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La littérature engagée

On parle parfois de littérature engagée ou d’écrivains engagés. Ce terme « d’engagé » ajouté à la


littérature et aux écrivains est un peu complexe, parce qu’on peut se demander que serait une littérature qui
ne serait pas engagée, que serait un écrivain qui ne serait pas engagé. En réalité, ce sont des formules qui ont
un sens bien précis et qui sont apparues dans la langue française à un moment précis de l’Histoire.

I. Définition
La littérature engagée regroupe les textes littéraires d’auteurs qui écrivent pour défendre une position. Il
peut s’agir d’une position politique, éthique (= morale) ou religieuse (un peu moins fréquent). Ces textes
de littérature engagée sont des romans, des nouvelles, de l’argumentation, dans lesquels les auteurs prennent
position et défendent leur point de vue sur la politique, sur la morale, sur la société, sur la religion, etc. On
parle alors d’écrivains engagés. Le terme d’écrivain « engagé », comme celui de littérature « engagée »,
sont apparus au XXe siècle. C’est finalement une notion assez récente surtout apparue après la Seconde
Guerre mondiale, qui désigne le fait que certains écrivains ont éprouvé le besoin d’exprimer leurs opinions
politiques clairement, dans leurs écrits. Ils ont considéré qu’on ne pouvait pas rester neutre et qu’il fallait
nécessairement prendre position.
L’auteur le plus célèbre à ce titre est Jean-Paul Sartre, qui définit d’ailleurs la littérature engagée dans le
texte « Qu’est-ce que la littérature ? ». De la même manière qu’André Gide, à peu près à la même période, a
écrit le livre Littérature engagée. Le terme apparaît vraiment donc après la Seconde Guerre mondiale, dans
les années 1950, même dès la fin des années 1940.
En employant ces termes, ces auteurs veulent dire que quand on vit on est obligé de prendre position. On
ne peut pas rester indifférent, et même si l’on devient indifférent ou passif, finalement, on a déjà pris
position par le fait de ne rien faire, donc autant défendre des choses auxquelles on croit. Ces notions
d’écrivain engagé et de littérature engagée sont liées à la philosophie de Sartre, l’existentialisme.

II. Histoire littéraire


Ce n’est pas parce que cette notion apparaît au XXe siècle qu’il n’y a pas eu d’écrivains engagés avant. On ne
les appelait pas de cette façon de leur temps, mais à partir du XXe siècle on peut dire, par exemple,
que Voltaire est l’ancêtre des écrivains engagés ou était lui-même un écrivain engagé. Voltaire,
dans Dictionnaire philosophique, a écrit l’article « Torture » dans lequel il explique et essaie de définir ce
qu’est la torture. Pour la définir, il raconte une anecdote qui est celle d’un de ses lecteurs, le Chevalier de la
Barre, arrêté parce qu’il avait des livres de Voltaire chez lui. Il a été torturé pour qu’il avoue son opposition
au roi, ou d’autres méfaits pour lesquels il fut jugé et condamné. Voltaire dénonce cet usage de la
torture dans cet article qu’il écrit en référence à cette histoire et dans laquelle il était indirectement engagé.
En écrivant cet article, il décide de s’engager, c’est-à-dire, de prendre position.
Autre exemple d’écrivain engagé, tel qu’on le présente souvent : Émile Zola. Connu pour sa prise de
position quant à l’affaire Dreyfus. Dreyfus était un capitaine juif accusé de trahison et destitué de son titre
de militaire. Zola dénonce cette injustice dans « J’accuse », article paru dans le journal L’Aurore.  Il ne
s’agit pas d’un texte littéraire ; ce n’est pas un roman, ni une nouvelle, ni un texte d’argumentation ou un
livre, mais c’est un article de presse engagé. Ainsi, parfois les écrivains engagés ne sont pas toujours des
écrivains qui écrivent des romans pour défendre une cause ; ce peut être tout simplement un écrivain qui
prend position dans sa vie, et qui pour cela, écrit des textes, même s’ils ne sont pas des textes de fiction ou
des livres à proprement parler.
Dernier exemple en littérature étrangère et plus spécifiquement en littérature russe : Soljenitsyne. Il s’agit
d’un auteur russe qui a écrit le texte L’Archipel du goulag, entre 1958 et 1967. C’est un roman qui se passe
en Russie sous l’ère soviétique, au moment où un régime communiste bien particulier est mis en place. Cet
auteur était au goulag, qui est une prison, il y a écrit ce roman et l’a fait passer en Occident. Et notamment
en France pour faire connaître à tout le monde l’existence de ces prisons russes, puisque la Russie ne disait
pas qu’elle avait de telles prisons et ne voulait pas que cela se sache. Soljenitsyne a fait un acte politique,
et certains de ceux qui l’ont aidé à faire passer le texte sont morts ou ont été condamnés à cause de cela. On
peut donc aussi le ranger dans la catégorie des écrivains engagés, comme on peut dire que son roman fait
partie des textes de littérature engagée.

