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Université Catholique d’Afrique Centrale

Institut Catholique de Yaoundé


Faculté de philosophie

EXPOSE DE PHILOSOPHIE DE L’ETRE

THEME :

LA NOTION DE MATIERE ET FORME CHEZ


ARISTOTE

Rédigé par: Enseignant:


- NGONO ATANGANA ROSE Dr. NGONO ATANGANA
- OYE ABESSOLO NICAISE G. Geneviève
- NGOL JACQUES

Année académique: 2019-2020


SOMMAIRE
SOMMAIRE....................................................................................................................................1

1
INTRODUCTION...........................................................................................................................1
I- PRESENTATION D’ARISTOTE........................................................................................3
A- Paratexte auctorial.........................................................................................................3
B- Paratexte éditorial..........................................................................................................4
II- L’ECONOMIE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME...........................................6
A- Approche définitionnelle et rapport entre matière et forme..........................................6
B- Intérêt philosophique de la théorie de l’hylémorphisme...............................................9
C- Prolongement de la théorie par saint Thomas d’Aquin...............................................11
III – CRITIQUE CARTESIENNE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME................14
A- Rejet des formes substantielles et avènement de la physique mécanique...................14
B- Le dualisme métaphysique contre l’hylémorphisme ontologique...............................17
IV- VERS UNE DIALECTIQUE ENTRE APPROCHE ARISTOTELICIENNE ET
APPROCHE CARTESIENNE EN MATIERE DE SOUS-DEVELOPPEMENT DES ETATS
AFRICAINS...............................................................................................................................20
A- Assimilation de la théorie Cartésienne au critère quantitatif du développement........20
B- Rapprochement entre hylémorphisme et critère qualitatif du développement............21
CONCLUSION..............................................................................................................................22
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................23
TABLE DE MATIERES...............................................................................................................24

2
INTRODUCTION

La Philosophie en tant que discipline, a pour objectif la recherche de la vérité. Autrement


dit, la quête de la vérité est la motivation principale qui anime tous les philosophes. Cette quête
s’articule toujours autour des préoccupations qui s’inscrivent dans un domaine précis à une
époque donnée. Durant l’époque antique plus précisément chez les présocratiques, c’est l’unité
cosmique qui animait les chercheurs. Ces derniers vont chercher l’unité cosmique dans les
choses matérielles comme l’eau, l’air et le feu. Avec les sophistes les préoccupations d’ordre
matérielles vont céder le pas aux questions ontologiques : La physique cesse d’être au cœur des
débats, seules les questions sur l’homme, son langage et sa connaissance ont un intérêt. C’est le
début de la face humaniste de la philosophie qui ne connaitra son véritable essor qu’avec Socrate
et Platon. Pour ces derniers, la grande question se trouve dans les choses immatérielles. Aristote,
disciple de Platon va s’inscrire dans cette même lancée. Mais il va se démarquer de ces
prédécesseurs en exhumant certaines problématiques datant des présocratiques. Aristote va ainsi
réhabiliter la physique en instituant une science du Devenir dans laquelle les notions de forme et
matière vont jouer un rôle capital. Désormais ces deux concepts ne sont pas appréhendés
séparément, ils deviennent même indissociables à travers la théorie de l’hylémorphisme. Ainsi
donc, parler de la forme et de la matière chez Aristote revient à analyser sa théorie de
l’hylémorphisme. Il est donc question de savoir : en quoi consiste la théorie de
l’hylémorphisme ? Comment cette théorie a été réceptionnée dans le monde de la pensée ? En
effet si cette théorie a été largement développée par Aristote dans physique et Métaphysique, il
n’en demeure pas moins que cette dernière a connu de vives critiques dont la plus virulente a été
celle de Descartes, qui opposa à l’hylémorphisme, un dualisme métaphysique. Cependant au-delà
cette opposition, nous démontrerons que ces deux théories peuvent dans une certaine mesure se
concilier en matière de développement ou de sous-développement. Au regard de ce qui précède,
il ressort que notre travail s’articulera autour de quatre parties : d’abord il sera question de
présenter Aristote, ensuite c’est l’économie de la théorie de l’hylémorphisme qui suivra ; dans un
troisième mouvement nous présenterons la critique de cette théorie et nous terminerons notre
analyse dans une quatrième partie qui sera à la fois une synthèse et une actualisation des deux
théories.

3
I. PRESENTATION D’ARISTOTE
Plusieurs études menées prouvent une grande difficulté de présenter avec précision la vie
d’Aristote. Car, «  Les documents montant à l’époque d’Aristote lui-même sont très rares, et l’on
ne trouve, dans les œuvres d’Aristote, aucune allusion directe aux circonstances de sa vie »1.
Cependant, nous nous contenterons de certaines informations pour présenter de façon brève la
vie d’Aristote et quelques-unes de ses œuvres.

A- Paratexte auctorial
Aristote est né vers 385 à Stagire2, d’un père médecin à la cour du roi de Macédoine nommé
Nicomaque. A 18 ans, c’est-à-dire en 367, Aristote arrive à Athènes où il entreprendra le début
de ses études à l’Académie de Platon. Il était l’élève le plus assidu et très attaché à la lecture au
point d’hériter de Platon cette appellation le « Liseur »3. Il deviendra très rapidement c’est-à-dire
à la fin de ses études, l’assistant de Platon qui lui confie la charge d’enseigner la rhétorique. Il
faut noter que comme tous les autres élèves de Platon, Aristote a été mené à l’exercice de la
dialectique qu’on appelle « théorie de division ou la dichotomie »4, ces exercices consistent à
assembler des concepts les uns dans les autres en partant des plus généraux pour aboutir aux plus
simples. L’on peut penser que c’est ce qui l’a orienté vers les études des sciences naturelles,
fondée sur l’art classificatoire5.
En 347, Platon meurt et Speusippe, son neveu devient son successeur à la tête de l’Académie.
Ce fut le point de départ de la séparation d’Aristote avec l’Académie. Aristote quittera aussitôt
Athènes pour se rendre à Assos6, en Eolide7 où il passera un temps comme conseiller du « tyran »
Hermias, l’oncle de Pythias qui deviendra plus tard son épouse. A la mort d’Hermias entre 345-
344, Aristote rejoint Mytilène à Lesbos sur invitation du roi Philippe pour devenir le précepteur
du prince Alexandre qui remplacera son père comme roi. Après la mort, du roi Philippe, c’est-à-
dire en 335, Alexandre devient roi. C’est à cette époque qu’Aristote fondera son école appelée le

1
Brice Parrain, Histoire de la philosophie, « Encyclopédie de la pléiade », Paris, Gallimard, 1969, p. 620.
2
Stagire était une ville grecque sur la côte septentrionale de la mer Egée, soumise à la Macédoine.
3
Roger Caratini, Vent de philo, Paris, Lafon, 1997, p. 141.
4
Idem.
5
Idem.
6
Assos est une cité grecque de la Troade qui se situe au Nord de l’Asie mineure.
7
Eolide se situe à la côte Nord-ouest de l’Asie mineure entre la Troade et le fleuve Hermos sur le golf de Smyrne.

