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Droit et institutions politiques

Introduction au droit constitutionnel 1

Introduction

Le droit constitutionnel est le droit qui : organise, institue et régie l’Etat


→ Mise en forme juridique du pouvoir politique

Avant la 2nd GM

● Droit = Sciences politiques


● Permettaient d’étudier l’organisation et le fonctionnement du pouvoir politiques ●
Duverger : Le texte constitutionnel n’avait pas d’intérêt car pratique > théorique

Après la 2nd GM

● Droit et sciences politiques divergent car apparition d’une justice


constitutionnelle (montée en puissance en France du conseil constitutionnel depuis
2008 mais créer en 1958)
● On distingue les règles juridiques et leurs interprétation par le juge (droit) et les réalités
sociologiques du pouvoir (applications des règles, sciences politiques ).

I. L’étude juridique du pouvoir politique

Le droit est un phénomène de pouvoir. On distingue ceux qui font appliquer et ceux qui
respectent. On établit donc un rapport hiérarchique.
Ex : citoyen / centre d’impôt

Tous les rapports de pouvoir ne sont pas juridiques.


Ex : agresseur / agressé

Pour devenir une relation juridique, il faut la présence de l’Etat. Le rapport est juridique dès
lors qu’il est prévu et encadré par le droit, dès lors que la personne est habilitée par le droit.

Règle juridique : Règle qui régit la vie des Hommes en société et dont le non-respect
entraîne la potentialité d’une sanction prévue et encadrée par la loi et donc par l’Etat, par le
biais de la Constitution.

Le philosophe Hans Kelsen, père de la justice constitutionnelle en Europe ( 1 ère Constitution


autrichienne) distingue le droit du fait. Le devoir-être est un idéal, un absolu qui peut
correspondre à la réalité. Il s’agit d’un modèle de comportement.

Fait = Etre (sein) // Droit = Devoir-être (sollen)

Le rôle du juriste est de confronter le « sein » au « sollen ».

1 ) La multiplicité des méthodes d’étude du pouvoir

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Méthode historique : Rétrospective des rapports de pouvoir = travail critique basé sur les
sources

Méthode sociologique : Explique le « pourquoi » des comportements humains à partir de


l’environnement = comment en sont venus ces rapports de force

Or, les juristes étudient le droit, qui ne disparait pas par des désuétudes. Ils étudient donc le
devoir-être.

2 ) Le choix d’une approche juridique

Le droit constitutionnel a pour objectif juridique d’encadrer le pouvoir politique. Il existe 2


approches / écoles.

A. Approche positiviste
Droit naturel: Idée d’un droit antérieur et supérieur à toutes les institutions publiques ou privées. Il
s’impose à la société et aux gouvernants car il est préexistant et supérieur. Il désigne un ensemble de
valeur jugé supérieur au droit (contenu subjectif) → Ces partisans sont les jus naturale.

Droit positif: Droit posé par l’État (contenu objectif) → Ces partisans sont les jus positivistes. Ils
considèrent que l’étude du droit doit être neutre. En réalité, la règle de droit n’est jamais neutre car
elle est l’expression des préférences politiques mais l’étude doit être neutre, même si les positivistes
peuvent se permettre de la critiquer.
Le droit a une dimension axiologique cad qu’il est porteur de valeur. L’étude de droit elle, est
axiologiquement neutre.

B. Une approche conceptuelle

En droit, on étudie un langage juridique et non les faits. Il y’a donc au moins 2 niveaux de
discours:

● Doctrine → Explication du textes par des auteurs = Sciences du droit ● Droit


→ Textes juridiques

Ces concepts abstraits et théoriques sont construits par des juristes, philosophes et
politiques afin d’expliquer ce qu’est le droit et d’influencer la création du droit. Ex: Etat,
Constitution, Etat de droit, Séparation des pouvoirs

Ces concepts qui structurent le droit constitutionnel sont des concepts non neutres. Ils ont été crées
dans le but de justifier une organisation particulière du pouvoir. Ex: La démocratie est le meilleur des
régimes → concept prescriptif
II. L’encadrement juridique du pouvoir politique

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Le droit de l’Etat dérive de la Constitution. Les Constitutions ont pour objectif d’encadrer le
pouvoir politique. C’est la mise en forme juridique du pouvoir politique.

1) La notion moderne de constitution

Si une constitution sert à encadrer l’État , pour protéger le respect de la constitution, il faut
garantir la constitution.

Constitution: Ensemble de normes juridiques qui structurent l’Etat et donne un cadre à


l’exercice du pouvoir

Acte juridique: Forme que prend une volonté juridique


→ Constitution, Arrêté, Décret

Enoncé juridique: Ensemble de signes, de mots employés écrit ou non écrit →


Droit de suspension du Parlement par Boris Johnson

Norme juridique: Signification d’un énoncé juridique


→ Donc la définition de la Constitution se déplace en fonction de la définition des normes juridiques

Puisqu’un texte peut avoir une infinité d’interprétation, comment déterminer qu’une norme
est constitutionnelle ?

Il existe 2 méthodes pour déterminer si une norme est constitutionnelles :

La Constitution au sens matériel ( contenu des normes)


La Constitution est l’ensemble des règles les plus importantes de l’Etat qui encadre
juridiquement l'exercice du pouvoir politique.

Elle contient un noyau dure:


- Règles relatives au fonctionnement et à l’organisation des pouvoirs publics -
Règles relatives à la production d’autre règle
- Règles relatives aux droits fondamentaux

→ Tous les Etat en ont, qu’elles soient formalisées (Constitution française) même si elles ne sont pas
toutes formalisées (Israël).
→ Une règle est matériellement constitutionnelle quelle que soit sa place au sein de la hiérarchie
constitutionnelle si elle respecte l’une de ces règles.

Remarque: constitution au sens matériel est en principe une C dite « souple », càd qu’elle
est modifiable de la même manière qu’une loi ordinaire ( pas au sommet de la hiérarchie des
normes)

La Constitution au sens formel ( forme des normes, positivisme juridique)

Pour Hans Kelsen, le droit est hiérarchisé. Une règle de droit quelle qu’elle soit pour être
juridique doit être prévue par une autre règle de droit.

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La Constitution formelle se définit selon Hans Kelsen par sa place au sommet de la
hiérarchie des normes. Une norme est juridique si et seulement si elle est conforme à une
autre norme et à la Constitution.

Constitution au sens formel:

Ensemble des règles généralement écrites situées au sommet de la hiérarchie des normes
posé unilatéralement par un pouvoir souverain.
Ces Constitutions peuvent uniquement être modifiées grâce à des lois constitutionnelles prévues par la
Constitution. C’est une procédure plus contraignante que pour les lois ordinaires. On parle de
Constitution rigide ≠ Constitution souple

Remarque 1: En France, la Constitution de la Vème est dite rigide alors qu’elle est révisée
tous les deux ans. Au RU elle n’est théoriquement pas rigide mais l’est en pratique.

Remarque 2: La Constitution formelle implique l’existence d’une justice constitutionnelle cad


d’un contrôle de constitutionnalité par la cours constitutionnelle

Remarque 3: Certaines règles peuvent être formellement constitutionnelles mais pas


matériellement constitutionnelles.

Ex: Article 2 → drapeau bleu-blanc rouge / langue de la Rep est le français B. La

fonction de la constitution

1. Les fonctions juridiques

● La Constitution sert à déterminer l’organisation et et le fonctionnement du pouvoir


politique -> gouvernement limitée au cadre juridique
● La Constitution fonde la validité de l’ensemble des normes juridiques -> chaque norme
est valide si elle est conforme à l’ordre supérieur

2. Les fonctions politiques

● La Constitution fonde la légitimité des gouvernants -> Principe justificatif du pouvoir:


séparation des pouvoirs, démocratie, Etat de droit, représentant du peuple ● Elément
d’intégration nationale, en commun d’avoir la même constitution, ce qui nous rassemble
par-delà les clivages, importance valeurs républicaines ● Constitution a une fonction
ambivalente, pose des règles juridiques qui légitiment le pouvoir, pour ça que juriste ne
se contente pas de la lecture.

Séance 1: Les justifications du pouvoir


Titre 1: La démocratie

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Objectif de la constitution est d’instituer le pouvoir dans le temps.
Le pouvoir politique doit être fondé sur des principes qui paraissent incontestables.

Légitimité (subjectif) : C’est un jugement de valeur porté sur quelque


chose. Mais les sources de légitimité peuvent être objectives.
Les fondements de cette légitimité peuvent être très divers.

Constitutionnalisme: Mouvement philosophique qui considère que l’existence de


constitution écrit est le meilleur moyen d’encadrer l’exercice du pouvoir. Il met en avant un
certain nombre de principes justificatifs du pouvoir.
Ex: Séparation des pouvoirs, Représentation de la Nation

Les grands principes qui structurent le droit constitutionnel sont des concepts subjectifs et
en partie prescriptif.

La démocratie

● De manière générale, la démocratie est définie comme le pouvoir du peuple


● Lincoln « Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » ●
Signification littérale et étymologique de la démocratie
● Ne dit pas ce qu’est le pouvoir et ce qu’est le peuple en pratique

Peuple

● Le peuple: Ensemble d’individus qui aurait une volonté propre / autonome


● Cette définition politique est purement abstraite
● La volonté du peuple est une construction intellectuelle, elle n’existe pas en tant que
telle
● Juridiquement, le peuple n’existe qu’à travers la constitution, à travers les mécanismes
qui permettent au peuple de s’exprimer comme le vote
● Juridiquement peuvent voter les citoyens inscrits sur les listes électorales, donc peuple est le
corps électoral d’un pouvoir juridique (≠ définition politique)

Autonomie

● Démocratie comme le pouvoir du peuple = Admettre une autonomie du peuple —>


Choisir soi-même ses propres règles, être soumis à ses propres règles ● « L’autonomie
de la volonté » = définition de la démocratie illusoire ● En pratique, la démocratie passe
par le vote, il y a 2 hypothèses:
● Je suis dans la minorité: Je suis soumis à une règle que je n’ai pas choisi (donc pas
autonomie de la volonté )
● Je suis dans la majorité: C’est la volonté de la majorité qui a fait règle pas celle de
l’individu = forme d’oligarchie
● Système d’hétéronomie → Etre soumis à des règles édictées par d’autres

En définitive, la démocratie comme le pouvoir du peuple est un idéal, un concept. C’est une
convention de langage, elle peut s’adapter. La démocratie est un principe de philosophie
politique qui permet de justifier une forme de mode de gouvernement.

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Chapitre 1: Les grandes conceptions de la démocratie

Traditionnellement, la démocratie désigne un mode de gouvernement (≠ régime) - Mode de


gouvernement: Désigne le titulaire de la souveraineté au sein d’un Etat - Régime politique:
Explique comment le pouvoir est organisé et encadré par la constitution
- La démocratie comme pouvoir du peuple fait l’objet de nombreuses critiques à tel point
qu’elle est inutilisable d’un pdv juridique

I. La conception classique
- Définition remonte à Aristote, dans l’Antiquité grecque, utilisée sans contestation
jusqu’au siècle des Lumières
- Définition quantitative de la démocratie: Distingue le modes de gouvernement par
rapport au nombre de personnes qui détient le pouvoir

A) La démocratie antique
- Identifiée par Aristote, dans La politique
- Le pouvoir peut être confié: à l’ensemble du peuple (=démocratie), à une partie du
peuple (=aristocratie), à une seule personne (=monarchie)

Chacun de ses régimes à des avantages:


- Monarchie = Rapidité de la décision
- Aristocratie = Qualité de la décision car le gouv des meilleurs
- Démocratie = Recherche de l’intérêt général

Chacun de ses régimes a des inconvénients qui viennent les corrompre :


- Monarchie: Risque d’arbitraire
- => Tyrannie
- Aristocratie: Recherche des intérêts particuliers des gouvernants
- => Oligarchie (épistocratie, plutocratie)
- Démocratie: Risque de démagogie ( donner au peuple l’illusion qu’il gouverne ) ou en
démocratie populaire ( dictature de la majorité )

NB: Cette classification n’est pas neutre. Elle s’inscrit dans la recherche du meilleure régime
possible, qui pour lui est la démocratie. Il cherche à imposer le régime démocratique et
s’oppose à Platon qui dit que la meilleure forme de gouvernement possible c’est
l’aristocratie.

