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LIVRE D’EXERCICES
Classe de SECONDE
3
II. LA COMMUNICATION ET LES FONCTIONS DU LANGAGE
Exercice 1
8mai. – Quelle journée admirable ! J’ai passé toute la matinée étendu sur l’herbe, devant ma maison, sous
l’énorme platane qui la couvre, l’abrite et l’ombrage tout entière. J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que
j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à terre où sont nés et morts
ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux
locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même.
J’aime ma maison où j’ai grandi. De mes fenêtres, je vois le Seine qui coule le long de mon jardin, derrière
la route, presque chez moi, la grande et large Seine qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux qui
passent.
Guy de MAUPASSANT, La Horla, 1887
a. Quels sont les éléments de la situation de communication
b. A quelle fonction du langage rattachez-vous ce texte ?
c. Sur quels éléments devez-vous porter les modifications s’il faut donner la fonction
injonctive à ce texte ?
d. Rédigez le nouveau texte.
Exercice 2
La liste suivante est-elle constituée d’indices ou de signaux ? Justifiez votre réponse.
- La sirène d’une ambulance
- Une toux discrète
- Les douze coups de minuit
- Des yeux rouges et gonflés
- Un drapeau national en berne
Exercice 3
Les énoncés proposés ci-dessous sont écrits selon les règles du niveau standard. Comment diriez-
vous à quelqu’un dans chacun des deux autres principaux niveaux :
- Occupez-vous de ce qui vous regarde
- Cette tâche m’ennuie
- Mon petit frère mérite d’être grondé
- J’habite tout près d’ici
- J’aimerai savoir ce que vous comptez faire
- J’aimerai qu’on me passe le stylo qui est sur la table.
Exercice 4
Recopiez chaque liste de mots ou de groupes de mots dans l’ordre du soutenu au plus familier :
- Pour – Histoire de – Afin de
- Un docteur – Un médecin – Un disciple d’Esculape
- S’amener – Arriver – Survenir
- Parfois – Quelquefois – Des fois
Exercice 5
Trouvez deux phrases dont toutes les marques du pluriel à l’écrit s’entendent à l’oral
Exercice 6
Relevez dans le texte ci-dessous les marques du registre soutenu
D’où vient la puissance de ces lieux ? La doivent-ils au souvenir de quelque grand fait historique, à la beauté
d’un site exceptionnel, à l’émotion des foules qui du fond des âges y vinrent s’émouvoir ? Leur vertu est plus
mystérieuse. Elle précéda leur gloire et saurait y survivre. Que les chênes fatidiques soient coupés, la
fontaine remplie de sable et les sentiers recouverts, ces solitudes ne sont pas déchues de pouvoir. La vapeur
de leur oracle s’exhale, même s’il n’est plus de prophétesse pour la respirer. Et n’en doutons pas, il est de
par le monde infiniment de ces points spirituels qui ne sont encore révélés, pareils à ces âmes voilées dont
nul n’a reconnu la grandeur. Combien de fois, au hasard d’une heureuse et profonde journée, n’avons-nous
pas rencontré la lisière d’un bois, un sommet, une source, une simple prairie, qui nous commandaient de
faire taire nos pensées et d’écouter plus profond que notre cœur ! Silence ! les dieux sont ici !
Maurice Barrès, La Colline inspirée, éd PLON, 1930
Exercice 7
Pour chaque liste de mots qui suit, indiquez quelles connotations s’ajoutent au sens premier
- Etourdi (sens premier) : écervelé – irréfléchi – évaporé – distrait
4
- Etonnant (sens premier) : admirable – insolite – prodigieux – troublant
Exercice 8
Dégagez les aspects caractéristiques de la langue orale dans le texte suivant :
Cidrolin ouvrit les yeux ; on lui parlait doucement à l’oreille. C’était Lalix qui lui annonçait que le déjeuner
était servi.
- Eh bien, ajouta-t-elle, vous avez vachement roupillé. Comme ça, vous avez sauté le p’tit déj, mais je
pouvais pas vous laisser dormir toute la journée, et je vous ai préparé un bon gueleton.
Cidrolin la regardait distraitement.
- J’en ai fait des rêves, murmura-t-il pour lui-même.
- Faut pas les raconter.
- Et pourquoi pas ? demanda Cidrolin intéressé.
- Ça se fait pas.
- Pourquoi donc ?
Elle se contenta de répondre :
- A table, à table.
D’après Raymond QUENEAU, Les Fleurs bleues, édition Gallimard
Exercice 9
Dans le texte suivant :
a) Donnez tous les signifiés du signifiant « café »
b) Quelle est la fonction de langage dominante ?