4
« Lycée » ou peripatatos8, qui est une école rivale à l’Académie de Platon. Aristote y enseigne
pendant 13 ans environ.
A la mort d’Alexandre, une réaction anti-macédonienne s’est produite et Aristote était accusé
d’avoir immortalisé Hermias à qui il a composé un hymne. Il n’aimait pas, dit-il « donner
l’occasion aux athéniens de de commettre un deuxième crime contre la philosophie »9. C’est
ainsi qu’il quittera Athènes pour se réfugier à Chalcis où il mourra un an après (en 322) à l’âge
de 63 ans. Il faut noter que la vie d’Aristote n’a pas été sans souvenir ; il a laissé plusieurs
œuvres qui ont considérablement contribué à l’évolution de la pensée philosophique. Ses œuvres
continuent d’influencer jusqu’à nos jours.

B- Paratexte éditorial
Il faut signaler que plusieurs évènements de la vie d’Aristote sont à l’origine de l’orientation
de ses activités dans plusieurs domaines de la science. Il a écrit beaucoup d’œuvres dont
certaines sont publiées de son vivant et certaines ne sont pas destinées à la publication. Ses écrits
sont classes en deux groupes:
- « Les écrits hypomnématiques qui sont en majorité les notes des cours et les points de
repères pour les discussions »10 ;
- « Les écrits syntagmatiques, sont les œuvres composées, soit à la destination du grand
publique (écrits exotériques), soit à la destination des étudiants ou des chercheurs du
Lycée (écrits acroamatiques ou ésotériques) »11.
Il faut aussi signaler que la plupart des écrits de la jeunesse d’Aristote n’ont pas été
retrouvés, à l’exemple des œuvres hypomnématiques n’ont pas eu des traces et l’on a que les
titres : « Eudème (sur l’immortalité de l’âme), protreptique  »12, pour ne citer que ceux-là.
Cependant, les écrits d’Aristote qui restent étaient « les écrits scientifiques qui circulaient à
l’intérieur de l’Académie, à la manière dont circulait de nos jours les cours polycopiés  »13
regroupés en collection par Andronikos. Ce sont:

8
Une sorte de péristyle où l’on reçoit de l’enseignement dans les promenades.
9
On fait ici allusion à la mort de Socrate.
10
Roger Caratini, Op. Cit, p. 142.
11
Idem.
12
Idem.
13
Idem.

5
- Ecrits philosophiques (théorétiques) : l’Organon (écrits logiques qui est reparti en six
traités), la Rhétorique, la Poétique et la Métaphysique (repartie en quatorze livres) ;
- Ouvrage sur la nature : Physique (huit livre), Du ciel, etc.
- Ouvrages biologiques qui sont aussi reparties en plusieurs livres.
Selon l’histoire, ce serait vers 85 av J.C, lors de la guerre contre Mithridate que Sylla aurait
découvert les œuvres d’Aristote que l’on croyait perdues. C’est vers la fin du IIe siècle après J.C
que Diogène Laërce commence à présenter un catalogue précieux des écrits d’Aristote, d’où la
première traduction en latin est celle de Boèce qui est le traducteur de l’Organon et en même
temps professeur de logique au moyen-âge.
Ainsi fut tracé de façon brève la vie d’Aristote et quelques-unes de ses œuvres. Cependant,
Aristote, dans son souci d’instituer la science du devenir et de réinstaurer la physis à la suite des
Présocratiques, élabore la théorie de l’hylémorphisme pour rendre compte du devenir dans la
nature. Alors, qu’est-ce que la théorie de l’hylémorphisme ? La deuxième partie de notre travail
nous permet d’analyser cette théorie d’Aristote.

6
II. L’ECONOMIE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME

Du grec « hylè » qui veut dire matière et « morphe » qui signifie forme, le concept
d’hylémorphisme est la théorie selon laquelle la constitution des êtres relevant du cosmos est
expliquée par deux principes fondamentaux que sont la forme et la matière. La paternité de cette
théorie est attribuée à Aristote qui l’a développée de manière exponentielle.

A- Approche définitionnelle et rapport entre matière et forme


Les concepts de forme et matière ne sont pas né avec le philosophe Aristote. Ces concepts
ont été également développés par les philosophes antérieurs à Aristote notamment chez les
présocratiques. Ainsi pour lever toute équivoque, il est primordial pour nous de présenter les
définitions aristotéliciennes de ces concepts ainsi que les rapports qu’ils entretiennent entre eux.

1- Approche définitionnelle
Si l’étymologie grecque du terme hylémorphisme rend bien compte de la constitution
dualiste des êtres, il n’en demeure pas moins qu’il serait de bon aloi de préciser le sens de chaque
concept.
 La matière
Du latin « materia »14, (bois, matériaux de construction), du grec « hylè » (matériaux de
forêts, jungle, bois…), le mot matière signifie dès le départ l’élément naturel destiné à être
transformé, à être travaillé par l’homme. En physique, la matière désigne tout corps ayant une
réalité tangible, c'est-à-dire une substance matérielle dont les caractéristiques fondamentales sont
l’étendue et la masse (qui occupe de l’espace et limité dans le temps). O. Yakhot soutiendra en
citant V. Lénine en ce sens : « la matière est ce qui nous entoure, tout ce qui existe
objectivement. »15. Cependant, entrant dans la conception aristotélicienne de la matière, nous
signalons qu’il est souvent difficile de trouver une définition singulière de la matière. Car, elle
est toujours assimilée à des concepts qui lui sont proches. Aristote définit la matière de manière
illustrative ; à cet effet, il parle de l’airain comme étant la matière ; par contre, la forme
14
Dictionnaire, le Petit Larousse, Paris, Larousse, 1996
15
O. Yakhot, Qu’est-ce que le matérialisme dialectique, Moscou, Ed du progrès, p.55

7
représente un modèle idéal, ou figure ; et pour Aristote, l’ensemble de la matière et de la forme
est la statue telle que réalisée.
Par ailleurs, la matière peut être assimilée à la substance. Or, Aristote, « Qualifie de
substance, les animaux, les plantes, leurs différentes parties et aussi tous les corps de la nature,
tels que l’eau, la terre et tous les autres éléments de ce genre »16. Autrement dit, pour Aristote, la
matière s’apparente aux substances sensibles. Cependant, la matière ne saurait être appréhendée
sous ce seul aspect. Car, d’une part elle peut également être considérée comme en soi, c'est-à-
dire : « Cette partie des êtres qui, n’étant pas actuellement telle chose individuelle et déterminée,
l’est cependant en puissance »17. D’autre part, la matière peut également être envisagée en
fonction de la forme, elle marque à cet effet, le point de départ d’un objet en vue d’une
transformation, autrement dit, en vue de prendre une forme. La matière peut aussi, être envisagée
comme un composé, c’est-à-dire l’unité de la matière et de la forme. C’est cette composition,
matière et forme qu’Aristote nomme « l’hylémorphisme ». De ce qui précède, il ressort une
certaine corrélation entre la matière et la forme, en ce sens que la matière est dans une certaine
mesure l’expression de la forme. Cependant, la forme doit être distinguée d’une manière claire
de la matière.