Littérature engagée
La littérature engagée renvoie en règle générale à la démarche d'un auteur (poète, romancier, dramaturge…)
qui défend une cause éthique, politique, sociale ou religieuse, soit par ses œuvres soit par son intervention
directe en tant qu'«intellectuel», dans les affaires publiques. Historiquement, on dit d’une œuvre qu’elle est
engagée lorsqu'elle présente un certain statut dans la société de son auteur et qu'est reconnue l'importance de
sa fonction sur un sujet donné. Par le biais de son texte, un écrivain peut critiquer certains aspects de la société.

Différents aspects
Nécessité
En général, tout homme est responsable de ce qui se passe en son temps, à plus forte raison l'écrivain.
D'ailleurs, se désintéresser de son temps, c'est une façon de s'engager ; même l'art pour l'art engage l'écrivain
(cf. « La littérature vous jette dans la bataille ; écrire, c'est une certaine façon de vouloir la liberté ; si vous avez
commencé, de gré ou de force vous êtes engagé », Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?).
Plus particulièrement au XXe siècle, les facteurs d'engagement se multiplient :

 la vie collective exerce une emprise plus forte sur la vie individuelle et accroît la responsabilité de l'Homme
(exemple : par le développement des médias, l'information accrue…) ; aussi on ne peut plus se constituer un
art de vivre personnel, considérer l'art comme un divertissement, une étude désintéressée de l'Homme ;
 les écrivains contemporains héritent de cette idée du XIXe siècle que l'écrivain a une mission privilégiée, et,
plus portés vers la philosophie en raison de leur culture et de leur époque, ils favorisent la réflexion politique.
Évolution
Si le terme d'« engagement » est introduit au XXe siècle, la notion existait déjà :

 certes le sage de la tradition antique s'abstient de trop participer à la vie de la société


