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u NIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT.LOUIS "ANNE UNIVERSITAIRE : 2022-2023 u PRoesscencesumbiqueserroumaurs | coups. 8 ALL . : K, KOINI, vs 881. PAYE, 0M. KANE, PF KANT A eee Y.NANG, M. TALL, M. TRAORE LICENCE 1 SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUE SEMESTRE 1. DROIT CONSTITUTIONEL 1 TRAVAUX DIRIGES Ee a U'Etat : origines et notion Fiche UEtat est ala fois un socle idéologique, une réalité sociologique et une fiction juridique. En tant que socle idéologique, |'Etat cristallisent les opinions diverses des constitutionnalistes ines. Celles-ci se résument en deux sortes de questions : cherchant a répondre a la question de ses dou vient l’Etat ? De quoi procéde-t.il? La réponse a la premiére question conduit & établir Forigine historique l'Etat. Cette origine dépend en effet de I’histoire propre 4 chaque communauté étatique. Par contre, la réponse a la seconde question nous plonge dans une réflexion de nature philosophique consistant rechercher si, d’une part, I’Etat procéde d’un processus naturel de maturation d'une société conflictuelle (théorie marxiste-léniniste) ou de pérennisation d’une institution coutumiére (théorie de ’institution de I’école de la fondation) ou si, d’autre part, il est le résultat d’un pacte civil (théorie du contrat civil de Th. Hobbes), politique (théorie du contrat politique de J. Locke) ou social (théorie du contrat social de J. J. Rousseau) autour duquel les hommes se sont unis en confiant leur sort 4 une autorité commune. Envisagé dans sa réalité sociologique, l’Etat est plus constaté qu'il n’est défini. Vapproche sociologique permet de constater I’existence de |’Etat 4 partir de trois éléments constitutifs. Au sens du droit , _ constitutionnel comme du droit international public, V existence de l'Etat est constatée lorsque, sur un. territoire bien délimité, se forme un gouvernement politique qui exerce sa souveraineté sur une pulation dont |’essentiel des membres constitue une Nation au sens objectif et/ou subjectif du terme. Considéré comme une fiction juridique, ‘Etat est sacralisé par sa nature institutionnelle qui emporte en soi deux caractéristiques essentielles qui le distingue de toute autre institution : sa personnalité ‘morale de droit public et sa souveraineté. la présente séance a pour objet d'initier les étudiants au concept d’Etat en revisitant ses origines et en expliquant ses éléments constitutifs ainsi que ses principaux caractéres. En outre, il sera question diinitier les étudiants 8 la méthodologie du commentaire de texte en droit. |. BIBLIOGRAPHIE GENERALE : 1) Ouvrages (Traités, Précis et Manuels) : . ic ome tionnel et institutions politiques, 33 - ARDANT (Philippe) et MATHIEU (Bertrand), Droit constitu dition, Paris, LGDJ, 2021, 640 p ; ae me s, - BURDEAU (Georges), Droit consttutionnel et institutions politiques, 25°" €d., Par Par Francois HAMON et Michel TROPER, 1997, 759 Pj . 7ére @d., Paris, Armand Colin, LGD4, réédité CHANTEBOUT (Bernard}, Droit constitutionnel et science politique, 1 collection « Univers du droit », 2000, 640 p ; Paris, Dalloz, 2020, 1181 p ; - FAVOREU (Louis) et autres, Droit constitutionnel, Dalloz, 23°"* éd., . . he édit - GICQUEL (Jean) et GICQUEL (lean-£re), Droit constitutionnel et institutions politiques, 35** éltion, Paris, LGDI, collection « Précis Domat », 2021, 984 pj - PACTET (Pierre) et MELIN-SOUCRAMANIEN (Ferdinand), Droit constitutionnel, 40%" édition, Paris, Sirey, collection « Sirey Université », 2022, 716 p ; : = TURPIN (Dominique), Droit constitutionnel, Paris, Presses Universitaires de France (PUF), collection « Quadrige », 2003, 767 p. : 2) Articles : IL Documents remis : Document n°1: extrait de Philippe AROANT et Bertrand MATHIEU, Droit constitutionnel et institutions politiques, 31°"* édition, Paris, LGDJ, 2020, pp. 27-41 ; ~ Document n*2 ; extrait de ESAMBO KANGASHE (Jean-Louis), Le droit constitutionnel, Paris, éditions Académia, 2013, pp. 49-63 ; Document n°: extrait de Philippe ARDANT et Bertrand MATHIEU, Droit constitutionnel et institutions politiques, 31° édition, Patis, LGDJ, 2020, pp. 27-41. Etat est une société politique organisée qui a recu plusieurs définitioris mais dont la présence est sensible dans la vie de tous les jours... Dans une perspective sociologique, on considére qu'il n’en est ainsi que lorsque trois éléments sont réunis ; un pouvoir de contrainte, s’exercant sur une population, rassemblée sur un territoire. Cette définition permet de constater qu'il ne peut y avoir d’Etat sans population. Le