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Le Moyen Âge est généralement situé par les historiens entre le VI e et le XVe siècle.
C’est donc la période qui va de la chute de l’Empire romain d’occident en 476 jusqu’à la prise
de Constantinople par les Ottomans en 1453. Pendant cette période, si l’Occident latin ne
connaît qu’une très faible activité philosophique, la pensée grecque continue de se développer
du côté de Byzance, malgré la fermeture, en 529, des écoles philosophiques d’Athènes 1. Ce
n’est que vers le XIIe siècle que grâce aux travaux des philosophes arabe et juif Averroès et
Maïmonide que les occidentaux qui jusque là étaient lésés, découvriront l’œuvre d’Aristote.
La philosophie médiévale sera fortement marquée par l’élan vers le divin, la quête de Dieu.
Cela peut sembler assez normal puisque c’est également la période où en Occident, l’Eglise
supervise la pensée intellectuelle. Cependant, il ne faudrait pas croire que c’est une
philosophie exclusivement théologique, encore moins uniquement chrétienne. Non ! Il s’agit
en fait d’un moment important de l’histoire de la philosophie où la philosophie païenne de
l’Antiquité vient entrer en contact avec trois religions monothéiste que sont le judaïsme, le
christianisme et l’islam2. Au cours de cette période de l’histoire de la philosophie, il y’aura un
grand débat sur le rapport entre foi et raison. Le problème des universaux ne sera pas non plus
en reste. Par rapport à ces deux problèmes majeurs de la philosophie médiévale, plusieurs
auteurs ont déployé leurs pensées, et parmi eux, Guillaume d’Ockham. C’est sur philosophe,
logicien et théologien anglais, membre de l’ordre des franciscains, que sera basé notre travail.
Il s’agira pour nous de présenter sa biographie, sa pensée et quelques uns de ses adeptes. Nous
ne manquerons pas à coup sûr de porter un jugement sur sa pensée.
I- BIOGRAPHIE
1
ROUX-LANIER C., BESNIER J.-M., JOLLY J.-J., PIMBE D., TROUSSON A. (dir.), Le temps des
philosophes, Paris, Hatier, 1995, p 130.
2
Idem.
13
Guillaume d’Ockham ou Occam (les deux écritures sont correctes. Ockham est le
nom de sa ville d’origine au sud-ouest de Londres et est parfois francisé, ce qui donne Occam.
Toutefois la Bibliothèque Nationale de France préfère la forme Ockham) est né vers 1290
dans le comté de Surrey. Il est encore assez jeune lorsqu’il entre dans l’ordre des franciscains.
Il fera ses études à Oxford, et y devient en 1318-1319 bachelier sententiaire 3. Malgré ses
études, il n’aura jamais la possibilité d’enseigner la théologie en tant que maître : il va donc
rester candidat à la maîtrise pendant près de quatre ans, sans jamais l’obtenir. C’est à cause de
cela qu’on lui donnera le surnom de Venerabilis inceptor (vénérable initiateur)4. En 1324,
Ockham est convoqué à Avignon devant le pape Jean XXII à cause de certaines de ses
productions jugées dangereuses. Il est dès lors appelé à se rendre à Avignon pour se défendre.
S’étant rendu à Avignon, il sera confronté à deux principaux problèmes qui seront
d’une importance décisive pour son existence, et, naturellement, pour sa pensée. Le premier
problème concernait le conflit de pouvoir entre le pape Jean XXII et l’empereur Louis IV de
Bavière. Le second, qui avait proclamé la primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir
spirituel, s’était vu excommunier par le souverain pontife qui lui était plutôt d’avis contraire.
Le second problème opposait encore le pape à l’ordre des franciscains cette fois-ci au sujet de
la pauvreté du Christ5. Guillaume d’Ockham va donc se joindre à la fraction des franciscains
qui, s’opposant au pape, luttaient en faveur de la pauvreté telle que l’avait voulue leur
fondateur. Il sera notamment associé au juriste Bonagrazia et à Michel de Césène (Michele Da
Cesena en italien), le Ministre Général de l’Ordre des Frères Mineurs. Dans ce combat, ils se
feront les alliés de l’empereur Louis IV de Bavière dont le pape Jean XXII contestait la
désignation comme empereur. Ockham trouvera donc refuge auprès de l’empereur à qui il se
serait adressé en ces termes : « O Imperator, defende me gladio et ego defendam te verbo »
(« défends moi par l’épée, et moi je te défendrai par la parole »)6. Ockham sera lui aussi
excommunié, après que Michel de Césène le soit, le 20 avril 1329 7. Après la mort de Michel
en 1342 Guillaume d’Ockham a été désigné pour lui succéder comme ministre général de
l’Ordre des Frères Mineurs. Après avoir tenté de se réconcilier avec la curie romaine
3
Alain De LIBERA, Philosophie médiévale, p. 429.
