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Troisidme sdrie
JACQUES MARITAIN
MCMXLVIII
DescMe De Brouwer et C ie
kditeurs Paris
DISTINGUER POUR UNIR
OU
LES DEGRÉS
DU SAVOIR
NOUVELLE ÉDITION. REVUE ET AUGMENTÉE
DESCLÉE DE BROUWER
PARIS
Tous droits de reproduction et de traduction réservés.
Copyright by Desclée De Brouwer & Cie, 1946.
PRÉFACE
1. Ephes., nI , 18.
PRÉFACE IX
.• 1. Tels sont par exemple les tria principia sur lesquels le. domi-
nicain Réginald a écrit au xvne siècle un livre remarquable
(inachevé du - reste) : ens est transcendens ; Deus solu ss est actus
purus; absoluta specificantur a se, relativa ab alio. Ces trois prin-
cipes contiennent tout le thomisme ; mais il faut aussi tout le
thomisme— pour les comprendre. De sorte que l'ouvrage de
Réginaid; avec son inévitable morcellement didactique, n'est
lui-même par rapport à la doctriùe qu'il expose qu'une 'planche
d'anatomie par rapport à un organisme vivant. Sans doute en
est-il de même en quelque mesure pour toute grande doôtriné
philosophique : aucune n'est purement et exclusivement un
système, un artetactum; la pensée tend de soi à l'organique et
au vivant. Mais en toutes la rançon de *l'unité et de la cohérence
XVI LES DEGRÉS DU SAVOIR -
GRANDEUR ET MISÈRE DE LA
MÉTAPHYSIQUE
à Charles Du Bos.
I. PORPHYRE, Vie de Plotin, II, 25. Plus loin (c. Io), Porphyre
nous raconte comment un prêtre égyptien venu à Rome avait
proposé à Plotin de lui faire voir l'esprit qui l'habitait, et avait
évoqué ce démon, qui se trouva être un dieu. « On né put, ajoute-
t-il, interroger le démon ni le garder longtemps présent à la
vue, parce qu'un de ses amis, spectateur de la scène, à qui on
avait confié les oiseaux et qui les tenait dans sa main, les étouffa
de jalousie ou F eut-être de terreur. Plotin était donc assisté
par un des démons les plus - divins ; constamment il dirigeait
vers lui liceil divin de son esprit. C'est le motif pour lequel il
écrivit son traité Sur le' démon que nous avons reçu en partage,
où il s'efforce de rendre raison des différences entre les êtres
qui assistent l'homme ».
14 LES DEGRÉS DU SAVOIR
« Hoc quod al iquis veut frui Deo, pertinet ad amorem, quo Deus
amatur amore concupiscentiae ; magis autem amamus Deum
amore amicitiae, quam amore concupiscentiae ; quia majus est
in se bonum Dei, quam bonum, quod participare possuMus
fruendo ipso ; et ideo simpliciter homo magis diligit Deum ex
charitate, quam seipsum Cf. ençore CAJETAN, in 17, 5•
22 LES DEGRÉS DU SAVOIR
LES DEGRES
DU SAVOIR RATIONNEL
Philosophie et science e x périmentale
CHAPITRE II
Objet de ce chapitre.
De la science en général.
Nécessité et contingence.
1. (On peut prédire à coup sûr que la moitié des -enfants 'nés
aujourd'hui dépasseront l'âge de n ans ; et néanmoins cela ne
nous dit pas quel âge atteindra le jeune X. L'éclipse de 1999 est
aussi certaine que le bilan d'une compagnie d'assurances sur
la vie ; le saut que va faire un atome est aussi incertain que ma
vie ou la vôtre ». (A. S. EDDINGTON, La Nature du Monde Phy-
sique, trad. G. Cros, Paris, 1929, p. 299). Il semble que
l'importance de plus en plus grande prise dans la science par les
lois statistiques (nous ne parlons pas ici des « relations d'incerti-
tude » de la mécanique corpusculaire, dont il sera question plus
loin ; nous parlons simplement de la multitude de chocs fortuits
dont dépend finalement « le saut que va faire un atome individuel
ou une molécule individuelle ») puisse être regardée comme une
illustration des idées aristotéliciennes sur la liaison du contingent
et du singulier. La loi statistique apparaît alors, ainsi que nous
l'indiquions plus haut, comme le succédané au second degré
des nécessités intelligibles inscrites dans l'universel et que la
science expérimentale ne parvient pas à y déchiffrer. '
. 2. Il importe d'éviter ici des malentendus trop faciles. Nous
disons qu'il n'y a pas de science de l'individuel comme tel. Cela
ne signifie nullement qu'il ne puisse y *avoir de l'individuel
. comme tel une connaissance intellectuelle indirecte (par « réfle-
xion sur les sens, - ou par le moyen de la connaturalité affec-
tive). Nous admettons même à ce point de vue, avec Jean de
Saint-Thomas, un concept propre (indirect) du singulier.
Cela ne signifie pas non plus qu'il ne puisse y avoir une science
de l'individuel, - mais non pas comme tel (c'est-à-dire dans sa
singularité, dans son incommunicabilité elle-même). La caracté-
rologie, la graphologie, la science des tempéraments, etc., sont
des sciences de l'individuel, qui pour atteindre le singulier le
- PHILOSOPHIE ET SCIENCE EXPÉRIMENTALE 57
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8o LES DEGRÉS DU SAVOIR
III
Science et philosophie.
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Conclusion.
LE RÉALISME CRITIQUE
«Réalisme critique ».
II
La vérité.
elle est elle-même connue, et elle n'est connue que par le jugement
par où l'esprit, donnant son assentiment à l'énoncé mental qu'il
construit à cet effet, se prononce sur la chose et déclare qu'elle
est ainsi, ita est. «Quando judicat rem itâ se habere, sicut est
forma quam de re apprehendit tunc primo cognoscit et dicit
verum. Et hoc facit componendo et dividendo. Nam in omni
propositione aliquam formam significatam per praedicatum, vel
applicat alicui rei significatae per subjectum, vel removet ab
ea. » (Sum. theol., I, 16, 2. Cf. De Vent., I, 3.)
Du seul fait que l'esprit se prononce ainsi sur ce qui est, il
y a là une réflexion in actu exercito de l'esprit sur lui-même et
sur sa propre conformité avec la chose (« super ipsam similitu-
dinem reflectitur, cognoscendo et dijudicando ipsam », in Met.,
lib. VI. lect. 4. Cf. plus loin, p. 189, note 1). Cette réflexion
n'est pas encore la réflexion logique ou critique (cf. FERRARIEN-
SIS, in l C. G:, I, 59), où l'esprit connaît in actu signato son acte et
son concept par un nouvel acte et un nouveau concept (réflexe),
c'est seulement une « prise en main » de soi-même par l'esprit,
qui n'est pas autre que l'acte même de juger, en telle sorte que
Cajetan peut définir le jugement illa cognitio quae sui ipsius
conformitatem cum ne cognoscit (in I, 16, 2).
C'est ce que dit très clairement saint Thomas lui-même, dans
les précieuses élucidations du comm. in Periherm., lib. I, lect. 3,
n. 9 « Cognoscere autem praedictam habitudinem [conformi-
tatis suae ad rem] nihil est aliud quam judicare ita esse in re
vel non esse ; quod est componere et dividere ; et ideo intellectus
non cognoscit veritatem, nisi componendo vel dividendo per
suum judicium. »
Et par là sont déjà connues en acte premier (cf. plus haut
p. 150, note 1) la nature (c'est-à-dire la finalité, qui est de se
conformer à l'être des choses) de l'acte et celle de la puissance
ou faculté dont il émane (De Vent., I, 9), qui seront connues
en acte second par une réflexion expresse, ainsi que la nature
de l'habitus (De Vent., Io, 9) dont 1 acte procède, et l'existence
même de l'âme (De Vent.. Io, 8). Voir plus loin, p. 191 note I.
et p. 233 note 2.
Notons bien ici les deux points suivants : 10 Si la nature de
-
174 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Chose et objet.
1. E. HUSSERL; . p. 116.
LE RÉALISME CRITIQUE 205
De l'idéalisme.
III
De la connaissance elle-même.
i. De Veritate, 2, 2.
216 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Le Concept 1•
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Univers de l'existence
et univers d'intelligibilité.
L'être de raison.
ris », Sum. théol., I, Io, ‘6 ; cf. in Met., lib. X, lect. 2), et qiié le
philosophe peut appeler nombres (au sens où, d'après saint Tho-
mas, comme nous le rappelons ci-dessous, le nombre existe
a parte rei et comme nombrable avant d'être nombré)," mais qui
n'ont rien à voir avec des nombres trouvés par un observateur
(nombres du physicien). C'est ainsi par exemple que le temps
lié au mouvement
, le plus fondamental (que les anciens cher-
1. Voyez Plus loin §§ 18 et 19.
2. Cf. THÉONAS, /OC. Cit., et notes 9, 14, 15, 16, 17.
278 LES DEGRÉS DU SAVOIR
I. E. MEYERSON,
_ _
Le
.
Physicien et le Réel, Le Mois, juin 1931.
CONNAISSANCE DE LA NATURE SENSIBLE 313
II
La philosophie de la nature.
. _ .
naissent que d'une manière essentiellement insatis-
faisante, témoignent qu'un savoir est possible où
l'intelligence, actualisant la mystérieuse intelligibi-
lité des 'choses à un niveau plus profond, découvre
en elles l'être auquel elle. aspire comme à son objet
naturel ; à condition toutefois qu'elle se résigne à
l'ascèse et aux retranchements nécessaires, et com-
prenne que pour se saisir d'un peu de l'être des
choses elle doit renoncer à utiliser ce savoir plus
noble, mais quantitativement plus pauvre, à une
exploitation spéculative ou pratique de leurs richesses
phénoménales.
Un savoir qui, même sous un certain rapport
seulement, et dans un ordre donné (dans l'ordre
de la nature sensible), est une sagesse, est chose de
« fruition », non d' « usage ». Et toute sagesse doit
d'uné certaine façon, passer par le trou de l'aiguille.
C'est par la recherche d'un tel savoir philosophique
qu'a commencé la connaissance de la nature sensible.
Mais elle a . mis .du temps à apprendre l'esprit de
pauvreté. " Le malheur de la philosophie de la nature,
Chez les anciens, a été de se croire une science des
phénomènes de -la nature ; appelons encore philo-
sophie de la nature, c'est son nom propre, le savoir
philosophique que nous cherchons à délimiter ici ;
mais comprenons qu'il doit laisser toute-. prétention
à se répandre hors .des frontières de son essence et
à.: gagner le monde. Si nous nous référons à.la philo-
sophie de la nature à - notre avis la mieux fondée,
et qui. a le privilège d'être en continuité avec la mé-
taphysique la plus pure', je veux dire à la philoso-
phie de la nature conçue selon les principes d'Anis-
CONNAISSANCE DE LA NATURE SENSIBLE 345
c _ . • e.
Éclaircissements complémentaires.
irr
Le mécanicisme.
LA CONNAISSANCE MÉTAPHYSIQUE
Raissa Maritain.
Digression scolastique.
,- s-seta.
fréter .,„
eim.vripliie
t in-ieffecitan.
5-end d4 1 aitimurit ifu4
II
L'intelligible métaphysique.
consequens omne ens ;" et hic modus dupliciter accipi potest : uno
modo secundum quod consequitur omne ens in se ; alio modo
secundum quod consequitur unumquodque ens in ordine ad aliud.
Si primo modo, hoc dicitur, quia exprimit in ente aliquid affir-
mative vel negative. Non autem invenitur aliquid affirmative
dictum absolute quod possit accipi in omni ente, nisi essentia
ejus, secundum quam esse dicitur ; et sic imponitur hoc nomen
res, quod in hoc differt ab ente, secundum Avicennam in principio
1VIetaphys., quod . ens sumitur ab actu essendi, sed nomen rei
exprimit quidditatem sive essentiam entis. Negatio autem, quae
est consequens omne ens absolute, est indivisio ; et hanc exprimit
hoc nomen unum : nihil enim est aliud unum quam ens indivisum.
Si autem modus entis accipiatur secundo modo, scilicet secun-
dum ordinem unius ad alterum, hoc potest esse dupliciter. Uno.
modo secundum divisionem unius ab altero ; et hoc exprimit
hoc nomen aliquid, dicitur enim aliquid quasi aliud quid ; unde
sicut ens dicitur unum, in quantum est indivisum in se, ita dicitur
aliquid, in quantum est ab aliis divisum. Alio modo secundum
convenientiam unius entis ad aliud ; et hoc quidem non potest
esse nisi accipiatur aliquid quod natum sit convenire cum omni
ente. Hoc autem est anima, quae quodammodo est omnia, sicut
dicitur in III. de Anima (text. 37). In anima autem est vis cogni--
tiva et appetitiva. Convenientiam ergo entis ad appetitum ex-
primit hoc nomen bonum, ut in principio Ethic. dicitur : Bonum
est quod omnia appetunt. Convenientiam vero entis ad intellectum
exprimit hoc nomen veruin. »
LA CONNAISSANCE MÉTAPHYSIQUE .419
Qui n'a pas médité sur les anges ne sera jamais par-
fait métaphysicien. Le Traité des Anges est un traité
théologique, où saint Thomas s'appuie sur les
lumières révélées. Mais il contient virtuellement un
traité de pure métaphysique concernant la structure
ontologique des subsistants imrn.atériels, et la vie
naturelle de l'esprit dégagé des diminutions de notre
monde empirique.
La connaissance que nous pouvons ainsi acquérir
des purs esprits créés ressortit au premier degré de
ananoétique ou de l'analogie. Le sujet
transobjectif domine la connaissance que nous avons
de lui, et ne devient objet pour nous que dans l'objec-
tivation d'autres sujets soumis à nos prises et
transcendantalement cOnsidérés 1 ; mais cependant
l'analogué supérieur ainsi atteint ne déborde pas le
concept analogue qui l'appréhende, l'ampleur trans-
cendantale du concept d'esprit suffit à envelopper
l'esprit pur créé ; non seulement des notions telles
que substance, essence, existence, connaissance,
appétition, etc., se réalisent dans l'ange formellement
ou selon leur signifié propre (bien qu'éminemment
ou d'une façon qui transcende leur mode de signi-
fication), mais la réalité qu'elles signifient, étant
finie, est contenue 2 décrite ou circonscrite par elles
,
III
Le Nom de Personne.
La suranalogie de la foi.
I. J OAN., 1, 18.
480 LES DEGRÉS DU SAVOIR
i. Ibid., a, Io.
LES DEGRÉS
DU SAVOIR SUPRA-RATIONNEL
Expérience Mystique et Philosophie
CHAPITRE VI
Au R. P. Garrigou-Lagrange.
2. I.Cor., XIII, 12. Sur ce mot de saint Paul, voir plus loin
Annexe VIII, p. 902.
3. »AN., 3, 2.
EXPÉRIENCE MYSTIQUE ET PHILOSOPHIE 495
z. Cf. chap. y, PP. 454 -456 ; 480 ; et plus loin Annexe III.
2. Il en est ainsi parce que la foi est une connaissance révélée.
.Deum nemo vidit unquam z uni genitus Filius, qui est in sinu Patris,
ipso enarravit. (JoANN., z, 18). Ici la première formalité sous
laquelle l'objet est constitué comme tel se rapporte non pas à
EXPÉRIENCE . MYSTIQUE ET PHILOSOPHIE 499
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La grcice sanctifiante.
III
Première objection.
Seconde objection.
3, 26, 1).
3. Ce n'est pas en tant que Bien suprême, c'est en tant même
que Dieu, selon sa déité même et sa vie propre, que Dieu est
objet de la béatitute surnaturelle et atteint immédiatement par
la charité. Naturalis cognitio non potest attingere ad Deum,
secundum quod est objectum beatitudinis, prout tendit in ipsum
spe,s et chantas.
_
» Sum. theol., II-II, 4, 7.
538 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Troisième objection.
T. Celui à qui un bien n'a pas été offert par privilège de nais-
sance estime souvent davantage ce qu'il a pu en conquérir. Bien
des chrétiens ont à ce point de vue des leçons de fidélité à recevoir
de certains infidèles. Mais pour la même raison le prestige lui-
même dont jouit la contemplation auprès des spirituels in partibus
infidelium, les ressources qu'ils déploient pour scruter et traduire
ce qu'ils en ont obtenu, font que parfois, au cas où l'expression
poétique irait plus loin que l'expérience, on pourrait se tromper
sur le degré auquel celle-ci est parvenue. D'autre part tout le
« physique » qui prépare et accompagne la contemplation (sans
parler de dons accidentels parfois suspects) doit avoir, là où la
recherche humaine est plus tendue, un relief particulièrement
accusé. Si ces vues sont exactes, le cas d'un Hallaj devrait
être regardé comme exceptionnel par son élévation et sa
pureté.
EXPÉRIENCE MYSTIQUE ET PHILOSOPHIE 541
1. Sum. contra Gent., lib. III, cap. 41, 42, 43, 44, 45. - Cf.
Sum. theol., I-II, 3, 7 « Aliqualem autem beatitudinem
fectam nihil prohibit attendi in contemplatione angelornm, et
etiam altiorem, quam in consideratione scientiarum speculati-
varum s.
EXPÉRIENCE MYSTIQUE ET PHILOSOPHIE 547
•
tuer dans son espèce, avoir efficacement prise s4r
le réel intelligible, et parvenir à la perfection clés
certitudes qui lui conviennent en raison de sc>n
essence. Mais' c'est une loi générale que l'inférieur
— sans sortir pour cela de sa nature et de ses limites
spécifiques .— tend toujours au supérieur et cherche
à entrer en contiguïté avec lui : supremum infimi
attingit ad infimum supremi. Nous disons donc main.-
tenant, ce qui ne contredit en rien la thèse précé-
dente, mais la complète, que la métaphysique en-
gendre naturellement dans l'âme une velléité qu'elle-
même n'a pas le pouvoir de combler, un désir confus
et indéterminé d'une connaissance supérieure, qui
de fait n'est réalisée authentiquement que dans l'ex-
périence mystique, dans la contemplation des saints.
Comment en est-il ainsi ? D'abord parce qu'il y
a bien des problèmes, en ce qui concerne surtout la
destinée de l'homme et la conduite de l'univers, que
la métaphysique pose, mais ne résout pas, ou résout
imparfaitement, et dont la solution, donnée par la
foi, n'est perçue dans toute sa vérité et sa convenance
que dans la lumière de 'la contemplation infuse.
Ensuite parce que la métaphysique, comme toute
science humaine, nous laisse insatisfaits. Étant tour-
née vers la cause première et désirant naturellement
la connaître à la perfection, il est naturel qu'elle nous
fasse désirer, — d'un désir inefficace et conditionnel,
réel. pourtant, — voir cette- cause en elle-même,
contempler l'essence de Dieu 1. Elle n'y' peut par-
!. Le désir naturel de connattre la Cause première en elle-même
n'est pas le désir surnaturel de la vision béatifique, parce que
l'objet spdcificateur de ces deux désirs est formellement différent.
EXPÉRIENCE MYSTIQUE ET PHILOSOPHIE 563
DE LA SAGESSE AUGUSTINIENNE
Un75roblme typique.
repunt super terram. Sed non haec est gratia, quam commendat
apostolus per fidem Jesu Christi. Hanc enim naturam etiam
cum impiis et infidelibus certum est nobis esse c:ommunem ;
gratia vero per fidem Jesu Christi eorum tantummodo est, quo-
rum est ipsa fides ». — De praedest..anctorum, c. y, n. Io « Posse
habere fidem, sicut posse habere caritatem, naturae et hominum ;
habere autem fidem, quemadmodum habere baritatem, gra.tiae
est fidelium. Illa itaque natura, in qua nobis data est possibilita,s
habendi . fidem, non discernit ab homine hominem ; ipsa vent
fides discernit ab infideli fidelem ». — Enarrat. in Psalm.
enarr. 2: « Manifestum est ergo, quia homines dixit deos, ex
gratia sua deificatos, non de substantia sua natos... Qui autern
justificat, ipse deificat, quia justificando filios Dei facit. Dedit
enim eis potestatem filios Dei fieri. (ban. I, 12). Si filü Dei facti
sumus, et dii facti sumus ; sed hoc gratiae est adoptantis, non
naturae generantis ».
i. Cf. R. GARRIGOU-LAGRANGE, COMMUniCatiOn. à /a Semaine
augustinienne de Rome (24 avril 1930).
2". Cf. De correptione et gratia, c. xi, n. 29 « Quid ergo ? Adam
non habuit Dei gratiam ? Immo vero hahiiit magnam. sed dupa.
rem »
3. De Trinit., lib. XIV et HI'. XV (notamment c. In),
4. De Civ. Dei, lib. XII, c.
Distinguer pour unis. 40
604 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Thomisme et Augustinisme.
Au R. P. Bruno.
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Agitait
III
i. Sunz. theol., I-II, 27, 2; II-II, 27, 4. Cf. MI, 62, 3 : c'est
le propre de la charité de produire avec Dieu « imioneria quamdam
spiritualem, per quam quodammodo transformamur in ilium
finem s. Cf. plus haut, ch'ap. VI, pp. 516 et 536-537.