B) La démocratie des Lumières

Les philosophes des Lumières ont tous repris Aristote et sa classification des formes de
gouvernement.
Chacun va l’utiliser pour justifier ce qui est pour lui la meilleure forme de gouv possible:

● Hobbes : Monarchie -> Seule à même d’assurer la sécurité des individus en société.
La nature est un état de guerre de tous contre tous, et donc il faut que les hommes

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abandonnent leur pouvoir aux mains du souverain pour qu’il assure la sécurité de
tous.
● Rousseau : Aristocratie -> En théorie, la meilleure est la démocratie mais en pratique
ce n’est pas possible parce que pour que le peuple prenne les décisions il faut qu’il
soit suffisamment éclairé pour le faire. « S’il y avait un peuple de dieux, il se
gouvernait démocratiquement. Mais un gouvernement si parfait ne convient pas aux
Hommes »
● Spinoza: Démocratie -> Le peuple prend les décisions donc réduit l’arbitraire et se
rapproche de la liberté

II. Les contestations de la conception classique

A) Les contestations théoriques

L’absence de neutralité

● Pas de description des modes de gouvernement


● Moyen de justifier la meilleure forme de gouvernement possible
● « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres », Churchill

Impossibilité de la représentation de la volonté du peuple,


● Rousseau explique que la volonté du peuple ne peut pas être représentée ● Soit la
volonté des représentants est la même que celle du peuple, alors il n’y a pas de
représentation: Peuple agit directement (représentants inutiles)
● Soit elle est différente de celle du peuple et dans ce cas il n’y a aucun moyen de
s’assurer que les 2 volontés correspondent.
● Dès lors qu’il y a des représentants et une volonté propre des représentants on est
dans une aristocratie, même en théorie la démocratie n’est pas possible ● « La volonté
ne se représente point. Elle est la même, ou elle est une autre; il n’y a point de milieu » ,
Du Contrat Social

B) Les contestations pratiques

Absence de réalité

● La conception des modes de gouvernement classique ne correspond à rien en


pratique.
● Tout le peuple ne prend jamais toutes les décisions (de même pour la monarchie: même si le
pouvoir est très centralisé, il y a des relais administratifs ). ● Si jamais on dit qu’elle existe, on
serait obligé d’admettre que tous les gouvernants du monde seraient des formes aristocraties →
définition alors inutile

L’essor de la justice constitutionnelle

● Avant il n’y avait pas de constitution au sens formel, la norme suprême était LA LOI 8

● Selon Rousseau, la loi représentait l’intérêt général = norme parfaite ● Légicentrisme:


Système juridique reposant sur l’idée selon laquelle la loi exprime tout le droit et tout le
droit est dans la loi
● Or, le législateur peut mal faire et devenir liberticide
● Dans ces conditions, il devient difficile de soutenir que la démocratie reste le pouvoir
du peuple
● Démocratie est le pouvoir limité et encadré par la Constitution
● En France, en 1985 la conseil constitutionnel a rendu la décision que « La loi n’est
l’expression de la volonté générale que dans le respect de la Constitution » ● Aujourd’hui
la loi est la norme votée par le Parlement puis contrôlée par le juge constitutionnel

III. Les conceptions contemporaines

Les liens entre droit et démocratie sont doubles:

● Etudier la façon dont le droit intègre les conceptions classiques de la démocratie,


illustrer les présupposés des juristes qui ont rédigé les constitutions, influencer
l’écriture des règles de droit
● Mais inversement, le droit va reconstruire les définitions / conceptions de la démocratie
à travers textes juridiques et constitution

→ Effet de réflexivité entre le droit et la démocratie: Le concept de démocratie influence les


Constitutions qui influencent la conception de démocratie
Problème: Pas de définition claire de droit et démocratie

Dans la Constitution française

● Art 1er: « La France est une République démocratique »


● Art 4: « La loi garantit (…) la participation équitable des partis et groupements
politiques à la vie démocratique de la Nation »

—> Cette réclamation n’a aucune valeur juridique, seulement symbolique —> Le Conseil
Constitutionnel n’a jamais expliqué ce que cela signifiait = ne l’as donc jamais appliqué

Pour savoir ce qu’est la démocratie en droit, il faut se référer à 2 grandes doctrines:

● La conception formelle (par la procédure d’édition des règles )


● La conception matérielle ( par contenu règles édictées = ou ≠ É de droit )

1) Les conceptions formelles de démocratie

❖ La démocratie procédurale de Hans Kelsen

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- Conception plutôt ancienne
- Kelsen définit la démocratie en s’appuyant sur le mode de production des normes
juridiques
- Objectif: Avoir une connaissance objective du droit, essaie de mettre à l’écart toute
préférence philosophique, politique … : il raisonne de manière formelle - Démocratie
politique implique le principe de liberté juridique = principe d’autonomie ( soi-
même => norme ) ≠ hétéronomie ( soumis à des règles édictées par d’autres).
- La démocratie se rattache au concept d’autonomie qui se traduit en principe de
participation.
- Participation peut être directe ou indirecte ce qui compte c’est que le peuple soit
associé formellement à la prise de décision
- La règle de l’unanimité est moins démocratique que la majorité simple car la volonté
d’une personne peut bloquer la volonté de tous les autres
- Majorité simple = peu de blocage
- => Les gouvernements sont plus ou moins démocratique selon le pouvoir du peuple
dans la prise décision (plusieurs degrés)
- Objection: Si on est dans une dictature ou que la majorité d’une assemblée prend une
décision c’est quand même une démocratie ?
- Pour lui, Démocratie = Autonomie + Respect des libertés (def matérielle)

❖ La démocratie continue ( Dominique Rousseau )


- Conception contemporaine (prof de droit constitutionnel)
- Démocratie = Garantie des droits constitutionnels du peuple
- => Garantie par l’existence du juge constitutionnel
- Même si la loi est faite par le peuple et ses représentants, le contrôle de
constitutionnalité rappelle aux gouvernants la nécessité de respecter les droits du
peuple
- « L’introduction du contrôle de constitutionnalité invite à repenser le cadre classique de
la démocratie représentative »

Il oppose 2 types de démocraties:

● La démocratie arrêtée = électorale, qui s’exerce au moment de l’élection, le peuple


s’exprime quand il choisit ses représentants. Arrêtée à chaque moment électoral, elle
cesse entre deux élections
● La démocratie continue : Qui s’exerce entre deux moments électoraux ● Si
démocratie est l’existence d’un lien entre gouvernant et gouverné, ce lien s’établit par le
vote lors des élections.
● Comment tenir ce lien entre 2 moments électoraux ?
● Ce lien s’établit par le biais du juge constitutionnel car c’est la Constitution qui organise
la démocratie, qui assure l’application des règles juridiques en instaurant un lien
entre le régime pol et la volonté générale
● Respecter la Constitution, c’est respecter démocratie et ses valeurs. ● CC va agir
régulièrement en contrôlant la loi, pour contrôler le fait que les gouvernement respectent
les principes de la démocratie

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● Ex: décision CC 1985 « Nouvelle-Calédonie », n’est l’expression de la volonté
générale que dans le respect de la Constitution ( 2è mort de Rousseau, loi n’est plus
la norme suprême )
● Conduit à considérer que démocratie = contrôle de constitutionnalité, peuple

2) Les conceptions matérielles de démocratie

● DEMOCRATIE = ETAT DE DROIT


● Michel Troper: « L’État de droit est devenu une référence incontournable de
l’organisation politique, une telle unanimité est suspecte »
● Inventé par juristes des allemands: Rechtsstat
● Popularisé par Carré de Malberg
● De nombreuses personnes parlent de l’Etat de droit (juristes, politiques, sociologies,
journalistes… )

Selon les définitions de démocratie et d’Etat de droit, Carré de Malberg distingue plusieurs
Etats:

● Etat de droit: Etat dans lequel le Parlement doit respecter la Constitution


● Etat de police: Etat qui applique les lois qu’il se fixe lui même
● Etat légal: Etat dans lequel le pouvoir exécutif doit respecter les lois et est donc
subordonné au pouvoir législatif => Il critique donc avec ces distinctions la IIIème
République qui est un Etat légal et non un Etat de droit.

Selon qu’on est une conception formelle ou matérielle de l’Etat de droit, il est possible
d’en faire un synonyme ou un antonyme de démocratie.

❖ La démocratie comme Etat de droit

=> Se base sur une conception matérielle de l’Etat de droit:

● État qui respecte le droit dont le contenu est prédéterminé: les droits fondamentaux
● Dans langage courant plutôt cette définition

Dans ce bas: La démocratie comme État de droit

● La participation du peuple à l’exercice du pouvoir ne justifie pas sa légitimité


● La démocratie se justifie par le respect des droits fondamentaux
● Etat de droit = Démocratie

Léon Duguit (conception jusnaturaliste, subjective) :

● Critique notion de démocratie en soutenant que source de pouvoir (élection) n’est pas
un critère suffisant de légitimité des gouvernants
● Si majorité du peuple représente la volonté du peuple en son entier, comment être sûr
que les représentants agissent selon la volonté du peuple en entier ? -> incertitudes

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● Il substitue la notion d’Etat de droit à celle de démocratie, trop idéologique ● Norme
sociale: Exigence de solidarité inhérente à la vie en société et qui s’impose donc aux
gouvernants
● Etat de droit = Etat qui respecte la norme sociale, les droits du peuples =
hétérolimitation de l’Etat

❖ La démocratie contre l’État de droit

=> Se base sur une conception formelle de l’Etat de droit:

● Etat de droit est un Etat qui respecte les lois qu’il pose lui même
● Objection: Un Etat détermine lui même ses lois donc il est possible de parler d’État de
droit même s’il est liberticide (ex : état nazi était un état de droit )

Dans ce cas: La démocratie contre l’État de droit

● La démocratie est un concept formel = Souveraineté du peuple qui participe à


l’exercice du pouvoir
● ≠ État de droit est un concept matériel: Etat qui protège et garantit les droits fondamentaux
● Si je suis d’accord avec ces définitions, dans une démocratie, le peuple a le pouvoir
entre ses mains et il peut donc choisir de tout faire, puisqu’il est souverain ● Il peut donc
choisir de renoncer droits fondamentaux
● Exemple: Talmon, « Démocratie totalitaire » = Dictateurs arrivés au pvr et au nom du
peuple ont supprimé droit fondamentaux (IIIème Reich)
● Inversement, si on estime que le peuple ne peut pas renoncer à ses droits alors le
peuple n’est pas souverain et donc régime pas pleinement démocratique ● « Nous
sommes sous la menace permanente du Conseil d’Etat, qui fait la politique ou du Conseil
Constitutionnel qui juge souvent par opportunité » Macron

Chapitre 2 : Les instruments de la démocratie

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La démocratie est généralement définie par droit de vote, élection, suffrage, scrutin ou
référendum. Mais ces éléments ne sont pas des éléments de def mais des manifestations de
la démocratie.

