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l’Université
Saint-
Louis
Monothéisme et trinité | Paul Beauchamp, Boris Bobrinskoy,
Étienne Cornélis, et al.
Texte intégral
1 Le titre de cette communication est comme le résumé des
principales difficultés de la théologie eckhartienne : il
contient ou condense l’essentiel de ses séductions et de ses
dangers.
2 La théologie trinitaire est le foyer de toute la théologie
chrétienne. La notion de l’Un lui est, en revanche,
principiellement étrangère : c’est, comme chacun le sait, une
notion philosophique. Cependant, ce n’est pas en tant que
philosophique que la pensée de l’Un est étrangère au
christianisme — au sens, par exemple, où l’on dit que la
philosophie se distingue de la religion. De fait, la notion
d’Un s’accommode de tous les prédicats qui définissent une
attitude ou une expérience religieuses ; elle supporte aussi
bien une théologie, qu’une cosmogonie, une anthropologie,
une sotériologie ou une eschatologie. En quoi l’Un est-il
donc étranger au christianisme, si l’hénologie, la doctrine de
l’Un, offre, pour ainsi dire à l’état pur, les bases
conceptuelles d’une religion du Salut ? La chose est connue,
mais il n’est pas inutile de la redire.
3 La pensée de l’Un appelle une doctrine de l’émanation, ou,
au minimum, un panthéisme dynamiste ; en tout cas, une
hiérarchie d’hypostases, de principes subordonnés les uns
aux autres, remplissant l’espace de jeu qui sépare le monde
sensible, notre monde, d’un Principe retranché dans une
inaccessible souveraineté. La pensée de l’Un appelle la
dissociation d’un Dieu suprême, d’un Premier transcendant,
et de puissances intermédiaires, séparant et reliant à la fois
le Dieu unique et son produit : le monde, l’homme1.
4 Maître Eckhart ne connaissait pas Plotin, dont le chef-
d’œuvre, les Ennéades, n’avait pas été traduit en latin. Il
connaissait pourtant l’essentiel du système des hypostases,
et ce, grâce aux philosophes arabes, comme Avicenne ; juifs,
comme Isaac Israeli ; grâce au Livre du Bien pur,
généralement appelé Liber de causis, Livre des causes ; et,
bien entendu, grâce à Proclus, dont les Éléments de
théologie avaient été traduits en 1268 par Guillaume de
Moerbecke.
5 Dominicain allemand formé dans la tradition scolaire
d’Albert le Grand, Maître Eckhart était, en fait, aussi
informé qu’on pouvait l’être à l’époque sur les doctrines
philosophiques de l’Antiquité tardive2. Il ne faut donc pas
s’étonner d’en retrouver l’écho dans la quasi totalité de son
œuvre de commentateur de l’Écriture et de prédicateur.
Mais, précisément : Eckhart n’est pas un philosophe ; c’est
un maître en théologie de l’université de Paris, qui, comme
tous ses confrères, est nourri par la Bible, les Pères et les
Docteurs de l’Église. Surtout, fidèle lecteur de saint Thomas,
Eckhart n’ignorait pas le diagnostic que l’Aquinate avait, le
premier, porté sur l’histoire de la philosophie. Autrement
dit, il savait la thèse, cent fois reprise par Thomas, selon
laquelle la conception philosophique d’une hiérarchie des
hypostases, est absolument « contraire à la foi catholique »3.
La Tri-unité du Dieu chrétien devait donc non seulement lui
paraître comme une réponse à la verticalisation des
principes chez les philosophes platoniciens, mais, plus
profondément encore, il ne pouvait manquer de voir que le
christianisme et la philosophie platonicienne étaient
confrontés sur le terrain de leur théologie : la théologie
trinitaire des chrétiens s’opposant à la théologie
platonicienne de l’Un et Bien.
6 Comment dans ces conditions entendre notre titre
aujourd’hui : « l’Un et la Trinité selon Maître Eckhart » ? À
l’évidence, il y a là autre chose que la distinction De Deo uno
- De Deo Trino, qui articule le début de la Somme de
théologie. J’ai dit en préambule que mon titre était le chiffre
de toutes les difficultés de la théologie eckhartienne. Je dois
à présent m’expliquer.
