions politiques.

Mais à partir des années 80-90 cela s'est atténué depuis que les dossiers se sont compliqués et
que les hommes politiques ont eu besoin de s'entourer d'experts alors le lobbying c'est mis en
place progressivement. La maîtrise des acteurs impliqués est importante car il permet à l'État
pouvoir identifier les éventuels obstacles sur le processus de mise en place d'une décision
politique importante, donc il y a une consultation ou une négociation qui est faite avec les
groupes d'intérêts.

De nos jours on considère que les groupes d'intérêts participent de plein droit aux processus
d'élaboration des décisions publiques via l'administration consultative qui recouvrent toutes les
démarches administratives élaborées : commissions, comités etc.

41
Aujourd'hui, il ne fait plus de doute que les groupes influencent réellement les processus
décisionnel, on ne conçoit plus qu'une loi puisse être adopté sans que les groupe ait été
consultés. Il y a une centralité des partenariats entre les groupes et l'État, les lois sont
considérées comme le résultat de négociations entre l'État et les groupes. L'État renforce sa
légitimité grâce à ce consensus et les groupes d'intérêts renforcent leur poids en étant associé
aux décisions publiques.

Cette évolution néo-corporatiste : La participation de plein droit des groupes d'intérêt à


l'élaboration des politiques publiques. Les lois aujourd'hui sont le résultat de négociations entre
les représentants des ministères concernés et les groupes d'intérêt adéquats.

L'idée de postulat sous jacent : Cette collaboration se fait toujours au bénéfice mutuel de tous
les acteurs. LÉtat renforce sa légitimité grâce au consensus qu'il permet de créer autour de lui.

Elle doit être comprise dans un cadre inédit du gouvernement avec la gouvernance à niveau
multiple. Le fait qu'aujourd'hui les niveaux de gouvernements sont démultipliés. (Europe avec
sa supranationalité, les États nationaux puis les gouvernements infra nationaux avec les régions
ou les États fédérés.)

Phénomène continue de délocalisation du pouvoir, cette délocalisation exige l'intervention dans


le champ politique d'acteurs diversifiés et spécialisés. L'Etat doit compter avec supra-étatique,
et l'infra-étatique.

C. La crise du syndicalisme

L'histoire du syndicalisme est nationale. Base de moins en moins national, les syndicats se sont
trouvés fragilisés.

Les syndicats sont nés fin 19ème, début 20ème siècle, ils sont nés comme des instances
d'opposition.

Le syndicalisme de lutte a totalement disparu à la faveur de l'institutionnalisation de la


participation des syndicats au processus législatifs.

Depuis leur création jusqu’aux années 1980, ils s'inscrivaient dans le registre de la conflictualité
puisque leur principal but relevé de l'affrontement avec l'État via la grève et la manifestation.
Le syndicalisme conflictuel s'est désagrégé pour laisser la place à la négociation collective.

42
Les grandes grèves de 1995 ont été un électrochoc car les gouvernants se sont aperçus qu'ils
devaient réfléchir et discuter des réformes sociales avec les représentants sociaux dans de
nombreux domaines. Accords de branches.

L’Etat a délégué certains pouvoirs, les syndicats sont maintenant apte à réfléchir sur les durée
de temps de travail, la reconnaissance des qualifications etc. La négociation collective c'est ce
qui permet aux salariés de négocier des accords d'entreprise ou de branche avec les employeurs.

Depuis la fin des années 90 la proportion des entreprises qui ont des salariés couverts par des
accords est passé de 70 à 98% (bâtiments, etc.).

Accords de branches qui déterminent les droits des salariés.

En même temps qu'ils ont laissé de coté la dimension protestataire de leur action, ils ont perdu
leur légitimité et beaucoup d'adhérents pour se retrouver dans une véritable crise.

En 1949 : 40% des salariés étaient syndiqués, aujourd'hui la moyenne est de 7,5%. C'est le taux
le plus faible de tous les pays industrialisés. Processus de dé syndicalisation, les syndicats ont
perdu leurs adhérents.

Cela aurait dû renforcer les syndicats, mais il n'y en a rien était, au contraire. Cela est du à la
diminution du nombre d'ouvriers, en 1900 80% des salariés étaient des ouvriers, aujourd'hui
seulement 10% d'ouvriers. Les syndicats ont perdu leurs bases sociales. La montée du chômage
→ Montée du chômage : moins il y a de lutte sociale ; et de la précarité ont joué en défaveur
du syndicalisme.

Le développement de l'État providence, l'État joue un rôle d'information et de reconnaissance


des revendications or c'était le crédo des syndicats. Effondrement du syndicalisme.

Désintérêt croissant des citoyens de la vie politique. Replis des individus sur la sphère privée.

Aujourd'hui plus 7,7% de salariés syndiqués. Les activités des syndicats sont de plus en plus
violentes.

Dans les années 50, 3,7 millions de journées de grèves annuelles, année 80, 1,2 millions, dans
les années 2000, 600 000.

Cette modalité d'action s'est réduite, la France reste dans le peloton de tête, en deuxième
position derrière le Danemark.

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Quasi disparition de l'action protestataire et de propagande par le tractage, la diffusion
d'information, la prise de parole etc. Toutes ces actions ont disparu du paysage sociale français
en même temps que la base sociale des syndicats : 3,7 millions de jours de grèves individuels
année 1950 et aujourd'hui 600 000 des journées de grèves.

Les syndicats n'ont plus besoin d’adhérents, le syndicalisme est assimilé à une activité
ponctuelle, désormais située du côté de lÉtat.

Les syndicats sont de moins en moins présents sur le terrain et de plus en plus. Ils agissent dans
des rôles d'expertise, et ils sont de plus en plus déconnectés des citoyens. Le pouvoir syndical
reste encré dans le salariat et son influence pèse dans les décisions de pouvoirs publics.

Paragraphe 2 - Renouveler l'action collective : les "nouveaux mouvements sociaux"

Ils sont nés du processus d'institutionnalisation de la lutte syndicale.