 La forme
Du latin « forma »18, La forme est l’ensemble des traits caractéristiques qui permettent à une
réalité concrète ou abstraite d’être connue. C’est une apparence extérieure qui peut
éventuellement servir de modèle ; une manière dont quelque chose se matérialise. Parlant de la
conception aristotélicienne de la forme, il faut aussi dire que, comme la matière, il n’est pas aisé
de trouver une définition claire de la forme. Cependant, dans sa conception, Aristote, désigne par
forme, le principe qui détermine la matière, en d’autres termes, sa quiddité. Elle fait de la matière
une « ousia » l’être en soi, autrement dit, ce qui fait que, ce qui existe soit elle-même et pas autre
chose. C’est l’essence de la chose. Elle a un premier attribut essentiel qui est d’être le principe et
la source d’énergie que nous constatons dans les substances corporelles. La forme, s’unissant à la
matière, c'est-à-dire à la substance à partir de laquelle toute chose est faite, la tire de son être en
puissance c’est-à-dire de son être indéterminé primitif, pour la conduire à son accomplissement

16
Aristote, Métaphysique, Livre Z, 2, 1028b 10, tome II, Paris, Librairie philosophique J. VRIN, 2004, pp. 20, 21.
17
Idem
18
Dictionnaire, OP. Cit.

8
qui est l’être en acte. Elle est en effet le principe qui détermine, qui actualise la matière. La
forme peut aussi être appréhendée comme substance formelle qui permet à l’être d’être identifié
en tant que tel. C’est ce que Aristote illustre en disant : « De même, l’homme n’est pas animal et
le bipède, mais il faut qu’en dehors de cela, il est quelque autre chose. »19, en ce sens que
l’homme ne peut être qu’homme et pas une autre chose. La forme est donc le principe
d’achèvement de l’être en puissance, en acte. Cependant, la forme n’est forme qu’à travers son
union à la matière. Ainsi, dirons-nous que la matière et la forme sont deux termes qui semblent
indissociables.
Pour Aristote, s'il est vrai que l'art imite la nature, on peut dire que c'est à une seule et même
science d'étudier jusqu'à un certain point et tout à la fois la forme et la matière. « Si par exemple,
c'est au médecin d'étudier la santé, et de plus la bile et le flegme dans lesquels la santé consiste ;
si de même l'architecte s'occupe tout ensemble de la forme de la maison et de la matière de la
maison, les murailles et les bois, et ainsi de tout le reste, on en peut conclure que la physique
doit étudier les deux natures à la fois »20. 

Au regard de la citation précédente, la question de l’unité de la matière et la forme constitue


une préoccupation pour Aristote. C’est la raison pour laquelle nous aborderons dès lors les
rapports qui existent entre ces deux concepts.

2- Rapport entre forme et matière


La question de l’union de la matière et de la forme a été une grande préoccupation dans la
philosophie d’Aristote. Il était question de savoir, s’il y a des substances séparées. Cette
problématique de l’unité de la matière et de la forme fut un grand débat aux milieux des
penseurs : « Pour d’autres, ce qui fait l’unité c’est la coexistence avec l’âme  : c’est ainsi que
pour Lycophron21, la science est coexistence de savoir et de l’âme. D’autres, enfin, disent que la
vie est l’association, ou la connexion de l’âme et du corps. »22. Cette affirmation montre
l’évidence d’une unité intrinsèque entre la matière et la forme. L’homme est donc par conséquent
un composé de forme et matière, la matière est le corps et la forme l’âme et s’il existe des entités
simples et pures ces derniers ne sauraient avoir une condition humaine ; il s’agirait des anges ou
19
Aristote, Op. Cit, p.24.
20
Aristote, Physique, dans : http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/phys2.htm, consultation du
04/05/2020.
21
Disciple de Gorgias, cité dans la Métaphysique d’Aristote au livre H, 1045b 10.
22
Aristote, Op. Cit, p 36.

9
des dieux. Ainsi, on ne peut pas parler de matière sans parler de forme, de même qu’on ne peut
pas parler de la forme sans faire allusion à la matière. C’est ce qu’Aristote affirme dans ce sens :
« Ce sont les substances sensibles, et les substances sensibles ont toutes de la matière. Le
substrat23 est une substance ; en un sens c’est la matière … en un autre sens, c’est la forme et
la configuration, c'est-à-dire ce qui, étant un être déterminé, n’est séparable que par une
distinction logique»24. Pour dire ici que, penser la séparation de la matière et de la forme
reviendra à penser une séparation de raison et non une séparation de fait. Car la matière est ce
par quoi toute chose est faite, or la forme est l’affirmation ou la concrétisation de la matière.
Ainsi, il ne peut pas y avoir séparation entre matière et forme, car : « Elles ne sont pas opposées
et ne peuvent pas être séparées, mais peuvent être distinguées par abstraction. Ce n’est donc ni
la forme, ni la matière seule, mais le tout »25. Cependant, la composition des êtres singuliers chez
Aristote ne peut être expliquée que par l’unité indissoluble et intime de la forme et de la matière.
Alors, au-delà de cette unicité entre les deux concepts, quelles perspectives peut-on envisager de
cette association ?

B- Intérêt philosophique de la théorie de l’hylémorphisme


La théorie de l’hylémorphisme selon laquelle la constitution des êtres relevant du cosmos est
expliquée par deux principes corrélatifs : la matière et la forme, élucide deux difficultés
philosophiques. Celle de la métaphysique des éléates (Parménide) selon laquelle le devenir est
impossible et celle de la théorie platonicienne des idées séparées seules à être objet de savoir
certains et immuable.

1- Elucider la question du devenir ayant opposé les présocratiques

Aristote n’a pas été le premier à aborder la question de la matière et de la forme. Elle a
été à l’origine d’une polémique entre les philosophes qui lui sont antérieurs, notamment chez les
Présocratiques. En effet, les Présocratiques avaient pour objet d’étude principale l’origine
« archè » et la nature « physis ». Leur recherche était essentiellement basée sur ce qui pouvait
être à l’origine de toutes choses. Ils ont posé les bases selon lesquelles l’origine des choses serait

23
Le mot substrat désigne ce qui sert de base pour parvenir à une réalisation quelconque.
24
Aristote, Op. Cit, p.22.).
25
F. Kizito Stephen, Initiation à la métaphysique de l’être chez Aristote, Yaoundé, Presses de l’UCAC, 2010, p.93.

10
des substances matérielles c’est-à-dire qui ont les corps. Mais cette hypothèse n’a pas été admise
par tous et oppose ces Anciens selon qu’ils soient d’Ionie ou telle école d’Elée. Mais,

« Parmi les substances, les unes sont admises par tous les philosophes, d’autres, au
contraire, n’ont été reconnues que par certaines écoles. Celles sur lesquelles tous
tombent d’accord, sont les substances naturelles, comme le feu, la terre, l’eau, et les
autres corps simples ; ensuite les plantes et leurs parties, les animaux et leurs
parties d’animaux, enfin l’Univers physique et les parties de l’Univers physique.  »26