Le café est la graine du caféier, arbuste tropical, originaire d’Abyssinie, dont le fruit contient des
grains. Torréfié, le café permet d’obtenir, par l’adjonction d’eau bouillante, une boisson noire, amère et
excitante. Les cafés, à l’origine, sont des lieux où l’on sirotait ce breuvage, et ils existent depuis très
longtemps en Turquie, mais on dit que le plus ancien « café » de France est le Procope, situé près de
l’Odéon à Paris, et datant du XVIIIème siècle. Progressivement, on se rendra dans ces endroits pour y prendre
des boissons très variées : alcools, thés, infusions, bières, limonades, jus de fruits et sirops…
Souvent, l’atmosphère y est enfumée, les consommateurs parlent forts, les garçons hurlent les
commandes, s’agitent fébrilement et manient leur plateau avec une dextérité étonnante.
A. Gasquez
Exercice 10
Les phrases peuvent changer de sens en fonction du niveau de langage employé
1. Dites quels sens différents ces phrases prennent en fonction des situations de
communication
2. Transposez le niveau familier au niveau courant
- Des individus ont canardé un poulet
- Michel a fait le poireau alors que son ami a posé des lapins.
- Nous avons donné des salades à cet âne !
Exercice 11
Intégrez chacun mot proposé dans deux phrases où l’on observera deux signifiés différents :
classe – fortune
Exercice 12
En fonction du schéma de la communication, identifiez, pour chacune de ces situations : l’émetteur,
le destinataire, le canal, le code et le référent.
- Affiche publicitaire pour une marque d’automobiles
- Emission de téléréalité
Exercice 13
Retrouvez la fonction de Jakobson dans chacune de ces phrases :
1. Maroc : Vivez-le de l'intérieur.
2. Interflora : Qui sème des fleurs récolte la tendresse.
3. Ed : 25 ans de qualité à prix discount.
4. Avec Mixa, j'oublie que j'ai la peau sensible.
5. Peugeot 308 : Essayez-la, vous comprendrez.
6. Bonjour, en lisant ces quelques lignes vous apprendrez comment…
7. Banque Populaire : banque et populaire à la fois.
5
8. C'est décidé, les kilos de Noël n'attendront pas l'été !
9. L’année 2008, dans un contexte de récession économique, s’est avérée difficile
10. Le Ruban adhésif 3M VHB “Very High Bond” (très haute adhésion) permet ...
11. De la qualité du recueil de l’information dépend la recommandation finale.
12. Nous terminerons cette analyse par ces interrogations...
III. L’IMPLICITE
Exercice 1
Dans le texte suivant, quels sont les présupposés ou les sous-entendus des passages soulignés ?
Tante Alicia a invité à déjeuner sa petite-nièce Gilberte pour lui apprendre à bien se tenir à table. Ce jour-là,
il faut apprendre à manger les ortolans
- Tu as ta migraine, tante Alicia ?
- Je ne sais pas encore, répondit tante Alicia, ça dépendra du déjeuner. Viens vite, les œufs sont prêts.
Quitte ton manteau. Qu’est ce que c’est que cette robe ?
- Une à maman, qu’on m’a refaite. C’est des œufs difficiles, ce matin ?
- Du tout. Œufs brouillés aux croutons. Les ortolans non plus ne sont pas difficiles. Et tu auras de la
crème au chocolat. Moi aussi, j’en aurais.
La voix jeune, les rides clémentes rehaussées de rose, une dentelle sur ses cheveux blancs, tante Alicia
jouait les marquises de théâtre, Gilberte révérait sa tante en bloc. En s’attablant, elle tira sa jupe sous son
séant, joignit les genoux, rapprocha ses coudes de ses flancs en effaçant les omoplates et ressembla à une
jeune fille.
Colette, Gigi, éd Hachette
Exercice 2
a) Dans les phrases suivantes, relevez les connotations et indiquez si elles sont positives ou
négatives
b) Remplacez-les avec des termes sans connotation
1- Par ce mariage tardif, cet homme plutôt âgé espérait assurer sa descendance par la venue d’un
rejeton
2- En travaillant une partie de la nuit, il a réussi à bâcler son travail : il pourra ensuite le remettre à temps
3- Les chroniqueurs sportifs ont qualifié Guy Lafleur de comète blonde
4- Le fils de mon voisin vient de lui annoncer qu’il a l’intention d’abandonner ses études
Exercice 3
Dans les phrases suivantes, quelles sont les connotations des mots soulignées ?
