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Cours 1 : introduction

Qu'est-ce que le droit constitutionnel ?


Origines et caractéristiques.

Le droit constitutionnel est une discipline juridique, un ensemble de règles juridiques qui
s'appliquent au pouvoir politique dans un Etat déterminé. Il est pratiqué quotidiennement
par nous tous. On l'exerce avec notre contact avec l'Etat (légalisé des papiers, ADM). Même
les pays sans constitution (Grande Bretagne) ont un droit constitutionnel coutumier. La base
de ce contact s'enracine dans le droit constitutionnel.
Tous les droits ont comme référence la Constitution au sens où ils doivent être respectés. La
Constitution est la norme suprême. Il existe toujours une norme suprême.
L'existence d'un droit matériellement constitutionnel est la condition nécessaire à l'existence
du droit.
Toute règle ne peut être légale que si elle est conforme à la hiérarchie des normes.
La Constitution est un Droit à la source de toutes les normes juridiques au sein de l'Etat.
C'est à partir du droit constitutionnel que les autres branches du droit sont juridiquement
évaluées (droit civil, droit parlementaire, droit pénal, droit administratif et toutes les
disciplines juridiques sans exception).
Leurs objets :
- Le Droit civil : régler les rapports entre les particuliers et les privés.
- Le Droit pénal : sanctionner les infractions.
- Le Droit commercial : régler les relations de commerce dans la société.
Le droit constitutionnel fixe les principes qui garantissent les droits et les libertés des
citoyens, ainsi que leurs obligations envers la société. Autrement dit, c'est l'encadrement
juridique des acteurs, des pouvoirs et des normes appliquées en droit.
Le droit de chaque communauté la permet d'être dans un certain bien être. Et la référence à
la constitution est permanente.
Le droit constitutionnel a toujours accompagné les sociétés depuis toujours et que puisqu'il
vit au milieu de nous et en nous, il a toujours vécu au milieu de ceux qui nous ont précédés
et en eux. Du coup, on constate qu'il est un droit très ancien en tant qu'ensemble de normes
organisant l'exercice du pouvoir. Depuis qu'il y a un pouvoir, il se soumet et doit se
soumettre à un ensemble des règles coutumières de fonctionnement que l'on peut qualifier
de constitutionnelles sans que, formellement, elles ne le soient pour autant. Le droit de
chaque communauté la permet d'être dans un certain bien être.
Toute société, lorsqu'elle atteint un degré minimal de complexité et de stabilité, est
susceptible de faire l'objet d'une étude constitutionnelle.
Le droit constitutionnel existait en tant que discipline juridique et fait historique organisant
les relations au sein de la société. Par conséquent, il est très ancien. Mais à certains égards
très récents.
Caractère récent de la discipline :
L'étude du droit constitutionnel en tant que matière ne s'est véritablement imposée que
dans un passé par très lointain. Premièrement, en tant que règlement coutumier, de
l'exercice du pouvoir, le droit constitutionnel est lié à celui-ci. Deuxièmement, en tant que
discipline scientifique, l'importance du droit constitutionnel n'est pas apparue qu'après les
différents changements qui ont affecté l'exercice du pouvoir à travers le monde ancien et
contemporain.
C'est à travers l'étude de la constitution ou tout au moins du fonctionnement des institutions
et de l'exercice du pouvoir d'un Etat que l'on peut qualifier sa tendance, socialiste,
communiste, libérale, totalitaire… C'est un droit qui révèle la tendance idéologique de l'Etat.