I. Démocratie indirecte et principe d’élection

1) Type de suffrage et mode de scrutin

Suffrage: Forme sous laquelle est représenté le droit de vote.

● En France, le suffrage est soit direct soit indirect


● Art 3: Le suffrage est universel, égal et secret !
● Le caractère universel permet d’éviter les discriminations (sexe, couleur de peau,
religion…). Grâce à ce principe, chaque vote a la même valeur.
● Le caractère égal s’impose au découpage des voix par circonscription en
département/région : un territoire plus peuplé est mieux représenté.
● Le caractère secret permet de ne pas savoir pour qui chacun a voté.

=> D’après l’article 3 de la Constitution, la souveraineté est nationale. Nous devons ce


principe à Sièyes. Il explique que la souveraineté à un corps qui s’appelle la nation. Or, la
nation est un concept abstrait. Par conséquent, elle a besoin de représentants pour agir pour
la nation et la représenter.
=> Si l’électorat est une fonction, certains juristes en ont déduits qu’il y’aurait une obligations
d’exercer cette fonction. En Suisse et au Costa Rica, l’obligation du vote est de plus en plus
discutée.

Scrutin: Manière de passer du décompte des voix à la désignation des élus.


Il y a deux types de scrutins :

● Le scrutin proportionnel (sièges en proportion du nombre de voix)


● Le scrutin majoritaire (celui qui a le plus de voix gagne)
● Parmi les types de scrutin majoritaires, on retrouve l’uninominal et le plurinominal. Il
existe en outre des systèmes alternatifs (classement, comme en Australie).

2) Le choix d’un mode de scrutin

● C’est un choix subjectif qui doit à la fois garantir la stabilité et la représentativité. En


France, ils sont prévus par la loi mais pas par la Constitution (qui ne prédit que le
suffrage).
● Il est facilement changeable : en 1985, la gauche a décidé de passer à la
proportionnelle avant de se raviver à l’élection suivante.

II - Démocratie directe et principe du référendum

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Le référendum se définit comme décision prise directement par les électeurs. Juridiquement
référendum toujours décisionnel. Le pouvoir politique tenu par le résultat, ne peut s’en
écarter

=> On distingue donc les référendums des consultations (pas décisionnelles)

MAIS en pratique les gouvernants utilisent souvent l’un pour l’autre

Il existe 4 types de référendum :

D’adoption :

● Référendum législatif : il sert à adopter un texte (Art 11). Il permet au président de la


République, sur proposition du Gouvernement ou proposition conjointe des deux
assemblées, de soumettre au peuple un projet de loi qui peut porter sur différents
sujets.
● Référendum constituant : il sert à réviser une Constitution déjà en vigueur (Art 89). Le
référendum intervient après le vote, dans les mêmes termes, par les deux
assemblées, du texte de révision proposé. Si la réponse est positive, la révision est
adoptée.

D’abrogation :

● Référendum abrogatif : faire abroger un texte de loi (existe en Italie, art.75 de la


Constitution)

D’approbation :

● Référendum à titre de véto populaire : il sert à éviter qu’un texte ne rentre en vigueur.
● C’est prévu en Suisse : la loi ne rentre en vigueur que 90 jours après qu’elle ait été
promulguée, pour que la population puisse demander un référendum si nécessaire.

De révocation :

● Pour révoquer un élu

Titre 2: la séparation des pouvoirs

Introduction

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● Séparation des pouvoirs: séparation des organes et des fonctions
● Indépendant // Interdépendant (pas forcément équilibrée)Concept de philosophie
politique
● Permet de rendre de la manière dont le pouvoir est réparti au sein d’un Etat + permet
de critiquer cette répartition des pouvoirs
● Dimension descriptive mais aussi prescriptive (=> il impose que les pouvoirs soient
séparés, pour éviter la tyrannie)
● Période des Lumières: coeur des débats constitutionnels
● Trouve son origine au XVIIème siècle (Révolution d’Angleterre) et il s’est démocratisé
lors de la rédaction des Constitutions des EU
● Art.16 DDHC 1789 “toutes sociétés dans laquelle la garantie des droits n’est pas
assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de constitution. “ ● = Permet
d’éviter la concentration des pouvoirs et donc l’arbitraire
● James Madison dans le Fédéraliste, 1788: “l’accumulation de tous les pouvoirs ,
législatif, exécutif et judiciaire entre les mêmes mains peut à juste titre être dite la
définition même de la tyrannie”
● Même pensée en Autriche, chez Kant “vers la paix perpétuelle”, en 1795 les régimes
de séparation entre exécutif et législatif le régime est républicain (républicanisme ->
séparation) ≠ despotisme (concentration des pouvoirs exécutif et législatif).

-> Unanimité sur ce principe mais unanimité n’existe que d’un point de vue négatif : ce que
n’est pas la séparation des pouvoirs (ce n’est pas le despotisme, ce n’est pas la tyrannie...).
mais il n’y a plus d’accord sur ce qu’est positivement la séparation.

Chapitre 1: Séparation des pouvoirs comme principe négative


I. L’exposition des théories

● Ces théories trouvent leur origine dans histoire constitutionnelle anglaise ● Au XIè
siècle, durant règne de Guillaume le Conquérant , monarque absolu, roi divin. Le grand
conseil a un rôle purement consultatif mais va prendre de + en + de pouvoir et on va voir
s’éroder ce pouvoir.
● Les descendants de GLC vont tenir comptent de + en + de ses avis pour asseoir
l’autorité.
● En 1215, sous le règne de Jean-sans-terre doit faire face à révolte des barrons. Il va
donc consentir une Charte Magna Carta comprend notamment l’engagement du roi
à ne plus lever d’impôts sans le consentement du Grand Conseil => récupère un
pouvoir financier.
● Il propose plusieurs lois et donc se transforme progressivement en Chambre des
Lords.
● Le roi va décider progressivement de consulter les représentants des villes). Il créer le
Conseil des Communes (représentant les bourgs, compté, villages) pour faire contre
poids au pouvoir des nobles -> pouvoir législatif.
● Au XVème siècle: Le parlement d’Angleterre se créé. Le configuration était donc la
Couronne, la Chambre des Lords et la Chambre des Communes
● Au XVIème siècle: Plusieurs monarques ont essayé d’asseoir leur pouvoirs (contre les
Chambres)

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● Abus des pouvoirs royaux a aboutit aux 2 révolutions d’Angleterre: 1640 et 1688
(qui vont aspirer la Révolution française) => éclipse de la monarchie
● En 1689 : retour du roi rendu possible à conditions qu’il signe le Bill of Rights (limité
pouvoir de la couronne, et confié pouvoir au peuple => perd droit d’avoir armée
permanente, perd le pouvoir de suspendre lois pas ordonnances royales). Et
couronne conserve droit de veto.
● 1710: Act of Settlement augmente pouvoirs du Parlement: le roi est soumis au droit
● Ces actes font encore partie de la constitution d’Angleterre.
● D’ici émergent théories de séparation des pouvoirs.

Locke

● 1er théoricien moderne de la séparation des pouvoirs


● Essai sur le gouvernement civil, 1690
● Pouvoir exécutif et fédératif ou confédératif (mener les relations internationales) =>
correspondent à des fonctions différentes donc il doit y avoir des organes différents
=> séparation des organes. Mais pas de séparation absolue entre législatif et exécutif
car sinon risque de blocage. Il faut établir hiérarchie des pouvoirs avec pouvoir
législatif à son sommet.

Montesquieu

● Développe sa théorie en 1748 dans L’esprit des lois dans chapitre “de la constitution
d’Angleterre”
● N’utilise jamais le terme “séparation des pouvoirs”.
● Il dit que les 3 pouvoirs ne doivent pas être réunis entre les mêmes mains mais même
2 quelconques.
● Il faut clairement que les 3 puissances/organes/ pouvoirs soient séparés. “Tout homme
qui a du pouvoir est porté à en abuser.”=> risque d’abus de pouvoir, expérience
naturelle.
● “ Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir il faut que par la disposition des choses le
pouvoir arrête le pouvoir”.
● Il défend une vision positive de cette séparation. il faut que les pouvoirs se fassent
contre-poids => Balance des pouvoirs.
● Vision ni descriptible et ni objective, il y a apporte un jugement “c’est bien, il faut qu’on
fasse la même chose” => Dimension politique dans sa thèse.

II. La question du pouvoir juridictionnel

● Dans les théories classiques, le pouvoir judiciaire est souvent laissé de coté. ●
Montesquieu: le pouvoir judiciaire n’est pas sur le même plan que les 2 autres. Le juge
“n’est que la bouche de la loi” = automate qui devait appliquer la loi sans interprétation
(d’après les révolutionnaires). Il doit rappeler qu’elles sont les lois naturelles de l’homme,
objet de résistance à l’oppression.

16
● Beccaria (juriste, philosophe des Lumières, rédacteur de l’ancêtre du Code Pénal): Le
juge est une puissance nulle -> un pouvoir qui n’a pas de pouvoirs ne fait
qu’appliquer
● Maurice Hauriou: Nature du pouvoir est différente -> Le juge n’a pas initiative de son
action et il n’a pas la faculté d’empêcher (pas de dissolution, motion de censure,
renverser le pouvoir...)
● Aujourd’hui, remis en cause: Il interprète la loi donc est créateur de droit. Il peut
venir abroger les lois en vigueur, contrôler l’action du Parlement.
● Essor de la justice constitutionnelle car il peut censurer la loi
● Dominique Rousseau: Pour que le pouvoir judiciaire ne soit plus subordonné, il faut
supprimer le ministère de la justice et le ressembler par un organe indépendant

Pouvoir judiciaire = pouvoir du juge judiciaire qui juge les litiges entre particuliers. ≠
Pouvoir juridictionnel = juge constitutionnel + administratif + judiciaire

Chapitre 2: la séparation positive des pouvoirs

I. La séparation comme indépendance (spécialisation = chaque pouvoir a le monopole


de sa fonction) -> Rousseau

● Dans l’indépendance, il n’existe aucun point de contact entre les pouvoirs (pas de
droit de veto, motion de censure…)
● Implique la spécialisation (chaque pouvoir a le monopole de sa fonction)
● Implique une prépondérance du législatif
● -> Cette idée vient du Contrat Social : le pouvoir législatif est le Parlement, c'est-à-dire
le peuple (la volonté générale), et donc ne veut partager son pouvoir avec personne
(car veut garder son pouvoir, sa souveraineté, sa liberté)
● Spécialisation des pouvoirs implique une indépendance, qui implique la conservation
de la liberté (car partage du pouvoir est abdication de la liberté)
● Séparation stricte des pouvoirs
● Pas de moyen de droit de dissolution réciproque, pas de motion de censure
● Constitution de 1793: Souveraineté populaire, jamais appliquée
● Constitution de 1848: Régime présidentiel comme aux USA (mais coup d’Etat de LNB
et Empire)
● Valable dans le régime présidentiel type. L’exécutif n’a pas moyen de dissoudre
l’assemblée. Le président n’a pas initiatives des lois.

II. La séparation comme balance -> Montesquieu

● L’interdépendance permet la balance des pouvoirs.