2. MI, 66, 6. « Amor charitatis est de eo quod jam habetur s.
3. Gant., seconde rédaction, str. 28 (iv), Silv., III p. 361. _
4. Ibid., seconde rédaction, str. 27 (i8). Silv., III, p: 356.
SAINT JEAN DE LA CROIX 643
La foi théologale.
0 fontaine cristalline,
Si parmi tes reflets d'argent,
Soudain tu laissais apparaître
Les yeux tant désirés
Que je porte esquissés dans mon coeur !
IV
puede llegar, pasa esta fiesta del Espiritu Santo ». Cf. Gant.,
str. 13 (4), Silv., III, p. 70 : « ...las virtudes y gracias del Amado,
las cuales mediante la dicha uni6n del Esposo embisten en el
alma, y amorosIsimamente se comunican y tocan en la sustancia
de ella ».
1. Il suffit de se rappeler qu'il écrit par exemple « Dieu purifie
l'âme selon la substance sensitive et spirituelle et selon les puis-
sances internes et externes » (Nuit obsc., liv. II, str. I, vers 1,
chap. 6, Silv., II, p. 428) pour comprendre que le mot « sub-
stance » a chez lui un sens tout expérimental et concret qui
n'enveloppe pas toujours ni nécessairement le sens que lui donne
l'analyse ontologique pratiquée par les philosophes. Ce mot
désigne pour Jean de la Croix ce qui est le plus profond, le plus
radical, le plus caché. — Cf. Sainte THÉRÈSE, Chdteau intérieur,
Quatrièmes Demeures, chap. n: « Quand il plaît à la Majesté
divine de nous donner une faveur surnaturelle, cette eau coule
de notre fond le plus intime avec une paix, une tranquillité, une
suavité extrêmes ; mais d'où jaillit-elle et comment, c'est ce
que j'ignore .[...] Il ne me semble pas cependant que c'est une
chose qui naît du coeur, mais d'un endroit encore plus intérieur,
de quelque chose de très profond Je pense que ce doit être le
centre de l'âme... »
2. D'après l'édition de Madrid, 1630, du Cantique Spirituel,
str. 13 (14), Silv., III, p. 70, c'est par le moyen de la volonté
que l'action divine atteint la substance de l'âme (« asi también
el toque de las virtudes del Amado se sienten y gozan en el tacto
de esta alma, que es en la sustancia de ella mediante la voluntad »).
Glose des éditeurs ? En tout cas le saint écrit plus loin (ibid.,
p. 71) : « Porque este toque de Dios satisface grandemente y
regala la susta.ncia del alma, cumpliendo suavemente su apetito... » ;
puis c'est de là que l'action divine passe dans l'entendement
(« una subidisima y sabrosJsima inteligencia de Dios y de sus
virtudes, la cual redunda en el entendimiento del toque que hacen
estas virtudes de Dios en la sustancia dem alma s, ibid., p. 70).
Distinguer pour unir. 43
652 LES DEGRÉS DU SAVOIR
La doctrine du vide.
1. Cf. Gant. sir., str. 35 (36), Silv., III, p. 161. Voir plus
loin, chap. lx, § xx (onze).
SAIN' JEAN DÉ LA CROIX 663
La contemplation mystique.
4- Montée, liv. I. cl ap. lx (vin), Silv., II, p.. mi. Voir plus
haut, p. 655, noie 1.
SAINT JEAN DE LA CROIX 673
i. Montée du Carmel, liv. II, chap. xxn, Silv., II, pp. 183-185.
SAINT JEAN DE LA CROIX 693
TODO Y NADA
à Charles Henrion.
amour. » 2 -
i. Montée du Carmel, liv. III, chap. xi [1], § 13, Silv., II, p. 246.
Distinguer pour unir. 47
716 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Père Rabussier est mort en 1897. Ces notes avaient été rédigées
à l'intention de Madame Cécile Bruyère, abbesse de Sainte-Cécile
de Solesmes, à l'époque où elle préparait son ouvrage, devenu
classique, sur l'Oraison d'après la Sainte Écriture et la tradition
monastique.
730 LES DEGRÉS DU SAVOIR
l'ouvrage déjà cité de Madame Cécile Bruyère (chap. xix, pp. 370
et suiv.) des pages très remarquables sur les souffrances propres
à l'état d'union parfaite.
TODO Y NADA 731
•
12. Cette égalité d'amour, qui ne sera définitive
et consommée que dans la vie future, a commencé
dès le temps des « fiançailles)) spirituelles : «en l'ap-
pelant frère, elle fait connaître l'égalité d'amour que
créent entre eux deux les fiançailles... 1 » Alors l'âme,
dans son échange d'amour avec Dieu, ne laissant
pour ainsi dire rien se perdre de la grâce offerte
(nous autres, quand un fleuve nous est offert, c'est
une goutte d'eau que nous utilisons), alors l'âme
fiancée rend à son Dieu mesure pour mesure, autant
d'amour, à chaque moment de son progrès, qu'elle
reçoit d'avances et de prévenances de l'éternelle
volonté par laquelle il veut que tous les hommes
soient sauvés. Or, maintenant, à cette sorte d'égalité,
qui est comme une condition ou disposition prére-
quise, une autre s'ajoute, privilège de l'union con-
sommée.
