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COURS DE PHILOSOPHIE

Classe de PA4

« Le Droit existe, mais la Justice elle,


n’est qu’un mythe »
Dm

DANIEL MOUKOURI, ENSEIGNANT DE PHILOSOPHIE


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EMAIL : danielmoukouri83@gmail.com
THEME 3 : LA POLITIQUE

CHAPITRE 6 : DROIT ET JUSTICE

Justification du Chapitre

Ce chapitre te permettra de te familiariser avec les concepts de droit et


justice, dont tu seras appelé à ressortir tant les fondements de l’un que
les formes et l’idéalisme de l’autre, afin d’avoir une certaine retenue et
préméditer lorsque tu voudras dès lors agir.

MARCEL MAUSS
1872 - 1950
« Ce qui définit un groupe d’hommes, ce n’est ni
sa religion, ni ses techniques ni rien d’autre que
son droit »

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


INFOS UTILES POUR LA MAITRISE DU CHAPITRE

Situation Problème :
Ton frère s’est fait agressé par un bandit du quartier, connu de tous. En dehors de l’agression, il s’est fait
volé tout l’argent qui était en sa possession durant ce drame. Pendant qu’il est à l’hôpital, toi tu cherches le
moyen de lui rendre justice. Au lieu donc d’aller porter plainte dans un Commissariat afin de laisser la 2
justice faire son travail, toi tu veux plutôt faire appel au « retour ».
1. Quel est le problème ainsi mis en exergue ?
2. Penses-tu que la revendication par la force soit la meilleure ?
3. Penses-tu que la loi soit toujours juste dans le règlement des conflits ?

Problèmes Philosophiques fondamentaux :


1. Le fondement du droit ou le rapport entre le droit et la force ;
2. La nature de la justice.

Problématiques principales :
1. Est-ce la force qui fonde toujours le Droit ou alors c’est la volonté générale au travers du suffrage
universel ?
2. La justice doit-elle être centrée sur l’égalité ou plutôt sur l’équité ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 1 et 2 : DEFINITION DES CONCEPTS DE DROIT ET DE JUSTICE ET
FONDEMENTS DU DROIT

Justification : A partir de cette leçon, tu pourras déterminer les conditions qui permettent de fonder le
droit d’une société.

INTRODUCTION 3

Comme le dit le fameux adage juridique, là où il y a une société, il y a le droit. Bien de sociétés,
jadis, ont vécu dans une énorme anarchie, ce fut la jungle, tel que conçu au sens africain du terme.
Seulement, lorsque la société et les mœurs ont été reformées, c’est là qu’est né le Droit. Cependant, c’est
quoi réellement le droit ? Sur quoi serait-il donc fondé ? Répondre à cette dernière interrogation, plutôt
cruciale, nous mènera à l’étude du droit naturel et à celui du droit positif (II). Mais encore faut-il donner
une conception propre tant au droit ainsi qu’à la justice(I), avant de se lancer dans cette aventure
dialectique.

I. Approche Définitionnelle du Droit et de la Justice


Le mot droit peut revêtir plusieurs sens selon différents contextes. Il s’agit d’une part, d’un
ensemble de règles gouvernant les relations entre les individus en société (Exple : la loi camerounaise).
D’autre part, il renvoie à un ensemble de prérogatives d’ordre individuel ou même collectif (un sac à main
qui t’appartient ; l’argent appartenant à une association).
A côté de cela, nous avons la Justice qui elle, renvoie tant à une institution judiciaire (Tribunaux ;
Cours), qu’à une notion morale, car comme la morale, le droit s’intéresse au permis et au défendu.
L’objectif serait donc de ressortir leur influence réciproque car on applique le droit (la loi) pour
garantir la justice sociale ; et le rôle de la justice (institution) est de protéger le droit des individus (les
prérogatives, les libertés), et ce, sans discrimination aucune.

II. Les Fondements du Droit


Le droit peut être fondé dans la raison humaine (1) comme dans la raison collective au travers du
fameux contrat social (2). Ainsi on parlera de Droit de Nature pour l’un, et de Droit Positif pour l’autre.

