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SUR LA DÉMOCRATIE ET LES VALEURS CHEZ RATZINGER (TEXTE RÉDIGÉ POUR


PARTICIPER À UN PANEL DE DÉBAT POLITIQUE AU BÉNIN)

Je voudrais d’abord spécifier le problème sous deux aspects.


Ce diagnostic n’est pas à écarter d’un revers de main.
La tâche centrale consiste à expliquer :
- Pourquoi le processus démocratique est considéré comme une
procédure d’établissement d’un droit légitime et
- Pourquoi la démocratie et les droits de l’homme sont
mutuellement, et aussi originellement l’une que l’autre,
imbriqués dans le processus de formation de la Constitution ?
Et l’explication consiste à démontrer :
- Que le processus démocratique, dans la mesure où il remplit les
conditions d’une formation inclusive et discursive de l’opinion
et de la volonté, fonde une présomption que ses résultats sont
rationnellement acceptables ;
- Que l’institutionnalisation juridique d’une telle procédure pour
mettre en place un droit démocratique exige la garantie
simultanée des droits fondamentaux, aussi bien libéraux que
politiques.

Le point de référence de cette stratégie de fondation est la


Constitution que les citoyens associés se donnent eux-mêmes, et non
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la domestication d’une violence d’État qui subsiste. Et si violence il y


a, celle-ci ne doit être engendrée que sur la voie qui mène à la mise
en place de la constitution démocratique. C’est ce qu’on appelle le
positivisme de la volonté d’État. Ce positivisme doit laisser une place,
une ouverture pour une substance éthique non juridique de l’
« État » ou du « politique » : aussi, un ordre constitutionnel rendu
totalement positif aurait besoin de la religion ou de quelque autre
« force de soutien », pour garantir du point de vue cognitif, ce qui
fonde sa validité. Selon cette lecture, la prétention à la validité du
droit positif doit reposer sur une fondation dans les convictions
prépolitiques et éthiques de communautés religieuses ou nationales.

Définissons les termes :


- Communicationnel désigne, chez Habermas, un idéal
philosophique (et social), celui d’une communication réussie
entre les hommes, basée sur les arguments rationnels, de
valeurs, le langage courant, justifiant et suscitant l’entente
entre eux, la confiance, l’entraide et la solidarité mutuelles.
- Les arguments « faibles » sont ceux qui ne sont pas basés sur
des données substantielles (présentes avant toute discussion
selon des arguments rationnels), ainsi de la nature, de la
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religion, etc. qui constituent des arguments « forts »


(indiscutables pour ceux qui les utilisent).
- Le contextualisme vise une philosophie relativiste, qui met en
doute l’universalisme de la raison et met en avant le primat du
« contexte ».
- Le décisionnisme vise la philosophie de Carl Schmitt, pour qui le
pouvoir et la souveraineté ne sont pas d’abord créés par le droit
existant, mais par la décision permanente du souverain (« Est
souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle ») ;
plus généralement, c’est l’idée que la « vie » précède le droit,
ou qu’il y a une extériorité au droit qui est plus forte que le
droit.

Joseph Ratzinger,

Deux facteurs caractéristiques d’une évolution qui auparavant


s’affirmait lentement :
1- Constitution d’une société mondiale où les puissances, les
forces singulières qu’elles soient politiques, économiques et
culturelles, sont de plus en plus concernées les unes par les
autres, où leurs divers espaces vécus se touchent et
s’interpénètrent mutuellement.
2- Le développement des possibilités de l’homme, d’une puissance
de faire et de détruire qui pose, bien au-delà de ce à quoi on
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était accoutumé, la question du contrôle juridique et éthique de


la puissance.
Ces considérants poussent à l’urgence de savoir comment les
cultures qui se rencontrent peuvent trouver des fondements
éthiques pour guider leur être-ensemble sur la bonne voie et
élaborer une forme de maîtrise et de régulation de la puissance.
Mais un troisième facteur vient mettre en difficulté cette urgence :

3- Dans le processus de rencontre et d’interpénétration des


cultures, les certitudes éthiques qui portaient les hommes
jusqu’à présent sont fortement entamées. Il se pose alors la
question de la nature du Bien et pourquoi il faut le réaliser, y
compris à son propre détriment – cette question fondamentale
se pose et n’a pas reçu de réponse. Si la démocratie est un bien,
pourquoi faut-il la réaliser à son propre détriment ?

