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françois maspero
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dirigée par georges haupt
19
alfred rosmer (1877-1964)
et le mouvement révolutionnaire international
B IB L IO T H E Q U E S O C IA L IS T E
FRANÇOIS MASPERO
1, place pauï-painlevé, V*
PA R IS
1971
i
i
AFL. American Fédération of Labor (USA).
AR. Alfred Rosmer.
ARAC. Association Républicaine des Anciens Combattants.
BC. Bulletin Communiste (France).
BIT. Bureau International du Travail.
BS. Bataille Syndicaliste (France).
BSL Bureau Socialiste International (2e Internationale).
BSP. British Sociaïist Party.
CAI. Comité d’Action Internationale (France).
CB. Cahiers du Bolchevisme (France).
CDS. Comité de Défense Syndicaliste (France).
CGT. Confédération Générale du Travail (France).
CGTFO. Confédération Générale du Travail-Force Ouvrière (France).
CGTI. Confédération Générale du Travail Italienne.
CGTR. Confédération Générale du Travail Révolutionnaire (France).
CGTU. Confédération Générale du Travail Unitaire (France).
CIPSR. Conseil International Provisoire des Syndicats Rouges.
CNT. Confédération Nacional del Trabaj'o (Espagne).
CRRI. Comité pour la Reprise des Relations Internationales (France).
CSR. Comités Syndicalistes Révolutionnaires (France).
ESRI. Etudiants Socialistes Révolutionnaires Internationalistes (France).
IC. Internationale Communiste.
ILP. Indépendant Labour Party (G.-B.).
ISR. Internationale Syndicale Rouge.
IW W . Industrial Workers of the World (USA).
KAPD. Parti Communiste Allemand (Gauche).
KPD. Parti Communiste Allemand.
LC. La Lutte de Classes (France).
MO. Alfred Rosmer. Le Mouvement ouvrier pendant la guerre. Suivi de
l’indication du tome et de la page.
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verts. Il est impossible d’utiliser un. journal sans le situer dans une
très large revue de presse.
Les comptes rendus de congrès sont soumis aux mêmes aléas et
à d’autres : les congrès s’allongent, l'impression coûte cher. On a
tendance à passer de la publication in-extenso, à un compte rendu
analytique ; pire, à la simple publication des décisions du congrès.
Quand on ne se contente pas de faire un résumé pour le journal de
l’organisation. D e nos jours, bien des réunions sont simplement
enregistrées au magnétophone, ce qui pose de nouveaux problèmes.
Une attention toute spéciale doit être accordée aux brochures.
Elles ne sont pas de maniement aisé : mal datées, d’accès difficile,
fragmentaire. Leur recherche est une source de tracas sans fin. Mais
elles sont le mode d’expression par excellence d’une classe trop
muette. Elles sont faciles à écrire, à faire imprimer, à diffuser (sou
venons-nous que les brochures des minoritaires de guerre se glis
saient dans des enveloppes ordinaires). Quelques bonnes volontés
suffisent, alors qu’il faut une organisation pour faire vivre un jour
nal. La brochure est l’arme de prédilection du mouvement ouvrier,
la seule arme de ses minoritaires et de ses exclus. A ce titre, elle est
irremplaçable quels que soient les défauts que nous aurions garde
d’oublier.
Ces réserves faites, il faut dire avec force que pour l’historien des
époques contemporaines, pour l’historien du mouvement révolution
naire en particulier, l’utilisation de l’imprimé est primordiale. Il
offre sur tout, ou presque, une masse documentaire considérable,
parfois contradictoire, le plus souvent complémentaire.
Les sources disponibles ont toutes leurs avantages et leurs incon
vénients. Disons fortement qu’il n’y a pas — en histoire sociale
contemporaine du moins — de source absolue, à la fois nécessaire
et suffisante. Aucune ne doit être privilégiée. C’est du faisceau des
sources que peut seule venir la connaissance et la compréhension
des hommes, des faits et des situations.
2
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nous souvenir que l’historien n’a pas à juger. II n’a qu’à comprendre,
ce qui est déjà bien assez difficile.
Une fois écartées les tentations partisanes et moralisatrices, les
méthodes anecdotiques, littéraires, chronologiques et romancées,
restait à trouver une méthode de travail. Nous avons essayé de nous
en tenir strictement à quelques principes. Datation rigoureuse : nous
nous méfions des citations sorties de leur contexte et des amal
games. L e rôle de l’historien est d’éviter les confusions de temps et
de lieux qui ne servent qu’aux pires des politiciens. Il doit déli
miter soigneusement les termes et le champ des controverses. Pen
sée autonome et libre nous savons bien l’intérêt que présente la
pensée des grands ancêtres. Mais quoi que Lénine, Staline ou Trot-
sky aient pu dire sur telle ou telle question, nous ne croyons pas
possible de nous dispenser de l’étudier par nous-même. Les nains
sont toujours juchés sur les épaules des géants, mais ils n'en voient
que mieux. Etude des contextes : une pensée, une action, une con
troverse ne prennent leur sens que situées dans leur contexte et ceci
le plus largement possible, sans oeillères, ni exclusives : de la social-
démocratie à l’ultra-gauche en ce qui concerne l’histoire sociale.
N e pas préjuger des progrès futurs de la connaissance historique :
souvenons-nous que les problèmes dont nous traitons ne sont pas
réglés et ne le seront peut-être jamais. Est-on bien sûr de la préé
minence absolue de la Deuxième Internationale sur le mouvement
ouvrier d’avant 1914 ? Connaît-on bien le rythme de développe
ment avec accélérations, ralentissements, reculs de la révolution
russe ? A-t-on tranché le problème de la nature de classe de l’état
stalinien ? Dans ces incertitudes qu’il faut bien avouer, la biogra
phie apparaît comme un instrument de travail irremplaçable. Elle
montre quelles questions les militants se posaient et comment ils se
les posaient. E lle indique dans quel sens ils concluaient, sans pré
juger hâtivement des conclusions d’ensemble que la recherche his
torique ne pourra valablement avancer avant des décennies — si
elle est jamais en mesure de les avancer.
Il ne nous appartient pas de dire si nous avons surmonté les dif
ficultés de la biographie d’un militant révolutionnaire contempo
rain. Mais qu’il nous soit permis de dire pourquoi nous avons cru
devoir tenter l’expérience. Nous croyons nécessaire de poser des
jalons pour l'histoire du mouvement révolutionnaire au X X e siècle.
Si nous acceptions passivement, comme un tabou, la règle des 50
ans que veut nous imposer le Ministère de l’Intérieur, notre histoire
scientifique s'arrêterait en 1919 — quitte à gagner une année par
an — et nous abandonnerions le reste aux journalistes, aux polé
mistes et aux écoles historiques étrangères qui n’ont pas nos scru
pules. Or nous sommes persuadés que toute recherche entraîne
d'autres recherches, que tout travail provoque l’intérêt des déten
teurs d'archives, peut à tout moment les inciter à ouvrir leurs car
tons pour confirmer ou infirmer des conclusions dont nous ne nous
dissimulons pas qu’elles sont provisoires. D e toute façon, cette
introduction 19
non d’une classe, mais d'un type social original. Rosmer n’est pas
un bourgeois. Il a un dédain absolu de l’argent et ne s’entend
ni à amasser, ni à parvenir. L ’expression « refus de parvenir »
est d’ailleurs née dans son milieu. Albert Thierry l’emploie pour
la première fois dans les Réflexions pour l’éducation que publie en
articles la V ie Ouvrière. A.V. Jacquet en fera le titre d’un roman
autobiographique paru en 1955. Prolétaire, il ne l’est pas non
plus et il n’a jamais travaillé en usine. I l reste volontairement en
marge des catégories sociales. l i ne s’intégre jamais ni au groupe
des gens-de-Iettres, ni au corps social de l’université. Elégant,
réservé, racé, il ne donne jamais dans la bohème. Petit fonction
naire, journaliste mal payé, correcteur d’imprimerie, il ne s’inté
resse pas à ces tâches alimentaires. Il vit pour la révolution. Il
n’est ni un homme d’appareil, ni un révolutionnaire professionnel
payé par une organisation. Son expérience est aussi variée dans ses
formes qui nous mènent de l’anarchisme au syndicalisme révolu
tionnaire, au communisme, au trotskysme, à l’antistalinisme. A ces
raisons de notre choix s’ajoute bien sûr l’occasion qui permet au
chercheur de se fixer sur son sujet. Ici, l’ouverture des Archives
Monatte et Rosmer par Colette Chambelland à qui va toute notre
reconnaissance.
Au total, ce livre témoigne qu’il nous a paru possible d’aborder
l’histoire par le biais de la biographie malgré les interdits qui
semblaient au départ peser sur une telle entreprise. Nous ne l’avons
pas fait sans hésitations et cas de conscience dont furent témoins
ceux qui ont été à l’origine de nos travaux et les ont guidés de
bout en bout. Nous avons nommé le professeur Labrousse qui nous
guide depuis les temps lointains des certificats de licence, le pro
fesseur Droz qui vit immédiatement — et avant nous — l’intérêt
pour l’histoire générale de cette aventure individuelle, le professeur
Vilar qui ne nous a pas marchandé les encouragements attentifs
et les mises en garde vigilantes, les professeurs L ’Huillier et Livet
qui nous ont donné, nous donnent encore, à la Faculté des Lettres
de Strasbourg la possibilité de travailler et d’enseigner dans cette
atmosphère de totale liberté intellectuelle à laquelle nous tenons
tant.
Sans doute n’est-il pas inutile d’indiquer à grands traits les princi
pales étapes et constantes de la vie de Rosmer.
Elle s’ordonne autour de trois constantes. L ’une est d’ordre carac
tériel, c’est l’individualisme. Les deux autres sont des choix poli
tiques : un seul but, la révolution prolétarienne ,• une seule méthode,
la lutte de classes.
Il en découle une contradiction et deux cristallisations.
L a contradiction est celle de l’individualiste engagé dans un
combat collectif : Rosmer qui voit bien la nécessité de Faction
collective, est mal à l’aise dans les disciplines. Passe pour celles
que nécessite Faction révolutionnaire ; mais toute discipline méca
introduction 21
32. Rault collabore aussi à La Revue de VArt pour Tous, revue éphé
mère de popularisation esthétique et littéraire.
33. Mouvement Social, IV-VI-1962, art. cit.
34. Victor Barrucand collabore depuis 1892 à L ’En Dehors et aux
Temps Nouveaux. En 1895, il a lancé une campagne pour le pain gratuit.
35. Amédée Dunois (Catonné dit-, 1878-1944), licencié en droit, liber
taire, journaliste aux Temps Nouveaux, sera délégué au congrès anarchiste
international de 1906. En 1912, il est parmi les fondateurs de la BS. Il
passe au Parti Socialiste et entre à L ’Humanité. Mobilisé pendant la
guerre, il se range parmi les minoritaires, fait partie de la Société d’Etudes
Documentaires et Critiques sur la Guerre, est membre du CRRI et du
Comité pour la II I e Internationale. En 1921-22, il est directeur suppléant
du Bulletin Communiste} fait partie du Comité Directeur du PCF de 22 à
24. En 1927, il quitte le Parti, adhère au POP puis à la SFIO. Organisa
teur du Parti Socialiste clandestin en zone Nord, il est arrêté par les nazis
et meurt en déportation.
36. J. Mattron, « Le groupe des étudiants ESRI et le syndicalisme révo
lutionnaire », Mouvement Social, I-III-1964, pp. 3-26.
37. Pierrot, militant anarchiste, sera défensiste pendant la guerre. Rémy
traduira Lasalle et Marx.
30 alfred rosmer
3
Jusqu’en 1920, c’est aux organismes et aux hommes de la seconde
Internationale que se heurte Rosmer. Syndicaliste-révolutionnaire,
minoritaire de guerre, zimmerwaldien, il s’oppose à eux. Son tempé
rament de révolutionnaire et d’individualiste ne peut que se heurter
au lourd appareil bureaucratique de la Seconde Internationale,
d’autant que celle-ci tente d’étendre son influence dans le monde
syndical, menaçant ainsi directement les syndicalistes-révolution-
Le syndicaliste révolutionnaire
ne vaut rien pour les ouvriers. C ’est la morale qu’on peut tirer de
sa vie 3S. »
Tous ces pantins ne pensent qu’à leurs sièges et aux places qui
peuvent s’offrir. L a Présidence de îa République est la plus enviée
avec ses 1 200 000 francs par an, le logement et les voyages « à
l’oeil » , les ristournes et avantages divers. En 1912 les concurrents,
Pams, Poincaré, Bourgeois, intriguent et manœuvrent comique
ment 34.
Les partis ne sont pas plus ménagés que les hommes. Rosmer
a assisté à quelques réunions publiques de l’Action Française 3;\
Il reconnaît l’habileté de Maurras qui sait donner une apparence
logique à ses partis pris les plus extravagants, mais dans l’ensemble
les royalistes lui semblent « des maniaques en proie à une idée
fix e 36». I l n’a que mépris pour la droite classique, ce conglo
mérat de modérés de toutes nuances, de nationalistes, de conser
vateurs où s’esquissent des groupements et des regroupements d'inté
rêts mais où il n’y a pas de partis. C’est le parti radical, « la radi-
caille », le « marais radical » qui lui inspire le plus de dégoût.
Un dégoût qui va jusqu’à la haine. Les radicaux utilisent le peuple
pendant l’affaire Dreyfus puis le trahissent en refusant d’abroger
les lois scélérates. Ils parlent de leur programme mais chacun sait
que :
« [...] L e programme est le moindre souci des gouvernants :'7. »
Leur but essentiel est de détourner l’attention populaire des vrais
problèmes en faisant tapage autour de la représentation propor
tionnelle, cette « balançoise erpéiste », autour de l’anticléricalisme
et de l’école laïque.
Pour les militants de la CGT, la Grève Générale est la seule
arme efficace 38.
Comment la voient-ils ? Un point reste stable dans leur concep
tion : la grève générale est le symbole de l’action directe du prolé
tariat. S’ils insistent tant sur elle jusqu’au moment où l’autonomie
de la C G T est définitivement assurée, vers 1900, c’est parce qu’elle
permet de se démarquer des partis politiques en prônant une forme
d’action directe particulièrement attrayante pour la classe ouvrière.
Sur sa réalisation concrète, leurs vues ne cessent d’évoluer. Dans
l’atmosphère de défaite des décennies qui suivent la Commune, c’est
à une « insurrection des bras croisés » que l’on songe. L e peuple
travailleur cesse de produire et le monde bourgeois s’écroule. Bien
41. Pataud, né à Paris en juin 1870 est l’un des militants les plus hauts
en couleur du syndicalisme-révolutionnaire. Mécanicien-électricien, il est
membre du POF, puis allemaniste, puis blanquiste. En 1902, il passe au
syndicalisme-révolutionnaire. Il organise le syndicat des électriciens de
Paris et, en mai 1907, unifie sous sa direction les divers syndicats d'élec
triciens de la capitale. Membre de la combattive Fédération des Métaux,
Pataud occupe une position stratégique qui va lui permettre des actions
particulièrement spectaculaires : grève générale des électriciens en 1907,
arrêt général de l'électricité à Paris entre 20 et 22 heures après l’affaire de
Villeneuve-Saint-Georges. En 1908, il écrit un Manuel du parfait électricien-
dont la police dit aigrement qu’il devrait plutôt s’appeler Manuel du partait
saboteur électricien (AN. F7. 13 053). En 1909, il fait deux coups d’éclat.
En juillet, lors d’un banquet à l’Hôtel Continental, il coupe la lumière et
force ainsi le directeur à accepter les demandes des ouvriers électriciens
de son établissement. Poursuivi pour extorsion de signatures, il bénéficie
du non-lieu. En décembre, il réédite la manoeuvre lors d’un gala donné à
l'Opéra en l’honneur du roi de Portugal. En 1910, il doit passer en Belgique
et se retire du mouvement.
Pouget, fils d’un notaire de l’Aveyron monté à Paris, se lie avec d’anciens
communards qui en font un révolutionnaire. Employé aux Magasins du
Louvre, il fonde en 1879 un syndicat d’employés, tente une grève en 83
et se retroùve à la porte. La même année, à l’issue d’un meeting de sans-
travail, il se trouve dans une colonne de manifestants qui pillent les bou
langeries du Boulevard Saint-Germain. Il se voit condamné à 8 ans de prison
(AN. F7. 13 053). En 1889, il fonde Le père Peinard. Les lois scélérates
de 93-94 le contraignent à chercher refuge à Londres. Il préconise l’entrée
des anarchistes dans les syndicats. Amnistié en 1895, ü rentre à Paris,
popularise l’idée de sabotage. Il écrit dans tous les journaux syndicaux et
syndicalistes.
le syndicaliste révolutionnaire 47
4
50 alfred rosmer
et efficace
« L e mouvement ouvrier ne se mesure qu’aux fruits qu’il
donne 54 », mais étrangement aveugle à ce qui n’est pas lui-même.
Dans cette optique, il faut situer Rosmer par rapport aux débats
du mouvement ouvrier international.
Lui-même refuse toute relation d’organisation avec une 2e Inter
nationale sévèrement critiquée et limite son action au mouvement
syndical.
Bien avant 1914 ses amis et lui critiquent la social-démocratie et
les socialistes parlementaires. L e réformisme, disent-ils, prolonge
artificiellement le capitalisme, il entretient des illusions et détourne
la classe ouvrière de la seule voie efficace et radicale, celle des
expropriations. Les partis sociaux-démocrates praüqueui. la. cu'labo-
ration de classe. En leur sein même coexistent ouvriers, intellec
tuels, membres des professions libérales, au détriment des premiers.
La CGT, elle, ne recrute que des travailleurs, c’est donc la seule
organisation prolétarienne. Sans doute pourrions-nous poser ici le
problème de Thomogénéité de la classe ouvrière, de ses structures
sociales, des rapports existant entre ces structures et les tendances.
Nous serions entraînés trop loin. Il nous suffira de bien marquer
que les syndicalistes-révolutionnaires opposent une C G T sociale
ment homogène au Parti Socialiste socialement hétéroclite.
L a collaboration de classe est bien plus grave encore sur le plan
tactique : les partis sociaux-démocrates mènent une politique de
cartel avec la bourgeoisie, libéraux ici, radicaux ailleurs. Ceux-ci les
utilisent pour calmer le peuple et ils ne s’en cachent pas. Rosmer
relève deux aveux 85 : G. Ponsot dans la Grande Revue (25-X-1913)
demande aux socialistes de bien vouloir « canaliser le syndica
lism e51* » ; le député libéral Lloyd George déclare plus cynique-
ment encore que les socialistes sont les policemen du syndicalisme.
La pratique du Cartel met au service d’une fraction de la bour
geoisie la force ouvrière, alors que c'est la bourgeoisie tout entière
qui doit être combattue S7.
En France, en Angleterre, en Belgique, la politique de Cartel
sévit. Aux élections françaises de 1914, les socialistes et les radi
caux, unis contre la Fédération des Gauches de Briand et Barthou,
gagnent les élections. Les socialistes gagnent 29 sièges et ont 102
députés. Rosmer qui donne sans grands commentaires les résultats
saient leurs voix B3. L e Parti Ouvrier Belge va alors jusqu’à déclen
cher sa grève générale pour le suffrage universel. Répétant l'erreur
de 1893 et 1912, il fait en 1913 une tentative dont nous avons
parlé et qui se solde par un échec. On ne peut mettre plus ouver
tement la classe ouvrière au service de la bourgeoisie.
Il n y a pas de bons socialistes pense Rosmer qui ne croit pas aux
distinctions entre tendances et pense que la structure indirecte de
certains partis favorise encore plus la dégénérescence électoraliste.