7 Tout le monde sait que Maître Eckhart a été condamné
en 1329, post mortem, par le pape Jean XXII, après en avoir
appelé lui-même au Souverain Pontife du procès
d’inquisition qu’avait, dès 1326, entamé contre lui, à
Cologne, l’archevêque Henri II de Virnebourg. La doctrine
eckhartienne de l’Un et de la Trinité est au cœur des
problèmes soulevés par les censeurs. Mais comment
pénétrer dans les arcanes d’un procès dont les éléments
essentiels restent si problématiques qu’il a fallu attendre le
livre de W. Trusen, paru en 1988, pour disposer, sur ce
point, d’un premier dossier scientifiquement établi4 ?
8 Depuis la mise en chantier de la monumentale édition de
l’œuvre allemande de Maître Eckhart, la réflexion des
spécialistes se concentre presque exclusivement sur les
textes dits « authentiques » : les apocryphes, les douteux et
les pseudépigraphes sont systématiquement laissés de côté5.
Cette situation est l’expression légitime d’une exigence
intellectuelle : aller aux choses mêmes, s’en tenir aux faits.
Cette méthode a ses limites. On sait depuis peu, très
exactement depuis la découverte d’un nouveau manuscrit
des commentaires sur la Genèse, que l’œuvre d’Eckhart a
fait l’objet de toutes sortes d’aménagements et de pieuses
manipulations6. En bref : l’ouverture du procès de Cologne a
suscité une réaction de la part de ceux que L. Sturlese a
appelé les « eckhartistes »7. Un des signes majeurs de
l’activité de ce petit groupe d’élèves et de fidèles a été
l’édition de versions qu’on pourrait dire « quasi
orthodoxes » de l’œuvre latine ; la confection d’anthologies
de sermons approuvés ou approuvables ; la rédaction
d’apologies diverses, de textes de « propagande », dont le
célèbre Écrit de défense, la Rechtvertigungsschrift, jusque-
là considérée comme faisant officiellement partie des actes
du procès, semble être le monument principal. Nous voilà
donc désormais face à trois groupes : ici, le groupe des
défenseurs qui cherche à rétablir l’orthodoxie d’un
enseignement par le contrôle de sa tradition textuelle ; là,
celui des accusateurs, qui soumettant à l’autorité épiscopale
un choix de passages malsonnants ou téméraires, cherche à
perdre leur auteur ; là, enfin, un troisième groupe, celui des
lecteurs et des utilisateurs d’une œuvre qu’on dit
aujourd’hui inauthentique, mais qui, pour une large part,
semble être plutôt en attente d’authentification.
9 Les utilisateurs d’Eckhart sont faciles à identifier. Ce sont,
entre autres, les bégards et les béguines appartenant au
mouvement qui s’est lui-même intitulé le Libre Esprit. En
fait, le destin d’Eckhart est étroitement lié aux groupes de
moniales, religieuses dominicaines, membres du tiers ordre
et béguines de Strasbourg et de Cologne, dont sa charge lui
impose la direction spirituelle — cura animarum —, et qui,
toutes, à l’évidence, reportent, répercutent, développent,
adaptent ou déplacent ses propos et ses directives8.
10 Je veux m’efforcer ici de montrer la situation concrète, en
empruntant à deux sources distinctes : l’une vient des
utilisateurs, qu’on peut bien dire abusifs, il s’agit — pour
reprendre le titre même de la légende qui en consigne les
principaux épisodes —, de Sœur Katrei, la fille que Maître
Eckhart avait à Strasbourg ; l’autre vient du clan des
« eckhartistes », il s’agit du Petit livre de la Vérité composé
en 1327 par Henri Seuse, disciple direct du maître.
11 C’est là que je retrouve mon intitulé.
12 Le thème de l’Un ouvre sur diverses perspectives
systématiquement corrélées que l’on peut, en un sens,
articuler selon les deux grands moments de la pensée
religieuse du néoplatonisme : la théologie de la procession et
celle de l’union. Cette double orientation se retrouve chez
Maître Eckhart et dans l’entourage, la communauté vivante
où s’enracine sa prédication, à savoir, d’une part, dans une
théologie de la procession fondée sur une distinction plus ou
moins radicale entre l’Un et la Trinité, et, d’autre part, dans
une théologie de l’union fondée sur la possibilité d’un
contact avec l’Un en deçà ou au-delà de la Trinité, dans ce
qu’on pourrait appeler la profondeur du mystère trinitaire.
