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La poésie
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Calligrammes
Poèmes de la paix
et de la guerre
(1913-1916)
Guillaume Apollinaire
Édition d’Isabelle Schlichting
livret pédagogique
2 Dans ce recueil, comment les poèmes sont-ils disposés sur la page ? Ils mêlent textes et dessins.
3 Les poèmes de Calligrammes sont-ils construits en vers réguliers (vers qui comportent toujours
le même nombre de syllabes) ? Parfois.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2008.
5 Quelle est l’attitude du poète à l’égard des objets et inventions de la modernité ? Il les admire et
les met en scène.
6 Dans quel poème Apollinaire évoque-t-il l’entrée en guerre de la France ? Dans « La petite auto »
(p. 51).
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modernité. Relevez les mots et expressions qui appartiennent à chacun d’eux. Champ lexical du
Mexique : Mexique, Vera Cruz, Coatzacoalcos, Republica mexicana, tarjeta postal, Correos Mexico 4
centavos, Ypiranga, les Mayas, Chapultepec. Champ lexical de la modernité : TSF, gramophone, auto-
bus, sirènes, cablogramme. (On peut ajouter à cette liste l’évocation de la tour Eiffel.) Champ lexical
des bruits de la modernité : gramophone, « Hou ou ou » des sirènes, « roo oo ro ting ting » des auto-
bus.
8 Trouvez l’indice qui vous permettra de comprendre à quel monument parisien célèbre renvoie
chacun des deux dessins circulaires. Ces dessins ne peuvent-ils évoquer autre chose encore ? Les
deux dessins circulaires renvoient à la tour Eiffel, située « sur la rive gauche devant le pont d’Iéna » et
« haute de 300 mètres ». Elle est dessinée en plan, comme vue d’en haut. Sa capacité à transmettre
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Ca l l i gra m m e s
des messages grâce à la TSF est évoquée. Le poète semble chercher à établir le contact avec son frère
par tous les moyens modernes de communication (câble, lettre-océan, TSF). Mais ces dessins à douze
rayons peuvent aussi évoquer d’une part une montre, renvoyant au thème du temps si présent dans
l’œuvre d’Apollinaire, d’autre part le soleil et donc le poète solaire lui-même. Car c’est aussi par la puis-
sance de sa création poétique (« cré crré cré » font ses chaussures neuves) qu’il espère transmettre
un message à son frère.
9 Le titre de la première partie de ce recueil est « Ondes ». Expliquez en quoi ce poème joue sur
les différents sens de ce mot (c’est ce qu’on appelle un mot « polysémique »). L’onde c’est d’abord
l’eau de l’océan – que doit franchir cette lettre pour parvenir à son destinataire. Mais cet océan est
également parcouru de vagues, c’est-à-dire d’ondes figurées, peut-être, par les triples lignes ondulées
du poèmes. Enfin des ondes sont transmises depuis la tour Eiffel.
Les poèmes-dessins
J Essayez d’identifier tous les poèmes-dessins des deux sections « Ondes » et « Étendards ». Dans
« Paysage », on identifie une maison, un arbre, un cigare, une silhouette. On a déjà évoqué les motifs
circulaires de « Lettre-océan », qui renvoient aussi bien à la tour Eiffel qu’à une horloge ou un soleil.
« La cravate et la montre » représente… une cravate et un cadran de montre ! Les figures de « Voyage »
sont plus énigmatiques : le nuage, l’oiseau et le train sont aisément identifiables mais la partie infé-
rieure est plus mystérieuse : le texte (qui exige lui-même un déchiffrage) laisse à penser qu’il s’agit
d’un ciel étoilé. Aucun mystère en revanche pour « Cœur couronne et miroir », « Il pleut » et « La man-
doline, l’œillet et le bambou », « La colombe poignardée et le jet d’eau ». Dans « La petite auto », le
dessin inséré dans le texte représente vraisemblablement une auto… mais on peut imaginer qu’il s’agit
d’un char aussi. Cigarette ou cigare dans « Zone ». Dans « 2e canonnier conducteur », on reconnaît un
fusil (ou une mitrailleuse), une botte (évoquant les « pas pesants aux pieds boueux »), la tour Eiffel. Les
deux autres figures sont plus énigmatiques : sac et obus ?