Ainsi, pour certains, ce qui existe n’est que matériel ; c’est ainsi que Parménide considère
l’être comme ce qui est réel et prône l’impossibilité du devenir : « l’être est, le non être n’est
pas. »27, cette affirmation montre qu’il ne faut pas assimiler au non être ce qui n’existe pas
matériellement.
Cette position entre en contradiction avec celle d’Héraclite qui, avait mis en exergue la
pensée selon laquelle, tout ce qui existe est en mouvement, prônant la possibilité du devenir avec
sa célèbre maxime : « pantarei » (tout coule), il soutient avec l’exemple du fleuve pour montrer
ce perpétuel mouvement : « on ne se baigne pas deux fois dans un même fleuve »28. Pour lui, tout
change.
Aristote va s’opposer à ces deux positions. Contre la théorie des flux continu d’Héraclite,
il va circonscrire le mouvement entre un état initial et un état final : « Il n’y a qu’une collection
de mouvement dont chacun est limité d’une manière précise par un état initial et un état
finale »29, selon lui le mouvement ne peut être continu mais discontinu. Contre les Eléates
Aristote souligne que leur erreur est de réduire à une seule catégorie la substance. Or la
substance demeure stable mais offre à ses attributs la possibilité de changer. L’être se dit de
plusieurs manières : « Etre et Etre signifient tantôt l’Etre en puissance, tantôt l’Etre en
entéléchie. »30. L’analyse du devenir relève donc selon Aristote d’une triplicité de principe : la
forme, la matière et la privation. En effet dans le devenir, il y’a la chose qui devient qu’on
nomme matière, il y a ce par quoi elle advient à savoir la forme enfin il y a l’opposé de la forme,

26
Aristote, Op. Cit, pp.19, 20.
27
http://sophia.free-h.net/spip.php?breve178, consulté le 12/03/2020 à 17h 54min
28
http://lapausephilo.fr/2017/01/24, consulté le 12/03/2020 à 18h 07min.
29
Aristote, Physique, II, 1,192b, 21.
30
Aristote, Métaphysique, Op cit P.

11
ce à partir de quoi la forme est advenue c’est à dire la privation. Ces termes illustrent
analogiquement par ce que la pierre est à la statue, le bois au lit avant que le sculpteur et le
menuisier aient façonné leur ouvrage. Cependant il faut signaler que selon Aristote il n’y a pas le
devenir de la forme car l’essence ou la forme est en acte.

2. Rejeter la théorie platonicienne des idées séparées

Philosophe idéaliste et dialecticien, Platon est le premier qui a tenté une solution au
problème métaphysique du devenir en opérant à la fois un dépassement d’Héraclite et de
Parménide. Pour lui, le devenir est rendu possible, aussi bien par les Idées qui sont causes du
mouvement des choses sensibles que par l’existence d’un non être relatif qu’il nomme altérité.
En effet chez Platon, c’est l’idée qui réalise tout ce qu’il y’a d’intelligible dans le monde. Celle-
ci existe absolument par soi, et en dehors de toute pensée. Non générée et incorruptible, l’idée
subsiste toujours. Elle est douée d’intelligibilité et n’est connue que par l’intellect. Platon
soutient également que les Idées sont causes des êtres et du devenir des choses. Ainsi, le
mouvement et le changement observés dans le monde sensible qui traduisent son être en devenir,
ont pour principe les Idées immuables et éternelle auxquelles Platon assigne une nature mixte. Or
selon son disciple Aristote, si les Idées sont mixtes, elles perdent leur individualité et s’avèrent
confuses. Cette confusion entraine finalement l’impossibilité à saisir laquelle de celles-ci (d’une
part les Idées qui représentent le paradigme et d’autres part celles qui participent à l’idée) serait
l’essence propre de l’homme, mieux encore cause du devenir. Ainsi, pour Platon, c’est en
participant à l’idée d’une chose que la chose l’est. Les Idées sont donc considérées comme
principe premier à partir duquel toute chose est faite. Cependant, le caractère stable de ces Idées
est l’origine de contradiction entre Platon et son disciple ; car pour Aristote, les Idées ne peuvent
pas rendre compte du devenir, étant donné qu’elles sont stables, puisque c’est le mouvement qui
est la cause du devenir. C’est ainsi qu’Aristote considère ces Idées comme étant incapable
d’expliquer le monde et son mouvement. On peut donc déduire que Platon n’a pas trouvé la
cause des êtres, si l’on s’en tient aux quatre causes d’Aristote.
De ce qui précède, il ressort que la théorie de l’hylémorphisme fait valoir certes que le devenir
est possible mais cette théorie a connu un prolongement avec Saint Thomas d’Aquin.

12
C. Prolongement de la théorie par saint Thomas d’Aquin
Comme il a été mentionné dès l’entame de notre propos sur l’approche définitionnelle, le
concept hylémorphisme a commencé bien avant Aristote, notamment avec les Présocratiques. Ce
terme a été développé par Aristote pour rendre compte de la possibilité du devenir. Mais aussi, il
a eu son prolongement dans la philosophie de Saint Thomas d’Aquin pour présenter la
constitution ontologique de l’être humain. Dans cette perspective d’analyse de la théorie de
l’hylémorphisme, nous découvrirons les points sur lesquels Aristote et Saint Thomas s’accordent
et les points sur lesquels la conception diffère.

1. Point d’attente entre Aristote et Thomas d’Aquin sur l’hylémorphisme


La conception dualiste de tout être marque le point commun d’Aristote et de Saint Thomas
d’Aquin. Car l’on retrouve chez tous ces deux penseurs, la conception selon laquelle toute être a
une constitution hylémorphique, c’est-à-dire tout être est composé de matière et forme. Et
Thomas d’Aquin l’illustre en ce sens : « De même que tout ce qui est en puissance peut être
appelé « matière », de même, tout ce dont on reçoit le fait d’exister comme substance ou
d’exister comme accident peut être appelé « forme » ».31Autrement dit, l’état en puissance de
l’être c’est la matière et l’état en acte d’un être est l’actualisation de cette matière qui est la
forme. C’est dans cette perspective que Thomas d’Aquin présente deux catégories de l’être à
savoir : « L’être essentiel ou substantiel d’une chose (l’homme par exemple) et l’être par
accident (le fait que cet homme soit noir ou blanc, grand ou court de taille…) ».32 Saint Thomas
partage ainsi le point commun avec Aristote dans la réflexion autour du composé : « L’homme
est un composé d’âme et corps, et ces deux composants de sa nature forment une substance, un
être unique, qui est le sujet de la connaissance sensible, comme toutes les autres opérations du
corps humain. »33 Et il poursuit dans sa réflexion pour affirmer que le corps et l’âme sont unis

31
Thomas d’Aquin, Les principes de la réalité naturelle, introduction, traduction et note par Jean Madiran, Paris,
Nouvelle édition latine, 1963, p.33.
32
Idem
33
Joseph Moreau, L’homme et son âme, selon saint Thomas d’Aquin, in Revue Philosophique de Louvan, 1976,
n°21.

13
suivant le rapport de la forme et de la matière. Ainsi, le corps qui est la matière de l’être vivant
en puissance, ne peut exister en acte sans la forme. 34 Ainsi, tout comme chez Aristote où le
principe d’actualisation de la matière est la forme, Thomas d’Aquin présente la même
conception. C’est ce qui fait leur point d’attente dans la conception de l’hylémorphisme.
Tout de même, quelque point de démarcation autour de la conception hylémorphique se présente.
Nous allons dans la partie qui suit de préciser les points sur lesquels Saint Thomas se démarque.