A. Force et droit
Quel est le devoir essentiel de la politique ? On dit : la gestion de la
polis et bien d’autres réponses qui ne disent rien du comment de
cette gestion. Mais quand on regarde de plus près, avec l’expérience
du Bénin, le devoir de la politique consiste à placer la force sous le
contrôle du droit, et à régler ainsi son usage sensé. Non pas le droit
du plus fort, mais la force du droit doit prévaloir. IL S’AGIT DONC DE
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LA FORCE DANS L’ORDRE AU SERVICE ET AU SERVICE DU DROIT,


VOILÀ LE CONTREPOINT À LA VIOLENCE,
LA VIOLENCE, nous LA comprenons comme une force sans le droit ET
OPPOSÉE AU DROIT. DONC avec ce présupposé, vous voyez
clairement que Droit et Démocratie se donnent la main, d’autant que
la démocratie, quand elle est bien comprise doit amener à surmonter
le soupçon à l’égard du droit et de ses régulations, car ainsi
seulement sera banni l’arbitraire et sera vécue la liberté, comme
liberté partagée par tous. C’est effectivement dans les sociétés où la
liberté est considérée comme partagée par tous que la pratique de la
démocratie, bon an mal an, est accueillie comme une alternative
meilleure au totalitarisme et à la dictature.
Mais la liberté sans le droit, c’est l’anarchie et donc finalement la
destruction de la liberté.
Il y a souvent dans nos pays, ici tout comme ailleurs, le soupçon
contre le droit, la révolte contre le droit. Mais ces attitudes surgissent
toujours là où le droit lui-même n’apparaît plus comme l’expression
d’une justice au service de tous, ou comme le produit de l’arbitraire.
Ou encore, dans notre pays, de l’ignorance du droit découlent aussi
la violence sous toutes ses formes . Là le droit apparaît comme la
prétention de ceux qui possèdent la force à posséder le droit…

Il faut placer la force sous le contrôle du droit, avons-nous dit. Nous


sommes alors confrontés à la question suivante : comment le droit
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naît-il ? et de quelle nature doit être le droit pour être le véhicule de


la justice et non le privilège de ceux qui possèdent la capacité
d’établir le droit ? se pose alors d’un côté la question du devenir du
droit, mais de l’autre également la question de ses critères internes.
Que le droit doive être non l’instrument de la force de quelques-uns,
mais l’expression de l’intérêt commun à tous, ce problème semble,
du moins pour le premier point, résolu grâce aux outils de formation
de la volonté démocratique, puisque tous y contribuent à la
naissance du droit : pour cette raison c’est le droit de tous et, à ce
titre, il peut et doit être observé. DANS LES FAITS, LA GARANTIE DE LA
CONTRIBUTION COMMUNE À L’ÉLABORATION DU DROIT ET À LA
JUSTE GESTION DE LA FORCE EST LA RAISON ESSENTIELLE QUI PARLE
EN FAVEUR DE LA DÉMOCRATIE COMME LA FORME D’ORDRE
POLITIQUE LA PLUS APPROPRIÉE.

Mais malgré tout, une question demeure : comme l’unanimité règne


difficilement entre les hommes, il ne reste à la formation de la
volonté démocratique, comme instrument indispensable, que la
délégation d’une part, la décision de la majorité de l’autre : selon
l’importance de la question à traiter, des ordres de grandeur divers
peuvent être exigés pour la majorité. Mais des majorités aussi
peuvent être aveugles et injustes. L’histoire ne le montre que trop.
Quand une majorité, si forte soit-elle, opprime une minorité, par
exemple religieuse ou raciale, peut-on encore parler de justice, ou de
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droit en général ? C’est ainsi qu’avec le principe majoritaire, subsiste


toujours la question des fondements éthiques du droit, la question
de savoir s’il n’existe pas quelque chose qui ne pourra jamais devenir
du droit, donc ce qui toujours reste en soi du non-droit ou, à
l’inverse, ce qui de par son essence est indéfectiblement un droit
précédant toute décision de la majorité et un droit qu’elle doit
respecter.