On note que la plupart des dessins sont identifiables et que le titre permet souvent de lever toute
ambiguïté. Cependant, certains demeurent sujets à interprétation.
K Quelles sont les questions que le lecteur est amené à se poser en découvrant un poème-dessin ?
En quoi ses habitudes de lecture sont-elles perturbées ? On ne commence pas par lire un poème-des-
sin mais par le saisir du regard dans sa globalité pour l’identifier et se poser une première question : de
quelle figure s’agit-il ? On s’attache ensuite au texte, ce qui amène à se poser d’autres questions : dans
quel sens lire le texte ? Pour plusieurs poèmes en effet, la lecture ne se fait pas de gauche à droite
mais de droite à gauche ou bien de haut en bas ou de bas en haut… et il y a souvent plusieurs sens de
lecture pour un même poème, ce qui perturbe d’autant plus nos habitudes de lecture. Lorsqu’il y a plu-
sieurs figures, d’autres questions s’imposent : par quelle figure commencer la lecture ? Doit-on cher-
cher à établir un lien entre ces figures ? Ce lien est-il prévu par le poète ou bien sommes-nous libres de
l’établir ou non ? Autant de questions qui prouvent que ces poèmes ne sauraient s’accommoder d’une
lecture passive. Le sens n’est pas donné : le lecteur doit le construire et peut-être l’inventer.
L « Paysage » (p. 17). Que représentent les dessins qui composent ce poème ? Pouvez-vous deviner
pourquoi dans la maison « naissent les étoiles et les divinités » ? Dans « Paysage », chaque figure
est comme élucidée par le texte (la maison, cet arbrisseau, un cigare) même si la dernière est moins
claire : s’agit-il de la silhouette d’un amant ou du poète (« mes membres ») ? La maison désignée dans
la première figure (« voici la maison ») est celle dessinée par les lettres du poème et non une maison
réelle : dans cette maison de poésie peuvent donc naître étoiles et divinités. C’est du pouvoir créateur
du poète qu’il s’agit.
M « La cravate et la montre » (p. 40). Le remontoir de la montre (« Comme l’on s’amuse bien »)
invite au jeu : le texte se présente comme un rébus. En le lisant dans le sens des aiguilles d’une mon-
tre, essayez de comprendre les liens entre les mots du cadran et l’heure à laquelle chacun d’eux est
associé (exemple : « semaine » pour 7 heures). La montre présente plusieurs rébus : on n’a qu’un cœur
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2008.
mais on a deux yeux ; l’enfant n’existe pas sans père et mère : le trois est donc comme figuré par cette
trinité familiale ; Agla est un prénom de quatre lettres et c’est un mot sacré composé des lettres initia-
les de quatre mots hébreux (Athab gabor leolam Adonaï : « vous êtes puissant et éternel, Seigneur ») ;
la main a cinq doigts ; le prénom Tircis comporte six lettres et fait entendre « six » ; la semaine a sept
jours ; le signe de l’infini (`) redressé est bien un huit ; les Muses sont neuf (et Apollinaire évoque sou-
vent les neuf portes du corps de ses maîtresses dans sa correspondance mais on n’est pas obligé de
le préciser aux élèves !) ; dix lettres dans « bel inconnu » (référence au roman médiéval Le Bel inconnu
de Renaud de Beaujeu ?) ; les œuvres de Dante sont en grande partie composées en hendécasyllabes
(vers de 11 syllabes) et les heures sont au nombre de douze. On peut noter la variété de la culture à
laquelle Apollinaire fait appel pour composer ce rébus.