1. Le Fondement Naturel du Droit


Il s’agit en effet, du droit fondé sur la raison humaine même, car déjà reconnu par celle-ci. Ainsi,
chaque individu naitrait avec ce droit. En clair, le droit naturel fait prévaloir les droits subjectifs, tels le
respect de la liberté de l’homme, de même que les avoirs qu’il posséderait. Et si cela est le cas, c’est le droit
subjectif (la loi émanant de la subjectivité de chacun) ici qui sera par conséquent source de légitimité, et
ferait parfois bon accueil à la légitimation, ce qui impliquerait sans doute l’usage de la force dans certaines
situations. Raison pour laquelle Alfred de Musset fera savoir que : « Je n’appartiens à personne ; quand la
pensée veut être libre, le corps veut l’être aussi », ainsi la revendication des droits individuels se fera tel que
le prévoit Jean Paul Sartre en ces termes : « Tous les moyens sont bons, pourvu qu’ils soient efficaces ».
Voltaire enfin, va lui aussi s’inscrire dans cette logique lorsqu’il dira que : « La loi naturelle est l’instinct qui
nous fait sentir la justice ». D’après Baruch Spinoza : « Tout ce que fait un homme suivant les lois de sa

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


nature propre, il le fait en vertu d’un droit de nature souverain, et il a sur la nature autant de droit qu’il a
de puissance », donc en gros, c’est la loi de la jungle.
Si pour le droit naturel, c’est la raison qui en est la source, qu’en sera-t-il donc du droit positif,
comme autre fondement du droit ?

2. Le Fondement Légal du Droit


Pour ce qui est du droit positif, il faut dire qu’il s’agit du droit fondé sur la volonté générale, et ce à
travers le suffrage universel prévu en effet par la loi, étant la réglementation en vigueur. A cet effet, il 4

exprime principalement la volonté collectiviste (ou générale) et non individualiste. De plus, il est à noter
que ce droit est prévu par ce que Jean Jacques appelle le Contrat social ; il s’agit donc là d’un ensemble de
lois dont la légifération a été faite par tous (la société, dans sa globalité). Le contrat social serait un contrat
de chaque citoyen avec tous. Mais ce genre de contrat ne vaut vraiment que dans un État de droit. Ce
contrat crée donc ce qu’on va appeler le droit positif. Il s’agit en fait de l’ensemble des lois effectivement
instituées, dans une société donnée, quel que soit par ailleurs le mode (coutumier ou écrit, démocratique ou
monarchique…) de cette institution. En faisant donc savoir que : « La loi c’est la raison humaine en tant
qu’elle gouverne les peuples de la terre », Montesquieu confirme la vérité émise dans l’article 6 de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 26 Aout 1789 stipulant que : « La loi est l’expression de
la volonté générale. Elle doit être la même pour tous » et non pour chacun, comme le voudrait le droit
naturel.

Conclusion
En définitive, on peut retenir que le droit se fonde selon divers principes. Mais à cela, reste un grand
problème dilemmatique : celui du fondement véritable du droit. Le but du droit, nous le savons déjà, c’est
de rependre la justice partout besoin est. Sinon comment parvenir à un tel idéalisme face à ce dilemme ?
Pour ainsi résoudre cette problématique, il nécessitera de s’intéresser au véritable rapport que le droit
pourrait entretenir avec la force.

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 3 : DROIT ET FORCE

Justification : Cette leçon te permettra de déterminer les rapports que peuvent entretenir le Droit et la
force, et ce, pour la préservation de la justice.

Introduction
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Le droit déjà défini dans la leçon précédente, il ne reste plus qu’à savoir ce qu’est la force. La force
dès lors est contextuellement définie comme étant l’expression de la puissance physique de l’homme à
partir d’une situation. On oppose souvent la force au droit, comme les lois de la nature aux lois des
hommes. On a raison ! Le droit du plus fort n’est pas un droit ; le droit du plus faible, pas une force non
plus. Ce qu’on recherche dès lors, c’est le rapport que le droit entretient avec la force.