L'action collective est ce que peuvent faire les citoyens entre deux élections pour exprimer leur
mécontentement. Elle bouscule les théories classiques de la théorie représentative. Elle est
contestataire, or dans la vision classique de la démocratie le seul moyen d'expression est le vote
et entre deux élections les citoyens doivent faire preuve de patience civique ou se rassembler
dans des groupes institutionnels stables.

Les minorités trouvent toujours à exprimer leurs revendications car elles sont prises en charge
par un groupe d'intérêts dédié qui va relayer ses revendications. De ce point de vue là, l'action
contestataire est illégitime parce qu'elle vient court-circuiter les canaux traditionnels de
représentation.

Avec les mouvements sociaux, cette conception classique de la démocratie a été mal menée car
les mouvements sociaux sont reconnus comme légitimes et leur parole doit être entendue. Ils
ont été qualifiés de nouveaux dans les années 1970 car ils ont été mis en œuvre avec de
nouveaux modes d'actions et de nouveaux thèmes mobilisateurs donc nouvelle approche
théorique de la contestation.

Près de la moitié des français soutiennent les modes de contestation de plus en plus violents
(tags, dégradations..). Mise en évidence de nouveaux répertoires d'actions.

Ex : Médiatiser la cause contre le sida. Pour médiatiser cette cause : pratique du sit-in qui s'est
transformé en dye-in (consiste à s'allonger sur la voie publique immobile et en silence pour
illustrer les morts du sida).

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Le silence sur cette cause du sida, égalait à la mort. Opérer des opérations coup de poings. Les
altermondialistes sont très forts pour organiser des actions de ce type avec une utilisation très
pertinente d'internet qui est devenu l'outil privilégié des NMS.

A - Pourquoi les individus se mobilisent-ils ?

Trois approches :

Première approche : Psycho-sociale.

C'est en se tournant vers la psychologie individuelle, que l'on a appelé l'école du comportement
collectif.

On doit à Ted Gurr cette théorie prenant en compte une vision psycho sociale des mouvements
sociaux « pourquoi les hommes se rebellent-ils ? »

Sa théorie repose sur un lien établit entre une situation politique donnée et l'intensité de la
frustration ressentie par les individus. Les individus se mobilisent quand ils perçoivent qu'une
situation est à leur désavantage.

Terme de frustration. Frustration entre les attentes qu'ont les individus relativement à des biens
qu'ils pourraient avoir, une situation qu'ils pourraient vivre et ce qu'ils ont effectivement.
Frustration relative. Quand la frustration est trop intense, on arrive au seuil où les individus
s'engagent dans la vie politique. Il part du postulat que chaque individu a des attentes selon les
biens et les gratifications qu'il peut obtenir du système. Face à ces attentes il y a la réalité de la
situation, il peut y avoir un décalage.

Comment passe-t-on des mouvements sociaux à la crise ? Quel est le point de non retour ?

Ces situations sont de trois ordres essentiellement :

Situation de guerre (vis à vis de l'extérieur, civil, violences terroristes).

Situation relative à la situation économique → sous développement économique comme dans


les pays en développement, ou les cas de récession/crise économique

Actuellement, le cas en France, crise sociale, qu'est-ce qui fera que cette crise dégénère ou pas
en crise politique ?

Trois niveaux de mobilisations, trois formes de violence :

Attentats, assassinats politiques, complots. → actions ponctuelles minoritaires

45
Émeutes et soulèvement populaire → émeutes de banlieue 1995 (cassage, incendie de voiture...)

La violence organisée à grande échelle → Une fraction de l'élite rejoint le peuple et prennent la
tête d'un mouvement social pour le transformer en mouvement politique et révolution.

Comment passe-t-on d'un mouvement informe et peu encadré à un mouvement organisé ? La


psychologie d'individus, proprement personnelle, sont mobilisés pour expliquer l'action sociale.

Tout dépend de la frustration relative c'est à dire de l'écart perçu entre les biens qu'ils estiment
avoir droit et ceux qu'ils ont obtenu. Or, dans certaines situations, cet écart se creuse.

En situation de crise économique ou en guerre, il y a les attentes des individus qui sont stables.
Or les conditions sociales pour les obtenir sont réduites. Il y a des situations où les attentes
augmentent comme dans les situations de prospérité économique.

Les situations où tout va bien et où il survient une brutale récession alors tout s'effondre. C'est
le risque d'un État avec une crise sociale, les individus se mettent à contester et se mettent en
vis à vis des instances gouvernementales dans une posture de contestation.

Du point de vue de l'action collective, ce modèle psycho-social s'efforce à repérer les motifs
psychologiques qui peuvent conduire à une contestation sociale et à l'action collective.

Par ailleurs ce modèle est très psychologisant et négligeant, la question est qu'est ce que les
individus ont à gagner en se mobilisant ? Le modèle de la mobilisation des ressources vient
contrer ce modèle psycho-social.

Olson en est le théoricien. Il essaie de comprendre comment un groupe d'intérêt est susceptible
de mobiliser des soutiens et des militants avec une thèse très simple, un individu ne s'engage
dans une action collective qu'à condition d'y trouver un avantage propre.

Ce modèle essaye de comprendre lintérêt au sens matériel du terme que les individus ont à
s'engager.

La thèse d'Olson est de montrer que les individus ne s'engagent spontanément dans l'action
collective qu'à condition d'y avoir un avantage propre. Ce n'est pas qu'ils espèrent de la
mobilisation des avantages collectifs car cela ne suffirait pas, les individus y cherchent aussi
une gratification personnelle.

Les biens obtenus par les syndicats vont s'appliquer à tous les membres du groupe donc
l'individu peut avoir tendance à vouloir faire cavalier seul. C'est pourquoi les leaders des

46
organisations sociales ont mis en place des incitations sélectives : des procédés qui incitent les
individus à se mobiliser.

Il y a des incitations négatives quand on pénalise le refus de participer ou alors à l'inverse des
avantages (voyages à prix baisser, cadeaux à Noël etc.)

