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[contexte historique et culturel] Le XVIIIe siècle est marqué par les Lumières.

C’est un
mouvement littéraire et culturel apparu à la fin du règne de Louis XIV qui défend les valeurs de la raison.
Les philosophes de ce mouvement souhaitent sortir la population de l’obscurantisme, et ils luttent
contre le despotisme. Voltaire, Rousseau et Diderot sont des auteurs célèbres des Lumières.
[présentation de l’auteur et de l’œuvre] Voltaire a notamment écrit Candide, ou encore les Questions sur
l’Encyclopédie, publiées en 1770. [présentation de l’extrait] L’extrait soumis à notre étude est l’article «
Homme » issu de cet ouvrage. Dans ce texte, Voltaire débat de l’importance de la vie en société pour
l’homme, et ainsi réfute la thèse de ses adversaires, en particulier Rousseau. [problématique et plan]
Nous allons donc analyser comment, par le biais de cette argumentation contre la solitude, Voltaire
discrédite la thèse de ses opposants. Nous observerons d’abord comment Voltaire défend l’importance
de la vie en société, puis de quelle manière il attaque ses adversaires.

[rappel du titre et annonce des sous-arguments] Dans cet article, Voltaire défend la vie en
société ; il prend parti en son nom pour donner plus de poids à ses arguments, mais aussi au nom du
reste de l’humanité ; la thèse est explicitement énoncée, et l’auteur se sert de comparaisons animalières
pour convaincre le lecteur.
[1er argument : étude de l’énonciation] Nous pouvons remarquer l’emploi de la première
personne avec l’adjectif possessif « nos » l.9. Cette prise de position traduit une réelle implication de
Voltaire dans son article, ce qui vise à convaincre le maximum de lecteurs. De plus, la narrateur s’adresse
directement au lecteur à l’aide d’interrogations rhétoriques, par exemple ligne 20 : « Le grand défaut de
tous ces livres à paradoxe n’est-il pas de supposer toujours la nature autrement qu’elle n’est ? » ; deux
autres questions de ce type sont adressées au lecteur ligne 36 à 40, ce qui l’implique dans
l’argumentation du philosophe. Cependant, l’auteur n’y parle pas qu’en son nom ; il s’inclut aussi dans
une généralité, en utilisant souvent le pronom « on » (l.1). Il s’inclut donc dans l’humanité et exprime
ainsi sa propre opinion, au nom des autres hommes, sur le thème de la vie en société.
[2er argument : étude de la thèse] La thèse de Voltaire est exposée explicitement à la ligne 12-13
: « L’instinct de l’homme, fortifié par la raison, le porte à la société comme au manger et au boire. »
Ainsi, selon l’auteur, la vie en société est indispensable à l’homme ; la comparaison utilisée associe la vie
en société à un besoin vital, elle traduit l’importance de la société pour l’homme. Le philosophe pense
que tout homme est censé vivre en société. Le groupe nominal « tous les hommes » est d’ailleurs placé
en début de texte, ce qui le met en valeur et renforce l’aspect général de la thèse de l’auteur. De plus,
Voltaire utilise un raisonnement par l’absurde, l’anaphore en « où » ligne 3 à 5 mettant en valeur
l’absurdité de la vie en solitaire : « On n’a jamais vu de pays où ils vécussent séparés, où le mâle ne se
joignit à la femelle, etc. » A la ligne 3, l’homme est comparé à des animaux, « comme les castors, les
fourmis, les abeilles » ; cette comparaison est mise en valeur par l’énumération. Elle montre que les
hommes, comme les animaux, vivent en société. Toujours en utilisant un raisonnement par l’absurde,
l’auteur se sert de la comparaison employée par ses adversaires pour insister sur sa propre thèse. Il
personnifie d’autres animaux, comme le hareng, et utilise l’ironie pour montrer l’absurdité de la solitude,
en attribuant à ces animaux des termes judiciaires : « Autant vaudrait-il dire que dans la mer les harengs
sont originairement faits pour nager isolés, et que c’est par un excès de corruption qu’ils passent en
troupe. » Il utilise le même type de raisonnement avec la grue, pour montrer que les êtres vivants sont
naturellement faits pour vivre en société.
[3er argument : la réfutation de la thèse adverse] Enfin, la thèse adverse est évoquée à la ligne 7,
« c’est la société qui a dépravé la nature », mais elle est rapidement réfutée avec l’exemple des animaux.
Voltaire développe ensuite son argumentation en utilisant la comparaison de l’homme avec un animal
dans le chiasme de la ligne 12 : « Chaque animal a son instinct, et l’instinct de l’homme… ». Ce chiasme
met en valeur le besoin de vivre en société pour l’homme. De plus, le philosophe utilise un parallélisme
antithétique pour défendre sa thèse, en affirmant que « loin que le besoin de société ait dégradé
l’homme, c’est l’éloignement de la société qui le dégrade » (l.14). A la ligne 19, Voltaire utilise une
antithèse (« elle s’est mise dans le plus horrible esclavage pour être libre »), qui lui permet de montrer
que, contrairement à ce que pense ses opposants, la solitude est mauvaise pour l’homme et qu’elle ne
peut rien lui apporter de bon.
[transition Partie 1 / Partie 2] Pour défendre sa thèse, Voltaire utilise un raisonnement par
l’absurde et prend parti en son nom pour convaincre le lecteur. Il réfute la thèse adverse en réutilisant et
en détournant les exemples de ses opposants. Mais il ne se limite pas à cela, il attaque aussi directement
ses adversaires, et en particulier Rousseau.