● Il considère que l’indépendance aboutit nécessairement à la tyrannie d’un pouvoir sur
les autres (// Rousseau)

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● Séparation souple des pouvoirs (notion de contrepoids réparti entre les différents
pouvoirs) : pas de spécialisation des pouvoirs (chacun participe au pouvoir de
l’autre).
● Pendant longtemps, en France, on a considéré que c’était une cause du bon
fonctionnement du système et respect de la Constitution -> sens de l’art.16 de la
DDHC
● Fonctionnement de manière modérée sans que quelqu’un s’octroie tous les pouvoirs ●
Pour Montesquieu, le fonctionnement équilibre du système est une conséquence de la
balance des pouvoirs.

III. La séparation comme concours des pouvoirs -> Abbé Siéyès

● Les 2 systèmes étant critiquables, il faut un entre-deux.


● L’indépendance -> tyrannie d’un pouvoir sur l’autre
● La balance -> perte d’efficacité, dilution de la responsabilité politique et morcellement
de l’action publique
● Favorable au concours des pouvoirs: Division d’une même fonction entre plusieurs
organes (ex : fonction législative confiée à 2 chambres du Parlement). ● Il n’y a pas
d’interaction réciproque entre les pouvoirs, mais pas de spécialisation non plus.
● Il défend le système du concours afin que la prise de décisions ne soit pas guidée
par des impératifs de classe sociale, mais qu'elle reflète véritablement l'intérêt
général.
● Pour Sièyes, le bon fonctionnement du régime (fruit de la séparation souple des
pouvoirs) est une condition du concours des pouvoirs -> il faut un arbitre pour vérifier
que chacun joue le jeu
● Siéyès est le premier à avoir proposé un organe de contrôle constitutionnel: le jury
constitutionnaire (organe chargé de contrôler le respect de la Constitution)
Séance 2: La structuration du pouvoir

Titre 1: La forme du pouvoir l’Etat

Etat: Institution dotée de la personnalité juridique qui permet d’opérer une distinction entre
les gouvernants et les gouvernés. L’Etat est la forme moderne du pouvoir politique qui se

18
distingue d’autres formes politique tels que les collectivités infra-étatiques, orga
internationale… C’est la source de tout le droit: le droit limite l’Etat
Il va exercer le pouvoir de manière impersonnelle et intemporelle : impersonnel parce que il
se distingue de ceux qui exercent le pouvoir en son sein (les gouvernants) et intemporel pcq
il reste dans le temps (longévité, continuité)

-> Gouvernement disposent au nom et pour le compte de l’Etat, du monopole de l’édition des
lois
-> L’Etat est souverain, il a le monopole d’édiction du droit (tout le droit émane de l’Etat
central, capable de se limiter lui même).

Or, si l’Etat a le monopole de prod du droit, se pose alors la question de l’encadrement

-> Mouvement du constitutionnalisme (XVIIIè): Pour encadrer l’action de l’Etat, il faut des
règles juridiques formalisées dans une Constitution. La fonction première des Constitutions
est donc d’encadrer le pouvoir de l’E.

-> Néo-constitutionnalisme ( 70’s, Louis Favoreu): Essor du contrôle de constitutionnalité =


pour encadrer les pouvoirs de l’Etat il faut une justice constitutionnelle en plus de la
Constitution

Chapitre 1: La notion juridique d’Etat

● Etat = entité abstraite


● Georges Burdeau “l’Etat n’existe que parce que il est pensé”
● L’ Etat est pensé de différentes manières en fonctions des époques, auteurs,
disciplines -> pas de définition commune
● Etat des historiens ≠ état des sociologues
● Point de vue historique: apparition de l’état sa délimitation par rapport aux autres
formes d’organisations
● Point de vue sociologique : état = forme d’organisation sociale , quels sont les
principes choisis par les individus pour vivre en collectivité
● Chez les juristes, existe certain nombre d’éléments permettant reconnaitre un E,
critères d’identification de l’E, mais ne vaut pas définition. sur définition de l’état, il n’y
a plus d’accord.
● Cependant, certains éléments constitutifs permettent de le reconnaître
I. Les conditions d’existences de l’Etat

1. Les critère d’identification

Le Peuple

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● Concept renvoyant à une entité unique, qui désigne un ensemble limité d’individus
soumis à un ordre juridique.
● Il est unique, alors que les populations peuvent être diverses.
● En France, le peuple est indivisible (art.1) -> censure de la mention “peuple corse
composante du peuple français”.
● En France, le législateur ne peut pas morceler le peuple et reconnaître des droits
spécifiques à 1 portion de celui-ci. On ne peut pas donner droits spécifiques à des
populations.
● La France n’a pu ratifier la Charte européenne sur les langues minoritaires/régionales
de 1999 car contraire au principe d’indivisibilité du peuple français inscrit dans la
Constitution.
● Il est cependant possible d’adapter les lois à la spécificité des populations « La
République reconnait au sein du peuple français les populations d’outre mer » (72-3),
Reconnaissance du peuple Kanak…
● Préambule de 1946 reconnaît le droit à la libre détermination des peuples et
notamment ceux d’Outre Mer

En France, peuple est assimilé au corps électoral parce que dans une démocratie, c’est le
peuple qui exerce le pouvoir. Il l’exerce à travers le suffrage. ensemble des individus inscrits
sur listes électorales. Conseil constitutionnel a confirmé cette décision avec élection du
président de la république au suffrage universel en 1962. DG veut réviser la constitution pour
élire président par suffrage universel direct mais art.89 prévoit un vote par le parlement, or
parlement opposé à ce changement. Trouver moyen de contourner constitution sans passer
par le parlement, se présenter directement au peuple => organisation d’un référendum en
1962. La loi référendaire (issu du référendum) a été transmise au conseil constitutionnel par
les parlementaires. demande de censure. Conseil constitutionnel a refusé d’examiner la
constitutionnalité de cette loi parce que référendum est l’exercice direct de la souveraineté
nationale. Le peuple est souverain et fait ce qu’il veut, car conseil ne contrôle pas volonté du
peuple.
Le peuple ne se confond pas avec la nation, nation n’est pas un critère de l’E. Nation =
sentiment d’appartenance commune.

Le Territoire

● Ensemble géographique délimité par des frontières, peut être discontinu, maritime,
aérien... question se pose sur espace spatial

La Souveraineté

● Qualité d’un maitre qui n’a pas de supérieur, monopole d’édiction du droit. ● « Etre
souverain c’est avoir la compétence de sa compétence », Carré de Malberg: ●
Souveraineté interne -> Max Weber “E a le monopole de la violence légitime” ●
Souveraineté externe, de l’E, souveraineté internationale.
● Ils doivent être reconnus formellement comme tels par les autres états ● En droit
international, unanimité par ces paires de cette reconnaissance pose problème sur
scène internationale.
● Droit international il y a 2 règles cardinales : Primauté du droit international +
L’absence de sanctions en cas de non respect

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2. Insuffisance des critères

Kelsen dans Théorie pure d’Etat.

● Il est impossible de constater objectivement l’existence de ces critères. ● Définir l’Etat


par les critères d’identification, c’est reconnaitre que dès lors qu’il y’a les critères alors il
y a Etat. Autrement dit, critères seraient la cause de l’E. ● Or, pour Kelsen, c’est parce
qu’il y’a un Etat que je peux parler de ces critères (peuple, territoire, souveraineté) et pas
l’inverse.
● Le peuple est ensemble d’individus soumis à autorité de l’Etat, donc c’est parce que y
a Etat qu’on peut parler des peuples. et c’est parce que y a Etat que l’on peut
constater son territoire.

II. Les définitions juridiques

1. L’état comme personne juridique

Partisans de cette idée pensent que le droit et l’état renvoient à 2 choses

différentes : Un état est une personne morale de droit public doté de la souveraineté

● Personne morale = groupement d’une ou pls personnes dotée de la personnalité


morale
● Personnalité morale = faculté juridique d’être titulaire de droits et d’obligations ●
L’Etat apparaît donc comme une personne sur la scène juridique, il peut avoir un
patrimoine, responsabilité, personnel, budget, propre à lui-même.
● Chaque individu acquiert la personnalité juridique à sa naissance, la perso. juridique
de l’Etat est la perso. morale.

Dire que l’Etat est une personnalité juridique -> dépersonnaliser le pouvoir + permet de
fonder la permanence du pouvoir

● L’Etat est soumis à un DROIT PUBLIC donc soumis à un droit dérogatoire/exorbitant


du droit commun(privé)
● L’Etat est jugé par des tribunaux administratifs et non judiciaires.
● En France, les collectivités territoriales sont aussi des personnes morales de droit
publics, de même que les établissements publics ou que les personnes publiques
Sui generis (ex: Groupement d’intérêt public ou la Banque de France) ● Sui generis :
qui forment des modèles en elles-mêmes
● Différenciation entre Etat et autres personnes publiques : l'État dispose de la
souveraineté.
● CAD que l’Etat est la seule personne juridique à avoir le monopole de l’attribution du
pouvoir.
● Sanction dans le Code pénal : “la mort civile” -> mise à mort juridique ( pas de
possibilité d’ouvrir un compte, un travail, ... ) -> N’existe plus depuis 1854. ● Dans
cette définition, on suppose que Etat et droit sont séparés.

21
2. L’Etat comme ordre juridique

● Pour Kelsen, le rôle du juriste = étudier le règle de droit= la norme juridique


● D’après Kelsen, les objets ne sont jamais étudiés directement, toujours
indirectement.
● Quand Kelsen étudie l’Etat, il considère que celui-ci ne peut être étudié que par les
règles de droit. Pour lui donc, l’Etat = assemblage de normes juridiques organisées,
qui vont être en rapport avec l’organisation du juridique.
● Pour Kelsen donc, si l’Etat est expliqué par le droit = def du droit. Donc pas de
distinction // Etat et droit.
● Tout Etat forme un ordre juridique sans que l’inverse soit vrai ( ordre international =
pas un état )

Il faut certains critères :


- L’ordre juridique doit être suffisamment centralisé, qu’i y ait un centre politique centralisé

● Les organes, institutions étatiques doivent être suffisamment organisées ● Peut


justifier dans cette vision que UE = Etat (car ici pas de notion de souveraineté) ≠ à la
1ère conception.
● Si pas de différence entre droit et Etat, pour Kelsen, alors “Etat de droit” ne veut rien
dire.

Chapitre 2 : Les formes d’Etat

● Séparation horizontale: Séparation entre plusieurs pouvoirs (exécutif/législatif), au


même niveau hiérarchique
● Séparation verticale: État central / Entités locales: Répartition des compétences ●
Cette répartition/ transmissions des compétences ne peut jamais être totale. Elle est
partielle et graduée: différente forme d’État selon le pouvoir transféré. ●
Traditionnellement, 2 types d’Etat : Unitaire et composé
● La forme de l’État (unitaire, fédéral, composé, etc) n’est pas la question de la forme
du gouvernement (qui détient le pouvoir? monarchique, républicain, oligarchie, etc)

I. L’Etat unitaire
Un état au sein duquel il existe un seul centre de pouvoir juridique et politique, cad qu’aucune
norme locale ne peut être prise d’une autorisation d’une norme nationale . ⇒ ttes les règles
locales s’appliquent en vertu de la loi ou de la Constitution nationale. Peut connaître plusieurs
formes d’organisations. Déjà, il peut être concentré ou déconcentré.