pouvoir de donner des ordres s’exerce sur un groupe humain dont le noyau dur constitue ce qu'il est convenu’ d’appeler Nation. Il y aurait dans ce cas coincidence entre |’Etat et la Nation. Cette thése est difficile & défendre aujourd'hui. Quoi qu’il en soit, il n'y a pas d’acception universelle de l'idée de Nation, et toute une littérature s'est efforcée de préciser ses contours : J. Michelet, E. Renan, Fustel de Coulanges, Th. Mommsen, M. Barrés... Les uns mettent en avant les éléments objectifs, tandis que d'autres privilégient une composante volontariste... D’un point de vue juridique, I'Etat présente deux caractéres importants. On dit que I Personne morale. La notion de personnalité morale a été congue pour donner une exi capacité juridiques a des groupements ; Etat est uhe istence et une ét légitime. Etat partage cette les associations... Mais, si l’Etat partage la personnalité morale avec d'autres groupements, lui seu! posséde la souver reconnait aucun pouvoir au-dessus de lui, supérieur ou concurrent. individus poursuivant un intér qualité avec d'autres institutions comme le sociétés commerciales, raineté : il ne Par ailleurs, il ne suffit pas de savoir reconnaitre I'Etat, de savoir le définir, il faut aussi se demander comment il est né, comment les Etats se sont former, comment les hommes ont accepté de Jui obéir. La recherche se méle ici a une réflexion sur Vorigine de l’Etat en tant que fait historique. Pour certains auteurs, I’Etat est un phénoméne volontaire. Les hommes créent consciemment Etat. Cette idée s'est construite autour des théories contractualistes, développées par Th. Obes, J. Locke et J.-J. Rousseau Pour qui les hommes se sont associés de facon délibérée, pour des raisons et des formes que ces auteurs analysent différemment.. : D’autres auteurs estiment que la formation des Etats est I’aboutissement d’un phénoméne naturel : "Etat n’est pas le fruit de la volonté humaine, I'ceuvre délibérée des hommes, ils‘impose. Il est soit le résultat d’un concours de circonstances factuelles contribuant & organiser les hommes autour d’une organisation permanente qui s‘institutionnalise au gré des rapports sociaux (Hauriou) ; soit I'Etat né par la conquéte ou la violence, par un rapport de domination qu'un homme ou une oligarchie exeree sur le reste de la société pour asseoir son autorité, assurer Yordre et administrer le reste de la population... , Document n°2 : extrait de ESAMBO KANGASHE (Jean-Louis), Le droit constitutionnel, Paris, éditions Académia, 2013, pp. 49-63. Le besoin de disposer d'un Etat indépendant et souverain est un processus historique relativement récent. Il remonte la deuxiéme moitié du XVille siécle. Sa formation obéit & une évolution qu'il convient d’étudier. En rapport avec l’origine de I’Etat, plusieurs théories se sont disputé la paternité, Certaines la situent du point de vue naturel, d’autres dans I'accord intervenu entre les membres d’une société, d’autres encore dans les événements accidentels. Les premieres considerent Yorigine de I’Etat comme relevant d’un fait naturel insusceptible d’explication juridique. Qu’il s‘agisse, en effet, de la thése de conflit ou la thése marxiste, en affirme qu’a Vorigine, les membres d’une société vivaient égaux et en harmonie entre eux. Uantagonisme entre les différentes classes sociales et le besoin de disposer d’une plus-value économique conduiront a la domination d'une classe sociale sur d’autres au point d’imposer sa vision de la société. Né dans ces circonstances, I'Etat ne peut étre que le fruit de la stratification sociale et de la domination économique d’une minorité sur la majorité. Il est, naturellement, le reflet d’un phénomene extra- juridique. Méme si on se convient qu'il n’existe de véritable droit que celui qui s’exerce dans le cadre d'un ordre juridique positif et, notamment, constitutionnel, l'idée d’attribuer la naissance de Etat & I'établissement d'une nouvelle Constitution n’a pas cessé de hantér certains esprits (thése du positivisme juridique), le droit n’étant que la consécration, dans un processus historique (théorie socio- historique) des rapports des forces sociales en présence. A i : " es secondes théories assignent a la naissance de I’Etat une origine conventionnelle ou contractuelle, et acceptée par les membres de la lures juridiques. Elles considérent I’Etat comme une forme politique voulue collectivité mais dont la naissance doit obéir a certaines procéd Etat est le fruit d’un ‘ensemble de la communauté (théorie du contrat social), soit d'une organisation sociopolitique existante (théorie du