En France, son rôle de chroniqueur parlementaire, son assiduité de
reporter aux congrès socialistes lux permettent d’avoir une vue directe
de la situation dans le FSU. Les tendances, il n’y croit plus 64. Les
possibilistes se groupaient autour de Brousse, « pantin ridicule qui
se prend au sérieux as ». Mais à 35 ans, Brousse abandonne son
idéal socialiste et sa tendance n’y survit pas 6<\ Les allemanistes ont
disparu, sauf Groussier. Mais celui-ci a oublié depuis longtemps
son passé d'ingénieur des Arts et Métiers devenu secrétaire de la
première Fédération des Métaux. Député de la Seine depuis 1893,
il est devenu parlementaire retors, défenseur de la représentation
proportionnelle, ami des patrons de sa circonscription67. Il n'y a
plus que le vieux Vaillant0S. Rosmer l’a rencontré en 1913 quand
on traîne devant les tribunaux des soldats qui ont protesté contre les
trois ans. L a BS ouvre une souscription et Vaillant veut être parmi
les premiers souscripteurs. Mais Vaillant est pratiquement un
isolé 69. L a tendance dite « syndicaliste » 70 a toujours eu un effectif
minuscule et elle ne fait plus parler d'elle. Enfin, guesdistes et
jauressistes se sont rapprochés. Au congrès de 1912 (Lyon, 18-21-
II), les guesdistes ont encore beaucoup de cohésion et ils dominent
les débats. Rosmer écrit à Monatte :
« Guesde est le coq du congrès, il est en pleine forme et autour
de lui ses fidèles font un succès à toutes ses saillies. II semble qu’il
y a un réveil du guesdisme [...] 71. »
Rosmer d’ailleurs déteste le guesdisme pour ses tares politicien
nes et parlementaires. I l pense que Guesde est devenu ministéria-
liste dès 1894. Il déteste le guesdisme pour sa pratique du socia
lisme municipal qui sévit surtout dans le Nord. L a critique du
socialisme municipal est d’ailleurs faite par de nombreux syndica-
listes-révolutionnaires et Pages Libres publie contre son application
roubaisienne de violents articles qui sont peut-être de Merrheim 72.
Il le déteste enfin pour son intolérable théorie de la subordination
du syndicat au parti.
Reste à déterminer la position de Rosmer par rapport aux jau-
ressistes. Nous ne devons pas nous laisser entraîner par la phrase de
Monatte : Rosmer regardait Jaurès « avec des yeux plus sympathi
ques que nous ». Elle est très postérieure 7S. Les unifiés ne s’y trom
pent pas. Une anecdote en témoigne : la première fois que Rosmer
va à l’imprimerie de la V O , il se fait prendre à partie par le
gérant :
« C ’était bien facile d’attaquer Jaurès dans le dernier numéro
mais il vaudrait mieux payer ceux à qui on demande d’imprimer
ces attaques 74 ».
Reportons-nous donc aux articles de Rosmer antérieurs à 1914. Ils
montrent bien peu de sympathie pour Jaurès. S’il admet volontiers
que Jaurès n’attaque jamais nettement le syndicalisme-révolution
naire, il n’y voit qu’une preuve de duplicité :
« Quand il voit le syndicalisme dans une passe difficile, il est fort
capable de lui asséner, de ses lourdes mains, un coup de marteau
pour le remettre. Et il peut aussi écrire trois articles de deux colon
nes pour dire les vertus, la noblesse, la grandeur du syndicalisme75 ».
C’est d’un ton persifleur que Rosmer commente les élections de
1914 :
« Jaurès est récompensé de son goût pour les questions mili
taires : il va avoir une véritable armée sous ses ordres 76 ».
Interviewé en 1962, Rosmer, réticent, car c’est pour un numéro
spécialement consacré à Jaurès qu’on l’interroge 77, indique claire
ment les points de friction. La redondance de Jaurès d’abord :
100. RP, oct. et nov. 1959, janv. 1960, art. cit. On consultera aussi
AR, RP, janv. 1951.
101. Au secrétariat collectif de la Fédération des Métaux, dominé par
Merrheim, Lenoir est le pondéré, Blanchard le turbulent, Labe le falot.
Raoul Lenoir, né dans la Somme en 1872, vient de la Fédération des Fon
deurs. Minoritaire de guerre, il a, après la guerre, une influence décisive
sur Merrheim car il pèse en faveur du ralliement à Jouhaux. Après la mort
de Merrheim, il sera le grand homme des Métaux. Marius Blanchard
(1879-1931) resté très anarchiste de tempérament et de comportement,
accumule les condamnations (1906, 1907, 1912) que lui valent de fougueux
discours et un goût marqué pour l’action directe. Frossard (De Jaurès à
Léon Blum, p. 76.) le présente ainsi : k [...] De stature herculéenne (il)
clouait sur place les interrupteurs en les menaçant de les prendre par le
col pour les mettre à la porte ». Après guerre, il reste â la Fédération CGT
des Métaux et entre à la SFIO en 1923. Alphonse Merrheim qui est l’une
des figures les plus controversées du mouvement syndical français, vient
de la Fédération du Cuivre et a été ouvrier chaudronnier. Obscur provin
cial, arrivé de son Nord natal au secrétariat des Métaux où il fallait quel
qu’un du Cuivre, il s’impose peu à peu. ïl restera secrétaire de la Fédé
ration de 1909 à sa mort, en 1924.
le syndicaliste révolutionnaire 61
5
66 alfred rosmer
Dans ce contexte agit Tom Mann. Rosmer qui est l’un de ses
grands amis, nous le présente coin me un orateur plein de vie et
de mouvement qui sait convaincre ses auditoires. Son argumen
tation impeccable, ses phrases rythmées, renforcent l’éloquence des
gestes. Quand ses poings se serrent et frappent la table c’est qu’il
ponctue les passages marquants de ses discours40. Mais Rosmer
n’ignore pas les faiblesses de Mann. Annonçant à Monatte l’arrivée
d’une de ses lettres, il ajoute :
« Un peu vide comme d’habitude 4l. »
Au moment où ils se rencontrent, Mann a déjà une longue carrière
de militant derrière lui. Mineur, puis mécanicien, il a fondé dès
1880 une association tournée vers les problèmes sociaux. En 1898,
il a organisé la grande grève des dockers et devient président de
leur Union. Il a été secrétaire de la SDF puis de 1TLP qu’il quitte
en 1911 pour le British Socialist Party d’Hyndman. Il n’a jamais
voulu se présenter aux élections pour ne pas se compromettre
dans de louches manoeuvres. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est
l’action syndicaliste. Rentrant d’un assez long séjour en Australie,
il retrouve une classe ouvrière en révolte ouverte contre les leaders
modérés, des grèves (North Eastern Railway de juillet 1910 notam
ment), une vague de violence et de sabotage (Pays de Galles). Une
partie de l’opinion ouvrière penche pour la création d’unions nou
velles sur le modèle des IW W . Elle a son journal, Ylndustrialist
et un embryon d’organisation, l’Industrialist League. Mann qui entre
prend alors sa lutte pour la réorganisation du syndicalisme britan
nique s’oppose à cette tactique :
« Certains disent : il n’y a rien à faire avec les unions existantes.
Jamais un syndicaliste expérimenté n’estimera que c’est là une sage
méthode d’action 42. »
Lui, il ne propose pas de briser les trade-unions, mais de les
conquérir. I l parvient en novembre 1910 à réunir ses partisans et
à fonder une Industrial Syndicalist Education League dont Bowman
est secrétaire général. Elle édite un journal mensuel, The Industrial
Syndicalist. L a Ligue préconise la fusion des quelque 1 100 trade-
unions existantes en grandes trade-unions « amalgamées », sortes
de fédérations d’industrie qui respecteraient scrupuleusement l’auto
nomie des syndicats de base. Elle obtient des succès rapides chez
les ouvriers des transports et chez les marins et pêcheurs. En
novembre 1911, la ligue demande l'indépendance totale du syndi
calisme face aux partis politiques, ce qui menace directement le
Labour. Elle vote une motion internationaliste et anti-chauvine
qui réclame la réunion d’un congrès international pour étudier les I
6
82 alfred rosmer
49. Ibid.
50. Sl-I-1914.
51. Joseph Ettor est l’un des plus actifs militants IW W et fait partie
de leur exécutif. Il a participé notamment à la grève de l’American Woo-
len Company en 1912.
52. Lettre ouverte à Tom Mann 9, 16, 23, 30-V-1914.
53. 9-V-1914.
54. RP, Avril 1950.
le syndicalisme révolutionnaire 83
55. Voir sur cette ligue F o n e r , op. cit., t. IV, pp. 427-430.
56. Foster, rallié au communisme en 1920, continuera à refuser toute
scission syndicale. Sa Trade Union Educational League rejoint le PC US
en 1922 et il devient l’un des dirigeants de ce parti..
57. VO, 5-IX-1913. « Le point de vue des syndicalistes italiens ».
84 alfred rosmer
73. Ibid.
74. VO, 5-X-1913.
75. Archives Monatte, Rosmer à Monatte, Sept. 1913.
le syndicalisme révolutionnaire 89
Trois Français sont venus, envoyés par des syndicats et des fédé
rations : Michelet (Fédération de la Chapellerie), plein de bonne
volonté mais sans grande valeur ; le peintre en bâtiment Couture
(Menuisiers, Bâtiment, Plombiers, Charpentiers en fer, Briqueteurs,
Terrassiers de la Seine) ; Knockaert sur lequel Rosmer est très
évasif : « C ’est un bon type, mais... » . En petit comité il tient de
grands discours de réunions publiques et fait le bonheur des A lle
mands en accusant la C G T de ménager les réformistes. Ce sont
les syndicats non-fédérés du textile de Lille, Roubaix, Tourcoing
qui l’ont envoyé.
L ’Europe du Nord a une importante représentation. Demouîin
est mandaté par l’Union des Syndicats de la province de Liège.
Les syndicats libres d’Allemagne ont envoyé leur dirigeant Kater,
W indhoff et Roche. Les deux Lansink (père et fils), Van D er Hagen,
Van Den Berg, Wesselingh, Markmann, Van Erkel, représentent
les organisations hollandaises (Textile, Cigariers, Tabacs, Muni
cipaux, Marins, Bâtiment). L ’Organisation Centrale des Travailleurs
Suédois a envoyé Jensen, collaborateur de la VO. L ’Angleterre a
9 délégués dont Garnier (Cuisiniers), Lemaire (Typographes), W ills
(Union des Syndicats de Bermondsey), Jack Tanner05 et Crook
(Mécaniciens de Harnmersmith). Evelyn Lilyan et Wilshire sont les
« délégués Fraternels » du groupe syndicaliste de Londres.
L ’Amérique du Sud n’a envoyé personne : éloignement, prix
du voyage, manque de temps. Mais elle a mandaté des militants
européens. D e Àînbris a le mandat de la Confédération Ouvrière
Régionale d’Argentine de tendance syndicaliste et de la Fédération
Ouvrière Locale de tendance anarchiste. Guy Bowman n’a pu se
faire mandater par ses compatriotes mais représente la Confédération
Brésilienne du Travail. Un autre Anglais, Tomlinson, représente
Cuba. L ’absence des I W W est significative. D ’ autant que l’ un
d’entre eux, Swasey, se trouve justement â Londres. Leur congrès
se tenant au même moment aux USA, ils auraient très facilement
pu télégraphier des instructions à Swasey.
Mais tous ces délégués ne se connaissent pas entre eux et ne
connaissent guère les mouvements qu’ils représentent ou sont censés
représenter. L e congrès tourne à la catastrophe car, au heu dé
s’unir, on s’est divisé. Une réunion secrète sur les questions finan
cières a failli tourner au pugilat. Spectacle « écœurant », c’est le
réformiste Ben T ille t 9E qui préside le meeting de clôture. Rosmer
combatif des Docks puis des Transports, il est politiquement très modéré.
La guerre le trouve défensiste. En 1922, il est membre du conseil géné
ral des Trade-Unions et figure en 1924 parmi la délégation des Trade-
Unions en Russie. Il a une attitude très réservée par rapport aux bol
cheviks.
94 alfred rosmer
98. Ibid.,
99. VO, 5-II-1914.
100. Cité par AJR, VO, 20-X-1913.
101- Temps nouveaux, 18-X-1913.
r-
le syndicalisme révolutionnaire 97
2. VO, 5-X-1910.
3. Robert B l a t c h f o r d (1851-1943) s’est converti au socialisme vers
1880. Ses articles du Sunday Chronicle l'ont rendu célèbre. Il dirige à
grand renfort de publicité tapageuse le Clarion qui a d’ailleurs perdu
beaucoup de son importance vers 1910. Pendant la guerre des Boërs, il
a déjà pris des positions impérialistes.
4. BS, à partir d’octobre 1912 ; VO, 20-XI-1912.
5- VO, art. cit.
6. Ibid.
100 aîfrecl rosmer
sont dictatoriaux, leur seule supériorité sur le système turc est leur
hypocrisie : ils y mettent plus de formes. Les convoitises des puis
sances sont directement responsables du raidissement des Jeunes
Turcs. Rosmer pense d’ailleurs impossible d’appliquer le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes dans une région où races et reli
gions sont étroitement imbriquées, la Macédoine fournissant de
cette imbrication un exemple classique. Chacune des nationalités
ne rêve que d’éliminer les autres par le massacre, les turcs se
maintiennent par la violence : aucun choix moral n’est possible.
Pour lui, ce sont les grandes puissances qui mènent le jeu.
L ’Autriche-Hongrie, la Russie, l’Italie manœuvrent les .chrétiens des
Balkans. Elles les soudent en une Ligue Balkanique puis les divi
sent pour profiter de leurs querelles. Les Balkans sont leur champ
clos. L e conflit balkanique peut mettre en péril la paix européenne.
TruLsky parlait des Balkans comme d’une « boîte de Pandore » \
Rosmer reste optimiste : le prolétariat européen a signifié claire
ment qu’il ne voulait pas se laisser entraîner dans une boucherie,
« la peur d’un soulèvement des peuples sera, pour les gouver
nants de tous les pays, le commencement de la sagesse 1bis ».
Son optimisme est donc raisonné : la Révolution a le temps
d’éclater, parce que les gouvernements reculent devant une guerre
qui précipiterait plus encore la Révolution.
Optimisme démenti par les faits. L a guerre éclate et va lui per
mettre de donner sa mesure de militant. Jusqu’à Zimmerwald, il
agit dans un cadre strictement français — cadre imposé par la
répression gouvernementale. Après Zimmerwald et surtout après la
révolution russe, la nature des problèmes change avec leur dimen
sion. Dans une vision élargie, les perspectives révolutionnaires
réapparaissent.
Nous pouvons vivre la semaine qui précède l’entrée en guerre
dans l’intimité même de Rosmer grâce aux lettres qu’il envoie à
Monatte, parti se reposer en Auvergne *. Inquiétudes et espoirs se
côtoient car rien ne paraît joué d’avance. Rosmer ne peut oublier
qu’il y a eu bien des alertes depuis 1870 et que pourtant l’Europe
— du moins dans sa partie occidentale— vit en paix depuis qua
rante quatre ans. Deux idées, pourtant contradictoires, coexistent
dans son esprit :
— la guerre impérialiste est inévitable,
— la paix doit et peut être sauvegardée.
9. MO., I. 102.
10. AR. à Monatte, 27-V II-1914. Jouhaux attend le 26-IX-1914 pour
publier sa version dans la BS., Dumoulin répliquant par une lettre adres
sée au Comité Confédéral.
11. AR. à Monatte, 30-VII-1914.
12. Ibid., 29-VII-1914.
102 alfred rosmer
En réalité, il est trop avisé pour ne pas épuiser toutes les autres
possibilités. Pendant trois mois on essaie — en vain — de lui
apprendre le métier militaire puis il tombe sur un capitaine et un
major « pas plus guerriers que (lui) 11 ». En août, il rencontre un
a v o u é de Foix dont les conseils sont précieux. Bientôt, il annonce
mystérieusement qu'il y a quelque chose en route. Puis le voilà
r e c la s s é « service auxiliaire » et il rentre à Paris, libéré puisque sa
classe d’auxiliaire n'a pas été mobilisée. Il ne cesse alors de craindre
une nouvelle mobilisation :
« L'interruption serait d'autant plus rageante qu'elle se produi
r a it juste au moment où nous enregistrons les premier résultats 42. »
78. RP., nov. 1955, <* Compte rendu d’une réunion du Cercle Zimmer-
walcl, le 23-X-I955. » Albert Bourderon (1858-1930) quitte son Gâtinais
natal pour Paris en 1880. Il se fait embaucher comme tonnelier à la
Halle-aux-Vins. Secrétaire de la Fédération du Tonneau, membre du PS,
secrétaire de l’Union des. Coopérateurs, il est présent dans toutes les
familles du mouvement ouvrier organisé. Après son épisode zimmerwal-
dien, il s’oriente, dès 1916, vers la droite ouvrière.
79. MO., I 245. 7 articles en tout, du moins 7 articles signés et non
un par semaine comme il le dit.
80. Ma Vie, p. 255.
81. Martov (1873-1923) a été, à Saînt-Petersbourg, membre de la
Ligue pour ïa Libération de la Classe Ouvrière. Il a contribué à la fon
dation de VIskra. Menchevik, il est minoritaire de guerre. La révolution
russe de mars le trouvera à la tête du groupe des Mencheviks Interna-:
tionalistes. En 1921, il quitte la Russie et continue à militer dans rémi
gration menchevik de Paris.
82. Stanislas Lapinski, né en Pologne en 1879 et membre du PS Polo
les débuts de la lutte minoritaire 113
nais depuis 1906, prendra une part active dans le mouvement zimmer-
waldien. Il sera l’un des dirigeants du PC Polonais. En 1938, il est arrêté
à Moscou, en même temps que les autres dirigeants de ce Parti et dis
paraît.
83. Bourstev était en exil en Sibérie au début de la guerre. C’est un
personnage discuté. Pro-allié et anti-bolchevik, il rencontre Kerenski à
Londres en 1918, s’installe à Paris et publie un hebdomadaire, La Cause
Commune. L ’agence de presse qu’il organise (Agence Russ Union) se
spécialise dans le renseignement sur l'état économique et financier de
l’URSS et sa brochure Bolcheviks, soyez maudits ! est l’une des bibles
de l'antisoviétisme.
84. IIP, oct. 1950 et MO., I 224.
85. MO., I 215.
86. RP., oct. 1950, art. cit.
8
114 alfred rosmer
87. Ibid.,
88. Du Kremlin au Cherche-Midi, p. 25.
89. BJP., oct. et nov. 1959, janv. I960, art. cit,
90. MO., I 247.
91. Karl Liebknecht (1871-1919) est d’abord avocat, membre du PS
allemand et conseiller municipal de Berlin. Une brochure anti-tsariste
lui vaut la prison et la notoriété : il est élu député en 1912. Membre de
la gauche du PS, il préconise la grève générale pour des objectifs poli
tiques. Aii début de la guerre, il vote les crédits militaires pour respecter
la discipline du groupe parlementaire, puis s’y refuse. Il est au coeur des
groupes socialistes de résistance à la guerre (Die Internationale puis Spar-
takus). A partir de 1916, les idées minoritaires agitent l’opinion. Le 1er
les débuts de la lutte minoritaire 115
p rou van t qu’il s’agit d’une phrase creuse 92. En août 1915, les
F r a n ç a is se désolent : les journaux présentent les troubles qui
v ie n n e n t d’éclater en Russie comme un soulèvement contre les
entreprises allemandes. C ’est au tour des Russes d’expliquer : la
police tsariste — fidèle à ses vieilles habitudes — a détourné contre
les entreprises allemandes les manifestations populaires provoquées
par la misère et par la faim.