- Actuellement, les malgaches sont contraints d’accepter les aides des pays extérieurs
- Les ingénieurs de cette entreprise ont été remerciés faute d’argent
A. Dégagez le sens implicite de ces phrases, dites s’il s’agit de présupposés ou de sous-
entendus
- Elle continue de croire au Père Noël
- La France est un pays rural
- La musique techno, ça fait du bien quand ça s’arrête
- Il n’y a que sa famille qui consente à lui parler
B. Dans l’extrait suivant :
a) Mettez en relief 4 connotations que le mot « Afrique » évoque pour celui qui parle
b) Dressez le schéma de communication de ce texte poétique
c) Déterminez les fonctions du langage mis en œuvre dans ce texte
Afrique, mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Je ne t’ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
Le travail de l’esclavage
L’esclavage de tes enfants […]
David DIOP, Coups de pilon, 1957
C. Dans les phrases suivantes, expliquez le sens dénoté et le sens imagé :
6
- Pour enseigner efficacement, certains professeurs alternent le bâton et la carotte
- Le monde du cinéma est un panier à crabes
Exercice 2
Liberté
1) Sur mes cahiers d’écolier 3) Sur les images dorées
Sur mon pupitre et les arbres Sur les armes des guerriers
Sur le sable sur la neige Sur la couronne des rois
J’écris ton nom J’écris ton nom
Exercice 3
a) Relevez et analysez les comparaisons en distinguant comparant, comparé et outil de
comparaison. Quel effet produit l’emploi de cette figure de style ?
b) Relevez les personnifications et la gradation. Quel effet produit l’emploi de ces figures de
rhétorique ?
7
J’aime la plus belle des lumières, chaude, jaune, celle qui apparaît quelquefois l’après-midi sur le mur d’une
chambre face au sud. C’est en elle que je voudrais habiter, pendant des jours, des mois, des années. Souple,
tiède, vivante, douce, jaune comme paille, jaune comme la flamme des allumettes, elle entre par la fenêtre
ouverte sans que je sache d’où elle vient, de quels sables, de quels champs de maïs ou de blé mur. Elle
entre, pareille à une chevelure de femme, elle se met à bouger entre les murs de la chambre, d’un
mouvement continu qui emplit de bonheur, d’un seul long mouvement qui se déploie et rebondit sans cesse,
la belle lumière chaude, la lumière d’été.
J.M.G. Le Clézio, L’Inconnu sur la terre, 1978
Exercice 4
Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave ; elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
a) Au vers 3, quelle figure la majuscule met-elle en évidence ?
b) Quelle figure apparaît au vers 4 ? Expliquez comment vous le comprenez
c) En quoi « exila » du vers 3 est-il un euphémisme ? Identifiez dans ce texte un autre
euphémisme
d) Quelle est la fonction du langage dominant dans ce poème ?
Exercice 5
Identifier les figures de style dans chacune des citations suivantes
1. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé (Lamartine)
2. Il fallait bien choisir : ou la vertu au dehors et l’abomination au-dedans, ou la sainteté au-dedans et
l’infamie au dehors (Hugo)
3. La critique est facile. L’art est difficile
4. Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie (Malraux)
5. La culture c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale (Herriot)
6. Buvez la vie, buvez la pomme, buvez jus de pomme
7. Je ne regarderais ni l’or du soir qui tombe, / Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur (Hugo)
8. Ville presque morte, ô cité / qui languis au soleil d’été (Apollinaire)
9. Exilé sur le sol au milieu des huées / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher (Baudelaire)
10. Le roquefort d’abord, le roquefort d’accord !
V. LA LITTERATURE
1. Qu’entend-on par l’élégie, le drame, le vaudeville, le roman de mœurs ?
2. Qu’est-ce que la littérature ?
3. Définissez les différentes formes théâtrales suivantes :
- Les mystères et les miracles
- Le vaudeville
- L’opéra
4. Qu’entend-on par « Littérature » (2lignes)
5. Quelle différence existe-t-il entre prose et poésie ?
6. Qu’est-ce que les mystères et les miracles, l’opéra, la tragédie bourgeoise ?
8
« Un songe passager »
Est-il rien de plus vain qu’un songe mensonger,
Un songe passager vagabond et muable ?
La vie est toutefois au songe comparable,
Au songe vagabond, muable et passager ?
5.
Texte A
« Un chaos de chaos »
Ce premier monde était une forme sans forme,
Une pile confuse, un mélange difforme,
D’abîmes un abîme, un corps mal compassé,
Un chaos de chaos, un tas mal entassé
Où tous les éléments se logeaient pêle-mêle,
Où le liquide avait avec le sec querelle,
Le rond avec l’aigu, le froid avec le chaud,
Le dur avec le mol, le bas avec le haut,
L’amer avec le doux ; bref, durant cette guerre
La terre est au ciel, et le ciel en la terre.
La terre, l’air, le feu se tenaient dans la mer ;
La mer, le feu, la terre étaient logés dans l’air ; […]
Guillaume du Bartas, La Semaine, « Première semaine, premier jour », 1580
Texte B
Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué.
Que le lieu de la scène y soit fixe et marqué.
Un rimeur1, sans péril, delà les Pyrénées2,
Sur la scène en un jour renfermé des années.
Là souvent, le héros d’un spectacle grossier3,
Enfant au premier acte, est barbon4 au dernier.
