III.

Le siècle des Lumières

1. Contexte historique
 Période qui commence à la mort de Louis XIV en 1715 par la Régence (Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV,
gouverne le pays en attendant la majorité de Louis XV), époque marquée par une crise financière et politique mais
aussi par l’aspiration aux plaisirs, au luxe, au libertinage.
 Suivra le règne de Louis XV, période d’une certaine prospérité pour la France mais aussi de contestation du
pouvoir politique.
 Ensuite le règne de Louis XVI est marqué par une crise profonde : difficultés monétaires et économiques,
contestation des autorités politiques, religieuses, institutionnelles.
 Ce siècle s’achève par la Révolution, en 1789, que les idées des philosophes ont préparé.

 Durant le règne de Louis XVI, la France intervient dans la guerre d’indépendance américaine (contre l’Angleterre)
et on peut dire que la Déclaration d’indépendance reflète les idées des Lumières :

« Nous considérons comme absolues ces vérités : que les hommes sont créés égaux, qu'ils sont investis par leur
Créateur de certains droits inaliénables parmi lesquels figurent la vie, la liberté et l'aspiration au bonheur ; que,
pour assurer ces droits, sont institués parmi les hommes des gouvernements qui tiennent leurs justes pouvoirs du
consentement de ceux qu'ils gouvernent ; que, chaque fois qu'une forme de pouvoir va à l'encontre de ces fins
humaines, les peuples ont le droit de changer ou d'abolir leur gouvernement, d'instituer un nouveau régime sur des
bases et avec une constitution telles que leur sécurité et leur bonheur futurs semblent assurés avec le plus de
probabilité. »
Thomas Jefferson, Déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique

2. Pourquoi le nom de « Lumières » ?

La métaphore de la « lumière » souligne le projet de ceux qu’on appelle les « Philosophes des lumières » de faire
passer leurs concitoyens d’une période d’ignorance, de « ténèbres » intellectuelles (obscurantisme = toute forme
d’opposition à la diffusion du savoir quel que soit le domaine) à une période de lucidité, d’exercice de leur Raison
propre. La réflexion critique permet donc de libérer l'homme des croyances diverses.

3. La devise des Lumières (cf texte 1 – Kant)

 Définition des Lumières par le philosophe allemand Kant > « Qu’est-ce que les Lumières ? » un texte fondamental.
 Pour Kant, les Lumières correspondent davantage à un état d’esprit, à une attitude à adopter qu’à un mouvement
culturel. Il s’agit avant tout de prendre enfin pour l’homme son indépendance intellectuelle, réflexive, d’oser
penser par lui-même (Sapere aude, « Ose penser » sous-entendu « ose penser par toi-même », « aie le courage de te
servir de ton propre entendement »). Il faut pour cela rejeter toutes les formes d’obscurantisme, abandonner la
paresse et la peur de la liberté, ne plus laisser des hommes, des entités diriger notre système de pensée, ne plus être
influencé mais se servir de son jugement et de sa raison. Prendre son indépendance est un acte courageux, un acte
de rébellion, de révolte libératrice pour l’homme.

4. Les combats des philosophes des Lumières + exemples

1) remettre en cause le pouvoir politique et religieux

ex : Montesquieu, Lettres persanes, « lettre XXIV » où le regard étonné de Rica met en évidence le comportement
des Parisiens, le manque d’esprit critique des courtisans, la manipulation sur les esprits du roi de France et du Pape.

2) remettre en cause l’inégalité de naissance

ex : Beaumarchais, « monologue de Figaro » où Figaro, simple valet, montre le poids des abus (privilèges dus à la
naissance, censure, etc...)
3) lutter contre le fanatisme religieux
 ex : Voltaire, « Prière à Dieu » où il dénonce les rites, une des causes selon lui, de l’intolérance religieuse mais en
appelle aussi aux hommes pour qu’ils s’entendent malgré leurs différences. C’est un texte qui propose le déisme
comme religion écartant toute forme d’intolérance.

4) lutter contre l’obscurantisme

ex : Voltaire : « De l’horrible danger de la lecture » : pamphlet dans lequel Voltaire, usant de la fiction orientale
comme Montesquieu dans les Lettres persanes, dénonce l’absurdité de l’obscurantisme et proclame sa foi dans le
savoir, facteur de progrès et de bonheur.

5) dénoncer l’esclavage
ex 1 Montesquieu : « De l’esclavage des nègres », texte extrait de L’Esprit des lois, où Montesquieu, en maniant
l’antiphrase dénonce l’égoïsme et la cruauté des Européens qui utilisent les esclaves pour le seul profit, au mépris
de la dignité humaine.
Ex 2 : Voltaire, dans l’épisode du nègre du Surinam dans Candide qui dénonce les horreurs de l’esclavage. Au
sortir de l’Eldorado, Candide et son valet Cacambo rencontrent un esclave noir dans un état pitoyable, amputé de la
main droite et de la jambe gauche qui déclare « c’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». Choc brutal
et un retour à la réalité du mal.

6) lutter pour la liberté individuelle : liberté de pensée, d’expression, de religion... en combattant le maintien du
peuple dans l'ignorance par la vulgarisation des connaissances la censure par tous les moyens et en combattant
aussi les abus de justice et de pouvoir (voir l’affaire Calas)

5. Une œuvre symbole des Lumières: l’Encyclopédie (texte 5 + frontispice)

 Encyclopédie ou Dictionnaire Raisonné des sciences des arts et des métiers a une double visée : faire la somme de
toutes les connaissances de l'époque (sciences, arts et métiers) afin de les diffuser au plus grand nombre
 17 volumes, + de 15 000 pages, + de 60 000 articles et 10 volumes de planches.
 près de 200 collaborateurs et les plus célèbres intellectuels du siècle dont D’Alembert, Diderot, Voltaire ou encore
Rousseau.
 par son audace, par la somme des savoirs rassemblés, par les débats qu'elle a suscités, l'Encyclopédie est le
symbole du siècle des Lumières (« Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c’est qu’il n’admet
rien sans preuve, qu’il n’acquiesce point à des notions trompeuses et qu’il pose exactement les limites du certain,
du probable et du douteux. Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j’espère
que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n’y gagneront pas. Nous aurons servi l’humanité.
»Lettre de Diderot à Sophie Volland (26 septembre 1762). )
 C'est une œuvre majeure des Lumières qui travaille à la destruction des superstitions et des préjugés pour entre
autres « éclairer » les opinions et proposer une connaissance universelle.
 Sur le frontispice de l'Encyclopédie, une source de lumière représentée au centre met en valeur le personnage de la
« Vérité », cette source semble éclairer les autres personnages. On peut penser que la scène a lieu sous un temple
par les quatre colonnes que l'on aperçoit, autour de la Vérité enveloppée d'un voile et qui écarte les nuages, on voit
des « groupes » de femmes qui possèdent chacune une spécialité selon les objets/matériaux qu'elles tiennent
comme des instruments de géométrie, des plans d’architecture, des instruments de musique (harpe), des plantes
(agriculture), des sciences (chimie). Chaque groupe est positionné sans hasard, à droite de la Vérité la raison et la
philosophie, et à gauche l'imagination qui embellit avec une couronne la Vérité. C'est donc une représentation
allégorique des thèmes de l'Encyclopédie.

7. Quelques textes représentatifs de l’esprit des Lumières (cf. polycopié)