(cf. Montaigne, Essais); pourtant, au XVIe siècle, certains témoignent déjà par leurs écrits de leurs convictions
religieuses (cf. Agrippa d'Aubigné) ou bien engagent, par l'activité de la raison, la recherche de la vérité, un
combat contre l'intolérance (cf. Montaigne), l'immobilisme intellectuel (cf. Rabelais, du Bellay), la torture ;
 l'honnête homme du XVIIe siècle occupe civilement sa place sans toutefois prendre position sur les
problèmes politiques ou sociaux ;
 mais c'est au XVIIIe siècle que le philosophe se fait un devoir de servir et d'améliorer la société : alors que les
écrivains du XVIIe siècle étaient des courtisans à la recherche de mécènes et de protecteurs, ce siècle est
emblématique d'une nouvelle éthique de vérité de l'écrivain, exprimée à l'origine par Voltaire1, consistant en
son autonomisation progressive par rapport aux pouvoirs (politiques, religieux). Cette éthique se construit
dans le cadre de la lutte pour la liberté d'expression avec en corollaire une responsabilité accrue de ces
écrivains dont les pouvoirs veulent désormais qu'ils répondent de leurs œuvres2 ;
 c'est la même conception qui prédomine chez les auteurs du XIXe siècle, en particulier chez Lamartine, mais
encore plus particulièrement chez Vigny, hanté par cette question de l'utilité politique de l'écrivain, et
chez Hugo, qui oriente toute sa vie en fonction de ses convictions ; quant à Zola, même si la doctrine
naturaliste ne l'engage pas à prendre position dans ses romans, un désir de corriger la société apparaît
cependant à travers l'évocation des conditions de vie des miséreux ;
 au XXe siècle, l'engagement devient un devoir au nom de la liberté et de la solidarité : « Tout artiste
aujourd'hui est embarqué dans la galère de son temps… Nous sommes en pleine mer. L'artiste, comme les
autres, doit ramer à son tour, sans mourir s'il le peut, c'est-à-dire en continuant de vivre et de créer »
(Camus). C'est le cas de Roger Martin du Gard, Malraux, aux côtés des existentialistes et des poètes de la
Résistance, mais aussi des écrivains des minorités. Sartre, dans sa théorie de la littérature engagée,
dépasse l'opposition entre la responsabilité de l'écrivain, qui amène l'auteur à se restreindre, et la liberté de
création (défendue par Roland Barthes qui transfère la responsabilité de l'écrivain au lecteur), en rattachant
la responsabilité au libre arbitre3.
Thèmes mobilisateurs
 La religion : de nombreux artistes écrivent sur le sujet que ce soit pour défendre les valeurs religieuses telles
que le pardon ou la compassion, ou bien au contraire attaquer l'intolérance religieuse. Les artistes connus
pour s'être engagés sur le sujet sont D'Aubigné, Pascal, Chateaubriand, Voltaire.
 Les valeurs humanitaires : la liberté, la lutte contre le racisme, la défense de la négritude
(cf. Césaire, Senghor, Glissant) ; des émigrés (cf. Tahar Ben Jelloun); pour l'humanité (cf. Camus)…
 Les questions sociales : les philosophes des Lumières dénoncent les injustices. Ils s'en prennent notamment
aux inégalités entre hommes (Diderot) et à l’esclavage (Montesquieu, Voltaire). Au XIXe siècle, les auteurs
qui dénoncent les inégalités sociales et la misère sont notamment Victor Hugo dans Claude Gueux puis, à la
fin du siècle, Émile Zola dans Germinal.
 Les questions politiques : de nombreux auteurs se font la voix du pacifisme, de la dénonciation de la guerre
(Max Scheler). Il existe plusieurs genres de pacifismes qui se distinguent par leurs modes d’action et par les
valeurs principales qui les animent. Les écrivains de l'existentialisme, Jean-Paul Sartre, Simone de
Beauvoir, Merleau-Ponty, mais aussi des intellectuels contemporains comme Raymond Aron considèrent
qu'ils doivent s'engager sur de questions politiques. Les existentialistes promeuvent le communisme et
dénoncent l'impérialisme de leur temps.
 Le féminisme : le mouvement féministe s'engage pour le droit des femmes ; il dénonce les inégalités
sociales, politiques, juridiques, économiques et culturelles dont les femmes sont victimes. Les premières
idées féministes sont apparues au Moyen Âge avec Christine de Pizan. Entre le XVIIIe et
le XIXe siècle, Olympe de Gouges et George Sand défendent le féminisme. Au XXe siècle, les suffragettes,
des militantes britanniques font beaucoup parler d'elles et obtiennent le droit de vote des femmes au
Royaume-Uni. En 1971, le Manifeste des 343 est rédigé par Simone de Beauvoir, c'est une pétition
française signée par 343 femmes ayant eu recours à l'avortement alors que cet acte était reconnu comme
illégal en France. Le Manifeste appelle à dépénaliser et légaliser l'interruption volontaire de grossesse.
En 1975, Simone Veil, alors ministre de la Santé, fait adopter la loi Veil qui autorise l'avortement. À la fin
du XXe- début du XXIe siècle, de nombreuses associations féministes se sont créées, notamment les
Chiennes de garde, Ni putes ni soumises et les Femen, qui sont très actives.
Formes possibles de lutte
Comme Homme, l'artiste peut assumer les responsabilités de son temps (adhésion à des partis, action dans la
résistance, la révolution, signature de manifestes, participation à des congrès),
comme : Sartre, Camus, Malraux, Gide, Barrès, Bourget et avant eux, Zola, Hugo, Lamartine.
Comme écrivain :

 il éclaire et dirige l'opinion : journaux, revues, conférences, pamphlets, manifestes ;


 il s'unit à d'autres écrivains pour agir sur les pouvoirs et le public avec tout le prestige de l'artiste ;
 il traite des problèmes actuels, en prenant position à leur égard et en instruisant le public. Les fins purement
esthétiques, l'art ne viennent que « par-dessus le marché » (Sartre).
Cela entraîne un goût pour les genres qui agissent sur un vaste public : théâtre, cinéma et roman.

Limites de l'engagement
Écrire est un métier qui ne donne pas forcément des compétences spéciales dans d'autres domaines. Donc :

 l'engagement personnel de l'écrivain ne vaut pas plus que celui de n'importe qui ;
 et il lui fait perdre, dans une activité où il peut être médiocre, un temps qui lui serait précieux pour son art :
pour un artiste, le travail artistique n'est pas « par-dessus le marché », mais l'essentiel, comme
l'affirment Flaubert, Valéry, Gide. À noter combien de partisans de l'engagement ont abandonné assez vite
les genres artistiques pour le journalisme, l'essai, la thèse ; ils étaient plus penseurs qu'artistes (la stérilité
créatrice des années politiques de Victor Hugo).
Limites de l'« art utile »
Si l'écrivain répond que, quelles que soient ses idées, il a le droit de les défendre par son arme, c'est-à-dire son
talent artistique, on peut objecter :

 la conception des partisans de l'art pour l'art et les faiblesses de certaines formes d'art utile ;
 même si l'on admet que l'art doit être utile, on peut concevoir cette utilité autrement que par l'engagement :
l'engagement est orienté vers les problèmes que posent à l'individu ses rapports avec la société, et
l'engagement est dans l'immédiat.
L'engagement au cours des siècles
XVIe siècle