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1. Déconcentré

● État dans lequel il existe des services administratifs avec des compétences
territoriales, il y a de la déconcentration. exemple : DREAL, DDA, DDE, … ●
Mais quel que soit le service, il n’y a aucune création de personnes morales
supplémentaires parce que ça reste l’Etat.
● Tous les services déconcentrés sont sous l’autorité du préfet.
● Si litige avec service déconcentré : responsabilité = celle de l’Etat car service
déconcentré n’a aucune responsabilité juridique propre.
● Maurice Hauriou = disait que le déconcentration est une modalité de la centralisation
= déconcentration qui sert administrer le territoire
● Adage de la IIIe : “Si on peut gouverner de loi, on administre bien que de près.” ● Diff
déconcentration : délocalisation = aucune compétence territoriale, seulement des
services nationaux qui se réunissent autre part en France.
● Concentré quand tous les services administratifs sont compétents sur l’ensemble du
territoire national

2. Décentralisation

● Transfert de compétence, existence de 2 personnes morales distinctes (création) ●


Collectivités territoriales qui existent en tant que personnes juridiques. ● Les
collectivités territoriales disposent d’une certaine autonomie dans la gestion de leurs
territoires.
● Principe de “libre administration” dans la Constitution, qui passe dans l’élection des
exécutifs locaux.
● Depuis 2003 : “La République est décentralisée”, art 1 de la Constitution
● Les collectivités territoriales disposent d’un pouvoir réglementaire.
● Elles peuvent prendre des arrêtés à portée générale.
● Autonomie non absolue car s’exerce dans le cadre des lois nationales. ● La France
reste un État unitaire. C’est donc un pouvoir réglementaire subordonné.

En France, l’État français est à la fois déconcentré et décentralisé. L’État reste un état
unitaire donc il y a un contrôle de l’État sur les collectivités, appelé avant le contrôle de
“tutelle”) et maintenant “déféré préfectoral”. C’est le fait que les collectivités territoriales,
quand elles font un acte, ont une obligation de transmission à l’État : le préfet pourra déférer
l’acte au juge administratif s’il y a un problème (acte jugé illégal).

En France, les collectivités territoriales ne sont pas définies mais sont énumérées par la C°
(art 72).

Dans la C° française, il y a plusieurs types de collectivités territoriales:


A. Les collectivités territoriales de droit commun

Ceux au droit de la République : commune, régions et départements auxquels on ajoute les


départements et régions d’Outre-Mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et

23
Mayotte), qui eux sont régis par l’art 73 de la Constitution ( principe d’identité législative ) =
soumis aux mêmes règles que les entités en métropole mais avec des adaptations possibles
en raison de l’éloignement

B. Les collectivités d’Outre-Mer

Chaque collectivité fait l’objet d’une loi organique spécifique qui précise son organisation et
son fonctionnement. Pas de régime juridique harmonisé
⇒ St Pierre et Miquelon
1 exception : La Polynésie Française -> Statut de POM (Pays d’Outre-Mer) =
statut autonomie renforcé par un Parlement qui vote des lois : “lois de pays”
Mais ces lois, puisque la France est unitaire, correspondent à des arrêts régionaux dans la
hiérarchie des normes.

C. Collectivités à statut particulier


La Corse, PLM (Paris, Lyon et Marseille) avec des arrondissements, communes d’Alsace
et Moselle
+ nouvelle collectivité : depuis le 1er janvier 2021 : collectivité européenne d’Alsace

D. Autres entités locales particulières qui ne sont pas des CT:


- La Nouvelle-Calédonie avec une forme d’autonomie (référendums)
- Les TAAF (72-3) Terres Australes et Antarctiques française, administrées par Paris:
aucune population permanente : Archipel Crozet, îles Kerguelen, îles Saint-Paul et Nouvelle
Amsterdam, Terre Adélie, îles éparses de l’Océan Indien (pas décentralisation) - Clipperton:
pas CT, pas TAAF, statut particulier (oas décentralisation)
=> territoires français

3 . L’Etat unitaire régionalisé

Débats selon les auteurs : est-ce vraiment un État unitaire ou déjà un État composé ? → on
considère ici un Etat unitaire car un seul Etat et une seule Constitution.

- Régionalisation: Transfert de compétences de l’É vers les régions (donc deux personnes
morales diff) et pour l’exercice de leur compétence les régions disposent d’un pouvoir
législatif.
- Régionalisation généralement protégée par la C, ce qui permet aux régions de se protéger
contre l’É (s’il veut porter atteinte à leur autonomie).
- L’État conserve un certain contrôle: lois régionales contrôlées par une Cour Celle et toujours une
seule C. Lois régionales ne peuvent aller à l’encontre de la C →ex: Catalogne - En Europe,
régionalisation concerne Espagne ( Art 2 ), Italie ( Art 5 ) et Portugal avec un régionalisme partiel
pour Madère et les Açores ( Art 6 ). Discussion sur le modèle du R-U. → Régionalisme va au-delà
de la décentralisation car les régions, plus qu’un pouvoir réglementaire ont un pouvoir législatif.

II. La fédération d’Etat


Dans un état composé, il y a pls centres de pouvoir politique, on parle parfois d’organisation
polycentrique du pouvoir.

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⇒ Etat fédéral ou fédération d’Etat = association d'États formant une superposition. Le modèle
fédéral n’est pas le seul mode d’association entre les Etats. Gradation dans la façon dont les Etats
sont associés

1. Union d’Etat et Confédération

Union d’Etat: Association de deux ou pls états gouvernés par un même souverain :
toujours deux états à part entière, indépendants l’un de l’autre mais gouvernés par le même
chef d’état ( régime en général monarchique ou impérial )

Confédération: Association d’Etats qui découle d’un traité international par lequel les Etats
exercent des compétences communes et partagent des institutions communes. Mode de
coopération diplomatique, droit de retrait. N’existe plus mais il y a eu la Confédération
germanique ...

2. L’Etat fédéral

● Superposition d’états
● Etat fédéral: les institutions ont également un pouvoir constitutionnel avec leurs
propres
● ≠ Régionalisation: les entités ont un pouvoir législatif
● Constitution mais Constitution fédérale + puissante quand même ( ex : Etats Unis)

Trois lois du fédéralisme par Georges Scelle :

● Principe de superposition : chacun a son propre Constitution, mais reste


néanmoins toujours soumis à la Constitution de l’Etat fédéral (qui protège
l’autonomie États fédérés et veille au respect de la Constitution d’Etat) = Etats
fédérés pas vraiment souverains
● Principe d’autonomie: Propre fonction publique, système judiciaire… ● Principe de
participation: Chaque État participe au gouvernement fédéral (au sein de la chambre
haute du Parlement la plupart du temps)

Titre 2 : L’organisation du pouvoir : les régimes politiques Chapitre 1 : Théorie des

régimes politiques

I. Régimes et formes de gouvernement

● Un régime politique correspond à un mode de séparation des pouvoirs. ● Pas de


régime politique (parlementaire, présidentiel) dans le cas d’une concentration /
confusion des pouvoirs.
● Forme du gouvernement: Qui détient le pouvoir au sein de l’État (une personne, un
petit nombre de personnes, le peuple

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● Régime politique: Comment le pouvoir est organisé, les fonctions réparties au sein
des différents organes.
● On peut avoir une monarchie (forme du gouvernement) qui fonctionne sous régime
parlementaire (régime)
● Ex: Second Empire est sous un régime parlementaire.
● On peut avoir un gouvernement totalitaire mais un régime présidentiel.
● Ex: Russie
● Forme de gouvernement : Classification ancienne, les variantes contemporaines,
Kelsen (autonomie, hétéronomie: qui produit la norme)

II. La classification des régimes politiques

Classification selon séparation stricte ou souple, indépendance ou interdépendance,


équilibrée ou déséquilibrée. Il existe des régimes qui sont pensés comme des modèles

1. Les régimes de déséquilibre des pouvoirs

A) Qualifiés par la prééminence d’une assemblée : déséquilibre au profit de parlement

Le régime conventionnel (régime d’Assemblée)

● Type de régime politique particulier où il y a prévalence d’une assemblée


parlementaire.
● Origine: Convention nationale en France entre 1792 et 1795
● Fin de la monarchie constitutionnelle -> Election d’une Assemblée constituante: la
Convention, 1ère Assemblée élue au suffrage universel (masculin) direct ● Deux rôles:
Rédiger une nouvelle Constitution + Gouverner provisoirement la France ● Pouvoirs de
la Convention sont théoriquement illimités car pas de Constitution ● 2 comités de
pouvoir exécutif: Le Comité de sûreté générale et le Comité de Salut public présidé par
Robespierre.
● Prend le nom de régime d’Assemblée avec la Constitution de 1793 (C° de l’an I)
même si elle n’est jamais appliquée.
● -> Prévoyait que tous les pouvoirs étaient plus ou moins concentrés entre les mains
d’une seule assemblée renouvelable par tiers tous les ans (monocaméral) ● -> Pouvoir
exécutif confié à un gouvernement élu au sein de l’Assemblée ● -> Seule Constitution
à proclamer le principe de la démocratie populaire ● -> Séparation stricte (Rousseau)
● Notion de régime d’Assemblée / Conventionnel utilisée pour qualifier les régimes de
la IIIè et la IVè République
● Qualificatif est un peu péjoratif. La Vè a donc pris le contrepieds pour inverser la
tendance.

Le régime directorial (Suisse)

● Ce régime est marqué par un exécutif collégial.


● On rééquilibre un peu les pouvoirs, mais il y a toujours un déséquilibre pour le
Parlement.
● L’exécutif collégial est aux ordres du Parlement.

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● En France, Directoire de 1795 -> Collège de 5 directeurs.
● Celui-ci a envahi la Suisse et importé ce régime en Suisse. Aujourd’hui, le seul
régime qui fonctionne selon ce régime est la Suisse.

B) Prééminence de l’exécutif: déséquilibre au profit du chef de l’Etat

Régime primo-ministériel (RU)

● En France, Consulat de 1799


● Régime avec exécutif collégial, nommé pour 10 ans par le Parlement et rééligible
indéfiniment.
● Le 1er consul (Napoléon) avait des pouvoirs spécifiques
● Les 2è (Conbaceres) et 3è (Lebrun) avaient un pouvoir consultatif

Pouvoir législatif morcelé entre 4 institutions (idée du concours des pouvoirs, mais pas le
même but: pour affaiblir):

● Tribunat: 100 députés qui devaient donner leur avis et discuter les projets de loi
● Corps législatif: 300 membres qui votent sans discuter
● Conseil d’État: Rédige les projets de loi -> ajrd avis obligatoire du Conseil d’État sur
les projets de lois et les décrets
● Sénat: 50 membres nommés par le Premier Consul qui veillent au respect de la
Constitution -> étend son pouvoir et peut modifier la Constitution en adoptant des
Sénatus-Consultes.
● Le 14 termidor de l’an X (1802): Révision de la Constitution, met en place le Consulat
à vie

Régime présidentialisme

● Régime parlementaire
● Séparation souple des pouvoirs
● Déséquilibre au profit du chef de l’État
● USA: régime présidentiel à tendance présidentialiste
● La Vè République : présidentialisation, vers séparation stricte ou vers déséquilibre
pour le Président ?

2) Les régimes d’équilibre global des pouvoirs

Idéal type d’équilibre global (pas parfait).

A) Le régime parlementaire
● Régime de séparation souple des pouvoirs : collaboration et interdépendance. ● Il
faut qu’il y ait au moins l’existence d’une responsabilité politique du gouvernement
devant le parlement (le Parlement peut renverser le gouvernement (motion de
censure))
● Certains auteurs disent qu’il faut en plus de le droit de dissolution (l’exécutif peut
dissoudre le législatif, souvent le chambre basse).
● En France, on a les deux => régime présidentiel.

