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Lumières (philosophie)

mouvement culturel, philosophique, littéraire et


intellectuel qui émerge dans la seconde moitié du
XVIIe siècle

Les Lumières[1] sont un courant de pensée


européen philosophique, littéraire et intellectuel
qui émerge dans la seconde moitié du xviie siècle
avec des philosophes comme Descartes,
Spinoza, Locke, Bayle et Newton, avant de se
développer dans toute l'Europe, notamment en
France, au xviiie siècle. Par extension, on a donné
à cette période le nom de siècle des Lumières.
Image de couverture de
l'interprétation par Voltaire de l'œuvre
d'Isaac Newton, Éléments de la
philosophie de Newton, mis à la portée
de tout le monde (1738). Le manuscrit
du philosophe assis, qui traduit
l'œuvre de Newton, semble « éclairé »
par une « lumière » quasi-divine
venant de Newton lui-même, lumière
réfléchie par le miroir tenu par une
muse, en réalité la traductrice de
l'œuvre de Newton, Émilie du Châtelet,
maîtresse de Voltaire.

Par leur engagement contre les oppressions


religieuses et politiques, les membres de ce
mouvement se voyaient comme une élite
avancée œuvrant pour un progrès du monde.
Combattant l’irrationnel, l’arbitraire,
l’obscurantisme et la « superstition » des siècles
passés, ils ont procédé au renouvellement du
savoir, de l’éthique et de l’esthétique de leur
temps. L’influence de leurs écrits a été
déterminante dans les grands événements de la
fin du xviiie siècle que sont la Déclaration
d'indépendance des États-Unis et la Révolution
française[2].

Le mouvement de renouveau intellectuel et


culturel des Lumières reste, au sens strict,
européen avant tout, et il découle presque
exclusivement d’un contexte spécifique de
maturation des idées héritées de la Renaissance.
La pensée des Lumières s’est étendue à l’Europe,
quoique la traduction de ce terme dans les autres
langues européennes ait toujours privilégié l'idée
d'une « illumination » provenant de l’extérieur,
alors que le terme français privilégie le fait que
les Lumières viennent de soi-même. De manière
très générale, sur les plans scientifique et
philosophique, les Lumières voient le triomphe de
la raison sur la foi et la croyance ; sur les plans
politique et économique, le triomphe de la
bourgeoisie sur la noblesse et le clergé.

Thématiques de la philosophie des


Lumières

Révolution dans les sciences et programme


politique de la philosophie des Lumières

Révolution galiléo-copernicienne et modernité


philosophique

Fragment du frontispice de
l’Encyclopédie de Diderot et
D’Alembert : on y voit la Vérité
rayonnante de lumière ; à droite, la
Raison et la Philosophie lui arrachent
son voile (peint par Charles Nicolas
Cochin et gravé par Benoît-Louis
Prévost en 1772.
Le mouvement des Lumières prend en partie son
origine dans la défense de l'héliocentrisme par
Nicolas Copernic au xvie siècle, peu diffusées de
son vivant, puis surtout dans les théories
physiques de Galileo Galilei (1564-1642). La
physique d'Aristote est abandonnée au profit
d'une nouvelle science mécanique fondée sur le
principe d'inertie et une nouvelle philosophie
s'élabore conjointement avec elle. l'Église se voit
critiquée pour son enseignement du
géocentrisme et sa défense plus générale
d'Aristote. René Descartes joue un rôle de
premier plan dans cette réforme de la
philosophie, il élabore notamment une
métaphysique et une méthode nouvelle dans le
but de remplacer l'aristotélisme. Cette
philosophie nouvelle se donne pour objectif de
rechercher des premiers principes certains - tel le
cogito - à partir desquels la raison pourrait
déduire l'ensemble des connaissances humaines,
aussi bien les principes de la physique que
l'existence de Dieu. L'autorité est rejetée par
Descartes comme justification des
connaissances : la raison est universelle, chaque
personne peut en faire usage pour juger
correctement par soi-même. Gottfried Wilhelm
Leibniz (1646-1716) s'inscrit dans la postérité de
Descartes, reprenant ce projet rationaliste, et
faisant progresser la physique par l'invention du
calcul infinitésimal.

En réaction au rationalisme des cartésiens, les


philosophes britanniques comme Thomas
Hobbes, John Locke, puis David Hume,
défendirent l'empirisme : les connaissances
proviennent des sens et l’expérience plutôt que
de la raison pure. Elles sont ainsi faillibles. Il n'y a
pas lieu de chercher un premier principe à partir
sur lequel fonder avec certitude toute la
connaissance. En particulier, l'existence de Dieu
ne peut se prouver rationnellement. Elle relève de
la croyance et non du savoir.

Baruch Spinoza prit parti pour Descartes, surtout


dans son Éthique[3]. Il reprend de Descartes sa
preuve ontologique de l'existence de Dieu. Il se
démarqua pourtant de son aîné dans son Traité
de la réforme de l'entendement (Tractatus
intellectus amendatione), où il montra que le
processus de perception engage non seulement
la raison, mais aussi les sens et l’intuition. La
conception de Spinoza était centrée sur une
vision de l’Univers où Dieu et la Nature ne font
qu’un. Cette idée deviendra centrale au siècle des
Lumières[4], depuis Isaac Newton (1642-1727)
jusqu’à Thomas Jefferson (1743-1826).

Un changement notable fut entre autres


l’émergence de la philosophie naturaliste à
travers toute l’Europe, incarnée par Isaac Newton.
Ses idées, sa réussite indéniable à confronter et
assembler les preuves axiomatiques et les
observations physiques en un système cohérent,
source de prédictions, donnèrent le ton de tout ce
qui allait suivre son exemplaire Philosophiae
Naturalis Principia Mathematica (1687). Pour
montrer le progrès entre l’Âge de la Raison et le
mouvement des Lumières, l’exemple de Newton
reste en effet indépassable, en ce que le
scientifique utilisa des faits observés
empiriquement, comme la dynamique des
planètes de Johannes Kepler ou l’optique, pour
construire une théorie sous-jacente expliquant
ces faits a priori : la théorie de la gravitation
universelle. Ce mouvement correspond à
l’unification d’un pur empirisme, comme celui de
Francis Bacon et de l’approche axiomatique de
Descartes (1596-1650).
La croyance en un monde intelligible ordonné par
le dieu chrétien a représenté le plus fort élan du
questionnement philosophique sur la
connaissance. D’un côté, la philosophie religieuse
se concentrait sur la piété, la toute-puissance et
le mystère de la nature ultime de Dieu ; de l’autre,
des idées telles que le déisme soulignaient que le
monde était visiblement compréhensible par la
raison humaine et que les lois le gouvernant
l’étaient tout autant. L’image de Dieu comme
« Grand Horloger » pénétra alors les esprits,
tandis que les observateurs du monde prenaient
conscience que ce dernier semblait bel et bien
parfaitement ordonné et que, dans le même
temps, on réalisait des machines de plus en plus
sophistiquées et précises[5]. À cet égard, il est
intéressant de souligner la critique de cette
théologie naturelle portée par Buffon, le
célébrissime naturaliste du xviiie siècle, dans son
œuvre monumentale Histoire naturelle. Buffon
rejette l'attitude qui consiste à attribuer à
l’intervention divine, surnaturelle, ce que la
science ne sait pas – pas encore – expliquer.
Cette critique lui valut d’affronter la Sorbonne qui,
dominée par l’Église catholique, n’eut de cesse
que de vouloir le censurer. En 1751, il est ainsi
sommé de se rétracter sur « des propositions
contraires à la croyance de l’Église », pour avoir
proposé un âge de 74 000 ans à la Terre, quand
on admet alors le récit biblique comme vérité
scientifique et la datation de notre planète à
environ 6 000 ans. Hostile par ailleurs au
système de classification de son contemporain
suédois non moins célèbre, Linné, il n’est pas loin
de penser que l’ordre n’existe pas dans la
nature[6].
Promotion de la liberté individuelle

