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Ministère de Ministry of Higher
l’Enseignement Supérieur Education
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Université de Douala The University of Douala
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Faculté des Lettres et Faculty of Letters and
Sciences Humaines Social Sciences
EXPOSE D’INITIATION
À L’ESTHÉTIQUE
THEME 07
L’ART POÉTIQUE CHEZ ARISTOTE
Enseignants
Dr. NDJO MOUKOKO
Dr. AKOA Yves
Membres
ARMAINGUE Jean Claude (Chef de groupe) – Matricule : 22L80154.
MOUKOURI Daniel David Ledoux – Matricule : 22L80187
AOUDI SEMDI Victor – Matricule : 20L45938
AUGUSTIN TCHEBELKRÉO – Matricule : 19L27543.
KARLOS BEY (ABSENT)
MINLAONA Alexandre (ABSENT)
ABONDO Thomas Cyril (ABSENT)
Niveau Académique
Licence 1 - PHILOSOPHIE
Année Académique
2022 – 2023
Plan Détaillé
INTRODUCTION
CONCLUSION
INTRODUCTION
Du latin ars, qui traduit le grec tekhnê, l’art désigne, à première vue, le savoir-faire. Ainsi,
au sens large, « les arts » désignent toute forme d’activité manifestant ou impliquant une maîtrise
technique. En Grèce antique, l’art trouve sa source dans les civilisations du monde égéen,
longtemps connues à travers les seules épopées d’Homère, environ 750 av. J. - C. C’est donc en
plongeant davantage dans cette époque que nous rencontrons Aristote, philosophe grec, ayant
vécu entre -384 av. J.-C. et -322 av. J.-C. Étant ainsi le principal sujet de cet exposé, nous
cherchons à définir sa conception, à lui, de l’art en général, et de la poésie en particulier. Or, après
quelques investigations, il s’est avéré que l’auteur, parce que s’appuyant sur une démarche
empirique, a voulu fonder l’art – pris ici simplement – sur l’imitation de la nature. Ainsi, en
voulant s’interroger sur la nature de l’art poétique, au sens aristotélicien du terme, on tend à se
demander ce qui en fait la particularité. Mais, lorsqu’on regarde de plus près, ne semble-t-on pas
faire fi du fait que sa conception tend à se différencier de celle de son maître Platon ? Et même,
cette définition de l’art poétique d’Aristote, n’est-elle pas restée d’actualité car ayant transcendée
les époques ? Nous voulons donc, dans cet essai, développer avec concision ainsi qu’avec précision,
tous les éléments qui font la particularité de la poésie selon Aristote, telles son origine, ses espèces
et sa finalité, puis de présenter quelques critiques par rapport à sa conception du thème, tout en
insistant sur la conception platonicienne, et, enfin, ressortir tous les intérêts qui se dégagent de la
pensée d’Aristote.
I. CONCEPTION ARISTOTÉLICIENNE DE LA POÉSIE
La Poétique est l’œuvre par excellence dans laquelle Aristote décrit avec bien de
perspicacité, ce qui, pour lui, définit l’art de la poésie. Afin d’en étudier la quintessence, nous
présenterons donc, et ce de façon successive : la définition et l’origine (1), les espèces ainsi que la
finalité de l’art poétique (2).
a. Définition de la poésie
Le terme poésie vient du grec «poiêsis», du verbe «poiein» signifiant «faire», «créer». A
l’origine, la poésie est un texte chanté accompagné de musique (la lyre) propre à exprimer des
sentiments, notamment l’amour, la joie, la tristesse ou les émotions fortes. C’est un genre littéraire
très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et
qui privilégient l’expressivité de la forme, les mots disant plus qu’eux-mêmes par leur choix (sens
et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style).
Sa définition, bien que présentée, s’est toujours révélée difficile et varie ainsi selon les
époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à
quoi s’ajoute l’approche propre à la personnalité de chaque poète. Mais, nous voulons, parce que
cet essai nous contraint, s’arrêter sur la conception antique de cet art, et bien plus, étudier de plus
près, la conception aristotélicienne y relative.
Mais, où est-ce-que la poésie est-elle née ? A cette question, nous dirons qu’elle a vu le jour
au sein de l'Antiquité. La poésie est d’abord orale, elle chante les aventures des dieux et des héros
et repose sur un système de rappels sonores pour faciliter la mémorisation. Cette tradition se
perpétue dans l'illiade et l’Odyssée d’Homère. Une poésie plus lyrique est apparue, composée
d’odes religieuses ou satiriques. La poésie antique offre une grande diversité de formes et de
tonalités. Or, la question qui nous taraude, est celle de savoir comment est-ce-que cela se fait-il ?
Nous voulons dire, sur quoi se base la poésie pour exister ? Quelle est son origine ?
b. Origine de la poésie
D’où vient la poésie ? D’où vient que les hommes aiment écrire ou entendre des poèmes ?
Cela vient, pour Aristote, de deux causes principales : l’imitation et le hasard.