contrat . Politique), l'accord des volontés étant au coeur de la naissance de I'Etat. Poursuivant la satisfaction de Mintérét général, apparition de I'Etat s'accommode bien de lidée de la fondation et de Finstitution (théorie de la fondation et de Vinstitution) différente d'une entreprise lucrative. A des degrés divers et selon les fortunes variées, ces théories reconnaissent que I’ contrat négocié et conclu au profit soit d’un individu (Ie Léviathan) ou de I De toutes ces constructions doctrinales sur lorigine de |’Etat, on relave que toutes les théories se valent, chacune ayant, en un moment donné, occupé son terrain sans I'emporter définitivement sur autres. Dans le processus de formation de l'état, on a admis l'exploitation simultanée des considérations sociales, éconor iques, philosophiques, politiques, culturelles ou juridiques. Une fois identifié, I'Etat est capable de traduire l'idée d’une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire donné, revendique, avec succas et pour son propre compte, le monopole de la violence. | s'apparente a une société politique fixée sur un territoire, habitée par une communauté humaine relativement homogéne et soumise & une autorité établie et reconnue. La doctrine semble divisée sur _ la terminologie & retenir entre les éléments constitutifs de I'Etat et les conditions de son existence. Pour certains, il s'agit de conditions sans lesquelles, il est illusoire de parler d’un Etat. L’explication ést que les éléments présentés comme constitutifs de 'état sont, en réalité, les conditions (nécessaires et non suffisantes) sans lesquelles cette entité ne saurait exister. Pour d’autres, la terminologie a adopter dépasse la simple question de conditions d’ekistence de l'état pour embrasser un ensemble d’éléments qui permettent d’identifier I'Etat en tant que structure socialement et politiquement organisée. Les deux theses ne s‘opposent pas fondamentalement ; elles convergent, au contraire, sur I'essentiel + la recherche des éléments sans lesquels, on ne peut parler d’un Etat. La doctrine dominante met diailleurs en exergue la terminologie « éléments constitutifs » de I'Etat plutot que « ses conditions d’existence », Ces éléments sont constitués du territoire, de la population et de l'organisation des pouvoirs publics. A eux seuls, ces éléments ne peuvent pas définir Etat qui, ainsi qu’on le sait, a besoin d’étre identifié comme une entité autonome disposant de la capacité de s’auto-affirmer et de s'auto- _ administrer, Une attention sera également portée sur la nature de I'Etat africain postcolonial. Création humaine et symbole de I'unité nationale et de la communauté d’intéréts, I'Etat est titulaire d'un pouvoir politique qui le prédispose a s'ériger, progressivement, en une personne juridique de droit public différente des personnes physiques qui le dirigent ou admiistrent, qualité qui fait de lui le centre des décisions politiques et administratives. La constatation a été faite, au XVille siécle, & la faveur de I'évolution de la société et du progrés technique qui ont marqué le monde et conduit @ reconnaitre 8 |’Etat une existence autonome, différente de ceux qui le commandent. . La personnalité juridique de I’Etat rend compte de sa capacité et de sa continuit se décline par la faculté dont il dispose de vouloir et d’agir au nom de la collectivité, par une existence et une volonté indépendantes de celles de ses membres. La continuité de Etat s’explique par le fait La capacité de Etat qu’en tant qu’entité juridique, I’Etat est permanent nonobstant les changements qui les personnes appelées a en assurer la direction... a En plus de la personnalité juridique, la souveraineté de Etat lui permet de disposer d’ i supréme et absolue de fixer ibrement les régles de conduite sociale et, notamment, anaes Constitution. La souveraineté dont a besoin I'Etat a une double portée & la fois externe et ieee le plan interne, la souveraineté évoque la possibilité qu’a I'Etat d'imposer sa volonté aux individus . aux groupements d'individus (publics ou privés) se trouvant a l'intérieur de son territoire, ce qui conduit a le distinguer des autres collectivités publiques non étatiques. Cette souveraineté est loin de s'accommoder de l'omniprésence et de l'arbitraire. Si l'état peut se targuer d’étre maitre dans son organisation, il se doit, néanmoins, d'appliquer les régles quill a luiméme mises en place. Dans \'exercice de son pouvoir régalien, |'Etat est ainsi limité par les ragles de droit qu'il a édictées. La souveraineté externe de I'Etat se traduit par une indépendance