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N Comment comprenez-vous le rapprochement entre la cravate et la montre ? Que peut donc vou-
loir dire le poème ? La cravate et la montre peuvent représenter deux aspects de l’existence humaine :
la première renvoie à une dimension sociale, jugée contraignante (la cravate est « douloureuse ») ; la
seconde évoque le temps, thème omniprésent chez Apollinaire. L’évocation d’un vers « cadavérique »
et d’un moment où « tout sera fini » laisse affleurer la dimension tragique d’un temps qui nous voue
à la mort. Mais ces aspects sombres de la vie (contraintes sociales, perspective de la mort) sont pris
dans une dynamique plus joyeuse : la cravate est aussi un « ornement » qu’on peut enlever ; la montre
invite à jouer (« comme l’on s’amuse bien »), évoque l’amour (« mon cœur »), la naissance (« l’enfant »),
l’art (Tircis, « les Muses », Dante) et affirme que « la beauté de la vie passe la douleur de mourir ». En
somme ce poème reprend plusieurs thèmes chers à Apollinaire et les met en œuvre de manière à la
fois mélancolique et ludique.
O « Cœur couronne et miroir » (p. 46). Déchiffrez et reconstituez le texte de ce calligramme. Vous
en préparerez ensuite la lecture à haute voix. « Mon cœur pareil à une flamme renversée » ; « Les rois
qui meurent tour à tour renaissent au cœur des poètes » ; « Dans ce miroir je suis enclos vivant et vrai
comme on imagine les anges et non comme sont les reflets ».
P Quel univers littéraire les trois objets représentés évoquent-ils ? Comment Apollinaire parvient-il
à évoquer ici le pouvoir de la poésie ? Le cœur, la couronne et le miroir évoquent l’univers des contes
de fées (on pense en particulier à Blanche-Neige). Ce calligramme met en scène le pouvoir de création
et de vérité de la poésie : elle peut faire renaître des rois morts, susciter des images vraies et vivantes
et non de simples reflets. On peut rapprocher ce thème de la maison « où naissent les étoiles et les
divinités » de « Paysage ». Les dessins, tous symétriques, jouent aussi sur la figure du renversement
(le cœur, si on le renverse, devient une flamme ; on lit le miroir de bas en haut puis de haut en bas),
illustrant ainsi le pouvoir de transfiguration de la poésie.
Q « La colombe poignardée et le jet d’eau » (p. 58). La mise en page de ce calligramme est l’une des
plus construite : décrivez-la. Ce calligramme est composé de trois éléments qui s’étagent sur la page,
créant un effet de verticalité. En bas le bassin d’une fontaine d’où jaillissent des jets d’eau qui touchent
une colombe. Celle-ci est représentée, ailes écartées, par des caractères de différentes tailles. Le « C »
initial figure sa tête penchée. En bas de la page le « O » en gras figure le centre du bassin dont les jets
sont représentés par une série de vers disposés en courbes symétriques.
R Recopiez le texte du jet d’eau en le disposant de façon à obtenir 14 vers. Que remarquez-vous
concernant ces vers ?
Tous les souvenirs de naguère
Ô mes amis partis en guerre
Jaillissent vers le firmament
Et vos regard en l’eau dormant
Meurent mélancoliquement
Où sont-ils Braque et Max Jacob
Derain aux yeux gris comme l’aube
Où sont Raynal Billy Dalize
Dont les noms se mélancolisent
Comme des pas dans une église
Où est Cremnitz qui s’engagea
Peut-être sont-ils morts déjà
De souvenirs mon âme est pleine
Le jet d’eau pleure sur ma peine
Ces 14 vers (on pense à un sonnet) sont tous des octosyllabes.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2008.
S Que symbolise habituellement la colombe ? Pourquoi ici est-elle « poignardée » ? En quoi cela
éclaire-t-il le texte du poème ? La colombe (depuis le récit biblique du déluge) symbolise la paix : si elle
est poignardée, c’est évidemment que la guerre a éclaté, suscitant l’évocation de toutes les femmes
aimées et de tous les amis partis au front, peut-être « morts déjà ». La mélancolie de ce poème se fait
de plus en plus poignante car elle ne naît pas seulement du sentiment du temps qui passe mais aussi
de la mort qui menace (et emportera en effet René Dalize à qui le recueil est dédié).