I. Le Droit comme l’Expression de la Force


Selon les principes du droit de nature, il est concevable que la force fasse le droit en ce sens que c’est
celui qui possèderait la puissance physique la plus grande qui aurait le droit de dominer sur les autres.
Domination plutôt légitime, lorsqu’on constate avec Jean de la Fontaine que : « La raison du plus fort est
toujours la meilleure ». La pertinence d’une telle déclaration relève du fait que dans les principes d’Etat de
nature, on a fort besoin d’un certain leader, d’un chef, d’un guide assez fort et puissant, avec de l’influence,
qui saura protéger dès lors les plus faibles (cas des régimes monarchiques) lors d’une potentielle situation
dramatique. Et au cas où des tiers refuseraient ce genre de principe politique, ils devront dès lors subir la
colère du gourou, vu qu’avec Max Stirner : « Celui qui a la fore, a le droit » sur tous !
De plus, il y a lieu de reconnaitre que la force doit prévaloir le droit en ce sens que dans certaines
situations, où notre dignité se verrait être bafouée, on est légitimement appelé à la sauvegarder en
employant tous les moyens nécessaires qui soient à notre disposition, même la violence serait dès lors
normalisée pour ce fait, étant donné que nous vivons tous dans une jungle, et tandis que les uns veulent
préserver individuellement leurs droits, d’autres veulent plutôt arracher les droits des autres par la force, tel
qu’exprimé dans la fameuse diction de Baruch Spinoza pour qui : « Les poissons sont déterminés par
nature à nager ; et les gros poissons à manger les plus petits en vertu d’un droit naturel souverain ». C’est
seulement le droit positif qui peut nous séparer.

II. La Force Ne Fait Pas Toujours le Droit


Pour les préconiseurs du droit positif, il n’est pas recommandé que l’argument de la force soit
toujours mis au plan A, étant donné que : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maitre,
s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir », comme le pense Jean Jacques Rousseau. A
partir de ses dires, on peut comprendre que la force est périssable, en ce sens que celui qui la détient ne sera
pas fort éternellement ; s’il s’avère qu’il vienne à être maladif ou souffrant, là son hégémonie aura perdu
tout son sens, étant donné que les personnes qu’il a fait souffrir à travers sa faculté, en apprenant ce qui lui
arrive, voudront se venger de lui. Et au final c’est lui qui serait perdant. Alors à lui d’être sage dans sa
manière de gérer la cité.
Par ailleurs, le droit devrait être accordé à la majorité et non à une minorité, voire une seule
personne (cas des régimes démocratiques), étant donné que l’expression de la volonté générale, au travers
du suffrage universel, traduits par un ensemble de lois contenues dans les codes juridiques (Code civil, Code

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


pénal, Constitution...) pourraient de ce fait garantir les droits de tous et de chacun. Raison de plus, pour
dire avec Jamblique que : « La force elle-même, en tant qu'elle est vraiment force, ne se conserve que par
l’effet de la loi et du droit ».

Synthèse : Pour apporter la paix entre les partisans du droit de nature, et ceux du droit positif, tout-en
montrant la complémentarité qui existe entre le droit et la force, on peut donc conclure avec Blaise Pascal
que : « La justice sans la force est impuissante, et la force sans justice est tyrannique ». Une manière là de
dire qu’il ne suffit pas d’avoir un cadre normatif sans se soucier des mesures de répression à travers les
éléments des forces de l’ordre car une loi qui n’est pas contraignante n’est qu’un ensemble de bonnes 6
intentions.

Conclusion
En résumé, le droit fait la force vu certaines circonstances qui viendraient à contraindre ceux qui en
useraient. Seulement, il n’en demeure pas moins que l’expression de la volonté générale ne vienne à
remettre une telle conception en cause car, la force, tel que précédemment dit, est périssable de nature.
Toutefois, si l’on conçoit que le droit fonde la justice, quelles peuvent être le rapport entre la justice et
l’égalité ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 4 : JUSTICE ET EGALITE

Justifications : A partir de cette leçon, tu pourras établir le lien entre lien qui existe entre la justice te
l’égalité.