Cours 2 : Le pouvoir politique et l'Etat


-Chapitre 1 : L'institution du pouvoir dans l'Etat

Parler du pouvoir politique, c'est parler de l'Etat et de la relation qui existe entre eux. Ainsi
que le pouvoir politique implique automatiquement une organisation communautaire. On
ne peut pas imaginer un Etat sans qu'il n'y ait à sa tête un pouvoir qui est l'un de ses
éléments constitutifs. Le pouvoir politique ne peut avoir de signification que s'il s'exerce au
sein d'un groupe, d'une collectivité, d'une institution. En droit constitutionnel l'Institution
c'est l'Etat. Comment s'opère l'institutionnalisation du pouvoir dans l'Etat ? Et comment s'y
exerce-t-il par sa personnalisation ?
Dans une première étape, le pouvoir ne s'incarne pas dans l'Etat. Il se présente comme une
espèce de préfiguration d'un système qui va s'organiser. Mais au sein de l'Etat, le pouvoir
prend une forme juridique dans la mesure où il s'y présente comme l'un des éléments
constitutifs.
Section 1- Les formes pré étatiques du pouvoir :
Aucun groupe social ne peut s'exempter d'une direction. Dès lors que se constitue une
société à quelque niveau que ce soit, se fait jour, pour sa cohésion et le vivre-ensemble de
ses composantes, la nécessité d'un pouvoir.
Il existe trois formes pré-étatiques du pouvoir.
- Le pouvoir anonyme : C'est celui qu'ont connu les sociétés primitives avant même
l'apparition de la notion de chef. Il est basé et soutenu par des croyances individuelles qui
finissent par être collectives, des superstitions, des idolâtries…Burdeau parlait de pouvoir
diffus. Aujourd'hui, toute forme de pouvoir diffus n’a pas totalement disparu. Il a pris une
autre forme qui par la grande pression qui s'exerce sur l'opinion publique lui faisant croire,
par exemple, à l'existence d'un danger externe contre lequel on doit se mobiliser. Selon la
classification retenue par M. Duverger, le pouvoir politique apparaît comme un phénomène
naturel, un phénomène de force, un phénomène de croyance.
Dès que l'on sorte de ce stade d'évolution, le pouvoir devient identifiable, exercé par un ou
plusieurs hommes à titre personnel ou au nom d'une institution.
- Le pouvoir individualisé : On parle de ce pouvoir lorsqu'il y a confusion entre le
pouvoir et celui qui L'incarne. Historiquement, l'individualisation du pouvoir correspond à
l'ère des conquêtes et le Chef est souvent un chef guerrier. A l'issue de la conquête, le chef
s'investit en tant que tel et s'entoure d'un clan. Mais ce genre de pouvoir se caractérise
généralement par une certaine faiblesse du fait qu'il est lié à la vie du chef.
- Le pouvoir féodal : Il se présente comme la forme la plus achevée du pouvoir
individuel. Il s'agit d'un mode ou d'un système patrimonial fondé sur la possession des terres
qui instaure une allégeance personnelle où les rapports entre le titulaire du pouvoir et ses
sujets ne sont pas institutionnels mais personnels. On obéit et on se soumet non pas à la loi
mais à la volonté du chef. C'est un système politique qui a existé notamment en Europe
entre X et XIIème siècle. Il se résume par le principe ou la règle où l'autorité centrale
s'associe avec les seigneurs locaux qui à leur tour le son avec leur population sur la base d'un
système d'obligations et de services.
Section 2 : L'Etat
L'Etat est le stade suprême de l'institutionnalisation du pouvoir. Son existence se traduit par
celle de la personnalité morale dont les éléments constitutifs sont :
- Le territoire qui est le cadre sur lequel s'exerce la souveraineté, le pouvoir de
commandement.
- La population qui est la communauté qui réside sur le territoire et de ce fait se
trouve soumise aux règles du pouvoir de commandement.
- L'organisation politique qui représente le pouvoir de commandement qui s'exerce
de manière souveraine.
Comment se présente alors la notion d'Etat et sous quelles formes existe un Etat ?
A. La notion d'Etat :
Parler de l'Etat, c'est parler des gouvernants, l'ensemble des autorités instituées pour
l'exercice du pouvoir. Les gouvernants qui représentent les pouvoirs publics sont des
éléments d'une structure hiérarchisée (le chef de l'exécutif, l'exécutif, les chefs des
départements ministériels). Le prolongement en est l'administration exerçant sa fonction sur
un territoire déterminé. Cette administration exécute les décisions politiques prises par
l'exécutif. Tout comme l'exécutif, elle doit s'en acquitter conformément aux lois. C'est le
principe de légalité qui signifie que toutes les décisions qui sont appliquées à la
communauté, la population doivent être conformes à la loi ou tout au moins ne pas lui être
contraires. De crainte que se développe et se renforce un pouvoir administratif au point de
s'autonomiser, il y a le contrôle juridictionnel de l'administration qui s'exerce par les
juridictions administratives.
Le pouvoir législatif est du ressort du parlement, c'est l'organe qui fait les lois dont les
matières sont limitées par la constitution. Pour entrer en vigueur, elles sont soumises à la
promulgation par le chef de l'Etat.
Les lois également sont soumises à une hiérarchie des normes. Elles peuvent faire l'objet
d'une saisine par le contrôle constitutionnel.
B. Les caractères de l'Etat :
Parmi les éléments constitutifs de l'Etat, l'organisation politique. Cette dernière implique une
double qualité. Premièrement, le fondement juridique. C'est la personnalité morale de
l'institution. Il renvoie au groupement d'individus auxquels est reconnue la possibilité d'être
titulaires de droits et d'obligations distincts de chaque individu qui le compose. N effet, l'Etat
peut agir, passer des accords, prendre participation dans une société, posséder un domaine
public. Il a également des obligations à l'égard des individus ou groupements.
Deuxièmement, la souveraineté. Elle doit être précisée selon qu'elle est dans l'Etat ou de
l'Etat. D'une part, la souveraineté de l'Etat. Elle se traduit par l'indépendance de l'Etat vis-à-
vis de l'extérieur. Il ne peut être théoriquement tenu par des obligations que de sa propre
volonté souveraine. D'une autre part, la souveraineté dans l'Etat. Elle consiste à déterminer
l'autorité qui exerce le pouvoir de commandement. Cela dépend de la nature du régime et
de sa structure.
C. Les formes d'Etat :
L'organisation des Nations Unies recense actuellement 193 membres. Leurs rapports sont
régis par les règles du droit international public. Une vingtaine d'entre eux se présentent
eux-mêmes comme des communautés d'Etats c’est-à-dire, des Etats fédéraux, composés
d'Etas fédérés. Les rapports de ceux-ci avec l'Etat fédéral sont soumis à des règles fixées par
la Constitution. Les autres Etats sont unitaires c’est-à-dire des Etats où il n'existe qu'un seul
centre de décision.
Il existe des Etats unitaires dont on peut distinguer entre Etats unitaire centralisé et Etat
unitaire décentralisé, et des Etats fédéraux de niveau supérieur et d'autres de niveau
inférieur.
• L'Etat unitaire :
C'est l'Etat dans lequel ne s'exerce qu'une seule volonté politique à l'ensemble des citoyens.
Leur sont applicables les mêmes lois dans tous les domaines. L'administration de l'Etat
unitaire peut être centralisée, soit décentralisée.
- L'Etat unitaire centralisé :
C'est l'Etat où toutes les décisions aussi bien politiques qu'administratives relèvent du
pouvoir central. Ce système peut être tempéré par la déconcentration qui consiste à
accorder un pouvoir de décision à des agents locaux nommés par le pouvoir central et
soumis à son autorité hiérarchique. En France, ce sont les préfets, au Maroc, ce sont les
gouverneurs ou à l'échelon régional, les Walis. Mais il faut dire que dans le système unitaire
centralisé qui n'existe pratiquement plus, la déconcentration ne diminue en rien le caractère
centralisé de l'Etat. C'est la raison pour laquelle, toute forme de centralisation, pour
perdurer, nécessite une décentralisée.
- L'Etat unitaire décentralisé :
A l'inverse du système précédent, l'Etat unitaire décentralisé est celui au sein duquel, sous le
contrôle du pouvoir central, les décisions sont prises par des autorités élues. C'est un
système qui ne porte aucunement atteinte à l'unité de l'Etat. A cet égard, le Maroc s'y bien
engagé et très progressivement quelques années après le recouvrement de l'indépendance.
La décentralisation peut être beaucoup plus accentuée par la reconnaissance d'une large
autonomie aux régions. C'est le cas du système italien et espagnol.
• L'Etat fédéral :
L'Etat fédéral lorsque de par la constitution, les unités qui le composent sont pourvues de
compétences en matières législative et juridictionnelle. Elles sont dotées d'une autonomie
propre à Etat souverain, sauf dans le domaine international et celui de la défense nationale.
C'est un système relativement répandu.
Comment se formes l'Etat fédéral ?
1. Le fédéralisme par association :
Il peut résulter du regroupement de plusieurs Etats indépendants qui se fédèrent. Ex: les
Etats Unis d'Amérique dont les trois colonies américaines ayant accédé à l'indépendance en
1776 ont d'abord constitué une confédération avant de devenir après la ratification de la
Constitution de Philadelphie, la fédération des Etats Unis de l'Amérique. La suisse, devenue
une fédération ben qu'elle ait conservé le nom de Confédération helvétique qui la précédée
de 1235 à 1848.
2. Le fédéralisme par dissociation :
Il peut résulter de la transformation d'un Etat unitaire en Etat composé, conséquence de
revendications de minorités territoriales. Ex : l'Union Soviétique qui était un immense
empire unitaire avant de se transformer en fédération en 1924. La Belgique avec la
Constitution de 1990. La Tchécoslovaquie en 1992.
Dans l'Etat fédéral, on distingue deux niveaux.
- Le niveau supérieur :
Il se caractérise par la Constitution fédérale qui précise ce qui relève de l'Etat fédéral et des
unités qui le constituent.
- Le niveau inférieur :
Il repose sur l'exercice de compétences qui ne relèvent pas de l'Etat fédéral. La répartition
varie selon les Etats. L'objet peut porter sur l'enseignement, la santé, la sécurité sociale, la
fiscalité…
Deux principes fondamentaux caractérisent l'Etats fédéral : l'autonomie et la participation
- Le principes d'autonomie :
Ce principe signifie que chaque Etat fédéré jouit de compétence qui lui sont propres et dont
il peut user sans aucune ingérence de l'Etat fédéral. C'est le critère essentiel qui permet de
distinguer l'Etat fédéré de la collectivité décentralisée où le rôle du pouvoir central demeure
effectif. Il ne s'agit pas alors d'une délégation de pouvoir mais bel et bien d'un pouvoir qui
découle de la Constitution. Pour garantir le respect de ces compétences, la Constitution
institue une instance chargée de l'arbitrage des conflits d'attributions. Aux USA, c'est la Cour
suprême, en Allemagne, c'est le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe.
- Le principe de participation :
Les Etats fédérés participent à la direction de la politique fédérale par leur représentation au
sein des instances constitutionnelles. La représentation a lieu au niveau du parlement à
travers la chambre haute ou deuxième chambre. Ex : le sénat des Etats unis se compose de
deux sénateurs par Etat, de même que le Mexique ou la Suisse. La participation se traduit
également au niveau de l'exécutif. Dans les Etats fédéraux, le Président de la République est
élu d'une manière indirecte. Ainsi, l'élection du président des Etats unis se fait dans le cadre
des Etats par les grands électeurs.
-Chapitre 2 : La personnalisation du pouvoir dans l'Etat
Section 1 : La notion de la personnalisation du pouvoir
Il y a incarnation du pouvoir chaque fois que le pouvoir apparaît incarné et concentré en une
personne. C'est le phénomène de leadership. Dans de nombreux cas, on parlait du pouvoir
en lui attribuant le nom d'un dirigeant. Dans l'histoire de plusieurs pays, dès qu'on parlait de
pouvoir, on lui accolait un nom : pouvoir de Nacer, de Mao, de Kaddafi, Saddam Hussein.
La personnalisation du pouvoir passe par son incarnation et sa concentration.
1. L'incarnation du pouvoir :
C'est sa personnalisation aux yeux de l'opinion publique. C'est un phénomène que l'on
retrouve dans l'histoire des pays surtout au lendemain de leur indépendance. Plusieurs
raisons sont à sa base. On peut en dénombrer 04.
- La nature du système considéré : la personnalisation du pouvoir est plus évidente
dans un système de type monarchique. Elle est dans la logique des choses surtout lorsque le
monarque règne et gouverne. Dans les régimes présidentiels, cette logique est tout aussi
évidente. Le suffrage universel désigne la personne qui aux yeux de la population va incarner
le pouvoir. Ainsi, par exemple, la constitution française amendée sur proposition de la
générale sur proposition du général De Gaulle pour que le président soit élu au suffrage
universel et non plus à la majorité absolue des suffrages par les deux chambres du
parlement réunies en congrès. Dans les régimes parlementaires, la personnalisation du
pouvoir se manifeste lorsqu'il y a un chef d'un parti majoritaire. Les élections lui permettront
de s'imposer comme chef de l'exécutif qui incarnera le pouvoir durant tout le mandat. Ex ;
Boris Johnson en Grande Bretagne, Angela Merkel en Allemagne…
- La démocratisation des sociétés politiques : il peut sembler paradoxal de dire que la
démocratisation est une incarnation du pouvoir. Mais on doit se rappeler que l'extension du
suffrage universel demeure le critère le plus développé de la démocratisation. Néanmoins,
on doit souligner que pendant longtemps, seule une partie de la population participait au jeu
politique. Ce n'est qu'à la deuxième moitié du 19e siècle que c'est élargi la participation du
peuple à la vie politique et c'est à la faveur de ce phénomène de masse qu'est née la notion
de leadership. On rappellera qu'en France, les élus du tiers état étaient élus par des chefs de
foyer âgés de plus de 25 ans et payant l'impôt. La Constitution de 1791 maintient ce suffrage
censitaire. En 1848, avec la deuxième République, le suffrage censitaire est remplacé par le
suffrage universel masculin. De même qu'en Angleterre, pays à tradition libérale, ce n'est
qu'à partir du moment où les masses participent à la vie politique que les chefs de partis
sont devenus des leaders. Ces chefs deviennent populaires par la participation de la grande
partie de la population à la vie politiques. Dans le même sens, on peut citer l'exemple des
pays autrefois de l'Est où les partis communistes, grâce à la forte participation de la masse
ont engendré un phénomène spectaculaire de la personnalisation du pouvoir. Gomulka en
Pologne, Staline en union soviétique, Mao Tsé Toung en Chine. Toutefois, il convient
d'observer que la personnalisation du pouvoir n'est pas sans porter atteinte à la démocratie
en ce sens qu'elle créé une espèce de consensus autour du chef et d'un accord populaire sur
sa personne qui devient comme sacrée.
- Les techniques modernes de communication et de diffusion du pouvoir : il s'agit ici
des mass-médias et des techniques qui peuvent être utilisées dans un but de propagande
politique. Elles permettent la diffusion du pouvoir et l'on connaît mieux la personne qui en
est titulaire. Les chefs à élire jouent beaucoup sur cet aspect qui se rapproche de la
vedettisation du pouvoir.
- L'équation personnelle et les circonstances de crise : les crises favorisent
l'apparition des leaders, de même que l'acquisition de l'indépendance. Nkrumah au Ghana,
considéré père de l'indépendance, tout comme Sekou Touré en Guinée. Dans de nombreux
pays, les crises ont favorisé l'apparition et le renforcement de l'envergure d'une seule
personne, d'un leader. Aux USA, la crise de 1929 avait nettement favorisé le renforcement
du pouvoir de Roosevelt.
2. La concentration du pouvoir :
A elle seule, l'incarnation du pouvoir ne suffit pas, il faut que le titulaire du pouvoir le
détienne réellement. Mais cette concentration diffère selon que l'on est dans tel ou tel
régime politique.
- La concentration du pouvoir au niveau du chef de l'Etat dans les systèmes d'exécutif
monocéphale : Ex, dans les Etats de type présidentiel, le chef demeure au centre du pouvoir.
C'est à travers lui qu'il s'exerce. Aux USA, le président est le véritable chef, ses collaborateurs
ne sont guère connus.
- La concentration du pouvoir au niveau du chef de gouvernement : en Grande
Bretagne, c'est le Premier ministre qui exerce réellement le pouvoir et la fonction essentielle
qui en découle et non la reine. En Allemagne, c'est le chancelier. En Italie c'est le président
du conseil des ministres. D'ailleurs, dans ces pays ainsi ceux qui ont un système voisin, le
nom du président, chef de l'Etat, est rarement cité.
- La concentration du pouvoir au niveau du chef du parti : cette concentration a lieu
dans les pays à partir unique.
Section 2 : La distinction entre personnalisation du pouvoir et pouvoir personnel au plan
constitutionnel
La personnalisation du pouvoir doit être distinguée du pouvoir personnel. Elle n'est pas
incompatible avec la démocratie, elle résulte de l'existence de leaders favorisés par le
développement du suffrage universel. L'autorité du chef reste liée à la fonction qu'il occupe,
il est populaire, mais il demeure que son pouvoir découle tout simplement de sa fonction.
Il en va différemment du cas du pouvoir personnel où l'autorité du chef provient non pas de
sa fonction mais de sa personne. Son pouvoir ne repose pas sur un système de légitimité qui
serait indépendant de sa personne. Il se substitue à l'institution pour devenir lui-même
l'institution. (Hitler, Mussolini, Staline, Saddam Hussein, Kadhafi).
Même lorsque les élections sont organisées pour légitimer le pouvoir, elles ne constituent
qu'une parodie pour le faire durer jusqu'à la chute. Dans l'histoire de l'exercice du pouvoir,
on peut relever que certains pays ont favorisé le pouvoir personnel plus que d'autres. Les
institutions du régime reposent sur la personne du chef. Dans d'autres pays, c'est l'inverse.
C'est l'institution qui est favorisée et c'est celui qui l'occupe qui exerce son pouvoir. Il est au
service de l'institution et non le contraire.