Tout d’abord l’imitation car elle se veut essentiellement naturelle aux hommes, et leur
habileté en ce domaine, faut-il le dire, surpasse celle des animaux. C’est de ce processus que leur
viennent leurs premières connaissances. Et l’imitation est non seulement source de connaissance,
mais aussi de plaisir. Il prendra donc le soin de dire que : « Le fait d’imiter est inhérent à la nature
humaine dès l’enfance ; et ce qui fait différer l’homme d’avec les autres animaux, c’est qu’il en est
le plus enclin à l’imitation : les premières connaissances qu’il acquiert, il les doit à l’imitation, et
tout le monde goûte les imitations »1. Vu ces propos, nous remarquons que ce besoin d'imiter
provient de la nature. En somme, l'imitation ne se limiterait pas au domaine de l'art mais
est un processus plus général qui se rattache à tout les domaines de la connaissance.
1
Aristote, Poétique, trad. Ch. Emile Ruelle, Bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Geneviève, 1922, p. 08.
Par la suite, nous avons le hasard, qui est cet autre élément de l’origine de la poésie. En
effet, dans cette œuvre, il fait savoir que : « le fait d'imiter, ainsi que l'harmonie et le rythme, sont
dans notre nature […], dès le principe, les hommes qui avaient le plus d'aptitude naturelle pour
ces choses ont, par une lente progression, donné naissance à la poésie, en commençant par des
improvisations »2. En d’autres termes, nous devons comprendre par là que l’art – la poésie en
occurrence – est essentiellement contingent ; il est donc à noter que cela renvoie à tout ce qui peut
tout aussi bien se produire que ne pas se produire. L’art, en tant que réalité contingente, est le fruit
du hasard et résulte de la rencontre entre des causes indépendantes. L'art est contingent puisque
son principe réside dans l'homme et son imprévisibilité naturelle.
Cependant, quelles peuvent être les espèces ainsi que la finalité de l’art poétique chez
Aristote ?
7
Ibid.
8
Ibid., p. 26.
9
Ibid, p. 08.
Pour Aristote, par ailleurs, la finalité de l’imitation en art, c’est le fait de chercher à
reproduire la réalité qui s’offre à notre perception, au sein de la nature. L’artiste, avec la plus
grande exactitude, doit donc chercher à reproduire ce qu’il voit naturellement. Pour l’auteur,
la caractéristique de l’art n’est pas l’invention ni la création mais la reproduction. L’artiste
doit prendre comme sujet pour ces œuvres des êtres, quelle que soit leur nature, c’est à dire
aussi bien des êtres beaux que des êtres laids. Pour Aristote, la valeur d’une œuvre dépend
non du sujet représenté, mais de l’exactitude avec laquelle l’artiste a représenté ce sujet.
Néanmoins, dans l’imitation, il faut distinguer l’original ( ce qu’on cherche à reproduire) de
la copie. Enfin, plus la reproduction de l’objet est fidèle plus le plaisir qu’on prend à la
contempler est fort. Ainsi, l’art ne nous éloigne pas de la réalité : bien au contraire. Il
permet de nous la faire contempler sous un nouvel aspect et nous offre un nouveau chemin
vers la connaissance. Mais, il semble que sa conception de l’art diffère de celle de son maître,
Platon ; de là, perçoit-on les limites de sa pensée.
10
Platon, La République, Livre X, 600e – 6001a.
dieux11 ». C’est un sacrilège que de représenter et de théâtraliser la vie des personnages honorables
de la Cité. Il manque à l’artiste le sens élevé de la dignité, lui qui apprend aux jeunes à mépriser les
dieux et les héros en leur attribuant des qualités humaines déshonorantes et désobligeantes.
Malgré ces critiques, il nous semble judicieux de reconnaître la pertinence de la pensée de
l’auteur, relativement à sa conception de l’art poétique.
11
Ibid., Livre III, 389a.
CONCLUSION
En fin de compte, notre tâche consistait à définir la conception de l’art poétique chez le
philosophe grec, Aristote. Dans cet approche, nous nous sommes attelés à montrer comment
l’imitation serait d’abord la source de l’art, avant de présenter les espèces de poésie qu’il définit
dans sa Poétique. Le souci étant donc de donner une finalité fondamentale à la poésie, celle étant
la peinture des vices (la comédie) comme des vertus (l’épopée), et même, de donner un côté
éthique à ce type d’art (la tragédie) afin que l’art ne soit point dépourvu de fonction utilitaire.
Cependant, il nous a semblé nécessaire de remettre en question sa conception, car il s’est avéré que
l’art, chez lui Aristote, met en avant l’imitation. Or, son maître Platon, estimait que l’imitation en
art nous éloignait de la Vérité. D’un autre côté, la conception aristotélicienne de l’art tendait à
présenter des réalités immorales, ce que son maître répugnait de surcroît. Toutefois, nous voulons
retenir, en dépit de ces critiques, que la conception de l’art poétique chez Aristote, nous permet de
percevoir des intérêts tels sur le plan historico-littéraire, que sur le plan socio-culturel.
BIBLIOGRAPHIE
1 – Aristote, Poétique, trad. Ch. Emile Ruelle, Bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Geneviève,
1922.
2 – Platon, La République, 389 et 369 av. J.-C.
3 – André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, Ed. PUF, 4ème édition.