L’époque moderne a formulé un tel contenu d’éléments normatifs


dans les différentes déclarations des droits de l’homme et retiré ainsi
ces éléments au jeu des majorités. On préfère dans les mentalités
actuelles, s’en tenir à l’évidence interne de ces valeurs. Mais une telle
autolimitation du questionnement a elle aussi un caractère
philosophique. Il y a donc des valeurs tenant par elles-mêmes, issues
de l’essence de l’humain et donc inviolables par tous ceux qui
possèdent cette essence. EST-CE QUE CETTE ÉVIDENCE EST
RECONNUE AUJOURD’HUI PAR NOS CULTURES AFRICAINES ET PAR
NOTRE DÉMOCRATIE ?

B. Formes nouvelles de la force et questions neuves sur la


façon de la maîtriser

Quand il y va des rapports entre force et droit et des sources du


droit, il faut aussi examiner le phénomène de la force. JJ Rousseau
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nous l’a appris ironiquement, quand il dit : le plus fort n’est jamais
assez fort pour toujours être le maître s’il ne transforme sa force en
droit et l’obéissance en devoir. Il ne s’agit pas ici de définir l’essence
de la force, mais regarder les défis nés des nouvelles formes qu’a
prises aujourd’hui la force. Aujourd’hui, nous avons moins peur des
grandes guerres que du terrorisme au quotidien, et qui est à notre
porte, capable de frapper efficacement partout. Et nous le voyons
aussi dans la jeune histoire de notre démocratie, nous n’avons pas
besoin d’une grande guerre pour nous rendre la vie invivable. Les
forces anonymes de la terreur qui peuvent sévir partout sont assez
puissantes pour opprimer tous les hommes jusque dans leur vie
quotidienne ; surgit ainsi le spectre d’éléments criminels capables
d’accéder aux grands potentiels de destruction pour livrer nos pays
au chaos sans toucher à l’ordre politique. Ainsi la question du droit et
de l’éthos s’est déplacée du fait même : à quelles sources puise le
terrorisme ? le problème fondamental que l’on n’a pas assez
discerné, c’est que le terrorisme lui-même se donne des légitimations
morales. Il se présente comme la réponse des peuples impuissants et
opprimés à la superbe des puissants, comme la punition méritée de
leurs prétentions, de leur autocélébration et de leur barbarie qui
offense Dieu.
Quand le terrorisme se nourrit du fanatisme religieux, la religion est-
elle une force qui permet d’être heureux et d’être sauvé, ou n’est-ce
pas plutôt une force archaïque et dangereuse qui édifie de faux
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universalismes et fomente ainsi l’intolérance et le terrorisme ? et


alors, dans ce cas, pour une démocratie apaisée, la religion ne doit-
elle pas être placée sous le contrôle de la raison et soigneusement
délimitée ? mais qui peut faire cela ? ou encore faut-il considérer la
limitation progressive de la religion, son dépassement, comme une
avancée nécessaire de l’humanité pour qu’elle emprunte le chemin
de la liberté et de la tolérance universelle – ou non ?
Une autre puissance qui menace la paix et la démocratie et qu’il ne
faut peut-être pas appuyer ici, c’est que l’homme est devenu un
produit pour l’homme. Depuis qu’il est capable de produire des
hommes, ou même de supprimer des hommes pour soi-disant le
besoin de bien-être, le rapport de l’homme à l’homme s’est modifié
de fond en comble. L’homme n’est plus un don de la nature ou du
Dieu créateur, il est son propre produit. S’ensuit la tentation de se
mettre enfin à construire l’homme véritable, la tentation de faire des
expériences sur les hommes, la tentation de regarder les hommes
comme des déchets et de les écarter.