complete, conséquence dabsence de toute sujétion étrangére. L'indépendance d’un Etat se matérialise par la pleine jouissance, V'autonomie et exclusivité de la liberté d'action dont il dispose en matiére de fixation des regles relatives aux rapports sociaux qui s'expriment en son sein. Dans la pratique cependant, se constate le caractare relatif de la souveraineté des Etats, particuliérement ceux d’Afrique au sein des structures de VOrganisation des Nations Unies et notamment dans les organes de décision tel le Conseil de sécurité. Condition indispensable de la définition de Métat, la souveraineté ne peut appartenir qu’a Etat. Elle affecte, de maniére spécifique, sa naissance, son organisation et son fonctionnement. Dans une société at a la compétence de fixer librement sa Constitution et les régles de conduite qu'il le d'un Etat réside en effet sur 5 collectivités, que celles-ci organisée, seu! I’Et peut faire exécuter, au besoin, sa capacité de constituer une collectivité irréductible aux autre ‘ordre juridique interne ou international. par la force. La caractéristique essen appartiennent 3 ! Ill- Exercice ; Commentaire de texte i état est la fois une idée et un fait, une abstraction et une organisation. IIn’a pas de réalité concrete, mais sa présence est sensible dans la vie de tous les jours. Le terme lui-méme connaft plusieurs acceptions (...) on considére quill n’en est ainsi que lorsque trois éléments sont Dans analyse classique (M. Weber), rassemblée sur un territoige. réunis : un pouvoir de contrainte, s’exergant sur une population, état, en effet, définit un certain nombre de régles de la vie en société, de « normes », s‘imposant aux particuliers, obligatoires pour eux. (..) seul Etat a le pouvoir dexiger, parla force si besoin est, le respect des régles ainsi posées. (..] Ine saurait y avoir d’Etat sans population. Le pouvoir de donner des ordres s‘exerce sur un groupe humain. Pendant un temps, on a considéré que ce groupe humdin était une Nation. Qu’est-ce qu’une nation ? Il n'y a pas d’acception universelle de l'idée de Nation, et toute une littérature s'est efforcée de préciser ses contours: J. Michelet, £. Renan, Fastel de Coulanges, Th. Mommsen, M. Barras... Les uns mettent en avant des éléments objectifs: les origines, la langue, ta religion, une culture, (..) ; d ‘autres privilégient une compos, décision d’individus choisissant des’ ‘ante volontariste : la libre arsecler_ pour un destin commun, £. Renan, qui fut Yun des chantres de T'idée nationale, disait de la Nation : « Cest un vouloir vivre collectif », cest-a-dire une volonté de vivre ensemble (...). La population est établie stir un lerritoire, un espace, délimité par dos frontiéres ; sans territoire, le pouvoir d’Etat, ses compétenc €5, Ne pourraient s’exercer, D'un point de vue juridique, 'Etat présente deux caracteres importants Gotée de la personnalité morale ; "Etat est souverain. On dit que I'Et opposition aux personnes physiques), donner une existence et une capacité Etat est une organisation fat est une personne morale (par Un étre fictif.La notion de personnalité morale a été congue pour juridiques 3 des groupements d'individus poursuivant un intérét legitime. UEtat partage cette qualité avec d'autres institutions comm: associations, les départements, les communes, etc. (..) $i d'autres groupements, lui seul posséde la souveraineté lui, supérieur ou concurrent, 1 les sociétés commerciales, les Etat partage la personnalité morale avec iI ne reconnait aucun pouvoir au-dessus de Ine suffit pas de savoir reconnaitre |'Etat, il faut aussi se demander comment il est né, comment les Etats se sont formés, comment les hommes ont accepté de lui obéir. Pour certains auteurs, |'Etat est un phénoméne volontaire. Les hommes eréent consciemment I'Etat. Cette idée s'est construite autour des théories du Contrat social, développé au XVile et au XVIlle siécles €n particulier par Th. Hobbes, S. von Pufendorf, J. Locke et J.J. Rousseau : les hommes se sont associés de facon délibérée, pour des raisons et sous des formes que ces auteurs analysent différemment. La réflexion de J. J. Rousseau apparait comme la plus riche. D’autres auteurs (se rappelant d’Aristote : « l'homme est un animal politique ») estiment que 2 formation des Etats est l'aboutissement d'un phénomene naturel : Etat n’est pas le fruit de la volonté humaine, l'ceuvre délibérée des hommes, il s‘impose. Philippe ARDENT et Bertrand MATHIEU, Droit constitutionnel et institutions politiques, 33° édition, Paris, LGDJ, 2021, pp. 27-44.

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