La Renaissance, en Europe, est le siècle de l'humanisme. Les auteurs humanistes mettent l'homme au centre
de leurs préoccupations, n'hésitant pas pour cela à dénoncer l'influence excessive de l'Église dans la mesure où
elle peut mettre un frein à la dignité de l'homme. Ainsi, Pic de la Mirandole ou Érasme émettent des réserves
quant aux excès des clercs, tandis que Thomas More, dans son Utopie, imagine un monde meilleur, caractérisé
par le règne de la raison et de l'empathie. Il ne s'agit pas de nier les valeurs chrétiennes, mais de rendre à
l'homme, et non à Dieu, sa place centrale. En France, la question prend une urgence toute particulière
au XVIe siècle, en raison des guerres de religion qui déchirent le pays après la Réforme. Ronsard, dans
son Discours sur les misères de ce temps, s'en prend à la violence dont il rend les protestants responsables,
tandis que Théodore Agrippa d'Aubigné, dans son long poème épique Les Tragiques, dénonce la lutte fratricide
que les catholiques livrent aux protestants, ainsi que les turpitudes des rois et les misères dans lesquelles ils
plongent le pays.

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]
Le XVIIe siècle se caractérise par une dénonciation souvent orientée vers la Cour, dont l'hypocrisie ambiante
paraît insupportable sur le plan moral, et éminemment nuisible sur le plan politique et social. Le fabuliste Jean
de La Fontaine, dans ses Fables, égratigne régulièrement les pratiques des courtisans, mais également les abus
de pouvoir des puissants, par exemple dans "La cour du lion" et "Les obsèques de la lionne", mise en scène des
jeux de dupes en vigueur à la Cour, mais également dans "Le loup et l'agneau" et "Les Animaux malades de la
peste", dans lesquelles la violence des rapports entre prédateurs et proies permet de blâmer les injustices de
l'Ancien Régime. Molière, de même, s'en prend au règne de l'hypocrisie, en particulier dans Tartuffe, pièce
longtemps censurée en raison de l'anathème jeté sur les "faux dévots" et sur les mensonges d'hommes d'Église
peu fidèles aux principes moraux du christianisme.

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]
Le XVIIIe siècle, en Europe, est surnommé le siècle des Lumières; de fait, il est marqué par un grand nombre
d'œuvres engagées, dans lesquelles auteurs et philosophes réfléchissent aux mœurs en vigueur. La critique
porte, d'abord, sur le régime politique de la monarchie absolue: dans De l'esprit des lois, Montesquieu propose
la séparation des trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Les inégalités politiques et sociales sont
également pointées du doigt: le théâtre de Marivaux et surtout de Beaumarchais invite à renverser les rôles
entre maître et valet, rappelant que la naissance noble ou populaire n'est qu'une contingence, qui ne devrait pas
ouvrir de droits particuliers (c'est l'idée centrale de L'Île des esclaves ou Le Mariage de Figaro. Enfin,
l'esclavagisme est dénoncé avec virulence dans le texte de Montesquieu "De l'esclavage des nègres", texte
ironique tournant en ridicule les arguments en faveur de l'esclavage, ou encore dans le Supplément au Voyage
de Bougainville de Diderot. Enfin, l'intolérance religieuse et ses abus font l'objet de nombreuses
attaques. Diderot, par exemple, se livre à une critique de l'obscurantisme dans sa Lettre sur les aveugles à
l'usage de ceux qui voient. Surtout, Voltaire est parmi les premiers philosophes à prendre position lors d'une
affaire contemporaine: il prend la défense du protestant Jean Calas, accusé à tort d'avoir tué son fils qui désirait
se convertir au catholicisme. Le Traité sur la tolérance reprend les leçons de "l'affaire Calas".