Par ex : les gilets jaunes → ceux qui continuent de travailler alors que l'usine est en grève par
exemple. Aller chercher ceux qui refusent de rentrer dans l'action. Octroyer des avantages
spécifiques / symboliques pour ceux qui sont rentrés dans l'action. Ces incitations sélectives
sont des groupes organisés. La théorie d'Olson renvoie surtout aux groupes d'intérêts, aux
syndicats constitués. Cette théorie a un intérêt inversé

L'analyse de Olson permet d'éclairer des phénomènes irrationnels, il y a dans son analyse une
certaine gratification publique. Le bénéfice que l'individu attend dans l'action collective c'est à
la fois le résultat espéré mais aussi l'effort fourni.

En réalité le bénéfice se comprend d'abord de façon individuelle en gratifiant l'effort dans la


lutte. Il y a dans l'engagement une dimension gratifiante et ludique. Il y a le plaisir de sentir
qu'on contribue à une cause, que l'on est capable de s'extirper des occupations personnelles pour
se mettre au service d'une cause et s’enrôler dans un mouvement collectif qui donne du sens à
notre vie. Hirschman : «sa plus grande qualité c'est de satisfaire le besoin d'un but et d'un
surcroît de sens dans la vie».

La thèse de la gratification Thèse d'Albert Hirschman : il explique qu'il y a en quelque sorte


fusion entre la lutte et son aboutissement. Dans la décision de s'engager, le bénéfice attendu est
le résultat espéré mais pas seulement. C'est le résultat espéré + l'effort fourni. Un bénéfice
psychologique dans la lutte elle-même. Lutter à côté d'autres pour la même cause. Il n'y a pas
de séparation entre le coût individuel de l'engagement, le temps et le plaisir de l'engagement.
Sorte de grande satisfaction associée à l'effort individuel en faveur du bonheur public.
Hirschman va jusqu'à dire que lorsque l'on est resté longtemps enfermé, la découverte de
l'expérience peut être libératrice.

Chapitre VIII L’opinion et les médias

En France cest sous la Vème république que les médias sont entrés dans la vie politique. Cest
dans les années 60 que le phénomène se développe.

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L’opinion publique est devenue un élément de la vie politique. La démocratie sest définie
comme un régime d’opinion.

Pragraphe 1 - Lopinion publique existe-t-elle ?

C'est avec l'apparition des sondages qu’elle sest imposée comme un élément important. Les
sondages ont été créés aux USA.

Georges Gallup : En 1936, élections présidentielles aux USA et une revue décide de consulter
les électeurs pour voir leur avis (majorité pour que Roosevelt ne gagne pas).

Gallup interroge 5 000 Américains il annonce au contraire la victoire de Roosevelt.

On a donc la validation de connaitre l’opinion il faut faire un échantillon représentatif de cette


société car en vertu de la loi des probabilités on sait que les chances derreurs sont réduites en
fonction de la grosseur de l’échantillon.

En France on suit ce mouvement de près en 1968, les sondages sont crées mais il est difficile a
démarrer. Celle-ci na pas de reconnaissance publique, car il y a une méfiance envers la
standardisation américaine.

Il faut attendre lélection du président au suffrage universelle en 1965 les sondages et les
enquêtes démarrent. Les sondages mettent en évidence la mise en ballotage de De Gaulle à son
élection. Il rappelle que cette méthode est un outil de prédiction efficace.

C’est cette capacité à prédire qui va légitimer l’existence.

A – L’opinion publique n’existe pas, elle se fabrique

Pierre Bourdieu : Père de la sociologie critique.

Il s’est intéressé au problème des questionnaires. Pour lui, les questions sont des instruments
daction politique au service des gouvernants.

Pour lui, lopinion politique n’existe pas.

Les sondages conduisent à un effet de concensius. Or cest une illusion, car les sondages exigent
des personnes interrogées quelles répondent à des questions quelles ne se sont jamais posé mais
surtout les personnes interrogées nont pas les compétences pour répondre à ces questions.

Les individus interrogés ont tendance à produire une opinion a partir de leur éthos de classe

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Léthos de classe, cest un système de valeurs implicites que les individus ont intériorisé depuis
l’enfance et à partir duquel il engendre des réponses à des problèmes très différents.

Bourdieu décrit un processus par lequel un individu sapproprie depuis l’enfance des valeurs et
des opinions de l'époque à laquelle il est né. Puis une fois adulte de façon mécanique, il ne
maîtrise pas l’opinion.

Cest le déterminisme social : On n’est pas maitre de nos opinions, elles nous sont imposées.

Chez Bourdieu, il y a une différence entre les dominants et les dominés : Il affirme la théorie
Marxiste, il développe une théorie ou il existe des champs sociaux au sein desquels on retrouve
la même dynamique et la domination de certains dominants sur les autres. Tout dépend de la
détention d’un capital : deux aspects de capital :

Matériel

Symbolique

Ex le champ du sport : Les dominants sont les bons joueurs.

Ce qui préoccupe Bourdieu c’est que les dominés sont ceux qu’on entend jamais. Dans les
enquêtes dopinion on les retrouve dans ceux qui ne veulent pas s’exprimer ou qui nont pas
dopinion sur la question. Ils se rangent donc dans cette catégorie car ils ne s’estiment pas
compétent.

Les sondeurs disposent de techniques pour faire croire que ceux qui ont été interrogés soient
les personnes qui ont répondu de manière intéressante a la question posée.

On peut donc dire que l’opinion publique est construite.

Patrick Champagne : A repris la thèse de Bourdieu en disant qu’il existe bien un champ politico
journaliste qui utilise les sondages pour donner une existence autonome a l’opinion publique
qui va parler de légitimé publique telle que eux-mêmes voudraient qu’elle soit.

Il rend crédible la raison statistique.

Ce jeu politique car du fait de l’importance croissante des sondages et de leur commentaires les
hommes et les femmes politiques sont soumis a une exigence d’être le plus haut possible dans
les côtes de popularité.