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● Enfin, comme caractéristique, on peut ajouter le partage de l’initiative des lois. Ce
régime peut fonctionner sous deux formes: moniste ou dualiste.
● Moniste: Régime au sein duquel il y a une seule relation de confiance, celle qui unit
le gouvernement au parlement (le gouvernement est responsable devant seul le
Parlement): se traduit généralement par une faiblesse du chef de l’État.
● Dualiste ou orléaniste: Régime au sein duquel il existe une double relation de
confiance, où le gouvernement est aussi responsable devant le chef de l’État (le chef
de l’État peut renverser son PM et changer son gouvernement): il est la marque d’un
chef de l’État fort.
● En France, le régime de la Vè est en théorie moniste mais en pratique dualiste (seul
le gouvernement peut renverser le gouvernement (Art 49)
● En réalité le chef de l’État a son mot à dire puisqu’il nomme les ministres et PM (Art
8) et peut le révoquer + quand un nouveau président arrive, par habitude le PM
démissionne (mais il pourrait refuser de démissionner, selon la C° cela serait
possible si les Parlementaires ne renversent pas le gouvernement).

B) Le régime présidentiel
● Séparation stricte des pouvoirs.
● En théorie, aucune des caractéristiques du régime parlementaire (pas de motion de
censure, de dissolution ou d’initiative partagée).

Chapitre 2: Pratique des régimes politiques

I. Le régime présidentiel des Etats Unis d’Amérique

1. Pouvoirs
● Présenté comme le modèle type du régime présidentiel
● En principe: Aucun moyen d’actions réciproque: pas de motion de censure, pas de
droit de dissolution, pas de partage de l’initiative des lois…
● 1 exécutif: le président et le cabinet qui n’est que composé de conseillers (= pouvoir
consultatif) et peut être révoquer par le président
● Président dispose de tous les pouvoirs du chef de l’État : chef de la force armée, de
la diplomatie et de l’administration fédérale et il dispose aussi du droit de grâce * ●
Pouvoir législatif: Le Président dispose également du pouvoir règlementaire (executive
orders)
● Checks and Balances: moyen d’action réciproque prévu par la Constitution

* Le Président Nixon avait envisagé l’auto-grâce avant de choisir de démissionner. Son


vice-président Gérald Ford est devenu président, et Nixon lui a demandé de le gracier.

2. Système électoral

● Phase préélectorale: Désigner le candidat au sein des partis entre février et juin
● Caucus = meeting politiques
● Primaires ouvertes ou fermées

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-> Selon législation des Etats fédérés

● Phase électorale :
● Vote pour les grands électeurs lors du election day le premier mardi qui suit le
premier lundi de novembre
● Scrutin majoritaire à un seul tour, scrutin de liste: Election des grands électeurs de
leur Etat
● La liste arrivée en tête prend l’ensemble des grands électeurs de l’État ● Nombre de
grands électeurs dépend de la démographie de l’état, ils sont désignés par les
instances du parti, le plus souvent, la liste n’est même pas forcément mentionnée
● Vote des électeurs le lundi suivant le deuxième mercredi de décembre ● Est élu le
candidat qui remporte la majorité absolue des grands électeurs, on peut être élu avec
un nombre général de voies plus faibles que son adversaire (Bush, Al Gore - Trump,
Clinton).

NB: Avant, aussi vote des grands électeurs pour le vice-président

● Difficulté 1800 à l’occasion de l’élection de Jefferson


● Election bloquée à cause de cette règle : tous partager leurs voix entre les 2
représentants républicains et donc aucun des 2 avais la majorité des grands
électeurs
● Affaire passe chez la chambre des représentant et après 35 votes : n’a pas réussi à
choisir entre les 2
● Hamilton réussi à rallier un membre a la cause de Jefferson
● Burr provoque Hamilton (un père fondateur) en duel et le tue

3. Checks and balances

A) De l’exécutif au législatif:

Le véto

● Véto pour s’opposer à la loi votée par le Congrès (Art 7)


● Le président a 10 jours pour promulguer la loi
● Véto express: Opposition du président, il peut être surmonter par un vote à la
majorité des 2/3 des chambres
● Véto de poche: Le président ne promulgue pas la loi dans le délai qu’il reste, la loi
n’est pas adoptée et la procédure législative devra être recommencée au début ●
L’item véto créer en 1996 permettait à s’opposer à une disposition particulière (véto
sélectif) d’une loi -> jugé non constitutionnel en 98 par l’arrêt Clinton vs NY véto ●
Roosevelt: en moyenne 53 véto par an
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Droit de message
Va essayer d’influencer les lois

Discours sur l’Etat de l’Union:


Permet de mettre la pression sur le Congrès sur les grandes lignes

Messages écrits
Le président n’a pas le droit d’entrer dans l’hémicycle mais il peut écrire un message avec
en annexe un projet de loi qui sera lu par le secrétaire de la Chambre

B) Du législatif à l’exécutif

Contrôle
Par le Sénat, il passe par un pouvoir de ratifications des traités internationaux

Obstruction = Filibustering

● L’opposition parlementaire peut faire obstruction à la majorité


● Pas de limites de temps des parlementaires
● En 1957, le sénateur Thurmond a parlé pendant 24h et 18min
● Moyen de contrer:
● 16 sénateurs demande la fin de la session
● Vote organisé
● Si majorité des 3/5 des membres du Sénat vote en faveur de l’arrêt ● Option
nucléaire: Sous Trump lors du remplacement des juges à la Cour Suprême

Sanction = Impeachment

● Responsabilité pénale des hauts fonctionnaires


● Il faut une majorité simple puis il y a 2e vote sur la culpabilité devant le sénat (en
quad que haute cours de justice)
● Vote sur la culpabilité devant le Sénat
● Johnsons : Manque de la majorité des 2/3 à une voix prêt
● Bill Clinton : Affaire Monica Lewinsky
● Nixon démissionne avant

Contre Trump ?

● 2017: Prétendu ingérence russe (entrave à la justice dans le cas des enquêtes par le
FBI)
● 2019: Affaire Ukrainienne (pression pour que le président ukrainien pour avoir des
infos sur Biden et son fils)
● 2021: Insurrection et envahissement du Capitol

En cas de destitution: 25e amendement prévoit de laisser la place du président au vice-


président si problème (décès) -> Exerce les fonctions de président en attendant les
nouvelles élections
30
II. Le régime parlementaire du Royaume-Uni

1. Le principe d’un régime parlementaire

A) L’organisation des pouvoirs

Pouvoir exécutif bicéphale

❖ La Couronne
● « Le roi règne mais ne gouverne pas »
● Destinataire de tous les documents transmis aux gouvernements.
● Entretien tous les mercredis après midi sur les affaires du Royaume
● Influence de part l’expérience du monarque
● Véto: Le monarque peut s’opposer aux lois votées par le Parlement britannique ●
Scandale: Archive de Westminster montre que la reine a déjà menacé de le poser

❖ Le Cabinet
● 10 Downing Street Londres
● Au RU le gouvernement est responsable collegialement devant le Parlement
● Si le 1er ministre tombe, tous le Parlement tombe

Parlement bilatéral

❖ La Chambre des Communes (chambre basse)


● Scrutin majoritaire à un seul tour

❖ La Chambre des Lords


● Composé de manière hétérogène et pas de nombre définit (nobles/les paires, les
évêques l’église anglicanes, les pairs héréditaires
● Se transmettent de pères en fils mais supprimer en 1999)
● Ne peut pas renverser le gouvernement
● Ne dispose pas du pouvoir d’initiative des lois
● Discute les lois en matière de finance
● Dispose d’un droit de veto sur la chambre des communes même si le dernier mot est
toujours pour la chambre des communes

B) Les rapports entre les pouvoirs

La collaboration entre les pouvoirs

❖ Collaboration entre l’exécutif et le législatif


31
- Exécutif possède le droit d’initiative des lois (90% des projets de lois viennent de
l’exécutif)
- La Couronne nomme le premier ministre
- Le Parlement peut déposer des motions de censure « motion of no confidence »

❖ Collaboration entre le législatif et l’exécutif


● Interdépendance

Responsabilité politique

● Motion de censure: Le Parlement retire sa confiance en le Gouvernement


● Droit de dissolution: Le Gouvernement dissout le Parlement
● La dernière motion de censure date de 1979
● -> Disparition progressive
● Avant 2011, c’était une prérogative royale (droit de dissoudre la Chambre des
communes)
● Après 2011, Fixed Term Parliaments Act
● La Couronne n’a plus le droit de dissoudre la Chambre des Communes ● Auto-
dissolution: Theresa May demande à la Chambre de se dissoudre puis de se
recomposer pour retrouver la majorité afin de négocier le Brexit
● Dissolution automatique: Si la Chambre des Communes n’a pas accordé sa
confiance au nouveau gouvernement après la motion de censure, elle est dissoute ●
Boris Johnsons a fait une loi pour avancer la date des élections législatives ce qui
revient à avancer la dissolution de la Chambre des Communes = jugé
anticonstitutionnel

C) L’éloignement progressif du modèle parlementaire

● La neutralisation du droit de dissolution


● La neutralisation de la responsabilité politique

III. Le régime directoriale suisse

Régime :

● Exécutif collégial
● 2 types: régime dual et régime simple
● Régime Dual: 2 niveaux au sein du pouvoir exécutif -> niveau des directeurs et
niveau des ministres qui leur sont hiérarchiquement subordonnés (Directoire en
France)
● Régime Simple: Exécutif confié à un collège composé uniquement de directeurs
égaux (Suisse)

Exécutif :

● Le Conseil Fédéral, composé de 7 membres


32
● Présidence du Conseil Fédéral dites « tournante » = change tous les ans
● Subordonné au législatif et assure la stabilité

Législatif :

● En haut de la hiérarchie = très démocratique


● Bicaméral strictement égalitaire
● Chambres élues
● Change tous les 4 ans

Séance 3: Le pouvoir en France

Introduction au droit de la Vème

● Constitution du 4 octobre 1958


● Révisée 24 fois
● Rendue nécessaire pour 2 raisons :
● Raison structurelle : Insuffisance, inefficacité de la IVème République
● Raison conjoncturelle : Evénement de la crise Algérie de mai 1958 ●
Absence de stabilité gouvernementale
● En moins de 12 ans d’existence, il y’a eu 21 gouvernements successifs
● La moyenne réelle d’un gouvernement était de 6 mois
● Du à 3 facteurs:

1°Absence de véritable majorité parlementaire

● Système des parties = cinquantaine de parties et élection à la proportionnelle ce qui


explique le morcèlement des scrutins
● Coalition très nombreuses (5-6 parties) autour d’une question particulière mais jamais
de politique générale commune.