4
Jeannine QUILLET in Encyclopedia Universalis, corpus 16, p 761.
5
Alain De LIBERA, op. cit., p. 429.
6
fr.wikipedia.org /wiki/Guillaume_d’ Ockham.
7
Idem
13
(probablement sans succès), il mourut entre 1347 et 1349 lors de l’épidémie de peste noire qui
ravage Munich8.
La querelle des universaux constitue l’un des grands domaines sur lesquels se sont
penchés les philosophes du moyen âge. Le problème des universaux apparaît comme étant le
symbole même de la pensée du XIV e siècle10. Les universaux relèvent d’une certaine manière
8
Idem
9
Emile BREHIER, La philosophie du Moyen Age, Paris, Editions Albin Michel, 1937 et 1971, p. 345.
10
Alain De LIBERA, op. cit., p. 435.
13
à la fois de la linguistique, mieux, la philosophie du langage, et de la métaphysique. Les
universaux sont des idées ou notions globales, de concepts généraux applicables à plusieurs
individus appartenant au même genre ou à une même espèce 11. Vu sous un angle
métaphysique, il s’agit de types de propriétés ayant un caractère universel, au sens où ils
peuvent selon Aristote être dit de « plusieurs », c'est-à-dire conçu comme propre à plusieurs
choses singulières différentes. Les universaux sont en ce sens ce qui est commun à plusieurs
choses. Nous avons par exemple l’humanité qui est l’universel en chaque homme particulier.
Ainsi plusieurs penseurs ne juraient que par les universaux et en faisaient même un moyen sûr
de connaissance.
a) LE NOMINALISME
1- La politique
20
Alain De LIBERA, op. cit., p. 432.
21
fr.wikipedia.org /wiki/Guillaume_d’ Ockham.
22
Emile BREHIER, La philosophie du Moyen Age, op. cit., p. 346.
13
2- Foi et raison
3- Nature et grâce
Guillaume d’Ockham s’oppose également à Pélage pour qui la justification était liée
à des actes dont l’homme était naturellement capable. Le philosophe anglais pense plutôt que
l’on ne saurait rendre intelligible l’économie de la grâce ; c’est un don gratuit de Dieu 26, et
cela relève de sa libre volonté27.
4- La métaphysique
23
Ibid., p. 358.
24
Ibid., p.347.
25
Ibid., pp. 359-360.
26
Ibid., p. 361.
27
Ibid., p. 345.
13
Guillaume d’Ockham s’attaque principalement à la métaphysique d’Aristote. Il
conteste notamment le concept de puissance active qui désigne une chose se référant en elle-
même à une chose une autre. Bien qu’il reconnaisse la valeur du principe de causalité, il nie
qu’on puisse connaître en un être quelque chose en lui qui se réfère à un être autre que ce qu’il
est. La connaissance d’un être se termine en lui-même 28. Partant de ce principe, Ockham va
transformer la notion de matière d’Aristote. En effet, pour Guillaume d’Ockham, l’être en
puissance, ou être indéterminé n’existe pas. Ainsi, la matière qui était en puissance chez
Aristote, est en acte chez Ockham29.
5- La théorie de la connaissance
28
Ibid., p. 354.
29
Idem.
30
Alain De LIBERA, op. cit., pp. 432-433.
31
Emile BREHIER, La philosophie du Moyen Age, op. cit., p. 348.
13
Guillaume d’Ockham a eu plusieurs partisans dont des franciscains à l’instar d’Adam
Wodham ; des dominicains comme Robert Holkot ; l’ermite augustinien Grégoire de Rimini ;
le cistercien Jean de Mirecourt ; Nicolas d’Autrecourt et bien d’autres 32. Nous ferons allusions
ici aux deux derniers.
1- Nicolas d’Autrecourt
Il s’est intéressé au scepticisme, mouvement qui avait pour idée centrale la séparation
radicale entre philosophie et théologie. Cette séparation implique aussi celle de Dieu et la
nature33. En effet, pour lui, si philosophie et théologie sont séparées, cela revient à dire que la
nature, telle que nous la concevons n’est donc pas ce qui peut nous aider à nous orienter vers
Dieu de la théologie. D’autre part, toujours par cette séparation, on considère en Dieu une
certaine puissance qui ne permet aucunement à notre raison de saisir quoique ce soit sur
l’essence divine. L’image de la nature, tout comme celle de la théologie sont donc
transformées par ce divorce34.
2- Jean de Mirecourt
La pensée de Guillaume d’Ockham est assez riche et nous la trouvons dotée d’une
très grande portée. Tout d’abord, il met en exergue l’importance de l’individu. En stipulant
que seules sont connaissables les choses singulières, il montre par là que l’individu n’a pas
besoin d’une réalité qui lui est supérieure (l’universel) pour que l’on puisse l’appréhender.