2. Points de démarcation entre Aristote et Thomas d’Aquin sur l’hylémorphisme


Si la matière et la forme n’existe pas indépendamment chez Aristote, il serait évident de
penser que le corps et l’âme seront inséparables dans sa conception. Autrement dit, pour
Aristote, la matière ne peut exister sans la forme, de même que le corps ne peut exister sans
l’âme. Ce sont des entités unitaires qui forme le composé d’un être : « L’anthropologie
d’Aristote élimine le problème de rapport entre le corps et l’âme : matière et forme n’existent
pas comme des êtres indépendants. Ils ne sont pas des êtres, mais des aspects d’un même vivant
composite ».35 Pour Aristote, c’est l’unité des deux entités qui forme le composé, et il ne peut y
avoir le corps sans l’âme : « Elles ne sont pas opposées et ne peuvent pas être séparées, mais
peuvent être distinguées par abstraction. Ce n’est donc ni la forme, ni la matière seule, mais le
tout ».36 Autrement dit, le corps et l’âme forment une unité inséparable. Telle est la conception
aristotélicienne de l’être qui pose l’unité insécable entre le corps et l’âme. Cette conception pose
d’une certaine façon quelque difficulté pouvant mettre en doute l’immortalité de l’âme. C’est ce
qui marquera le point de démarcation entre Aristote et Saint Thomas d’Aquin.
Pendant qu’Aristote commence par les principes de contraire pour prouver la possibilité de
devenir de l’être, Saint Thomas d’Aquin « Commence par distinguer les êtres corporels et les
êtres spirituels ».37 La conception de Saint Thomas du composé matière et forme est
essentiellement anthropologique et il affirme que : « On appelle corps, l’être composé de
matière et de forme ».38 Cela laisse sous-entendre que l’espèce humaine se définit par l’union
naturelle et substantielle de l’âme et du corps. Ainsi, assimile-t-il l’âme à la forme et le corps à la

34
Idem
35
Inédit, Dr. Ngono Richard, Cours d’anthropologie philosophique, philosophie, Licence 1, année académique 2019-
2020.
36
F. Kizito Stephen, Op. Cit.
37
Joseph Rassam, La métaphysique de Saint Thomas, Paris, PUF, 1968, p. 92.
38
Idem.

14
matière. C’est dans cette perspective qu’il procédera à une classification hiérarchique et une
catégorisation des êtres en deux groupes à savoir : les êtres corporels et les êtres spirituels. Ainsi,
l’homme étant un composé de matière et forme, corps et âme, se trouve dans toutes les deux
catégories. Il est en même temps corporel et spirituel : « L’homme réunit en lui les pouvoirs d’un
être corporel et ceux d’un être spirituel ».39 Mais du fait de la corruptibilité de son corps,
l’homme est placé en dernier lieu parmi les être corporel : « Par son corps, l’homme occupe le
dernier rang parmi les êtres corporels »,40 et « par son corps spirituel, il est le plus noble de
tous les êtres vivants corporels. »41 La particularité de saint Thomas, c’est le crédit accordé à
l’âme qui reste une substance incorruptible. Pour lui, l’âme spirituelle est présentée dans un
premier temps comme un esprit (substance spirituelle) d’un ordre inférieur directement créé par
Dieu. Ainsi, cette âme peut exister séparément du corps, car elle incorruptible.42
De tout ce qui précède, nous avons montré dans quelle mesure saint Thomas a assuré le
prolongement de la théorie de l’hylémorphisme d’Aristote en prouvant l’unité insécable entre la
matière et la forme, deux substances qui forme l’être. Ce prolongement s’étend dans la
conception anthropologique du composé humain qui est essentiellement dualiste. Ainsi, l’être
humain étant composé de corps et âme, il est en même temps l’être corporel et spirituel.
Cependant il convient que la théorie de l’hylémorphisme n’a pas fait l’unanimité, elle a connu de
vives critiques donc la plus virulente d’entre elle a été celle de Descartes.

39
Idem.
40
Idem.
41
Idem.
42
Cf. Dr. Ngono Richard, Op. Cit.

15
III. CRITIQUE CARTESIENNE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME

René Descartes peut être considéré comme le principal pourfendeur de la théorie de


l’hylémorphisme. Dans ses œuvres Le monde ou Traité de la lumière 43 et Méditations
métaphysiques, Descartes propose un vaste programme philosophique visant le renouvellement
radical de la connaissance : l’ancien savoir aristotélico-scolastique doit-être dépassé au profit
d’un nouveau système orienté vers la physique mécanique et la métaphysique dualiste.

A- Rejet des formes substantielles et avènement de la physique mécanique


Pour déconstruire la théorie de l’hylémorphisme, la première tâche réalisée par Descartes a
consisté à critiquer et abandonner l’obscure notion de « forme substantielle »44 . Puis ayant rejeté
les formes substantielles, de développer une nouvelle méthode scientifique basée sur les
principes mathématiques de la mécanique.

1- Le rejet des formes substantielles


Deux arguments majeurs permettent de justifier le rejet de la théorie aristotélicienne par
Descartes : le premier est un argument subjectif et le second est objectif.
Pour ce qui est de l’argument subjectif, il s’agit de présenter les aspects inhérents à la vie de
Descartes ayant contribué au développement de son programme philosophique. En effet,
Descartes a étudié au collège jésuite la flèche, qui était selon son propre avis : « l’une des plus
célèbres écoles de l’Europe ». A La Flèche, Descartes a suivi les enseignements de la
philosophie d’Aristote, avec les commentaires de Saint Thomas d’Aquin qui avait réalisé une
synthèse de la doctrine catholique avec la pensée du Stagirite. Parmi les cours que Descartes
avait suivis au collège la flèche, celui avec lequel il s’est toujours fâché a été le cours de
philosophie naturelle. Ainsi, ayant identifié la philosophie d’Aristote comme responsable de ses
frustrations académiques, Descartes juge qu’il faudra la remplacer par une philosophie
entièrement nouvelle. En effet, ce sera pour achever cet objectif que Descartes bâtira tout un
système philosophique qui marquera le début de la pensée moderne. Cette entreprise est précédée
par une remise en cause de l’hylémorphisme : c’est l’argument objectif

43
Dernière œuvre scientifique de Descartes écrite entre 1632 et 1633 mais publié en 1664 après sa mort.
44
Forme inhérente à la substance, qui ne détermine que les dimensions purement qualitatives de la matière.

16
Pour ce qui est de l’argument objectif, Descartes s’attaque à la cosmologie aristotélicienne.
En effet, Descartes a toujours considéré la physique qui lui a été enseigné au collège La Flèche
comme inacceptable. A son avis, une science qui se basait sur un principe tel que celui de la
forme substantielle n’avait aucun pouvoir réel d’expliquer ou de prévoir les phénomènes
naturels. A cet effet, il croyait que dans la pratique scientifique des aristotéliciens médiévaux, la
forme se comportait comme une espèce d’obstacle qui empêchait le savant de mesurer, de
calculer, d’examiner en détail toutes les particularités de son objet d’étude. Pour Descartes par
contre il fallait employer une méthode mathématique qui permettrait d’analyser les phénomènes
d’un point de vue quantitatif. De cette perspective mathématique ou géométrique, au lieu des
formes substantielles et qualitatives réelles ou formes accidentelles, l’univers cartésien sera tout
simplement constitué par la matière physique étendue, dépourvue des pouvoir et des facultés très
chères à la philosophie naturelle scolastique, laquelle il appellera « res-extensia » (la matière). La
philosophie naturelle prend ainsi une nouvelle orientation ; avec comme objet d’étude une
nouvelle conception de la matière et une méthode proche de celle des sciences exactes et basée
sur l’analyse quantitative des données. L’élimination de la forme substantielle par Descartes aura
donc comme conséquence la destruction complète de la science naturelle aristotélicienne et en
même temps conditionnera l’élaboration de la physique Cartésienne qui devra la remplacer.