Nous nous demandions si la religion a toujours été une force positive


et morale à proprement parler, maintenant, il faut poser aussi le
doute de pouvoir compter sur la raison qui doit nécessairement
grandir. Parce que la bombe atomique est aussi un produit de la
raison et tous les engins de mort imaginée pour réprimer violemment
les peuples faibles et pauvres sont aussi des produits de la raison.
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Alors, si une telle perversion est aussi dangereuse pour la


démocratie, n’est-ce pas inversement la raison qui devrait
maintenant être placée sous surveillance ? mais par qui et par quoi ?
La question pour notre démocratie est celle-ci : dans une société
mondialisée avec ses mécanismes de puissance et ses forces non
maîtrisées, avec ses visions différentes de ce qu’est la morale et le
droit, comment une évidence éthique efficace pourrait être trouvée,
une évidence qui aurait assez de force de motivation pour s’imposer
et répondre aux exigences évoquées et les aider à se maintenir ?

Pour répondre, il est important de recourir au berceau de la


démocratie. En Grèce, le droit fondé sur les dieux a perdu son
évidence et on a dû s’interroger sur les raisons plus profondes du
droit. Ainsi on en vint à la pensée suivante : FACE AU DROIT ÉTABLI
QUI PEUT DEVENIR UN NON-DROIT, NE DOIT-IL PAS Y AVOIR UN
DROIT ISSU DE LA NATURE, UN DROIT ALIGNÉ SUR L’ÊTRE DE
L’HOMME LUI-MÊME sur le bon sens commun à tous ? ce droit, il faut
le trouver et il constituera par la suite le correctif par rapport au droit
positif. Deux événements lui ont donné existence :

Nous les africains, avons été traités d’immatures pour instaurer un


système démocratique digne du nom. C’est parce qu’on nous a dès
les débuts dénié un système solide et puissant du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes. C’était déjà le cas lors de la rencontre entre le
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monde occidental et l’Amérique. Voilà qu’on rencontre des peuples


qui n’appartiennent pas au monde de la foi et du droit chrétiens,
monde qui était jusque-là la source du droit pour tous et lui donnait
sa figure. Mais voilà des peuples qui n’ont pas cette croyance et n’a
aucune communauté de droit avec eux. Mais sont-ils sans droit ?
Francisco de Vitoria a développé l’idée du jus gentium, du « droit des
peuples » qui était déjà là en germe : dans cette expression, le mot
gentes inclut en lui le sens de « païen » et de « non chrétien ». Ce
qu’il vise, c’est donc le droit qui préexiste à la figure chrétienne du
droit et qui doit réguler un juste vivre-ensemble de tous les peuples.

L’autre rupture dans le monde chrétien a eu lieu au sein de la


communauté chrétienne elle-même. Avec la division des chrétiens,
on a eu recours à un droit commun précédant le dogme, ou du moins
un minimum juridique qu’il s’agit d’élaborer, un minimum dont les
bases doivent reposer non plus sur la foi, mais sur la nature, sur la
raison de l’homme. C’est là que Hugo Grotius, Samuel von Pufendorf
et bien d’autres encore ont élaboré l’idée du droit naturel comme un
droit de la raison qui pose la raison comme l’organe qui promeut la
constitution d’un droit commun – par-delà les frontières de la foi.
C’est pourquoi le droit naturel est resté dans l’Église catholique, la
structure d’argumentation par laquelle elle en appelle à la raison
commune dans ses dialogues avec la société séculière et avec
d’autres communautés religieuses, par laquelle aussi elle cherche les
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fondements d’une entente mutuelle à propos des principes éthiques


du droit dans une société séculière et pluraliste.
On a gardé un concept qui constitue la base du concept nature et qui
est celui d’Ulpian (au début du IIIè siècle). En voici le résumé : jus
naturae est, quod natura omnia animalia docet (Le droit naturel est
ce que la nature enseigne à tous les êtres vivants »). On peut aussi
ajouter la notion du droit naturel, remarquable et qu’on lit au début
du Décret de Gratien : « Le genre humain est gouverné par deux
choses : le droit naturel évidemment, et les coutumes. Le droit
nature est ce qui est contenu dans la loi et l’Évangile, où il est
ordonné à chacun de nous de faire à l’autre ce que nous voudrions
qu’il nous fasse et où il est interdit de faire à l’autre ce que nous ne
voudrions pas qu’il nous fasse.
Les droits de l’homme, comme élément ultime du droit naturel, qui
voulait être au plus profond un droit raisonnable sont
incompréhensibles sans le présupposé que l’homme en tant
qu’homme, de par sa simple appartenance à l’espèce « homme », est
sujet de droits, que son être lui-même porte en soi des valeurs et des
normes – qu’il s’agit de découvrir et non d’inventer. Et il faut
compléter la doctrine des droits de l’homme par les devoirs et les
limites de l’homme. cela relancerait la question de savoir s’il pourrait
exister une raison de la nature et donc un droit raisonnable pour
l’homme et sa présence dans le monde. Pour les chrétiens, ils
auraient affaire à la création et au Créateur. Dans nos cultures, la
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sentence est donnée ipso facto par les vaudous… dans le monde
indien, cela correspondrait à la notion de dharma, à la causalité
interne de l’être ; dans la tradition chinoise, c’est l’idée des ordres
célestes,