Il reproche que le sondage se transforme en catalogue de préoccupation dans la place dominante


de la popularité.
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Qui commande les sondages ? Les organes de presse mais surtout les politiques (les ministères
sont les premiers).

L’opinion publique n’existe pas car c’est une fabrication technique et c’est une opinion
publique ne fait quexprimer ce que pensent et ce que souhaitent dire les dominants.

B - Lopinion publique, un outil démocratique

La thèse a été développée par Alain Lancelot. Les sondages permettent une sorte de palier pour
une limitation donnant la parole au peuple.

Les sondages permettent d’explorer leur inspiration, permet d’exprimer des préoccupations.

4 éléments pour dire que les sondages ne sont pas bons

La sélection des gouvernants : Réintroduction des citoyens. Les sondages informent sur les
choix des sélecteurs : Plus aucun parti politique ne peut faire l’impasse sur ses sondages.

Le contrôle des gouvernants : Permet aux citoyens d’exprimer une sanction, leur désaccord
dune politique décidé. Ils imposent aux gouvernants d’entendre le mécontentement populaire.

La place et le respect de l’opposition : Les sondages garantissent la possibilité de l’alternance.

La culture de la liberté : La diffusion et le pluralisme de l’information auquelle les sondages


participent.

On peut dire quaujourdhui les sondages font parti de la vie démocratique.

Paragraphe 2 - Les médias influencent-ils la vie politique ?

Mauvaise influence des médias sur la démocratie. Les médias substituent le règne des images
et des petites phrases.

Thèse de la médiatisation de la vie politique en favorisant la personnalisation du pouvoir aurait


influencé la vie politique : elle aurait appauvrit le modèle démocratique en introduisant entre
les citoyens et les gouvernants un élément de médiation mais aussi un élément de pervertion.

A - Les mutations médiatiques du politique

Eric Neveu : Début des années 2000 sur cette question.

Il s’agit d’inscrire la médiatisation comme une influence de la vie politique. 3 changements :

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L’autonomisation des institutions médiatiques : Vis-à-vis du pouvoir. Jusque dans les années
60.

Les réseaux médiatiques échappent au contrôle de la politique. Les journalistes se situent dans
une place d’extériorité mais aussi en position de surplomb : 2 conséquences :

Ils peuvent revendiquer un statut d’expert critique (juge de la vie politique).

Il est devenu évident que les gouvernants n’ont plus le privilège dune antériorité de décisions.
La sphère politique a du se baser par rapport à linfluence des médias.

L’évolution des institutions politiques : Multiplication des rendez-vous électoraux, montée en


puissance des élites politiques ; concourent à faire la couverture médiatique des leaders.

C’est l’évolution de la Vème République qui accompagne la médiatisation.

L’incorporation dans le travail politique des outils scientifiques : La science politique est
devenue un réservoir d’experts au service des gouvernants notamment via les réseaux d’experts
au service des ministères.

On a des deux cotés un processus de scientifisation.

On peut donc déduire une puissance croissance des médias qui vont pervertir la vie
démocratique.

La personnalisation du pouvoir : Se sont les médias qui décident des gouvernants de demain.
Ils font et défont les carrières politiques (Episode Américain de 1962).

La question de la mise à l’agenda : On remarque que cette fonction qui était assurée par les
représentants, celle-ci est désormais faite par les médias, car ils choisissent les thèmes qui vont
être traités par les politiques. Du coup les partis politiques sont privés de cette mission
essentielle d’aider la société.

La mutation médiatique du discours politique : Cela donne quelque chose d’inédit : Un


spectacle politique donc discours spectaculaire. Le lien entre les citoyens et les politiques est
réduit au minimum : il se fait dans l’immédiaté qui impose des nouvelles façons de parler et
dêtre. Le discours politique change de nature, il ne doit plus prendre son temps pour convaincre
mais il doit illustrer pour toucher (atteindre la sensibilité du téléspectateur). On assiste à une
bémolisation de la voix.

51
La centralité d’une esthétique de la séduction mais aussi par l’aptitude à toucher par la parole.
La durée moyenne des extraits sonores lors des élections a diminué : Dans les années 70 il durait
45 secondes, aujourdhui on est autour de 8 à 6 secondes. Il est donc difficile de marquer les
électeurs.

Règle des 4 C : Clair, Court, Cohérent, Crédible. Pour être le plus proche possible de l’électeur.
Il y a comme un face à face. Cela change la façon dêtre des hommes politiques.

Il y a donc une nouvelle triologie : Public, Média, Acteurs politiques.

B - Faut-il condamner la médiatisation de la vie politique ?

Les chaos médiatiques sont rarissimes. En réalité, les choses vont tellement vite et les citoyens
ont la mémoire courte, du coup la discrétisation est courte.

Américaniser la vie politique : Les partis politiques américains n'existent quasiment qu'en
période électorale. Ce sont des partis d'intérimaires. A chaque élection, on voit apparaître des
hommes et femmes politiques totalement inconnus. Les partis se sont transformés en machine
à se mettre au service des candidats. Bipartisme politique.

On redoute une perte de substance des partis avec une sorte d'indissociation générale de l'offre
politique.

La médiatisation contribuerait à disqualifier tous les discours radicaux, extrêmistes. Le risque


d'heurter l'opinion publique, risque de moins en moins pris. La classe politique se contente de
suivre le mouvement, sans jamais prendre de décisions radicales.

L'un des défauts est l'allongement des chaînes de médiation entres profanes et professionnelles
de la vie politique.

Il faut observer qu'en réalité, du fait même que les médias se soient imposés entre les citoyens
et les gouvernants, ils sont un filtre qui brouille la perception qu'à le peuple des gouvernants et
vice versa.

La télévision est le média par excellence de la familiarité dans la distance car il y a une
proximité des hommes politiques dans la vie de tous les jours mais comme les gouvernants ne
s'expriment plus que par la télé ils sont désormais très loin des gouvernés car ils ne vont plus
sur le terrain.

52
A l'époque pour être un bon homme politique il fallait un bon communiquant. Même si les
médias ébranlent des politiciens bien souvent ils reviennent. Il y a une américanisation du
pouvoir politique, il y a l'effacement des partis politiques.

Les partis sont intérimaires : ils sont de faibles substances militantes et sont gérés par des
experts de la communication politique. Les médias seraient donc susceptibles dentraîner un
affaiblissement de la vie politique.

De plus, la télévision a cadré le débat politique dans un espace idéologique assez étroit, elle
n'accepte pas les discours radicaux et préfère les discours consensuels. Du coup le jeu politique
est affecté car il n'y a plus de décisions politiques audacieuses qui peuvent être prises.

La thèse de Geer est qu'à force de ne compter que sur les sondages d'opinions les hommes
politiques sont devenus des suiveurs d'opinions bien plus que des meneurs politiques. C'est le
règne du suivisme qui se substitue au règne du leadership.

Il y aussi des éléments positifs car il y a eu un gain de transparence. Une permanence de


l'intervention des gouvernés et l’interaction gouvernés-gouvernants en temps réel. Ce type
d'analyses permet d'analyser clairement l'importance des médias dans la vie politique.

Deux sociologues, Wolton et Missika dans « La folle du logis, la télévision dans les sociétés
démocratiques » ils font de la télévision le nouveau centre de la politique. Ils disent que la télé
est « l'objet le plus démocratique des démocraties » parce que la télévision continue à rendre
l'espace public accessible à un nombre croissant des individus. De plus elle participe à
l'approfondissement des délibérations dans nos sociétés.

Comment ? Parce qu'elle permet aux citoyens d'être mieux informés de la vie politique et donc
de participer de manière plus éclairée au jeu démocratique.

La télévision participe aussi à renouveler les cursus de légitimation des dirigeants, avant la
télévision pour devenir un dirigeant notable il fallait suivre des étapes : être présent sur le plan
local pour avoir une circonscription locale puis une fois fait il fallait une circonscription
nationale pour pouvoir entrer dans le cercle des dirigeants. Avec la télévision il y a eu un
processus de légitimation directement par l'opinion publique. Les médias permettent aux étoiles
montantes des partis de griller des étapes et aussi de palier à certaines faiblesses grâce à leur
aura.

(Ex : Ségolène Royale. Les médias ouvrent de multiples espaces d'expression aux gouvernés
avec la démultiplication des chaînes etc.. Il faut qu'ils acceptent de participer à des Talk Show.
53
Aujourd'hui la télévision permet à des hommes et des femmes d'intervenir dans le débat
politique, par un processus de légitimation directe de l'opinion publique).

C - Que fait internet à la démocratie ?

2005 année du référendum sur le traité constitutionnel européen qui n'a pas été adopté. Le projet
de donner à l’Europe une Constitution qui aurait la même valeur que les constitutions des états.
La classe politique unanime font campagne en faveur du « oui » puisqu'il y va d'une sorte
d'extension de l'Europe. Ces partisans du « non » qui se retrouvaient au sein de tous les partis,
ont créé une plate forme sur internet, qui faisant boule de neige est parvenue à fédérer un réseau
opposé au « oui ». Un réseau tellement efficace que c'est le non qui l'a emporté. A rebours des
pronostics et des sondages. Pour la première fois, un mouvement citoyen partisan est parvenu
à emporter la majorité de l'opinion publique avec lui. Nous étions entré dans la fin de l'aire de
la démocratie bourgeoise.

Le non au référendum est un symbole car tous les hommes politiques faisaient campagne pour
le oui mais sur internet il y a eu un vaste réseau de blogs et de forums sur lesquels est apparu
une nouvelle société civile. Les gouvernements et les partis sont peu à peu effacés et les médias
classiques également au profit d'une démocratie directe numérique grâve au nouvel espace
public que constitue Internet.

1) Internet est-il un véritable espace démocratique ?

Il met en situation d'égalité rigoureuse entre l'émetteur et le destinataire.

Émetteur : celui qui produit du contenu sur internet

Récepteur : celui qui lit le contenu produit par l'émetteur

Nous sommes tous, tour à tour émetteur et récepteur. Internet permet de mettre à égalité
l'émetteur et le destinataire car c'est de l'interpellation en direct. Impulser une dynamique
citoyenne sur un thème qui lui est cher. C'est la démocratie directe athénienne.

Ce qui s'exprime sur internet, quand ils le font, ils le font entre eux sur des plateformes qui ont
les mêmes opinions qu'eux : l'entre soi. C'est la logique des communautés dites d'intérêt
commun. Chaque opinion peut s'exprimer et c'est la logique des intérêts communs. Il y a le
développement d'un réel débat public articulé autour d'une idée commune.

Ce débat public reproduit les partages, les concentrations qui existent sur la vie réelle. Ce qu'il
se passe, c'est un éparpillement, un éclatement des opinions.

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Les opinions coexistent les unes à coté des autres, on est dans le registre de l'émiettement.
Comme on reste entre soi, assez mécaniquement, on s'enferme.

On fonctionne en circuit fermé ou on entend les opinions des gens qui ont les mêmes idées que
nous. A l'opposé du partage.

Grâce à internet, l'information est de plus en plus riche, abondante et diversité des informations.
Ce qu'on observe, c'est qu'on retrouve sur internet une position de dominance des grands médias
traditionnels : les sites des grandes chaînes, des grands journaux, des grands magazines.

Les grands journaux font en sorte de repérer les blogs qui buzzent, ils démarchent les blogueurs
pour les démarcher sur leur page → la diversité d'opinion est captée, c'est ce qu'on appelle les
leader d'opinion. On observe, qu'au moment des campagnes électorales, quasiment la moitié
des internautes qui déclarent s'être informés, le font sur les grands sites. Ex : CNN aux EU.

Internet : concentration croissante de l'offre et de la fréquentation de l’électorat sur internet.