2- L’avènement de la philosophie mécaniste


Dans son ouvrage intitulé le monde ou traité de la lumière, Descartes a entrepris, pour ainsi
dire de purger la philosophie naturelle des explications qualitatives et obscures employés par les
scolastiques tout en proposant un nouveau paradigme de la physique ayant eu des conséquences
considérables.
Le nouveau paradigme analyse objectivement la physique. Autrement dit Descartes assigne à
cette dernière, comme dans les sciences exactes, un objet d’étude et une méthodologie
spécifique. Ainsi, pour que la philosophie naturelle devienne une vraie science, il faudra qu’elle
se consacre à l’étude de la nature en s’attachant à l’analyse de la matière qui la compose et du
mouvement qui s’établit parmi ses parties élémentaires. L’emploi de cette méthodologie
mécaniste met en évidence l’inutilité des explications des scolastiques basées sur la notion de
forme substantielle. Descartes essaie de le prouver en comparant sa nouvelle méthodologie avec
celle des aristotéliciens dans l’exemple pratique du feu : 

17
« Lorsqu’elle brule du bois, nous pouvons voir à l’œil, qu’elle remue les petites
parties de ce bois, et les sépare l’une de l’autre, transformant ainsi les plus subtiles
en feu, en air ; et en fumée, et laissant les plus grossières pour les cendres. Qu’un
autre donc imagine, s’il veut, en ce bois la forme du feu, la qualité de la chaleur, et
l’action qui brule comme des choses toutes diverses ; pour moi qui crains de me
tromper si j’y suppose de plus que ce que je vois nécessairement y devoir être, je me
contente d’y concevoir le mouvement de ses parties »45.

C’est de cette manière que la physique corpusculaire-mécaniste de Descartes s’opposait à


celle de la forme substantielle que prônait Aristote. Ainsi pour expliquer les phénomènes naturels
Descartes fait recours à la méthode scientifique ne s’appuyant que sur les principes clairs et
évidents, tangibles et mesurables, comme le faisait les géomètres. Il dit à ce sujet
« Je reconnus qu’il n’y a rien qui appartient à la nature des corps, sinon qu’il
est une substance étendue en longueur, largueur et profondeur, capable de plusieurs
figures et de divers mouvements, et que ces figures et ses mouvements n’étaient autre
chose que des modes qui ne peuvent jamais être sans lui »46.

Autrement dit, les phénomènes dans l’univers cartésiens seront expliqués par les propriétés
géométriques des corps, c’est à dire les qualités premières (longueur, largeur, profondeur). En
somme, la nature sera dorénavant conçue comme une machine mécanique à l’exemple d’une
horloge.
Le corollaire le plus immédiat de ces innovations proposées par Descartes à l’égard de l’objet
et de la méthode de la physique repose sur la manière dont les phénomènes naturels seront
dorénavant expliqués, c’est-à-dire d’où leur cause sera issue. Alors que, pour les scolastiques, le
mouvement et les substances avaient comme cause une forme substantielle spécifique, c’est-à-
dire le même principe interne qui constitue leur essence et détermine leur propriété ; dans une
physique mécaniste comme celle de Descartes par contre, le mouvement et le changement des
corps proviennent exclusivement de leurs interactions et des interactions des parties
corpusculaires dont ils sont composés. En d’autres termes dans la physique mécaniste de
Descartes tous les phénomènes sont produits par des causes extérieures aux corps. Il s’en suit que
45
Descartes, Le Monde ou le traité de la lumière, Paris, Edition Michel Bobin et Nicholas Gras, 1664.
46
Ibidem.

18
tous les processus ayant lieu dans la nature pourront être investigué selon un lien de cause à effet,
empiriquement vérifiable et surtout mathématiquement mesurables.
De ce qui précède il ressort de manière explicite la démarche entreprise par Descartes afin
d’établir sa philosophie mécaniste. Cette démarche ne trouvera son plein accomplissement qu’à
travers la métaphysique dualiste de ce dernier.

B- Le dualisme métaphysique contre l’hylémorphisme ontologique


Nonobstant tous les efforts de Descartes pour réfuter la philosophie naturelle scolastique, on
a l’impression que cela n’a pas été suffisant pour asseoir son système philosophique. Il est clair
que pour rejeter la conception aristotélicienne basée sur la doctrine ontologique de
l’hylémorphisme Descartes aurait besoin d’un argument métaphysique. C’est ainsi que va naitre
la thèse du dualisme corps-esprit dont l’herméneutique donne du crédit à cette théorie.

1- La thèse du dualisme corps-esprit de Descartes


C’est dans l’ouvrage intitulé les Méditations métaphysiques que Descartes développe
l’argument métaphysique pour réfuter l’hylémorphisme ontologique. Il s’agit pour l’essentiel de
sa fameuse thèse corps-esprit. En effet, à titre de rappel, Descartes avait fait sienne la maxime
d’Augustin « in interioe habitat veritas » (la vérité habite l’intérieur), ce qui l’a amené à
considérer comme point de départ le « cogito ergo sum ». Et en réfléchissant sur cette vérité, il à
tirer toutes les conclusions qui en découlent. L’une d’entre elle consiste à déduire du cogito la
distinction nécessaire entre deux substances : l’âme et le corps. L’originalité de Descartes
apparait surtout quand il affirme que la substance même de l’âme consiste en la pensée : l’âme
est une « res-cogitans » une chose pensante. Elle représente l’essence de la nature humaine. Pour
ce qui est du corps « res-extensia » ; il est ontologiquement différent de l’âme. Il fonctionne
grâce à des principes qui lui sont propres et qui sont purement matériels. Il n’y a pas de
différence ontologique entre le corps humain et quelque autres organisme vivant, son
fonctionnement est purement mécanique. Par cette distinction entre le corps et l’esprit à
démontrer que, l’âme humaine est non seulement une entité immatérielle mais, qu’elle est aussi
complètement indépendante du corps. Voilà la thèse métaphysique élaborée par Descartes contre
hylémorphisme ontologique. Ainsi contrairement à la thèse Aristotélicienne qui établit
clairement une interdépendance entre matière et forme ; Descartes par contre présente une

19
distinction stricte entre corps et esprit. Selon Forlin47, à travers cette distinction corps et esprit, le
vrai but de Descartes était de montre qu’au contraire de ce que postulait la philosophie naturelle
scolastique, le corps n’était composé que de matière étendue et qu’il peut exister sans qu’aucune
forme ou âme soit attaché à lui. En d’autres termes, Descartes défendait que la matière était une
authentique substance, c’est-à-dire être capable d’exister en soi et par soi-même.