L'acte d'amour produit par l'âme est fini et me-
suré, comme son degré de charité ; toutefois si l'a-
mour dont Dieu l'aime est fini aussi et mesuré quant
à son terme (car Dieu n'aime pas également toutes
choses 3), en lui-même et dans sa substance, ex tarte
1. Gant., str. 27 (22), Silv., III, p. 135. Cf. str. 15, p. 82:
« Ce baiser est l'union dont nous parlons, en laquelle l'âme s'égale
à Dieu par l'amour. C'est là ce qu'elle veut quand elle dit : qui
lui accordera que l'Aind soit son frère ? Ce qui signifie et implique
égalité ».
2. Cf. plus loin l'Annexe VIII.
3. « Cum arnare sit velle bonum alicui, duplici ratione potest
aliquid magis, yel minus amui. Uno modo ex parte ipsius «tus
734 LÉS DEGRÉS DU SAVOIR
1. De Vent., q. 2, a. 2.
2. « Parfois, écrit le Père POULAIN, les mystiques se laissent
aller à des exagérations de langage, dans l'impuissance où ils sont
de bien dépeindre tout ce qu'il y a d'élevé dans cette participa-
tion. Ils diront qu'on pense par la pensée éternelle de Dieu,
qu'on aime par son amour infini, qu'on veut par sa volonté. Ils
semblent confondre les deux natures, divine et humaine. Ils
décrivent ainsi ce que l'on croit sentir ; comme les astronomes,
ils parlent le langage des apparences ». (Des Grâces d'Oraison,
5e éd., p. 282. Les mots soulignés sont soulignés par l'auteur.
Cf. Ibid., pp. 288-289.) Nous espérons montrer ici que pour
exonérer saint Jean de la Croix de toute ombre de panthéisme
ou de confusion « des deux natures », il n'est pas nécessaire
d'admettre que dans l'instant qu'il enseigne les plus hauts mys-
tères de l'union d'amour à la Vérité première il se laisse aller
à des exagérations de langage, et qu'il parle le langage des appa-
rences, décrit non pas ce qu'il sent, mais ce qu'il croit sentir,
bref se tient « comme les astronomes », dans l'ordre de ce qui
744 LES DEGRÉS DU SAVOIR
1. Gal., nr, 6.
2. Gant., str. 38 (39), Silv., III, p. 171.
3. Vive Flamme, stT. 3, vers 5-6, Silv., IV, p. 91. — Cf. str. 4,
vers 4-6, ibid., p. 102.
4. « Com° el se ama », Gant., str. 37 (38), Silv., III, pp. 166, i68;
« con el mismo amor que el se ama », ibid., p. 169. — Cette expres-
sion, comme une glose du manuscrit de Sanlucar prend soin
de le noter : « je ne veux pas dire qu'elle aime Dieu autant,
qu'il s'aime... » (ibid., p. i68 ; Chevallier, Gant., p. 303) — ne
754 LES DEGRÉS DU SAVOIR .
•
17. Parvenue au degré le plus élevé de l'union
divine, l'âme ne peut rien faire de meilleur en soi
et, à moins d'obligation positive, de plus utile et de
plus fécond que de contempler et d'aimer Dieu dans
la solitude.
« Aussi longtemps que l'âme n'a pas atteint l'état
d'union dont nous parlons, il est bon qu'elle s'exerce
à l'amour, aussi bien dans la vie active que dans la
contemplation ; mais une fois qu'elle y est établie,
il ne lui convient plus de s'occuper à d'autres oeuvres,
ou à des exercices extérieurs qui puissent faire le
moins du monde obstacle à sa vie d'amour en Dieu,
faut lire dans le texte même. [...] L' cime vit dans une union étroite
et consciente avec les trois divines personnes. »
Et à propos des saints de l'ancienne Loi., elle ajoute : « Le
grand patriarche Abraham, que l'Écriture nous montre élevé à,
une si étroite familiarité avec Dieu, eut cette révélation de l'au-
guste Trinité, lorsqu'il reçut le Seigneur sous la forme de trois
anges qu'il salua comme s'ils n'eussent été qu'un seul ; et cet
exemple n'est pas unique dans l'Ancien Testament, alors que
pourtant les vérités, et particulièrement le mystère de l'auguste
et tranquille Trinité, étaient encore enveloppées d'ombres. On
ne peut s'en étonner .: Dieu condescendant dès lors à élever
quelques âmes choisies dans des régions supérieures, et se dé-
voilant lui-même à ces âmes, leur apprenait à le connaître tel
qu'il est, un en essence et triLie en personnes. » La Vie Spirituelle
et l'Oraison, pp. 343-346.
762 LES DEGRÉS DU SAVOIR
Indice de la possession
du tout
A PROPOS DU CONCEPT
2.Non plus que, pour signifier une autr, distinction, les mots
conceptus mental , et conceptus obiectivus.
A PROPOS DU CONCEPT 773
Si l'on dit que le concept est quod sans être objet connu, et
qu'il est terme connu seulement « comme représentant l'objet »
- (F. A. BLANCHE, .art: cité, p. [4]), alors on dit précisément ce
que nous disons : qu'il est quod comme produit et in quo comme
connu.
1. « Et haec species expressa dicitur conceptus seu verbum
tanquam quid formatum ab intellectu, et locuturn, seu dic-
tum ab ipso, ut ibu objectum attingat ta,nquam in medio
formaliter repraesentante, non ut in medio prius cognito : -nec
enim prius attingitur conceptus, et deinde objectum, sed in
ipso immediate res cognita attingitur, sicut media specie iin-
pressa ( bjectum unitur, quin attingatur ipsa species. » JEAN
DE SAINT-THOMAS, CUIS. theol., I. P., q. 27, disp. 12, a. 5 (Vivès,
t. IV, p. 94).