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De la lecture à l’écriture p. 69
Des mots pour mieux écrire
1 Dites à quel champ lexical appartiennent ces adjectifs tirés du poème « Les collines » (p. 18) et
employez chacun d’eux dans une phrase de votre invention : solaire, incandescent, ardent, radieux,
flamboyant, lustré, ensoleillé, doré. Ces adjectifs appartiennent au champ lexical de la lumière.
2 Cherchez le sens de ces termes qui apparaissent dans « Ondes » et précisez à quel « ailleurs » (lieu
ou époque) ils renvoient : spleen, mânes, talisman, pavoiser (pour un navire), pastoral, saltimbanques.
Le spleen est une sorte de mélancolie. Le terme est un emprunt à l’anglais et apparaît en français à
partir du xviiie siècle. Il connaît une fortune nouvelle sous la plume de Baudelaire.
Mânes : le terme, toujours au pluriel, est emprunté au latin Manes qui désignent les esprits des morts
qu’on essaie de se concilier. Parler de « Mânes », en général par figure de style, c’est donc toujours se
référer à l’antiquité.
Un talisman est un objet auquel on attribue des pouvoirs magiques de protection. Le terme est un
emprunt à l’arabe moderne (le terme arabe tilsam dérivant lui-même du grec telesma, rite religieux).
Pavoiser signifie au sens propre « parer le bateau de ses pavois », c’est-à-dire de pavillons le plus sou-
vent décoratifs (voir dans « Les Collines », le « grand navire pavoisé »). Le verbe a pris le sens figuré
d’afficher sa joie ou son triomphe. Les termes « pavois » et « pavoiser » au sens propre rappellent sou-
vent, comme dans ce poème, un univers de roman médiéval.
Pastoral signifie champêtre. Il est dérivé du latin pastor (berger, pasteur) et connote souvent un uni-
vers bucolique (la pastorale est un genre littéraire depuis le xvie siècle).
Saltimbanque est emprunté au xvie siècle à l’italien saltimbanco (saute-en-banc) pour désigner un
bateleur qui se produit sur les places publiques.
Du texte à l’image p. 70
(Image reproduite en couverture)
Lire l’image
1 Réussissez-vous à déchiffrer tout le texte de ce calligramme ? Recopiez ce que vous parvenez à
lire. Le texte est malaisé à déchiffrer. On peut lire :
Pourquoi il y a… des fleurs…
Et des fleurs toujours ouvertes
L’amour…
Et tout finit dans les parfums
Revenez… pleurez…
Souvenez-vous en
Laisse s’ouvrir la fleur et laisse pourrir le fruit et laisse germer la graine tandis que soufflent les tempêtes
2 Ce calligramme reprend des motifs et des thèmes traditionnels de la peinture comme de la poé-
sie. Lesquels ? Apollinaire reprend ici un motif classique de la nature morte : le bouquet de fleurs dans
un vase. Il décline des thèmes tout aussi classiques de la poésie lyrique : l’amour, la beauté des fleurs,
les pleurs – mais aussi, et c’est plus inattendu, le cycle de la vie et de la mort. Même si l’on ne parvient
pas à déchiffrer tout le texte, donc, ce calligramme paraît à la fois élégiaque et optimiste.
3 Comparez ce calligramme avec « Cœur, couronne et miroir » (p. 46) : qu’ont-ils en commun ?
Qu’est-ce qui les distingue visuellement ? Le point commun entre le calligramme reproduit en conver-
ture et « Cœur couronne et miroir » est bien sûr qu’il s’agit de deux calligrammes : la disposition du
texte dessine une figure nettement identifiable et dont il est question dans le texte. Mais outre que
d’un côté on a un dessin unique (le bouquet de fleurs) et un texte manuscrit et de l’autre trois figures
et un texte typographié, ce qui distingue nettement ces deux calligrammes, c’est l’usage de la couleur
pour celui destiné à l’exposition d’Irène Lagut.
4 Ces différences ne peuvent-elles pas s’expliquer par les circonstances de création de ce calli-
gramme ? Les touches de couleurs font en effet écho à une exposition de peinture, d’autant qu’Irène
Lagut était principalement aquarelliste.
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par le colonialisme est posée : « Pourquoi donc être blanc est-ce mieux qu’être noir / Pourquoi ne pas
danser et discourir / Manger et puis dormir ».
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du contraste entre un ton à la fois badin et légèrement mélancolique, le rire de la jeune femme et la
fin tragique du soldat. La guerre est « jolie », on y polit des bagues, on y pense à des femmes rieuses
mais on y meurt aussi. Le calembour sur « Ah Dieu ! » / « Adieu » souligne légèrement ce passage du
jeu à la mort.
L’ambivalence de la guerre
5 « Fête » (p. 90). Relevez les termes qui sont inattendus dans ce texte sur la guerre. Comment ce
poème exprime-t-il l’ambivalence de la guerre, horrible et belle à la fois ? Le premier terme à relever
est le titre : « Fête ». S’y rattachent « feu d’artifice », « charmant éclairage », « artifice d’artificier ». Mais
on peut aussi noter les termes liés à l’évocation de l’amour : « seins », « roses », « hanche », « cares-
sent ». La dimension spectaculaire de la guerre, qui ressemble à un feu d’artifice, ainsi que la pensée
de l’amour, semblent en adoucir le tableau… mais la présence de la mort n’en est que plus terrible :
évocation d’une épitaphe, terme « mortification ».
6 « Les saisons » (p. 92). Quel effet produit la répétition, à quatre reprises, du même quatrain ? Dites
quel est le niveau de langue de ces vers en précisant s’il correspond à celui des autres strophes. Ce
quatrain, répété quatre fois, produit l’effet d’un refrain – refrain d’une joyeuse chanson de soldat (avec
l’argotique « artiflot »). Il contraste nettement avec le niveau de langue soutenu des autres strophes
qui sont, en outre, construites en alexandrins.
7 « La nuit d’avril 1915 » (p. 95). Sur quelle métaphore le début du poème est-il fondé ? Montrez que
la suite du texte introduit des images plus inquiétantes. Le début du poème repose sur la métaphore,
déjà vue, de la fête : ciel étoilé, forêt merveilleuse, bal, musique – mais d’emblée la mitrailleuse est
présente, le mot demandé est qualifié de « fatal » et le cœur comparé à un « obus éclaté ». La mort est
omniprésente (« mourir », « sang », « périr », « morts »).
8 « Fusée » (p. 111). Que remarquez-vous dans la mise en page de ce poème ? Montrez que le poète
mêle différents tons, différents thèmes et diverses sources d’inspiration. La mise en page de ce
poème est très libre : vers libres, un quatrain initial puis alternance de vers isolés et de distiques.
Le poème s’ouvre sur des vers plutôt lyriques mais mêle ensuite description prosaïque de la réalité
des soldats (« Le mégaphone crie / Allongez le tir »), allusion à une ritournelle enfantine (« une sou-
ris verte »), retour de la pensée de l’amour (hanches, « chérubins fous d’amour »). Il s’achève enfin
à la manière d’un psaume ou d’un cantique. Poésie amoureuse ou biblique, réalisme militaire, chan-
son enfantine : diverses veines se mêlent dans ce poème, comme dans toute l’œuvre d’Apollinaire qui
refuse de distinguer entre une haute et une basse culture.
L’amour à la guerre
9 Les sept premiers poèmes de « Lueurs des tirs » sont une évocation de l’amour passé entre
Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. En quoi ces poèmes constituent-ils une unité du point
de vue de la forme (nombre de syllabes par vers et rimes) ? Relevez images et expressions qui
renvoient à l’amour perdu. Chacun de ces sept poèmes est constitué de deux quatrains – à l’excep-
tion de « La boucle retrouvée » qui en comporte trois. Les vers sont tous des octosyllabes. Tous évo-
quent l’amour perdu : départ et exil dans « La grâce exilée », appel à la mémoire et au souvenir dans
« La boucle retrouvée », passé simple ou imparfait mélancoliques dans « Refus de la colombe » et
« Tourbillon de mouches », dédains, regrets et braise dans « Les feux du bivouac », adieu et mort dans
« L’adieu du cavalier ».