Les hommes se lient. Presque chaque dimanche, Rosmer rend
visite à Trotsky, dans un de ses logements parisiens : pension de
famille près du parc Montsouris, au coin des rues de la Glacière
et de l’Amiral Mouchez, maison du peintre Parèce à Sèvres, immeu
ble de la Rue Oudry. Ils font ensemble le voyage de Boulogne
pour voir Dumoulin et pour se renseigner sur l’état d’esprit des
soldats du front. Mais les mineurs du bataillon de Dumoulin ne
c a u s e n t guère, les Anglais rencontrés dans les rues ont subi une
savante mise en condition psychologique, un soldat belge rencontré
dans le train attribue les malheurs de son régiment à la trahison.
Dans Calais, ville morte, ils tentent de se faire une idée de la
situation en se rendant aux bureaux du journal local. Ils y trouvent
un « pauvre type » qui ne sait que leur dire. I l ne sait rien de plus,
il en saurait plutôt moins que ce que disent les journaux de Paris.
Il n'a qu’une conviction : si les Allemands approchent, il leur en
cuira. Triste voyage ! Les évolutions psychologiques des militants
leur paraissent si extraordinaires qu’elles leur semblent parfois
dignes d'un intérêt tout scientifique : un jour Rosmer et Lapinsky
sont invités à dîner chez Trotsky. Il leur demande de venir tôt et
leur fait la leçon : il y a un autre invité, un anarchiste belge devenu
défensiste qui a dû s’enfuir après avoir organisé des attentats contre
les Allemands. Cas intéressant de passage de I’anarchisme au
patriotisme, à observer en silence, car il n’est pas question d’enta
mer une conversation qui tournerait mal. Les deux ont beau pro
mettre d’éviter les sujets brûlants, ils ont beau tenir leur promesse,
le Belge sent leurs réticences, le ton monte et l’on se sépare, furieux.
Les socialistes russes sont venus d’eux-mêmes, mais il faut aller
chercher les socialistes français. Les faits ont confirmé les préven
tion anti-socialistes des syndicalistes. Ils ont vu sombrer Guesde le
doctrinaire qui donne au Populaire du Centre (27. IX . 1914) un
article jusqu’au boutiste :
« L e PS ne s’est jamais désintéressé de l’indépendance natio
nale [...] L ’œuvre de défense nationale nous trouvera tous fidèles
jusqu'à la mort du dernier d’entre nous 93. »
YEponge de Vinaigre :
L e f e b v r e é v o q u e c e s p r e m i è r e s r é u n io n s d a n s
« On se bornait à tisonner tristement les restes refroidis de l'Inter
nationale ; à dresser, d’une mémoire amère, la liste immense de
ceux q u i avaient failli ; à entrevoir avec une clairvoyance inutile
la longueur d’une lutte d’usure où seule serait vaincue la civili
sation.
XJn orgueil sombre nous restait [...] 143. »
Guilbeaux144 évoque des réunions qui servent surtout à échanger
des informations. Chacun apporte ses renseignements et Rosmer :
« Très informé des choses d’Angleterre, [...] nous instruisait
d’abondance sur tout le mouvement pacifiste radical et libéral et
complétait ses récits par la traduction au pied levé du Manchester
Guardian et du Daily News. »
Trotsky nous fait une description plus militante. On s’y rencon
trait :
« [,,.] échangeant entre nous des secrets des coulisses sur la guerre
et les travaux de la diplomatie, critiquant le socialisme officiel,
cherchant à déceler les symptômes d’un réveil socialiste, persuadant
les hésitants, préparant l'avenir 145 ».
Les trois descriptions ne s’excluent d’ailleurs nullement l’une l’autre.
Rosmer pour sa part pense que c’est déjà beaucoup de maintenir
un foyer d’opposition 14e. Ces réunions, dont il est l’organisateur,
lui servent à peser les forces qu’il a pu grouper. II attend anxieu
sement les premiers arrivés, évalue le nombre des présents, se
félicite des assiduités, s’interroge sur les absences, se réjouit quand
l’assistance est nombreuse,' se désespère quand elle s’amenuise. N i le
concierge, ni le propriétaire du Quai de Jemmapes n’apprécient
ces réunions nocturnes qui valent à leur maison la surveillance de
la police. Certains jeudis sont intimes et « familiaux » , jeudis de
bavardage où « tout le monde est là, fidèle et heureux de trouver
un coin sympathique une fois par semaine 147 ». Mois les Russes
ne manquent jamais quand il y a quelque chose de sérieux au
programme et bientôt les jeudis verront s’organiser l’action pacifiste.
Peu à peu, on est donc sorti de l’isolement total ; en France les
minorités commencent à faire entendre leur voix, de l’étranger les
renseignements filtrent, les lettres passent, surtout Rosmer dépouille
une formidable presse qui lui permet de savoir ce qui se passe
en Allemagne, chez les alliés anglais et russes, chez les neutres :
USA et Italie. L ’International Socialist Review lui est à cet égard
143. P. 5.
144. Du Kremlin..., pp. 26 et suiv,
145. Ma Vie, p. 255.
146. MO., I 219.
147. AR. à Monatte, 13-IV-1915.
124 alfred rosmer
156. M O , I 215.
157. D'après une note en page 32.
158. La préface est du 2-XI-1915.
159. Journal de Genève, supplément 4, 5 et 6 nov. 1914.
160. I b i d 2-VIII-1915.
161. Journal des années de guerre, p. 356.
162. AR. à Monatte, 21 et 29-HI-1915.
163. AR. à Monatte, 9-IV-1915 et dans le Journal des années de
guerre, p. 317, lettre de Dunois à Rolland, d’avril 1915.
les débuts de la lutte minoritaire 127
10
146 alfrecl rosmer
En 1919, il est du Comité pour la 3e, en 1920, il est arrêté dans l'affaire
du « complot », Secrétaire du PCF en 1921-22, spécialement chargé des
questions internationales, il est de plus en plus mal à l’aise dans un Parti
en cours de bolchevisation. Accusé d’opposition droitière, fondateur du
groupe Contre le Courant, il quitte le Parti en 1926 et rejoint la Ligue
Syndicaliste.
59. Ibid., 15-IX-1915.
60. MO., I. 407.
61. MO., II. 78.
62. AR. à Monatte, 22-X-1915.
63. Ibid., 6-X-1915.
64. Ibid., 17-X-1915.
65. Ibid., 19-XI-1915.
66. Ibid., 20 et 22-X-1915.
zimmerwald et ses conséquences 147
M
de 1916 est en train de s’aligner sur le modèle allemand d’avant
1914, modèle que soutenaient les réformistes :
« Il ressort nettement des déclarations faites par Jouhaux atf;
Comité Confédéral que la majorité confédérale s’est mise d’acoord\
avec la majorité socialiste et les représentants des coopératives'^
pour faire l’union de ces trois branches de l’activité ouvrière. Des:§-f-:
organismes directeurs seront créés (la charte constitutive est prête);(f4
C'est tout le syndicalisme engagé dans des voies nouvelles et o n ^
attend de la prochaine conférence [...] l’approbation de cette poU-ï&;
tique. Jouhaux ne met le Comité Confédéral au courant que lorsque:^
le fait est accompli
Dans cette perspective, le CDS est de façon indissoluble et unë ;f|. l
affirmation de la minorité pacifiste et une réaffirmation des ten- I
dances syndicalistes-révolutionnaires d'avant-guerre contre les velléi- î
tés de domestication au réformisme du Parti Socialiste. D ’aiüeurs f
la brochure du CDS, Aux organisations syndicales. A leurs müi- i *
tants qui porte sur la conférence de la C G T en décembre 1916 :: f
n’accuse-t-elle pas la majorité de « déchirer la charte syndicaliste :V> f
votée en 1906 par le congrès d’Amiens » ? : \
Par ailleurs, Rosmer suit toujours d’assez près l’évolution dans ;
les milieux anarchistes100. Les «anarchistes de gouvernement», *
autour de Grave 101 écrivent dans La Bataille. Heureusement, il n’y ■ i
a pas d’organisation anarchiste à défendre, il n'y a pas non plus
de Centre gênant comme au Parti Socialiste. Les journaux, Temps
Nouveaux ou Libertaire, ont été supprimés mais il reste un « Groupe i
des Temps Nouveaux » dont G irard102 et Benoit sont les secré-..vV
taires. Avant 1914, ce Groupe s’efforçait d’aider le journal, ensuite
il s’efforce d’aider les mobilisés et prend bientôt position sur la ;
guerre même. Il adhère au C R R I et agit par des Lettres aux amis
des Temps Nouveaux que signent les membres du Groupe ainsi
que S. Faure, Péricat, Tourette, Signac, etc. Ces anarchistes paci- r
listes entament des discussions avec Rosmer en octobre 1915. On .
parle de fonder un journal. Mais on n’aboutit pas car on se connaît .
peu 103. La réplique de Grave et de ses amis que publie La Bataille
du 14 mars 1916 prouve que ce sont eux maintenant qui se trouvent
sur la défensive : d’une part ils avouent que les événements les ;'
ont obligés à publier rapidement un texte, d ’autre part ils estiment
Blanc, Brizon, Raffin-Dugens qui n’ont pas été mandatés 12S. Quoi
que violemment hostile à leur comportement à Kienthal, Rosmer
leur reconnaît bientôt quelque courage, notamment à Brizon qui,
à partir de cette date, vote bien à la chambre et prononce des
discours courageux. Il cite des journaux étrangers, répond au dis
cours jusqu’au-boutiste de Poincaré à Nancy 127.
Finalement, Rosmer porte sur Kienthal une appréciation nuan
cée. Il approuve entièrement son mot d’ordre de paix immédiate
et sans annexion mais apprécie moins les discussions sur la question
de lTntemationale. Huysmans ayant redonné un semblant d’activité
au BSI, certains zimmerwaldiens se persuadent qu’après tout il
serait possible de reconstituer la I I e Internationale en éliminant les
dirigeants trop compromis. Lénine et Trotsky considèrent la II®
comme un cadavre, Kienthal reste sur une position médiane 12e.
Sur le plan de l’Internationale Syndicale aussi, les majoritaires
se livrent à des manœuvres. En juillet 1916, ils réunissent à Leeds
une conférence du « syndicalisme interallié ». Jouhaux en parle
impromptu au Comité Confédéral le 1er mai, trop tard pour que la
minorité puisse se concerter. Bourderon proteste parce que seuls
les majoritaires font le voyage. Merrheim se contenterait d’une abs
tention, mais la Commission Exécutive des Métaux vote une protes
tation. Nous ignorons quelle tactique de détail préconise Rosmer,
mais il repousse cette tentative de résurrection de lTntemationale
Syndicale au profit des alliés 129. Il en est venu peu à peu à ne
plus reconnaître d’autre organisation internationale que la Commis
sion Internationale issue de Zimmerwald.
L ’éclatement de la révolution russe vient changer les situations.
Eclatement largement imprévu, dit Rosm er130 : on savait depuis
1870 que la révolution suit la guerre mais on ne croyait pas la
révolution si proche. L e groupe de Naché Slovo qui s’apprête à
rentrer en Russie convoque la dernière réunion commune au siège
de la Fédération des Métaux et se dit persuadé que les alliés vont
soutenir la contre-révolution : il demande de mobiliser le prolétariat
français pour la défense de la révolution russe 1S1. L e tract du
CRRI, La révolution l'usse et le devoir socialiste que Rolland attri
bue à L o r io t132 affirme :
« Il est de notre devoir et de notre intérêt de se ranger à côté en
138. Helphland (dit Parvus, 1867-1924) est l'une des figures les plus
contrastées du mouvement révolutionnaire du début du siècle. Sans cesse
à cheval entre lès partis russe; et allemand, il a participé à la révolution
russe de 1905 et rencontré plusieurs fois Trotsky. A partir de 1900, il se
fixe dans les Balkans puis à Constantinople et, à la faveur des guerres fré
quentes dans la région, il se bâtit une énorme fortune en vendant des
armes. Cette fortune lui permet après-guerre de jouer un rôle dans l'aile
droite du Parti Socialiste allemand, tout en gardant des contacts avec les
communistes.
139. AR. à Monatte, 15-IX-1915.
140. Ibid., 24-VIII-1955.
141. Lettre citée dans MO., II 79-80.
142. MO., I 464.
143. AR. à Monatte, 1955.
144. Conversation avec l’auteur.
zitrimerwald et ses conséquences 161
11
162 alfred rosmer
« Vous devez descendre dans la rue et, là, crier à la face des
classes dirigeantes : « Assez de boucherie ! 150 »
Rosmer défend ce mot d’ordre car il est efficace :
« L e mot d’ordre de paix, entouré de développements qui lui
donnent figure de revendication socialiste, permet le rassemblement
autour des premiers opposants, condition indispensable pour rom
pre l’isolement paralysant181. »
Rosmer n’approuve ni ne désapprouve Lénine dans la question des
crédits et de la participation ministérielle ; ces choses-Ià ne le
regardent pas car il n’est pas socialiste.
Quand la révolution enfin éclate en Russie, il y a de toute évi
dence dans le mouvement qui le pousse vers elle quelque chose de
purement sentimental. Un acte de foi que connaît aussi Monatte
quand il secoue Brupbacher :
« Vous me semblez un peu pessimiste quant au peuple russe. Je
lui crois plus de maturité. C ’est peut-être davantage une foi qu’une
connaissance exacte. Qu’importe, puisque cela aide à vivre 152. »
Foi mais aussi part de «connaissance exacte». Malgré le blocus, la
censure, les difficultés des communications, les nouvelles de Russie
filtrent jusqu'en France et Rosmer qui a l’habitude de lire entre les
lignes des journaux peut se faire une idée de la situation. Lui-même
nous dit qu’il suit attentivement dans la presse tout ce qui vient de
Russie et cite les articles de John Reed dans Masses d’Eastman ” 3.
En 1919, il étudie L ’Etat et la, révolution de Lénine 1M, C'est, dit-il,
une révélation pour les syndicalistes et les anarchistes : les marxis
tes qu'ils connaissaient ne leur avaient jamais parlé un tel langage.
Les brochures du C R R I — Pour l’action (trois documents) — le
texte du journaliste Arthur Ransome — Pour la Russie, lettre à
l’Am érique — qu'il traduit106 et publie comme 5° Lettre aux abon
nés... sont postérieurs à la révolution bolchevique. Ils affirment que
les bolcheviks ont rallié les soldats et les paysans, que les capita
listes combattront la révolution en fermant les fabriques et que les
ouvriers devront prendre en mains la production, qu’une générali
sation de la révolution prolétarienne permettra la paix des peuples.
D e plus, les très nombreux révolutionnaires et ressortissants russes
qui sont en France, mènent dès le début de la guerre, et plus
encore après 1917, une intense activité de propagande dont témoi
gnent les archives de police 156 et ils sont bien renseignés. Outre ces
Elle obtient 2 586 000 voix contre 1876 000. Toutes les séances
du congrès tournent à l’avantage des révolutionnaires : Henderson,
leader du Labour qui n'a qu'antipathie pour la révolution russe et
Thomas ne peuvent parler, les délégués acclament les noms de
Lénine et de Trotsky, chantent le Drapeau Rouge £01,
L ’exemple de Glasgow n’est malheureusement pas suivi à Lyon.
L e congrès s’ouvre le 15 septembre et les comptes rendus de Rosmer
dans la VO privilégient naturellement les interventions des minori
taires, surtout celles de Momnousseau et de Monatte.
Monatte reprend à l’adresse de la direction confédérale la phrase
de Renan dans La V ie de Jésus, phrase qui concerne Judas :
« Trop souvent l’administrateur tue l’apôtre 202. »
En vain.
Pourquoi cet échec ? Il y a tout d’abord une série de faits qui
concernent la pénétration des idées minoritaires mais que Rosmer
ne mentionne pas. D ’abord la VO n’a que six mois d’existence, ce
qui est peu. Ensuite son démarrage est fort lent. En juillet 203 elle
annonce 1 100 abonnés et avoue sa déception : on pensait attein
dre rapidement les 5 000. La vente au numéro est faible ; on envi
sage, si la situation ne s’améliore pas rapidement, d’en revenir à
la formule de la revue. Solution qui tente assez Rosmer et Monatte
qui regrettent la revue. Mais Lemoine (chemins de fer), Vergeat,
Momnousseau font une « vilaine grimace » et Loriot « leva tout à
fait les bras en l’air » . Les chiffres d’abonnés continuent à monter,
mais lentement. Fin décembre 1919, ils sont 1 850 et on doit songer
à imiter L ’Humanité et à soutenir le journal en ouvrant une sous
cription 204. Fin janvier 1920, 1 960 abonnés ; début février, 2 001 ;
fin février, 2 912 ; le 23 avril, 3 734 ; le 9 mai, 4 004. L a croissance
est indéniable mais plus lente que prévue. La police qui, en juillet,
évalue à 20 000 la diffusion globale de la V O , ne pense pas que le
journal puisse tenir et faire des dépenses (locaux, téléphone, 2 em
ployés à plein temps) sans un appui financier, au moins modeste de
l'Internationale Communiste 205. Tout ceci ne semble pas renforcer
l’hypothèse d’une pénétration rapide des idées minoritaires dans une
classe ouvrière galvanisée par la révolution russe. Quant à Rosmer,
il ne met en cause que le manque de moyens- Les majoritaires ont
toutes les facilités que procure l’appareil, mais la minorité en est
réduite aux improvisations. Monatte fait une description saisissante
de cette situation :
« Nos moyens étaient réduits. Pour économiser les frais d’hôtel
lors du congrès confédéral de Lyon, [...] avec Rosmer et Martinet,
201. AR., VO., 17-IX-1919.
202. C.-R. du congrès de la CGT... à Lyon, p. 114.
203. VO., 9-VII-1919, « Entre Nous ». Tous les chiffres de tirage sont
régulièrement donnés, dans la rubrique a. Entre Nous ».
204. AR. à Monatte, 14-XII-1919.
205. AN. F7. 13 090. Note du 24-VIII-1920.
172 alfred rosmer
12
178 alfred rosmer
émigré, est membre du Comité Central depuis 1917 et est l’un des théo
riciens du Parti. Depuis Brest-Litovsk, il anime son aile gauche. En 1923,
il se fait le défenseur d’une prolongation de la NEP, devenant ainsi le
chef de file de la droite. Il s’allie à Staline contre l’opposition trotskyste
et contre l’Opposition Unifiée. Il est exécuté en 1938, à l’issue du deu
xième procès de Moscou.
68. Archives Rosmer, Fragments sur Trotsky.
69. Moscou, 135.
70. Ibid., 137.
71. Moscou, 136 et suiv.
premiers contacts à moscou 189
13
194 alfred rosmer
99. Ibid.
100. Moscou, 167 et suiv. Voir également L. S c h a p i r o , op. cit., p.
246 ainsi que P. Broué, op. cit., p. 149 et suiv.
101. Et dit, mais deux ans plus tard (Humanité, 9-1-1923).
premiers contacts à moscou 195
ceaux, au prix des plus hauts sacrifices. Tout cela, chacun le sent
obscurément, même l’ancienne bourgeoisie. Mais on ne le comprend
tout à fait qu’à la condition de se donner, d’abord, pleinement et
sans réserves à la révolution 106. »
Les usines restent handicapées par les destructions de guerre et
le manque de pièces de rechange 107. La famine, accompagnée de
typhus, qui avait repris à l’automne précédent, dure jusqu’à la
soudure. Les articles de Marguerite Rosmer en font de saisissantes
descriptions. Dans la région de la Volga, le tiers des habitants
est mort au 31 décembre 1921, un tiers est en train de mourir.
