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engagée
genre littéraire
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Différents aspects
Nécessité
…
En général, tout homme est responsable de ce qui se passe en son temps, à plus forte
raison l'écrivain. D'ailleurs, se désintéresser de son temps, c'est une façon de s'engager ;
même l'art pour l'art engage l'écrivain (cf. « La littérature vous jette dans la bataille ; écrire,
c'est une certaine façon de vouloir la liberté ; si vous avez commencé, de gré ou de force
vous êtes engagé », Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?).
la vie collective exerce une emprise plus forte sur la vie individuelle et accroît la
responsabilité de l'Homme (exemple : par le développement des médias, l'information
accrue…) ; aussi on ne peut plus se constituer un art de vivre personnel, considérer l'art
comme un divertissement, une étude désintéressée de l'Homme ;
les écrivains contemporains héritent de cette idée du XIXe siècle que l'écrivain a une
mission privilégiée, et, plus portés vers la philosophie en raison de leur culture et de leur
époque, ils favorisent la réflexion politique.
Évolution
…
e
Si le terme d'« engagement » est introduit au XX siècle, la notion existait déjà :
certes le sage de la tradition antique s'abstient de trop participer à la vie de la société (cf.
Montaigne, Essais); pourtant, au XVIe siècle, certains témoignent déjà par leurs écrits de
leurs convictions religieuses (cf. Agrippa d'Aubigné) ou bien engagent, par l'activité de la
raison, la recherche de la vérité, un combat contre l'intolérance (cf. Montaigne),
l'immobilisme intellectuel (cf. Rabelais, du Bellay), la torture ;
c'est la même conception qui prédomine chez les auteurs du XIXe siècle, en particulier
chez Lamartine, mais encore plus particulièrement chez Vigny, hanté par cette question
de l'utilité politique de l'écrivain, et chez Hugo, qui oriente toute sa vie en fonction de ses
convictions ; quant à Zola, même si la doctrine naturaliste ne l'engage pas à prendre
position dans ses romans, un désir de corriger la société apparaît cependant à travers
l'évocation des conditions de vie des miséreux ;
Thèmes mobilisateurs
…
La religion : de nombreux artistes écrivent sur le sujet que ce soit pour défendre les
valeurs religieuses telles que le pardon ou la compassion, ou bien au contraire attaquer
l'intolérance religieuse. Les artistes connus pour s'être engagés sur le sujet sont
D'Aubigné, Pascal, Chateaubriand, Voltaire.
Les questions sociales : les philosophes des Lumières dénoncent les injustices. Ils s'en
prennent notamment aux inégalités entre hommes (Diderot) et à l’esclavage
(Montesquieu, Voltaire). Au XIXe siècle, les auteurs qui dénoncent les inégalités sociales
et la misère sont notamment Victor Hugo dans Claude Gueux puis, à la fin du siècle, Émile
Zola dans Germinal.
Le féminisme : le mouvement féministe s'engage pour le droit des femmes ; il dénonce les
inégalités sociales, politiques, juridiques, économiques et culturelles dont les femmes
sont victimes. Les premières idées féministes sont apparues au Moyen Âge avec Christine
de Pizan. Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, Olympe de Gouges et George Sand défendent le
féminisme. Au XXe siècle, les suffragettes, des militantes britanniques font beaucoup
parler d'elles et obtiennent le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. En 1971, le
Manifeste des 343 est rédigé par Simone de Beauvoir, c'est une pétition française signée
par 343 femmes ayant eu recours à l'avortement alors que cet acte était reconnu comme
illégal en France. Le Manifeste appelle à dépénaliser et légaliser l'interruption volontaire
de grossesse. En 1975, Simone Veil, alors ministre de la Santé, fait adopter la loi Veil qui
autorise l'avortement. À la fin du XXe- début du XXIe siècle, de nombreuses associations
féministes se sont créées, notamment les Chiennes de garde, Ni putes ni soumises et les
Femen, qui sont très actives.