Mais nous, que la raison à ses règles engage,
Nous voulons qu’avec art l’action se ménage ;
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :
Le vrai peut quelque fois n’être pas vraisemblable.
Nicolas BOILEAU, Art poétique, chant III, vers 37 – 48
Texte C
Dans la préface de son drame Cromwell, Hugo défend énergétiquement un genre théâtral nouveau qui rompt
avec les règles du théâtre classique.
1
Auteur d’œuvres en vers
2
Au-delà des Pyrénées, donc en Espagne
3
D’une comédie populaire
4
Vieillard portant la barbe
9
Quoi de plus invraisemblable et de plus absurde en effet que ce vestibule 5, ce péristyle6, cette
antichambre7, lieu banal où nos tragédies ont la complaisance de venir se dérouler, où arrivent on ne sait
comment, les conspirateurs pour déclamer contre le tyran, le tyran pour déclamer contre les conspirateurs,
chacun à leur tour […]
L’unité de temps n’est pas plus solide que l’unité de lieu. L’action, encadrée de force dans les vingt-
quatre heures, est aussi ridicule qu’encadrée dans le vestibule. Toute action a sa propre durée comme son
lieu particulier.
Victor HUGO, préface de Cromwell, 1827
6. Souligner la ou les bonnes réponses
Iphigénie :
Fille d’Agamemnon, c’est moi qui la première,
Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père.
C’est moi qui, si longtemps le plaisir de vos yeux,
Vous ai fait de ce nom remercier les dieux,
Et pour qui, tant de fois prodiguant vos caresses,
Vous n’avez point du sang8 dédaigné les faiblesses.
Hélas ! Avec plaisir je me faisais conter
Tous les noms des pays que, vous allez dompter ;
5
Cette petite pièce d’entrée
6
Cette cour intérieure entourée de colonnes
7
Pièce d’entrée donnant accès aux autres pièces
8
Lien du sang
10
Et déjà d'Ilion9 présageant la conquête,
D'un triomphe si beau je préparais la fête.
Je ne m'attendais pas que pour le commencer,
Mon sang fût le premier que vous dussiez verser.
Non que la peur du coup, dont je suis menacée,
Me fasse rappeler votre bonté passée.
Ne craignez rien. Mon cœur, de votre honneur jaloux,
Ne fera point rougir un père tel que vous,
Et si je n'avais eu que ma vie à défendre,
J'aurais su renfermer un souvenir si tendre.
Mais à mon triste sort, vous le savez, Seigneur,
Une mère, un amant, attachaient leur bonheur.
Jean RACINE, Iphigénie, Acte IV, scène 4, 1674
a) A quel genre appartient ce texte ? Justifiez votre réponse
b) Iphigénie fait-elle appel à la raison ou aux sentiments ? Quels arguments utilise-t-elle
successivement ?
c) Comment Iphigénie se comporte-t-elle face à son destin ?
d) Quel est le registre employé dans cet extrait ? Justifiez
Texte 2 :
Solal, le héros du roman, aime Ariane. Il évoque la jeune femme dans un monologue intérieur
O ma géniale et ma sœur, à moi seul destinée et pour moi conçue, et bénie soit ta mère, ô ta beauté
me confond, ô tendre folie et effrayante joie lorsque tu me regardes, ivre quand tu me regardes, Ô nuit, ô
amour de moi en moi sans cesse enclose et sans cesse de moi sortie et contemplée et de nouveau pliée et
en mon cœur enfermée et gardée, ô elle dans mes sommeil:", aimante dans mes sommeils, tendre complice
dans mes sommeils, ô elle dont j'écris le nom avec mon doigt sur de l'air ou, dans mes solitudes, sur une
feuille, et alors je retourne le nom mais j'en garde les lettres et je les mêle, et j'en fais des noms tahitiens,
nom de tous ses charme", Rianea, Eniraa, Rancia, Aneira, Neiraa, Niaera, Ireana, Enaira, tous les noms de
mon amour.
Albert Cohen, Belle du Seigneur, 1968
a) A quel genre appartient ce texte ?
b) Observez les marques de l’énonciation. Qui parle ? A qui ? Quelle est la nature des sentiments
exprimés ?
c) Repérez les figures de style dominantes dans ce texte. Quel est l’effet produit ?
d) Quel est le registre du texte ? Dégagez ses principales caractéristiques.
Texte 3 :
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous les meules,
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstres hideux qui mâchent on ne sait quoi dans l’ombre,
Ils travaillent. Tout est d’airain10, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
O servitude infâme imposée à l’enfant !
9
Troie
10
Un alliage de cuivre et de bronze
11
Rachitisme11 ! Travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
Et qui ferait – c’est là son fruit le plus certain –
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi qu’un outil.