On abandonne les enfants à la porte des maisons de secours, la
population se déplace à la recherche de vivres et les routes sont
jonchées de morts. On mange les cadavres. En avril 1922, la famine
touche 50 millions d'hommes. En juin,
« [...] C ’est le cauchemar habituel des gares dans les régions
affamées ; le temps est très beau, il fait chaud, mais nous sommes
enfermés dans notre wagon avec les vitres baissées et les portes
bien closes. Malgré cela, nous entendons monter l’étemelle plainte
des petits enfants qui tournent autour du wagon et pleurent leur
faim : « Diadinfca [petit oncle], s’il vous plaît, donnez-nous... »
Certains modulent cela très doucement pendant dix minutes, un
quart d’heure, sans arrêt et se laissent tomber quand ils n’en
peuvent plus ; d’autres concentrent leurs forces et crient très fort
et souvent ; leur petite voix s’exaspère et monte de plus en plus,
vous glaçant jusqu’aux moelles, puis ils s’arrêtent subitement et
partent se coucher n’importe où, quelquefois pour ne plus se rele
ver Ios... »
1. AN. F7. 13 506 et 507 renferment des rapports très détaillés sur ce
groupe et sur ses réunions. Outre le témoignage de Marcel Body, « Les
groupes communistes français de Russie (1918-1921) », dans Contribu
tions à Vhistoire du Komintern, pp. 39-66 et les livres de S a d c w l , on
pourra consulter l’article cité d’A. K r i e g e l et G. H a u p t .
2. Jeanne Labourbe, fusillée par les troupes d’intervention françaises
en mars 1919 en a fait partie.
3. Archives Romain Rolland, cahier cité et AR., Moscou, 96 et suiv.
200 alfred rosmer
son jugement est très favorable : gros travailleur qui sait parfai
tement le russe, il rend d’énormes services, mène une vie modeste,
ne demande jamais de faveurs et, si ses amis n’y veillaient, il
vivrait dans le dénuement. Sur Marchand, l’opinion de Rosmer est
bonne, mais les relations des deux hommes sont plus distantes.
Sadoul et Guilbeaux ont une certaine importance politique puis
qu'ils siègent au Comité Exécutif de 1TC. L e premier est jugé
vaniteux, ambitieux. C ’est un rallié de circonstance et, à la Com
mission des Mandats qui précède le congrès, Rosmer insiste pour
qu’il n’ait que voix consultative. Guilbeaux vient du pacifisme roîlan-
diste et ce sont les bolcheviks qui l’ont converti en Suisse. Avant
tout c’est un écrivain et Rolland, en froid avec Guilbeaux, rapporte
complaisamment les paroles de Rosmer :
« [...] Un littérateur qui n’est point fait pour le labeur ingrat
cl nécessaire d’une reconstruction sociale ; il n’est bon que pour
manier la bombe... par écrit. »
Guilbeaux garde quelque intérêt en souvenir des services rendus
en Suisse et parce qu’il est brouillé avec Zinoviev et avec Radek.
Quand il s’agira de lui donner un mandat, Rosmer penche pour
le mandat délibératif. Vainement. Nous avons vu que Radek impose
le mandat consultatif. Les nouveaux venus, Cachin et Frossard,
envoyés en mission d’observation par le Parti Socialiste Français
après son congrès à Strasbourg ont comparu devant le comité
central du PC (URSS) avant l’arrivée de Rosmer. Boukharine leur
a reproché vertement leur attitude du temps de guerre et le Hol
landais Wijnkoop ne cesse de protester contre leur présence à
Moscou 4. A la Commission des Mandats, Rosmer affirme impossible
de bâtir un véritable parti communiste avec des Cachin et des
Frossard qui ont « ... abandonné le socialisme et trahi les ouvriers
aux heures critiques de la guerre » et ne se sont ressaisis que
pour rester à la tête du Parti Socialiste 5. Au congrès, ils n’auront
que voix consultative.
L e seul des Français qui soit vraiment mandaté par une orga
nisation adhérente de la I I I e Internationale, le Comité de la I I I e,
est donc Rosmer. Puis arrivent Vergeat, Lepetit et Lefebvre, man
datés eux aussi par le Comité de la I I P et qui représentent fort
bien les courants d'opinion qui existent dans le mouvement ouvrier'
français 6.
Rosmer, mandaté au même titre que les trois et par le même
organisme qu’eux, joue un rôle infiniment plus important à Moscou,
d’abord parce qu'il est exactement dans la ligne définie par Lénine,
ensuite parce qu’il peut se reposer sur la vieille amitié de Trotsky.
Sadoul en a été frappé et lui dit à son arrivée :
« Comment se fait-il que vous soyez devenu tellement ami avec
Trotsky ? Il parle toujours de vous et de vos camarades syndicalistes
avec chaleur 7... »
Trotsky a initié Rosmer au bolchévisme, Rosmer a expliqué le
syndicalisme révolutionnaire à Trotsky. Dans M a V ie ", Trotsky
affirme que Rosmer était plus proche du marxisme que les gues
distes. Quant à Rosmer il dit avoir prouvé à Trotsky que le syndi-
calisme-révolutionnaire est différent de la caricature qu’en a fait
Sorel. Trotsky est d’ailleurs facile à convaincre, le syndicalisme-
révolutionnaire lui paraissait dès l’avant-guerre une réaction saine
contre les outrances du parlementarisme et de l'opportunisme \
Pour ce qui est de la grève générale, il en a dirigé une en 1905
et sait de quoi il s’agit. Rosmer est persuadé qu’il a montré à
Trotsky le vrai visage du syndicalisme-révolutionnaire et Ta partiel
lement convaincu :
« II avait sur nous une notable partie d’idées fausses [...]. Aujour
d'hui, il nous apprécie et nous connaît mieux. »
Trotsky, de Moscou, continue à suivre les affaires de France et
il lui suffit pour cela de jeter de temps à autre un coup d’œil
sur une liasse de journaux parce qu’il a bien connu les hommes
et peut ainsi ju g e r 10. Sans doute, Rosmer, tout au long de son
séjour, peut compter sur l ’appui de Trotsky. Dès son arrivée, il
est admis au Comité Exécutif de l’IC , il est membre de la Com
mission des Mandats du I I e Congrès. II est aussi membre du bureau
du congrès et reste à Moscou comme représentant permanent de
la France auprès de TIC. Il représente aussi la Belgique et la Suisse
qui n’ont pu laisser quelqu’un sur place “ . Il figure au Comité
Exécutif jusqu’en juin 1921. Quand le PSF adhère à 1TC en décem
bre 1920, il entre au « Petit Bureau » qui prépare les discussions
du Comité Exécutif et qui ne compte que quatre autres membres :
Zinoviev, Radek, Boukharine et Bela Kun 12.
7. Moscou, 60.
8. P. 255.
9. Archives Monatte, AR. à Monatte, 5-VIII-1915.
10. Moscou, 64-65.
11. Moscou, 121.
12. Bela Kun (1886-1939), membre de l’aile gauche du PS Hongrois,
prend contact avec les bolcheviks pendant sa captivité en Russie pendant
la première guerre mondiale. Membre du PC URSS en 1917, il en dirige
le groupe hongrois et préside en 1918 la Fédération Internationale des
prisonniers de guerre. Il mène la révolution hongroise, mais doit fuir la
contre-révolution. Jusqu’en 1936, il reste membre du Comité Exécutif
202 alfred rosmer
« Toute tactique qui n'est pas basée sur cela est fausse, et mène
le prolétariat à d’immenses défaites 31. »
L e prix que les masses prolétariennes auront à payer pour le u r
révolution est plus élevé encore en Occident qu'en Russie. Pour
vaincre dans cette solitude, il faut être bien armé, avoir les meilleures
armes possibles. C'est à ce point de son raisonnement que Gorter
passe à la réfutation de détail des conseils tactiques de Lénine.
Discipline de fer ? Obéissance absohie aux chefs ? Oui. Mais à
quels chefs ? Certainement pas à ceux qui sont à la tête du mou
vement ouvrier occidental :
« [...] Nous avons encore en Europe occidentale, dans beaucoup
de pays encore, des chefs comme il y en avait dans la IX0 Inter
nationale, nous sommes encore à la recherche de chefs véritables
qui ne cherchent pas à dominer les masses et ne les trahissent
pas, et, aussi longtemps que nous ne les aurons pas, nous voulons
que tout se fasse de bas en haut, et par la dictature des masses
elles-mêmes °2. »
Aussi longtemps que ces chefs idéaux n’auront pas été trouvés,
le bavardage de Lénine sur la discipline de fer ne peut que pro
fiter aux éléments opportunistes infiltrés aux postes de commande
de la I I P Internationale. La discipline de fer leur permet de
conserver leurs postes à la tête des organisations et d’étouffer les
mécontentements de la base.
D e même, puisque le prolétariat occidental devra tout faire
par lui-même, par son action directe, il ne doit pas tomber dans
le piège des élections et du parlementarisme. Lénine croit à la
possibilité d’utiliser révolutionnairement la tribune parlementaire,
de jouer sur les rivalités entre partis bourgeois. Mais l’avantage
est illusoire : les masses ne suivent pas les débats parlementaires
et les divisions entre partis bourgeois sont insignifiantes car ils
sont tous unis contre la révolution. Ces divisions étaient déjà
« de la blague » avant 1917, c’est encore plus vrai après. En échange,
le parlementarisme présente de multiples inconvénients. II met ou
remet en selle quelques beaux parleurs qui se donnent des allures
de chefs, il démobilise une partie des masses en les habituant à
se contenter de discours. Gorter admet que les Russes ont pu,
en leur temps, utiliser le parlement. Mais il rejette toute action
parlementariste dans le cadre occidental. Les masses doivent se
débarrasser de ce mirage d’autant plus radicalement qu’il est plus
enraciné dans la mentalité populaire. A cet égard, il considère
comme particulièrement digne d’exemple la campagne de démys
tification menée par les communistes anglais dans leur pays, berceau
et symbole du régime parlementaire.
Maintenant que nous avons pu, par l'examen des textes contem
porains de l'événement, nous fixer sur sa position, nous pouvons
utiliser son témoignage de 1953. Ce témoignage concorde en tous
points à 33 ans de distance : quelques mots sur le danger gau
chiste, un ample développement sur le danger opportuniste. Il se
rappelle avoir relevé la phrase de Lénine sur les manœuvres néces
saires et la cite ainsi :
« Il faut savoir résister à tout cela, consentir à tous les sacri
fices, user même — en cas de nécessité — de tous les stratagèmes,
user de ruse, adopter des procédés illégaux, se taire parfois, celer
parfois la vérité 3T... »
L a plupart des délégués au I I e congrès, dit-il, tous pleins des sou
venirs rie la hitte très dnr^ outils mènent contre des chefs réfor
mistes ne reculant devant aucun procédé, ne font guère attention
à cette phrase. Mais lui et le Belge van Overstraeten33 craignent
que les professionnels de la manœuvre ne l’utilisent. Il ne croit pas
possible d’éliminer les tares de la social-démocratie par la seule
vertu de conditions qu’il y en ait 21 ou plus. A son arrivée, on
lui a fait lire ces conditions et il a pris immédiatement le contre-
pied de l’optimisme général. Rajoutons-en d’autres lui propose-t-on.
Cela ne servirait à rien ! Les vieux routiers, les émules de Briand
ont « [...] plus de tours dans leur sac que les Russes soupçonneux
n’en pouvaient imaginer... ». Quant au parlementarisme, s’il veut
bien admettre que Liebknecht en Allemagne et Hoglund en Suède
ont utilisé la tribune parlementaire à des fins révolutionnaires, il ne
croit pas la chose possible en France, il ne dit mot des résultats
obtenus par la fraction parlementaire bolchevik. Son scepticisme
est net.
L e II® congrès de l’IC frappe l’opportunisme et le gauchisme
mais le second plus que le premier. L a droite du P S I (Turati,
T rê v e s 30) est condamnée au profit du groupe Ordine Nuovo de
Gramsci et Tasca40 qui reçoit l’investiture. Mais les gauchistes
14
210 alfred rosmer
84. Conseil International des Syndicats Rouges..., op. cit. Sur la crois
sance de la CGT française, voir A. K r i e g e l , La croissance de la CGT...
85. CISR., op. cit., pp. 7-8.
86. Ibid. On y trouvera les éléments de l'historique que nous avons ten
té de dresser.
87. A. A. Purcell est syndiqué depuis 1891, il a organisé des syndicats
dans l’ameublement. En 1919, il a été élu au conseil général des Trade-
Unions. Député en 1923, il préside en 1924 le Trade-Union Congress et la
délégation des syndicats anglais en Russie.
220 alfred rosmer
d ’A m ie n s , ni le s c o n jo n c t u r e s h is t o r iq u e s o ù le m o t d ’o r d r e de
« neutralité d e s s y n d ic a t s » à l’ é g a r d d e s p a rt is p o li t iq u e s a été
p r o c la m é . En ré a lité , la n e u t r a lit é n ’a ja m a is e x is té 101. »
15
226 alfred rosmer
119. P. 27.
120. Lettre à Monatte citée.
121. The first congress... pp. 28-29.
230 alfred rosmer
1. VO., 28-X-1921.
2. Archives Humbert-Droz, Souvarine à H-D, 25-IX-1920.
3. Moscou, 179.
240 alfred rosmer
16
242 alfred rosmer
30. L C 5-V-1922.
250 alfred rosmer
sèment est forte soit vers une Internationale Syndicaliste, soit vers
une Internationale Anarcho-Syndicaliste. Mais il est évident que
les syndicalistes-communistes qui n’ont déjà pu empêcher la scission
avec leurs seules forces ne peuvent empêcher ce glissement. Il
devient urgent de trouver des alliés. Les seuls qui s’offrent, ce
sont les syndicalistes-révolutionnaires anti-scissionnistes du groupe
Monatte. L ’accord se fera au prix d’un nouveau compromis dans
la question des rapports parti-syndicats.
Des premières négociations entre les deux groupes, facilitées
par la vieille amitié de Rosmer et de Monatte, nous n’avons pas
gardé trace. Mais dès janvier 1922, nous avons un texte, une lettre
de Losovsky à Monatte 31. Losovsky explique que les syndicalistes-
révolutionnaires ont fait alliance avec les anarchistes pour le contrôle
de la C G TU , mais qu’ils ont été débordés par le mot d’ordre anar
chiste ( « N i Amsterdam, ni Moscou »). Or ils savent bien que les
anarchistes sont incapables de faire vivre une organisation de
quelque importance. Pour rendre vivace la nouvelle centrale, il
faut faire bloc avec les syndicalistes-communistes : refaire l’union
dont est née l’ISR.
C’est exactement la politique de Rosmer. Il affirme tout d’abord
que rien ne sert, comme l’y invite Chambelland32, de cacher la
lutte des tendances dans la nouvelle organisation. Au contraire, il
faut crever les abcès pour clarifier une situation française trop
confuse 33. Ensuite, il expose ses idées dans son organe de tendance
tout en se rapprochant du groupe Monatte.
C ’est le 5 mai 1922 que paraît le premier numéro de La Lutte
de Classes qu’il dirige. La Rédaction affirme dès l’abord 34 que le
regroupement s’est, dans l’ensemble, fait de façon favorable à la
C G TU , mais qu’il ne faut pas perdre de vue l’affirmation unitaire.
Sur les rapports parti-syndicat, Rosmer a déjà expliqué sa position
maintes fois et notamment au premier Comité Confédéral des uni
taires qui a immédiatement suivi le congrès. Faisant de nouveau
le compte rendu du congrès de l’ISR, il a rappelé que l’idéal reste
bien une organisation unique, politique et syndicale, des révolu
tionnaires, il a défendu la création de l’ISR et le compromis élaboré
par celle-ci, en faisant remarquer que ce compromis, position de
principe, supportait des aménagements nationaux 3S. En mai 1922
il explique comment la France pourrait résoudre concrètement la
question. L e mot de subordination est un mot « absurde » car il
ne s’agit pas de savoir si l’une des deux organisations doit l’emporter
C’est dire on ne peut plus clairement que les délégués qui sont
communistes, après s’être battus pour l'amélioration du texte de
Monmousseau, devront s'y rallier pour faire échec à Besnard. Puis
qu’ils disposent de 300 mandats assurés, ils déposeront une motion
d’adhésion sans réserve à l'ISR. C’est Rosmer qui est chargé de
la rédiger. Puis ils se rallieront à la motion Monmousseau. En
fait, Rosmer néglige de rédiger cette motion. « Je ne sais pour
quelle raison », s’étonne Humbert-Drozso. Nous le savons : il ne
veut absolument pas envenimer les rapports avec le groupe Monatte.
Remarquons au passage qu’il en prend à son aise avec la discipline !
Frossard achève par un rappel discret des règles de la discipline :
« la qualité de communiste impose le devoir d'agir partout en
communiste ». Après son discours on organise le travail des délégués
communistes. On nomme aussi une commission qui n'est pas « une
tchéka de congrès », qui n’a pas pour but de surveiller les commu
nistes, mais qui doit
« [...] Se tenir en liaison avec eux et principalement avec les ora
teurs pour coordonner le travail et envisager les attitudes à prendre
par la tendance au cours des débats 51 ».
17
258 alfred rosmer
82. Boris Lifchitz, dit Souvarine qui a alors 28 ans est né à Kiev et est
naturalisé français. Membre du PS, mobilisé pendant la guerre, d’abord
minoritaire longuettiste, il va au CRRI et au Comité de la 3e dont il devient
lun des dirigeants. En 1920, il a fait partie des emprisonnés du «com
plot D.
83. Archives Rappoport, Souvarine au CD du PCF, Moscou, 28-IX-1921.
264 alfred rosmer
18
4
1. Humanité, 18-1-1923.
276 alfred rosmer
ce qui est fort bien dans une revue, mais mortel dans un grand quo
tidien de Paris 2. »
L e partage des sièges dans les organismes dirigeants du Parti
se fait selon les lignes acceptées à Moscou. Au Comité Directeur
entrent 10 membres du Centre avec 2 suppléants, 9 de la Gauche
avec 2 suppléants, 4 de la tendance Renoult avec 2 suppléants, et
Renaud Jean. Au Bureau Politique, siègent Sellier3, Cachin,
Marrane * pour le Centre, Rosmer, Treint, Souvarine pour la Gau
che, W erth pour la tendance Renoult.
En fait cette répartition quasi égale des places avec arbitrage
possible par les petites tendances Renoult et Renaud Jean ne donne
pas une image réelle du rapport des forces. D ’une part le véritable
arbitrage est rendu par les représentants de l’IC qui séjournent en
France, Humbert-Droz notamment. D ’autre part le Centre s'euiiLe.
Les échecs successifs, les éliminations, les départs l'affaiblissent sans
cesse. Les « lâchages » créent des querelles personnelles : Cachin
a « lâché » les amis de Frossard et Frossard semble bien près de s’y
résigner. Mais son entourage fait pression sur lui et il démissionne
en janvier. Rosmer, on s’en doute, ne le regrette pas. Frossard,
T « équilibriste qui vient de rater sa pirouette » , était pour lui le
type même du politicien, flairant le vent, dressant les groupes les
uns contre les autres, manœuvrant les militants3. Son départ en
entraîne toute une série d’autres ; il a, selon l ’expression imagée
de Zinoviev,
« [...] Produit l’effet d’un emplâtre qui a résorbé tout ce qu’il y
avait de mauvais et de malade dans le Parti 6. »
Bref, très rapidement, le Centre, affaibli numériquement et psycho
logiquement, n’existe plus guère en tant que tendance. Treint le
dira en avril 1924 : « Les camarades de l’ancien Centre se sont
assimilés » 7.