Cours 3 : La constitution
La constitution est la norme suprême au sommet de la hiérarchie des normes. C'est la loi des
lois. Elle est à la fois, un acte juridique, une charte fondamentale d'un Etat et un contrat de
société. Elle est un ensemble de normes qui régissent le pouvoir politique et les organes de
l'Etat. Elle garantit les droits et les libertés ainsi qu'elle impose des obligations. C'est le cadre
juridique dans lequel évolue le pouvoir politique. Elle institue les règles auxquelles doivent
se soumettre aussi bien les gouvernants que les gouvernés. Son étude nécessite que l'on se
penche sur l'aspect organisationnel du pouvoir dans l'Etat, sur les mécanismes employés
pour contrôler l'application de ses normes par les textes de lois.
-Chapitre 1 : L'organisation constitutionnelle du pouvoir dans l'Etat
C'est sur la base et à travers la constitution que s'organise le pouvoir de l'Etat, notamment
ses attributions et les modalités de son exercice.
-Quel est le statut des constitutions ?
-Comment se présente leur contenu ?
Section 1 : Statut des constitutions
Parler du statut d’une institution invite à s’interroger sur l’ensemble des points qui la
concerne.
Comment se présente-t-elle en tant que notion, comment peut-elle s’élaborer et comment
peut-elle être révisée ?
1. Notion de constitution :
A. Définition :
- La constitution au sens matériel : Elle se présente comme l’ensemble des règles
d’organisation du pouvoir, de ses titulaires et de son fonctionnement. Elle porte
même les règles et les procédures de sa révision. Dès lors qu’il y a un Etat, il y a
nécessairement une constitution au sens matériel par le fait même d’existence de
règles implicitement acceptées par la population qui les intériorise par la répétition.