Egalement, la position politique d’Ockham revêt une importance assez actuelle. Il est
justement nécessaire que les hommes d’Eglise apprennent à ne pas toujours vouloir se mêler
des affaires d’Etat. Ceci leur permettrait de mieux se concentrer sur le volet spirituel. Ça leur
éviterait également, pour reprendre les propos du jésuite Ludovic Lado, de « naviguer entre
Dieu et César37 ».
2- Critique
Notre critique est basée sur deux principaux aspects de la pensée ockhamiste.
Ockham fait une distinction un peu trop radicale entre foi et raison. Pour lui la raison n’a rien
à voir avec les vérités de foi. Certes, on ne peut pas rationaliser la foi, l’expliquer parfaitement
par le biais de la raison ; mais la raison peut intervenir dans la foi non plus pour justifier ce en
quoi on croit, mais pour montrer qu’il est raisonnable, et donc pas absurde d’y croire. Dès lors
on a non pas une foi rationnelle, mais une foi raisonnable.
S’agissant de la grâce divine, il est bien vrai qu’elle résulte de la libre volonté de
Dieu, mais nous devons tout de même reconnaître que chacun doit faire des efforts pour
pouvoir en bénéficier, tout homme doit se préparer à l’accueillir.
CONCLUSION
37
Ludovic LADO, Lettre ouverte aux évêques du Cameroun, 10 Novembre 2011
13
Parvenus au terme de notre exposé où il était question de présenter la pensée de
Guillaume d’Occam et ses disciples encore appelés occamistes, nous pouvons noter de prime
abord que le dernier message philosophique du moyen âge est celui du nominaliste de
Guillaume d’Occam qui bouleversa tant de notions et de distinctions traditionnelles. L’un de
ses disciples en occurrence Buridan compara son action à celle d’un rasoir : « le rasoir
d’Occam ». Sa doctrine philosophique, le nominalisme est « … toute autre chose qu’une
solution particulière du problème des universaux : c’est un esprit nouveaux qui se méfie des
réalités métaphysiques que croyait avoir découvertes les péripatéticiens et platoniciens, qui
se tient aussi près que possible de l’expérience et qui, sans rejeter les vérités de la foi, les
considèrent en générales comme hétérogènes et inaccessibles à la raison. »38 On peut trouver
dans l’influence de l’occamisme la source de bons nombres d’erreurs et de tendances
modernes. Cependant chez Occam, ces conséquences restaient voilées par le souci de
conforme à la foi dans ses conclusions ; et au point de vues intellectuels, il avait gardé à son
système la même valeur de synthèse qu’au scotisme, en conservant la thèse fondamentale
d’une volonté libre et de l’univocité de l’être en science ; et il lui avait ajouté l’attrait de la
simplicité. C’est ce qui explique son succès prodigieux au 14 et 15ème siècle où il conquiert la
plupart d’universités, et l’école occamiste s’oppose en rival du thomisme et du scotisme. Par
l’étude de la vie d’Occam, et surtout de la profondeur de sa pensée, nous comprenons
clairement que les critiques, remettant en cause l’authenticité de la philosophie au moyen âge,
ne relève que d’une mauvaise foi.
BIBLIOGRAPHIE
38
BREHIER E., Histoire de la philosophie, paris, PUF, 2004, p.649.
13
Emile BREHIER, La philosophie du Moyen Âge, éditions Albin Michel, 1937 et
1971, 435 p.
Emile BREHIER, Histoire de la philosophie, paris, PUF, 2004, 1790p.
Alain DE LIBERA, Philosophie médiévale, 1ère édition, Paris, Presses de France,
1993, 535p.
Jeannine QUILLET in Encyclopedia Universalis, corpus 16, p 760-764
ROUX-LANIER C., BESNIER J.-M., JOLLY J.-J., PIMBE D., TROUSSON A. (dir.), Le
temps des philosophes, Paris, Hatier, 1995, 640 p.
Denis HUISMAN, Serge LE STRAT, Lexique de philosophie, Paris, Nathan, 2008, 222 p.
fr.wikipedia.org /wiki/Guillaume_d’ Ockham.
I- BIOGRAPHIE
II- LA PENSEE D’OCKHAM
A- LES UNIVERSAUX
1- Le nominalisme
2- Sous l’angle cognitive
B- LES AUTRES POINTS DE SA PENSEE
1- Politique
2- Foi et raison
3- Nature et grâce
4- Métaphysique
5- Théorie de la connaissance
III- LES OCKHAMISTES
1- Nicolas d4autrecourt
2- Jean de Mirecourt
IV- EVALUATION
1- Intérêt
2- Critique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE