Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
❖ Introduction
Extrait : La fable « Le Laboureur et ses enfants » est la gème fable du Livre V du recueil
Fables publié en 1668. Cette fable s'inscrit dans un “cycle économique” dans lequel le
fabuliste propose à ses jeunes lecteurs des leçons à la fois pratiques et morales pour gérer
leur “fortune”. Cette fable, réécriture d'une fable d'Esope du même titre, convoque des
personnages humains et l'univers du conte : la mort du patriarche et ses paroles
énigmatiques conduisent ses enfants à découvrir l'importance du travail.
1
❖ Étude linéaire du texte
Vers 1 : La recommandation du fabuliste est morale et explicite et ouvre la fable. Les deux
verbes à l'impératif présent “Travaillez, prenez” placent l'auteur comme un directeur de
conscience à l'égard du lecteur. Implication du lecteur à travers l'utilisation implicite du
pronom personnel “vous”. Le verbe “Travaillez” est associé au nom commun “peine”. Le
travail est ramené à son étymologie latine “tripalium”, un instrument de torture.
Vers 3 : Présentation du statut social du père : Le nom commun “ laboureur” fait référence à
la tâche agricole mais fait aussi entendre le terme latin “labor” qui désigne tout type de
travail faisant du père une allégorie du travail et de la persévérance. L'adjectif qualificatif
“riche” apposé au substantif “laboureur” suggère une continuité logique entre le travail et la
richesse. L'hexamètre “sentant sa mort prochaine” souligne que le père va mourir
prochainement, il utilise donc les derniers instants de sa vie pour faire part à ses enfants
d'un sujet important.
Vers 4 : Enchaînement rapide des péripéties créant un effet d'accélération et de vivacité par
l'emploi de deux verbes d'action au 1er plan conjugués au passé simple. Le père a souhaité
qu'aucun témoin n'écoute son dernier discours, il dévoile donc un secret considérable qui
pourrait susciter de la jalousie si quiconque venait à l'apprendre.
→ Le discours moraliste du fabuliste est justifié par le personnage du Laboureur. Le fabuliste prête
une longue tirade au Laboureur pour faire l'apologie du travail. Le dynamisme du discours direct du
père est souligné par un rythme marqué par l'emploi de l'alexandrin et l'octosyllabe ainsi que
l'alternance rimes embrassées, rimes plates.
2
Vers 10 à 11 : Emploi de 5 verbes d'action conjugués à l'impératif présent dont 3 en rythme
ternaire “Creusez, fouillez, bêchez” placés en début de vers pour amplifier l'importance du
travail et souligner cette quête du trésor. Ces verbes sont associés au vocabulaire agricole.
Le père enseigne sa méthode, son message est donc didactique. Il tente d’éveiller le sens
du travail chez ses enfants, car le travail n'est pas inné. Il requiert un effort sur soi-même
que communique le père, véritable directeur de conscience.
→ Les propos du père sont solennels. Par son discours, il cherche à enseigner la sagesse et encourage
le sentiment le plus noble : l'amour et le travail.
Vers 13 : Ellipse créant un effet de raccourci : le récit de l'agonie du père est occulté. Sitôt
le père décédé, les enfants partent travailler dans les champs et participent à la succession
et au dynamisme des actions marqué par l'emploi du présent de narration. De plus, l'emploi
du pronom personnel “vous” donne une dimension orale et familière à la fable.
Vers 14-15 : Se place une seconde ellipse, créant également un raccourci en passant sous silence le
travail de la terre pour en arriver directement au résultat. Il y a donc une accélération du rythme. La
recherche apparaît empressée et burlesque. L'énumération des locutions « Deçà, delà, partout »
prend une valeur hyperbolique pour amplifier l'ampleur de la quête afin de se moquer de l'avidité des
fils qui en oublient leur paresse. La conjonction de subordination “si bien que” soulignant la
conséquence prouve que l'enseignement du père est efficace : les enfants se sont enrichis non pas
grâce à l'argent facile de la vente de l'héritage mais grâce à leur labeur, source inépuisable de
richesse.
Vers 16 : Formule brève et directe marquant le choc et le dépit des fils du laboureur qui n'ont
rien trouvé.
Vers 16 à 18 : La sagesse du Laboureur ayant accompli son rôle de père et une justification
didactique du mensonge. Le Laboureur ne lègue pas un bien matériel à ses enfants, mais
un modèle d'instruction que l'auteur transmet à ses lecteurs. Le travail est associé au nom
commun “trésor”, ce dernier est employé ici au sens figuré. La fable s'achève sur une
morale explicite, avec l’emploi du présent de vérité générale. Les vers 1 et 18 se rejoignent :
l'ardeur et le dévouement déployés pour accomplir une tâche ont plus de valeur que le fruit
du travail.
❖ Conclusion
Synthèse : L’auteur nous fait comprendre que la richesse n’est pas forcément matérielle et
qu’elle résulte du travail. C’est le fruit des efforts accomplis qui sera le trésor.
Ouverture :
❖ Vocabulaire
3
Rythme ternaire : se compose de trois compositions similaires créant soit un effet
d’insistance ou d’accélération.
Emphatique : qui exprime ses sentiments et ses idées dans un style très appuyé et exagéré.
Présent de vérité général : exprime un fait qui ne peut pas être contredit, une vérité à toutes
les époques, dans toutes les circonstances.
Locution : groupe de mots formant une unité de sens et ayant la même fonction qu’un mot.
(ex : locution verbale (avoir l’air, prendre garde), adverbiale (en vain, tout de suite), conjonctive (dès que, pour
que), prépositive (auprès de, jusqu’à)).