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de conscience à la tolérance:
la voie de la libération
Cet art s'exerce sur des matériaux qu'il faut dégrossir : il s'agit,
en d'autres termes, d'élaguer les erreurs qui défigurent la vérité. Celle-ci
est partout, mais elle est cachée. Nombre de nos contemporains,
confrontés à la crainte de lendemains sans grandes perspectives, cher-
chent un secours auprès de mouvements sectaires qui expliquent des
effets vérifiables par des causes surnaturelles, voyant des signes d'un
destin hypothétique là où il n'y a que des faits sans signification pro-
fonde. Ces mouvements confondent croyance et superstition. La super-
stition n'est que la pétrification, l'écorce ou le cadavre d'une notion
vraie, dont l'erreur n'est souvent qu'une expression défectueuse condui-
sant à l'aliénation.
cette attitude avec l'agnosticisme, doctrine selon laquelle tout ce qui est
au delà du donné expérimental, tout ce qui est métaphysique, est incon-
naissable, Elles se réfèrent aux données du siècle des Lumières, qui
accordait la prééminence à l'intelligence naturelle du savoir et qui a
abouti au scientisme étroit du XIXe siècle. D'autres approches, encore
plus pernicieuses, s'opposent à toute forme de religiosité sous prétexte
de libre pensée (qui n'a aucune commune mesure avec la pensée libre)
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pour se réfugier dans un athéisme caricatural prônant une liberté absolue
derrière la formule «ni Dieu ni maître» adoptée par les doctrines anar-
chistes.
Tel est le but du Rite Ecossais, qui propose une réflexion sur
l'homme comme être individuel et social comme être culturel et spiri-
tuel. Cette réflexion traduit les préoccupations permanentes de l'homme
confronté à lui-même, à sa nature, à son devenir et à sa destinée face
aux problèmes de la liberté et de la justice, de la vie et de la mort, de la
beauté et de l'amour. Ainsi le Frère peut-il en toute liberté de
conscience, c'est-à-dire en toute connaissance de cause, se livrer à sa
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quête de vérité et de justice à travers un idéal d'amélioration du bien-
être matériel et moral de l'humanité.
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vérité et de justice, ne repoussons rien o priori. Car nous savons que
toute prévention, tout parti pris s'opposent à notre liberté de jugement,
et donc à notre pensée libre. Le véritable ami de la vérité ne saurait être
un esprit borné, systématiquement enfermé dans le cercle étroit de son
horizon mental. Ce doit, au contraire, être une intelligence largement
ouverte à toutes les idées susceptibles de provoquer une modification
des convictions présentes, dans le but de les affiner. Celui qui a des
idées arrêtées et qui tient à les conserver n'est pas un homme libre,
donc pas un homme de lumière et de progrès. C'est un pontife qui croit
savoir et qui a foi dans son infaillibilité. Si l'initiation ne parvient pas à le
désabuser, c'est qu'il ferme les yeux et qu'il tient à rester profane, donc
il n'a rien à faire chez nous.
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dimensions prévues d'un objet et ses dimensions réelles. Dans le lan-
gage courant, la tolérance consiste à ne pas interdire ou à ne pas exiger
quelque chose alors qu 'on le pourrait (c'est donc une forme d 'absten-
tion) ou qu'on le devrait (dans ce cas, la tolérance est perçue comme
une faiblesse, voire une lâcheté).
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Apôtres «Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père)). Si nous
décodons ce message, nous y voyons une allusion à la tolérance. Cette
maison du Père, c'est la Tradition dans sa forme ésotérique elle est
:
unique, mais elle a suivi diverses voies spirituelles. Les circonstances ont
fait que chacune d'entre elles a mis l'accent sur une vertu particulière.
Ainsi l'Inde sublime le Sacrifice, le Bouddhisme célèbre la Charité, le
Judaïsme et l'Islam prônent l'Unité, le Taoîsme et le Zen glorifient la
Simplicité, le Christianisme exalte l'Amour. Au regard de l'ésotérisme,
chaque approche a dégagé la reconnaissance, sous une forme provisoi-
rement plus accessible, dune éternelle et unique vérité.
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La tolérance n'est pas davantage acceptation passive des contradic-
tions entre le comportement des Frères à l'intérieur et hors du Temple,
des écarts entre les paroles et les actes.
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Règle maçonnique avec la licence et ne méritent pas le titre de Francs-
maçons.
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la justice et les droits de l'homme contre toute autorité usurpée ou abu-
sive et contre tout système oppresseur des libertés.
* *
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«Aime autrui comme tu t'aimes toi-même». Car, sauf à tomber dans le
narcissisme l'amour de soi est un acte naturel et légitime, qui constitue
le principe de tous nos efforts pour accomplir notre Devoir. Il aboutit à
une forme sublimée de l'amour qui consiste à se réjouir du bonheur
d'autrui au lieu de s'en affliger.
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est une défaillance de l'être, un défaut d'être. Le bien ordonne et unit, le
mal désagrège et décompose. L'un oriente vers la vie, lautre régresse
vers la mort. A la lumière de ce constat, la conduite morale apparaît
comme une ontogenèse du devenir libre ; elle est la dynamique de l'acte
libre. Tout acte immoral diminue à la fois l'être et la liberté. Comme le
dit Paul Valéry, «la plus grande liberté naît de la plus grande rigueur)).
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l'inaudible, de I' «Autre» , avec un grand A. C'est l'altérité du lumineux
où se mèlent le divin et l'humain.
Hubert GREVEN
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