- La constitution au sens formel : Le terme désigne toute règle quel que soit son objet
qui soit contenu dans un document déterminé auquel est reconnue une valeur
supérieure aux lois et règlement en vigueur. En d’autres termes, tout ce qui est
mentionné dans ce texte a une supériorité sur toute autre norme.

- La constitution au sens organique : C’est l’ensemble des règles d’organisation et de


fonctionnement du pouvoir, mais qui sont établis par un pouvoir constituant, son
auteur. Leur valeur juridique vient du fait qu’elles émanent d’une volonté
souveraine, d’un organe qui est la communauté qui l’a instituée, ce qui lui octroie
une valeur suprême.
En tant que notion, c’est le point nodal de l’exercice du pouvoir et des conditions de vie de la
communauté à laquelle elle s’applique. A travers les angles adoptés dans sa définition et, en
approchant ses caractères, on percevra davantage son statut.
B. Les caractères de la constitution :
La constitution n’est qu’un générique pluriel qui regroupe diverses sortes ou catégories de
constitutions. Napoléon Bonaparte (1769-1821) a déclaré qu’une « constitution doit être
courte et obscure. Elle doit être faite de manière à ne pas gêner l’action du gouvernement ».
Il existe des constitutions qui établissent seulement le mode de fonctionnement des
institutions mais d’autres qui sont des constitutions qui prévoient les moindres détails. La
distinction est à opérer entre les constitutions rigides et souples et les constitutions écrites
et coutumières. C’est lors de la révision de la constitution que celle-ci s’avère rigide et
souple.

 Distinction entre constitutions rigides et souples :


-La constitution rigide : c’est celle qui est établie selon une procédure spéciale et dont la
révision ne peut avoir lieu que par le pouvoir constituant lui-même. La notion de rigidité
vient de l’exigence d’une procédure particulière pour la procédure de révision de la
constitution du point de vue de l’initiative de révision, de son adoption, des délais à
observer, des réunions des deux chambres, du nombre de voix exprimées et tout ce qui rend
en quelque sorte compliquée la révision.
-La constitution souple : La constitution est dite « souple » lorsque sa révision n’est soumise
à aucune procédure particulière pour se faire comme s’il s’agissait d’une loi tout à fait
ordinaire.
Les constitutions souples sont rares. Même lorsqu’elles existent, on y recourt que très peu.
C’est une possibilité, sans plus.
Ex : La Grande-Bretagne n’est pas dotée d’une constitution écrite. Il y règne le principe de
souveraineté du parlement (on dit qu’il peut tout faire, sauf changer une femme en
homme). Mais malgré cette prérogative, le parlement n’agit pratiquement jamais avec
précipitation, préférant laisser le temps aux nouvelles coutumes de se substituer aux
anciennes. La Nouvelle-Zélande qui en 1947 a ramené sa constitution au rang de loi
ordinaire. La Chine qui depuis 1975, reconnait à l’assemblée le droit de modifier la
constitution. Israël, depuis sa création en 1948.

 Distinction entre constitutions écrites et coutumières :


-Constitution coutumière : Elle est composée d’un ensemble de règles relatives à
l'organisation du pouvoir, mais qui n'existent pas sous forme écrite, même si certains
documents peuvent en servir de base. Il s’agit de règles juridiques non écrites qui, au fil du
temps, deviennent supérieures. Elles sont aussi appelées « Conventions de Constitution ».
Pendant longtemps, le droit constitutionnel a été de type coutumier. Le premier élément de
la coutume, c’est la répétition d’un certain comportement, de certaines règles. Ainsi dans les
pays d’Islam, le droit constitutionnel a pendant longtemps revêtu une forme coutumière qui
reposait sur certaines interprétations du prophète. Les premières codifications doctrinales
vont intervenir après plusieurs années de pratiques. Jusqu'à la fin du 18 e siècle, la plupart
des Etats étaient régis par des Constitutions non écrites. Dans la France de l'Ancien Régime,
les lois fondamentales du royaume formaient les composantes de la Constitution
coutumière. Des règles relatives à la succession au trône et l'inaliénabilité du domaine royal.
C’est au cours des 18e et 19e siècles que les Constitutions coutumières ont progressivement
disparu au profit des constitutions écrites.
-Constitution écrite : Les constitutions écrites ont des raisons d’être adoptées.
Historiquement, c’est de faire de la constitution un instrument de droits et de libertés. Cela
va apparaître à la fin du 18e siècle période pendant laquelle prévaut la philosophie de
l’époque qui était la philosophie libérale. La constitution se pose comme un contrat entre le
pouvoir et les gouvernés. Techniquement également, la constitution écrite institue un
équilibre entre les pouvoirs au sein d’Etat à reconstruire. Ainsi, après la première guerre
mondiale, plusieurs constitutions écrites ont vu le jour.

 Les rapports entre ces différents caractères :


Sans généraliser, on peut dire que les constitutions écrites sont par nature rigides, tandis
que les constitutions coutumières sont plutôt souples. Néanmoins, il existe des exceptions.
En effet, la constitution écrite peut être souple, lorsqu’elle ne prévoit pas des règles
spéciales et rigides pour son amendement. Dans le même esprit, on peut relever une
constitution coutumière mais rigide, chaque fois que la coutume elle-même impose par la
répétition une procédure particulière et quelquefois compliquée de modification.