2- L’herméneutique du dualisme cartésien


Comme nous l’avons souligné à la fin du paragraphe précédent, la forme et la matière
peuvent être dissociées ; mais au-delà de cette conception, la thèse soulève une préoccupation
fondamentale, celle de savoir pourquoi Descartes a eu besoin d’un argument métaphysique pour
réfuter l’hylémorphisme ? Cette préoccupation trouve toute sa légitimité lorsqu’on analyse la
stratégie (déroulée tout au long de cette partie) développée par Descartes pour venir à bout de la
philosophie scolastique. La raison semble évidente : nonobstant tous les efforts de Descartes
pour réfuter la philosophie naturelle scolastique avec son alternative mécanique aux formes
substantielles, on a l’impression que cela n’a pas été suffisant pour achever son but. Il est clair
que pour rejeter la physique scolastique il faudrait proposer un modèle scientifique nouveau qui
serait capable de fournir des raisons plus rigoureuses, plus exactes et plus convaincantes aux
phénomènes qu’il était censé expliquer. Descartes croyait qu’il l’avait fait au regard de ses
premières publications à ce sujet, pourtant étant donné que la vielle physique aristotélicienne
était basée sur la doctrine ontologique de l’hylémorphisme, Descartes avait aussi besoin d’un
argument métaphysique pour éliminer complètement les formes substantielles de la philosophie
naturelle. Autrement dit ; il était sans doute nécessaire, mais non entièrement suffisant d’établir
une alternative scientifique pour remplacer la philosophie scolastique, sans quoi on aurait
simplement deux paradigmes coexistant et concourant pour expliquer les mêmes problèmes sans
que l’un n’efface l’autre. C’est pour cette raison que Descartes a avancé l’argument
métaphysique dans ses méditations pour rompre définitivement avec l’ontologie hylémorphique
que soutenaient toutes les formes substantielles.
En somme, s’il est vrai que la philosophie est fille de son temps alors, les préoccupations
autour desquels elle s’articule dépendent de chaque époque. Pendant la période antique, c’est
l’unité cosmique qui animait les chercheurs. Pour eux l’unité cosmique se trouvait dans les
47
Historien Francais et spécialisé en histoire comtemporaine, Maître de conférence à l’Université Pierre Mendès
France Grenoble-II.

20
choses matérielles (eau, air, feu, terre). La théorie de l’hylémorphisme fait partie des théories qui
abondent dans ce sens. Durant l’époque moderne, les préoccupations sont purement d’ordre
scientifique, ce qui dénote chez Descartes un certain penchant vers les sciences exactes.
Désormais il y’a prédominance de la raison sur la simple expérience et la primauté de la théorie
sur les faits ; le modèle mathématique remplace la réalité connue par les sens ; l’accent est mis
sur la praxis, c’est sans doute la raison pour laquelle la théorie cartésienne met un accent
particulier sur la dimension quantitative contrairement à l’approche aristotélicienne qui prône la
dimension qualitative. Or de nos jours ces deux dimensions vont de pair en matière de
développement ou de sous-développement. Car lorsque l’on aborde la question de
développement notamment ceux des pays africains comme le Cameroun, les critères d’évaluation
sont toujours soit quantitatif soit qualitatif.

IV. VERS UNE DIALECTIQUE ENTRE APPROCHE ARISTOTELICIENNE ET


APPROCHE CARTESIENNE EN MATIERE DE SOUS-DEVELOPPEMENT
DES ETATS AFRICAINS

21
La question du développement ou du sous-développement des Etats Africains reste une
préoccupation majeure sur le continent. Quel que soit l’angle sous lequel on l’analyse, le
développement ou le sous-développement s’évalue toujours selon les critères quantitatifs et
qualitatifs.

A- Rapprochement entre hylémorphisme et critère qualitatif du développement


La valeur d’une théorie se mesure au degré d’intelligibilité qu’elle procure. Plus elle explique
des faits différents, plus elle a des chances d’être objectivement fondée. Or la théorie de
l’hylémorphisme a réellement l’avantage de rendre compte, de la manière la plus satisfaisante,
d’un grand nombre de faits. Le développement, et ou le sous-développement dans une certaine
mesure en font partir. En effet, lorsqu’il est question d’analyser les préoccupations liées au
développement et au sous-développement, le critère qualitatif joue un important. Les critères
qualitatifs prennent en compte les indicateurs de développement humains, qui évaluent le niveau
de vie des populations. Si les économistes s’attachent aux données chiffrées, pour les
philosophes c’est le critère qualitatif, qui prend en compte des dimensions inhérente à l’être
humain. Pour le philosophe camerounais Ebenezer Njoh Mouelle par exemple : « Le
développement est un processus complet, total qui déborde par conséquent l’économie pour
recouvrir l’éducationnel ou le culturel »48. En effet, s’il ne peut avoir le développement sans
homme, alors pense Njoh Mouelle l’homme ne devrait pas seulement être un agent du
développement, mais surtout la finalité même du développement. Le développement véritable
doit permettre l’épanouissement plénier de l’homme. C’est pourquoi, la « révolution
copernicienne » proposée par le philosophe camerounais vise à remettre l’homme au centre des
préoccupations du développement et de promouvoir un type d’homme nouveau issu de ce
développement : l’homme excellent, à l’instar du dialecticien platonicien, du héros bergsonien ou
encore du surhomme nietzschéen. Le développement des pays africains est donc inhérent à
l’homme, il est question de développer chez ce dernier des qualités nécessaires à son
épanouissement véritable. A travers la thèse de Njoh Mouelle on voit ainsi ressortir la dimension
qualitative que prône l’hylémorphisme. Et de ce fait un dialogue peut aisément être établit entre
Aristote et l’Afrique d’aujourd’hui, car chez le stagirite comme chez les Africains, il est question
du devenir. Or à titre de rappel, l’analyse du devenir chez Aristote relève d’une triplicité de

48
Ebenezer Njoh Mouelle, De la médiocrité à l’excellence, Yaoundé, Edition Clé 1970.

22
principe que sont : la matière, la forme et la privation. Quels seraient donc les équivalent de ces
concepts dans notre contexte ? Pour le philosophe Camerounais, l’homme est la matière du
développement, c’est l’existant. Il est également la finalité en vue de tout développement. C’est
dire que, toutes initiatives de développement doivent être faites en vue de préserver l’humanité
de l’homme, sa quiddité ou du moins son essence. En ce qui concerne la forme elle pourrait
s’apparenter au développement (épanouissement) auquel tout Africain aspire, et qui est
indissociable de sa condition et la privation quant-à-elle, témoigne de sa condition actuelle qui se
traduit par la misère, non pas une misère subjective mais une misère objective qui « s’appelle
ignorance, superstition, analphabétisme »49. Avec E. Njoh Mouelle une l’actualisation de la
théorie d’hylémorphisme devient possible dans les questions de développement des pays
Africains. Et les questions de développement nécessitent également une prise en considération de
l’approche Cartésienne.

B- Assimilation de la théorie Cartésienne au critère quantitatif du développement

Le développement ne tient pas uniquement compte des critères qualitatifs. Les critères
quantitatifs y jouent également un rôle fondamental. Si l’on fait fi de la dimension métaphysique
de la théorie cartésienne pour ne tenir compte que du critère physique, on peut dire que cette
dernière (la théorie cartésienne) trouve des assises en matière de sous-développement. A titre de
rappel, Descartes pense que tout phénomène devrait être analysé du point de vue quantitatif.
Ainsi donc : « La quantité, c’est la détermination des objets et des phénomènes caractérisés par
le nombre, par la grandeur ; la cadence, le degré, le volume »50 or ce critère quantitatif en
matière de sous-développement correspond aux critères économiques. En effet, pour déterminer
le niveau de développement ou de sous-développement d’un pays, les économistes se focalisent
sur un ensemble d’indicateurs objectifs qui permettent de mesurer le niveau de sous-
développement. Il s’agit du Produit National Brut (PNB) qui est la somme de la valeur ajoutée
intérieur et extérieur attribuable aux résidents. Il comprend non seulement le Produit Intérieur
Brut (production totale de biens et de service des résidents) mais encore le revenu net des
facteurs reçu par les résidents à partir de l’étranger. La somme de ces critères constitue la
croissance économique ; si elle est supérieure à 5 % sur le long terme, le pays peut être considéré
49
Ibidem, p. 30
50
O. Yakot cit op p. 109