La philosophie naturelle a entraîné l'apparition


d'une nouvelle philosophie politique promouvant
la liberté individuelle comme valeur suprême. Si
le sujet peut expliquer rationnellement le monde
en découvrant les lois de la nature établies par
Dieu, pourquoi ne peut-il pas également
comprendre ses droits individuels en découvrant
le droit naturel établi par Dieu ? C'est le
développement de l'individualisme : chaque
personne dispose de droits fondamentaux en
vertu de la nature humaine (droits humains) que
chacun peut comprendre et connaître. Le droit ne
peut se fonder sur la tradition seule. On parle
alors d’avènement du sujet pensant, il peut
décider par son raisonnement propre et non plus
sous le seul joug des us et coutumes. Ainsi, John
Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement
civil dans lesquels il avance que le droit de
propriété n’est pas familial, mais totalement
individuel et légitimé par le travail consacré au
terrain concerné, ainsi que de sa protection face
à autrui. Une fois l’idée émise qu’il y avait des lois
naturelles et des droits naturels, il devenait
possible de s’aventurer dans les domaines
nouveaux qu’on appelle maintenant l’économie et
la politique.

Dans son célèbre essai Was ist Aufklärung?,


Emmanuel Kant donne des Lumières la définition
suivante : « Les Lumières c’est la sortie de
l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-
même responsable. L’état de tutelle est
l’incapacité de se servir de son entendement
sans la conduite d’un autre. On est soi-même
responsable de cet état de tutelle quand la cause
tient non pas à une insuffisance de l’entendement
mais à une insuffisance de la résolution et du
courage de s’en servir sans la conduite d’un
autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de
ton propre entendement ! Telle est la devise des
Lumières ».

Les Lumières se basent donc sur l'explication du


monde par la raison, exigeant de l’homme
l’établissement d’une connaissance rationnelle et
organisée. Cela commence par l’idée que les lois
gouvernent aussi bien les cieux que les affaires
humaines, et que le pouvoir du Prince émane de
la loi et non l’inverse. La conception de la loi en
tant que contrat social théorisée par Jean-
Jacques Rousseau comme relation réciproque
entre les hommes, plutôt qu’entre les familles ou
des groupes, devint de plus en plus remarquable,
accompagnée du souci de la liberté individuelle
comme réalité imprescriptible – le seul droit tiré
de Dieu. Le mouvement des Lumières conceva
donc l'idée moderne de liberté, telle qu’on la
connaît toujours aujourd’hui : chaque individu est
en capacité et a le droit de décider par lui-même
de ce qui est bon pour lui, liberté que doit garantir
l’État. Cette recherche aboutit, en France, à la
formulation des droits de l'homme, qui trouve son
expression dans la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789, qui influencera
largement les déclarations de droits lors des
siècles suivants, et entraînera dans son sillage
des bouleversements politiques dans le monde
entier. Tant en France qu'aux États-Unis, les
libertés d'opinion, de religion, de pensée,
d'expression tiennent une place fondamentale.

Pour comprendre quels changements


interviennent réellement entre « l’Âge de Raison »
et le « mouvement des Lumières », la
comparaison entre la philosophie de Thomas
Hobbes et celle de John Locke est une bonne
approche. Hobbes, qui traverse les trois quarts du
xviie siècle, a entrepris de classer de façon
systématique les émotions humaines, ce qui
l’amena à construire un système rigide
garantissant par coercition la stabilité du chaos
primaire – qui est la source de son travail (voir le
Léviathan). À l’inverse, Locke voit en la Nature la
source de l’unité et de tous les droits, que l’État
doit s’assurer de reprendre et de protéger, non
pas d’étouffer. Ainsi, la « révolution » culturelle
entre les deux siècles fait intervenir la relation de
l’homme à la Nature.

Valeurs et représentations sociales des


Lumières

Jean-Jacques Rousseau.
Changement de représentation

Les valeurs essentielles défendues par les


hommes des Lumières dans toute l’Europe sont
la tolérance, la liberté et l’égalité. Ces valeurs
débouchent, en Angleterre, en Amérique et en
France, sur la définition de nouveaux droits
naturels et sur une séparation des pouvoirs
politiques. À ces valeurs s'ajoutent le goût de la
Nature et le culte de la raison.

« Aujourd’hui nous recevons trois


éducations différentes ou contraires :
celles de nos pères, celles de nos
maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous
dit dans la dernière renverse toutes les
idées des premières. »
— Montesquieu[7]

L'étude des articles d'astronomie de


l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert montre
que c'est une représentation héliocentrique et
une philosophie mécaniste qui assurent la
cohérence de l'ouvrage et imprègnent l'esprit des
Lumières[8].

Idéal du philosophe

La figure idéale des Lumières est le philosophe,


homme de lettres avec une fonction sociale qui
exerce sa raison dans tous les domaines pour
guider les consciences, prôner une échelle de
valeurs et militer dans les problèmes d’actualité.
C’est un intellectuel engagé qui intervient dans la
société, un « honnête homme qui agit en tout par
raison » (Encyclopédie), « qui s’occupe à
démasquer des erreurs » (Diderot).

Le rationalisme des Lumières n’exclut en aucun


cas la sensibilité. Raison et sentiment dialoguent
au sein même de la philosophie des Lumières.
Les penseurs des Lumières peuvent être
capables de rigueur intellectuelle mais aussi de
sensibilité.

Idéal encyclopédique : tout connaître

Cette époque cultive un goût particulièrement


prononcé pour les écrits totalisants qui
rassemblent l’ensemble des connaissances de
leur temps, les bilans généraux du savoir. Cet
idéal va trouver sa réalisation dans l'Encyclopédie
de Diderot et D’Alembert, publiée entre 1751 et
1772, dont le but était de sortir le peuple de
l’ignorance par une diffusion très large du savoir.

Article détaillé : Encyclopédie ou Dictionnaire


raisonné des sciences, des arts et des métiers.

Critique de l’organisation sociale

Le mouvement des Lumières est, sur toute sa


durée, le substrat de deux pressions
sociologiques antagonistes : d’une part, une forte
spiritualité accompagnée d’une foi traditionaliste
en la religion et l’Église ; d’autre part, la montée
d’un mouvement anticlérical critiquant les
divergences entre théorie religieuse et pratique,
qui s’est surtout manifesté en France.

L’anticléricalisme ne fut pas la seule source de


tension en France : certains nobles contestaient
le pouvoir monarchique et la haute bourgeoisie
souhaitait bénéficier des fruits de ses efforts. La
libéralisation des mœurs engendrait la
contestation de l’absolutisme et de l’ordre ancien.
Le courant janséniste en France fut aussi, selon
Dale K. Van Kley, une source de division[9].

Le système judiciaire se révélait archaïque.


Même si le droit du commerce avait été codifié
au xviie siècle, le droit civil n’était pas unifié ni
codifié.
Tel est l’arrière-plan social et juridique dans
lequel s’exerce la critique et se développe la
contestation, qu’un auteur comme Voltaire a pu
incarner.

Exilé en Angleterre entre 1726 et 1729, il y étudie


les travaux de John Locke, Isaac Newton et la
monarchie anglaise. Il se rend populaire par sa
dénonciation des injustices (affaires Calas,
Sirven, de La Barre, Lally-Tollendal). Le milieu du
xviiie siècle correspond à l’apogée de la
philosophie des Lumières[10].

Pour Voltaire, il est clair que si le Prince obtient


du peuple qu’il croie en des choses
déraisonnables, alors ce peuple fera des choses
déraisonnables[11]. Ce constat simple a introduit
ce qui devait être la principale critique faite aux
Lumières, et que devait formuler la pensée
romantique : la construction raisonnable crée
autant de problèmes qu’elle en résout[12].

Selon les philosophes des Lumières[13], le point


crucial du progrès intellectuel consistait en la
synthèse de la connaissance, éclairée par la
raison humaine, afin de créer une autorité morale
qui serait seule souveraine. Le point de vue
contraire se développa, mettant en avant le fait
que de façon intrinsèque, ce processus serait
corrompu par le poids des conventions sociales,
montrant ainsi la « nouvelle vérité » raisonnable
comme une mauvaise imitation de la Vérité
immanente et insaisissable.

Le mouvement des Lumières trouva alors un


certain équilibre, entre l’appel à la liberté
« naturelle » et la liberté de cette liberté, c’est-à-
dire la reconnaissance d’une autonomie de la
Nature face à la raison. Correspondent à ce stade
les réformes de plusieurs monarchies, par
l’intermédiaire de lois nouvelles allant dans le
sens des sujets et d’une réorganisation
parcellaire de la société. L’idée d’un ordre éclairé
entre également dans la pensée scientifique
avec, par exemple, le travail du biologiste Carl von
Linné.

Voltaire

En Allemagne, Emmanuel Kant se montra critique


à la fois par rapport aux prétentions de la Raison
(Critique de la raison pure), mais aussi à celles de
l’empirisme anglais (Critique de la raison
pratique). Par rapport à la métaphysique très
subjective de Descartes, le philosophe allemand
souhaita développer une vision plus objective de
cette branche de la philosophie.

Les grands penseurs de la fin du mouvement des


Lumières (Adam Smith, Thomas Jefferson ou
encore le jeune Goethe) adoptèrent dans leurs
pensées le schème, dérivé d’une métaphore
biologique, des forces d’auto-organisation et
d’évolution. L’achèvement des Lumières est alors
pressenti, avec le constat suivant : le Bien est le
fondement de la Nature, mais celle-ci n’est pas
ordonnée par elle-même. Bien au contraire, c’est
la raison et la maturité humaine qui doivent en
trouver la constante structure, en retirer la
stabilité naturelle. Le romantisme en prendra le
contre-pied parfait.
Sensibilité des Lumières

« D’une façon générale, la sensibilité des


Lumières porte à une sentimentalité morale : le
temps de l’ironie voltairienne passé, on veut
s’apitoyer, avec Rousseau (la Nouvelle Héloïse,
1761) et les tableaux de Greuze, chercher le beau
et le bon éternels. Plus le siècle s’avance, plus la
littérature et l’art répudient la gratuité des formes,
la légèreté, regardées comme aristocratiques et
mondaines, pour aller vers le sérieux,
l’authentique et le naturel, c'est-à-dire vers ce qui
est conforme à la morale utilitaire du public
bourgeois d’où le goût croissant pour le
néoclassicisme, qui met en avant l’antique, non
pas l’antique allégorique de l’époque classique
mais un antique historique plus sobre, à la façon
du peintre David »[14].
Projet de reconstruction de l’Opéra de
Paris d’Étienne-Louis Boullée, 1781

Ceci se traduit dans les réflexions sur


l'urbanisme[15]. La ville des Lumières est le fruit
des efforts conjoints des pouvoirs publics et des
architectes soucieux de réaliser des bâtiments
administratifs ou utiles (hôtels de ville, hôpitaux,
théâtres, intendances) tout en aménageant des
perspectives, des places, fontaines,
promenades[16]… L'Académie royale d'architecture
reste un des centres de la réflexion sur la théorie :
pour elle, le beau est ce qui plait. Pour l'abbé
Laugier, au contraire, ce qui est beau est
conforme à la raison[17]. Le modèle naturel de
toute architecture est la cabane primitive
soutenue par quatre troncs d'arbre, avec quatre
parties horizontales et un toit qui deviennent
respectivement colonnes, entablements,
frontons. Le modèle du temple grec se répand
alors jusque dans le décor et le mobilier. Ce
paradigme se traduit par un changement de style
au milieu du siècle : le rococo est abandonné, la
Grèce antique et Palladio deviennent les
principales références du style néo-classique.

L’université de Virginie, inscrite au patrimoine


mondial de l’Humanité défini par l’UNESCO, a été
fondée par Thomas Jefferson sur le projet de son
ami, Du Pont de Nemours, philosophe français
émigré. Ce dernier dessina les plans d’une partie
du campus en suivant les valeurs des Lumières.

La place Stanislas de Nancy est le cœur d’un


ensemble urbanistique classique, inscrite depuis
1983 sur la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO, ainsi que d’autres places de cette ville
comme la place de la Carrière et la place
d’Alliance, autour desquelles s’articulent
administrations et services de l’époque.

Claude Nicolas Ledoux (1736-1806), membre de


l'Académie d'architecture est sans doute
l’architecte dont les projets incarnent le mieux
l’utopie d’un habitat totalement rationnel. Il dirige,
à partir de 1775, l’édification de la Saline royale
d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, véritable cité
usinière.

La Rotonde de l’université de Virginie,


dessinée par Thomas Jefferson.

Les Lumières n’ont touché que les élites


aristocratiques et les fractions montantes des
bourgeoisies[18].
L’écho, dans ces milieux dominants, est certes
considérable en Angleterre et en France, mais
plus restreint en Allemagne et en Italie ; le public
éclairé est très peu nombreux en Espagne ou en
Russie, où seuls quelques intellectuels, hauts
fonctionnaires et grandes familles participent au
mouvement. Le peuple, lui, n’est pas touché :
l’immense majorité des paysans, même français,
n’a jamais entendu parler de Voltaire ou de
Rousseau.