Comme ce ne sont pas les petites tendances qui peuvent gouver
ner le Parti, la Gauche, renforcée par l’effacement de ses adver
saires, est donc vraiment au pouvoir.
Elle se renforce numériquement quand, en avril-mai, les élé
ments syndicalistes se décident à adhérer au Parti qui leur semble
maintenant purifié. Ils ne se décident pas sans mal. Humbert-Droz
43. Ibid. On sait que les communistes allemands tentent une série de
mouvements à partir de septembre 1923 et qu’en octobre des g o u v e r n e
ments ouvriers se forment en Saxe et en Thuringe tandis que l'agitation
gagne. L ’armée dépose les gouvernements de Saxe et de Thuringe et
réprime la grève insurrectionnelle d’Hambourg.
44. Humanité, 28-ÏX-1923.
45. Ibid., 10-1-1924.
46. Humanité, ll-IX-1923.
défaite devant les zinoviévistes 285
D e plus, couve entre les deux hommes une querelle qui date de
la discussion sur le Front Unique et Treint s'en souvient encore 62.
Il avait parlé de « volaille à plumer » et Rosmer le lui avait reproché
jusque devant TIC. Sur ce point Treint réaffirme d’ailleurs la jus
tesse de sa position. Son expression était d’usage interne, elle per
mettait de prouver aux membres du Parti que le Front Unique
n’était pas un opportunisme. Il ajoute qu’à l’usage externe elle
n'était pas si mauvaise :
« Il est facile d’expliquer aux ouvriers, même devant les chefs
réformistes que les chefs qui ne serviront pas jusqu’au bout le
prolétariat perdront des plumes dans l’action ouvrière commune 63. »
En 1924, voilà Treint contesté sur le plan des méthodes de
travail et en passe, s’il perd I’»ppnî de VïÔ. de perdre du même
coup la direction du PCF. Pour se maintenir, il ne dispose que
d’une solution : politiser le problème. Il choisit de soutenir à fond
le clan au pouvoir à Moscou et d’affirmer que ses adversaires
ont partie liée avec Trotsky, qu’ils préconisent les mêmes solutions
que lu i64. Après avoir affirmé qu’il est à l’origine de la ligne suivie
par ITC, que son groupe « affirma dès l’abord la ligne politique
qui fut ensuite proclamée comme juste par lTntem ationale05 »,
Treint soutient que ses amis et lui représentent la fraction française
de la Gauche Internationale et dénonce Rosmer, Monatte et Souva
rine comme les représentants français de la Droite internationale.
Il va de soi que ces derniers n’admettent pas cette classification.
S’il y a une Gauche quelque part, dit Rosmer, c’est celle qu’il
forme avec Monatte et Souvarine. Les zinoviévistes sont des droi
tiers qui s’appuient sur les débris du Centre. Monatte approuve :
« Treint a dû prendre sa Gauche pour sa Droite 66. » Ils rejettent
la « géographie des tendances » qu’a inventée Treint, se proclament
« Gauche ouvrière » et qualifient Treint et Suzanne Girault de
« néophytes du prétendu bolchevisme français 67», de « soi-disant
gauche léniniste 08 ».
Entre les deux groupes, la bataille politique fait bientôt rage.
En mars 24 6% Treint affirme que les désaccords existaient dans
la direction du Parti depuis 1923 et qu’ils portaient sur neuf points :
la Ruhr, la rivalité impérialiste anglo-française, la situation en A lle
magne, la victoire électorale du Labour, le bloc oppositionnel russe,
le Front Unique, le développement du Parti et les rapports avec
réformistes. En novembre 75„ ils n’ont pas changé d’avis. Ils rejettent
alors toute accusation de « trotskysme ». Ils ne peuvent juger les
textes récents de Trotsky (Discours aux vétérinaires, nouvelle pré
face à son 1917) car ces textes n’ont pas été publiés. Qu’on publie
et qu’on étudie les textes avant d’en discuter ! Ce dont ils sont
certains — jusqu'à preuve du contraire — , c’est que Trotsky a
toujours été léniniste, ils se refusent donc à le condamner sur
des bruits. Tout au long de l’année, ils ne cessent de prêcher
l'unité dans le PC URSS et dans 1TC. Dans un des derniers textes
qu’ils ont pu faire voter par le Comité D irecteurTs, la motion
Souvarine (votée le 19 février à l’unanimité moins 3), Rosmer et
ses amis soutiennent :
« [...] Après l’expulsion des groupes « Vérité Ouvrière » et
< Groupe Ouvrier » 7\ le Parti russe est épuré de toute fraction
inassimilable et [...] les tendances variées qui se sont exprimées
au cours de novembre-décembre-janvier sont toutes inspirées du
souci de faciliter la réalisation de la tâche historique du Parti du
prolétariat et animées d’un égal désir de travailler à la grandeur
du Parti et au triomphe de la révolution russe et mondiale. »
Tous les camarades russes qui actuellement s'opposent ont été des
« artisans valeureux » de la révolution et de l’Internationale, leurs
luttes de fractions doivent cesser, ils doivent s’unir à nouveau.
Si le conflit du Parti russe persiste, 1TC aura à en débattre,
1TC rendant, ainsi â sa section russe le service qu’elle a déjà
rendu à d’autres sections en difficulté 7\ Notons qu’une telle procé
dure avait un précédent : l’Opposition Ouvrière avait fait appel
devant FIC. Dès janvier 1924, d’ailleurs, dans une interview publiée
par U H u m a n ité 79, Staline coupe court aux spéculations sur cet
éventuel arbitrage de l’IC :
« L e correspondant de R osta80 ayant demandé s’il est possible
que les questions internes du Parti soient examinées par l’IC, le
Secrétaire Général du Parti répondit que c'était possible mais pas
L
292 alfred rosmer
probable, car tout laisse supposer que l’IC, si elle intervient, £exa
sienne l’attitude du Comité Central et de l’immense majorité du
Parti. »
Logiquement, le groupe Rosmer refuse bien des aspects de la
bolchevisation : les règlements de comptes et la rigidité zinovieviste.
Rosmer souligne que Lénine au IV e congrès de l’IC, avait condamné
la résolution sur l’organisation des P C qui avait été adoptée par
le I I I e congrès Il la trouvait trop exclusivement russe, incapable
de convenir aux classes ouvrières des autres pays. L a forme que
Treint et S. Girault donnent à la bolchevisation en France lui
semble plus insupportable encore. Comme dit Monatte, ils pra
tiquent le « centralisme mécanique 82 », l’étouffement autocratique
puisque la tête veut interdire aux membres toute pensée autonome.
Les membres du Comité Directeur eux-mêmes apprennent en lisant
L.’Humanité qu’un congrès est prévu pour janvier 1925 83. Rosmer
et ses amis ne font plus allusion à Treint qu’en parlant du « capo
ral » ou du « capitaine », allusion à ses aventures de guerre et
d’après-guerre, et affirment : « une mentalité de chambrée se crée
et des mœurs de sous-off s’installent». Ils dénoncent le dévelop
pement d’une bureaucratie du Parti qui « bientôt [...] fera la pige
à celle de l’état français ». En avril, Marguerite Rosmer écrit à
Humbert-Droz :
« [...] Nous sommes mal engagés et dévorés par les fonctionnaires
qui sortent de tous les côtés, qui sont pour la grande majorité
incapables, dépourvus de sens politique et qui se rangent toujours
du côté du plus fort pour ne pas lâcher le fromage es. »
Les mœurs bureaucratiques et les manœuvres se répandent. Comme,
au V 6 congrès de l’IC , Jerram a pris des positions qui ont déplu
à Treint, on envoie quelqu’un dans le Nord où il est secrétaire
fédéral pour lutter contre son influence s\ Delagarde, membre du
secrétariat du PC, est d’accord avec Rosmer. Quand il est candidat
au secrétariat du syndicat C G T U des métallurgistes de la région
parisienne, des membres du Parti font campagne contre l u i87. Mai-
rane lui affirme la nécessité de combattre les opposants car il
vaut mieux avoir un sans-parti à la tête d’un syndicat qu’un commu
niste d’opposition, il ajoute de la « pommade » et Delagarde con
clut :
« J'ai senti que je n’avais qu’à renier ce que je croyais être juste
et immédiatement je rentrais en. grâce et l’on m'offrait les postes
que j’aurais désiré. »
Puis Poussel, secrétaire de la Fédération C G T U des Métaux, lui
téléphone à son tour pour essayer d’arranger les choses. A vec des
méthodes pareilles, pensent Rosmer et ses amis « ce n’est pas une
c o h o r t e de fer que l’on forme, mais un régiment de limaces ».
Alors que l’hétérogénéité du Parti rendait difficile la fusion et l’unifi
cation de ses membres, surtout dans une période non-révolution
naire, comme l'année 1924, une infinie patience aurait été néces
saire pour faire la fusion. Treint gâche tout en voulant tout brus
quer.
Les considérations de Treint sur les Droites internationales alle-
iiiüiiûc ce ixânçcuSc ne sont que divagations.
Mêmes oppositions sur la question anglaise. Rosmer a toujours
suivi de près les problèmes anglais, il a écrit de nombreux articles
sur l’Angleterre 8S, il est, sur cette question, le porte-parole de son
groupe. Dès mars 1923, il a prévu une victoire électorale du Labour.
Avec Losovsky et les zinovievistes, il est pleinement d’accord sur
trois points : la victoire du Labour donne un sursis à la bourgeoisie
anglaise, les chefs travaillistes ne méritent pas qu’on leur fasse
confiance, le Labour ne doit pas être ménagé. Il est persuadé qu’un
intermède travailliste épargne à la bourgeoisie anglaise une révo
lution prolétarienne immédiate, lui permet de souffler et de réparer
ses forces. Les chefs travaillistes sont de vrais traîtres ou d’hon
nêtes incapables qui ne connaissent que la manœuvre parlementaire
et craignent la violence révolutionnaire. Il faut parler franc au
Labour et la Lettre Ouverte de Rosmer ne s’en prive pas :
« N ’oubliez pas, écrit-il [...], que c’est en partie de la désillusion
provoquée dans la classe ouvrière italienne par l ’impuissance et la
faillite des partis socialistes réformistes, qu’ est né le fascisme san
glant. ■»
En aucune façon, on ne pratiquera une quelconque « manière
douce » avec les travaillistes, on exigera clairement d’eux l’appli
cation de leur propre programme, surtout en matière coloniale et
sociale. Mais Rosmer pense que Losovsky et ceux qui le suivent
dans le P C F pèchent par simplisme excessif. Il ne peut apprécier
cette série de caricatures que publie U H um anité du 15 mars 1924.
Un ouvrier français s’y fait interpeller : « Ça y est, nos amis tra
vaillistes prennent le pouvoir en Angleterre. Vous allez voir ce que
20
306 alfred rosmer
publie Die Rote Fahne. Après l’exclusion de Lévi, il dirige avec Brandler
le PC allemand. Victime de la bolchevisation, il rejoindra l’Opposition
Unifiée. Exclu en 1929, il est, avec Brandler toujours, l’un des dirigeants
de l’Opposition du Parti Communiste.
136. CB., 20-XII-1924. Bapport moral..., cit.
137. R o s m e r ..., Lettre..., op. cit.
138. Rosmer, Monatte, Delagarde, 29 p.
III
3. Humanité, l-XII-1924.
4. Le 7-XII-1924.
5. RP., 1-1925, 2* Lettre aux membres du PC.
la révolution prolétarienne 311
6. CB., 12-XII-1924.
7. Ibid.
la révolution prolétarienne 313
direction hom ogène8. Les exclusions faites, elle les explique. Dès
le 19 décembre, Borel écrit que Monatte est resté un « syndicaliste
pur » , qui n'a jamais adhéré au Parti que de façon formelle, disant,
à peine entré, qu’il en avait «m a r r e ». II a adhéré par élan senti
mental en faveur de la révolution russe. Il ne s’est jamais débarrassé
de ses illusions syndicalistes et des influences petites-bourgeoises. Il
e s t r e s t é membre de la C G T réformiste :
activité militante. Monatte qui n7a pas changé d’avis, répond : Une
Ligue Syndicaliste ?
« Pourquoi faire, grands dieux ? Notre seule ambition c’est
d’essayer de voir clair dans la confusion, dans le brouillard actuel.
[...] Quel besoin y a-t-il d’une Ligue Syndicaliste pour cela ? »
Rosm er n’intervient pas dans la discussion, ce q u i est approuver
im plicitem ent Monatte.
Leur action, c’est donc la RP. Elle donne dans son premier
n u m érola liste des membres du nouveau noyau : les 3 plus Maurice
Chambelland, R. L o u zo n 30, V. Gamery (Bijou), V. Godonnèche,
Albin V iïle v a l3l, D. Antonini, G. Lacoste (Postiers), F. Charbit,
Georges Airelle 32, J. Aufrére 33, L. Marzet. On démarre avec 1 200
francs, c'est ce qui reste de la souscription ouverte pour publier la
Lettre aux membres du P C F . On recueille 23 abonnements de sou-
tin à 100 francs, 7 à 1 000. En janvier 1926, le déficit est comblé,
la situation financière est au n e t #*. Pour évaluer la diffusion, nous
ne disposons que des chiffres avancés par la rédaction. Elle
annonce successivement 500 abonnés (avril 1925), puis 510 (mai),
635 (janvier 1926), 824 (novembre), 900 (avril 1927). L a répartition
géographique des abonnés se répartit comme suit :
Pour mai 1925, noxis avons de plus amples détails. Les départe
ments qui comptent le plus d’abonnés sont les Alpes-Maritimes (15),
21
322 alfred rosmer
!; i •
:: r
la révolution prolétarienne 325
jRjP 1925
65. 2 700 000 voix, représentant 9 % des suffrages contre 3 900 000
voix et 12,6 % des suffrages en mai 1924.
66. RP-, janvier 1925.
la révolution prolétarienne 329
22
338 alfred rosmer
forcer. Elle s’arrête donc dès qu’elle sent que ses critiques dressent
la masse du Parti contre la direction. Enfin, elle craint surtout l’exclu
sion qui serait la mort politique, il lui faut donc rester dans le Parti
à tout prix et, pour cela, reculer à l’occasion. Du côté de la direction,
les choses ne lui paraissent pas plus claires. Elle accumule les fautes
qui la coupent de la masse du Parti, elle élimine les opposants
au jour le jour. Pour Rosmer, ces convulsions difficiles à suivre
viennent de ce que la direction ne parvient pas à mettre sur pied
une véritable direction collective.
Il s’interroge aussi sur le problème de la stratification sociale
en URSS 12°. La NEP, pense-t-il, était un recul justifié, mais un
recul qu’il faut maintenir dans certaines limites, sans revenir sur
les conquêtes révolutionnaires. C’est pourquoi, 1’ « Enrichissez-vous »
de Boukharine 121 qu’il interprète comme une capitulation devant le
koulak, le choque profondément. Ses correspondants en URSS ont
attiré son attention sur la formation de couches sociales privi
légiées. Plutôt que d’utiliser directement leurs témoignages, il se
base sur le discours de Zinoviev au X IV e congrès du PC URSS.
Zinoviev y avoue en effet l’existence de couches sociales urbaines
alliées du koulak : Nepman, nouvelle bourgeoisie, couche supérieure
des spécialistes qui deviennent un élément important dans l’éco
nomie, couche supérieure des 2 millions et demi d’employés, portion
des intellectuels bourgeois. Qu’il y ajoute pour faire bonne mesure
l’entourage capitaliste international ne change rien à l’affaire :
Rosmer considère que Zinoviev avoue lui-même la persistance ou
la naissance de classes privilégiées en URSS. Il relève en outre
qu’il n’a pas voulu de la formule : l’industrie d’Etat, c’est du socia
lisme. Pourquoi donc ?
« A quelle condition, en effet, n’en serait-elle pas ? Sinon à une
seule ; que le pouvoir ne fût plus aux mains des ouvriers, mais
qu’il eût déjà passé à une nouvelle catégorie de privilégiés dont
on ne nous a, jusqu’à présent, rien dit. S’il y a un PC fort de
l’initiative de tous ses membres, des syndicats vivants et agissants,
des soviets conscients de leur rôle d’organes du pouvoir, il est sûr
que l’industrie d’état, c’est du socialisme. »
Si Rosmer poussait sa pensée dans ce sens, il en viendrait donc
à nier toute vie au PC URSS, aux syndicats, aux soviets, à affirmer
que le pouvoir est aux mains d’une nouvelle classe. Il ne le fait
pas mais incrimine le manque d’initiative ouvrière, l’exécution pas
sive des ordres. En fait, dit-il, le PC a trop longtemps négligé les
syndicats. Mais il commence à comprendre son erreur et va y
remédier. Cette cassure dans le développement de sa pensée est
caractéristique. En ce début de 1926, tant de choses le rattachent
encore à la révolution russe que, tout en allant déjà très loin dans
sa critique, il est, sur le fond, beaucoup moins radical que certains
de ses amis. Boris Souvarine, par exemple, ouvre sa série d'articles,
Où va la révolution russe122 ? en affirmant l’hostilité irréductible
e n t r e le prolétariat et la bureaucratie :
« Où va la révolution russe ? Elle peut encore se sauver ou se
perdre, selon que le prolétariat réalise la volonté d’une bureaucratie
stérile ou qu'il veuille la briser pour imposer la sienne 123. »
D'ailleurs les articles de Souvarine s’échelonnent d’août à novembre
et pour Rosmer aussi, la fin de 1926 est le temps des grandes
interrogations sur l’URSS. Après ta X V 0 conférence des dputes
sérieux commencent à l’assaillir I2\ Dans son article de décembre
on retrouve très nettement la trace de la correspondance reçue
d’URSS. Après plusieurs mois d:hésitation, il commence à admettre
la véracité de ce que ses correspondants lui ont affirmé. Il énumère
les « vraies questions » : la N E P mène-t-elle la Russie au néo
capitalisme ou au socialisme ? L a résurrection du koulak est-elle
un mythe ou une réalité ? Où en est l'industrie d'état par rapport
à l’industrie privée ? L a nouvelle bourgeoisie, issue de la N EP,
est-elle contrôlée par le Parti ou, au contraire fait-elle pression
sur le Parti ? Pour y répondre, il se dit mal renseigné : les polé
miques entre dirigeants ne sont guère éclairantes et les informations
que donne R ik o v 121 sont tout juste bonnes pour des pionniers
naïfs. Il n’a plus confiance dans les informations que diffuse la
direction du Parti car elle ne représente plus l'ensemble du Parti.
A cela s’ajoute l’attachement sentimental persistant pour la révo
lution russe :
« On craint toujours de se laisser emporter trop loin par la
critique. Dès qu'une lueur paraît, on la salue [...]• Mais on est tôt
ramené dans la nuit toujours plus sombre. »
Jusqu’à Boukharine, l’homme qui n’avait pourtant pas cessé de
discuter Lénine (en 1918, à propos de Brest-Litovsk ; en 1920,
pendant la discussion syndicale) qui prêche le silence dans les
rangs ! Tant et si bien qu’en décembre 1926, Rosmer écrit pour
la RP les phrases décisives sur
« [...] Une direction qui, sur la question fondamentale, ne s’est pas
seulement trompée, mais a nettement aiguillé la révolution russe sur
la voie qui tourne le dos au communisme ».
rM TTiiw ni—
344 alfred rosmer
neries » (Ferrât). E lle insère toutes les lettres qui peuvent nuire au
parti et en invente au besoin (Treint). Au-delà du PCF, c'est l’idée
même du Parti qui est remise en cause dans la RP. L a preuve,
(jit Ferrât, c’est qu’on y porte au pinacle un drame d’Eric Musham,
Judas, qui ne dit mot du P a rti140. Pour Pickel, les rédacteurs de
la BP
< [...] Ont la nostalgie de la discordance idéologique, de la dualité
clans le Parti, de la transformation de ce dernier en une par
lote
Gètte attitude négative à l’égard du Parti est l’expression d’une
régression théorique et pratique, d’un recul vers le syndicalisme
révolutionnaire, formule pourtant dépassée. Cette régression est
d ’a u ta n t plus dangereuse qu’elle peut s’étendre dans le mouvement
s y n d ic a l français et international. C ’est bien pour cela qu’Herclet
insiste dans l a VO . Si la R P est finalement plus dangereuse que le
Peuple, c’est parce qu’elle «je tt e le doute et le scepticisme dans
nos organisations » syndicales.