Internet est comme les autres médias un espace très concentré.

Si on ajoute à cela que les blocs politiques sont en fait très minoritaires. Lors des présidentielles
de 2012, seul 33% se sont informés sur internet, contre 71% par la tv, 56% par la radio et 28%
par la presse papier. Seuls 13% des français apprécient les discussions sur les réseaux sociaux.
Ex : Fb n'est pas un espace de discussion politique. On s'aperçoit aussi qu'il règne une grande
méfiance vis-à-vis d'internet : 86% des français pensent qu'internet favorise les rumeurs.

(Ex : les « hoax » : canular diffusé pour faire boule de neige. Hoax : lancement d'une rumeur
visant à nuire une personnalité politique qui par le partage en chaînes se répand en quelques
heures. A explosé depuis 2012, Christine Tobira : une des personnalités les plus concernées par
ces rumeurs. Ex : le gorafi.fr La question des sources et de l'identification des sources 71% des
français ne font pas confiance aux sources qu'ils consultent).

Sur 2 millions de blogs actifs en France seulement 10 000 sont des blogs de politique. Les blogs
le plus influents sont ceux hébergés par les médias traditionnels.

1 million de français utilisent internet comme source principale d'information politique.

Pas de règles d'encadrement de la politique sur internet car internet a permis des pratiques qui
sont restées dans le vide juridique, à la limite de la légalité. Autre pratique néfaste : acheter des
mots-clefs pour pouvoir maîtriser.

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(Ex : L'UMP aurait acheté « ségolène royal vidéo » afin de créer une bombe électorale auprès
des militants socialistes car dans la vidéo, elle critiquait les enseignants. La question de la
diffusion des sondages : pendant longtemps la diffusion et le commentaire des discours
politiques étaient interdites parce qu'on pensait que les sondages risquaient d'influencer les
électeurs. En 2000 la loi a été modifiée. Maintenant cette diffusion est interdite le jour précédant
les élections. Facile de contourner cette interdiction : en allant sur les sites étrangers qui
commentent ces vidéos.)

La question du vote électronique : Procédure dont on vante les mérites car elle permettrait de
ramener les jeunes générations.

En France, en Allemagne notamment. Réduction du coup d'organisation et d'impression.


Accroissement de la vitesse du dépouillement mais aussi de la fiabilité des scrutins. Le vote sur
internet réduit les risques de fraude. Numéro individuel + numéro de sécurité sociale. Procédure
plus fiable que de venir avec une carte d'identé. Les français se sont penchés sur la question.

Enquête du Sénat a conclu que le vote du Sénat ne paraissait pas répondre aux espoirs qui
l'avaient fait naître. Le principale contre argument, on est jamais seul. (Moins seul que dans un
isoloir).

2) Internet exerce-t-il des effets pervers sur la vie politique ?

Internet permet en effet, de transgresser les règles du jeu politique notamment en faisant du vote
un bien marchandable.

Cela veut dire qu'internet a permis de concevoir que les votes pouvaient s'acheter. En 2004, lors
des élections présidentielles américains, des sites ont proposé à des américains de mettre leur
vote aux enchères tout cela dans le plus strict anonymat. La chose a été court-circuitée.

Autre tentative : le vote échangée / sweaping → un candidat avait tenté de proposé une troisième
option, certains stratèges se sont imaginé que dans certains états il serait possible d'échanger les
votes, d'un état à l'autre.

Si l'électeur écolo votait en fonction de ses convictions, dans les états où les résultats étaient
très serrés, il risquait de faire perdre des votes à son parti. On lui propose donc de voter pour
un autre parti, et son vote sera échangé avec un autre électeur dans un autre état qui votera
écolo.

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Permet aussi le développement du cyber squatting, c'est-à-dire d'usurper l'identité d'une
personne politique a qui on souhaite nuire. Il s'agit d'empêcher cette personne d'utiliser son
nom. Le principe de la liberté d'expression est très fort aux EU, donc très peu de moyens de
contrecarrer ces libertés d'expressions.

Obligation nouvelle pour les hommes politiques d'exister sans cesse sur les sites internet au
risque de disparaître. → cannibalisme par Salmon. « La cérémonie cannibale de la performance
politique ». Son analyse est la suivante : internet et les réseaux sociaux ont créé une nouvelle
scène politique sur lequel se joue un vrai drame : la dévoration de l'homme politique.

Dévorer : car l'homme ou la femme politique est devenu un objet de consommation soumis à
une obligation de performance. Cette performance est le fait d'être non seulement toujours
présent mais sous le meilleur jour possible.

Le story telling c'est cette nouvelle exigence dans laquelle se trouve tout personnage politique.
Raconter une histoire ou son histoire à la nation.

C'est la scénarisation de la vie politique et ses individus qui doit se présenter à ses électeurs et
leur raconter comment ils sont devenus des héros politiques.

On est passé dans ce qu'on appelle la règle de l'exhibition, une nouvelle génération d'hommes
politiques dont les noms vont raisonner avec cette règle de l'exhibition : Tony Blair, Clinton,
Sarkozy, Berlusconi, DSK.. → performateurs soumis à une présence permanente.

Lutte entre les récits qui s'échangent et se combattent, c'est désormais, les communiquants qui
sont aux premières loges pour défendre leur produit. L'homme d’État qui s'impose par ses
qualités d'orateur, n'existe plus.

Et comme tous les objets de consommation, les hommes d’État sont soumis au doute, à la
critique, à l'évaluation.. Formatage et disparition de la dimension idéologique de la vie
politique.

Chapitre IV Les femmes dans la vie politique

Le monde politique apparaît aujourdhui encore comme un domaine majoritairement masculin.


A tel point que c'est un des arguments majeurs pour revendiquer que les femmes soient plus
impliquées dans la vie politique. L'un des axes principaux d'analyse est de faire de la sous-
représentation des femmes le résultat d'une conception dominante mettant les hommes en avant.
Ce modèle sexuellement différencié qui assigne le privé aux femmes et le public aux hommes.