13 Considérons la première thèse. Si la donnée fondamentale
de la pensée chrétienne tardo-antique, ce que Thomas
d’Aquin nomme la Sententia Dionysii, est la
déverticalisation du système des hypostases, réalisée, si l’on
ose ainsi parler, dans la notion d’une Tri-Unité divine,
nombre de textes « eckhartiens » présentent des énoncés
donnant à penser qu’il y a un Principe fondant la Trinité des
Personnes, une Puissance originaire, une δύναμις πρώτη,
dont la Trinité serait comme le déploiement ou la
manifestation énergique. Chez Eckhart, ce Principe secret,
subsistant par soi, entouré de silence dans une solitude que
rien ne trouble — pour reprendre certains termes classiques
de la gnose herméneutique, abondamment attestés dans les
Sermons allemands —, semble recevoir en général le nom de
l’Un, ein, voire d’« Un unique », einic ein, qui pourrait
correspondre au titre, également hermétique, d’Un et Seul.
En même temps, cet « Un unique » semble donné à la fois
comme impénétrable au Dieu Trine et comme Lieu de
l’unité, plus même que de l’union, entre Dieu et l’âme.
Précisons.
14 Dans certains sermons considérés comme authentiques,
l’Un unique est pensé de manière topique, comme le Lieu où
l’Un reste Lui-même dans sa simplicité :
En toute vérité, et aussi vrai que Dieu vit, « ce Lieu » Dieu
lui-même ne le pénétrera jamais un instant, ne l’a encore
jamais pénétré de son regard en tant qu’il possède un mode
et une propriété de ses Personnes. On le comprend
facilement, car l’Un unique dont je parle est sans mode et
sans propriété. C’est pourquoi, si Dieu doit jamais le
pénétrer de son regard, cela lui coûtera tous ses noms divins
et la propriété de ses Personnes. Il lui faut les laisser toutes
à l’extérieur pour que son regard pénètre. Il faut qu’il soit
l’Un dans sa simplicité, sans aucun mode ni propriété là où
il n’est en ce sens ni Père, ni Fils, ni Saint-Esprit, et où il est
cependant un quelque chose qui n’est ni ceci ni cela.9.
Notes
1. On peut ici se contenter d’un exemple. Chez Plotin, représentant
éminent de l’école néoplatonicienne d’Alexandrie, l’Un est une δύναμις
πρώτη, une force ou une puissance première, une « infinie causalité », et
c’est à ce titre qu’il est aussi le Bien. De la plénitude de cet Un-et-Bien,
qui n’est pas une activité, mais l’Activité ou la Causalité absolues, qui,
« exemple d’envie », « doit se communiquer avec une libéralité
inépuisable », « s’épanche et déborde un flot d’existences dérivées » -
débordement paradoxal, dans la mesure où l’Un n’entre pas dans le
multiple et ne pénètre pas dans les choses, mais les garde en quelque
sorte en lui, comme l’effet reste dans sa cause. Ainsi que l’a bien montré
Rodier, l’effusion du Dieu plotinien ne saurait être pensée sans
l’immanence des choses en Dieu, et l’immanence des choses en Dieu
n’est rien d’autre que « leur effectuation toujours actuelle » par Lui - ce
pourquoi Dieu peut-être dit « partout sans être nulle part, et
précisément parce qu’il est nulle part », « être en toutes choses, parce
qu’il n’est en aucune », « être tout parce qu’il n’est rien ». Pris en lui-
même, c’est-à-dire hors du Principe, le produit de l’activité créatrice
n’est qu’une reproduction affaiblie, un participe, une copie ou, mieux,
une ombre et une image du Premier. C’est ici la place de la hiérarchie
des hypostases : l’Un est comme le Centre lumineux de trois sphères
concentriques où la lumière qu’il projette « pâlit graduellement pour
expirer à la fin dans les ténèbres du non-être », c’est-à-dire dans le
monde matériel. La première sphère est celle de l’Intelligence ou Pensée,
qui est en même temps Etre ou Essence (ousia) suprême, et donc, à ce
titre même, à la fois activité, vie, mouvement et puissance immuable et
intemporelle, dont le mouvement est repos. Vient ensuite l’Ame, qui est
produite par la Pensée, comme la Pensée est produite par l’Un, et qui, à