La contre-offensive anti-syndicaliste révolutionnaire sur le plan
français est doublée par une contre-offensive théorique à l’usage
international. Préobrajenski consacre en 1925142 un important article
critique au syndicalisme révolutionnaire. N é de la réaction contre
les systèmes politiques — notamment le blanquisme — qui sem
blaient avoir échoué avec la Commune et contre le réformisme
social-démocrate, le syndicalisme révolutionnaire, d’après Préobra-
jenski, peut se résumer en huit points :
i
348 alfred rosmer
dit-il, qu’il n’a guère pris part aux débats lors de son séjour à$s«
Moscou 4. On ne lui en a dit qu'un mot : « Staline ? Une poigne 5 ^
un ignorant mais une poigne 5. » En 1924, on l'a vu, c est Z in o v ie v ^
et non Staline qu’il rend responsable de la bolchevisation et dé
son exclusion. En 1926 encore, il porte sur Staline un jugement -
balancé : 1
« Staline est un homme d'une autre trempe [que Zinoviev et f :--
Kamenev]. C ’est un révolutionnaire de tempérament et de volonté.
Peu connu hors de Russie, il connaît mal lui-même ce qui se passe *
hors de Russie. 11 est un des rares militants russes qui ne parlent t.
aucune langue étrangère. Cela trace des limites à son activité qui :
s’exerce surtout au sein du Parti russe. Il est trop manœuvrier ■ \
et trop homme de l ’appareil pour que sa politique soit de nature \
à nous rassurer, maie cela ne doit pac nous empêche* de îecon- g.
naître qu’il a parlé [...] le langage d’un homme conscient des néces- |
sites de l’heure présente et soucieux de créer une direction collective I
groupant toutes les forces du Parti 6. » |
sang des ouvriers et paysans chinois, livrés par sottise aux généraux
de la bourgeoisie, pourra-t-il demain faire fusiller les meilleurs
ouvriers de la révolution russe pendant que Boukharine-Guizot lan
cera de nouveau son *' Enrichissez-vous ! ” ? »
Il ne croît pas aux accusations lancées contre l’Opposition (impri
merie clandestine, liaison avec Wrangel). Il refuse tout argument
d’autorité, tout rappel aux règles de la discipline du Parti. Il y a
des cas où il ne faut pas se taire :
« [...] Un communiste qui pense que la direction de son Parti se
trompe sur les questions fondamentales, qu’elle met la Révolution
en danger, peut-il accepter d’être bâillonné ? »
On s’en prend aux fractions. Mais les minoritaires de guerre étaient
une fraction dont Lénine faisait partie. Du vivant de Lénine, il y
avait des fractions dans le Parti et nombre de ceux qui les con
damnent en 27 en ont fait partie. Boukharine était de la fraction
« Guerre Révolutionnaire » à l’époque de Brest-Lxtovsk, Kollontaï
de l’Opposition Ouvrière. I l existe même au Comité Central du
PC URSS une fraction de Droite, le groupe Rikov. Elle soutient
que la révolution est achevée, qu’il faut la remplacer par une démo
cratie où les paysans dociles contiendront la turbulence ouvrière.
Puisqu’il y a toujours eu et qu’il y a toujours des fractions, Rosmer
ne voit pas pourquoi l’Opposition Unifiée serait pourchassée. Pour
lui, constituer une fraction fait partie de la « légalité communiste ».
En 1928 cependant, Rosmer n’est pas considéré comme trotskyste
8. Des mineurs.
9. Du Gaz.
10. Elle a signé la lettre des 250. Exclue du PCF, elle rejoint le
groupe Contre le Courant. Elle épousera Paz.
11. 83 bolcheviks chevronnés signent en mai 1927 une déclaration
favorable à Trotsky et à Zinoviev.
12. RP, I-XII-27.
354 alfred, rosmer
24
Engels, il s’égare. Engels n’était ni un illettré, ni un Robert
Macaire ®7, comme l’est ce Molinier qui
« [...] Sabote le travail dans tous les domaines, à tel point qu’on
peut dire qu’un agent stalinien dans nos rangs n’aurait pu réussir
à nous faire plus de m a l08. »
La querelle s’étend progressivement. Rosmer a d ’abord signalé à
Trotsky une querelle Molinier-Naville sans prendre pa rtiw. Puis,
en juin 1930, Naville, Rosmer et l’Exécutif National de la Ligue
Communiste demandent que Molinier soit privé de son poste de
direction, prélude à une exclusion de la Ligue. Molinier qui s’appuie
sur le comité parisien de la Ligue, proteste auprès de Trotsky. Les
remous atteignent l’organisation txotskyste internationale. Le Bu
reau International avec N aville et Rosmer s’oppose au Secrétariat
International qui soutient Molinier. Les militants de base sont trou
blés : Mougeot, Reiland, la fédération de Charleroi s’inquiètent. A
tel point que Trotsky doit prendre parti. Pour lui 10°, c’est d’abord
une querelle de personnes, mais elle recouvre une querelle de
principes. Tous ceux qui lui demandent d’agir contre Molinier —
Rosmer, Naville, Gérard Rosenthal, Gourget —- se plaignent surtout
des interventions incohérentes de Molinier dans des domaines qui
ne sont pas de sa compétence. L e principe qu’ils remettent ainsi
implicitement en cause, est celui de l’égalité entre les membres de
l’Opposition. Il ne saurait y avoir deux catégories de camarades, les
uns se chargeant des questions politiques, les autres des questions
matérielles. Dans une organisation prolétarienne,
« [...] Tous les membres ont non seulement le droit, mais l'obligation
de se mêler activement à toutes les questions, à partir des plus
petites et celles d’ordre technique, jusqu’aux questions les plus
complexes de la politique révolutionnaire. »
Dans l’été de 1930, Naville et Molinier se rendent à Prinkipo. Deux
jours de discussions avec Trotsky, Mill-Obin, FrankelI01, Markin
(Léon Sedov), permettent d’aboutir à un accord. L ’atmosphère est
détendue, c’est la « Paix de Prinkipo ». Mais en octobre-novembre,
la trêve vole en éclats car Molinier continue à faire des affaires et
des interventions politiques peu appréciées. Pour Rosmer, la cause
Pour Rosmer, un tel régime est néfaste pour le moral des militants
(découragement, inactivité). Il présente aussi un danger moral et
politique : comment reprocher aux staliniens leurs méthodes
d’étouffement bureaucratique quand on les pratique soi-même ? S’il
y a une organisation qui devrait avoir une vie intérieure démocrati
que, c’ est bien l’Opposition de Gauche :
« [ . . . ] Si l’Opposition de Gauche ne demeure pas inflexible sur
la question du régime intérieur, elle perd du coup toute raison
d’être et c’est en vain dès lors qu’elle dénonce les ravages du sta
linisme 11S. »
ne pas affaiblir ses amis. Ceux-ci ne démentent pas non plus car le
prestige de Rosmer les sert.
L e groupe Claude Naville décide d’ailleurs, à l’été 31, de modi
fier son attitude. On lui fait reproche de sa démission et nombre de
camarades lui affirment qu’il est encore possible de se battre à l’in
térieur de la Ligue et de chasser la « clique Molinier ». Coi-nette,
d’Halluin, en particulier, propose de suspendre la parution du Bul
letin jusqu’à la conférence nationale de la Ligue. Sans illusions,
mais pour faire preuve de bonne volonté, on suspend la parution.
Mais Claude Naville n’apprécie ni la préparation de la conférence
(par un « nauséabond Bulletin intérieur »), ni ses résultats. Molinier
reste à la tête de la Ligue et s’adjoint Treint avec l’appui de Trot-
skÿ. On aura donc les « incohérences de Molinier accommodées des
extravagances du camarade T re in t». U décide de reprendre son
action
L e bulletin reparaît, mais sous une forme plus modeste, plus
adaptée aux forces dont on dispose. L e Communiste sort en novem
bre 1931. L e comité de rédaction comprend C ollin et143, l'écrivain
et critique littéraire Patri, Vacher, Claude Naville, N. Lévine. Mar
guerite Rosmer affirme que le groupe n’a pas plus de 4 ou 5 mem
bres 143 : il y aurait donc coïncidence absolue entre le groupe et le
comité de rédaction du journal. D e nouveau Rosmer refuse toute
intégration, « parce que, du dehors, il me sera plus facile de tra
vailler au regroupement qui doit finalement s’op érer141». Mais la
situation ambiguë déjà signalée au temps du Bulletin de la Gauche
Communiste persiste : on le croit membre du groupe. D ’ailleurs il
s’engage un peu plus, donne des articles, fait des conférences sur
Zimmerwald et KienthalI45, sur l’ effondrement de la 11° Interna
tionale et les débuts de l’IC 1<l8, sur les premiers congrès de TIC >'17.
Il aide financièrement le journal : les quatre premières listes de
souscription publiées atteignent 1 638 francs, il a fourni 175 francs,
plus de 1 0 % de la somme.
Mais il ne s’engage toujours pas à fond. Il a perdu tout espoir de
voir Trotsky revenir de son engouement pour Molinier 14 8. Il a per
du toute confiance dans la Ligue Communiste dont il dénonce en
privé la « triste cuisine » , l’incohérence, la faiblesse. Son impres
1. P. 757.
2. P. 753.
384 alfred rosmer
3. Bolchevisme ou stalinisme, p. 3.
la nature de classe de l’état stalinien 385
10. I b i d p. 18 et suiv.
11. La défense de l'URSS, p. 35.
12. La ZV* Internationale et l’URSS..., p. 7.
13. Ibid., p. 5-
14. Ibid., p. 8 .
15. Ibid., p. 18 et suiv.
16. Défense de l’URSS et Opposition..., p. 60.
17. La IV e Internationale et VURSS, p. 29.
la nature de classe de l’état stalinien 387
>iH'-
^ C e t t e commission mixte d’enquête comprend dix membres.
' John Dewey, professeur de philosophie à l’Université de Colum-
■ïs l théoricien des méthodes nouvelles en matière pédagogique,
t un des tenants du pragmatisme US. Il a déjà été membre des
66rnités d e Défense de Sacco-Vanzetti et de Torn Mooney 20. Ce
'est certes pas un révolutionnaire, mais un démocrate, ennemi du
totalitarism e sous toutes ses formes. Il est une garantie pour l'impar
tialité des débats et préside la Commission. Rosmer dira :
« Pour sa philosophie, le pragmatisme, j’en suis aussi éloigné
aue l .D. [Trotsky] l’était, mais son attitude n’en eut que plus de
mérite'30- »
S u z a n n e La Folette s’occupe du secrétariat. Auteur et journa
liste. elle a dirigé des journaux avancés, The Freeman e t The New
Freeman.
John Chamberlain, journaliste antistalinien a été critique litté
raire au New York Times et professeur de journalisme à l’Université
de Columbia. Il a dirigé la Saturday Review of Literature.
E-A. Ross, professeur de sociologie à l’Université de Wisconsin
est l’auteur d’ouvrages sur l’URSS et la révolution russe.
Ben Stolberg, auteur et journaliste, collabore à des journaux Htté-
taires et ouvriers, il a écrit des études sur le mouvement ouvrier
américain.
Otto Ruelhe, ancien membre du PS allemand, minoritaire de
guerre qui a voté après mars 1915 contre les crédits militaires,
fut, en novembre 1918, l’un des leaders de la révolution en Saxe.
Entré au PC allemand, il en est éliminé par Paul Lévi, il parti
cipe à la fondation du K A PD , prend position contre l’adhésion
à l’IC, ce qui le fait exclure. Il émigre en 1933 aux USA puis
au Mexique et s'y consacre à des travaux scientifiques.
Wendelin Thomas, leader de la révolte de Wilhelmshaven en
novembre 1918, a été de 1920 à 1924 député socialiste indépendant
puis député communiste au Reichstag.
Carlo Tresca, militant anarcho-syndicaliste, dirige 11 Martello,
journal antifasciste et antistalinien. Il a mené des grèves à Mesaba
Range, Lawrence et Paterson.
g é n é ra le to m b e d ’u n e x tr ê m e d a n s l ’ a u tr e : e x tré m is m e g a u c h is te
e n A lle m a g n e , e x tré m is m e d r o it ie r a v e c le s fr o n ts p o p u la ire s .
Nous n’évoquerons que pour mémoire la critique radicale que
Trotsky fait de l’attitude de ITC dans la question allemande. Rosmer
approuve sans réserves la position trotskyste. Mais ce qui est frap
pant, c’est de voir avec quelle lenteur relative il prend conscience
du danger nazi. Il a été en Allemagne en 1929 mais ne nous a pas
laissé d’impressions de voyage. Mais en juillet 1932 encore, il tient
pour vraies les observations suivantes qu’un de ses amis lui rapporte
d’A llem agn e 40 : le nazisme est une mascarade, « les nazis ordi
naires [...] font plutôt rire » . Ce sont les réactionnaires qui utilisent
les nazis contre les organisations ouvrières et qui renforcent la
répression administrative : « Ce qui, par contre, est tout à fait
sérieux, c’est le présent gouvernement de hobereaux et de barons
Quant aux chômeurs, ils
« [...] Se tirent d’affaire avec les secours qu’ils reçoivent (au mini
mum 450 francs par mois avec des avantages divers et la possibilité
de se nourrir à bon compte), les grosses dépenses (achat de vête
ments, chaussures, etc.) restant un problème difficile ».
ou’il a disparu puis qu'il s'est évadé. L'affaire Andrès Nin a com-
ineïicé. On ne sait rien d’autre de certain sur lui. Les hypothèses
dé Victor Serge sont les suivantes : les communistes espagnols
l’a c c u s a ie n t depuis des mois de trahir les révolutionnaires au profit
de Franco. Mensonge pense Serge ; la vérité c’est que le dynamisme
révolutionnaire du P O U M gêne la ligne stalinienne d’unité anti
fa s c is te . Les agents staliniens l'ont donc enlevé puis déplacé de
prison clandestine en prison clandestine. Serge croit pouvoir affir
mer que, de Barcelone, N i n aurait été transporté dans la prison
du Paseo de la Castellana à Valence, puis dans les prisons d’Atocha
et du Prado à Madrid, dans celle d’Alcala de Henares enfin. Alcala
est proche d’un aérodrome, Serge en déduit que Nin a été trans
porté de là en URSS, s’il n'a pas été abattu sur place. Tout ceci
naturellement est un ensemble d’hypothèses que démentent les
communistes mais que Rosmer accepte. Il préface la brochure de
Serge, prête son appartement des Lilas puis sa maison de Perigny
à Olga Nin et à ses enfants qui échangent avec lui une abondante
correspondance 7\
Il adopte la même attitude dans le cas de Kurt Landau. Landau,
entré au PC autrichien en 1921, a été rédacteur au Rote Fahne
de Vienne. Membre de la section de propagande et d’agitation
du Comité Central du PC allemand, il se solidarise avec Trotsky
en 1923. En 1930, avec Rosmer et Trotsky, il a formé le Bureau
de l'Opposition de Gauche. A peu près au même moment que
Rosmer, il rompt avec le trotskysme sur les questions d’organisation.
En 1933, il se dresse nettement contre Trotsky car il juge inop
portun de créer une IV® Internationale. En mars 33, pendant que
presque tous les membres de son groupe sont arrêtés, il parvient
à quitter l’Allemagne. En novembre 36, il part pour l’Espagne
et milite dans le PO U M . En décembre, il publie une brochure :
Espagne 1936, Allemagne 1938 qui critique la politique des com
munistes espagnols. Ceux-ci, de leur côté, l’accusent d’être l’agent
de liaison entre le P O U M et la Gestapo, le théoricien du PO UM ,
le chef de ses « groupes spéciaux » et un des membres de son
Comité Exécutif. L e 23 novembre 1937, Landau est arrêté et dispa
raît. Rosmer ne doute pas de la responsabilité d'Antonov-Ouvsenko
dans cette affaire 7S.
Il en est de même pour l’affaire Ignace Reiss qui était à la
fois membre du PC URSS et du N K V D . L e 27 juin 1937, Reiss
rompt avec le Parti et démissionne le 17 juillet. Sa lettre de
démission critique d’une part la théorie du socialisme dans un
seul pays, d'autre part la politique suivie par l’IC en Espagne.
Il préconise le retour à la lutte de classe et à l’action ouvrière
et se rallie à la IV e Internationale. L e 4 septembre, son cadavre
76. Sur Reiss, consulter le livre desa veuve, E.K. P o r e t s k y , Les nôtres,
1969, 302 p, où l’on trouvera sa lettre de démission. Ignace Poretsky, dit
Ignace Reiss ou Ludwig, est né en Galicie au tournant du siècle d’un père
galicien et d’une mère russe. Membre du PC polonais, il entre dans les
services de renseignements soviétiques et y travaille notamment à la
préparation du soulèvement de 1923 en Allemagne. En 1927, il est
décoré de l’ordre du Drapeau Rouge. En 1928, il réside en Hollande d’où
il dirige les services de renseignements russes en Grande-Bretagne. Il se
lie avec Sneevliet. Il est ensuite affecté à Paris. Au printemps 37, crai
gnant pour sa vie, il refuse de rentrer en URSS comme l’ordre lui en
avait été donné et il expédie sa lettre au Comité Central.
77. Pp. 8 et 480, ainsi qu’appendice à T r o t s k y , Ma Vie, p. 602.
78. MO, I 480.
la nature de classe de l’état stalinien 401
26
402 alfred rosmer
94. David Riazanov (1870-1938) milite dès 1889. Il n’a pas pris position
entre mencheviks et bolcheviks. Internationaliste de guerre, il collabore
à Naché Slovo. En été 17, il réjoint les bolcheviks. Il a fondé l’Institut
Marx-Engels (d’où l’allusion de Trotsky). Arrêté en 31, il disparaît.
95. Archives Serge, Trotsky à Serge, 3-VI-36.
96. Voir I. D e u t s c h e h , Trotsky, t. 3, p. 559.
97. Archives Marceau Pivert, 22 AS/2, Trotsky à Rosmer, 14-11-39.
Marceau Pivert (1895-1958), membre de l’enseignement, adhère à la
SFIO en 24 et devient l’un des dirigeants de^ la Fédération de la Seine.
En 1935, il anime la tendance Gauche Révolutionnaire. Membre du
cabinet Blum en 36, il accepte en 37 la dissolution de sa tendance puis
quitte le parti en 38 avec une importante partie des militants de la Seine.
Il fonde alors le Parti Socialiste Ouvrier et Paysan. Rentré du Mexique,
il retourne à la SFIO en 1946.
98. I. D e u t s c h e r , Trotsky, t. 3, p. 540 et APP, Ba 1626.
404 alfred rosmer
109. 7-II-35.