Comme écrivain :
:
il éclaire et dirige l'opinion : journaux, revues, conférences, pamphlets, manifestes ;
il s'unit à d'autres écrivains pour agir sur les pouvoirs et le public avec tout le prestige de
l'artiste ;
il traite des problèmes actuels, en prenant position à leur égard et en instruisant le public.
Les fins purement esthétiques, l'art ne viennent que « par-dessus le marché » (Sartre).
Cela entraîne un goût pour les genres qui agissent sur un vaste public : théâtre, cinéma et
roman.
Limites de l'engagement
…
Écrire est un métier qui ne donne pas forcément des compétences spéciales dans d'autres
domaines. Donc :
l'engagement personnel de l'écrivain ne vaut pas plus que celui de n'importe qui ;
et il lui fait perdre, dans une activité où il peut être médiocre, un temps qui lui serait
précieux pour son art : pour un artiste, le travail artistique n'est pas « par-dessus le
marché », mais l'essentiel, comme l'affirment Flaubert, Valéry, Gide. À noter combien de
partisans de l'engagement ont abandonné assez vite les genres artistiques pour le
journalisme, l'essai, la thèse ; ils étaient plus penseurs qu'artistes (la stérilité créatrice
des années politiques de Victor Hugo).
la conception des partisans de l'art pour l'art et les faiblesses de certaines formes d'art
utile ;
même si l'on admet que l'art doit être utile, on peut concevoir cette utilité autrement que
par l'engagement : l'engagement est orienté vers les problèmes que posent à l'individu
ses rapports avec la société, et l'engagement est dans l'immédiat.
XVIe siècle
…
La Renaissance, en Europe, est le siècle de l'humanisme. Les auteurs humanistes mettent
l'homme au centre de leurs préoccupations, n'hésitant pas pour cela à dénoncer l'influence
excessive de l'Église dans la mesure où elle peut mettre un frein à la dignité de l'homme.
Ainsi, Pic de la Mirandole ou Érasme émettent des réserves quant aux excès des clercs,
tandis que Thomas More, dans son Utopie, imagine un monde meilleur, caractérisé par le
règne de la raison et de l'empathie. Il ne s'agit pas de nier les valeurs chrétiennes, mais de
rendre à l'homme, et non à Dieu, sa place centrale. En France, la question prend une
urgence toute particulière au XVIe siècle, en raison des guerres de religion qui déchirent le
pays après la Réforme. Ronsard, dans son Discours sur les misères de ce temps, s'en prend
à la violence dont il rend les protestants responsables, tandis que Théodore Agrippa
d'Aubigné, dans son long poème épique Les Tragiques, dénonce la lutte fratricide que les
:
catholiques livrent aux protestants, ainsi que les turpitudes des rois et les misères dans
lesquelles ils plongent le pays.
XVIIe siècle
…
e
Le XVII siècle se caractérise par une dénonciation souvent orientée vers la Cour, dont
l'hypocrisie ambiante paraît insupportable sur le plan moral, et éminemment nuisible sur le
plan politique et social. Le fabuliste Jean de La Fontaine, dans ses Fables, égratigne
régulièrement les pratiques des courtisans, mais également les abus de pouvoir des
puissants, par exemple dans "La cour du lion" et "Les obsèques de la lionne", mise en
scène des jeux de dupes en vigueur à la Cour, mais également dans "Le loup et l'agneau" et
"Les Animaux malades de la peste", dans lesquelles la violence des rapports entre
prédateurs et proies permet de blâmer les injustices de l'Ancien Régime. Molière, de même,
s'en prend au règne de l'hypocrisie, en particulier dans Tartuffe, pièce longtemps censurée
en raison de l'anathème jeté sur les "faux dévots" et sur les mensonges d'hommes d'Église
peu fidèles aux principes moraux du christianisme.