son tour, produit le monde des corps - d’où son titre d’Ame du monde,
une Ame, en fait, subdivisée en deux, puisqu’on distingue, d’une part,
une Ame supérieure, « absolument suprasensible, ne pénétrant pas dans
le monde corporel et n’agissant pas immédiatement en lui », et, d’autre
part, une Ame inférieure, « absolument suprasensible, ne pénétrant pas
dans le monde corporel et n’agissant pas immédiatement en lui », et,
d’autre part, une Ame inférieure, « image et effet de la première, qui est
unie au corps de l’univers de la même façon que l’âme humaine est unie
au corps humain » ; âme inférieure, donc, dont le vrai nom est nature et
qui, seule, fait entrer dans le monde les « formes qui s’épanchent en elle
depuis l’âme supérieure » ; âme inférieure qui est aussi le « lien des
âmes individuelles », qui ne sont que ses « diverses formes
phénoménales » et comme « des points spéciaux de l’Ame du monde » -
ce qui revient à dire que les âmes individuelles quoique distinctes les
unes des autres, n’en sont pas moins une seule et même chose, de même
que la « science est une dans ses diverses parties, de même qu’une
lumière unique éclaire les endroits les plus divers ». Vient enfin, au bas
de l’échelle, le monde sensible où l’« unité primordiales » se change en
« multiplicité absolue », l’« harmonie » en « opposition et en lutte » où
« l’éternité est remplacée par le temps, où la réalité véritable se fond
dans la pure apparence de l’être ». Bien qu’ils n’aient pas directement
connu Plotin, les médiévaux avaient accès, sans le savoir, à sa théorie de
l’« Ame inférieure » : c’est la natura dont parle ALBERT LE GRAND
dans le De causis et processu universitatis : II, 2, 15 ; Borgnet, p. 501b,
inscrite dans une distinction quadripartite : Cause première,
Intelligences, âmes nobles, « nature » (-sphère), partiellement héritée
du Liber de causis. Sur ce thème, cf., en outre, De causis etprocessu
universitatis, II,2,16 ; Borgnet, p. 502b-503a et II, 5,17 ; Borgnet, p.
608b, qui définit la « nature » comme « natura universalis in
corporibus coelestibus insensibiliter diffusa ». Sur l’intermédiaire de ce
thème plotinien, le philosophe juif Isaac Israeli, cf. A. ALTMANN et S.M.
STERN, Isaac Israeli. A Neoplatonic Philosopher of the Early Tenth
Century (Scripta Judaica, I), Oxford, 1958, p. 51.
2. Sur Albert le Grand et Maître Eckhart, cf. A. DE LIBERA, Albert le
Grand et la philosophie, (A la Recherche de la Vérité), Paris, Vrin, 1990.
3. Dans son commentaire sur le Liber de causis, Thomas d’Aquin avait
démontré que l’ouvrage connu sous le titre de Livre des causes (ou Livre
du Bien pur) était une adaptation arabe des Éléments de théologie de
Proclus, principal représentant du néoplatonisme athénien, lequel
n’avait donc rien à voir avec Aristote ni avec l’aristotélisme. Thomas
avait en outre âprement critiqué Proclus, en s’appuyant principalement
sur le Pseudo-Denys de l’Aréopage, et en concentrant ses attaques sur la
dissociation et la hiérarchisation des Principes, qui conduisait les
platoniciens à distinguer divers ordres - dieux, Intellects, âmes - étagés
entre l’Un-et-Bon (Unum et Bonum), « Dieu suprême », « Cause
première de toutes choses » et l’ordre des corps. A la hiérarchie
platonicienne des dieux, distinguant, notamment, un Bien en soi (per
se), un être en soi, une vie en soi, Thomas opposait la Sententia
Dionysii, rassemblant en Dieu, sur un mode d’unité absolue, tous les
caractères attribués à ces pseudo-entités séparées. Sur la Sententia
Dionysii chez saint Thomas, cf. C. D’ANCONA COSTA, L’uso della
Sententia Dionysii nel Commente di s. Tommaso e Egidio Romano alle
proposizioni 3, 4, 6 del Liber de causis, dans Medioevo, 8 (1982),
p. 1-42. Cf. également A. DE LIBERA, Albert le Grand et Thomas
d’Aquin interprètes du Liber de causis, dans Revue des Sciences
Philosophiques et Théologiques, 74, 1990, p. 347-378.