Victor HUGO, Les Contemplations, « Melancholia », 1856
a) Quelles sont les valeurs défendues par Hugo ? Quels défauts de la société blâme-t-il ?
b) Relevez les marques de modalité ou les indices de subjectivité laissées par l’auteur.
c) Quels sentiments l’auteur cherche-t-il à susciter chez le lecteur ? Quel est le registre
dominant ?
Texte 4 :
Les Russes descendaient avec la rapidité de l’incendie. Hommes, femmes, enfants, chevaux, tout
marcha sur le pont. Heureusement le major et la comtesse se trouvaient encore éloignés de la rive. Le
général Eblé venait de mettre le feu aux chevalets de l’autre bord. Malgré les avertissements donnés à ceux
qui envahissaient cette planche de salut, personne ne voulut reculer. Non seulement, le pont s’abima chargé
de monde ; mais l’impétuosité du flot d’hommes lancés sur cette fatale berge était si furieuse, qu’une masse
humaine fut précipitée dans les eaux comme une avalanche.
Honoré de Balzac, Adieu ! 1830
a) Repérez les procédés stylistiques qui permettent de justifier la tonalité épique.
b) Quels effets ces procédés produisent-ils en ce qui concerne la situation évoquée, les héros
mis en scène et les actions accomplies ?
Texte 6
On peut attribuer au texte suivant, le registre pathétique, justifiez
Clitandre :
Eh ! Madame, pourquoi me cherchez-vous des crimes ? Pourquoi avoir la cruauté d’ajouter au mépris
dont vous payez ma tendresse ? Vous ne m’aimez point ? Est-il possible que vous ne me croyiez pas me
rendre aussi malheureux ! Vous me reprochez mon silence ? Quoi ! C’est parce que je n’ai jamais osé vous
dire que je vous aime que vous doutez de mes sentiments ? Hélas ! Et dans quel temps ai-je pu me flatter
que cet aveu ne vous déplairait point ? Ai-je jamais pu, sans vous offenser, vous dire que je vous adorais ?
Eh bien Madame, continuez donc de me haïr : vous me verrez toujours constant et soumis, préférer toutes
les rigueurs, dont vous m’accablez, aux faveurs que je pourrais attendre d’une autre.
Charles TORYMAN, 1984
Texte 8
Montrez comment ce texte s’inscrit dans le registre fantastique
Le ciel, obscurci dès le matin par une bruine rude et sifflante, mêlée de neige et de grêlons, ne se
distinguait en rien depuis le coucher du soleil des horizons les plus sombres ; et comme il se confondait par
ses ténèbres avec les ténèbres de la terre, les bruits de la terre se mêlaient aussi avec les siens d’une
manière horrible, qui faisait dresser les cheveux sur le front des voyageurs. L’ouragan, qui grossissait de
minute en minute, se traînait en gémissements comme la voix d’un enfant qui pleure ou d’un vieillard blessé
à mort qui appelle du secours ; et l’on ne savait d’où provenait le plus ces affreuses lamentations de la nue
ou des échos du précipice, car elles voulaient avec elles des plaints parties des forêts, des mugissements
venus des étables, l’aigre criaillement des feuilles sèches fouettées en tourbillons par le vent, et l’éclat des
arbres morts que fracassait la tempête ; cela était épouvantable à entendre.
Charles NODIER, La Combe de l’homme mort, 1842
11
Une croissance qui n’est pas normale
12
VIII. LE TEXTE POETIQUE
Exercice 1
Le chien qui lâche sa proie pour l’ombre
Chacun se trompe ici-bas.
On voit courir après l’ombre
Tant de fous, qu’on n’en sait pas
La plupart du temps le nombre.
Au chien dont parle Esope il faut les renvoyer.
Ce chien, voyant sa proie en l’eau présentée,
La quitta pour l’image, et pensa se noyer ;
La rivière devint d’un coup agité.
À toute peine il regagna les bords,
Et n’eut ni l’ombre ni le corps.
Jean de La Fontaine, Fables
a) Combien de syllabes comportent les vers de 1 à 4 ? Quel rapport voyez-vous entre le rythme
des vers et leur sens ?
b) Combien de syllabes comportent les vers de 5 à 8 ? Quel est l’effet produit ?
c) Quel mot des vers 1 à 4 est répété dans le dernier vers ? Combien de syllabes comportent les
deux derniers vers ? Quel rapport pouvez-vous établir entre les vers 1à 4 et les vers 9 à 10 ?
d) Observez la composition de la fable. Que met-elle en valeur ?
Exercice 2
Le paysage
J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour
Ce n’est plus ce bouquet de lilas et de roses
Chargeant de leurs parfums la forêt où repose
Une flamme à l’issue de sentiers sans détour
Exercice 3
Dans les vers suivants, dites quelles sont les sonorités dominantes. Quel est leur effet ?
1. Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles. (Arthur Rimbaud
2. L’esprit ne sait plus rien des sens ni de soi-même (Leconte de Lisle)
3. Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre. (Alfred de Vigny)
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Exercice 4
De profondis clamavi
J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime,
Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé.
C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème.
Exercice 5
Rédigez un sizain d’alexandrins sur le thème de l’amitié et comprenant des comparaisons et des
métaphores. Le premier et le dernier vers doivent être des rimes féminines. Vous n’utiliserez ni la
diérèse ni la synérèse.
Exercice 6
(Paul ELUARD avait connu Nush en 1929 et l’avait épousée en 1934. Le 28 novembre 1946, la mort de la
jeune femme plongea le poète dans une douleur profonde qui lui inspira ce poème)
NOTRE VIE
Notre vie tu l’as faite elle est ensevelie
Aurore d’une ville un beau matin de mai
Sur laquelle la terre a refermé son poing
Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Et la mort entre moi comme dans un moulin.
15
d) Quels sont les sentiments de Ruy Blas, d’après les didascalies ? Ces sentiments
transparaissent-ils dans ses propos ?
2. La double énonciation
B- Identifiez les différents comiques de la scène suivante : L’Avare de Molière, Acte III, Scène 7
a) Cléante joue un jeu dangereux. Pourquoi ?
b) Quel est l’intérêt dramatique de cette scène ?
c) Faites une représentation générale de cette œuvre de Molière
C- (Chez Clara, la modiste). Fadinard va se marier. Après une discussion d’ordre professionnel entre
Clara et son commis Bobin, Fadinard fait irruption en quête d’un chapeau. Par malheur, Clara est une
ancienne de ses maîtresses ! Elle le reconnaît, et il doit feindre de renouer avec elle. Un surcroît
d’embarras : les invités de la noce, qu’il a laissés à la porte, se croient à la mairie et envahissent le
magasin alors que Fadinard est momentanément sorti. Le commis de Clara survient avec des
écharpes tricolores, les invités le prennent aussitôt pour le maire. Mais, ouvrant une porte, Bobin
aperçoit Fadinard en train d’embrasser Clara. Fadinard se défend tant bien que mal. Cependant Clara
ne dispose pas du modèle de chapeau demandé, et Félix vient de faire un rapport inquiétant :
Tavernier casse tout et Anaïs a des crises de nerfs dans le magasin. Un espoir, pourtant : la baronne
de Champigny, à qui Clara a vendu un chapeau identique. Fadinard repart avec la noce, qui suit le
commis affolé de pièce en pièce, le prenant toujours pour le maire.
Résumé de la pièce d’EUGENE LABICHE, Un Chapeau de paille d’Italie, 1851
Ce résumé de la pièce d’Eugène Labiche appartient au registre comique. Justifiez-le en précisant les
procédés utilisés avec exemples à l’appui.
D- Relevez dans l’extrait de texte suivant les procédés du comique
Harpagon veut organiser un souper en l’honneur de sa fiancée. Il distribue les tâches à accomplir pour ses
valets. A la fin de acte III, scène première, Harpagon veut entendre comment son entourage le perçoit…
Acte III, Scène première
16
X. LE TEXTE ROMANESQUE
Texte 1
Vers la fin de l’année 1612, par une profonde matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était
de très mince apparence, se promenait devant la porte d’une maison située dans la rue des Grands-
Augustins, à Paris. Après avoir assez longtemps marché dans cette rue avec l’irrésolution d’un amant qui
n’ose se présenter chez sa première maîtresse, quelque facile qu’elle soit, il finit par franchir le seuil de cette
porte, et demanda si maître François Porters était en son logis. Sur la réponse affirmative que lui fit une
vieille femme occupée à balayer une salle basse, le jeune homme monta les degrés et s’arrêta de marche
en marche, comme un courtisan de fraîche date, inquiet de l’accueil que le roi va lui faire. Quand il parvint
en haut de la vis, il demeura pendant un moment sur le palier, incertain s’il prendrait le heurtoir grotesque
qui ornait la porte de l’atelier où travaillait sans doute le peintre d’Henri IV délaissé pour Rubens par Marie
de Médicis. Le jeune homme éprouvait cette sensation profonde qui a dû faire vibrer le cœur des grands
artistes quand, au fort de la jeunesse et de leur amour pour l’art, ils ont abordé un homme de génie ou
quelque chef-d’œuvre.