J Pourquoi, à votre avis, Apollinaire consacre-t-il un poème à une photographie (p. 107) ? Dans
ses lettres de guerre, Apollinaire demande souvent des photographies à ses correspondantes : il
les demande, les attend puis les commente abondamment. On imagine facilement l’importance
de ces clichés pour les soldats en temps de guerre : ils les rattachaient à leur vie d’homme, au
monde civil.
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2008.
K La « petite voyageuse alerte » (« L’inscription anglaise », p. 108, v. 8), à qui Apollinaire écrivit
des dizaines de lettres passionnées, est à nouveau évoquée dans le poème « Dans l’abri-caverne »
(p. 109). Quelle place et quelle fonction l’amour semble-t-il avoir pour le soldat dans ce texte ? La
« petite voyageuse alerte » est Madeleine. Dans ce poème, on lit la passion d’Apollinaire (premiers
vers) et l’on comprend la place que l’imagination prenait dans un tel amour (rappelons qu’Apollinaire a
écrit des dizaines de lettres enflammées à Madeleine et s’est fiancé avec elle alors qu’il ne l’avait que
croisée dans un train – leur rencontre réelle, lors d’une permission du soldat en Algérie, fut sans doute
très décevante et Apollinaire cessa peu à peu de lui écrire). L’amour à la guerre est largement le fait
d’une imagination qui a besoin de « se rattacher », comme il le dit, à la beauté. Le poète ici n’est pas
dupe de la part illusoire de cet amour : « existes-tu mon amour ».
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Lire l’image
1 Rédigez une description précise de la photographie du poilu. Quels sont les détails qui peuvent
permettre de dater ce cliché ? La vareuse, le casque et la tranchée sont les éléments qui permettent
de dater ce cliché. On distingue en outre une moustache habituelle dans les premières décennies du
siècle (à la Clémenceau).
2 En quoi cette image nous parle-t-elle à la fois de l’histoire collective et d’une histoire indivi-
duelle ? Les éléments de cette photographie sont typiques de la Première guerre mondiale, parfois
appelée « la guerre des tranchées ». La photographie nous renvoie donc à une imagerie habituelle et
collective : telle était la condition de milliers de soldats à l’époque et ce poilu pourrait aussi bien être
Apollinaire… Mais il est saisi en train d’écrire une lettre ou un journal : moment d’intimité qui nous rap-
pelle que ce poilu n’est pas seulement un soldat mais aussi un homme (un fils qui écrit à ses parents,
un père qui écrit à ses enfants…).
3 Nous avons ajouté à cette photographie d’un poilu anonyme un portrait de Madeleine, la fiancée
d’Apollinaire pendant la guerre : quel effet le rapprochement de ces deux clichés crée-t-il à votre
avis ? Le portrait d’une jolie jeune femme accompagnant la photographie d’un poilu en train d’écrire
nous laisse bien sûr imaginer qu’elle est sa correspondante et sans doute la femme qu’il aime.
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de peur – « si belle » pourtant tandis que « la balle roucoule », qu’un « fleuve d’obus s’écoule », que les
fusées ressemblent à des fleurs qui s’ouvrent et les balles à des abeilles. Là encore les métaphores,
inattendues, transfigurent une réalité sinistre en moment de beauté.
ques-uns des termes qu’on peut y trouver. Attribuez à chacun d’eux la bonne définition, en vous
aidant d’un dictionnaire si nécessaire
Artillerie : matériel de guerre comprenant canons et obusiers ; corps d’armée affecté au service de ce
matériel.
Bivouac : installation provisoire en plein air de troupes en campagne.
Canonnade : décharge simultanée d’armes feu ou coups de canon successifs.
Cavalerie : ensemble des troupes à cheval.
Dragon : soldat de cavalerie.