 La suprématie de la constitution :
Si la constitution existe, c’est pour qu’elle soit respectée, sinon, son existence serait
purement décorative. La constitution est la norme suprême dans l’organisation d’un pays.
Cette suprématie peut être protégée par un contrôle de constitutionnalité. De cette
suprématie, découlent deux conséquences en relation avec son origine et sa révision.
2. L’origine des constitutions et le problème du pouvoir constituant :
Le pouvoir constituant c’est celui de l’autorité qui détient le droit d’établir la constitution.
C’est un pouvoir souverain. Sa détermination diffère. Soit une personne qui est le Roi, ou par
une assemblée restreinte représentant le peule nommée l’assemblée constituante. Mais
dans les deux cas de figure, c’est le peuple pris dans son entier qui va participer par
l’intermédiaire d’un référendum. Son intervention est l’acte d’approbation du document
constitutionnel initié par l’une des parties.
Il faut distinguer entre 3 grands modes d’établissement de constitution :
- Le mode autoritaire : C’est un mode complètement dépassé qui remonte à très loin
du temps des monarchies absolues. Il se caractérise par le fait que la constitution est
imposée par l’autorité en dehors du peuple. Elle peut être le fruit d’un octroi, on
parle de constitution octroyée. C’est le souverain qui l’établit et la présente à
l’approbation des gouvernés qui l’acceptent en bloc. Ce n’est pas un mode
absolument unilatéral dans la mesure où en théorie il suppose une approbation en
aval.
- Le mode démocratique : Ce mode est qualifié de démocratique en ce sens que lors de
l’établissement de la constitution, de sa rédaction, il fait intervenir la volonté
populaire par l’élection d’une assemblée constituante au suffrage universel. Cette
assemblée se voit reconnaître la légitimité de rédiger le texte et de revenir vers le
peuple pour son approbation. Il y a alors l’expression d’une confiance en faveur des
rédacteurs du texte mais qui doit être complétée par un vote d’acceptation.
- Le système mixte : C’est le mode qui emprunte aux deux précédents. Il se caractérise
par un accord explicite ou tacite d’élaboration de la constitution, suivi d’une
discussion qui peut s’étendre sur une période de réflexion et d’échange de points de
vue pour finalement donner lieu à la mise en place d’une commission chargé de la
rédaction à partir d’une consultation organisée au niveau des différents acteurs de la
société civile. C’est le mode qui a été récemment adopté au Maroc. Par le discours du
9 mars 2011, annonce par le Roi d’une nouvelle constitution avec mise en relief des
thèmes de réforme. Puis l’institution d’une commission consultative chargée
d’élaborer un projet de texte à la faveur des avis exprimés par les acteurs de la
société civile. La commission a travaillé en parallèle avec une instance qui est le «
Mécanisme politique du suivi de la réforme constitutionnelle » présidée par un
conseiller du Roi et réunissant aux côtés du président de la commission les chefs des
organisations politiques et syndicales. Sa fonction consistait dans l’examen du projet
de constitution au cours de son élaboration avant sa présentation au Roi pour le
soumettre au référendum.
3. La révision des constitutions :
Napoléon disait : « Aucune constitution n’est restée telle qu’elle a été faite. Sa marche est
toujours subordonnée aux hommes et aux circonstances ». Une affirmation qui ne manque
pas de justesse dans la mesure où, une constitution peut et doit être constamment ajustée à
son époque et aux besoins qu’elle nécessite. D’où la notion de sa révision. C’est l’application
du pouvoir constituant dérivé. C’est un pouvoir constituant prévu par la Constitution, elle-
même, qui institue une compétence de révision constitutionnelle. Sa légitimité et son
fondement découlent donc du pouvoir constituant originaire, par le biais de la Constitution.
En ce qui concerne la révision, trois questions affleurent : Qui a l’initiative de la révision ?
Comment va-t-on procéder ? Sur quoi elle va porter ?
A. Qui a l’initiative ?
L’initiative de la révision découle de la constitution elle-même. Cela peut être le chef de
l’Etat, l’exécutif ou le gouvernement et le parlement. Mais dans tous les cas, la constitution
n’est adoptée que par référendum. C’est ce qui ressort de la lecture des différentes
constitutions à travers le monde. Néanmoins, il faut dire qu’anciennement, certaines
constitutions donnaient une prépondérance à une autorité plutôt qu’à une autre. Un regard
sur l’histoire ancienne révèle que l’initiative de la révision pouvait être exclusive entre les
mains du chef de l’Etat. Le cas des constitutions impériales en France où seul l’empereur
détenait ce pouvoir. Tout comme l’initiative pouvait revenir au seul parlement. C’est le cas
des constitutions qui insistent sur l’importance des assemblées. L’initiative peut procéder du
peuple
B. Comment va-t-on procéder ?
Toute procédure est prévue par la constitution elle-même. Soit c’est la formule normale de
soumettre le projet ou la proposition d’un référendum, soit, on recourt à la formule
simplifiée, qui doit être prévue par la constitution, de soumettre le texte à l’approbation du
parlement.
- La formule classique :
A l’instar de ce qui a cours dans différentes démocraties, la révision, actuellement prévue au
Maroc par l’article 172 de la constitution, peut avoir lieu de trois manières :
 Directement par la soumission du projet au référendum, lorsque le roi prend lui-
même l’initiative de la révision.
 Par la soumission au référendum, lorsque la proposition de révision émane d’un ou
plusieurs membres de l’une des deux chambres du parlement adoptée par un vote à
la majorité des deux tiers de chacune d’elles.
 Par la soumission au référendum, lorsque le projet de révision émane du chef de
gouvernement présentée au conseil des ministres après délibération en conseil du
gouvernement.
Force est de relever que dans les trois cas, c’est le référendum qui intervient pour la
validation. Ce qui n’est pas le cas de la formule simplifiée.
- La formule simplifiée :
C’est la possibilité ouverte au Roi, par l’article 174, de soumettre, après consultation du
président de la Cour constitutionnelle, par dahir au parlement, convoqué en chambres
réunis, un projet de révision de certaines dispositions de la constitution. Son approbation
doit avoir lieu par les deux tiers des membres du parlement. Il est à observer et à retenir que
la révision en forme simplifiée ne peut porter que sur certaines dispositions de la
constitution et non sa totalité.
C. Sur quoi va porter la révision ?
En fait, la question doit être formulée négativement, on devrait dire sur quoi ne peut-elle
pas porter ?
Dans tous les pays dotés d’une constitution, il y a souvent une volonté de ses premiers
auteurs, les constituants originaires, de protéger des principes élevés au rang de dogmes
contre toute modification ultérieure. Ainsi, dans l’histoire constitutionnelle de plusieurs pays
peut-on relever des interdictions de révision de principes fondateurs de l’Etat. Au Maroc,
c’est la forme monarchique de l’Etat et les dispositions relatives à la religion musulmane ; la
constitution de 2011 y a ajouté « le choix démocratique de la nation » et « les acquis en
matière de libertés et de droits fondamentaux inscrits dans la présente constitution ». Tout
ceci conforte l’idée de charte fondamentale du texte constitutionnel et de son rôle de
contrat entre les composantes de la communauté, de la nation qui s’engage à ne jamais
changer certains principes considéré comme le ciment de leur union. La question qui peut,
cependant, rester en suspens, est de savoir s’ils peuvent engager les peuples qui vont leur
succéder ? Peut-on, par exemple, aujourd’hui modifier des principes retenus par les auteurs
d’une constitution établie voici bien des années, alors que ces mêmes principes paraissent
devoir être modifiés ?
Section 2 : Le contenu des constitutions
Le contenu d’une constitution varie d’un pays à l’autre. On ne peut pas dire qu’il existe une
seule forme de constitution. Cependant, certains éléments sont généralement présents dans
toutes les constitutions, dans quelque pays que ce soit, avec naturellement quelques
variantes. Généralement, on peut rencontrer 3 ou même 4 catégories de dispositions
relatives à : l’organisation et au fonctionnement du pouvoir, parfois à al réalisation d’un
objectif, très souvent des déclarations de droits et quelques fois des dispositions qui ne sont
que formellement constitutionnelles (dans certains pays).
1. Les règles relatives à l’organisation et au fonctionnement du pouvoir
C’est le contenu classique des constitutions. On y trouve les règles relatives à l’origine des
gouvernants, au mode de leur désignation, à leur statut et à leurs attributions. Ces règles
concernent également les relations entre les pouvoirs à partir desquelles on peut qualifier le
pouvoir de confusion, de séparation ou de collaboration. On peut également relever le statut
des partis politiques, leur place dans le système et leur participation au fonctionnement des
institutions. Lorsqu’un pays dispose de véritables partis politiques, ceux-ci constituent le
moteur essentiel de ses rouages. Toutes ces règles se présentent comme des éléments
