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Review

Author(s): Claude Bruaire


Review by: Claude Bruaire
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 74e Année, No. 3 (Juillet-Septembre 1969), pp. 341-
342
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40901130
Accessed: 01-01-2016 02:23 UTC

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NOTES CRITIQUES

Hegel et la Religion.IL La Dialec- théologiquesde la Phénoménologie de


tique.A. Dieu et la Création, par Albert l'Esprit,de l'Encyclopédieet des Cours
Chapelle, ÉditionsUniversitaires (115, de Berlin,le tout de la Logiqueet le sys-
rue du Cherche-Midi, Paris), 1967. - tème, dans leur architectonique,leur
Second volumed'une œuvreexhaustive détail et leur sens, sont constamment
sur la pensée spéculativede Hegel, cet présentsà l'analyse qui les crible afin
ouvrage est encore entouréen France d'épuiser le contenu,et sa forme,de
d'unétonnantsilence.A l'heureoù l'étude l'Idée absolue.On peut,certes,se deman-
de Hegel gagne officiellement nos uni- der commentreconnaître, selonles expli-
versités,la négligenced'un tel livre a citesprescriptions de Hegel,unethéologie
quelque chose de dérisoire.D'une part, chrétiennedans ces textes abstraitsde
au seul examen de l'immenseappareil la Logique. > Est-ce là une pensée reli-
critiqueconstituépar les notes, par le gieuse? Y est-ilmêmequestionde Dieu ?
volumed'annexésreconstituant l'exacte La réponseest claireet chaque motpesé
structuredes textes, l'auteur apparaît renvoie aux textes sans équivoque :
commele meilleurconnaisseuractuel du « En fait,c'est ici de Dieu qu'il s'agit,
philosopheallemand.Mais, d'autrepart, du Dieu de la révélation,du Dieu de la
Chapelle pourraitbien être davantage vérité vivante, de Celui qui libère le
encore.Car son discourssans concession, chrétienen Christ> Op.35). Ainsi l'Idée,
qui reprend, reforme, réfléchit et explique identitédialectiquedu Conceptet de sa
la théologiehégélienne,manifesteune réalité, se déploie dans la pensée du
vigueur spéculative rare, de premier christianisme qui se re-présente l'Absolu
ordre.On parle beaucoup de structure, de l'Esprit.
de théorie,de système.Chapelleeffectue Chapellesuit dans cet ouvragela puis-
réellementce qui, chez ceux qui se sante inspirationde Hegel qui conduità
bornentà invoquer,demeurele mythe renouvelerla philosophieau sein même
d'une promessenon tenue. de la théologie,dans l'entreprisede jus-
H est vrai qu'il s'agit de théologiespé- tifiercomplètement, jusqu'au fondement
culative.Et les habitudesfrançaisesne absolu,la penséechrétienne par la pensée
sont pas de recevoirainsi la pensée de pure, la religionabsolue et manifeste
Hegel. Pourtantle lecteurvérifiera cons- par la logique absolue de l'Absolu.
tammentce propos initial : « Que ce Récusant la théologie naturelle qui
détour théologiquesemble superfluà s'épuise dans l'énumérationdes Noms
l'athée, ou que le croyanttrouvevains divins, la consciencedu christianisme
ces méandresspéculatifs, il se peut. C'est se déploie dans les trois sphèresoù le
en tout cas l'unique accès à la philoso- tout de l'Idée divineest chaque foispré-
phiehégéliennede la religion,de l'Esprit sent, selon ses trois déterminations
et de son savoir.» constitutives.Trinité,création,histoire
Sans doute faut-ilpréciserque « la du salut. Le livre présentest consacré
philosophiede l'Esprit absolu... est à la aux deux premièressphères. Chapelle
foisla penséeque pensele christianisme exposela spéculationtrinitairede Hegel
et celle qui le pense ». Et Chapellesitue où se pensel'unitéde l'Un et de sa propre
au termede son effort, ouvragesà venir, différence. L'explicitationdu donnédog-
l'unité finale et systématiquede ces matique, les trois Personnesen Dieu,
deux pensées.Mais si l'étudeprésentene est mesure de la rationalitépositive,
prenddirectement en cause que les textes concrète,parcequ'elle est simultanément

