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Faculté des lettres et sciences humaines

Master : Didactique, littérature et langage


Module : L’intertextualité

Semestre 3

L’intertextualité :

Le rapport Littérature Politique

Georges Orwell, La Ferme des animaux

Réalisé par : TABCHI Said Professeure : Mme SBIHI Soraya


Bouhlal Brahim

Année universitaire : 2018/2019


Plan

Introduction

Biographie

Le rôle de l’écrivain

Le contexte historique

Présentation de l’œuvre

Résumer de l’œuvre

Analyse de l’œuvre

Adaptations

Conclusion
Introduction
Le mot littérature, issu du Latin litteratura dérivé de littera (la lettre) est un
ensemble d’œuvres écrites auxquelles ont reconnait une valeur ou une
intention esthétique relevant d’une époque, d’une culture ou d’un genre
particuliers.

D’autre part la politique qui vient du grec politikos veut dire la cité elle
représente la manière d’organiser la cité c'est-à-dire l’art et la manière de
gouverner, l’organisation du pouvoir mais elle concerne aussi tous les
domaines de la société comme l’économie, la finance et la défense d’un même
territoire.

Ces deux notions sont parfois mises en commun dans le but de créer des textes
argumentatif dit « La littérature d’idées » où les auteurs dévoilent leurs
pensées et leurs idées nouvelles sur la société de leur époque à travers des
romans réalistes ou fictif.

En se focalisant sur l’œuvre de Georges Orwell en général, et sur son roman La


ferme des animaux en particulier, nous allons nous demander dans quelle
mesure la littérature peut traiter de la politique.
Biographie
George Orwell naît en 1903 aux Indes britanniques. Il occupe un premier
emploi dans la police chargée de faire régner l'ordre alors que les Indes
connaissent leurs premiers soulèvements. Révolté par ce qu'il voit, Orwell
démissionne et décide de se consacrer à l’écriture.

En 1928, il regagne l'Europe où il connaît la misère du monde ouvrier et adhère


aux idées communistes. C'est au nom de cet idéal qu'il s'engage en 1936 dans
la guerre d'Espagne, contre les fascistes. Il découvre alors les divisions entre les
opposants au fascisme qui se massacrent entre eux. La dictature instaurée par
Staline achève de ruiner ses idéaux et le rend très pessimiste quant à la nature
humaine.

En 1939, il devient chroniqueur. Il consacrera sa carrière de journaliste et


d'écrivain à dénoncer tous les abus politiques dont il aura été témoin:
colonialisme, exploitation, totalitarisme. Il meurt en 1950 à Londres des suites
d’une tuberculose.

Orwell et le rôle de l’écrivain


S’agissant de la doctrine de l’art pour l’art, Orwell la tient pour fausse, c'est-à-
dire qu’il récuse toute théorie qui nie ou qui tient pour secondaire le fait que
toute œuvre d’art, même quand elle relève de la poésie pure ou du roman
d’évasion, cherche à propager une certaine vision du monde et de la vie.

« Tout écrivain, et plus encore tout romancier, transmet, qu’il le veuille ou non,
un “message” qui conditionne son œuvre dans ses moindres détails. Tout art
est propagande. » Orwell, « Charles Dickens » (1939), EAL-1, p. 560.
« Aucun livre n’est jamais totalement innocent. Qu’il s’agisse de vers ou de
prose, on y discerne toujours une orientation, même si celle-ci ne s’exprime
que dans la forme ou dans le choix de l’image. » Orwell, « Dans le ventre de la
baleine » (1940), EAL-1, p. 630.

En outre, il ne faut pas oublier que Orwell a écrit l’essentiel de son œuvre entre
1936 et 1949, c'est-à-dire dans la période la plus noire et la plus dramatique
du XXe siècle européen. Dans une pareille époque, aucun écrivain digne de ce
nom, et notamment aucun romancier, estime Orwell, ne peut faire comme si
rien ne se passait autour de lui.

Il appartient lui-même à une génération, celle des écrivains arrivés à la


littérature dans les années 1930 qui a rompu avec l’esthétisme.

« Les écrivains qui se sont imposés depuis 1930 ont connu un monde où chacun
se sent constamment menacé non seulement dans sa vie, mais dans tout son
système de valeurs. Dans une telle ambiance, le détachement n’est pas
possible. […] La littérature est devenue politique parce que tout autre choix
aurait été entaché de malhonnêteté intellectuelle. » Orwell, « La frontière entre
l’art et la propagande » (1941), EAL-2, p. 161-162.