Dans l'intellection ananoétique il y a un quod médiateur,
c'est l'analogué d'abord atteint par nous. Mais celui-ci est lui-
même atteint immédiatement, au sens indiqué ici.
2. Saint THOMAS, de .Potentia, q. 7. a. 9.
3. La species irnpressa, — parce qu'elle n'est qu'au principe
non au terme de l'intellection, et que par suite elle n'est nullement
praecognita, même au sens purement formel où le concept est
préconnu, — est un quo auquel ne convient pas le nom de pur
signe ou de signe formel. Seuls le phantasme et le concept peuvent
être appelés signes f -n-mels. Cf. JEAN DE SAINT-THOMAS, Log.,
P., q. 22, a. 2 (Reise p. 704) ; a. 3.
784 ANNEXES
796 ANNEXES
b) « Intellectui
. respondet [ici au contraire il est synonyme
aliquid in re dupliciter. lino de conceptio intellectus ou de ver-
modo immediate, quando vide- bum mentes (concept mental),
licet intellectus concipit for- car c'est proprement à la con-
mam rei alicujus extra animam ceptio intellectus que quelque
existentis, ut hominis vel la- 3hose répond in re, « sicut signi-
fica,tum signo », voy. § 1.1
e) Alio modo mediate, quan-
do videlicet aliquid sequitur
actum' intelligendi, et intellec-
tus reflexus supra ipsum con-
siderat illud. Unde res res- [précisions à retenir sur l'objet
pondet illi considerationi intel- de la Logique et sur la relation
lectus mediate, id est mediante indirecte de celle-ci au réel.]
intelligentia rei. [...] »
(De Pot., q. 1, a. 1, ad 10.)
3. [De Potentia.] a) « Ex hoc
quod intellectus in seipsum
reflectitur, sicut intelligit. res
existentes extra animam, ita
intelligit cas esse intellectas ;
et sic sicut est quaedam cou-
CEPTIO intellectus vel RATIO, Le mot ratio lui-même est de=
'cui respondet res ipsa quae est venu ici synonyme de conceptiô
extra animam ; ita .est quae- inteilectus (concept ou verbè
dam conceptio vel ratio, cui mental in quo ) , tout en conno=
respondet res intellecta secun- tant toujours l'objet de concept
dum quod hujusmodi ; sicut quoct.
rationi hominis vel conceptioni
hominis respondet res extra,
animam ; rationi vero vel con.-
ceptioni generis aut speciei,
respondet solum res intellecta. »
(Ibid., q. 7, a. 6.)
b) Omnes ratione,s [perfec- [Cet objet de concept est en
tionum .divinarum] sunt qui- nous en tant que connu et con-
dem in intellectu nostro sicut tenu dans le concept ; il -est en
in subjecto : sed in Deo sunt Dieu comme dans la réalité ou
ut in radice verificante has il existe hors de notre esprit, et
concei, tiones. » qui répond au concept que nous
(Ibid.) formons de lui.]
A PROPOS DU , CONCEPT 797
198 ANNEXES
e) « ... Non ergo voces signi- Les noms ne signifient pas les
ficant ipsas species intelligibi- species impressae (ni les species
les [sc. impressas], sed ea, quae express« prises comme des cho-
intellectus sibi foi mat ad judi- ses ou des objets). Ainsi que
canium de rebus exterioribus.» l'indique Cajetan à la fin de son
(Ibid., ad 3.) commentaire sur cet article, le
concept est signifié (comme il
est connu) non pas Comme quod
ou objet, mais comme quo, ou
en tant même que faisant con-
naître l'objet (par mode de défi-
nition ou d'énonciation).
b) « Non enirn est species in- La species n'est pas ipsum in-
telligibilis ipsum intellectum tellectum, mais sa similitude
sed similitudo ejus in anima : dans l'âme. Ainsi donc quand
et ideo si sunt plures intellectus saint Thomas (cf. plus haut
habentes .,similitudinem unius §§ 6, 7, 9, 10, 11) dit que le con-
et ejusdem rei, erit eadem res cept est primo et per se intellec-
intellecta apud omnes. » tum, c'est qu'alors ou bien le
(in ///. de Anima, lect. 8.) concept n'est pas pris comme
species (mais comme concept
objectif)', ou bien « intellec-
DE L'ANALOGIE
832 ANNEXES
840 ANNEXES
1. Ibid.
2. Saint THOMAS, Sum. theol., III, 3, I, ae 2. Cf. JEAN DE
SAINT-THOMAS, Curs. theol., III. P., q. 3, eisp. 6, a. 1, 13.08 9-11
(Vivès, t. VIII, p. 167).
-
I. De Vent., 3, 3, ad 8.
SUR LA NOTION DE SUBSISTANCE 853
QUELQUES PRÉCISIONS
« SPÉCULATIF» ET « PRATIQUE »
894 ANNEXES
répond au degré dont elle est aimée par celui qui l'a
prédestinée, il en faut bien conclure qu'une âme qui
entre dans la béatitude sans passer par le purgatoire,
sans avoir besoin de purification, a aimé Dieu ici-bas
(ne fût-ce qu'à l'instant de la mort) autant qu'elle
était aimée de lui ; ou en d'autres termes qu'elle a été,
ne fût-ce qu'à cet instant, parfaitement fidèle à la
grâce reçue. Tel est bien le cas de ceux — que son
pocos — qui sont arrivés au neuvième degré de l'amour
divin, qui est « le degré des parfaits ». Il sont déjà
entièrement purifiés par l'amour (ya por el amor pur-
gadisimos), et à la mort ils ne passent pas par le pur-
gatoire'.