Fantassin : soldat d’infanterie.
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1 Faites une description ordonnée et précise de ce tableau, connu pour être le premier collage
de Pablo Picaso qui répondait lui-même au premier collage de Georges Braque. Ce tableau repré-
sente plusieurs objets : dans le quart supérieur gauche, un compotier contenant quelques fruits
(une pomme, une poire, un coing sans doute : chaque fruit semble avoir été dessiné sur un papier
ensuite collé sur la toile) ; au centre un violon ; sur la droite, un verre ; au premier plan, le bord de la
table et, sans doute, le dossier d’une chaise. Les objets sont représentés de manière géométrique
et fragmentée. Ainsi le violon est-il représenté sur quatre plans, saisi sous des angles différents.
Derrière cet instrument et le verre, sous les fruits aussi, de grandes pages de journal ont été insé-
rées. La teinte dominante est le brun. L’ensemble du tableau ne serait composé que de couleurs
chaudes sans le plan bleu au centre.
2 Ce tableau de Picasso représente des objets et des fruits. Comment appelle-t-on ce type d’œuvre
dans la tradition picturale ? Il s’agit d’une nature morte. Picasso reprend d’ailleurs des objets assez
classiques dans cette tradition picturale : fruit, instrument de musique, verre.
3 En quoi cette représentation se distingue-t-elle cependant de cette tradition ? Le livre tradition-
nel est remplacé par un journal mais c’est surtout la composition du tableau qui marque une rupture
avec le système de représentation classique. Ni effet de réel ni perspective dans ce tableau mais une
juxtaposition de plans représentant des parties d’objets souvent soumis aux déformations géométri-
ques propres au cubisme. Dans cette vision fragmentée, dénuée d’un point de vue fixe, sont introduits
des éléments en principe étrangers à la peinture: lettres de journal, toile cirée, papiers collés.
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la vie d’Apollinaire en 1916 et un art poétique pour l’avenir. La première strophe constitue une sorte
de bilan de l’expérience d’homme d’Apollinaire (ses voyages, ses amours, la guerre et sa blessure).
C’est ensuite du poète qu’il est question et il affirme se situer résolument du côté des modernes, des
quêteurs d’aventure qui vont vers le nouveau et l’inconnu : la « contrée » de la poésie est ouverte aux
possibles, d’autant qu’arrive le temps de « la Raison ardente » (expression presque oxymorique qui
nous renvoie à l’ardeur d’Apollon) incarnée par la « jolie rousse » (en fait Jacqueline qu’Apollinaire
épousera peu de temps avant de mourir). La fin est assez mystérieuses : quelles sont ces choses que
le poète n’ose dire ? L’appel à la pitié n’est pas sans rappeler « La Ballade des pendus » de François
Villon.
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Un poète-peintre
6 Apollinaire sait se faire peintre en écrivant et pas seulement en dessinant : les notations visuelles
abondent dans ses poèmes. Relisez « Les Fenêtres » (p. 15) ou « Chant de l’horizon en champagne »
(p. 115) et relevez termes et expressions qui sont des indications de couleur ou de lumière. Les nota-
tions de couleurs et de lumière dans « Les fenêtres » : rouge, vert, jaune, blanche, la lumière, pâleur,
insondables violets, couchants, jaunes, éticelant, blanc de neige, rouge, vert, jaune, orange, lumière. On
pourra faire remarquer aux élèves que l’ensemble crée une sorte de tableau très vif et lumineux.
Dans « Chant de l’horizon en Champagne » : rose, blanc, la nuit l’azure, lueur, tranchée blanche, bois
vert et roux, passepoil jaune, roux, bleu-de-roi, mauves, bleu-horizon, éclairante, blonds, blanche, blan-
ches vagues, bleu, lueurs, allumées.