XIXe siècle[modifier | modifier le code]
Au XIXe siècle, le recueil de Victor Hugo, Les Châtiments, est désigné comme un "poème du crime". Le poète ne
s'en prend pas seulement à un sujet général, mais directement à une personne, qui est Napoléon III, qu'il
surnomme « Napoléon le Petit ». Il dénonce également la misère sociale dans de nombreux pans de son œuvre,
notamment son roman Les Misérables ou encore le poème "Melancholia", extrait de son recueil poétique Les
Contemplations. Il prend également position contre la peine de mort dans Le Dernier Jour d'un condamné. Mais
le véritable acte de naissance de l'intellectuel engagé, c'est l'article "J'accuse...!" d’Émile Zola qui a été rédigé au
cours de l’affaire Dreyfus, sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République française, Félix
Faure, parue dans le journal L'Aurore. Zola y dénonce l'injuste condamnation d'Alfred Dreyfus, accusé de
complot contre la France. Son procès est dit antisémite. Cette affaire a divisé la France à l'époque. Cette lettre
est un symbole de l'éloquence oratoire et du pouvoir de la presse mis au service de la défense d'un homme et
de la vérité.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

 Jean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?

Sartre interpelle l'écrivain engagé: « Pourquoi as-tu parlé de ceci plutôt que de cela et – puisque tu parles pour
changer – pourquoi veux-tu changer ceci plutôt que cela ? »

 Albert Camus, Discours de Suède

Camus y formule ses difficultés à prendre position dans le conflit algérien.

 André Malraux, L'Espoir

Malraux y dénonce la guerre civile espagnole et soutient le Front populaire (contre Francisco Franco). Il défend
des idées de gauche.

 Poètes de la résistance à l'origine du surréalisme :


o Paul Éluard, Liberté
o Louis Aragon, La Rose et le Réséda.
 Boris Vian, Le Déserteur

Poème sur la dénonciation de la guerre d'Indochine, adressé au président de la République française, René


Coty afin de montrer sa lâcheté. Ce poème est une chanson antimilitariste qui est écrite sous forme de lettre
ouverte. Il faut notamment savoir que ce poème a été censuré car ses paroles étaient trop subversives. Ce texte
montre que la guerre laisse de nombreuses traces psychologiques.

 Eugène Ionesco, Rhinocéros

Ionesco dénonce la montée du fascisme qu'il a connu en Roumanie. Plus largement, il illustre l'ascendance de la
masse sur l'individu seul, dans une métaphore du totalitarisme.

 Robert Desnos, Ce cœur qui haïssait la guerre

Il y fait un appel à la résistance.

 George Orwell, La ferme des Animaux

L'auteur britannique a décidé d'écrire la ferme des animaux pour critiquer le régime totalitaire communiste
soviétique de façon implicite et attractive (sous forme romanesque). Ainsi, chaque animal représente une facette
de la société soviétique d'après-guerre : les cochons accaparent les richesses dès la Révolution, et
convainquent les autres animaux de travailler pour la ferme.
XXIe siècle[modifier | modifier le code]
Au XIXe siècle, la littérature romanesque réaliste et la littérature romanesque naturaliste (dont Hugo, Flaubert,
Maupassant, Zola...) sont engagées, de même que le roman colonial et le roman sentimental.
Aux XXe siècle et XXIe siècle, les mauvais genres (paralittérature) s'engagent davantage : satire, genres de
science-fiction, roman policier, roman d'espionnage, réalisme sale...
Une autre forme d'engagement serait à étudier à l'international. La Grève, roman d' Ayn Rand, publié en 1957,
référence américaine durable, est accessible au public français seulement depuis 2011 semble-t-il. Certes, le
roman serait une illustration de son libertarianisme et de son objectivisme, mais ce délai de soixante ans montre
d'énormes différences d'appréciation, même en littérature romanesque.
Bilan
L’engagement littéraire vise à défendre une cause, une idée, qui peut avoir un sens politique, religieux, social,
environnemental ou, plus généralement, porter sur les valeurs de l'humanisme ou du pacifisme, la défense des
droits de l'homme et de la tolérance. Néanmoins l’engagement littéraire peut également se caractériser par
l’attaque (d’une cause), et non pas seulement par la défense d’une idée. Nous pouvons citer la célèbre lettre
ouverte de Monsieur Zola J’accuse qui est un exemple d’engagement lors de l’affaire Dreyfus: « Mais quelle
tache de boue sur votre nom – j’allais dire règne - que cette abominable affaire Dreyfus ! ». L’engagement
littéraire s’inscrit donc dans un contexte de défense de la liberté d’expression grâce auquel de grands artistes
qui bravent la censure afin d’exprimer leurs idées ainsi que leurs opinions . Cette notion d'engagement a évolué
au fil du temps. On ne caractérise plus toujours les mêmes choses d'engagées. Fut un temps, certains ont pu
faire l'apologie de l'esclavage et ont écrit afin de défendre cette pratique. De notre temps ceci n'est quasiment
plus possible. Les auteurs défendent plutôt des sujets d'actualité, de société qui n'entrent pas en contradictions
avec les mentalités actuelles.