Il est clair, en outre, que pour saint Jean de la Croix
l'âme arrivée à « l'égalité d'amour » avec Dieu, en telle
sorte qu'elle ne passerait pas par le purgatoire si la
mort survenait, continue toujours et plus que jamais
de grandir dans la charité tant qu'elle demeure sur la
terre (car durant sa vie terrestre l'âme est plus aimée
à mesure qu'elle reçoit davantage, puisqu'elle ne reçoit
de nouvelles grâces que parce qu'elle est plus aimée.
L'égalité en question ne se rappoi te donc qu'au
moment de la mort au degré final correspondant à.
la gloire à laquelle l'âme est prédestinée. C'est pour-
quoi l'âme, tout en étant dans la plénitude de la
paix, aspire toujours, et sait qu'aimer Dieu autant
qu'il l'aime « ne se peut pas parfaitement en cette
_vie 2 ».) Ici-bas cette égalité d'amour signifie que
i. Nuit obscure, liv.II, chap. xx, Silv., II, pp. 491-492.
2. Gant.,première rédaction, str. 37, Silv., III, p. 169.
Cf. Vive Flamme, seconde rédaction. str. 1, vers 3, IV,
p. 117 : « L'habitus de la charité peut être en cette vie aussi
-
parfait qu'en l'autre, mais non son opération ni son fruit'; bieù
que le fruit et l'opération de l'amour croissent à tel point dans
eet état qu'ils ressemblent beaucoup à ceux de l'autre vie».
900 ANNEXES
[1. Et il les adresse à des âmes qui se sont vouées à la vie pure-
contemplative, et dont l'activité comme l'affection doivent.
nient contemplative,
passer par Dieu pour atteindre la créature, (non pas seulement
la créature en général, mais celle-ci et celle-là nominatim, selon
l'ordre de la charité et les préférences que Dieu permet.) Si elles
sont fidèles aux grâces de cette vocation, elles aimeront beau--
coup plus fortement, délicatement et tendrement, mais pré-
cisément parce que cet amour même il leur a été demandé de
LES CAUTELAS DE JEAN DE LA' CROIX 905
précaution.
Tous ces traits d'un naturel exquis ont été bien mis en lumière
par le Père Bruno. Il est curieux de constater que saint Jean
de la Croix (qui se trouvait d'ailleurs dans des conditions bien
différentes, et n'avait pas à travailler en plein milieu du monde
comme saint Philippe Neri) avait, sur ce chapitre des relations
avec les proches, des rigueurs extérieures moins sévères que le
plus tendre et le plus riant des saints.
BLONDEL (Maurice), 568, 809 CAJETAN, XIX, 21, 57, 74, 84,
à 878. 85, 87, 161, 173, 178, 183,
BOÈCE, 107, 453, 682, 836, 191, 218, 220, 222, 227, 244.
896. 254, 257, 263, 309, 412, 439,
BeIHME, 4, 476, 669, 755. -. 449, 45 0 , 45 1 ,. 452 , 493, 495,
BOHR, 126, 361. 621, 623, 625, 781, 782, 784,
BOLYAI, 102. ,- ' • 786; 822, 823, 824, 825, 827,
BONAVENTURE (Saint), 597, 829, 845, 879, 882, 885, 887,
617, 864, 865. 890.
BoNiNus MOMBRITIUS, 37. Cantique des Cantiques, 56o,
.330Re, 295. . ' 665, 676, 752.
BORNE (E.), xix. - CARNOT, 368. -
BOSSUET, 688. CASTEL (Jean de), 530.
pOiJTROUX (Pierre), io5. CAYRÉ (F.), 601, 612.
BOYER (Charles), 604, 6o6. CHEVALLIER (Philippe). xix, ,
BRACHET, 381, 382, 391. 18, 637, 638, 748, 762, 900.
BRAHMANANDAV, 35. CHARDON, 670.
BRENTANO, 195, 199. CHENU (M. D.), 598, 611.
BRIGITTE (Sainte), 670. CLAUDEL (Paul), 387, 388, 516,
BROGLIE (Louis de), xx, xxi, 551, 558.
86, 88,, 295, 299. COCTEAU (Jean), 31.
BROWN (John). Voir Morhange. COLLIN (Rémy), 382, 387, 388,
BRUNO DE JÉSUS-MARIE, 696, 391. '
706, 903, 906. . COMPTON, 299.
BRUNSCHVICG (Léon), I8, 19, COMTE (Auguste), 248. .
, • .63, 171, 202, 213. CONFUCIUS, 626.
BRUYÈRE (Mue Cécile), 729, CONSOLINI, 905. '
730, 760. CORDOVANI (M.), - 156. ..
BUBER (Martin), 542. COURNOT, 50.
BUYTENDIJK (F. J. J.), 380, CRIS6GONO DE JESUS SACRA-
387, 388, 391. • MENTAD0', 655, 656, 657, 901.
PRÉFA CE
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER. - Grandeur et Misère de la Méta-
physique • 3
PREMIERE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
Conclusion
ANNEXES