Malgré tout, les Lumières ont ébranlé les


certitudes anciennes. Et l’ébranlement ne s’est
pas arrêté aux portes du social et du politique :
les Lumières ont inspiré la génération
révolutionnaire. Ce qui ne signifie nullement
qu’elles aient consciemment appelé de leurs
vœux la Révolution de 1789.
Attitudes face à l'esclavage

L’Histoire des deux Indes de l’abbé


Raynal, considérée comme
l'encyclopédie de l’anticolonialisme au
XVIIIe siècle

Les Lumières étaient dévoués haut et fort à la


liberté humaine et au bonheur humain. Par
exemple, il est bien connu que Montesquieu a
fortement critiqué le despotisme dans son chef-
d’œuvre De l'esprit des lois. Les premiers mots de
la grande œuvre de Rousseau, Du contrat social,
sont aussi très célèbres : « L’homme est né
libre ». C’était donc difficile philosophiquement
d’exclure certains peuples de la liberté et du
bonheur à cause de la race. Par conséquent,
beaucoup des Lumières ont dénoncé l’esclavage
des noirs. Montesquieu a affirmé que l’esclavage
« n’est pas bon par sa nature ; il n’est utile ni au
maître ni à l’esclave »[19]. De plus, dans son conte
classique Candide, Voltaire a inclus une rencontre
du héros éponyme avec « un nègre étendu par
terre, n’ayant plus que la moitié de son habit » et
manquant « la jambe gauche et la main droite ».
Ce pauvre homme explique que ses souffrances
sont le résultat de son travail aux sucreries et dit
d’une façon frappante que « C’est à ce prix que
vous mangez du sucre en Europe »[20]. Le
marquis de Condorcet a même écrit un ouvrage
complet contre l’esclavage, sous le titre
Réflexions sur l'esclavage des nègres.

Cependant, il y avait de l’ambiguïté sur ce point


dans les écrits des Lumières, ce qui a provoqué
de la controverse[21]. Par exemple, on peut
trouver dans l’Encyclopédie, véritable bible de
l’époque des Lumières, des approches et pour et
contre l’esclavage : le chevalier de Jaucourt a
dénoncé l’esclavage dans son article « Traite des
nègres » mais Jean-Baptiste-Pierre Le Romain a
défendu cette institution dans son article
« Nègres, considérés comme esclaves dans les
colonies de l’Amérique »[22]. D’une façon similaire,
l'Histoire philosophique et politique des
établissements et du commerce des Européens
dans les deux Indes, qu’on s’accorde
généralement à dire que c’était un ouvrage de
l'anticolonialisme, n’est pas sans équivoque sur
ce point. Elle contient des condamnations
vigoureuses de l’esclavage, mais aussi des
portraits racistes des indigènes et des
discussions pragmatiques sur la valeur
économique des esclaves. En effet, l’érudite
Jenny Mander a soutenu que « c’est un fait
inconfortable que l’épanouissement de l’époque
des Lumières a coïncidé avec le sommet du
système de la plantation et le trait des
esclaves »[23].

Acteurs et portée

Philosophes des Lumières

Portraits

Nicolas de Condorcet,
Esquisse d'un tableau
historique des progrès de
l'esprit humain, 1795.

Les humanistes de la Renaissance et les


philosophes des Lumières[24] s’intéressent à
divers domaines. L’Américain Thomas Jefferson
avait reçu une formation juridique mais pratiquait
également l’archéologie et l’architecture.
Benjamin Franklin eut une carrière de diplomate
et de physicien. Condorcet écrivit sur des sujets
aussi différents que le commerce, les finances,
l’éducation ou la science.

La cour de Frédéric II de Prusse avec


le philosophe Voltaire.

Les origines sociales des philosophes sont


diverses : beaucoup sont issus de familles
bourgeoises (Voltaire, Thomas Jefferson),
d’autres de milieux plus modestes (Emmanuel
Kant, Benjamin Franklin, Denis Diderot) ou encore
de la noblesse (Montesquieu, Condorcet). Un
certain nombre d’entre eux avaient reçu une
éducation religieuse (Denis Diderot, Louis de
Jaucourt) ou une formation juridique
(Montesquieu, Thomas Jefferson).

Les philosophes constituaient des réseaux et


communiquaient par lettres. On connaît la
correspondance violente entre Rousseau et
Voltaire. Les grands esprits du xviiie siècle se
rencontraient et discutaient dans les salons, les
cafés ou les académies. Les penseurs et les
savants formaient une communauté
internationale. Benjamin Franklin, Thomas
Jefferson, Adam Smith, Hume ou Galiani
séjournèrent plusieurs années en France.

Parce qu’ils critiquaient l’ordre établi, les


philosophes étaient poursuivis par les autorités
et devaient recourir à des subterfuges pour éviter
la prison. François-Marie Arouet prit le
pseudonyme de Voltaire. Thomas Jefferson
rédigea en 1774 un rapport destiné aux délégués
de Virginie du Premier Congrès continental, qui
se réunissait pour discuter des griefs des
colonies à l’égard de la Grande-Bretagne. En
raison du contenu du texte, il fut contraint de le
publier anonymement. La Lettre sur les aveugles à
l'usage de ceux qui voient valut à Denis Diderot
d’être emprisonné au fort de Vincennes pour sa
remise en cause de la religion[25]. Accusé d’avoir
rédigé des pamphlets contre le régent Philippe III
d’Orléans, Voltaire fut emprisonné à la Bastille.
Montesquieu publia de façon anonyme les
Lettres persanes en 1721 en Hollande. De 1728 à
1734, il visita plusieurs pays d’Europe.

Face à la censure et aux difficultés financières,


les philosophes recouraient souvent à la
protection d’aristocrates et de mécènes :
Malesherbes et la marquise de Pompadour,
favorite de Louis XV, soutinrent ainsi Diderot.
Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777)
subventionna une partie de la publication de
l’Encyclopédie. Elle organisait un salon bi-
hebdomadaire, recevant des artistes, des
savants, des gens de lettres et des philosophes,
de 1749 à 1777. L’autre grand salon de l’époque
des Lumières était celui de Claudine de Tencin.
Dans les années 1720, Voltaire dut s’exiler en
Angleterre où il s’enquit des idées de John Locke.

Les philosophes luttaient généralement moins


contre le pouvoir royal que contre l’hégémonie
ecclésiastique et nobiliaire[26] : dans sa défense
de Jean Calas, Voltaire défendait ainsi la justice
royale contre les excès d’une justice provinciale
jugée plus fanatique[27]. Bien des monarques
européens — Charles III d'Espagne, Marie-
Thérèse et Joseph II d’Autriche, Catherine II de
Russie, Gustave III de Suède — lisaient et
appréciaient les philosophes. Comme Voltaire,
qui fut accueilli à la cour de Frédéric II de Prusse
ou Diderot, qui fut accueilli à la cour de Catherine
II, les philosophes comme d’Holbach se
montraient favorables au despotisme éclairé[28]
dans l’espérance de voir leurs idées se répandre
le plus rapidement possible en touchant
directement à la tête de l’État. La suite des
événements devait montrer aux philosophes les
limites de leurs ambitions chez des souverains
« plus despotes qu’éclairés »[29]. Seul Rousseau
revendiqua avec constance l’égalité politique, qui
devint par la suite un idéal révolutionnaire[30].

Représentants des Lumières

France : Pierre Bayle, Émilie du Châtelet, Étienne


Bonnot de Condillac, Nicolas de Condorcet, Denis
Diderot, D'Alembert, Olympe de Gouges, Vincent
de Gournay, D'Holbach, Fontenelle, Claude-Adrien
Helvétius, Marquis de La Fayette, Antoine Laurent
de Lavoisier, La Mettrie, Louis de Jaucourt,
Choderlos de Laclos, Marquis de Sade, Marivaux,
Jean-François Marmontel, Molière, Pierre Louis
Moreau de Maupertuis, Montesquieu, François
Quesnay, Restif de la Bretonne, Antoine Destutt
de Tracy, Anne Robert Jacques Turgot, Voltaire,
Buffon, Jean-Jacques Rousseau.