23
comme émergent ; dans le cas contraire le pays est pauvre. Quoi qu’il en soit, les économistes
mesurent le niveau de développement économique à travers la croissance économique qui
combine un certain nombre d’indicateurs mesurables et chiffrable et qui sont des critères
quantitatifs. On voit ainsi ressortir une ressemblance entre le critère économique et la théorie
cartésienne mais ce rapprochement peut également s’étendre à l’hylémorphisme (comme nous
l’avons démontré plus haut) qui prend en compte le critère qualitatif.
Il ressort donc que, de l’opposition entre Aristote et Descartes (du fait que leur théorie
respective repose sur des principes spécifiquement distinct) peut-être dépassé en matière de
développement. Car les questions liées au développement exigent des critères absolument
opposés et irréductibles entre eux : ceux qui tiennent à la qualité (théorie de l’hylémorphisme), et
ceux qui tiennent de la quantité (approche cartésienne). Cependant, étant donné que
l’hylémorphisme prône le devenir qui suppose le mouvement, le changement, la transformation
et dont un dépassement, est la théorie qui rend compte le mieux de l’être et envisage toutes
possibles toutes les perspectives qui s’offre à lui.

24
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion autour de la théorie de l’hylémorphisme qui est une constitution
ontologique de l’être élaborée par Aristote, nous avons découvert plusieurs polémiques autour de
cette théorie. En effet, il faut rappeler qu’Aristote a élaboré cette théorie pour rendre compte du
devenir de l’être qui était l’objet d’un grand débat philosophique depuis les Présocratiques.
Aristote prône à l’instar de certains penseurs la possibilité de devenir de l’être dans la
considération de cette théorie selon laquelle toute chose est faite de matière et de forme ; la
matière étant l’objet destiné à devenir et la forme la quiddité de la chose en elle-même. C’est
dans cette même ligne d’idée que Thomas d’Aquin posera la base épistémologique de sa
réflexion sur l’homme dont il distingue le caractère corporel et spirituel. Une petite démarcation
de ce dernier était que, selon Aristote, il n’y a pas de séparation possible entre matière et forme,
sinon séparation de raison, alors que chez Thomas d’Aquin, l’âme étant incorruptible peut se
séparer du corps qui est destiné à la corruption. Mais aussi, faut-il le signaler, la théorie
aristotélicienne de l’hylémorphisme prolongée par Thomas d’Aquin n’a pas été exempte de
critique. La plus grande est celle de Descartes qui considère cette théorie d’ancienne et en
appelle à une nouvelle conception hylémorphique basée sur les principes mathématiques. Ainsi,
Descartes, contrairement aux scolastiques pour qui le mouvement avait pour cause une forme
substantielle spécifique, pense plutôt que le mouvement et le changement des corps provient
exclusivement de leurs interactions. Il montre ainsi que le mouvement de tout être est dû à la
relation cause à effet. Descartes élabore ensuite le dualisme métaphysique à travers lequel il
démontre que la matière assimilée au corps est étendue, et donc elle peut exister sans qu’aucune
forme ou âme ne soit attachée à elle. Descartes prône sa pensée la dimension quantitative sur la
question liée à la matière et forme, contrairement à Aristote dont la conception est
essentiellement qualitative. Nous notons que ces deux dimensions sont tenues en compte lorsque
l’on veut évaluer la question de développement ou de sous-développement. Ainsi, nous
constatons que le développement met l’homme au centre. L’homme est donc la matière du
développement, car étant le moteur et sa finalité (forme), car toute initiative du développement
doit être prise pour le bien de ce dernier. Il est donc dans ce cas ce en vue de quoi le
développement est pensé. Cependant, comment concilier l’hylémorphisme aristotélicien à la
conception africaine qui admet une dimension pluraliste de l’être ?

25
BIBLIOGRAPHIE
Aristote,
2004, Métaphysique, Livre Z, 2, 1028b 10, tome II, Paris, Librairie philosophique J. VRIN.

Joseph Rassam,
1968, La métaphysique de Saint Thomas, Paris, PUF.
Descartes,
1664, Le Monde ou le traité de la lumière, Paris, Edition Michel Bobin et Nicholas Gras.
Thomas d’Aquin,
1963, Les principes de la réalité naturelle, introduction, traduction et note par Jean
Madiran, Paris, Nouvelle édition latine.

Joseph Moreau,
1976, L’homme et son âme, selon saint Thomas d’Aquin, in « Revue Philosophique de
Louvan », n°21.

F. Kizito Stephen,
2010, Initiation à la métaphysique de l’être chez Aristote, Yaoundé, Presses de l’UCAC.

O. Yakhot,
Qu’est-ce que le matérialisme dialectique, Moscou, Ed du progrès.

Brice Parrain,
1969, Histoire de la philosophie, « Encyclopédie de la pléiade », Paris, Gallimard.

Roger Caratini,
1997, Vent de philo, Paris, Lafon.

Dictionnaire,
1996, le Petit Larousse, Paris, Larousse.

http://sophia.free-h.net/spip.php?breve178.

http://lapausephilo.fr/2017/01/24.

26
TABLE DE MATIERES

SOMMAIRE ............................................................................................................................................2
INTRODUCTION.....................................................................................................................................3
I. PRESENTATION D’ARISTOTE................................................................................................4
A- Paratexte auctorial.................................................................................................................4
B- Paratexte éditorial..................................................................................................................5
II. L’ECONOMIE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME...................................................7
A- Approche définitionnelle et rapport entre matière et forme...............................................7
1- Approche définitionnelle...........................................................................................................7
2- Rapport entre forme et matière................................................................................................9
B- Intérêt philosophique de la théorie de l’hylémorphisme ..................................................10
1- Elucider la question du devenir ayant opposé les présocratiques........................................10
2. Rejeter la théorie platonicienne des idées séparées...............................................................12
C. Prolongement de la théorie par saint Thomas d’Aquin........................................................13
1. Point d’attente entre Aristote et Thomas d’Aquin sur l’hylémorphisme............................13
2. Points de démarcation entre Aristote et Thomas d’Aquin sur l’hylémorphisme................14
III. CRITIQUE CARTESIENNE DE LA THEORIE DE L’HYLEMORPHISME......................16
A- Rejet des formes substantielles et avènement de la physique mécanique........................16
1- Le rejet des formes substantielles...........................................................................................16
2- L’avènement de la philosophie mécaniste..............................................................................17
B- Le dualisme métaphysique contre l’hylémorphisme ontologique....................................19
1- La thèse du dualisme corps-esprit de Descartes....................................................................19
2- L’herméneutique du dualisme cartésien................................................................................20
IV. VERS UNE DIALECTIQUE ENTRE APPROCHE ARISTOTELICIENNE ET
APPROCHE CARTESIENNE EN MATIERE DE SOUS-DEVELOPPEMENT DES ETATS
AFRICAINS.............................................................................................................................................22
A- Rapprochement entre hylémorphisme et critère qualitatif du développement ..............23
B- Assimilation de la théorie cartésienne au critère quantitatif du développement............22
CONCLUSION........................................................................................................................................25
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................................26
TABLE DE MATIERES...........................................................................................................................27

27

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