2° Faiblesse du pouvoir exécutif

● Le pouvoir réglementaire ne pouvait être exercé qu’en vertu d’une loi ● Pas
de règlement autonome mais qu’en vertu de la loi fixée par le Parlement ●
Pratiques héritées de la III ème République
● Mac Mahon, 1877 (royaliste) : Décide de dissoudre l’Assemblée nationale car il s’est
retrouvé en minorité et n’a pas accepté de s’adapter à la majorité portée par Léon
Gambetta
● Campagne législative violente et remportée par les Républicains
● Redissoudre une 2ème fois ? Le Sénat ne donne plus son accord
● Il décide de ne pas nommer le chef de la majorité comme 1 PM
● Démissionne car les Parlementaires refusent la discussion avec le gouvernement qui
ne se conforme pas
● Jules Grévy en 1879 remplace Mac Mahon à la présidence
33
● Adresse un message à l’AN: "Il ne rentrera jamais en conflit avec la volonté populaire »
= reconnaît qu’il ne s’opposera jamais au Parlement
● Il renonce à tous ses pouvoirs présidentiels, notamment le droit de dissolution ● Ce
principe forme la « Constitution Grevy » qui créer la tradition de primauté du législatif sur
l’exécutif, qui s’y pliera et ne rentrera pas en conflit avec
● Cette tradition se perpétue sous la IVème République
● Dès que des votes à l’AN pouvait paraître défavorable au gouvernement, celui -ci
démissionnait
● « Soit ce soumettre, soit se démettre »

3° Isolement de l’exécutif

● Le chef du gouvernement (Président du Conseil) était désigné par l’Assemblée


Nationale = subordination de l’exécutif au législatif
● Le gouvernement n’avait aucun moyen d’en appeler directement au peuple pour
asseoir sa légitimité
● Pierre Mendès France, Président du Conseil (54-55) essayait: il s’exprimait toutes les
semaines à la radio pour rendre compte de sa politique à la population ● De ce fait, très
populaire
● Malgré cela, il a été contraint à la démission par le Parlement à cause du système des
parties

-> Conduit à des projets de révision de la Constitution de 1946 pour répondre à ces
insuffisances

Titre 1: La naissance de la Vème République

Chapitre 1: Le retour au pouvoir du général De Gaulle

La fin de la 2nd GM

● Participe à la libération de Paris en 1944


● Il rétablit la légalité républicaine avec l’ordonnance d’août 1944
● Fait comme si le régime de Vichy n’avait jamais cessé d’exister
● Fonde sa légitimité sur la France Libre comme continuation de la III ème République
● Après la 2ème GM: réfléchit à une nouvelle Constitution
● Idée du Général de Gaulle exposée dans le discours de Bayeux de 1946
● Pouvoir exécutif fort: Président de la République au dessus des parties
34
● Ce discours intervient juste après l’échec du référendum d’avril 1946, à l’opposé des idées
De Gaulle
● Rejet du 1er projet de Constitution par le peuple
● Adoption du 2ème projet d’octobre 1946: Assemblée élue au scrutin proportionnel qui doit
investir le gouvernement
● Face à cela, De Gaulle se retire

La chute de la IVème République

● En mai 1958, un nouveau Président du Conseil est nommé par le Président de la


République et est investi par l’Assemblée Nation
● = Réné Coty nomme Pierre Pflimlin
● Or, Pflimlin est perçu comme favorable à la discussion avec les partisans de
l’indépendance de l’Algérie française
● L’armée qui elle est pro-Algérie française voit ça comme une négociation avec des
terroristes
● Pfimlin devait être investi le 13 mai 1958 mais une insurrection éclate à Alger ●
Manifestation devant les bâtiments de la représentation française
● L’armée prend les commandes de la
● L’Armée constitue un « Comité de Salut Public » avec à sa tête le général Massu ● Le
général Massu adresse un télégramme le soir même à la Présidence française en exigeant
la création d’un gouvernement de Salut Public, seul capable de conserver l’Algérie partie
intégrante de la métropole
● Crainte d’un coup d’Etat militaire et qu’elle marche sur Paris
● L’Assemblée Nationale le 14 mai vote largement pour l’investiture du gouvernement Pfimlin
● Objectif: ne pas se faire intimider par l’armée
● Gouvernement n’a pas les moyens de s’imposer face à la situation en Algérie

Le retour de De Gaulle

● L’ensemble de la classe politique va donc se rallier à l’idée d’un retour au pouvoir du


général De Gaulle
● Raison: De Gaulle semble avoir les capacités car c’est lui qui avait réussit à rétablir l’ordre
républicain en 1944
● De Gaulle ne s’était jamais exprimer sur la question algérienne
● Selon l’armée, De Gaulle était un général donc il serait pro-Algérie française ● Selon les
partisans de l’indépendance, il pourrait négocier avec les indépendantistes car il ne sait
jamais prononcer sur le sujet
● De Gaulle du 5 juin 1958: « Je vous ai compris » a Alger
● Mais qu’a-t-il compris ?
● 28 mai 1958, Pierre Pfimlin démisionne « au profit du général De Gaulle » 35

● Le 30 mai, De Gaulle est nommé Président du Conseil par René Coty « je fais appel
au plus illustre des français »
● Il n’accepte pas entièrement cette situation car finalement n’a pas autant de pouvoirs
qu’il ke souhaiterait
● Il obtient le 1er juin 1958 l’investir de son gouvernement par l’AN ● Il annonce qu’il ne
veut pas gouverner dans le cadre de la IVème République: il veut présider dans le cadre
d’une Vème République
● Utimatum: Revient seulement si le Parlement accepte 2 conditions: les pleins pouvoirs
pour 6 mois pour résoudre la crise algérienne (qui sera régler en 2 semaines) + le
pouvoir de rédiger une nouvelle Constitution inspirée des idées du discours de
Bayeux
● Entre le 13 mai 1950 et le 1er juin, soit en 15 jours, le gouvernement change
totalement
● En 2 mois, la Constitution de la Vème République sera rédiger

Chapitre 2: La rédaction de la Constitution

● Art 90 de la Constitution de 1946 prévoyait sa propre révision


● Procédure très longue
● Le Parlement devait voter une proposition de résolution précisant l’objet de la révision
● Délais devait s’écouler à la suite duquel le Parlement devait confirmer son intention de
révision
● Après cela, les discussions sur le contenu de la révision peuvent commencer ●
Nécessite l’accord entre le Sénat et l’AN mais De Gaulle voulait aller vite ● Il a retrouvé
une résolution de 1955 adoptée par le Parlement qui visait cet même article de 90
● Il considère que les 3 mois sont passés, 3 ans même
● Il propose le 1er juin 1958 un projet de révision sur l’Art 90
● Son idée est de mettre un terme à la longueur de la procédure et à l’intervention du
Parlement (estime que le pouvoir fort doit être détenu par l’exécutif)
● Il fixe une procédure spécifique d’élaboration de la nouvelle Constitution ● Constitution
du 4 octobre 1958 ne vient pas d’une révision mais d’une procédure spécifique
d’élaboration de la Constitution de la Vème Rép, créer par la loi constitutionnelle du 3
juin 1958
● Loi adoptée en 2 jours
● Aujourd’hui: débat sur la légalité de cette loi
● Loi délègue le pouvoir de faire les Constitution du Parlement à un groupe de travail
spécifiquement prévu = grande similitude avec la loi du 10 juillet 1940 qui confie les
pleins pouvoirs au Maréchal Pétain
● Différences: Loi du 3 juin ne cite pas proprement De Gaulle mais « le gouvernement »

I. La loi du 3 juin 1958

36
Articles fruit de compromis entre De Gaule

A) Encadre l’élaboration d’une nouvelle Constitution

● Prévoit un ensemble de limites au pouvoir constituant: 5 grands principes que devra


respecter la nouvelle Constitution
● 1° Le suffrage universel comme source de tout pouvoir
● 2° La séparation des pouvoirs entre exécutif et législatif
● 3° Indépendance de l’autorité judiciaire
● 4° Responsabilité du gouvernement devant le Parlement
● 5° Etablissement de nouveaux rapports avec les peuples associés à la République
(avec ces colonies et anciennes colonies)
● La Vème République instaure la « Communauté Française »: une sorte d’Etat fédéral
avec des institutions propres qui disparut de 1960 avec le mouvement de
décolonisation

B) Précise la procédure à suivre

● La procédure se déroule en 2 phases:


● La création d’un avant projet soumis à des avis consultatif
● La création d’un projet de Constitution soumis au référendum et promulgué

II. L’élaboration de la Constitution

Avant projet préparé par 2 comités :

● Comité technique présidé par Michel Debré (garde des sceaux puis 1er ministre)
● Comité politique présidé par De Gaulle

Projet rédigé le 29 juillet 1958 :

● Avis politique du CCC: Comité consultatif constitutionnel, président par Paul Renaud et
composé de parlementaires de la IVème République, chose concédée par De Gaulle.
Le seul point de friction était que le Premier Ministre puisse également être un
Parlementaire
● Avis technique du Conseil d’Etat qui a rendu son avis en août 1958
● Finalement adopté au Conseil des ministres le 3 septembre 1958
● Le 4 septembre, De Gaulle propose ce projet au peuple sur la Place de la République
● Promulgué le 4 octobre 1958
● Le 21 décembre 1958, De Gaulle est élu président de la République. Il est investit le 8
janvier 1959 et remplace René Coty

37
Titre 2: Les grands équilibres

● Régime parlementaire moniste cad que le Gouvernement est uniquement responsable


devant le Parlement
● L’Art 8 (PR nomme le 1er PM) ne permet pas au PR de révoquer son PM
● Or, en période de fait majoritaire il le fait quand même
● Régime à tendance présidentialisme: Déséquilibre des pouvoirs en faveur du président
● Régulièrement, le régime de la Vème est qualifié de « régime semi-présidentiel » (M.
Duverger, 1970)
● Régime semi-présidentiel: Régime parlementaire avec un président élu au suffrage
universel
● Tente d’expliquer la prépondérance de certains chefs de l’Etat en régime
parlementaire

=> Ne correspond à rien en pratique car les critères sont flottant

1° Les critères sont flottants

● Election au suffrage universel est fait dans d‘autres pays pourtant pas de tendance
présidentialisme.
● Duverger est lui même flou dans les critère, parfois président avec pouvoir important,
parfois président avec pouvoir propre

2° La prépondérance du chef de l’Etat dépend principalement de la configuration


politique

● Peut fonctionner de manière hyper ou hypo présidentielle selon la cohabitation ou le


fait majoritaire

3° Scrutin électoraux très variables selon les Etats:

● Elections au scrutin majoritaire, d’autres au scrutin proportionnel

Chapitre 1: Le principe d’un régime parlementaire

Le régime parlementaire est une collaboration et une interdépendance entre les pouvoirs
(Montesquieu - balance). Chaque pouvoir participe un peu aux autres et ils peuvent se
renverser mutuellement.

Section 1 : La collaboration entre les pouvoirs

C’est une collaboration réciproque entre l'exécutif et le législatif (dans les deux sens)

L’exécutif va participer à l’exercice du pouvoir législatif :

1° Le partage de l’initiative des lois

38
● Projets de lois pour l’exécutif et propositions de lois pour les parlementaires. ● En
période de fait majoritaire, 80% des lois proviennent de l’exécutif et le reste provient de
la majorité parlementaire

2° Maîtrise de la procédure législative


● Exécutif a la maîtrise de l’ordre du jour au Parlement.
● Depuis 2008, la maîtrise de l’ordre du jour est partagée entre le Gouvernement et le
Parlement

3° Maîtrise des principaux incidents de procédure par le Gouvernement:

● Procédure accélérée (loi par un seul vote par chaque chambre)


● Vote bloqué qui ne peut être amendé
● Le 49-3
● La Réunion d’une Commission Mixte Paritaire pour éviter que les lois ne fassent la
navette indéfiniment + Peut donner le dernier mot à l’AN en cas de Commission
Mixte Paritaire
● Le pouvoir exécutif peut saisir le Conseil constitutionnel (autorité de saisine = droit de
regard)

4° Lois promulguées par décret par le PR

Le législatif va participer à la fonction exécutive :

1° Pouvoir de ratification des actes de l’exécutif

● Ratifie les traités internationaux qui sont négociés et signés par le PR ● Ratifie les
ordonnances (Art 38), dans ce cas, il faut une loi d’habilitation du Parlement qui autorise
le PR a le faire + le Parlement doit ratifier l’ordonnance en question

2° Pouvoir de contrôle de l’action gouvernementale

=> Par l’intermédiaire de « questions parlementaires »:

● Questions écrites: le ministre dispose d’un mois pour y répondre et publier la réponse
au journal officiel
● Questions orales: question posée par écrit mais le Ministre y répond à l’oral en séance
(peu utilisé)
● Séance de questions des parlementaires au gouvernement les mardis et mercredi
tous les 15 jours (hémicycle plein)

=> Par l’intermédiaire des résolutions

39
● Créer en 1992 pour permettre au Parlement de faire valoir sa position sur l’UE. La
révision de 2008 a étendu les résolutions pour toutes les questions (faire adopter des
prises de décisions formelles)

3° Peut créer des commissions d’enquête et d’information


4° Pouvoir de Contrôle

● Sur le budget
● Sur les nominations du PR
● Sur l’engagement des forces françaises à l’étranger > 4mois

5° Possibilité de faire un vote sur une déclaration thématique du gouvernement (50-1)

● Peut se prononcer sur une thématique gouvernementale sans engagement de la


responsabilité du gouvernement

Section 2: L’interdépendance des pouvoirs

Les pouvoirs peuvent réciproquement se renverser

L’exécutif peut renverser le législatif: Le droit de dissolution (Art 12)

● PR peut dissoudre l’AN


● Rôle d’arbitre présidentiel
● Article 5 : “Le PR veille au respect de la Constitution. Il assure par son arbitrage le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics”
● Assure le fonctionnement régulier entre les pouvoirs publics
● Si conflit entre exécutif et législatif -> appel au Peuple par le droit de dissolution pour
trancher les conflits
● Limite: Ne peut pas dissoudre 2 x en 1 an

Le droit de dissolution fut très peu utilisé pour la IIIème République et était très encadré sous
la IVème République (dans l’hypothèse de 2 motions de défiance votées dans un délai de 18
mois).