Honoré de BALZAC, Le Chef d’œuvre inconnu, 1831
Texte 2
L’été dernier, je dormais, fenêtre grande ouverte. En m’éveillant, je branche la radio pour bercer de
musique les premières minutes de la journée. Et la musique monte en effet, pétillante, vive, fraîche,
endiablée. Puis, je suis distrait par un raffut qui éclate sur le toit au dessus de ma tête. Des oiseaux, de taille
dans doute respectable, se battent et s’insultent avec passion. Le bruit augmente et je devine les adversaires
aux prises glissant sur la tôle en pente. Finalement, un paquet de plumes hérissés rebondit sur le bord de
ma fenêtre et choit dans la pièce. Deux pies effarées se séparent et d’un commun élan reprennent par la
fenêtre le chemin de la liberté. A ce moment, les derniers accords de la musique s’éteignent et la speakerine
annonce : « Vous venez d’entendre l’ouverture de La Pie voleuse de ROSSINI. » J’ai souri sous mes draps.
Michel TOURNIER, le Roi des Aulnes, 1970
Texte 3
Eurydice, fille du roi d’Arménie Artabase doit épouser Pacorus, fils d’Orode, roi de Parthes, en dépit de
l’amour réciproque qui la lie à Suréna, général d’Orode. Elle déclare qu’elle épousera Pacorus parce qu’elle
se doit de servir les intérêts de l’Etat, mais que son cœur appartient à un autre. De son côté Suréna est
appelé à épouser Mandane, la fille d’Orode ; mais le serment de fidélité qu’il a prononcé aux genoux
d’Eurydice le pousse à refuser cette union. Enfin, la fille de Suréna, Palmis, est éprise de Pacorus. Pris de
jalousie, Pacorus veut connaître le nom de celui qui a su conquérir le cœur d’Eurydice. Une fois instruit, et
oublieux des bienfaits reçus, il fait assassiner Suréna. Eurydice meurt de douleur.
Résumé de Suréna, tragédie en 5 actes
a) Etablissez le schéma actanciel de la pièce en choisissant successivement Eurydice, puis
Suréna comme sujets de l’action (2schémas)
b) Quelles sont les différentes étapes de la séquence narrative ?
c) Déterminez la position du narrateur par rapport à l’histoire ainsi que le point de vue adopté.
Texte 4
Lisez ce résumé de L’Assommoir d’Emile Zola
a) Dégagez l’intrigue du récit suivant
b) Dressez le schéma actanciel en prenant Gervaise pour sujet
c) Déterminez le rythme du récit dans le résumé proposé
d) Quel est le mode de narration ?
e) Quelle focalisation est adoptée par le narrateur ?
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f) Réécrivez le premier paragraphe selon le point de vue de Gervaise en utilisant un narrateur à
l’intérieur du récit (en 100 mots)
Gervaise vit avec Lantier et leurs deux enfants dans un misérable hôtel d’un quartier populaire. Lantier
abandonne vite la jeune femme, emportant tout ce qui reste de leurs maigres économies. Courageuse, elle
travaille comme blanchisseuse. Elle épouse un ouvrier zingueur, Coupeau. A force de travail, le couple atteint
une certaine aisance. Gervaise a une fille, Nana. Mais Coupeau tombe d’un toit où il travaille et se casse
une jambe. Pour lui éviter l’hôpital, Gervaise le soigne chez elle, dépense les économies du ménage. Il
devient paresseux et se met à boire.
Gervaise, cependant, grâce à son voisin forgeron Goujet qui est amoureux d’elle, peut réaliser son
rêve : acheter une blanchisserie, qui est très vite prospère. Mais Coupeau boit de plus en plus. Lantier revient
et finit par s’installer chez le couple. Les deux hommes vivent du travail de la jeune femme qui se laisse aller
à la gourmandise et à la paresse. Sa déchéance morale s’accompagne d’une terrible déchéance physique.
Elle se met à boire à son tour. Elle doit abandonner sa belle boutique pour aller habiter parmi les pauvres
d’une grande maison ouvrière. Coupeau meurt à l’hôpital dans une crise de Delirium tremens. Gervaise,
réduite à dormir dans une niche sous un escalier, est trouvée morte de faim et de misère.
D’après Dictionnaire des œuvres, Laffont et Bompiani
Texte 5
a) Quelle est la fonction de la description dans le texte suivant ?
b) Par quels procédés l’auteur parvient-il à donner l’illusion de la réalité ?
c) Analyser le temps de la description et donner leur valeur
Argelouse est réellement une extrémité de la terre, un de ces lieux au-delà desquels il est impossible
d’avancer, ce qu’on appelle ici un quartier : quelques métairies, sans église ni mairie, ni cimetière,
disséminées autour d’un champ de seigle, à dix kilomètre du bourg de Saint-Clair auquel les relie une seule
route défoncée. Ce chemin plein pleins d’ornières et de trous se mue, au-delà d’Argelouse, en sentiers
sablonneux ; et jusqu’à l’Océan il n’y a plus rien que quatre-vingts kilomètres de marécages, de lagunes, de
pins grêles, de landes où, à la fin de l’hiver, les brebis ont la couleur de la cendre.