110. Archives I. Deutscher, Rosmer à I.D., 1954.
111. AR, RP., nov. 48.
112. La IV e Internationale et l'URSS, p. 30 et suiv.
113. La défense de l’URSS et VOpposition, p. 60.
la nature de classe de Vétut stalinien 407
«ma
Pour une voie ouvrière
dans la vie du pays les inquiète et les scandalise. Peu à peu cepen
dant, la situation se modifie au détriment des communistes, au fur
et à mesure que les américains se montrent plus décidés à contenir
ou même à refouler la menace qu’ils représentent. Dès juillet 1947
Rosmer note que les communistes ne font plus peur Puis ils sont
éliminés du gouvernement. Il les accuse alors de se laisser aller
à la colère et de saboter l’effort économique. Quand ils étaient
ministres, dit-il,
« [...] Ils étaient des messieurs qui s’essayaient au beau langage,
participaient aux réceptions officielles en habits de soirée. Main
tenant ils injurient comme le faisaient autrefois les cochers de
fiacre r. »
D e plus, ils lancent des grèves, comme celle des mineurs, nui
n’ont d’autre but que de perpétuer la crise économique et d’abattre
le gouvernement avant que l’aide économique US lui ait permis
de redresser la situation 8. On voit qu’il a conservé, face au PC,
toute son ardeur critique. Il est d’ailleurs persuadé qu’en cas de
victoire du PC ou d’invasion soviétique de l’Europe Occidentale,
sa vie même serait menacée et ses amis américains, notamment
Farell insistent auprès de lui pour que, au moindre signe de
guerre, il repasse aux USA. En 1948 cependant, la situation lui
paraît en voie de retournement décisif. Il en juge d’après un critère
bien caractéristique : on revoit aux vitrines des librairies les oeuvres
de Trotsky 10. Dans le combat de librairie que se livrent staliniens
et antistaliniens, l’avantage tourne d’ailleurs au profit de ces derniers.
Les staliniens n’ont, pour répondre au flot des publications qui les
attaquent, que La Grande Conspiration de Sayers et Kahn autour
duquel ils font, dit-il, grand ta p a g e11. Il pense d’autre part que
de très vives luttes de clans déchirent les milieux dirigeants du PC
et annonce dès juillet 48 la chute de Thorez comme imminente l2.
En 1949, le rapport des forces se stabilise : il déplore que les commu
nistes soient parvenus à éviter le désastre grâce à la mésentente
des petites formations de gauche 13. Mais il se console à l’idée qu'ils
n’ont plus aucune chance de prendre le pouvoir à eux seuls. Il
faudrait une offensive des blindés russes pour que le parti puisse
imposer ses vues x*.
L ’Europe Occidentale s’installe dans la Guerre Froide. Elle s’ins
talle aussi dans un antistalinisme qxii le ravirait s'il n’y voyait deux
27
418 alfred rosmer
ne veut pas dire qu’il est « au service » de ce parti, ce qui veut %b:
dire que c’est dans ce parti là qu’il a choisi de s’exprimer et d’agir :
en toute indépendance. Il s’attire une réponse furieuse de Monatte?
Parti A m éricain? N o n ! Parti Internationaliste*®.
« On imagine mal la Révolution Prolétarienne devenant un organe
du parti américain. La contradiction entre les termes jure un jeu
trop fort [...]. Entre l’empire russe et l’empire américain, plUs
exactement enchevêtrée entre eux, en eux, et autour d’eux, il y a
la classe ouvrière. »
Cette voie ouvrière que préconisent Monatte et Rosmer doit peser
dans le sens ouvrier au sein des deux blocs pour les faire évoluer.
Elle doit être purement ouvrière. Tout le reste est balayé d’une
phrase sans appel, « Rien pour un mouvement ouvrier autonome
dans tout ça ». I l s’agit de redonner au mouvement ouvrier cons
cience de lui-même et confiance en lui-même, d’insister sur les mani
festations purement ouvrières, sur l'internationalisme prolétarien
qui pourront seuls ouvrir la voie de la révolution ST.
Cela dit, dans quel milieu agir ?
Il y a d’abord le milieu syndical et Rosmer sait bien que l’appui
d’un syndicat, mieux, d’une fédération, à l'exemple de la fédération
des métaux pendant la première guerre serait inappréciable. Mais,
« jusqu’à présent cet oiseau rare ne s’est pas montré... » ss. D ’ail
leurs Rosmer est assez coupé des réalités syndicales. Il a été favo
rable à la création de la C G T-FO car elle contestait et brisait le
monopole des staliniens sur la classe ouvrière, mais il a des impa
tiences qui étonnent et irritent Monatte. En 1950, il demande pour
quoi diable la C G T-FO ne se débarrasse pas de ïa tutelle de Jou-
haux. Comme tu y vas, répond Monatte, la situation est loin d’être
m û re5t>. En fait le travail syndical est l’afiFaire de Monatte plus
que celle de Rosmer.
Celui-ci n’a guère d’espoir du côté des trotskystes. La IV 6 Inter
nationale est dominée par sa section US, le Socialist Workers’ Party,
elle-même dominée par Cannon 60 qui, d’après Rosmer, « compro
met le trotskysme plutôt qu’il ne le sert » B1 et par ses partisans, les
« cannonites » . A leur égard, Rosmer a deux séries de réserves.
D ’une part, ils imposent une discipline rigide et elle lui paraît du
même style que celle qui règne dans le mouvement stalinien :
rait parmi les dirigeants les plus en vue. Son travail est critiqué par Thorez
et il est exclu en 54. Il se retire dans le Doubs, publieL'autocritique
attendue, fonde le groupe et le journal La nationsocialiste qui en 1958
rejoignent la SFIO.
102. Pierre Hervé publie en 1956 La révolution et les fétiches où il
s’oppose à la ligne du parti dont il dénonce la « scholastique fétichiste ».
Il est exclu peu après.
103. Archives S. Jacobs, AR à SJ, 29-XI-56.
104. Ibid., 21-111-49.
105. Archives Charbit, Lettre sd., citée.
106. Archives S. Jacobs, AR à SJ, 8-I I -48.
107. Archives S. Jacobs, AR à SJ, 26-11-49.
428 alfred rosmer
28
434 alfred rosmer :àV.‘$
t -4
cratie 1S\ Comme le parti est stalinien et non communiste, ils n'y
apprennent pas le communisme et, quand ils le quittent, « ils n’em
portent rien avec eux, n’ayant jamais su ce qu’est le communisme ls» *
et ils sont tentés de rejeter tout en bloc.
C ’est surtout à l’activité de la Commission pour la vérité sur
les crimes de Staline que participe Rosmer. Issue d’un appel de
novembre 1961, elle tient sa réunion constitutive le 21 décembre
et groupe un nombre appréciable d’intellectuels et de militants,
avec, dans son comité de direction, Théo Bernard, Michel
Coîlinet, Julian G orkin1CÛ, Gérard Jacquet, Maurice Nadeau
Pierre Naville, Gérard Rosenthal, David Roussetl6S, Manès Sper-
b e r 163 et Rosmer 18\ Les lenteurs d e . la déstalinisation officielle
sont telles déclare la commission qu’on né peut plus attendre le
bon vouloir des dirigeants russes. II faut ouvrir une discussion inter
nationale sur le stalinisme car •«. îa uuuuanmaiion de Staline ne
doit pas permettre la survie du stalinisme ». L e huis clos que les
communistes pratiquent peut permettre de cacher une partie des
crimes, de régler des comptes personnels, de préserver des répu
tations indûment acquises. Seule une discussion publique extirpera
le mal jusqu’à ses racines. La commission demande que soient
publiées les archives des organismes policiers chargés de la répres
sion stalinienne, que soient organisées des commissions d’enquête
165. Ibid.
166. Archives S. Jacobs, AR. à S}, 4 nov. 49.
167. Archives Rosmer, Natalia Trotsky à AR, 1956.
168. Christian Racovski (1873-1942) a été condamné lors du 3e procès
de Moscou.
169. Bulletin..., mai 62.
170. Rudolf Slansky (1901-1952) adhère au PC Tchécoslovaque en
1921, est rédacteur au Rudé Vravo. Depuis 1929, il est membre du
Comité Central et du Bureau Politique du Parti. Réfugié à Moscou pen
dant la guerre, il devient secrétaire général du parti. Il a participé acti
vement à l’élimination des « titistes ». En 1952, après un procès pour
conspiration contre l’Etat, il est condamné à mort et exécuté. 11 a été
réhabilité en 1963.
171. Bulletin..., mai 63.
442 alfred rosmer
4. BC., 3-III-1921.
5. Archives Monatte, AR à Monatte, I-XI-1915.
6. RP., janv. 1950.
7. Archives Monatte, Fragments sur Marcel Martinet.
29
450 alfred rosmer
C’est assez dire, à l’inverse, que, si les chefs ne sont pas balayés
ou poussés en avant, c’est qu’il n’y a pas poussée impétueuse des
m asses. C e n’est évidemment pas absoudre les chefs qui freinent
jes mouvements, mais dire que les masses sont responsables de
leurs chefs, qu’elles ont les chefs qu’elles méritent.
D’autres causes sont extérieures à la classe ouvrière et il ne
fa u t pas les négliger, oubliant que la lutte de classes est — si
]ron peut dire — un jeu qui se joue à deux. La bourgeoisie existe,
se défend et contre-attaque. A partir de 1917, elle répond au défi
des révolutionnaires de façon dosée, habile, parfaitement adaptée
aux circonstances de temps et de lieux, à l’importance des enjeux.
Elle favorise et encourage, surtout en Europe centrale et orien
tale, tout ce qui relève d’une révolution bourgeoise qui ne saurait
la gêner. L e droit des peuples à disposer d’eux-mêmes P Partout
se créent de nouveaux Etats. Les réformes politiques ? Un grand
nombre de monarchies sont élim inées12, les nouveaux Etats sont
tous des républiques. L e suffrage universel se répand. Les nouvelles
constitutions sont calquées sur le modèle du parlementarisme occi
dental avec parfois des dispositions réputées plus libérales (initiative
populaire, référendum, législatif plus puissant que l’exécutif). Jus
qu’aux réformes agraires qui sont faites d’autant plus allègrement
qu’elles lèsent surtout la classe détestée des aristocrates fonciers,
l’Eglise, les propriétaires étrangers. En satisfaisant les aspirations
nationales et libérales, la bourgeoisie parvient à éviter des révo
lutions sociales.
Ailleurs elle lâche du lest devant les revendications sociales de
prolétariats combatifs. Elle consent à des réformes qui répondent
enfin à de vieilles revendications syndicales. En France, en A lle
magne, en Angleterre, ce sont les 8 heures. En France et en A ngle
terre, les conventions collectives. En Belgique une importante
réforme fiscale. Carottes qui n’excluent pas le bâton. Dans l’A lle
magne de fin 1918 - début 1919, la révolution est écrasée. Dans
l’Angleterre de 1919, l’armée est requise contre les cheminots en
grève. Dans la France de 1920, la chambre bleu horizon, les unions
civiques, les manoeuvres policières (le « complot » ) viennent à bout
de la vague de grèves.
Ailleurs, c’est la lutte armée, la répression en pays coloniaux
ou semi-coloniaux. Aux Indes et au Moyen-Orient, les troupes euro
péennes interviennent. En Chine ou en Iran, ce sont des « sei
gneurs de la guerre » qui font la besogne. Au Mexique, l’inter
vention US sur la frontière nord et dans la région de Vera-Cruz
se combine avec l’action des généraux du cru.
sion extrême chez Max Eastman. Dans Staliris Russia and the crisis
in socialism il va jusqu'à dresser un très ingénieux diagramme
des sept tournants de l’IC , alternativement gauchistes et droitiers
et d'amplitude de plus en plus forte. Trois tournants à droite :
ie Front Unique (1922-1923), la politique chinoise et le comité
anglo-russe (1925-1927), le Front Populaire (1934-1939). Quatre
tournants à gauche : les 21 conditions (1919), la bolchevisation
(1924-1925), le social-fascisme (1929-1934), les déclarations sur le
passage rapide au socialisme (1939). L'agilité d’Eastman laisse admi-
ratif..- et rêveur, d'autant qu’il inclut le Pacte germano-soviétique
dans le quatrième tournant gauchiste l
Sans doute faudrait-il soumettre toute sa construction à sévère
critique. Mais, ce qui nous intéresse ici, elle prouve que l’idée d'une
évolution zigzaguante de l'IC est très répandue. L e vrai problème
n'est pas de discuter du nombre, de l’amplitude et de la signi
fication des modifications de la Ligne. Il est de savoir si ces modifi
cations sont faites pour tenir compte des circonstances, si elles se
justifient. Les camps en présence répondent avec une égale énergie,
mais en sens contraire. Les uns, affirmant l’incohérence des tour
nants, invoquent le rôle des hommes et parlent du temps de Lénine
qui contrasterait avec le temps de Staline. Cette explication nous
laisse insatisfaits. D'une part elle omet le zinoviévisme et pour
tant, au V° congrès, c'est, de toute évidence, Zinoviev qui a les
premiers rôles. C'est lui qui disserte sur le «léninism e intégral».
Clara Zetkin remarque qu’il « a commenté les décisions du IV* con
grès à la façon d'un exégète de la Bible ou des Evangiles 15 ». Cette
explication, de plus, est en contradiction avec tout ce que l’on sait
de la lente ascension de Staline. Celui-ci n’apparaît pas brus
quement, en pleine lumière, en 1924, il joue un rôle bien avant
et n'élimine toute opposition qu’après 1930. Enfin, cette explication
nous paraît accorder une trop large place au rôle des individus.
En URSS, seraient-ce les hommes qui commanderaient aux forces
sociales et non — comme partout ailleurs — les forces sociales
aux hommes ?
L'événement qui commande, c'est la stabilisation générale des
années 21 à 23. L ’IC doit bien en tenir compte. Un schéma est
ici traditionnel. Lénine et Trotsky s’adapteraient en rechignant à
la « guerre de tranchées » , Staline s'y adapterait joyeusement et la
fonderait en théorie avec son « socialisme dans un seul pays »
quitte à soutenir le moral des révolutionnaires étrangers à coups
de slogans (quinquennat, collectivisation agraire, social-fascisme, etc.).
Schéma par trop manichéen qui fait de nouveau appel à la
subjectivité des individus ! En fait, qu'ils le veuillent ou non,
l'influence concrète des bolcheviks se borne bientôt à la Russie
et cela ne va pas sans conséquences. Les uns se persuadent vite
«■M M B B E SS g
Sources et bibliographie
Revues
Nous n’avons pas jugé utile de citer les multiples revues, périodiques,
journaux historiques et politiques dont la lecture régulière est indispen
sable à qui veut entreprendre une étude sur le mouvement ouvrier inter
national. Bien souvent un article, une réflexion, apparemment étrangère
à notre propos sert de stimulant à la réflexion, ouvre une perspective,
remet en cause une idée reçue. Les événements que nous ne cessons de
vivre, si nous y participons, ne peuvent manquer de nous éclairer le
sources et bibliographie 461
Biographies
Grande-Bretagne :
L’historiographie française n’a guère produit sur la question et nous ne
pouvons citer que
A- Ph ilip , Trade-Unionisme et syndicalisme, 1936, 348 p.
Les ouvrages traduits de l’anglais ne sont que médiocrement satisfai
sants :
A.-L. M o r t o n et G. T a t e , Histoire du mouvement ouvrier anglais, 1963,
407 p. ne dépasse pas 1920 et les préoccupations de politique quo
tidienne des auteurs en font un ouvrage déformé.
H. P e ix ïn g , Histoire du syndicalisme britannique, 1967, 316 p. est par
trop rapide quoiqu’utile. C e ne sont pas les 135 p. d'un autre
ouvrage de P e ix in g , A short history of the Labour party, 1962, qui
peuvent suffire.
Le meilleur ouvrage est en italien :
E. G rendt, L ’awento del laburismo. Il movimiento operaio inglese dal
1830 al 1920, Milan, 1964, 302 p.
Fran ce :
D ’une bibliographie beaucoup plus abondante, nous extrairons d'abord
l’ouvrage classique d ’E . D o l lé a n s , Histoire du mouvement ouvrier,
dont les deux derniers tomes (1939, 1953, 402 et 424 p.) traitent de
la période qui va de 1 8 7 1 à nos jours.
Sur le mouvement socialiste :
D. L igou , Histoire du socialisme en France (1871-1961), 1962, 672 p.
C. W il l a r d , Socialisme et communisme français, 1967, 160 p.
G. L efranc, Le mouvement socialiste sous la I I I e République, 1963,
445 p.
Pour les périodes ou des groupes plus limités :
C. W e l l a r d , Les guesdistes, 196 5, 7 7 1 p .
J.-J. F ie c h t e r , Le socialisme français, de l’affaire Dreyfus à la grande
guerre, 1965, 290 p.
Sur le mouvement syndical :
G. L e f r a n c , Le mouvement syndical sous la I I I * République, 1967,
455 p.
et )a bibliographie de R. B r é c y , Le mouvement syndical en France
(1871-1921). Essai bibliographique, 1963, 3 5 -2 19 p.
464 alfred rosmer
URSS :
Les ouvrages fondamentaux restent ceux de E.H. C arr, A history 0f
soviet Russia, Penguin Books, t. I et II The bolshevik révolution
448 et 407 p.
et surtout A history of soviet Russia, Londres, Macmillan :
I-II-III, The bolshevik révolution (1917-1923), 1950-1953, 430, 400 et
614 p.
IV, The interregnum (1923-1924), 1954, 392 p.
V-VI-VII ( i et 2), Socialism in one country (1924-1926), 1958-1959-1964
557, 493, 1050 p.
dont une tradution française est en cours de parution.
On utilisera avec le plus grand profit P. B r o u é , Le Parti bolchevique,
1963, 628 p. et M. Ferro, La révolution de 1917. La chute du tsa-
rjvrrie} çt ÏÇ'? Ori^ÎT}€? d'oCtobr€ 1967, 607 p.
USA :
Une première approche est donnée par H. P elling , American Labor,
University of Chicago Press, 1960, 247 p., Coll. The Chicago his~
tory of American civilization. Traduit en français sous le titre Le
mouvement ouvrier aux USA, 1965, 272 p.
Plus complets, les ouvrages de Philip. S. F o n e r , History of the labor
movement in the United States, vol. IV ; The IW W (1905-1917),
1965, 608 p. vol. V en préparation.
En langue française et de date récente, D. Guérin, Le mouvement ouvrier
aux Etats-Unis (1867-1967), 1968, 174 p. est malheureusement trop
bref.
Allem agne :
G. B a d i a , dans une série d’ouvrages et d'articles étudie le mouvement
ouvrier allemand, l'expérience spartakiste en particulier. Dans son
Histoire de VAllemagne contemporaine, 1962, 2 volumes, 342 et
399 p., il fait la plus large place aux phénomènes sociaux.
On verra aussi P. W axjcne, Cinquante ans de rapports entre patrons et
ouvriers en Allemagne, t. I, 1918-1945, 1968, 279 p.
Et surtout C.E. S c h o r s k e , German social democracy, 1905-1917. The
development of the great schism, Harvard Univ. Press, 1955, 858 p.
Nous avons regroupé sous cette rubrique tout ce qui émanait de Ros
mer, tant les archives que les publications, ainsi que les témoignages de
ses amis.
Archives Rosmer
bruié par les nazis. Le troisième, confié à divers amis, s’est enrichi des
papiers d'après-guerre et se répartit actuellement comme suit : chez
pierre Godeau, les documents et papiers familiaux, chez Colette Cham
belland, les autres documents que nous avons classés en dossiers.
Correspondance diverse .-
Généralement postérieure à 1939, elle comprend des lettres de Natalia
Trotsky, Louise Aubrun, Aucouturier, Axelos, Luas, S. Ageloff, Alfonso
Rodriguez, Monatte, Lola Dalîin, Max Schachtmann, Boris Souvarine,
Pierre Naville, Joël Carmichael, Meyer Schapiro, Pierre Frank, Gilbert
Sigaux, Livio Maitan, Nicola Chiaromonte, Albert Camus, Maximilien
Rubel et d’autres, d’identification difficile. On y trouve aussi des cor
respondances entre tiers, par exemple Victor Serge à Angelica Balaba-
nofl:, Max Schachtmann à Natalia Trotsky.