Angleterre : Anthony Collins, John Locke, Edward


Gibbon, William Godwin, Henri Saint Jean de
Bolingbroke, Samuel Johnson, James Oglethorpe,
William Paley, Joseph Priestley, William
Wilberforce, Mary Wollstonecraft.

Écosse : James Boswell, David Hume, Francis


Hutcheson, James Burnett, Lord Monboddo,
Adam Smith, James Watt [réf. nécessaire].

Irlande : George Berkeley, Richard Cantillon, John


Toland.
Allemagne : Johann Joachim Christoph Bode,
Friedrich Heinrich Jacobi[31], Johann Gottlieb
Fichte[32], Johann Gottfried von Herder,
Emmanuel Kant[33], Gotthold Ephraim Lessing,
Moses Mendelssohn, Friedrich Nicolai, Leibniz,
Friedrich Melchior Grimm, Karl Leonhard
Reinhold, Johann Wolfgang von Goethe

Pologne : Hugo Kołłątaj, Jean Potocki, Ignacy


Krasicki.

Portugal : Marquis de Pombal, Luis Antonio


Verney, António Nunes Ribeiro Sanches,
Francisco de Oliveira, Duarte Ribeiro de Macedo,
Matias Aires Ramos da Silva Eça.

États-Unis : John Adams, Samuel Adams,


Benjamin Franklin, Alexander Hamilton, John Jay,
Thomas Jefferson, James Madison, Thomas
Paine, George Washington.
Italie : Cesare Beccaria, Ferdinando Galiani, Mario
Pagano, Giambattista Vico, Pietro Verri,
Alessandro Verri, Antonio Genovesi, Carlo
Goldoni, Giuseppe Parini, Gaetano Filangieri

Espagne : Leandro Fernández de Moratín, Gaspar


Melchor de Jovellanos, Antonio José Cavanilles,
Lorenzo Hervás y Panduro, Benito Jerónimo
Feijoo, Pedro Rodríguez de Campomanes, José
Celestino Mutis

Russie : Nikolaï Novikov, Mikhaïl Lomonossov

Roumanie : Ion Budai-Deleanu, Ienăchiţă


Văcărescu, Anton Pann, Samuil Micu, Gheorghe
Șincai

Suisse (Genève) : Jean-Jacques Rousseau


Diffusion des Lumières

Les progrès de l’alphabétisation et de la


lecture[34] permettent le développement de ce
qu’on a appelé un « espace public », les débats
intellectuels et politiques dépassent le cercle
restreint de l’administration et des élites,
impliquant progressivement des secteurs plus
larges de la société.

Encyclopédie

Jean le Rond d’Alembert.

Un second changement important dans le


mouvement des Lumières par rapport au siècle
précédent trouve son origine en France, avec les
Encyclopédistes. Ce mouvement intellectuel
défend l’idée qu’il existe une architecture
scientifique et morale du savoir, une structure
prévalente et ordonnée, et que sa réalisation est
un moyen de libération de l’homme[35]. Denis
Diderot et D’Alembert publient à partir de 1751
l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des
sciences, des arts et des métiers.

Le processus de diffusion des idées nouvelles se


trouva amplifié par le progrès des techniques de
diffusion de l’information. Les passages de
l’Encyclopédie sont lus par les nobles, les ducs et
les bourgeois dans des salons, les personnes
présentes donnent leur avis sur les écrits des
philosophes. Les journaux et la correspondance
permettent des échanges plus rapides dans toute
l’Europe, réalisant une nouvelle forme d’unité
culturelle. Ceci ne fut pas sans poser des
questions sur la liberté d’accès et de diffusion de
ces informations. On connaît le rôle joué par la
presse dans la diffusion des idées, pendant la
Révolution française notamment.

Salons et cafés

Articles détaillés : Café littéraire et Salon


littéraire.

Une soirée chez Madame Geoffrin de


Gabriel Lemonnier

Ce sont d’abord les cafés, où on lit et on débat,


comme le café Procope à Paris, qui sont le
rendez-vous nocturne des jeunes poètes ou des
critiques qui discutent passionnément des
derniers succès de théâtre ou de librairie.

Mais ce sont surtout les salons mondains,


ouverts par tous ceux qui ont quelque ambition,
ne serait-ce que celle de paraître. Ils sont
caractérisés par la mixité intellectuelle ; les gens
s’y expriment, y trouvent une occasion de
satisfaire leur soif de savoir et y entretiennent
leur vision du monde. Mais il faut y être introduit.
Les grandes dames reçoivent artistes, savants et
philosophes. Chaque hôtesse a son jour, sa
spécialité et ses invités de marque. Le modèle
est l’hôtel de Madame de Lambert, au début du
siècle.

Les gens de talent s’y retrouvent régulièrement


pour confronter leurs idées ou tester sur un
public privilégié leurs derniers vers. Mondaines et
cultivées, les créatrices de ces salons animent
les soirées, encouragent les timides et coupent
court aux disputes. Ces fortes personnalités, très
libres par rapport à leurs consœurs, sont souvent
elles-mêmes écrivaines et épistolières.
La mixité est particulièrement réussie en France,
au xviiie, dans ces « États Généraux de l’esprit
humain » où s’épanouit la philosophie des
Lumières. Des femmes cultivées, intelligentes y
sont de véritables partenaires avec qui on peut
remettre en question des idées religieuses,
politiques, scientifiques, qui sont capables de
donner un élan aux débats ; on peut citer par
exemple l’intervention d’Anne Dacier dans la
querelle des Anciens et des Modernes et les
œuvres d’Émilie du Châtelet.

Académies, bibliothèques et loges

Articles détaillés : Académie et Loge


maçonnique.
La Lecture de Fragonard

Les Académies étaient des sociétés savantes qui


se réunissaient pour s’occuper de Belles-lettres et
de sciences et contribuer à la diffusion du savoir.
En France, après les fondations monarchiques du
xviie siècle (Académie française, 1634 ;
Académie des inscriptions et belles-lettres, 1663 ;
Académie royale des sciences, 1666 ; Académie
royale d'architecture, 1671), naissent encore, à
Paris, l’Académie royale de chirurgie (1731) et la
Société royale de médecine (1776). Le clergé et,
dans une moindre mesure, la noblesse y
prédominent.

Ces sociétés provinciales regroupent les


représentants de l’élite intellectuelle des villes
françaises. Leur composition sociale révèle que
les privilégiés y occupent une place moindre qu’à
Paris : 37 % de nobles, 20 % de gens d’Église. Les
roturiers constituent 43 % des effectifs : c’est
l’élite des possédants tranquilles qui siège là.
Marchands et manufacturiers sont peu présents
(4 %).

