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SYNTHÈSE

Le mouvement des Lumières


Le mouvement des Lumières n’est pas national, mais européen : son ampleur est aussi importante que
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celle de l’Humanisme au XVI siècle. En témoigne notamment l’entreprise de l’Encyclopédie, qui réunit 160
collaborateurs venus de toute l’Europe.
Le mouvement des Lumières naît en Angleterre, sous la double impulsion des philosophes anglais, tels que
Hobbes et Locke, dont la pensée redéfinit la vie politique, et de l’Histoire. La Glorious Revolution, révolution
pacifique, établit la monarchie parlementaire en 1688, qui devient un modèle. Les penseurs français, en
butte contre le pouvoir monarchique absolu pratiqué en France depuis François Ier, admirent ce modèle et
en font la base de propositions politiques nouvelles ; ainsi de Montesquieu dans L’Esprit des lois.

Quatre facteurs ont été favorables à l’épanouissement des Lumières :


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1. La propagation du rationalisme à la suite des ouvrages de Descartes (XVII siècle) ; elle va de pair
avec le renouveau de la pensée politique, inspiré à la fois par la Glorious Revolution britannique et les
propositions d’un Grotius, juriste hollandais qui dans son traité Du droit de la guerre et de la paix, publié
en 1615, fait émerger le concept de « loi naturelle ».
2. Les découvertes scientifiques, telles que la gravitation universelle, théorie proposée par Newton et
dont Voltaire contribue à diffuser les idées en France.
3. La multiplication des échanges, favorisés par la diffusion des journaux et la mode des salons et des
cafés où se retrouvent les philosophes des Lumières.
4. La libéralisation des mœurs sous la Régence (1715-1721), qui autorise la diffusion d’idées jusqu’alors
censurées. Si Louis XV vise au rétablissement d’un pouvoir fort, il se montre cependant relativement
ouvert aux idées de son temps, notamment sous l’influence de sa maîtresse en titre, Mme de
Pompadour, amie des philosophes.
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Il faut être attentif au sens exact du terme « philosophe » au XVIII siècle. D’une manière générale,
on appelle philosophe un auteur qui propose un système abstrait pour répondre à des interrogations
universelles et théoriques. Ainsi, Platon, au IVe siècle avant Jésus-Christ, fonde la théorie de l’Idéalisme.
Au XVIIIe siècle, les philosophes sont ce qu’on appellerait maintenant des « intellectuels » : ils participent
activement aux débats de la société, qu’ils veulent réformer ; leur but ne consiste pas à établir des
théories abstraites, mais à favoriser le progrès de la société. À cette intention répond par exemple
l’entreprise de l’Encyclopédie : la diffusion des connaissances doit servir le progrès social : « classer les
connaissances pour instruire et développer une réflexion critique pour faire naître des changements ».
Les valeurs défendues par les philosophes des Lumières sont essentiellement éthiques, c’est-à-
dire qu’elles concernent la vie des hommes en société, d’où l’importance accordée à la question de
l’altérité. La première d’entre elles est la liberté, cheval de bataille et objectif de tous les philosophes
des Lumières ; la justice est également une valeur essentielle. Ces valeurs éthiques sont servies par
des valeurs intellectuelles : la raison et la connaissance. À ce système de valeurs s’opposent des
contre-valeurs contre lesquelles luttent les philosophes avec acharnement : le despotisme ou tyrannie,
l’obscurantisme, associé à la superstition et au fanatisme, l’injustice sociale. Enfin, tous les philosophes
veulent réformer la société en vue du bonheur humain. En effet, si certains sont déistes comme Voltaire
ou Rousseau, et d’autres athées comme Diderot, tous s’accordent pour rechercher le bonheur sur terre et
non plus dans l’au-delà, dans le paradis promis par l’Église.

L’Encyclopédie est le concentré des combats menés par les philosophes des Lumières. D’abord conçue
pour être le prolongement français de Cyclopaedia, ouvrage de l’anglais Chambers (1742), elle dépasse
rapidement les dimensions du projet initial. Alors que l’œuvre devait compter huit volumes de textes,
deux de planches et cinquante-cinq collaborateurs, elle rassemble finalement dix-sept tomes de textes,
onze de planches, cent-soixante auteurs, et soixante mille articles. Elle devient ainsi une plate-forme
d’expression pour les penseurs de toute l’Europe, ce qui lui vaut la censure politique et religieuse, et à
Diderot son emprisonnement pendant quelques mois.

CNED PREMIÈRE FRANÇAIS 1

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