incontournables d’un texte constitutionnel, ce sont les règles du « jeu politique », le terme «
jeu » entendu dans son sens le plus élevé et le plus noble.
2. Les constitutions à objectifs ou constitutions programmes
Ce sont des constitutions qui étaient à la mode à une certaine époque, plus précisément
chez les pays à orientation communiste ou socialiste au lendemain de la seconde guerre
mondiale. Les termes de la constitution les engageaient sur une orientation bien déterminée
sur les traces de l’union des républiques socialistes soviétiques, qui a existé du 30 décembre
1922 jusqu’à sa dissolution le 26 décembre 1991. L’exemple le plus expressif est celui de la
constitution russe de 1918 qui a été la base juridique de l’établissement de l’union
soviétique. Dans le deuxième chapitre, est définie la tâche principale de l’État soviétique
consistant à "détruire toute exploitation de l'homme par l'homme" et que son objectif est de
« démolir de manière décisive l'humanité des griffes du capital financier et de
l'impérialisme ». La Constitution de 1918 garantissait une éducation gratuite pour les
travailleurs, exploitait des slogans révolutionnaires et appelait à protéger le système établi
par les armes.
3. Les déclarations de droits
La constitution garantit les droits et les libertés tout comme elle impose aussi des
obligations. Cela rend parfaitement compte de l’importance de ce qui peut unir une nation.
Le but de se construire pour un paisible vivre-ensemble implique nécessairement que soit
reconnu à tous les membres de la population vivant sur un territoire les droits
fondamentaux inhérents à leur qualité de citoyens, les droits de l’homme. En fait, c’est la
nature et l’étendue des droits et libertés garantis par la constitution qui permettent de
déduire la philosophie politique d’un régime et de la conception qui régit les relations entre
l’Etat et les citoyens. Toutes les constitutions du monde contiennent des déclarations de
droits que l’on retrouve : soit insérées dans leurs préambules, soit formulées dans des titres
intitulés « dispositions générales », « principes généraux », « principes fondamentaux » ou
des titres du même esprit. L’important est de savoir quelle a été l’évolution du contenu des
droits fondamentaux depuis les premières constitutions et quelle est leur valeur juridique.
A. Le contenu des déclarations :
3 étapes depuis l’éclosion de la conception classique des droits qui date du 18 e siècle jusqu’à
celle qui prévaut actuellement.
 La conception classique des droits : Au point de vue de la chronologie historique, il y
a la déclaration américaine du 4 juillet 1776 et la constitution française de 1791. La
conception retenue embrassait une philosophie individualiste, égalitaire et libérale.
L’individualisme vient du fait que c’est l’homme qui est l’enjeu des déclarations ; sa
sûreté individuelle ; la liberté de pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ; la
liberté de pensée et d’expression ; le droit de propriété.
 La conception moderne des déclarations : Cette conception est le produit d’un
certain nombre de faits surtout économiques découlant de la révolution industrielle
et du prolétariat qui va être amené à participer à la vie politique. Dans l’ordre
idéologique, l’avènement de la pensée socialiste n’a pas été sans influence. Le «
socialisme utopique », doctrine des premiers socialistes européens du début du 19 e
siècle, tels Robert Owen en Grande-Bretagne, Saint Simon, Etienne Cabet et Philippe
Buchez en France. Le « socialisme scientifique » prôné par Marx et Engels, fondé sur
l’analyse des réalités sociales, historiques et économiques. Son objectif final est
d’apporter une réponse à la question sociale agitant le 19e siècle européen. Ceci
étant, au-delà des conceptions purement intellectuelles et doctrinales, il y a la
participation des citoyens à la vie politique.
 Le développement des partis politiques et des syndicats : C’est la participation à la vie
politique par le développement des partis politiques à partir des années quatre-
vingts du 19e siècle. C’est à partir de cette période qu’apparaissent les premiers
leaders politiques et qu’apparait également la participation des masses à la « chose
publique ». Après la seconde guerre mondiale, la conception classique des
déclarations prend une forme tout à fait nouvelle par sa reprise et sa rénovation par
la déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU du 10 décembre 1948. On
retiendra que la plupart des droits qui se sont développés au cours de cette période,
marquée par une grande évolution se retrouvent à quelques différences près dans le
corps de nombre de constitutions afin de leur donner une solennité et une autorité
dont le respect s’impose aux autorités de l’Etat.
B. La valeur juridique des déclarations :
C’est l’aspect le plus important et le plus évident des déclarations. A quoi serviraient des
déclarations de droits sans valeur juridique, autrement dit, sans possibilité pour les citoyens
de s’en prévaloir ? Leur insertion dans la constitution est d’une portée indéniable, tout aussi
que la forme de leur énoncé et de leur protection juridique. La valeur des déclarations est
tributaire de trois facteurs essentiels :
- Facteur 1 : Certains d’entre eux se retrouvent dans les préambules. C’est le cas de la
constitution française de 1958 dont justement le préambule déclare « Le peuple
français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux
principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de
1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi
qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004 ». Mais
dans certaines constitutions, les droits sont dans le corps du texte. C’est le cas des
constitutions marocaines depuis 1962 jusqu’à celle de 2011.
- Facteur 2 : a garantie constitutionnelle d’un droit ne peut avoir de portée juridique
que si le droit ou la liberté en question ne peut s’exprimer de manière claire et
précise. Néanmoins, certains droits même énoncés n’ont pas une application
automatique dans la mesure où leur énonciation ne constitue qu’une espèce
d’indication, d’exhortation à en faciliter l’effectivité. Par exemple, le droit au travail
est bien énoncé dans plusieurs, sinon toutes les constitutions, mais il ne saurait
ouvrir aux citoyens la possibilité de s’adresser à la justice pour en obtenir le respect.
- Facteur 3 : Dernier facteur, celui précisément de l’existence d’institutions
juridictionnelles habilitées à imposer le respect des droits par les gouvernants. En
plus du contrôle de la constitutionnalité des lois, il y a le contrôle juridictionnel des
actes administratifs par le juge de l’excès de pouvoir qui est un outil de protection
des citoyens contre les actes administratifs et dont une grande partie concerne les
droits et libertés reconnus par la constitution.
4. Les dispositions formellement constitutionnelles :
Ce sont des dispositions qui n’ont le caractère de constitutionnelle que par leur insertion
dans le texte constitutionnelle alors qu’elles n’ont aucun rapport ni avec l’organisation des
pouvoirs, ni avec les déclarations des droits et libertés. On ne les rencontre guère
aujourd’hui. Néanmoins, elles méritent qu’on les connaisse. Elles sont formellement
constitutionnelles, mais du point de vue matériel, elles relèvent du domaine de la loi. Et,
justement, on leur donne la forme constitutionnelle pour les protéger contre le législateur.
Ainsi, par exemple, dans la confédération helvétique où le peuple suisse dispose du droit
d’initiative en matière constitutionnelle, mais pas législative, lorsqu’un groupe de citoyen
désire une loi qu’il ne parvient pas à faire voter, il fait circuler une pétition en vue d’insérer
ses dispositions dans la constitution. Le chapitre premier de la constitution suisse «
Dispositions générales » qui comprend quelque 70 articles, en contient quelques-uns dans ce
sens, tel celui introduit en 1893 interdisant l’abattage des animaux de boucherie sans qu’ils
aient été au préalable étourdis.
Chapitre 2 : Le contrôle de constitutionnalité
Une constitution n’existe que pour être respectée et appliquée. C’est le principe de la
supériorité de la constitution sur la loi. Un principe, longtemps ignoré par la tendance d’une
certaine époque où l’on considérait que la loi votée par les représentants du peuple jouissait
d’une souveraineté qui l’immunisait contre toute contestation juridictionnelle. La loi ne
pouvait en aucune façon être remise en cause. Le législateur agissant au nom de la volonté
générale était pleinement souverain et lui seul pouvait redresser le tort d’une loi votée au
nom du peuple. C’était la foi utopiste de Rousseau, sacralisant la loi au point de ne
permettre à aucune autorité, fût-elle juridictionnelle, de la mettre en échec. Mais tel n’est
plus le cas. Aujourd’hui tous les pays dotés d’une constitution ont pour la plupart une
instance chargée de contrôler si les lois dont elle est saisie ne sont pas entachées
d’inconstitutionnalité. Comment se présentent les données du contrôle de
constitutionnalité, en d’autres termes, quels sont les éléments en jeu et quels sont modèles
adoptés par les uns et les autres pays ?
Section 1 : les données du contrôle de constitutionnalité