7 Recopiez le poème « Voyage » (p. 44-45) et préparez-vous à en faire une lecture à haute voix en
classe. Vous devriez constater que plusieurs choix de lecture sont possibles. Plusieurs itinéraires
sont possibles dans ce « Voyage » qui pose plusieurs problèmes de lecture. Doit-on lire séparément ou
ensemble le nuage et l’oiseau, par exemple, car grammaticalement le sujet de « qui fuis » ne saurait
être le même que celui de « n’a pas chu » ? On peut proposer : « Adieu nuage qui fuis, refais le voyage
de Dante, oiseau qui laisse tomber ses ailes partout et n’a pas chu ». Le « pluie fécon » est coupé.
Pour la phrase centrale : « où va donc ce train qui meurt au loin dans les vals et les beaux bois frais du
tendre été si pâle ? ». Le sens de l’itinéraire du bas ne se donne guère d’emblée : il faut jouer pour en
trouver un. Proposons : « C’est ton visage je ne vois plus que la douce nuit lunaire et pleine d’étoiles ».
Il n’y a pas que Dante, l’oiseau, le nuage, les messages télégraphiés, les trains et les étoiles qui voya-
gent dans ce poème : le regard et l’imagination du lecteur sont aussi appelés à inventer des chemins
et des liens.
8 Recopiez le poème « Il pleut » (p. 50) en le disposant en strophes et en vers. Vous établirez éga-
lement une ponctuation. Là encore nous nous bornons à faire une proposition :
Il pleut des voix de femmes
Comme si elles étaient mortes,
Même dans le souvenir.
C’est vous aussi qu’il pleut,
Merveilleuses rencontres
De ma vie, ô goutelettes.
Et ces nuages cabrés
Se prennent à hennir
Tout un univers de villes
Auriculaires.
Écoute s’il pleut tandis que
Le regret et le dédain
Pleurent une ancienne musique.
Écoute tomber les liens
Qui te retiennent
En haut et en bas.
9 En réfléchissant à partir de ces deux poèmes (« Voyage » et « Il pleut ») mais aussi de tous les
poèmes-dessins du recueil, dites ce qu’ajoute la mise en dessin d’un poème : que crée-t-elle de dif-
férent et de nouveau ? La mise en dessin d’un poème lui confère une dimension visuelle qui est géné-
ralement absente de la poésie classique qu’on lit, qu’on dit ou qu’on écoute mais qu’on ne regarde
pas. Ici, on perçoit le poème d’une manière différente car on commence par le regarder et parfois
par y trouver un véritable plaisir esthétique (citons « La colombe poignardée et le jet d’eau »). On s’y
promène un peu sans entrer dans le texte, pour identifier les figures. La démarche est active, ludique
© Éditions Belin/Éditions Gallimard, 2008.
aussi, et elle crée un effet d’attente : le texte confirmera-t-il qu’il s’agit bien d’un oiseau, d’une pluie
fine ? et qu’en dira-t-il ? Il s’agit ensuite de lire le texte : dans quel sens ? Le poème ne nous est pas
donné : il nous revient de le reconstruire, avec une marge de liberté plus ou moins grande (on n’a
guère le choix de la lecture dans « Il pleut », contrairement au « Voyage »). Il y a de l’esprit d’enfance
dans ce jeu mais pas seulement : c’est aussi une ouverture de l’espace du poème vers « l’illimité et
l’avenir » pour reprendre des termes de « La jolie rousse ».
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Ca l l i gra m m e s
Lexique de la lumière
Retrouvez les mots du lexique de la lumière dans les énigmes suivantes. Vous aurez éventuellement
à les accorder ou à les conjuguer.
– L’extrêmité d’une cigarette allumée l’est : incandescente.
– Pour des yeux, plus poétique que « marrons » : mordorés.
– Le ciel fait cela dans « Ne me quitte pas » de Jacques Brel : il flamboie.
– On peut en faire preuve au travail : ardeur.
– Une vive joie peut nous donner cet air-là : radieux.
– Ce que font certains vers : ils luisent.
– La couronne blanche de la lune : halo.
– La lumière ou la beauté peuvent l’être : éblouissantes.
– Ce que le soleil fait de ses rayons : il les darde.
– D’agréables paroles ou un joli sourire peuvent faire cela d’une journée : l’illuminer.
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