Littérature engagée
On parle de littérature « engagée » quand l’écrivain prend activement part à la vie sociale,
politique ou religieuse de son temps en mettant son œuvre au service d’une cause. En ce sens, il
s’agit donc d’une littérature de circonstance. L’écrivain n’est plus un simple observateur de son
époque : il se sert de son art comme d’une arme pour dénoncer des injustices, faire triompher sa
vision du monde. L’œuvre n’est plus seulement pensée en fonction de sa beauté ou de son sens,
mais aussi en fonction de son efficacité dans le combat que mène l’auteur. De ce fait, la littérature
engagée est marquée par certains registres d’écriture (satirique, ironique, polémique) qui
renforcent l’efficacité du propos en impliquant le lecteur.
Même si certaines œuvres des siècles antérieurs en relèvent [...]

Littérature engagée
Qu'est-ce que la littérature engagée ? Le syntagme « littérature engagée » a souvent été galvaudé sans pour autant
être précisément défini. Qui plus est, la doctrine de la littérature engagée ne va pas toujours dans le sens de la
littérature militante ou celle de l'engagement. C'est pourquoi il nous semble d'abord important de présenter ces
deux genres littéraires sociaux, pour ensuite tracer le plus juste portrait possible de la littérature engagée, selon un
point de vue sartrien. Ainsi bien que les définitions ne convergent pas nécessairement nous pourrons, du moins,
avoir une juste idée de ce qu'on entend par l'expression « littérature engagée ».

Pour arriver à cerner ce que nous nommons « littérature engagée », nous tracerons d'abord un portrait plus vaste, en
présentant ce que la littérature engagée n'est pas. Ensuite, nous accorderons une attention particulière à Jean-Paul
Sartre qui, dans son essai Qu'est-ce que la littérature 1 (1948), a clairement exposé ce qu'il considère être la
littérature engagée. La littérature militante D'abord, il est important de préciser que la littérature engagée n'est pas
constituée de récits à thèse, c'est-à-dire cette forme de récit autoritaire qui impose un sens le plus univoque possible
et qui a pour but de défendre une idéologie particulière. Il ne s'agit pas non plus d'une littérature militante (qui est
déjà politisée). En fait, la grande distinction entre littérature engagée et littérature militante s'explique par le fait que
la première vient de la politique (parce qu'elle incarne la vision de l'homme et du monde dont elle est porteuse) alors
que la seconde est toujours déjà politisée. Dans le contexte où nous situons la « littérature engagée », il n'est donc
pas possible de l'associer étroitement à une littérature militante. La littérature de l'engagement Souvent, on constate
qu'il y a confusion entre « littérature engagée » et « littérature de l'engagement ». En fait, bien que ces littératures
aient plusieurs similitudes, la première est davantage centrée sur la période de l'après-guerre (1945-1955) et elle est
principalement défendue par Jean-Paul Sartre et l'équipe des Temps modernes. La seconde correspond aux
thématiques sociales, politiques et idéologiques rencontrées dans toute œuvre littéraire. En fait, l'engagement est un
phénomène littéraire présent à toutes les époques, par lequel les écrivains donnent des « gages » à un courant
d'opinion, à un parti, ou, de manière plus solitaire, s'impliquent par leurs écrits dans les enjeux sociaux et,
notamment, politiques2 . Nous pourrions ajouter que « l'engagement se justifie, dans tous les cas, par le désir de
lutter contre des forces considérées comme négatives. Il était donc naturel que l'engagement politique, orienté vers
tel ou tel objectif de libération, apparût comme une nécessité aux yeux de bon nombre d'écrivains ou d'artistes ». La
littérature de l'engagement vise surtout à faire de la propagande politique, à provoquer des controverses religieuses,
des débats sociaux ou politiques et à dévoiler une certaine forme d'art social. Pat exemple, les écrivains et
philosophes des Lumières du XVIIIe siècle, considéraient que leur rôle était celui de pédagogues devant éclairer le
peuple et ses opinions par leurs écrits. Aussi, au XIXe siècle, la France connut un regain d'engagement social et
politique par la littérature au moment de l'Affaire Dreyfus. D'ailleurs, un excellent exemple de texte littéraire qui a
suscité la controverse à cette époque est J'accuse d'Emile Zola.