Dans son essai Why I Write (1946), Orwell a livré ses secrets pour être un
écrivain hors pair.

« Avec l’usage le plus large possible du mot "politique". Soit le désir de pousser
le monde dans une certaine direction, d’altérer les idées des gens vers le genre
de société qu’ils devraient viser. Encore une fois, aucun livre n’est totalement
libre de tout biais politique. L’opinion que l’art ne devrait rien avoir à faire avec
la politique est en soi une attitude politique. »

Cependant, Orwell ne perd pas de vue l’effort esthétique et stylistique qui doit
à son tour accompagner l’écriture pour ne pas tomber dans le pur engagement.
« Le souci esthétique pur n’est pas suffisant, mais la ligne politique juste ne
l’est pas davantage.»

Le contexte historique
En ce qui concerne le contexte historique, nous avons jugé nécessaire de
définir quelques notions fondamentales afin de comprendre ce qui va suivre.

Le totalitarisme est l'un des principaux types de systèmes politiques avec


la démocratie et l'autoritarisme. C'est un régime à parti unique, n'admettant
aucune opposition organisée et dans lequel l'État tend à confisquer la totalité
des activités de la société. C'est un concept forgé au XXe siècle, durant l'entre-
deux-guerres, avec une apparition concomitante de régimes totalitaires
en Allemagne et en URSS. Le totalitarisme signifie étymologiquement
« système tendant à la totalité ».

URSS : L’Union des républiques socialistes soviétiques, est un État


fédéral à régime communiste, formé de quinze Républiques socialistes
soviétiques dites « unionales » en URSS, qui a existé du 30 décembre
1922 jusqu'à sa dissolution le 26 décembre 1991.

Léon Trotski né de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein le 26 octobre 1879,
à Lanovka. C’est un révolutionnaire communiste et homme politique russo-
soviétique. Militant marxiste, du Parti ouvrier social-démocrate de
Russie (POSDR) puis, à partir de l'été 1917, bolchevik, il est plusieurs fois
déporté en Sibérie ou exilé de Russie. En 1917, il est le principal acteur,
avec Lénine, de la révolution d'Octobre qui permet aux bolcheviks d'arriver au
pouvoir. Durant la guerre civile russe qui s'ensuit, il fonde l'Armée rouge et se
montre partisan de mesures de Terreur : son action contribue à la victoire des
bolcheviks et à la survie du régime soviétique. Il est dès lors, et durant plusieurs
années, l'un des plus importants dirigeants de l'Internationale communiste et
de l'URSS naissante.
Il s'oppose à ce qu'il désigne comme la bureaucratisation du parti et du régime
et à Staline en prenant la tête de l'Opposition de gauche ; Staline le fait
finalement chasser du gouvernement (1924) et du Parti communiste (1927),
puis l'exile en Asie centrale avant de le bannir d'URSS (1929). Trotski
entreprend alors d'organiser ses partisans, qui se réunissent en 1938 au sein de
la Quatrième Internationale. En 1940, installé au Mexique, il est assassiné sur
ordre de Staline par un agent du NKVD.

NKVD : (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) un organisme


d'État, équivalent à un ministère, d'abord dans les républiques socialistes
soviétiques constituant l'URSS et ensuite dans l'URSS entière, « chargé de
combattre le crime et de maintenir l'ordre public ».

L'Internationale est un chant révolutionnaire dont les paroles furent écrites


par Eugène Pottier en 1871 lors de la répression de la Commune de Paris, sous
forme d'un poème à la gloire de l'Internationale ouvrière, et dont la musique
fut composée par Pierre Degeyter en 1888.
La version russe d'Arkadi Iakovlevitch Kots a servi d'hymne national à
la République socialiste fédérative soviétique de Russie, puis à l'Union des
républiques socialistes soviétiques (URSS) de sa création
en 1922 jusqu'en 1944.
Présentation de l’œuvre
Après 1984 et son étude des régimes totalitaires en général, George Orwell
écrit ce terrible pamphlet contre le soviétisme. Toute l’histoire de l’URSS est
reprise dans le récit de la révolte des animaux d’une ferme. Tous les
événements sont repris un à un : la révolte initiale, les grands procès, les
purges, le pacte germano-soviétique etc.

