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Compte rendu

Ouvrage recensé :

SCHLEIERMACHER, Friedrich D.E., Herméneutique

par Jean Grondin


Laval théologique et philosophique, vol. 44, n° 2, 1988, p. 266-267.

Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante :

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COMPTES RENDUS

de la Congrégation pour la Doctrine de la foi puisqu'ils sont pour une large part un com-
sur « le respect de la vie humaine naissante et mentaire des travaux herméneutiques de F. A.
la dignité de la procréation » a été ajouté. Wolf et F. Ast, malheureusement trop peu
Ce dossier de textes officiels catholiques connus.
constitue un excellent instrument de travail. L'intérêt de cette publication n'en est pas
Comme Patrick Verspieren l'explique lui- moins immense. Les idées de Schleiermacher
même : « le présent ouvrage a pour objectif ont catalysé, surtout par l'intermédiaire de
de mettre à la disposition de tous les prises de Dilthey, l'essor de l'herméneutique moderne.
position du Magistère de l'Église catholique Théologien et philologue de tout premier
en ce qui concerne la bioéthique. Ces inter- ordre, Schleiermacher fut le premier à envi-
ventions se sont succédé depuis quarante sager le programme systématique d'une her-
ans, au rythme des innovations biomédicales méneutique générale qui puisse servir de
et des besoins qui apparaissaient. Pour être fondement à l'exégèse et à la philologie. Les
pleinement comprises, elles nécessitent d'être textes ici réunis s'échelonnent de 1805 à
mises en relation avec la foi qui les a inspirées. 1833, couvrant donc l'ensemble de la carrière
Elles ne forment pas un traité d'éthique universitaire de Schleiermacher, mort en 1834.
biomédicale. Elles ne dispensent pas de la C'est en vue de ses cours et de ses recherches
lecture des autres ouvrages où la pensée en théologie comme en philologie que Schleier-
chrétienne s'est déployée pour tenter de faire macher s'est intéressé aux questions, incon-
face aux défis de notre temps. Mais elles tournables depuis lui, de l'herméneutique.
seront lues attentivement, on peut l'espérer, Ceci explique peut-être pourquoi il n'a lui-
par ceux qui, sans se contenter de fragments même jamais publié ses réflexions hermé-
hâtivement choisis, cherchent à étudier sérieu- neutiques. Tel Christophe Colomb, il n'était
sement les documents dans lesquels l'Église peut-être pas conscient d'avoir découvert un
catholique a engagé son autorité. » (p. 9). nouveau continent.

Henri BEAUMONT Compte tenu de leur état fragmentaire,


ces manuscrits exigent eux-mêmes un patient
travail herméneutique de compréhension, faci-
lité par l'excellente introduction et les anno-
tations de M. Simon. À vrai dire, 1" introduc-
Friedrich SCHLEIERMACHER, Herméneutique, tion de Madame Simon représente à l'heure
traduction et introduction de Marianna actuelle la plus fiable présentation de l'her-
Simon, avant-propos de Jean Starobinski. méneutique de Schleiermacher en langue fran-
Coll. « Lieux théologiques », n° 10. Genève, çaise. La traduction des textes est dans l'en-
Labor et Fides, 1987, 224 pages (21 * semble d'une grande précision, sauf sur un
15 cm). point important : il n'y a pas d'unité dans la
traduction des termes Missverstand, Miss-
Ce livre est la traduction de la deuxième verstehen et Missverstàndnis. Ces trois syno-
édition revue et augmentée de YHermeneutik, nymes sont le plus souvent traduits par
éditée par H. Kimmerle en 1974. Il comprend « mécompréhension » (terme qu'on ne trouve
tous les manuscrits de Schleiermacher qui pas dans le dictionnaire, mais on ne s'en
traitent du problème herméneutique. Très scandalisera pas, tant il est irremplaçable
elliptiques, ces textes, qui se composent essen- ici). Mais Missverstand est aussi rendu p. 111
tiellement de fragments, d'aphorismes, d'es- par « erreur de compréhension », ce qui n'est
quisses et de notes de cours, ne sont pas d'un pas tout à fait la même chose. Le lecteur
accès facile. Les discours académiques de risque ainsi de ne pas apercevoir le parallé-
1829 représentent les seuls écrits à présenter lisme que Schleiermacher veut établir entre
un caractère proprement littéraire ou la pratique relâchée de l'interprétation, pour
publiable, mais leur lecture n'a rien d'aisé laquelle la mécompréhension (mais on lit ici