Voisines des Académies, souvent peuplées des


mêmes hommes avides de savoir, les
bibliothèques publiques et chambres de lecture
se sont multipliées, fondées par de riches
particuliers ou à partir de souscriptions
publiques. Elles collectionnent les travaux
scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une
salle de lecture et, à côté, une salle de
conversation. Toutes ces sociétés de pensée
fonctionnent comme des salons ouverts et
forment entre elles des réseaux provinciaux,
nationaux, européens, échangeant livres et
correspondance, accueillant les étrangers
éclairés, lançant des programmes de réflexion,
des concours de recherche. On y parle physique,
chimie, minéralogie, agronomie, démographie.
Dans les Treize colonies britanniques en
Amérique du Nord, James Bowdoin (1726-1790),
John Adams (1735-1826) et John Hancock
(1737-1793) fondent l’American Academy of Arts
and Sciences à Boston durant la Guerre
d'indépendance des États-Unis. En 1743,
Benjamin Franklin fonde la Société philosophique
américaine. Au début du xixe siècle, Thomas
Jefferson avait l’une des plus riches
bibliothèques privées du pays. Parmi les réseaux
éclairés, le plus développé est celui de la franc-
maçonnerie, quoique réservé aux couches
supérieures.

Née en Angleterre et en Écosse, la franc-


maçonnerie, groupement à vocation humaniste et
initiatique, concentre tous les caractères des
Lumières : elle est théiste, tolérante, libérale,
humaniste, sentimentale. Elle connaît un succès
foudroyant dans toute l’Europe où l’on compte
des milliers de loges en 1789. Les milieux civils,
militaires et même religieux, liés aux appareils
d’État, sont tout particulièrement gagnés. Ni
anticléricales (elles le seront au xixe siècle) ni
révolutionnaires, les loges ont contribué à
répandre les idées philosophiques et l’esprit de
réforme dans les lieux politiquement
stratégiques. La discussion intellectuelle
l’emporte sur le caractère ésotérique ou sectaire.
Surtout, les élites y font, plus encore que dans les
Académies, l’apprentissage du primat de l’égalité
des talents sur les privilèges de la naissance.
Marchands ambulants et presse

La diffusion des idées des Lumières est


également permise grâce aux différents
marchands ambulants. En effet, ces derniers,
allant de province en province, colportaient les
informations et, par extension, apportaient les
idées aux analphabètes.

La presse a facilité la diffusion des textes


philosophiques (notamment l’Encyclopédie de
Diderot et d’Alembert), et a déclenché les
processus de la réflexion chez le peuple. La
presse contribue enfin à la constitution de
l’opinion publique, malgré la censure, toujours
active. Le Journal des Sçavans, le Mercure de
France, les périodiques économiques comme les
Éphémérides du citoyen rédigées par Nicolas
Baudeau du parti des Économistes (parti des
philosophes politiques ou les Physiocrates
comme aussi François Quesnay), sont en fait
plutôt ce que nous appellerions des revues. Par le
recensement d’ouvrages et par les abonnements
collectifs des sociétés de pensée, un public
éloigné des centres de création peut prendre
connaissance des idées et des débats, des
découvertes du mois, sinon du jour.

Influence de la Philosophie des Lumières


dans les changements politiques

Dès la fin du xviie siècle, John Locke avait défini


la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le
législatif[36]. Montesquieu reprit l’idée de
séparation des pouvoirs et l’étendit à un
troisième pouvoir, le pouvoir judiciaire dans De
l'esprit des lois (1748).

Dans les années 1750, on tenta, en Angleterre, en


Autriche, en Prusse et en France, de
« rationaliser » les monarchies et leurs lois.

L’idée lumineuse d’un gouvernement « rationnel »


s’incarna dans la Déclaration d’Indépendance
américaine et, dans une moindre mesure, dans le
programme des Jacobins au cours de la
Révolution française. On peut citer également la
Constitution américaine de 1787.

Influence des Lumières sur la Révolution


américaine

Thomas Jefferson, rédacteur de la


Déclaration d'Indépendance des
États-Unis.

Cultivé et instruit, Thomas Jefferson, planteur


originaire de Virginie, est très marqué par le
philosophe anglais John Locke et par Jean-
Jacques Rousseau. Il préside à l’élaboration de la
Constitution de Virginie au début de 1776, et en
reprend certaines dispositions lorsqu’il procède à
la rédaction de la déclaration d'indépendance des
États-Unis, proclamée le 4 juillet 1776 au congrès
de Philadelphie. Il a l’occasion de rencontrer les
personnalités des Lumières lors de son séjour en
Europe. Arrivé au cours de l’été 1784, il succède à
Benjamin Franklin comme ambassadeur des
États-Unis et fréquente les salons littéraires et les
libraires de la capitale.

L’influence de la philosophie des Lumières


transparaît ainsi nettement dans la Déclaration
d'indépendance des États-Unis, qui proclame que
les hommes ont été créés égaux en droit et qu'ils
peuvent s’opposer à la tyrannie. La Constitution
des États-Unis d'Amérique (1787) reprend les
principes de Montesquieu de la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, qui
forment la base de toute démocratie.

Influence des Lumières sur la Révolution


française

À mesure que se développe l’esprit


philosophique, dans les salons, les cafés ou les
clubs, l’autorité monarchique se délite, sapée tant
par l’opposition aristocratique[37] que par des
tentatives de réformes sans lendemain.

Pendant la période révolutionnaire, les idées des


philosophes inspirent les débats politiques. La
plupart des députés de l’Assemblée nationale
sont des bourgeois cultivés qui se sont nourris
des valeurs de liberté et d’égalité. Par exemple,
Robespierre est un rousseauiste convaincu.
Pourtant, la plupart des philosophes français
sont morts avant d’avoir vu l’œuvre de la
Révolution française, sauf Condorcet, Louis
Sébastien Mercier et l'abbé Raynal. Les deux
premiers, proches des Girondins en l'an II,
connaîtront des déboires avec la Révolution. Seul
le troisième ne sera jamais inquiété et aura
même droit à un buste après sa mort en 1796 en
hommage à ses écrits contre l'esclavage des
Noirs, aboli le 16 pluviôse an II. Il était par ailleurs
l'oncle d'un conventionnel régicide, Simon
Camboulas.

La Révolution française en particulier représente


une application violente de la philosophie des
Lumières, notamment lors de la brève période de
pouvoir des Jacobins. Le désir de rationalité
révolutionnaire se coupe du rationalisme dit
« spirituel » de Descartes, jusqu'à conduire à une
tentative d’éradiquer l’Église et le christianisme
dans son ensemble. Ainsi, la Convention
nationale change le calendrier, système de
mesure du temps, et le système monétaire, tout
en plaçant l’idée d’égalité, sociale et économique,
au plus haut point des priorités de l’État[38].

Perception de la philosophie des


Lumières du xviiie siècle à nos
jours
Au moment de son élaboration, la philosophie
des Lumières n'a pas été partagée par toute la
société. Certains groupes s'y sont opposés :
apologistes (jansénistes et jésuites), gens de
lettre, adversaires littéraires des encyclopédistes
(voir article Contre-Lumières).

Par la suite, certains courants de pensée ont


émis des critiques vis-à-vis de la philosophie des
Lumières : les romantiques, les nationalistes, les
antilibéraux, les néoconservateurs (voir article
Critique des Lumières).
Depuis son apparition au xviiie siècle, les
principaux héritages des Lumières (démocratie,
droits de l'homme) ont fini par s'imposer dans le
monde occidental, et même dans une majorité de
pays sur la planète, de sorte que la perception
des Lumières est globalement positive.