4. Cf. W. TRUSEN, Der Prozeβ gegen Meister Eckhart. Vorgeschichte.
Verlauf und Folgen, Paderborn-München-Wien-Zürich, 1988.
5. Pour un bilan de la littérature « eckhartienne », cf. F. BRUNNER,
Maître Eckhart et la mystique allemande, dans Contemporary
Philosophy. A New Survey, 6/1, 1990, p. 399-420.
6. Cf. L. STURLESE, Un nuovo manoscritto delle opere latine di
Eckhart e il suo significato per la ricostruzione del teste e della storia
dell’Opus Tripartitum, dans Albert der Groβe und die deutsche
Dominikanerschule. Philosophische Perspektiven, éd. R. Imbach et Chr.
Flüeler, Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, 32, 1985,
p. 145-154.
7. Cf. L. STURLESE, Die Kölner Eckhartisten. Das Studium generale
der deutschen Dominikaner und die Verurteilung der Thesen Meister
Eckharts, dans Die Kölner Universität im Mittelalter, éd. A.
Zimmermann, (Miscellanea Mediaevalia, 20), Berlin-New York, De
Gruyter, 1989, p. 192-211.
8. Sur les relations d’Eckhart aux mouvements spirituels féminins, cf. O.
LANGER, Mystiche Erfahrung und spirituelle Theologie. Zu Meister
Eckharts Auseinandersetzung mit der Frauendrömmig seiner Zeit,
München, 1987.
9. Maître ECKHART, Predigt 2, trad. Ancelet-Hustache, dans Maître
Eckhart Sermons, I, Paris, Seuil, 1974, p. 56.
10. Le thème eckhartien du « vide » et de la « libre vacuité » se retrouve
jusque chez SILESIUS, Pèlerin chérubinique, Cherubinischer
Wandersmann. Traduit, préfacé et commenté par Henri Plard, Paris,
Aubier-Montaigne, 1946, p. 142 : « Die wahre Ledigkeit ist wie ein edless
Fass// Dass Nectar in sich hat : Es hat, und weiss nicht wass. »
11. Cf. Maître ECKHART, Predigt 29, trad. Ancelet-Hustache, dans
Maître Eckhart. Sermons, I, éd. cit., p. 237.
12. Cf. Maître ECKHART, Predigt 83, trad. Ancelet-Hustache dans
Maître Eckhart. Sermons, III, Paris, Seuil, 1979, p. 151 (modifiée).
13. Le « dé-devenir » (entwerden) se retrouve dans cette superbe page
de la Vie, XIX, de Suso : « Du Hohe schule und ir kunst, die man hie
liset, daz ist nit anders denn ein genzu, volkomnu gelassenheit sin selbs,
also daz ein mensch stand in sölicher entwordenheit, wie im got ist mit
im selb ald mit sinen creaturen » (« Cette école suprême, la science que
l’on étudie ici n’est rien d’autre qu’un renoncement total, parfait, à soi-
même, en sorte que l’homme soit si dépouillé de lui-même que peu
importe comment Dieu se manifeste à lui, par lui-même ou par ses
créatures », trad. J. Ancelet-Hustache, dans BIENHEUREUX HENRI
SUSO, Œuvres complètes, Seuil, Paris, 1977, p. 192. Il va de soi que la
traduction de entwordenheit par « dépouillé » n’est qu’un pis-aller).
14. Cf. Maître ECKHART, Predigt 83, trad. cit., p. 154.
15. Pour ce texte, cf. Maître ECKHART, Die deutschen und lateinischen
Werke. Die Lateinischen Werke, t. V, Sermopaschalis a. 1294 Parisius
habitus. Acta Echardiana, éd. L. Sturlese, 3-4 Lieferung, Stuttgart,
1988.
16. F. PFEIFFER, Deutsche Mystiker des 14. Jahrhunderts, t. II, Meister
Eckhart, Leipzig, 1857, p. 516, 32.