Introduction
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La justice est symbolisée par une jeune femme, Thémis est son nom, elle était l’incarnation divine de
la Justice chez les Grecs, elle a des yeux bandés, signe d’impartialité du jugement et tient dans une main la
balance symbolisant la décision équitable, et dans l’autre le glaive, symbolisant l’exécution de la sentence.
Ainsi sont représentés les trois moments de l’acte de juger : délibérer, décider, et accomplir. Mais, dans un
contexte particulier, à quoi fait-on allusion lorsqu’on parle de justice égale ? Notre tâche ici consistera donc
à aborder la question de la justice comme une exigence de l’égalité (I) puis de montrer les limites de ce
principe (II).

I. La Justice Comme Exigence de l’Egalité


Lorsqu’une décision nous paraît injuste, c’est parce qu’elle viole, à nos yeux, l’exigence d’égalité.
Même les enfants ont ce sens de la justice : ils trouvent anormal d’avoir une part de gâteau plus petite que
celle de leur frère. On notera toutefois que l’enfant se plaindra de l’injustice dont il est victime mais pas de
celle dont il est bénéficiaire. Mais pour aller un peu plus de manière approfondie, le principe de la justice
égale, peut-on le dire, a pu être nettement exprimé à travers la fameuse histoire du Roi Salomon, dans la
Bible. La justice égale y est donc mise à nue en ce sens où on coupera le nouveau-né en deux parties égales.
La justice ici est impartiale et ne se laisse pas émouvoir : on tuera le nouveau-né. Les trois symboles
classiques de la justice : le glaive, le bandeau sur les yeux et la balance sont ici présents. Mais ce jugement
n’est prononcé que pour faire éclater la vérité. Un autre jugement intervient alors, un jugement qui
contredit le premier, et qui privilégie la vie contre la mort. Ce que nous dit, au fond, cette histoire de la
Bible, c’est que la justice veut la vie et non la mort, la paix et non la guerre.
C’est pourquoi Alain dira que : « La justice, c'est l’égalité ». On peut aussi voir ce principe exprimé
dans l’un des articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui stipule que : « Tous
les hommes sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi ». Mais ce
principe, est-il sans exception ?

II. Exception au Principe d’Egalité


Les limites afférentes au principe d’égalité en justice, justifient le fait que de manière exceptionnelle,
on ne devrait pas toujours faire preuve d’égalité. Il nous paraît juste qu’un citoyen n’ait pas droit à plus d’un
bulletin de vote, lors d’une élection. Que dirions-nous si les riches et les puissants avaient le droit de voter
plusieurs fois ? Le droit électoral, en démocratie, consacre l’égalité absolue entre les citoyens : un homme,
une voix, là c’est clair !
En revanche, il nous paraîtrait injuste qu’un homme qui a travaillé deux fois plus qu’un autre reçoive
la même paie que lui, ou qu’un voleur de poules soit sanctionné autant qu’un assassin. Dans le domaine du
travail et du châtiment pénal, l’égalité est proportionnelle, c’est-à-dire relative : tel travail, tel revenu ; tel
délit ou tel crime, tel châtiment, attendu que : « Tous les êtres sont égaux mais il y en a quelques-uns qui
sont plus égaux que d’autres » comme le pense George Orwell.

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Conclusion
En un mot, sous un angle critique, on peut comprendre que ce que la justice de l’égalité reproche à la
justice de l’équité, c’est son égocentrisme ; et ce que la justice de l’équité reproche à la justice de l’égalité,
c’est son manque de réalisme. Mais quelles peuvent en être toutes les formes ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 5 : DES FORMES DE JUSTICE A L’IDEE ABSOLUE DE JUSTICE
IDEALE

Justifications : cette leçon te permettra de différencier les typologies de justice, mais et surtout, de savoir
à quel moment user de chacune d’elle.

Introduction
Dans son livre intitulé Le Gai Savoir, publié en 1883, Nietzsche écrit que : « Le châtiment a pour
but de rendre meilleur celui qu’il châtie », ce qui laisse entendre le but propre de la justice, celui de rétablir
l’ordre dans la cité. Cependant, quel est le propre de chaque justice, étant donné qu’il y en a plus d’une ?

I. Les Formes de Justice


Des formes de justice, il en existe principalement trois : la justice commutative (1), la justice
distributive (2) et la justice corrective (3).