Dans tous les cas, l'engagement se justifie par le désir de lutter contre des forces considérées comme négatives.
L'homme s'engage, de tout temps, pour conquérir la liberté - qu'elle soit créatrice ou de survie. Il importe de garder
à l'esprit que toute œuvre littéraire est à quelque degré engagée, au sens où elle propose une certaine vision du
monde et donne forme et sens au réel. Jean-Paul Sartre Qu'est-ce que la littérature ? Jean-Paul Sartre et la littérature
engagée La littérature engagée désigne la doctrine défendue à partir de 1945 par l'équipe des Temps modernes
(dont les principaux acteurs étaient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir). Avec la Libération, en 1945, l'expression
« littérature engagée », lancée par Sartre, se trouve au centre des enjeux littéraires. C'est dans l'essai Qu'est-ce que
la littérature ? (1948) que Sartre a clairement théorisé cette doctrine littéraire. En fait, la théorie de la littérature
engagée postule que l'écrivain participe pleinement au monde social auquel il appartient et doit, par conséquent,
intervenir par ses œuvres dans les débats de son temps. Son émergence manifeste la tension entre l'autonomie de la
création littéraire et la participation de l'écrivain aux luttes sociales. La question de la littérature engagée est apparue
à un moment où la relation entre le littéraire et le politique était pratiquement neutre. Quand s'est instauré l'idéal
d'un « art put », c'est-à-dire que s'est esquissée, pout la littérature, la possibilité d'existence, fonctionnellement et
symboliquement, en dehors des conflits de la société, s'est posée la question de l'engagement qui représente une
position exactement inverse : à une littérature qui a elle-même sa propre fin et conçue comme infinie gratuité,
s'oppose une littérature désireuse de briser la clôture du champ et de se mettre au service d'une cause.
L'engagement sartrien repose donc sur la conviction que la littérature - du moins la prose - est, en son fond,
communication et échange. Pour l'écrivain engagé, écrire revient à poser un acte public dans lequel il engage toute
sa responsabilité (rapport entre littérature et monde/société). Il écrit pour son époque, en misant sut sa volonté de
rejoindre les hommes et de prendre part aux débats de son présent. L'écrivain, comme l'artiste, doit s'engager dans
son présent. Bref, dès qu'il écrit, l'auteur est engagé et déterminé ; il s'adresse à tel public et utilise tel langage.
Donc, l'écrivain ne peut que s'engage à fond avec son temps. La théorie sartrienne de la littérature engagée repose
principalement sur la thématique de la responsabilité. Same défend le principe que l'être humain est engagé dès qu'il
participe à un acte (physique ou moral) et, à partir du moment où il s'engage dans cet acte, il en est pleinement
responsable et ne peut éviter d'assumer cette pleine responsabilité de l'acte pour lequel il s'est engagé. En
conséquence, s'engager, c'est faire le choix d'assumer jusqu'au bout cet engagement. Tout être humain qui refuse
d'assumer son entière responsabilité est un être non récupérable, destiné à une non-existence. En somme, quand
nous nous engageons dans un processus, nous devons l'assumer jusqu'au bout. Or, pour Sartre, le langage est un
instalment, une sotte d'outil : « L'écrivain a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l'homme aux autres
hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet ainsi mis à nu leur entière responsabilité4 ». Pour lui, l'écriture
est la plaque tournante d'une existence autant que d'une œuvre : « L'écrivain "engagé" sait que la parole est action :
il sait que dévoiler c'est changer et qu'on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer5 ». Bref, pour Sartre, écrire est
un « acte », cat dire les choses, c'est vouloir les changer : parler ou écrire, c'est agir sur le monde. Le texte engagé,
c'est donc avant tout l'engagement de l'écrivain au sens où il met l'ensemble des valeurs auxquelles il croit et par
lesquelles il se définit : la production de la littérature engagée est donc considérée comme un acte et l'écrivain en
assume la responsabilité entière.
Changer les choses en agissant sur le monde Les composantes de la littérature engagée La littérature engagée
présente deux grands postulats fondamentaux. D'abord, dans l'écriture, la visée esthétique est indissociable d'un
projet éthique, ce qui fonde à la fois la liberté et la responsabilité de l'écrivain. Aussi, Sartre a la conviction que toute
œuvre littéraire est une prise de position (politique, morale, philosophique) et que l'écrivain engagé « doit prendre la
conscience la plus lucide et la plus entière d'être embarqué, c'est-à-dire lorsqu'il fait passer pour lui et pour les
autres l'engagement de la spontanéité immédiate au réfléchi ».