XVIIIe siècle
…
e
Le XVIII siècle, en Europe, est surnommé le siècle des Lumières; de fait, il est marqué par
un grand nombre d'œuvres engagées, dans lesquelles auteurs et philosophes réfléchissent
aux mœurs en vigueur. La critique porte, d'abord, sur le régime politique de la monarchie
absolue: dans De l'esprit des lois, Montesquieu propose la séparation des trois pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire. Les inégalités politiques et sociales sont également pointées
du doigt: le théâtre de Marivaux et surtout de Beaumarchais invite à renverser les rôles
entre maître et valet, rappelant que la naissance noble ou populaire n'est qu'une
contingence, qui ne devrait pas ouvrir de droits particuliers (c'est l'idée centrale de L'Île
des esclaves ou Le Mariage de Figaro. Enfin, l'esclavagisme est dénoncé avec virulence
dans le texte de Montesquieu "De l'esclavage des nègres", texte ironique tournant en
ridicule les arguments en faveur de l'esclavage, ou encore dans le Supplément au Voyage
de Bougainville de Diderot. Enfin, l'intolérance religieuse et ses abus font l'objet de
nombreuses attaques. Diderot, par exemple, se livre à une critique de l'obscurantisme dans
sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. Surtout, Voltaire est parmi les
premiers philosophes à prendre position lors d'une affaire contemporaine: il prend la
défense du protestant Jean Calas, accusé à tort d'avoir tué son fils qui désirait se convertir
au catholicisme. Le Traité sur la tolérance reprend les leçons de "l'affaire Calas".
XIXe siècle
…
e
Au XIX siècle, le recueil de Victor Hugo, Les Châtiments, est désigné comme un "poème du
crime". Le poète ne s'en prend pas seulement à un sujet général, mais directement à une
personne, qui est Napoléon III, qu'il surnomme « Napoléon le Petit ». Il dénonce également
la misère sociale dans de nombreux pans de son œuvre, notamment son roman Les
Misérables ou encore le poème "Melancholia", extrait de son recueil poétique Les
Contemplations. Il prend également position contre la peine de mort dans Le Dernier Jour
d'un condamné. Mais le véritable acte de naissance de l'intellectuel engagé, c'est l'article
"J'accuse...!" d’Émile Zola qui a été rédigé au cours de l’affaire Dreyfus, sous la forme
:
d'une lettre ouverte au président de la République française, Félix Faure, parue dans le
journal L'Aurore. Zola y dénonce l'injuste condamnation d'Alfred Dreyfus, accusé de
complot contre la France. Son procès est dit antisémite. Cette affaire a divisé la France à
l'époque. Cette lettre est un symbole de l'éloquence oratoire et du pouvoir de la presse mis
au service de la défense d'un homme et de la vérité.
XXe siècle
…
Jean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?
Sartre interpelle l'écrivain engagé: « Pourquoi as-tu parlé de ceci plutôt que de cela
et – puisque tu parles pour changer – pourquoi veux-tu changer ceci plutôt que
cela ? »
XXIe siècle
…
e
Au XIX siècle, la littérature romanesque réaliste et la littérature romanesque naturaliste
(dont Hugo, Flaubert, Maupassant, Zola...) sont engagées, de même que le roman colonial
et le roman sentimental.
y'a t-il une erreur qu'ils n'ont pas commise est un livre de Christian Perronne paru en 2020
et traitant de la gestion de la crise de la covid-19 en France. Cet essai polémique met en
évidence les incohérences du gouvernement pendant la crise sanitaire ainsi que certaines
failles. Il dénonce aussi les conséquences de cette gestion sur l'économie, les français, les
étudiants, les enfants mais surtout sur le système hospitalier. Christian Perrone est connu
pour ses prises de positions et ses déclarations jugées comme complotistes. Cette
réputation lui à valu exclusion de la « Fédération française contre les maladies vectorielles à
tiques » puis de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Bien qu'il ne soit pas écrivain de
base, l'œuvre de ce médecin et chercheur peut être considérée comme engagée, étant
donné que ce dernier y défend une cause et prend clairement position.