Certains penseurs ne partagent cependant pas


cet optimisme, concernant les conséquences de
la philosophie des Lumières sur nos modes de
vie et ce que cela induit sur le plan de la crise
écologique. Notamment, le théologien orthodoxe
Jean-Claude Larchet voit dans la philosophie des
Lumières, après l'humanisme, l'individualisme, le
rationalisme déjà apparus à la Renaissance, un
des fondements spirituels de la crise écologique.
Selon ce penseur, qui appuie son argumentation
sur une étude approfondie des écrits des Pères
de l'Église (en particulier saint Maxime le
Confesseur), les éléments suivants ont conduit à
la situation de crise que nous connaissons
aujourd'hui[39] :

la conception de Dieu qui subsiste chez


certains philosophes théistes est celle d'un
Dieu abstrait et lointain ; la religion n'est plus
vue comme ce qui relie, mais comme un
ensemble de superstitions à combattre et à
détruire ;
l'athéisme est souvent donné en exemple
(Diderot) et sert de base au naturalisme et au
matérialisme ;
l'homme est affirmé comme un centre de
référence absolu, contre Dieu ;
la raison est affirmée comme la source de
connaissance de référence ;
l'individu est affirmé contre la communauté.

Toujours selon Jean-Claude Larchet[40], la


rationalisation de la perception du monde
réalisée par les Lumières n'est plus compensée
par l'esprit (ou intellect) dans une approche
contemplative des êtres ouverte à la
transcendance et au sens du symbole, mais par
le sentiment, ouvrant la voie au siècle suivant,
sous une forme exacerbée, au romantisme.

Lumières de la pensée juridique


Le concept de Lumières de la pensée juridique,
définit la conjonction de quatre transformations
de la société qui engendre un changement
significatif de la pensée juridique. Les Lumières
philosophiques, les avancées techniques (en
particulier le développement de l'imprimerie), un
climat économique favorable, les changements
politiques rendent possible la codification du
droit. Ce phénomène est directement lié à
l'émergence de l'État-nation. L'État, dans la
personne du souverain devient l'unique source de
droit. Cet élargissement des prérogatives royales
s'accompagnent de la nécessité de codifier le
droit afin d'en garantir la sécurité. Les Lumières
sont toutefois marquées par les résistances à la
codification et l'échec des projets de code civil.
Ce n'est qu'au xixe siècle que les idées imaginées
durant les Lumières de la pensée juridique se
réalisent et que les sociétés européennes
deviennent civilistes[41].

Critiques
Article détaillé : Critique des Lumières.

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Notes et références
1. Les dictionnaires écrivent le mot lumières,
pris en ce sens, soit uniquement avec une
minuscule (cf. Trésor de la langue française
informatisé (http://www.cnrtl.fr/definition/lu
mi%C3%A8res) [archive] et dictionnaires Le
Robert (https://dictionnaire.lerobert.com/defi
nition/lumiere) [archive]) soit avec une
minuscule ou une majuscule (cf. Dictionnaire
de l’Académie française (https://www.diction
naire-academie.fr/article/A9L1339) [archive]
et dictionnaires Larousse (https://www.larous
se.fr/dictionnaires/francais/lumi%C3%A8re/4
8043) [archive]).
2. Josiane Boulad-Ayoub (http://revolution-franc
aise.net/2006/07/07/56-contre-nous-de-la-tyr
annie-des-relations-ideologiques-entre-lumier
es-et-revolution-par-josiane-boulad-ayou
b) [archive] : « Ainsi explicitée, adaptée,
transformée, la Philosophie a pu servir de
garant aux idées et aux valeurs que la
Démocratie française sur toute l’Europe, et
qui, au nom des lois de la République une et
indivisible, au nom de la liberté, de l’égalité, et
de la fraternité, faisait trembler les tyrans sur
les champs de bataille ou, chez elle,
guillotinait le roi » et « La vie coloniale (de
l’Amérique du Nord) s’organisa autour de
quatre idées inspirées par les philosophes
des Lumières : les droits naturels, la
hiérarchie de lois (aucune loi des colonies
n’est contraire à la Couronne), la séparation
des pouvoirs, le contrôle du contre-pouvoir.
Ces pensées influenceront les
révolutionnaires français de 1789. »

3. Franc̜ois Pillon, L’Année philosophique :


Bibliothèque de philosophie contemporaine,
vol. 13, Paris, Félix Alcan, 1903, 308 p. (lire en
ligne (https://books.google.fr/books?id=MnV
KAAAAMAAJ&pg=PA257) [archive]), p. 257.

4. Antoine Eugène Genoude, La Raison du


christianisme : ou, Preuves de la verité de la
religion tirées des écrits des plus grands
hommes de la France, de l’Angleterre et de
l’Allemagne, vol. 2, Paris, Pourrat Frères, 1836,
620 p. (lire en ligne (https://books.google.fr/b
ooks?id=ADYUAAAAYAAJ&pg=PA107&dq=Die
u+et+Nature+sont+un) [archive]), p. 107.
5. J. S. Flotte, Leçons élémentaires de
philosophie, vol. 2, Paris, Brunot-Labbé, 1819
(lire en ligne (https://books.google.fr/books?i
d=qwg-AAAAcAAJ&pg=PA226&dq=Dieu+Gra
nd+Horloger) [archive]), p. 226.

6. Yves Zarka (avec la collaboration de Marie-


France Germain), Buffon, le naturaliste
philosophe (http://www.bouquineo.fr/product
s/buffon-le-naturaliste-philosophe-
1) [archive], éditions Chemins de tr@verse,
2014

7. L’Esprit des lois, première partie, livre


quatrième, Chap. IV « Différence des effets de
l’éducation chez les Anciens et parmi nous. »
8. Colette Le Lay, sous la direction de Jacques
Gapaillard, Les articles d’astronomie dans
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,
Mémoire de D.E.A. d’Histoire des Sciences et
des Techniques, Faculté des Sciences et des
Techniques de Nantes Centre François Viète,
1997, lire en ligne (http://docplayer.fr/196167
96-Les-articles-d-astronomie-dans-l-encyclop
edie-de-diderot-et-d-alembert.html) [archive]

9. Les Origines religieuses de la Révolution


française : 1560-1791, Paris, Éditions du Seuil,
2006, 572 p. (ISBN 978-2-02-085509-9)
10. Patrick Cabanel, Histoire de France, 1750-
1995 : Monarchies et républiques, vol. 1,
Toulouse, Presses Univ. du Mirail, 1996,
303 p. (ISBN 978-2-85816-274-1, lire en ligne
(https://books.google.fr/books?id=R5i9J2iRb
kcC&pg=PA27&dq=milieu+xviiie+si%C3%A8cl
e+apog%C3%A9e+Lumi%C3%A8re
s) [archive]), p. 27.

11. Voir l’article « IMPIE » dans le Dictionnaire


philosophique.

12. Voir Paul Bénichou, L’École du


désenchantement. Sainte-Beuve, Nodier,
Musset, Nerval, Gautier, Paris, Gallimard,
1992, p. 594.

13. Lise Andriès, Le Partage des savoirs xviiie –


xixe siècles Littérature et idéologies, Lyon,
Presses Universitaires de Lyon, 2003, p. 148
(ISBN 9782729707330).
14. « La philosophie des Lumières -
Encyclopédie Hachette Muiltimedia 1998 »
(http://www.philonet.fr/auteurs/Lumieres.htm
l) [archive], sur philonet.fr

15. Michel Le Moël et Sophie Descat,


L’Urbanisme parisien au siècle des Lumières :
Paris et son patrimoine, Paris, Action
artistique de la ville de Paris, 1997, 229 p. (lire
en ligne (https://books.google.fr/books?id=Y
WXaAAAAMAAJ&dq=L%E2__Urbanisme+pari
sien+au+si%C3%A8cle+des+Lumi%C3%A8re
s) [archive]), p. 31.