17. Cf. Deutsche Mystiker..., éd. cit., p. 519, 1.
18. Cf. Deutsche Mystiker..., éd. cit., p. 533, 35
19. Cf. Deutsche Mystiker..., p. 538, 2532
20. Pour tout ceci, cf. Eckhart. Poème. Suivi d’un Commentaire
anonyme. Texte français et postface de A. de Libera, Paris, Arfuyen,
1988.
21. Cf. Le Livre des XXIV Philosophes. Traduit du latin, édité et annoté
par F. Hudry, (Krisis), Grenoble, 1989, prop. no 2, p. 93-96.
22. Cf. Eckhart Poème..., éd. cit., p. 31. Noter, toutefois, que le texte
d’Alain de Lille est, en fait, une citation du Livre des XXIV Philosophes,
prop. no 1, éd. cit. p. 89-92.
23. Cf. Eckhart Poème..., p. 33-34
24. Nous suivons ici la traduction de J. VANNESTE (S.J.), Le Mystère
de Dieu, (Museum Lessianum), 1959, p. 204. M. de Gandillac traduit
« une union qui dépasse toute intelligence ». Nous indiquons entre
parenthèse (avec la lettre G), les autres solutions retenues par le
traducteur de Denys.
25. Sur cette question, cf. Maître Eckhart à Paris. Une critique
médiévale de l’ontothéologie. Les Questions parisiennes no 1 et no 2
d’Eckhart. Etudes, textes et traductions par E. Zum Brunn, Z. Kaluza, A.
de Libera, P. Vignaux et E. Weber (Bibliothèque de l’Ecole des Hautes
Etudes. Section des Sciences Religieuses, LXXXVI), Paris, 1984.
26. Cf. Deutsche Mystiker..., p. 502.
27. Pour ce texte, cf. F.-J. Schweitzer, Der Freiheitsbegriff der
deutschen Mystik. Seine Beziehung zur Ketzerei der « Brüder und
Schwestern vom Freien Geits », mit besonderer Rücksicht auf den
pseudoeckhartischen Traktat « Schwester Katrei », (Arbeiten zur
mittleren deutschen literatur und Sprache, 10), Francfort-Berne, P.
Lang, 1981.
28. Telle que la définit Katrei la « confirmation » a la même structure
opératoire que la « sérénité » ou l’« abandon » (Gelassenheit) chers à
Eckhart et à Suso. On notera, à ce propos, cette définition du Buchlein
der Wahreit, VII : « L’activité d’un homme qui s’est vraiment
abandonné est son abandon, et son opération est le repos, car il demeure
en repos dans son activité et il demeure inactif dans son opération »,
trad. J. Ancelet-Hustache, in Bienheureux Henri Suso, Œuvres
complètes, éd. cit., p. 456.
29. Cf. Meister ECKHART, Die deutschen und lateinischen Werke. Die
deutschen Werke, t. II, éd. cit., p. 278, 4-6.
30. Cf. Deutsche Mystiker..., p. 536, 28-537, 8.
31. Cf. Bienheureux Henri Suso, Œuvres complètes, éd. cit., p. 452.
32. D’où l’embarras de la traductrice J. Ancelet-Hustache (op. cit.,
p. 453, note 4), qui lui reproche de traduire indistinctius par innigers !
33. Pour la Predigt 77 d’Eckhart, cf. A. DE LIBERA, Maître Eckhart.
Sermon allemand 77, Introduction et traduction, dans Philosophes
médiévaux. Anthologie de textes philosophiques (XIIIe-XIVe siècles), s.
dir. R. Imbach et M.-H. Méléard [Bibliothèque médiévale 1760], Paris,
10/18, 1986, p. 269-279.
34. Cf. A. DE LIBERA, Introduction à la mystique rhénane. D’Albert le
Grand à Maître Eckhart, Paris, O.E.I.L., 1984, p. 314 ss.
35. Cf. DENYS, Noms divins, 2, 5, PG 3, 641D. Sur l’interprétation
eckhartienne de la ἕνωσις, cf. A. DE LIBERA, Uno, unione e unita in
Meister Eckhart : dall’uno transcendentale all’Uno trascendante, dans
Uno e molli, s.dir. V. Melchiorre, Milan Vita e Pensiero, 1989,
p. 139-172.
36. Cf. DENYS, Noms divins, 2, 4, PG 3, 641 B.
37. Cf. DENYS, Théologie mystique, I, 1.
Auteur
Alain de Libera