De toute évidence, les rapports entre littérature et société sont très étroits dans ce contexte-ci. En effet,
l'engagement se mesure selon la fonction que la société attribue à la littérature et le rôle que cette dernière entend y
jouer. En réalité, la littérature engagée s'est conçue comme une tentative de rapprochement entre le littéraire et le
grand public (la masse) ; on y décide volontairement d'exclure la conception d'une littérature destinée à une élite. La
littérature engagée cherche donc à établit une relation d'échange entre auteur et lecteur Nous pourrions ajouter que
« la littérature engagée se caractérise donc par le fait qu'elle inscrit explicitement au cœur du texte l'image du
destinataire qu'elle s'est choisi, ouvrant de la sorte l'espace d'une réflexion centrée sur la problématique de la
réception7 ». Bref, en déterminant son public, l'écrivain engagé situe son œuvre socialement : « C'est en choisissant
son lecteur que l'écrivain décide de son sujet ». Nous pouvons affirmer que la littérature engagée désigne une
pratique littéraire associée étroitement à la politique, aux débats qu'elle génère et aux combats qu'elle implique.
Cependant, la doctrine sartrienne défend aussi l'idée que l'écrivain ne peut que se savoir et se vouloir engagé ; il doit
faire prendre conscience aux hommes de leurs « situations » (sociales ou politiques) et les appeler à assumer leur
liberté. De là, une question se pose : pourquoi l'espèce humaine semble-t-elle irrévocablement engagée ? En fait,
nous pourrions postuler que l'espèce humaine est engagée dans le but de conquérir la liberté. D'ailleurs, Sartre ne
voit dans l'écriture qu'un instrument de libération. Les buts et les fonctions de la littérature engagée La littérature
engagée est une littérature sociale qui a pour principale visée de rejoindre les hommes et de les ouvrir à de nouvelles
visions du monde. En prenant part aux débats sociaux et politiques qu'elle génère, en étant une littérature du
présent, qui écrit sur son époque, elle a la volonté de rejoindre les hommes. En fait, il y a un important effort pour
établir une relation d'échange entre l'œuvre, l'auteur et le lecteur. C'est la conséquence du désir profond de l'auteur
de changer les choses en agissant sur le monde.

Pour Sartre, la littérature n'est pas considérée comme un moyen, mais comme une fin inconditionnée. Il faut que
l'écrivain prenne les armes, car « la littérature vous jette dans la bataille ; écrire c'est une certaine façon de vouloir la
liberté ; si vous avez commencé, de gré ou de force vous êtes engagé9 ». Il est clair que tout repose sur l'écrivain,
dans ce rapport entre l'œuvre, le public et l'engagement. Ainsi, la fonction de l'écrivain engagé « est de faire en sorte
que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent10 ». L'écrivain dévoile le monde, dans un
but de changement cat, pour Sartre, dévoiler c'est changer et on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer.
D'ailleurs, ce dernier postule que l'écrivain projette. Il ne fait aucune prédiction, mais il se fie à son imaginaire, à ses
quêtes et il puise dans son désir inassouvi de liberté. La conviction de Sartre est claire : « l'écrivain, homme libre
s'adressant à des hommes libres, n'a qu'un seul sujet : la liberté" ». En définitive, la lecture et l'écriture d'œuvres
engagées sont considérées comme des droits de l'homme et, surtout, comme des moyens de communiquer avec
l'Autre, en récupérant « ce monde-ci en le donnant à voir tel qu'il est, mais comme s'il avait sa source dans la liberté
humaine12 ». En fait, pour Sartre, l'auteur est en situation, comme tous les autres hommes. Il prétend que « le livre
n'est pas, comme l'outil, un moyen en vue d'une fin quelconque : il se propose comme fin à la liberté du lecteur13 ».
L'écrivain engagé parle de son époque, assume toute responsabilité, requiert la liberté de tous les hommes, dévoile
le monde tel qu'il est, cherche à communiquer avec l'altérité. En somme, par sa littérature, l'écrivain engagé est en
situation, c'est-à-dire qu'il représente la place d'un individu par rapport à ses déterminations sociales, sa relation
avec autrui et son projet. De fait, il participe aux débats politiques et sociaux qu'elle génère, il a la volonté de
rejoindre les hommes, il cherche à répondre à une difficulté immédiate et il a un désir profond de changer les choses
en agissant sur le monde. C'est pourquoi la littérature engagée n'est pas considérée comme un moyen, mais comme
une fin inconditionnée.

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