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COMPTES RENDUS

« l'erreur de compréhension ») est l'exception, L'ouvrage se divise en trois parties dont


et la pratique rigoureuse, pour laquelle la la première porte sur Kolakowski « critique
mécompréhension se produit naturellement. impitoyable de l'Église et de la religion» (8)
On regrettera surtout la pléthore de fautes de 1949 à 1955 ; la seconde, de 1955 à 1965,
d'impression, surtout dans les termes grecs fait état de positions de plus en plus critiques,
et allemands. Les accents n'ont pas eu de et la troisième marque un tournant décisif
chance. Ils sont souvent oubliés en grec. qui aboutit au rejet du marxisme et à des
Quant au mot allemand Ethik, il se trouve positions ouvertement chrétiennes sur la per-
par trois fois sur la même page (43) revêtu sonne humaine et la liberté.
d'un accent aigu, qui n'existe pas en allemand.
Le premier chapitre (17-49) dépeint un
Il serait trop fastidieux de faire ici un relevé
Kolakowski soucieux de mettre sa pensée au
complet de toutes les coquilles. N'en signalons
service de l'idéal et de la propagande com-
que trois qui pourraient prêter à contresens.
munistes. Formé d'abord à l'école de l'em-
P. 101 : lire disciplines et non disciples. P. 165 :
pirisme logique, il opte très tôt pour le
1805 et non 1905. P. 222: 1806 et non 1906.
marxisme qui engage la pensée dans la trans-
On souhaitera donc à cet ouvrage, par ailleurs
formation sociale en la libérant des supersti-
indispensable, de connaître aussi dans un
tions et des préjugés (20-1): «Kolakowski
proche avenir une seconde édition revue et
envisageait à cette époque le marxisme comme
corrigée.
une philosophie qui vise à réaliser
Jean GRONDIN Yémancipation de l'homme de toutes les
formes d'oppression (...)» (21). Il s'attaque
avec véhémence au catholicisme et au tho-
misme qui représentent en Pologne les forces
d'opposition les plus vives à l'instauration
du socialisme marxiste. Quatorze des vingt
Bogdan PIVOWARCZYK, Lire Kolakowski. écrits publiés jusqu'en 1955 portent sur la
Paris, Les Éditions du Cerf, 1986, 166 doctrine catholique (26). L'auteur croit déceler
pages (21.5 * 14 cm). dans le « témoignage » de ce philosophe polo-
nais ce qu'il appelle « une sensibilité naturelle
L'auteur se propose d'analyser la pensée
(...) à la dignité de l'homme» (49) qui lui
d'un professeur polonais dont l'itinéraire le
facilitera par après le passage à des positions
mène d'un marxisme orthodoxe initial jusqu'à
tout à fait différentes.
l'antimarxisme le plus résolu. Pour ceux qui
s'intéressent plus particulièrement à l'en-
La seconde phase se caractérise par des
semble de l'œuvre de ce penseur, le livre a
attitudes de plus en plus critiques (51-93).
l'avantage de donner accès aux travaux écrits
La mise en question s'adresse davantage
en langue polonaise. L'auteur en effet cite en
maintenant au marxisme orthodoxe. L'auteur
note le texte polonais des passages qu'il
soutient même que Chrétiens sans Église,
analyse.
publié en polonais à Varsovie en 1965 et en
En dépit de certaines simplifications notées français à Paris en 1969, est «un ouvrage à
par le préfacier, Philibert Secretan de Fri- clef» dont «le titre secret» pourrait être
bourg, l'auteur, un prêtre catholique, centre « Marxistes sans Parti » (81). Il y dénonce les
son étude sur la question religieuse, « sur les contradictions de pratiques antihumanistes
étapes d'une découverte des valeurs fonda- vouées à l'instauration future d'une société
trices de l'humain » (8). Cependant l'abandon libre et humaniste. « Kolakowski y éclaircit
d'une dogmatique aboutit à un questionne- des structures correspondant au dialogue
ment dont la réponse reste enveloppée d'in- entre une pensée vivante et sa forme réifiée »
certitudes et d'angoisses comme chez Kier- (84), que cette dernière soit l'Église institu-
kegaard et Pascal. tionnelle ou le Parti communiste.

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