Les communistes de la ferme sont les cochons qui vont petit à petit s’instituer
en intelligentsia avec à leur solde une meute de chiens policiers.

George Orwell dénonce la perte des idéaux initiaux (symbolisée par les
modifications fréquentes des principes) et l’exploitation de la ferme par la
classe dirigeante qui finit par prendre la place de l’homme tout en exploitant
encore plus durement les animaux.

Dans ce roman à clefs on retrouve très facilement tous les acteurs : Trotski,
Staline, Karl Max ou Lénine etc. La critique est féroce et le constat difficile à
accepter.
Résumé de l’œuvre
L’action se déroule quelque part en Angleterre, dans la première moitié du
XXème siècle, à la Ferme du Manoir, tenue par Mr Jones. Le cochon Sage
l’Ancien réunit les animaux de la ferme pour leur exposer son rêve : un monde
débarrassé de l’homme où tous seraient heureux et libres. Il appelle donc les
animaux à se préparer à renverser l’humanité, à faire la révolution. Il leur
chante Bêtes d’Angleterre, un hymne à ce soulèvement.

Trois jours plus tard, Sage l’Ancien meurt mais tous travaillent à réaliser son
rêve et trois cochons prennent la tête du mouvement : Napoléon, Boule de
Neige et Brille-Babil. Ils élaborent un concept philosophique : l’Animalisme
qu’ils enseignent aux autres, avec parfois des difficultés. Le 21 juin, Mr Jones
rentre saoul et oublie de nourrir les bêtes. Excédées, celles-ci se soulèvent et
chassent les humains de la ferme. Les cochons ayant appris à lire et à écrire
dans de vieux abécédaires, ils renomment la ferme Ferme des animaux et
inscrivent sur le mur de la grange les sept commandements de l’Animalisme :

1- Tout deuxpattes est un ennemi.


2- Tout quattrepattes ou volatile, un ami.
3- Nul animal ne portera de vêtements.
4- Nul animal ne dormira dans un lit.
5- Nul animal ne boira d’alcool.
6- Nul animal ne tuera un autre animal.
7- Tous les animaux sont égaux.

Il est décrété que tous les dimanches, les animaux défileront devant le drapeau
(un drap vert peint des deux symboles de la corne et du sabot), et devant le
crâne de feu Sage l’Ancien. Le travail reprend ; les animaux, travaillant pour
eux-mêmes, mettent de l’enthousiasme à finir les moissons. Les cochons
dirigent les opérations. Mais très vite, des dissensions apparaissent entre
Napoléon et Boule de Neige, qui ne sont jamais d’accord.
Boule de Neige décide d’organiser des cours du soir pour apprendre à lire à
tous les animaux. Napoléon, qui s’oppose à ces cours du soir, préfère s’occuper
de l’éducation des jeunes, notamment des chiots, qu’il enlève et cache jusqu’à
ce que les autres animaux oublient leur existence. L’hiver arrivant, Boule de
Neige propose la création d’un moulin à vent pour alimenter la ferme en
électricité. Napoléon, s’opposant à ce projet, jette sur Boule de Neige les chiots
qu’il a élevés, devenus des molosses, et chasse son adversaire. Devenu le chef,
il décrète que toutes les décisions seront prises par un comité de cochons.

Napoléon décide que finalement ils construiront le moulin. Devant les


difficultés matérielles, Napoléon décide d’entretenir des relations
commerciales avec les humains ; il engage donc Mr Whymper comme
intermédiaire. Les cochons s’installent dans la maison d’habitation, mangent
dans des plats et dorment dans des lits. Croyant que cela était proscrit par un
des commandements, Douce, la jument et Edmée, la chèvre, vont vérifier sur le
mur de la grange. Le quatrième commandement dit bien : « Aucun animal ne
dormira dans un lit avec des draps ».

Un matin, les animaux découvrent le moulin détruit. Napoléon accuse le traître


Boule de Neige et décide de reprendre la construction. Les rations sont
réduites. Tous les problèmes de la ferme sont la faute de Boule de Neige, un
agent des humains depuis le début. Ce dernier a des alliés dans la ferme, que
Napoléon fait exécuter par ses chiens et interdit Bêtes d’Angleterre.