Au début de la Vème Rep, il n’était qu’utiliser en cas de crise réel

=> 1962, De Gaulle dissous l’AN car il décide que l’élection présidentielle se fera au suffrage
universel direct pour que son successeur soit légitime. Or, il fallait réviser la Constitution car
il était avant élu par un collège électoral et les parlementaires étaient opposés à cette idée
car ils craignent une dérive autoritaire de la figure du PR. Pour contourner le Parlement, De
Gaulle a choisi de proposer la révision par l’organisation d’un référendum en s’appuyant sur
l’article 11 de la Constitution. Le référendum adopta la révision constitutionnelle bien qu’il y

40
eu des débats. Les parlementaires ont alors adopté une motion de censure en réponse à cet
acte contre le Gouvernement de Pompidou. Ainsi, le PM a dû présenter sa démission à CDG
qui fut acceptée par le PR qui a renommé directement Pompidou comme PM. De Gaulle a
ensuite dissous l’Assemblée nationale et a retrouvé une majorité parlementaire. Ce fut la
seule motion de censure qui fut adoptée sous la Vème
=> 2ème dissolution en 1969: Après les événements de mai 1968, DG face à la crise
sociétale se tourne vers le peuple pour que le Parlement corresponde à la souveraineté
nationale

Par la suite, le droit de dissolution va changer de raison et va être utiliser pour répondre à
des crises potentielles et éviter la cohabitation

● => Entre 1981 et 1988, le mandat présidentiel est de 7 ans contre 5 pour les
parlementaires. Il y avait donc des discordances potentielles : le Président de la
République provoqua donc des élections législatives après son élection pour éviter
une future cohabitation. Après F. Mitterrand, on a encore changé l’esprit du droit de
dissolution qui ne résoud désormais plus une éventuelle crise mais simplement pour
asseoir la majorité présidentielle. En 1997, J. Chirac dissout l’Assemblée car la droite
est en tête dans les sondages donc il provoque une dissolution: or, la gauche
l’emporte et il subit une cohabitation de 5 ans

Le législatif peut renverser l’exécutif

● Responsabilité collégial (remet en question le gouvernement et pas juste le PM) ● Art


49: 3 hypothèses de mise en jeu de la responsabilité du gouvernement devant le
Parlement
● 49 alinéa 1: Question de confiance = procédure à l’initiative du 1er Ministre qui peut
demander la confiance aux parlementaires (si confiance = reste ; si pas confiance,
gouvernement = démission)
● 49 alinéa 2: Résolution signée par au moins 1/10 des députés puis soumise au vote
après un délai de 48h -> elle est adoptée si vote à la majorité des membres de l’AN ● 49
alinéa 3: Responsabilité du gouvernement engagée sur un texte. Délai de 48h pour
qu’une résolution soit déposée dans les conditions de l’alinéa 2. Soit le gouvernement
est renversé, soit le texte est adopté sans discussion. Il n’est applicable que devant l’AN
(pas sénat, qui peut le discuter et l’amender). Juillet 2008, révision, un article 49 alinéa 3
par session parlementaire.

Chapitre 2: Un régime parlementaire présidentialisé

● Présidentialisé: Déséquilibre des pouvoirs en faveur de l’exécutif


● Ce déséquilibre est prévu par le texte
● Président a des pouvoirs propres
● => Variable selon les circonstances (faits majoritaires // cohabitation) 41

Section 1: Un présidentialisme en faveur du président exacerbé en cas de faits


majoritaires

● Tous les pouvoirs du gouvernement sont exercés par le PR


● Ex: Procédure sur proposition du PM (référendum) ou Pouvoirs appartenant au PM
(initiative des lois) deviennent purement formels
● = Poids très important au PR, le GVR ne peut plus faire contrepoids ● Théoriquement,
il faut un avis du PM pour dissoudre l’AN, pour recourir aux pleins pouvoirs, pour
convoquer une Assemblée extraordinaire…
● De fait, le pouvoir exécutif est entre les mains du PR
● Exemple: Le PR nomme les ministres sur proposition du PM (art 8) -> De Gaulle
nomme Messmer (ministre des armées) sans concerter le PM Débré (PM) car il était
de sa même couleur politique
● En 1958, on s’est posée la question d’une éventuelle dyarchie au sommet de l’Etat =
Partage égalitaire du pouvoir entre 2 entités
● En période de faits majoritaire: Pas de distinction entre les Art 5 (Président arbitre
constitutionnelle) et Art 20 (le Gouvernement détermine et conduit la politique de la
Nation) en pratique
● En 1964, De Gaulle « On ne saurait accepter qu’une dyarchie exista au sommet » =
hiérarchie en faveur du Président
● En 2007, Sarkozy « Le PM n’est qu’un collaborateur, le patron c’est moi »
● En 1959, Duverger « Michel Debré existe-t-il ? »

Section 2: Un présidentialisme atténué en période de cohabitation

● Terme de Balladur
● Les deux têtes de l’exécutif ne sont pas du même bord politique
● 3 périodes de cohabitation
● Mandat présidentiel 7 ans // Mandat ministériel 5 ans :
● 86 - 88: Mitterand Chirac
● 93 - 94: Mitterand - Balladure
● 97 - 2002: Chirac - Jospin
● Rendu possible par une lecture particulière de la Constitution :
● Art 67: Le PR est irresponsable politiquement (ne peut pas être poursuivi pour les
actes accompli sà l’occasion de son mandat) + Seul le gouvernement est
responsable devant le Parlement
● Conséquence: Mitterand en 1985 a considéré qu’il n’était pas tenu de démissionner si sa
majorité ne l’emportait pas aux élections parlementaires (≠ De Gaulle) ● Comment les institutions
vont fonctionner ?
● En 1986, Mitterand use de son droit de message pour adresser un message à l’AN: «
A la question de savoir comment fonctionneront les pouvoirs publics, je ne connais
qu’une réponse, la seule raisonnable: la Constitution »
● = Retour au respect strict de la Lettre de la Constitution avec respect des articles 5 et
20 -> PR arbitre et Gouvernement gouverne

42
1° Pour certains auteurs, les ambiguïtés de la Constitution font peser un risque de blocage
des institutions.
Ex: Blocage suite à l’Affaire des Ordonnances: le gouvernement a le droit de prendre des
ordonnances (empiète sur le pouvoir législatif) que le PR signe (art 13) -> simple faculté ou
obligations (conjugaison de signe est à l’impératif ou à l’indicatif ?)

● => En 1986, le gouvernement Chirac (droite) soumet à la signature du PR Mitterand


(gauche) 3 ordonnances mais celui-ci refuse de les signer sous prétexte que si la
droite à la majorité au Parlement elle peut les faire voter en tant que lois plutôt que
de les faire passer au titre d’ordonnance = Crise institutionnelle dès le début de la
cohabitation (solution: passer en projets de lois que Mitterand a bien voulu
promulguer)

2° En période de cohabitation, le Président conserve son rôle d’arbitre: il peut toujours


dissoudre l’AN (art 16) et saisir le Conseil Constitutionnel (art 61) et organiser un référendum
pour modifier la Constitution (art 89)

3° Même en période de cohabitation, le PR conserve sa faculté d’empêcher: il peut bloquer


la révision de la Constitution, refuser de convoquer une session extraordinaire du Parlement.

Finalement, ce qui importe au delà de la Lettre de la Constitution, c’est son interprétation


que De Gaulle appelait l’Esprit de la Constitution ou Bloc de Constitutionnalité.

Titre 3: Le contenu de la Constitution

Débat autour de la question du Préambule de la Constitution: Fait-il partie ou non de la


Constitution ? Les droits fondamentaux en font-ils partie ?

● Constitution la IV: Art 81 donnait pleine valeur juridique au préambule ● Arrêt 1957:
Arrêt Condamine Conseil d’Etat fait application des droits de la DDHC ● Constitution
V: Pas de précision sur la valeur juridique du Préambule ● Mais le Conseil d’Etat
l’applique toujours
● Cette lecture fut tranchée par le CC dans une décision du 16 juillet 1971 nommée
“Liberté d’association”

I. La décision “liberté d’association”


● En 1971, le Parlement adopte une loi qui prévoit un contrôle préalable sur la
constitution des associations

43
● Le CC choisit de censurer cette loi : or, contrôlant les lois au travers de la Constitution,
le CC devait trouver une loi relative à la liberté d’association dans la Constitution.
● La Constitution de 1958 se compose d’un préambule et de 89 articles.
● Or, la liberté d’association n’est protégée par aucun article
● Dans la DDHC, il n’y a pas la liberté d’association
● Dans le préambule de 46, on trouve mention des PFRLR (principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République).
● Les PFRLR ne sont pas définis, l’expression est seulement mentionnée ● Mais on a
décrété dans le CC que la liberté d’association = PFRLR. ● En gagnant ça, il consacre la
valeur juridique aux PFRLR. C’est donc aussi reconnaître la valeur juridique du
préambule de 1958
● Donc cette décision de libre association marque l’entrée du préambule dans le bloc de
constitutionnalité (appelé comme ça par Louis Favreau).
● Par la suite, le CC pose des condition qu’un principe soit qualifié de PFRLR : que le
principe se trouve dans une loi républicaine antérieur à 1946 ; que ce principe n’a
subi aucune dérogation ; que ce principe soit suffisamment important.
● Depuis 1971, le CC n’a mis en lumière qu’une dizaine de PFRLR.

II. Le contenu du bloc

Aujourd'hui, ce qu’on appelle un bloc de constitutionnalité (= Constitution) comprend des


règles écrites et des règles non-écrites. Parmi les règles écrites, on retrouve : Les articles
de la Constitution (de 1 à 89) et le Préambule (qui comprend la DDHC, le préambule de
45, et, depuis mars 2005, la charte de l’environnement).
Parmi les règles non écrites, on a :
- PFRLR
- OVC : les objets de valeur constitutionnelle
- PVC : les principes ou exigences de valeur constitutionnelle.

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