Ces données peuvent être abordées sous forme de trois questions :
1. Sur quoi porte le contrôle ?
Selon les termes de la constitution, le contrôle peut porter sur un ensemble d’objets. Un
ensemble très restreint de conception étroite et un ensemble très étendu de conception
large.
A. La conception étroite du contrôle :
Il s’agit de régler les rapports entre les pouvoirs, sans plus. Elle se traduit par la saisine de
l’organe pour se prononcer sur la nature législative ou réglementaire d’un texte, par
l’empêchement de modifier la constitution par des lois organiques censées intervenir pour
en permettre l’application et également l’empêchement du parlement d’établir des
règlements intérieurs qui seraient non conformes à la constitution ou en contradiction avec
ses dispositions. Dans le même esprit, s’attache à cette conception le contentieux des
élections législatives.
B. La conception large du contrôle :
Cette conception est celle qui a cours de nos jours dans la plupart des pays. Elle se traduit
par le contrôle de constitutionnalité de tous les textes (lois organiques ou « ordinaires ») par
référence aux normes non seulement expressément cités dans la constitution mais aussi «
déductibles » de son esprit. Ce qui donne à l’organe de contrôle une fonction d’arbitre et de
régulateur des pouvoirs publics. Sauf que ces textes ne peuvent être contrôlés que tant
qu’ils ne sont pas promulgués. Cette conception devient encore plus large par l’institution
l’exception d’inconstitutionnalité ou comme on l’appelle en France la question prioritaire de
constitutionnalité (Q.P.C.).
2. Qui peut saisir ?
Il existe deux sortes de saisine :
A. Le contrôle par voie d’action :
C’est un contrôle direct qui s’exerce devant l’organe compétent mais seulement par des
autorités désignées dans la constitution et à propos de lois avant leur promulgation. Ces
autorités peuvent être le chef de l’Etat, le chef du gouvernement, les présidents des
assemblées, ou même un nombre défini de membres de l’une des assemblées. C’est ce que
l’on appelle un contrôle a priori.
B. Le contrôle par voie d’exception :
C’est le contrôle qui est exercé à l’occasion d’un procès en cours. Son origine découle du
système américain de l’affaire Marbury c/ Madison. Lors d’un procès, l’une des deux parties
qui estime que la loi qui va lui être appliquée, même déjà en vigueur, souffre
d’inconstitutionnalité peut demander au juge de sursoir à statuer en attendant que l’autorité
compétente dise son mot. C’est un contrôle qui peut diffus, relevant de toutes les
juridictions avec à leur tête une juridiction suprême, ou concentré au niveau d’une
juridiction à laquelle revient de se prononcer lorsqu’elle est saisie.
3. Qui contrôle ?
Ici se pose la question de l’organe chargé du contrôle et de son statut. L’appellation change
d’un pays à l’autre, mais la fonction demeure la même. Il peut s’agir d’un conseil (France), un
tribunal (Espagne, Portugal), une cour (Autriche, Allemagne, Italie, Maroc depuis 2017) ou
une cour d’arbitrage (Belgique).
Ce qui importe, c’est la constitution de l’organe et son indépendance vis-à-vis des pouvoirs,
législatif, exécutif et judiciaire. Dans la plupart des pays, pour permettre l’indépendance, les
membres sont nommés pour une période définie qui varie entre 6 et 9 ans, non
renouvelable. Les nominations se font généralement par les trois pouvoirs. Au Maroc, 6 sont
nommés par le Roi, et les 6 autres sont élus à la majorité des 2/3 par chacune des deux
chambres.
Section 2 : Cas de quelques pays
Deux grands modèles peuvent être abordés.
1. Le modèle américain :
C’est un système américain où le contrôle de la conformité de la loi à la Constitution peut
intervenir à l’occasion d’un procès, entre deux personnes, généralement privées, dont les
intérêts s’opposent à propos d’un objet autre que le contrôle de constitutionnalité. Le
contrôle est exercé par l’ensemble des juridictions, à la tête desquelles se trouve la Cour
suprême. On le qualifie de diffus et décentralisé en ce sens qu’il n’appartient pas à un seul
organe ou une juridiction de l’exercer, mais à l’ensemble des tribunaux. C’est un contrôle par
voie d’exception, du fait que le litige ne porte pas principalement sur le problème de la
constitutionnalité. Il est donc exercé a posteriori, c’est-à-dire sur des lois déjà promulguées
et entrées en vigueur. C’est un contrôle qui n’est pas prévu dans la Constitution américaine,
mais il est purement jurisprudentiel. En fait, c’est à partir de 1803 que la Cour suprême s’est
d’elle-même attribuée la compétence pour exercer ce contrôle de constitutionnalité. Dans
cet arrêt, la Cour s’est reconnu le droit de contrôler les actes de l’Exécutif et les lois par
rapport à la Constitution. A partir de ce moment, et à l’occasion de tout litige, la Cour
suprême peut, par voie d’exception, quand se pose un problème d’interprétation de la
Constitution, faire prévaloir la Constitution fédérale sur toute autre norme inférieure,
émanant soit d’une autorité fédérale. En deux siècles, la Cour suprême s’est peu livrée à des
déclarations d’inconstitutionnalité, une centaine de fois. Une remarque s’impose. La loi n’est
pas annulée, mais uniquement déclarée inapplicable au cas d’espèce du fait de l’autorité
relative de la chose jugée. Ceci n’empêche pas la prédominance de la règle du précédent
("stare decisis") et la position hiérarchique de la Cour suprême, dont les décisions
s’imposent à toutes les juridictions subordonnées, ce qui a pour conséquence pratique de
priver de fondement constitutionnel, toute une loi déclarée contraire à la constitution. C’est
un système « d’exception d’inconstitutionnalité », contrôle soulevé à l’occasion d’un litige
concret devant une juridiction ordinaire qui est susceptible d’être utilisé devant le juge
fédéral dans le cas où une loi fédérale est supposée contraire à la Constitution, ou fédéré
dans le cas où loi d’un Etat ne respecte pas, soit sa propre Constitution, soit la Constitution
fédérale. En dernier ressort, la Cour suprême peut être amenée à trancher, par la voie de
l’appel ou de cassation. En parallèle avec ce système, existent 2 autres mécanismes
d’exercice de contrôle de constitutionnalité aux Etats-Unis.
- L’injonction qui permet à un citoyen de demander au juge d’interdire à un
fonctionnaire d’exécuter une loi qui lui porte préjudice, parce que contraire à la
Constitution
- Le jugement déclaratoire, qui permet à quiconque de s’adresser au juge pour lui
demander de se prononcer sur une éventuelle inconstitutionnalité de la loi, avant
qu’elle ne lui soit appliquée.
Si la loi est déclarée inconstitutionnelle, l’administration n’en fera pas application au cas
d’espèce. C’est une sorte de consultation juridique sur une difficulté sérieuse qui permet de
faire l’économie d’un procès futur.
Cependant, il faut préciser que pour éviter l’encombrement, il existe un très sévère système
de filtrage qui permet d’éliminer 95 % des requêtes jugées irrecevables. De la sorte, la Cour
ne juge ainsi que quelques centaines de décisions. Le cas américain qui bénéficie de la
permanence depuis 1787 se caractérise par le culte de la constitution, la toute-puissance du
pouvoir judiciaire et, surtout, la grande valorisation de la Cour suprême dont les décisions
peuvent parfois se substituer au pouvoir politique. On parle beaucoup de « juges qui
gouvernent » ou de « gouvernement des juges ».
2. Le modèle européen :
Ce modèle diffère du précédent par le fait que le contrôle est centralisé au niveau d’une
juridiction constitutionnelle unique et spécialisée. La juridiction spécialisée est totalement
indépendante du système juridictionnel ordinaire. Elle a le monopole du contentieux
constitutionnel qui concerne essentiellement le contrôle des lois nationales et des traités.
Les membres de la juridiction sont désignés par des autorités politiques. Dans la plupart des
pays, ils sont choisis majoritairement parmi les professeurs de droit, les magistrats, les
avocats ou même les hommes politiques. Ces cours constitutionnelles sont des juridictions,
en ce qu’elles disent le droit à l’occasion de litiges abstraits ou concrets et que leurs
décisions sont revêtues d’une autorité de chose jugée ou d’une autorité équivalente et
s’imposant erga omnes, c’est-à-dire à l’égard de tous. A l’inverse du modèle américain
théorisé à partir d’une pratique, le modèle européen est le produit d’une construction
théorique, celle de Hans Kelsen (un juriste austro-américain, né le 11 octobre 1881 à Prague
sous l'Empire austro-hongrois et mort le 19 avril 1973 à Orinda en Californie;) pour qui le
contrôle de constitutionnalité est nécessaire au maintien de la pyramide des normes. En
1920, ce juriste est à l’origine de la création, dans la Constitution autrichienne, de la Haute
Cour constitutionnelle. A la fin de la seconde guerre mondiale et des régimes totalitaires en
Europe sont établies des juridictions constitutionnelles de type kelsénien avec un contrôle
de constitutionnalité, dont l’objet est essentiellement de protéger les droits fondamentaux
contre des régimes autoritaires et d’instaurer la démocratie.
Trois étapes sont identifiables quant à la création des juridictions constitutionnelles en
Europe.