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Reçue de Métaphysiqueet de Morale

l'épreuved'une impossibilitéde déduire Tous ceux qui entreprendrontde


ridée de la consciencefinie,de l'abstrac- dépouiller lestextesthéologiques de Hegel
tion de l'entendement.Impossible de trouveront un instrument précieuxdans
comprendre la théologie hégélienne le volume d'annexés où Chapelle a
commeune identification de l'hommeà reconstituéles plans précis des exposés
Dieu ou de Dieu à l'homme,à moins systématiques, selon leurs différences et
de saisirexactement l'unitéde cetteiden- leursrenvoismutuels.En outre,l'auteur
titéet de la non-identité infiniede l'infini fourniten dernièrepartie une exégèse
au fini. Mais l'auteur sait aussi situer exhaustivedes termes Entfremdung et
cettespéculationdans l'histoiredes doc- Entaûsserung, abusivementtraduitspar
trinesthéologique,notammentau regard « aliénation», notammentdans la litté-
de saint Thomas qui, tout au long du rature marxiste, et qui signifientla
livre, est appelé en confrontation, bien désappropriation et l'extériorisation.
que la penséede Hegel s'inscrivedavan- Inévitablement,en dépit de l'igno-
de Cha-
tage dans le sillage de la patristique rance et des réticences,l'œuvre
grecque.Chapelle fait le
également point pelle sera fondamentale pour l'intelligence
des influences de la mystiqueallemande, de l'Aristotede notretemps,commepour
de Boehmeet de MaîtreEckart. toute recherchephilosophiquequ'il sus-
Mais si cette premièrepartie sur la citera.
Trinitéappelle des repriseset complé- Claude Bruaire.
mentsque fourniront, en particulier dans
la théoriedes syllogismesde l'Idée, les
prochainsvolumesde « Systématique»,
la secondePartie,en revanche,présente MoralKnowledge, par Oliver A. John-
un corpsde doctrineachevé.Le passage son. La Haye, M. Nijhoff,1966. Un
logiquede l'Idée à son phénomène, expo- vol. in-8° de 172 p. - Le livre se
sant la partitiondu Concept,l'extrapo- composede huit articlesqui envisagent
sitionde l'Autreexigée pour la concré- successivementla connaissancemorale,
tion de l'Idée, introduitbrillamment à le bien, le droit, le langage ordinaire,
la Créationdu mondeet de l'espritfini. l'intuition,le devoir. L'auteur ne veut
Sontrésoluesen touterigueurles apones pas que l'on recoure à l'intuition,du
classiques de l'identité spéculativedu moinsd'une façondécisive,maisil admet
Fils et de la Natureet de leurnon-iden- que nos intuitionsmoralesne sont aucu-
tité absolue,de la libertécréatriceet de nement irrationnellesou arbitraires.Il
la nécessitédu monde,de la souveraine ajoute : « Je ne connaisaucune méthode
libertéde Dieu et de l'autonomiede la aisée pour décidersi une vérité morale
réalité finie.Enfin,l'auteur nous offre prétendument intuitivea ou n'a pas un
une merveillephilosophiquesur le statut fondement rationnel.Tout ce que je puis
du tempsselonHegel,tempsqui estl'être- suggérerest que chacunedoit être exa-
là du Concept,la précaritédu négatif minée avec grand soin et que dans cet
distraitde l'absolu, et la durée où se examen on ne doit pas recourirà une
déploieet se reploiel'extérioritéindéfinie autre intuition» (p. 142). L'auteur, en
de l'espace et de la nature. Hegel ne fait,ne nous donne guèrele moyende
fondel'idéalitédu tempsqu'en justifiant résoudrele problèmequ'il soulève au
le tempsobjectif.Jamais,à notreconnais- centrede son livre. Il faut toujours,en
sance,la théoriehégéliennedu tempset mêmetempsqu'on juge une action,tenir
de l'éternité n'avait connu une telle comptedes motifsde celui qui agit. Il
clarté et fidélitéd'exposition,d'expli- tend à direque, dans le jugementsur un
cation. acte, il faudratenircomptede l'attitude
Au terme,le rapportde l'espritfinià des personnesaffectéespar cet acte. Il
son monde nous introduità l'histoire, donneau principequi le guide,le nomde
lieu du retourde la créationà l'Esprit « impartialitépersonnelle». Peut-êtrela
absolu. « Toute l'histoiren'est pas de lecture de ce livre ancien de Frédéric
trop, conclut Chapelle,pour que, l'Es- Rauh, L'Expérience morale, aurait-elle
prit finise laissantréconcilierà l'Esprit pu le conduireun peu plusloinsurla voie
absolu, celui-ciy chercheet y retrouve de la connaissancemorale.
en réalitél'Amouréternelde sa vie. La
naturedu sujet finidevientl'Objet d'une
histoireinfinie.» Jean Wahl.

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