16. L. Hautecoeur, Histoire de l'architecture


classique en France, T. III, 1950, T. IV, 1952.

17. Laugier, Marc-Antoine, Essai sur l'architecture


Paris, 1753
18. La philosophie des Lumières, exprimée par
les livres, n'a naturellement pas touché les
classes populaires très majoritairement
analphabètes.

19. Montesquieu, De l'esprit des lois, Livre XV,


Chapitre I.

20. Voltaire, Candide, Chapitre XIX.


21. Louis Sala-Molins Le Code Noir ou le calvaire
de Caanan, Paris PUF 1987 ; Les misères des
Lumières ; sous la raison l'outrage, Paris,
Flammarion, 1992

22. Voir Jenny Mander, “Colonialism and Slavery,”


dans The Cambridge History of French
Thought, publié sous la direction de Michael
Moriarty (Cambridge : Cambridge University
Press, 2019), 273.

23. Mander, 272.


24. On parle parfois des Lumières (au substantif)
pour désigner les penseurs, écrivains et
philosophes emblématiques de ce
mouvement de pensée, ce qui peut être
regardé comme un abus de langage (on
préférera plutôt parler par exemple de
« philosophe des Lumières »).

25. Pierre Gamarra, L”Histoire de la laïcité, Paris,


IDLivre, 2005, (ISBN 2747900576), p. 67.

26. Jacques De Cock, Politique des Lumières,


Fantasques éditions, 244 p.
(ISBN 978-2-913846-16-6, lire en ligne (http
s://books.google.fr/books?id=keTyGJQPpO4
C&pg=PA116) [archive]), p. 116.

27. Gérard Lahouati, « Voltaire, la Henriade et


l’histoire », Voltaire no 2, Université de Pau et
des Pays de l’Adour, Presses Paris Sorbonne,
2002, 271 p., (ISBN 9782840502555), p. 166.
28. « D’Holbach, qui a étudié à Leyde, est
beaucoup plus au courant que Voltaire du
développement des sciences … tout en
prônant lui aussi le despotisme éclairé »
Jacques J. Natanson, La Mort de Dieu : essai
sur l’athéisme moderne, Paris, Presses
universitaires de France, 1975, p. 66.

29. Ali Moussa Iye, Albert Ollé-Martin, Violaine


Decang, Histoire de l’humanité : 1789-1914,
coll. Histoire plurielle, vol. 6, UNESCO, 2008,
1519 p., (ISBN 9789232028150), p. 727.

30. Tanguy L’Aminot, « Politique et révolution


chez Jean-Jacques Rousseau », Studies on
Voltaire and the Eighteenth Century, vol. 324,
Voltaire Foundation, 1994.

31. Jacobi fut aussi un critique des Lumières, les


accusant de propager le spinozisme et
l'athéisme.
32. Fichte écrit dans sa jeunesse la
Revendication de la liberté de penser et
défend la Révolution française.

33. Auteur de Qu'est-ce que les Lumières ?.


34. Voir Daniel Roche, Le Peuple de Paris : essai
sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris,
Librairie Arthème Fayard, 1998 et Jean de
Viguerie, « Une Forme nouvelle de vie
consacrée : enseignantes et hospitalières en
France aux xviie et xviiie siècles », Femmes et
pouvoirs sous l’ancien régime, sous la
direction de Danielle Haase Dubosc et Éliane
Viennot, Paris, Rivages, 1991, p. 175-95.

35. Voir Jacques Domenech, L'éthique des


Lumières, Vrin, 1989, (ISBN 9782711609987).
36. Adhémar Esmein, Éléments de droit
constitutionnel français et comparé, Paris,
Sirey, 1921, 600 p. (lire en ligne (https://book
s.google.fr/books?id=QABAAAAAYAAJ&pg=P
A458&dq=Locke+s%C3%A9paration+ex%C3%
A9cutif+l%C3%A9gislatif) [archive]), p. 458.

37. Daniel Mornet, Les Origines intellectuelles de


la Révolution française (1715-1787), Paris,
Armand Colin, 1933.

38. Prosper Poullet, Les institutions françaises de


1795 à 1814, Paris, Plon-Nourrit, 1907, 975 p.
(lire en ligne (https://books.google.fr/books?i
d=XtgrAQAAIAAJ&pg=PA323) [archive]),
p. 223.

39. Jean-Claude Larchet, Les fondements


spirituels de la crise écologique, Syrtes, p. 77-
79

40. Voir ibid.


41. Adrien Wyssbrod, De la coutume au code :
Résistances à la codification du droit civil à
Neuchâtel sous l’Ancien Régime, Wyssbrod,
6 mars 2019 (ISBN 978-1-7927-2266-0, lire en
ligne (https://books.google.ch/books?id=zWT
3wQEACAAJ&pg=PA195) [archive]), p. 195ss

Voir aussi

Bibliographie

Article détaillé : Bibliographie des Lumières.

Articles connexes

Critique des Lumières


Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

Despotisme éclairé
Échiquier politique
Encyclopédie
Espagne des Lumières
Franc-maçonnerie
Gazette de Leyde
Humanisme
Lettres d'une Péruvienne de Françoise de
Graffigny
Littérature du xviiie siècle
Lumières écossaises
Modernité
Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant

Rationalisme
Siècle des Lumières

Tolérance
Universalisme (philosophie)

Liens externes
Notice dans un dictionnaire ou une
encyclopédie généraliste : Universalis (http
s://www.universalis.fr/encyclopedie/lumiere
s/) [archive]
Notices d'autorité :
Japon (http://id.ndl.go.jp/auth/ndlna/00565361)
Exposition virtuelle « Le siècle des Lumières :
un héritage pour demain » (Bibliothèque
nationale de France) (http://expositions.bnf.fr/l
umieres/) [archive] sur expositions.bnf.fr
Dossier sur la littérature des Lumières (http://w
ww.infoplanete.com/infotheque/dossiers-inedi
ts/la-litterature-des-lumieres--le-roman.htm
l) [archive] sur infoplanete.com
Qu'est-ce que les Lumières ? (http://1libertaire.f
ree.fr/MFoucault260.html) [archive] Par
Michel Foucault sur 1libertaire.free.fr
Qu’est-ce que les Lumières aujourd’hui ? (htt
p://calle-luna.org/article.php3?id_article=14
8) [archive] - de Valéry Rasplus sur calle-
luna.org
Littérature des Lumières et Révolution (http://w
ww.bibliotheque-desguine.fr/desguine/Fonds-r
emarquables/Lumieres-et-Revolution?lang=f
r) [archive] site de la Bibliothèque André-
Desguine
Textes sur les Lumières (http://hypo.ge-dip.etat
-ge.ch/www/cliotexte/html/france.lumieres.ht
ml) [archive] sur hypo.ge-dip.etat-ge.ch
Analyse de l’ouvrage de Jonathan Israel sur les
Lumières radicales (http://wodka.over-blog.co
m/article-2480149.html) [archive] - par larissa-
gokadi sur wodka.over-blog.com

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