Comment on a bafoué la liberté de prescrire des médecins de Guy Courtois quant à lui est
le 4e livre de la série covid-19 de Investigations éditions. Il est paru en novembre 2021.
Cette œuvre traite elle aussi de la gestion de la crise sanitaire mais est plus axée sur le
corps médical. Elle dénonce la manière dont les décisions concernant la santé publique ont
été imposées par le gouvernement, laissant complètement de côté les médecins et
soignants. Cet ouvrage évoque par exemple la manière dont le vaccin a été imposé à la
population, ce qui ne laissait plus la possibilité aux praticiens de le préscrire et de le
conseiller. Comment on a bafoué la liberté de préscrire des médecins est un texte engagé,
qui condamne une gestion du pays pendant la pandémie jugée comme portant atteinte aux
libertés des citoyens français.
Ce thème qu'est la covid-19, sujet très récent et prenant une grande place dans le débat
public n'est pas le seul à faire l'objet de textes engagés. C'est aussi le cas du féminisme et
plus particulièrement des féminicides.
Bilan
…
L’engagement littéraire vise à défendre une cause, une idée, qui peut avoir un sens
politique, religieux, social, environnemental ou, plus généralement, porter sur les valeurs
de l'humanisme ou du pacifisme, la défense des droits de l'homme et de la tolérance.
Néanmoins l’engagement littéraire peut également se caractériser par l’attaque (d’une
cause), et non pas seulement par la défense d’une idée. Nous pouvons citer la célèbre lettre
ouverte de Monsieur Zola J’accuse qui est un exemple d’engagement lors de l’affaire
Dreyfus: « Mais quelle tache de boue sur votre nom – j’allais dire règne - que cette
abominable affaire Dreyfus ! ». L’engagement littéraire s’inscrit donc dans un contexte de
défense de la liberté d’expression grâce auquel de grands artistes qui bravent la censure
afin d’exprimer leurs idées ainsi que leurs opinions . Cette notion d'engagement a évolué au
fil du temps. On ne caractérise plus toujours les mêmes choses d'engagées. Fut un temps,
certains ont pu faire l'apologie de l'esclavage et ont écrit afin de défendre cette pratique.
De notre temps ceci n'est quasiment plus possible. Les auteurs défendent plutôt des sujets
d'actualité, de société qui n'entrent pas en contradictions avec les mentalités actuelles.
Notes et références
4. Anabelle Moreau, « Le temps des femmes : quand la littérature devient féministe » (htt
ps://gazettedesfemmes.ca/15143/le-temps-des-femmes-quand-la-litterature-devient
-feministe/) [archive], sur la Gazette des femmes, 26 septembre 2019 (consulté le
12 décembre 2021)
Voir aussi
Bibliographie
…
Emmanuel Bouju (dir.), L'engagement littéraire, Rennes, Presses universitaires de
Rennes, coll. « interférences », 2005 (ISBN 2-7535-0060-6)
Jean Kaempfer, Sonya Florey et Jérôme Meizoz (dir.), Formes de l'engagement littéraire
(XVe – XXIe siècles), Lausanne, Éditions Antipodes, 2006 (ISBN 2940146772)
Judith Emery Bruneau, « La littérature engagée », Québec français, no 131, 2003, p. 68–
70 (ISSN 0316-2052 (https://www.worldcat.org/issn/0316-2052&lang=fr) et 1923-5119
(https://www.worldcat.org/issn/1923-5119&lang=fr) , lire en ligne (https://www.erudit.or
g/fr/revues/qf/2003-n131-qf1187311/55676ac/) [archive])
Articles connexes
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Théorie de la littérature
Histoire littéraire
Caricature, Ironie
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Liens externes
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[vidéo] Albert Camus - « L'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme » (http
s://www.youtube.com/watch?v=CB7yPZapvdA) [archive] sur YouTube