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Paragraphe 1 - Les femmes dans la vie politique, un long apprentissage

A - Les femmes et le droit de vote

L'attribution du droit de vote aux hommes en 1848, aux femmes en 1944, soit un siècle plus
tard. Cet exemple français est marquant car il est accentué par nos voisins qui l'ont fait bien
avant : Finlande-Norvège en 1906. Danemark en 1915. La France a une vision individualiste
de la citoyenneté selon Pierre Rosanvallon. Il a essayé de comprendre pourquoi au XIXème
siècle les femmes n'ont pas eu le droit de vote, c'est à cause de la conception individualiste de
laquelle le droit de suffrage dérive de l'égalité politique entre les individus or les femmes ne
sont pas reconnues comme étant des individus car en raison de leur appartenance à la nature,
(elles sont procréatrices) on estime qu'elles ne sont pas capables d'être autonomes. Du fait
qu'elles fassent des enfants on considère qu'elles étaient toujours sous influence, notamment du
père de l'enfant. Cette pensée remonte jusqu’à la Révolution française et concerne les
domestiques, les femmes, les criminels etc.

Dans les pays anglo-saxons c'est sur la base du même argument de la procréation qu'elles se
sont vues doter du droit de vote, elles ont été appelées aux urnes en tant que femme. Or en
France on est très attaché à l'universalisme, il n'y a pas les hommes et les femmes mais un seul
individu universel. Cependant au sortir de la deuxième guerre mondiale, parce que les autres
pays ont déjà donné le droit de vote aux femmes et que les femmes ont contribué à la victoire,
le Général de Gaulle donne le droit de vote aux femmes. Cette évolution sociale et culturelle
s'est imposée aux politiques.

Du point de vue de leur comportement électoral on a pu voir un « gender gap » (fossé du genre)
c'est à dire un écart de comportement politique selon le sexe. De l'attribution du droit de vote
jusque dans les années 70, les femmes votent moins que les hommes et elles votent plus à droite,
période d'apprentissage. Des années 70 jusque le milieu des années 80 c'est une période de
stabilisation car femmes et hommes se comportent de la même façon. A partir de la fin des
années 80 jusqu'à aujourd'hui un nouveau fossé se forme et les femmes votent plus et plus
souvent avec un vote progressiste. En 1965, 34% des françaises votent pour De Gaulle et 13%
pour Mitterrand. La fin des années 80 sont la consécration de l'autonomie électorale des
femmes.

Elles refusent beaucoup plus que les hommes à voter aux extrêmes, en 2002 si seul les femmes
avaient voté, Jean Marie Le Pen n'aurait pas été au 2ème tour. Comment expliquer ce nouveau
«gender gap» ? Les femmes du fait de leur esprit maternel sont plus tournées vers les autres et

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plus pacifiques, d'autres sociologues rejettent cette vision des choses, pour eux cette différence
s'explique dans leurs statuts économiques car elles sont souvent plus défavorisées que les
hommes. (travaux précaires, plus d'aides sociales etc.) Les partis de gauches sont également
plus impliqués dans le combat pour la cause féminine.

Pour la participation des femmes dans la vie politique il n'y a plus de retard en revanche dans
les instances dirigeantes il y a une relégation, minoration des femmes dans la sphère publique.
18,5% à l'Assemblée, 22% au Sénat et 46% dans le premier gouvernement de Fillon et 34%
dans le deuxième. Voyant cette discordance il a fallut mettre en place des dispositifs, l'argument
est de dire que si on laisse la nature faire il faudrait encore un siècle pour qu'il y est une parité.

B - Le cheminement vers la parité

L'acte de naissance de la revendication des femmes dans la vie publique est née en 1978 aux
élections législatives où il y a eu une liste de 50 femmes de faite pour montrer que les femmes
n'étaient pas présentes dans la vie politique. Le constat est qu'il n'y avait presque aucun moyens
dêtre élues pour elles car elles n'étaient investies par aucun partis.

Ces femmes ont proposé qu'il y ait un grand ministère de fait, avec un crédit important pour les
femmes. Leur autre revendication était l'instauration de quota qui fixe un nombre minimal de
femme pour les postes à responsabilité et aux élections. Une autre proposition était de mettre
fin à la cohabitation des couples pendant au moins une génération pour en finir avec la division
archaïques des taches ménagères dans les couples. Autre mesure plus réaliste est la création
d'un congés de paternité. Ces femmes n'ont pas eu un grand succès électoral mais elles ont
obtenu le fait que la cause des femmes soient inscrites sur l'agenda.

A partir des années 80, il y a une féminisation des instances publiques. Mais dans les instances
du Sénat et de l'Assemblée sont préoccupantes, en 1981 seulement 26 femmes sont élus députés
et 34 en 1986. Le débat sur le quota de femmes prend de l'ampleur si bien que Mitterrand avait
proposé un quota de 30% de femmes sur les listes. Une telle mesure heurte de plein fouet
l'égalité des citoyens face à la loi car en réservant un certain nombre de sièges aux femmes est
un avantage de fait aux citoyenne.

En 1982 le parti socialiste impose qu'il est au maximum 75% de candidat de même sexe aux
élections municipales mais le conseil constitutionnel l'a rejeté au nom de l'égalité des citoyens
face à la loi. Aux élections législatives de 1986 le climat est propice car les militantes se battent
pour avoir des places sur les listes, à gauche comme à droite. Au final seul 4 femmes socialistes

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siégeront à l'Assemblée, à droite des femmes ont créé un mouvement pour que l'opposition
fasse une loi. Peine perdu l'assemblée ne comptera que 6% de femmes alors qu'elles était 25%.
Le gouvernement Chirac ne comportera que 3 femmes et le ministère de la condition féminine
sera supprimée.