 Marquée par celle de l’Autriche et l’Allemagne avec le Tribunal constitutionnel


fédéral allemand. (Loi fondamentale du 23 mai 1949, titre IX) venue après la fin du
nazisme et le rejet du communisme : La Cour en Allemagne n’intervient pas
seulement pour garantir la protection des droits fondamentaux l’ordre démocratique
et libéral constitutionnel mais également pour garantir empêcher les empiétements
réciproques des pouvoirs publics fédéraux entre eux. Elle peut être saisie par les
citoyens contre des lois ou des actes des autorités de l’exécutif. De la même
catégorie, relève la Cour constitutionnelle italienne (Constitution du 27 décembre
1947) qui, outre le contrôle des lois, se prononce sur les actes des régions. Son
contrôle s’exerce aussi par renvoi préjudiciel des tribunaux ordinaires à l’occasion
d’un litige.
 Marquée par des juridictions instituées après des périodes de dictature : On peut
citer l’exemple du Tribunal constitutionnel espagnol (Constitution du 27 décembre
1978) ou portugais créé en 1982. Le Tribunal espagnol joue aussi un rôle important
dans la répartition des compétences entre l’Etat et les communautés autonomes en
cas de conflit relatif à leurs compétences respectives. Mais son rôle est aussi la
protection des droits fondamentaux. Il peut être saisi a priori ou a posteriori, sur
toute question d’inconstitutionnalité soulevée à l’occasion d'un litige.
 Celle des juridictions constitutionnelles dans les pays anciennement soumis à l’Union
soviétique, après 1989.
Chapitre 3 : Institutions et régimes politiques comparés
L’étude du droit constitutionnel à travers celle du pouvoir, son évolution et son exercice au
nom de l’Etat peut demeurer incomplète sans la compréhension de la structure des régimes
politiques où s’exerce ce pouvoir. Chaque Etat se caractérise par un régime qui lui est propre
qui n’est en fait que le résultat d’un processus historique lié à des événements ou des faits
qui ont de manière directe ou indirecte contribué à sa naissance voire son renforcement.
Cependant, ce regard sur les régimes politiques nécessite un détour au profit d’une théorie
qui constitue un point des plus importants en droit constitutionnel et l’exercice du pouvoir.
Section 1 : La théorie de la séparation des pouvoirs
En tant que théorie, la séparation des pouvoirs est relativement récente dans l’histoire ; elle
constitue une réplique dirigée contre les monarchies absolues. Elle est inséparable de la lutte
contre les monarchies absolues, en Europe, aux XVIIe et XVIIIe siècle. C’est une théorie née
de l’observation de la réalité historique, qui a été ensuite systématisée. De cette théorie sont
nées des applications différentes au niveau des pays qui s’en sont inspirés, tout comme sont
apparues des variations dans différentes situations politiques et historiques ; ce qui prouve
sa complexité et l’absence de son homogénéité. La doctrine de la séparation des pouvoirs
est le fruit de l’évolution de la société anglaise.
1. Les origines historiques de la théorie de la séparation des pouvoirs
La "séparation des pouvoirs" une technique constitutionnelle destinée à éviter le despotisme
et à garantir la liberté des individus mais pas forcément celle du peuple dans son ensemble.
En cela c’est une théorie libérale mais pas nécessairement démocratique. Les pouvoirs
peuvent être séparés au profit de quelques privilégiés ou de la noblesse.
La théorie de la séparation des pouvoirs est indissociable de l’histoire de la Grande-
Bretagne, même si on peut faire remonter l’idée de la séparation à l’Antiquité et à Aristote
(dans "la Politique" d'Aristote). Aristote voulait distinguer les fonctions ou les tâches au sein
de l'Etat. Etaient alors opposés : Le pouvoir qui délibère, celui qui exécute, dont l'Etat a
besoin pour agir et celui des juridictions. Cette distinction n'a pas connu une grande
évolution depuis cette époque.
2. Les origines intellectuelles de la théorie de la séparation des pouvoirs
Section 2 : La classification des régimes politiques
Classer les régimes politiques n’est pas facile. Leur pluralité résiste à toute tentative de
théorisation précise. Les auteurs qui se sont intéressés à la question ont procédé à leur
classification par catégorie plutôt qu’à partir de chaque espèce. Il existe environ 3 grandes
catégories de régimes politiques non totalement étanches.
1. Les régimes de confusion des pouvoirs :
C’est le régime dans lequel un seul organe détient tous les pouvoirs ou en est l’émanation.
Tout se fait en son nom, voire sous son contrôle, même s’il existe une pluralité d’autres
organes. Leurs décisions ne sont que la projection des directives et instructions supérieures.
La confusion ou concentration des pouvoirs peut avoir lieu au profit, soit de l’exécutif, soit
du législatif.
 La confusion au profit de l’exécutif : Dans ces régimes, on aura la
concentration organique des trois fonctions. C’est le cas anciennement des
monarchies absolues. Le roi concentrait tous les pouvoirs, les trois pouvoirs.
Il faisait les lois, faisait procéder à leur exécution et exerçait la justice dans
la mesure où celle-ci était retenue. C’est-à-dire, rendue par des juges, mais
soumise à l’approbation du roi. Cas de l’Angleterre, de la France où les
monarchies ont fonctionné ainsi avant les révolutions qu’elles ont connues
au 18e siècle. C’est le cas aussi des dictatures civiles ou militaires. Dans ces
régimes, les parlements n’avaient en pratique pour rôle que de ratifier les
décisions qui leur étaient soumises pour examen ou même à voter les pleins
pouvoirs au profit du chef.
 La confusion au profit du législatif : la concentration a lieu au profit de
l’assemblée où l’exécutif lui est soumis. La confusion ou concentration peut
être absolue ou relative. La concentration est absolue lorsque la
nomination de l’exécutif collégial de même que la révocation de ses
membres dépendent de l’assemblée. Ainsi avait fonctionné le régime
conventionnel en France de 1792 à 1795. Le pouvoir exécutif était exercé
par l’entremise des comités de la Convention, notamment le Comité de
salut public présidé par Robespierre. Ces comités faisaient partie intégrante
de l’assemblée qui exerçait tous les pouvoirs même celui de modifier la
constitution. La concentration peut être relative lorsque le régime est
constitué de deux organes politiques distincts mais où le gouvernement est
subordonné au parlement dont il n’est que le commis. C’est un système qui
découle de l’application intégrale de la souveraineté populaire prônée par J-
J. Rousseau, une démocratie absolue, fondée sur une hiérarchie des
institutions selon un ordre de légitimité populaire décroissante. Au sommet,
le peuple, puis l’assemblée des députés et enfin le gouvernement commis
par l’assemblée. Quant à la fonction judiciaire, elle n’est que subordonnée
au législateur, son rôle c’est d’être la « bouche de la loi ».
2. Les régimes de séparation des pouvoirs à travers le système américain :
Il n’existe pas de régime conforme à la théorie de la séparation des pouvoirs. La théorie
reste un idéal. Ce qui existe en pratique ne lui est pas entièrement conforme. Mais tous s’en
inspirent et optent pour certains de ses aspects, qui permettent l’adoption de son esprit.
Ainsi, peut-on remarquer, à travers le régime présidentiel américain, l’existence d’un régime
strict de séparation mais où, on relève certains éléments qui méritent un arrêt.
 La séparation stricte des pouvoirs : Elle se révèle du point de vue organique et
fonctionnel. La séparation organique lorsque les pouvoirs sont indépendants
les uns des autres. L’aspect fonctionnel de la séparation : Malgré la séparation
organique, du point de vue fonctionnel, la séparation des pouvoirs est moins
prononcée, car, dans la pratique, chaque organe est amené à participer à la
fonction de l’autre.

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