François MAURIAC, Thérèse DESQUEYROUX, 1927
Texte 2 :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe pourpre au soleil,
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A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! Voyez comme en peu d’espace
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté
Pierre de Ronsard, Odes, 1550
a) A qui le poète s’adresse-t-il ? De quoi veut-il persuader ?
b) Quels types de raisonnements utilise-t-il ?
c) Quels sentiments cherche-t-il à susciter chez la jeune fille ? Quels procédés emploie-t-il ?
d) Quelle image de lui-même donne-t-il dans ce texte ?
e) En quoi ce poème peut-il intéresser, concerner et toucher un lecteur ou une lectrice
d’aujourd’hui ?
Texte 3
PREFACE A MADEMOISELLE DE MAUPIN
Théophile Gautier, qui sera quelques temps plus tard le théoricien de l’Art pour l’Art s’élève déjà en 1835
contre la conception de la littérature « utilitaire » et défend la gratuité de l’activité littéraire
Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. – On supprimerait les fleurs, le monde n’en
souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu’il n’y eut plus de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux
pommes de terre qu’aux roses, et je crois qu’il n’y a qu’un utilitaire au monde capable d’arracher une plate-
bande de tulipes pour y planter des choux.
A quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu’une femme soit médicalement bien conformée, en état
de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes.
A quoi sert la musique ? À quoi bon la peinture ? Qui aurait la folie de préférer Mozart à Carrel, et
Michel Ange à l’inventeur de la moutarde blanche ?
Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est
l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoutants, comme sa pauvre et infirme
nature. – L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines.
Théophile GAUTIER, 1836
a) Quelle est la thèse proposée par l’auteur ? Rédigez-la en une seule phrase.
b) Quelle place ont les exemples dans ce développement ? Quelle est leur utilité ?
c) Quels sont les arguments de Gautier ?
d) Dégagez le raisonnement employé par l’auteur
e) Définissez au moyen de détails précis le registre utilisé
f) Analysez le choix de l’énonciation et le choix du lexique employés dans ce texte
Texte 4
L’auteur évoque dans ce texte la conquête du Mexique par les Espagnols au XVIème siècle
Jamais l’homme n’aura été semble-t-il à la fois si libre et si cruel, découvrant au même instant
l’universalité des lois et l’universalité de la violence. Découvrant les idées généreuses de l’humanisme et la
dangereuse conviction de l’inégalité des races, la relativité des civilisations et la tyrannie cruelle. Découvrant,
par ce drame de la Conquête du Mexique, tout ce qui va fonder les empires coloniaux, en Amérique, en Inde,
en Afrique, en Indochine : le travail forcé, l’esclavage systématique, l’expropriation et la rentabilisation des
terres et, surtout, cette désorganisation délibérée des peuples, afin non seulement de les maintenir, mais
aussi de les convaincre de leur propre infériorité.
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Le silence du monde indien est un drame dont nous n’avons pas fini aujourd’hui de mesurer les
conséquences. Drame double, car en détruisant les cultures amérindiennes, c’est une part de lui-même que
détruisait le Conquérant, une part qu’il ne pourra sans doute plus jamais retrouver.
J.M.G. LE CLEZIO, Le Rêve mexicain ou la Pensée interrompue, 1988
a) Quelle est la thèse défendue par l’auteur ? Est-elle explicite ou implicite ? Justifiez !
b) Quel problème soulève ce texte ?
c) Quel raisonnement l’auteur adopte-t-il ?
d) L’argumentation est-elle directe ou indirecte ? Justifiez !
e) Combien d’arguments sont utilisés par l’écrivain ? Reformulez-les !
f) S’agit-il ici de convaincre ou de persuader ?
Texte 5
« Le Lion et le Chasseur »
Un Fanfaron12, amateur de la chasse,
Venant de perdre un Chien de bonne race,
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un berger : « Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il la maison,
Que de ce pas, je me fasse raison13. »
Le Berger dit : « C’est vers cette montagne
En lui payant un tribut14 un Mouton
Par chaque fois, j’erre dans la montagne,
Comme il me plaît, et je suis en repos. »
Dans le moment qu’ils tenaient ce propos,
Le Lion sort, et vient d’un pas agile.
Le Fanfaron aussitôt d’esquiver ;
« O Jupiter15, montre – moi quel asile,
S’écria – t – il, qui puisse me sauver. »
La vraie épreuve du courage
N’est que dans le danger que l’on touche du doigt,
Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage,
S’enfuit aussitôt qu’il le voit.
Jean de LA FONTAINE, Fables, 1668
a) Quel mode de raisonnement LA FONTAINE adopte-t-il ? Justifiez votre réponse
b) Quelle est la morale de l’histoire ?
c) Identifiez le passage où se trouve l’exemple, de quel type est-ce ?
12
Un prétentieux
13
Que j’exerce ma vengeance
14
Impôt, taxe, contribution
15
O ciel !
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