En 1995 il y a de nouveau une féminisation de la vie politique, avec 29% du gouvernement


Jupé ainsi la France était au 4ème rang des pays Européens. Mais la portée de cette féminisation
et des « Jupettes » sera de courte durée car en 1995 parmi les 13 membres remercié 8 sont des
femmes. Cette éviction des femmes intervient un mois après la mise en place d'un observatoire
pour la parité qui devait recensé les inégalités entre les hommes et les femmes notamment dans
la vie politique. Avec 6,5% de femmes députés en 1995, la France est la dernière d'Europe alors
que le corps électoral est de 53% de femmes. En 1997, il y a 11% de femmes à l'Assemblée. Le
Parti Socialiste avait mis en place des quota avec 33% de femmes sur les listes et 17% de ses
députés sont des femmes. Lors des élections régionales de 1998 les candidatures féminines se
multiplient et les conseils régionaux sont avec 28% des femmes. A cette date la féminisation de
la vie politique est devenue épatante car elle concerne désormais tous les partis, il semble que
la classe politique soit prête pour le grand saut vers la parité. C'est ainsi qu'un débat s'est ouvert
pour voté une loi qui faisait de la parité un objectif contraignant.

Du coté de ceux qui défendent la parité il y a 3 arguments :

En dépit du fait qu'elles ont le droit de vote depuis 50 ans elles continuent à être sous
représentées donc il y a quelque chose qui bloque. On ne peut pas demander que 50% des élus
soient des femmes car c'est un manque d'égalité mais il faut que les femmes puissent être élues
dans les mêmes conditions que les hommes donc il fallait remédier au fait que la classe politique
française empêche les femmes dêtre puissantes dans la vie publique. Le système politique est
organisé de telle sorte qu'il entretient cette inégal accès. C'est la misogynie des hommes
politiques mais c'est aussi la tradition française avec le cumul des mandats avec la
notabilisation. Et c'est aussi certaine lourdeur au sein des partis qui sur représentent les hommes.
Geneviève Fraisse a montré qu'il y avait en France une tradition de passation du pouvoir
masculin, en prenant l'aspect d'une fratriarcat : les frères de la république ont pris le pas sur le
père de la monarchie. Le paradoxe est que derrière les accents fraternels d'un discours qui prône
l'égalité des citoyens, dans la pratique c'est une logique de partage inégalitaire. Pour réparer
cette injustice il faut mettre de façon temporaire des mécanismes qui obligent les partis à mettre
sur leur liste un nombre d'homme égal au nombre de femme sur les listes.

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Les femmes ne constituent pas un sous ensemble du genre humain parce que tout être humain
est soit un homme soit une femme. Le fait de dire que la différence entre les sexes n'est pas une
différence comme les autres est importantes car elle permet d'isoler la parité de tout le corpus
de la discrimination positive.

C'est l'idée que les femmes sont porteuses de valeur et de comportements qui seraient
bénéfiques pour la vie politique. Des comportements qui sont non patriarcaux. Cette idée a été
développée dans les années 1980 aux États-Unis avec les théoriciennes du « Care ». Avant
même que d'insister sur les valeurs spécifiquement féminine elles ont cherché la racine de ces
valeurs. La conception traditionnelle de la société renvoie à la définition d'un sujet de droit très
abstraite et universelle. Par opposition à cette théorie, elles recommandent de considérer les
individus non pas en terme de droit ou d'autonomie mais bien dans la singularité des situations
des individus et d'autre part les considérer comme étant toujours en relation avec autrui. Si on
adopte cette approche concrète, on peut avoir une conception d'une justice sociale qui intègre
l'attention à l'autre et la sensibilité à la vulnérabilité parce qu'elle est le trait de la condition
humaine. Parce que la famille est le premier lieu ou l'attention à autrui et la vulnérabilité se
développe et parce que les femmes sont depuis toujours assignées à la vie familiale, elles sont
plus que n'importe quel autre individu en mesure de porter ces valeurs de sollicitude, de
sensibilité et elles doivent donc trouver une place croissante dans les instances sociales et
politiques.

Les anti-paritaires on plusieurs arguments. L'argument de l'universalisme : On vote en tant


qu'individu universel et non pas en tant qu'hommes ou femmes, les représentants légifèrent en
tant qu'individu non pas en tant que députés ou députées. Si on introduit la parité on rompt cet
universalisme démocratique. En introduisant cette parité on réactive les schémas classiques de
machismes puisqu'on réintroduit de la différenciation et on enferme les femmes dans une
catégorie à part. Elisabeth Badinter s'insurge du fait que les femmes se disent dotées de
caractéristiques particulières, elles prennent le risque de réduire les femmes à un certains
nombres de spécificité purement maternelles.

Les paritaires ont présenté la différence des sexes comme étant universelle. Étant universelle,
elle prime sur toutes les autres distinctions et il n'y a pas de raisons de ne pas l’intégrer dans le
dispositif républicain. En assurant ainsi une présence paritaire des femmes, on pourra enfin
achevé le processus de la démocratie universelle. En 1998 le Congrès a accepté au 3/5 le fait
que la constitution protège cette parité, Article 3 : la loi favorise l'égal accès des hommes et des
femmes aux mandats électoraux et fonctions électives » La France est le premier et seul pays a
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avoir inscrit ce principe. La loi du 6 Juin 2000, prévoit un ensemble de mesure dans
l'établissement des candidatures à certaines élections, ce principe s'applique aux législatives, et
lors des scrutins de listes. Ainsi il doit y avoir un quota de 50% de chaque sexe sur les listes
électorales. Pour les élections législatives il n'y a pas obligation de la parité mais c'est un objectif
assigné de sanctions financières en cas de non respect. Pour les élections municipales la loi
impose qu'il y est une parité, c'est pourquoi en 2001 la présence des femmes est passé à 48,5%
des femmes dans les conseils municipaux. Aux élections législatives de 2002 on a compté 20%
pour l'UMP, 37% pour le PS. Il n'y a que les petits partis qui ont tout fait pour respecter la loi.
En 2002 à l'issu des législatives seulement 77 femmes ont été élues, cette loi incitative ne
marche pas.

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