L’interculturalité semble une dimension indispensable autour des


questions concernant l’être-homme et la démocratie ; on sait depuis
longtemps que cette discussion ne peut être menée exclusivement au
sein du christianisme ni dans le cadre de la tradition occidentale de la
raison. Le problème qui se pose et constitue l’épine dans nos pieds,
c’est celui des moyens de la mise en œuvre de cette certitude.
L’universalité d’une religion par exemple, qu’elle soit le christianisme
ou l’islam ou nos religions endogènes, cette universalité ne se trouve
pas dans leur capacité à s’imposer de force à tous, mais plutôt dans
leur capacité à embraser le monde par un témoignage de
l’universalité du bon sens.
L’universalité de la démocratie provenant de la tradition occidentale
de la raison ne se trouve pas dans la reproduction formelle et sans
discernement des mêmes principes qui régissent la démocratie à
l’occidental dans tous nos pays. Il nous restera de travailler à élaborer
une démocratie à l’aune de nos traditions et de nos cultures. Même
si la culture séculière d’une rationalité rigoureuse est largement
dominante et même si elle se comprend comme ce qui relie, la
compréhension chrétienne continue de représenter une force
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efficace. Et les pôles sont en l’un en face de l’autre dans des


proximités ou des tensions diverses… Mais il n’existe pas un éthos
mondial qui aurait pour fondement une rationalité particulière et
induirait à imposer à tous les peuples une couleur démocratique
particulière. En d’autres termes, la formule universelle, ou
rationnelle, ou éthique, ou religieuse sur laquelle tous se réunirait et
pourrait subsumer l’ensemble, n’existe pas.

Conclusion
Je me résume : qui dit démocratie dit valeurs humaines. Les valeurs
humaines sont communiquées par la raison, le bon sens induisant
une bonne éducation en famille ou en société, et par la religion. Or, il
peut avoir des pathologies de la raison et de la religion qui mettent
gravement en difficulté la paix et le processus démocratique lui-
même.
1. Les pathologies des religions (toutes confondues) rendent
nécessaire de considérer la lumière divine de la raison comme
une sorte d’organe de contrôle que la religion doit accepter
comme un organe permanent de purification et de régulation –
une vue qui était du reste celle des Pères de l’Église.
2. Les pathologies de la raison existent aussi et l’humanité semble
en être moins consciente. Il existe une violence de la raison qui
n’est pas moins dangereuse, qui est même, en raison de son
efficience potentielle, plus menaçante encore : la bombe
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atomique, ou l’homme considéré comme un moyen, comme un


produit et non comme une fin. Cela modifie substantiellement
la conception de la force qui devant être au service du bon droit
et de la justice, finit par servir le plus fort qui écrase le plus
petit. C’est pourquoi, dans une démocratie, la raison doit aussi
être rappelée à ses limites et apprendre une capacité d’écoute
par rapport aux grandes traditions religieuses de notre pays. Si
elle s’émancipe totalement et écarte cette disponibilité pour
apprendre cette forme de corrélation, elle sera destructrice.
Une corrélation entre raison et foi, raison et religion, appelés à
une purification et une régénération mutuelles.

3. Ce que nous venons de dire comme corrélation réciproque


entre foi et religion, il faut le concrétiser dans cette règle
fondamentale de la démocratie en y intégrant une
interculturalité entre les ères culturelles africaines en dialogue
avec les la corrélation qui peut exister entre foi chrétienne et
rationalité occidentale sécularisée.

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