1. La Justice Commutative
Il s’agit de la forme de justice dont le slogan est : « A chacun une part égale ». Tel que constaté, elle
repose sur le principe de l’égalité dans les affaires, publiques ou privées. Ici : « Le juste est ce qui est
conforme à la loi et ce qui respecte l'égalité, et l’injuste ce qui est contraire à la loi et ce qui manque à
l'égalité » comme le dit Aristote dans son livre Ethique à Nicomaque.

2. La Justice Distributive
Il s’agit de la forme de justice reprise dans le slogan : « A chacun selon son mérite ». On peut donc
entendre cela dans le sens où cette typologie de justice exige que le principe de l’équité soit pris en compte
dans toute affaire, que celui qui mérite plus, soit plus avantagé que celui qui mérite moins. C’est nettement
ce que Condillac nous fait savoir en ces mots : « La justice et l’équité diffèrent en ce que celle-là juge
suivant la lettre de la loi, et que celle-ci juge suivant l’esprit dans lequel la loi est censée avoir été faite ».

3. La Justice Corrective
Encore qualifiée de répressive, il s’agit de la forme de justice dont le slogan a été repris dans la
fameuse loi du talion selon laquelle : « Œil pour œil, dent pour dent ». Ce qui est traduit par le fait que la
réparation d’un dommage doit se faire par un autre dommage de la même ampleur, bien entendu que :
« L’homme est libre, responsable et sans excuse », comme le disait Jean Paul Sartre.

II. La Justice comme Idéal


En énonçant les valeurs éternelles que sont : le vrai, le bien, le juste et le beau, Platon entend par là
que ces valeurs dites éternelles sont porteuses d’idéalisme que tous les hommes devraient embrasser. Et

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parmi ces valeurs, on constate bien que le juste y figure. Dans La République, Platon décrit une cité idéale
en ce sens que le pouvoir revient aux philosophes-rois, la défense de la cité revient à l’ordre des guerriers, et
la production revient à la classe inférieure, celle des paysans, artisans et commerçants. Dans un tel
contexte, la justice consiste dans le respect de cet ordre hiérarchique très fortement inégalitaire.
Inversement, l’injustice consiste à contester ou à transgresser cet ordre. Ainsi un esclave qui s’enfuit
commet-il une double injustice : il vole son maître (puisqu’il est son bien) et il bouleverse l’ordre général de
la société. Cet ordre hiérarchique est censé provenir des dieux (ou de Dieu, dans les sociétés monothéistes)
ou de la nature et est dès lors conçu comme éternel.
D’un autre côté, dans cet idéalisme, on attend celui qui respecte la justice, c’est-à dire la légalité et
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l’égalité, le droit (la loi) et les droits (des individus). On attend aussi celui qui se battrait pour elle, donc
aussi pour que ces deux justices (égalité et équité) aillent ensemble : pour que la loi soit la même pour tous
(pour que la légalité respecte l’égalité), et pour qu’elle soit appliquée équitablement. Enfin, pour que le droit
(de la Cité) protège les droits (des individus).

Conclusion
Pour conclure, nous retenons ici que c’est la force de l’argument, en justice, qui compte, et non
l’argument de la force, dans la prise en compte de la revendication d’un droit quelconque ; étant donné que
nous restons tout de même des êtres raisonnables, et nous ne saurions déroger aux principes qui fondent
notre raison. Il est juste souhaitable que la justice soit aussi juste autant qu’elle le devrait, afin de ne point
sombrer dans la corruption ainsi que dans une anarchie totale. Toutefois, se rendre justice en
revendiquant son droit par la violence, n’est-ce pas là écarter la norme pour normaliser l’écart ?

SUJETS DE REFLEXION

1. Faut-il compter sur la force pour déterminer le droit ?


2. Discutez cette déclaration de Jean de la Fontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ».
3. Le droit se fonde-t-il sur la force ou sur la volonté générale ?
4. Tous les hommes doivent-ils être égaux ?
5. Etes-vous d’avis avec Alain lorsqu’il affirme : « La justice, c’est l’égalité » ?
6. Le droit de nature rime-t-il avec la morale ?
7. Agir selon le droit, est-ce agir selon la justice ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.

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