[rappel du titre et annonce des sous-arguments] Dans cet article, Voltaire attaque directement
ses opposants, en particulier Rousseau, en réécrivant un passage d’un texte célèbre de l’auteur, Le
Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, puis en attaquant son confrère de manière
directe.
[1er argument : l’attaque du Discours sur l’origine…] En effet, Voltaire se permet de réécrire un
texte d’un de ses détracteurs après l’avoir cité. Dans sa réécriture, Voltaire montre les avantages de la vie
en société. Il utilise notamment un rythme ternaire ligne 33, qui met en valeur les avantages de la vie en
société : « plus sains, plus paisibles, moins malheureux ». De plus, l’opposition des termes « plus » et «
moins », ainsi que « paisibles » et « malheureux », renforcent l’énumération qui met en lumière les
avantages que Voltaire attribue à la vie en société. Le philosophe attaque ici directement le point de vue
de Rousseau, grâce à l’antithèse ligne 29 entre les termes « un voleur, un destructeur » et l’expression «
aurait été le bienfaiteur », antithèse qui met en valeur l’absurdité du point de vue de Rousseau. Nous
pouvons aussi relever une autre antithèse à la ligne 30, qui met en opposition les termes « punir » et «
honnête homme » : « il aurait fallu punir un honnête homme ». Cette antithèse renforce l’absurdité de la
thèse avancée par Rousseau.
[2er argument : l’attaque de Rousseau lui-même] Cependant, dans ce texte, Voltaire ne s’attaque
pas uniquement à la thèse de Rousseau. En effet, à la ligne 22, le philosophe compare Rousseau à un «
renard sans queue qui voulait que tous ses confrères se coupassent la queue ». Le narrateur utilise cette
comparaison pour montrer que Rousseau est en opposition avec la société et qu’il ne pourra pas réussir
à convaincre ses lecteurs des bienfaits de la solitude. De plus, l’auteur compare également Rousseau à un
« fou sauvage » (l.36), et à un « gueux » (l.38). A travers ses figures d’analogie, Voltaire montre que
Rousseau est l’ennemi de la société. Le philosophe utilise aussi l’ironie pour discréditer son adversaire,
comme le prouvent les deux expressions « s’exprime ainsi d’un style magistral » (l.23) et « Ainsi, selon ce
beau philosophe » (l.29). cette ironie permet à Voltaire de tourner en ridicule la thèse adverse en
ironisant sur le philosophe qui l’a écrite.
Ainsi, Voltaire n’hésite pas à attaquer directement ses adversaires, ici en réécrivant un de leur
texte, ou encore en tournant en ridicule l’auteur lui-même.

[conclusion : bilan] La vie en société est un thème cher au XVIIIe siècle, et qui a divisé les
auteurs. Voltaire utilise dans cet article un raisonnement par l’absurde pour montrer que la solitude nuit
à l’homme. Il reprend les arguments de ses opposants, pour montrer leur invraisemblance, et il n’hésite
pas à attaquer Rousseau, la thèse qu’il défend, mais aussi l’écrivain. [conclusion : ouverture] Nous
pouvons rapprocher cet article « Homme » issu des Questions sur l’Encyclopédie, de l’article « Société »
de l’Encyclopédie elle-même, qui avance peu ou prou les mêmes arguments.

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