Tour à tour, les six commandements seront brisés jusqu’à en adopter un nous
nouveau concept semblable à celui des hommes. Les cochons dirigent à
présent les travaux de la ferme, un fouet à la patte avant, arborant des
vêtements. Un soir, les animaux entendent des bruits provenant de la maison.
Regardant par la fenêtre, ils découvrent les cochons et les fermiers des environ
autour de la même table, portant un toast à la réussite de la ferme, la seule
faisant travailler les bêtes plus dur pour moins de nourriture. Napoléon déclare
à ses amis fermiers qu’il renomme cette ferme Ferme du Manoir et abolit
toutes ces étranges coutumes, comme s’appeler camarades ou défiler devant
le crâne d’un vieux verrat. Puis ils jouent ensemble aux cartes. Ebahis, les
animaux groupés devant la fenêtre, se retrouvent incapables de distinguer
l’homme du cochon et le cochon de l’homme.

Analyse de l’œuvre
Le texte du roman établit du début jusqu'à la fin, de par la volonté même de
son auteur, un parallèle entre la révolution des animaux et la révolution russe
et l'évolution de l'Union Soviétique avec la montée en puissance de Staline,
devenu chef suprême de la nation après sa victoire contre l'Allemagne nazie.

Le roman décrit des faits qui peuvent très facilement se comparer à l’histoire
de l'Union Soviétique depuis 1917, jusqu'à la date de parution du livre.

La révolte animale qui parvient à chasser le fermier Jones et sa famille et donne


le pouvoir aux bêtes rappelle la révolution russe de 1917 qui chassa le
tsar Nicolas II et sa famille.

Le propriétaire de la ferme (Jones), un buveur invétéré. Les animaux se


révoltent après que, complètement ivre, il les néglige et oublie de s'occuper
d'eux et plus particulièrement de leur donner à manger. C'est une allégorie du
« tsar Nicolas II » qui abdiqua à la suite de « la Révolution de Février 1917 ». Il
mourra ivre dans une pension au cours du roman.

Sage l'Ancien, cochon âgé qui suscite la rébellion. Il est une combinaison de «
Karl Marx » et de «Lénine», en ce sens que c'est ce personnage qui imagine
les principes de la révolution et que sa dépouille sera offerte à la vénération du
public.

L'emploi du terme de camarade y est utilisé à l'instar les membres du parti


communiste soviétique.

La lutte pour la direction de la ferme entre Napoléon et Boule de Neige


rappelle celle entre Trotski et Staline après la mort de Lénine.
L’exil de Boule-de-neige est une allusion à l’éviction de Léon Trotski par Staline
en 1929.

Les exécutions des animaux considérés comme des traîtres correspondent aux
grands procès de Moscou de 1929 et 1936/1938.

Le rationnement de nourriture pour les animaux de la ferme en parallèle avec


les rations importantes dont les cochons bénéficient correspond au
rationnement et aux famines soviétiques en parallèle avec la vie confortable de
Staline.

Les neuf chiots mis bas par les chiennes de la ferme, Fleur et Constance,
récupérés par Napoléon et destinés à lui servir de garde rapprochée. Ce sont
eux qui chassent Boule de Neige de la ferme. Ils représentent aussi le NKVD, la
police soviétique, qui était chargée par Staline d'éliminer les "rivaux" de celui-
ci.

Les moutons, bien qu'ils n'aient qu'une compréhension très limitée des
évènements, ils soutiennent aveuglément Napoléon. Ils représentent le public,
le « peuple » ou ce qu'on peut dénommer la majorité silencieuse, terme déjà
connu à l'époque de la publication du roman.

Adaptations
La ferme des animaux a été aussi adaptée en dessin animé de John Halas et son
épouse Joy Batchelor et sortie au cinéma le septembre 2012.

Il a été adapté également dans le théâtre par le metteur en scène suisse


Christian Denisart. La pièce a notamment été jouée à « la Grange de Dorigny »,
bâtiment qui abrite le théâtre du campus de l'Université de Lausanne.
Conclusion

« Bien sûr, j’ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution
russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la
mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution
violente menée comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience
d’être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu’à un changement de maîtres.
La morale, selon moi, est que les révolutions n’engendrent une amélioration
radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs
dès que ceux-ci ont fait leur boulot. »

George Orwell, « Lettre à Dwight Macdonald. 5 décembre 1946 »

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