Dossier Isaac Deutscher :
Correspondance Rosmer-Deutscher au sujet des cornes l ï c i I I I du
Trotsky. Deutscher demande à Rosmer nombre de renseignements.
Recueil des compte rendus critiques sur les livres de Deutscher.
Dossier Sarah et Louis Jacobs :
S. Jacobs qui a été la secrétaire de Trotsky, est restée en contact étroit
avec Natalia Trotsky. Elle échange une abondante correspondance avec
les Rosmer.
Documents divers émanant de Natalia Trotsky : Ensemble assez compo
site, comprenant notamment les pièces suivantes : « Ce fut ainsi »
(XI-1940), description par Natalia Trotsky des dernières heures de son
mari. Lettres de Natalia Trotsky à Suzanne La Folette et à J. Dewey
(14-11-1946). Pouvoir spécial donné par Natalia Trotsky à Rosmer (10-
XII-1946). Documents sur les rapports, parfois difficiles, de Natalia avec
la bibliothèque d’Harvard (l-IX-1958, Mémorandum Bryant, Projet
Bryant). Documents concernant la rupture de Natalia T. avec la IV* In
ternationale (lettre de rupture du 9-V-1951 et la réponse des dirigeants
de la IV e Internationale). Testament de Natalia T. (12-XII-Z960). Lettre
non datée et non signée, adressée à Natalia et concernant la mort de son
plus jeune fils.
Correspondance de Natalia Trotsky avec les Rosmer (1940-1958).
Correspondance des Rosmer avec Olga Nin et ses -filles (à partir de 1939).
Correspondance de Rosmer avec James T. Farell. Les lettres de Farell
sont très révélatrices sur les réactions des intellectuels de gauche
dans les Etats-Unis de l’après-guerre.
Documents sur la mort de Trotsky. Dossier de coupures de presse concer-.
nant l’assassinat et l’assassin.
Manuscrits des préfaces aux ouvrages de Trotsky publiés par Rosmer.
Editeurs. Rapports avec les éditeurs.
Papiers personnels divers. Contient notamment des fragments de souve
nirs sur Trotsky qui datent de 1953 environ.
Photos.
30
466 alfred rosmer
Nous avons cru devoir faire précéder leur énumération dans un ordre
strictement chronologique d’un tableau des collaborations de Rosmer aux
journaux et revues.
Œuvre Nouvelle. VI. 1904.
Temps Nouveaux. VI. 1906.
Vie Ouvrière. II. 1910 à VII. 1914.
Bataille Syndicaliste. IX. 1911 à VII. 1914.
Golos (etc...). IX. 1915 à XI. 1915.
Vie Ouvrière (nouvelle série). IV. 1919 à XII. 1921.
Mouvement ouvrier international. I. 1921.
Internationale Communiste. VI. 1921.
Le Phare. VI-VII-1921.
Humanité. V III. 1921 à III. 1924.
Bulletin Communiste. IX. 1921 à IV. 1924.
Internationale Syndicale Rouge. IX. 1921 à XV-V, 1922.
Lutte de Classes. V. 1922 à IV. 1923.
Cahiers Communistes. XI. 1922 à XII. 1922.
Révolution Prolétarienne. I. 1925 à III. 1937.
Contre le Courant. III. 1929.
La Vérité. V III. 1929 à 31. X. 1930.
La Lutte de Classes. I. 1930.
Le Communiste. II. 1932 à IX. 1932.
Lutte Ouvrière. III. 1938.
Arts Quarterly. 1944.
Révolution Prolétarienne (Nouvelle série). IV. 1947 à IX. 1963.
Crapouillot. 1950.
Preuves. V II-V III et IX 1952.
Tempo Présenté. VII. 1956 à VI. 1964.
Les Lettres Nouvelles. XII. 1958.
Voie Communiste. II. 1961.
Mouvement Social. IV-VI. 1962.
1904
15. VI. L ’Œuvre Nouvelle. Compte rendu du Journal d'un écrivain de
Dostoïevski. Signé A. Griot.
1906
2. VI. Les Temps Nouveaux. H. Ibsen. Théâtre. Signé André Alfred.
1910
II. Vie Ouvrière. Paul Bourget. La Barricade. Signé A. G.
5. X. Vie Ouvrière. Notes de voyage en Angleterre. I. Impérialisme et
militarisme. 2. Les suffragettes. Signé A. G.
20. XI. Vie Ouvrière. Le réveil du trade-unionisme. Signé A. G.
1911
5- I. Vie Ouvrière. La conférence de Manchester.
20. IV, Vie Ouvrière. Gompers et la Civic Fédération.
20. V. Vie Ouvrière. Salaires et journées de travail aux USA.
sources et bibliographie 467
1915
1. V. Union des Métaux. Numéro établi avec Merrheim.
16 et 17. IX. Golos. Le congrès de Bristol (Signés AR., rédacteur de la
VO.).
26. IX. Golos. Crise anglaise.
3. X. Golos. Keir Hardie.
10. X. Golos. Un budget important.
20. X. Golos. L Angleterre et le Proche-Orient.
I. XI. Lettre aux abonnés de la V O .-l. La conférence de Zimmerwald.
32 p.
10. XI. Golos. Les zones de crises.
1916
29. II. Bulletin de la Commission Socialiste Internationale à Berne. Pro
jet de manifeste (pour Kienthal, texte de AR et Trotsky).
8. III. Lettre aux abonnés de la VO. 2. La Belgique et le chiffon de
papier. 32 p.
XII. Lettre aux abonnés de la VO. 3. L ’expulsion de Trotsky. 36 p.
1917
V. Lettre aux abonnés de la VO. 4. Trois discours à la chambre des
Communes. 55 p.
VII. Lettre aux abonnés de la VO. 5. Arthur Ransome. Pour la Russie,
lettre à l’Amérique. 32 p.
1919
Préface à 20 lettres de Trotsky. Paris. La Vie Ouvrière- 34 p.
470 alfred rosmer
1921
A la mémoire de Raymond Lefebure, Lepetit et Vergeat (Collaboration
d’AR à un ouvrage collectif).
X. I. Mouvement Ouvrier International. Pour l’unité syndicale.
28. I. VO. Les trois (lettre de Moscou, datée du 13. XII. 1920, concer
nant Lefebvre et ses compagnons).
13. III. P. Monatte et AR. Un coup d’œil en arrière. Les Cahiers du
Travail. 37 p. Cette brochure contient : P. Monatte. Lettre de
démission du Comité Confédéral (XII. 1914). AR. I re lettre aux
abonnés de la VO (XI. 1915). Circulaire de lancement de la VO.
nouvelle série (IV. 1919).
. 4. V. Humanité. Le Comité Exécutif de Moscou et le cas Paul Lévi
(texte collectif).
VI. Internationale Communiste. L ’importance et l'utilité du II I e congrès.
VI-VII. Le Phare. Pour l’unité syndicale (Le Phare republie l’article déjà
paru dans le Mouvement Ouvrier International).
AR et Tom Mann. Rede der Genossen Rosmer, Frankreich und Tom
Mann, England mit der auf der ersten Kongress der RG1 angenom-
menen Resolution. Verlag der Roten Gewerkschafts Internationale.
36 p.
I et 8. VII. VO. L ’importance et l'utilité du3° congrès de Moscou.
15. VII. Humanité. Discours au congrès de l’ISR (le 8. VII).
10. IX. ISR. Le congrès de Lille.
15. IX. Bulletin Communiste. Le mouvement syndical français, discours
au congrès de l'ISR.
6. X. Bulletin Communiste. Après le congrès de Lille.
28. X. VO. Après 15 mois de séjour en Russie, Rosmer rentre et nous
donne ses premières impressions.
4. XI, VO. L ’anniversaire des trois.
11. XI. VO. L ’USI et l’ISR.
1. XII. ISR. Italie.
17. XII. Humanité.Une manoeuvre des dirigeants de la CGT.
22. XII. Humanité. L ’ISR, ce qu’elle est, ce qu’elle a fait.
22. XII. Bulletin Communiste. Syndicats et Parti : discussion prématurée.
23. XII. VO. Dans les syndicats de Gompers, les révolutionnaires s’orga
nisent.
II faut lire les résolutions de l’ISR.
30. XII. VO. L ’ISR au congrès des CSR.
1922
IV-V. /SR. L ’offensive budgétaire contre l’hygiène, l'instruction publique
et les salaires.
16. IV. Humanité. Autour du Front Unique. Les appréhensions de Daniel
Renoult.
20. IV. Bulletin Communiste. La conférence de Berlin : signification et
résultats.
4. V. Humanité. A propos du Front Unique. Une lettre de Clara Zet
kin.
5. V. Lutte de classes. Moscou, février 1922, première journée.
7. V. Humanité. Réponse « privilégiée ».
9. V. Humanité. Contre le verbalisme révolutionnaire.
20. V. Lutte de classes. Notes.
5. VII. Lutte de classes. Le congrès de Saint-Etienne.
20. VII. Lutte de classes. Notes.
472 alfred rosmer
1923
6. I. Humanité. Vers Moscou.
7. I. Humanité. Pour l’unité du Parti dans l’Internationale (Texte collec
tif).
Le 4e congrès de l'IC.
9. I. Humanité. Du communisme de guerre à la NEP.
22. I. Humanité. Rapport au CN du 21. I. sur la question syndicale.
30. I. Humanité. L ’affaire de Memel.
La Lutte de classes. Un conflit qui ressemble à la guerre.
4. II. Humanité. Dans ïa Ruhr.
5. II. Humanité. Les méfaits de l’occupation.
7. II. Humanité. Pour l'unité du prolétariat (Appel du Comité Directeur).
8. II. Humanité. M. Hoschiller « travaille » dans la Ruhr pour le compte
du Comité des Forges avec la recommandation de Merrheim.
14. II. Humanité. La politique anglaise devant l'occupation de la Ruhr,
15. II. Humanité. L'occupation, c’est la ruine aujourd'hui, c’est la guerre
demain.
A la chambre des Communes.
16. II. Humanité. Sous le règne de Poincaré.
17. II. Humanité. A la chambre des Communes.
18. II. Humanité. Pourquoi les socialistes refusent le Front Unique. La
réponse du Bureau Politique du Parti. Que les ouvriers jugent (Texte
collectif).
21. II. Humanité. Une autre entente cordiale. Mussolini-Poincaré-Stin-
nés.
1. III. Humanité. Dans la Ruhr.
2. III. Humanité. En Belgique comme en France, les mineurs luttent
contre les compagnies et contre les réformistes.
4. III. Humanité. Des défenseurs du Traité de Versailles.
Au service des Soviets.
5. III. Humanité. La guerre de la Ruhr.
6. III. Humanité. Une occasion de réveil.
7. III. Humanité. Poincaré défend.
8. III. Humanité. C'est la faute à Moscou.
La guerre de la Ruhr.
10. III. Humanité. La guerre de ïa Ruhr.
12. III. Humanité. A Bruxelles et dans la Ruhr.
sources et bibliographie 473
1924
3. I. Humanité. Projet de programme du Bloc Ouvrier et Paysan (Texte
du Comité Directeur).
16. I. Humanité. Aux ouvriers (Texte du Comité Directeur).
2. II. Humanité. Un candidat au prix Nobel.
5. II. Humanité. Politesses.
6. II. Humanité. Les auxiliaires des diplomates.
9. II. Humanité. Illusions réformistes.
11. II. Humanité. Ramsay Mac Donald devant l’impérialisme français.
12. II. Humanité. La question du Rhin.
14. II. Humanité. Le retour à Gênes. Ce que propose Mac Donald.
15. II. Humanité. Pour le Bloc Ouvrier et Paysan. Aux travailleurs socia
listes (Texte du Comité Directeur).
Le débat des Communes. L ’avertissement de M. Asquith.
15. II. Bulletin Communiste. Réponse à Borel.
17. II. Humanité. L'agitation ouvrière et le gouvernement travailliste.
19. II. Humanité. La grève des dockers immobilise l’industrie et emha
rasse les travaillistes.
23. II. Humanité. Les communistes et le gouvernement travailliste.
13. III. Humanité. Réponse à Losovsky.
4. IV. Bulletin Communiste. Lettre ouverte du PCF au Labour (Texte
du Comité Directeur, entièrement rédigé par AR.).
22. XI. AR. Monatte, Delagarde. Lettre aux membres du PC. ï. Avant le
congrès de janvier. Quelques documents. 20 p.
1925
I RP (Il s'agit du I er numéro de la RP).
L ’anniversaire de la mort de Lénine.
AR. Monatte et Delagarde. 2e lettre aux membres du PC.
Faits et documents.
II. RP. La légende du trotskysme.
De la « volaille à plumer » au « bonapartisme international ».
Faits et documents.
III. RP. Deux complices : Poincaré-Isvolsky.
Exclusion tardive et discrète.
Faits et documents.
IV. RP. La révolution chinoise et Sun-Yat-Sen.
VI, RP. Eastman. Depuis que Lénine est mort.
V III. RP. Un geste ridicule. Le Comité Central du PCF adresse une
sommation à Trotsky.
Dans TIC. La « bolchevisation » du PC Italien.
X. RP. Réponse à Trotsky (Article d'AR et Monatte, signé par !e Noyau).
La grève générale et les trade-unions.
XI. RP. Faits et documents.
XII. RP. Le fascisme est-il là ?
1926
I. RP. A travers les livres.
II. RP. Le congrès du PC Russe.
La liquidation du « putchisme ».
IV, RP. A propos des souvenirs de Poincaré, plaidoyer d’un criminel.
V. RP. A travers les livres.
Faits et documents.
sources et bibliographie 475
1927
1 5 . I. RP. De Ruth Fischer à Sméral.
1 . II. RP. L ’art et Mammon.
A travers les livres.
17. II- RP- La Nuit de Marcel Martinet. Le drame du prolétariat fran
çais.
1 et 15. III. RP. A travers les livres.
1. V. RP- A travers les livres.
1. A travers les livres.
1. XII. RP. La dictature stalinienne et la liquidation du communisme.
15. XII. RP. A travers les livres.
1928
15. I. RP. René Marchand et le «L iv re noir ».
I. II. RP. Ludlow 1914. Columbine 1927.
15. IV. RP. Sur Upton Sinclair, Le chant de la prison.
1929
25. II. Contre le Courant. Lettre ouverte à H. Barbusse (Texte collectif).
22. III. Contre le Courant. Ordures staliniennes.
16- V. La Vérité. Derrière l’indépendance.
15. V III. La Vérité. Aux ouvriers révolutionnaires.
13. IX. LaVérité. 61e congrès des trade-unions.
20. IX. La Vérité. Ni contre la CGTU, ni contre le PC. Mais contre
une mauvaise direction de la CGTU et du Parti.
La Haye et Genève.
27. IX. La Vérité. La République en danger.
I I . X. La Vérité. Une formule usée : l’autonomie du syndicalisme.
18- X. La Vérité. Vers un nouveau congrès dAmiens ou vers une 3'
CGT ?
25. X. La Vérité. Comment abattre la direction confédérale ?
22. XI. La Vérité. Autonomie syndicale ou bloc anticommuniste ?
13. XII.La Vérité. Devant la menace de scission dans la CGTU.
La Vérité dans le Nord. La scission syndicale est amorcée à Tour
coing.
1930
17. L La Lutte de classes. Sept mois de gouvernement travailliste.
I. II. RP. A travers les livres.
14. II. La Vérité. La comédie des assurances sociales.
4. IV. La Vérité. Quand les socialistes sont partisans de la violence.
I I . IV. La Vérité. Une nouvelle étape.
18. IV. La Vérité. La préparation du 1er mai-
25. IV. La Vérité. Le 1er mai et les réformistes.
1. V. La Vérité. La grande revendication du 1er mai.
9. V. La Vérité. Pour l’Opposition Unitaire (Texte collectif).
16. V. La Vérité. Derrière l’indépendance.
6. VI. La Vérité. Pour Ercoli et Cie.
476 alfred rosmer
1932
3. II. Le Communiste. La dislocation du Comité des 22.
1. IX. Le Communiste. Conversation avec un professeur rouge.
I. XI. Le Communiste. XVe anniversaire d’octobre ; échéance du plan
quinquennal.
1936
Le mouvement ouvrier pendant ïa. guerre. De l’Union Sacrée à Zimmer-
toald. Librairie du Travail, 588 p.
10. II. RP. Le mouvement ouvrier pendant la guerre, un ilôt, la VO.
XI. AR et H. Modiano. Union Sacrée. 1914-193-. (Cahiers Spartacus) 64 p.
La contribution de AR (36 p.) est un montage de textes tirés de
MO. T. I.
1937
25. III. RP. M. Sadoul et les bandits.
1938
AR. (En collaboration). Not guilty, report of the commission of inquinj
into the charges against Léon Trotsky. New York. 422 p. Il s’agit
de la Commission Dewey.
Préface du recueil de documents de K. Landau : Le stalinisme en Espa
gne.
AR., Victor Serge, Maurice Wullens. L ’URSS et le crime politique.
L ’assassinat dlgnace Reiss. Tisné. 94 p.
17. III. Lutte Ouvrière. Assez de boue, assez de sang i
III-IV . Quatrième Internationale. Cachin et Mussolini.
1944
Arts Quarterly. Le centenaire du « douanier « Rousseau. Détroit.
1947
IV. RP. La classe ouvrière américaine et le problème de la reconversion.
X. RP. Après le vote de la loi Taft-Hartley.
1948
II. RP. Même Varga.
VI. RP. Une explication de Staline et du stalinisme.
VII. RP. Déchirure dans le rideau de fer.
V III. RP. W . Reuther et le syndicat de l’auto.
IX. RP. La FSM et les américains.
Grande conspiration et grand mensonge.
X. RP. Le 80e congrès des trade-unions.
sources et bibliographie 477
1949
VI- RP- Une année de titisme.
VII. BP- L ’Inde indépendante devant de graves problèmes.
Les annexions de Fadeev.
VIII et IX. RP. Dans l'Internationale.
X. RP. L'Affaire Rajk et après.
A propos du pacte Staline-Hitler.
1950
T,p, CrapouiUot. N° II. La guerre vue de Mexico... et de New York.
IV. RP- Daniel Guérin et l’Amérique.
Notes d’un passant (Italie).
IX. RP. D. Guérin. Où va le peuple américain ?
X. RP. Trotsky à Paris pendant la première guerre.
XI. HP- C. Pissaro. Lettres à son fils Lucien.
1951
I. RP. Pour les 70 ans de Pierre Monatte. II y a 40 ans.
III. V. V II. RP. Livres et revues.
VI. RP. La cogestion en Allemagne.
IX. RP. Natalia Trotsky rompt avec la IV e Internationale.
XII. RP. La paix à Zagreb.
1952
I. RP. Parti, syndicats et Bevan.
Après Zagreb.
II. RP. Naissance et mort de la 3e Internationale. Sur Lazitch et Oura-
lov. Staline au pouvoir.
Elections aux Indes.
Litvinov.
III. RP. Sur Postgate. George Lansbury (1859-1940) ; l’homme et le
socialiste.
A travers le monde.
IV. RP. L ’Amérique devant le stalinisme.
Grande-Bretagne. 5 mois de gouvernement conservateur.
V. RP. Italie.
VI. RP. A travers le monde.
VII. RP. Bevanisme.
Sur l’Allemagne (conférence au Cercle Zimmerwald).
V II-V III et IX. Preuves. John Dewey.
2953
Le mouvement ouvrier français pendant la guerre. T. 2. De Zimmerwald
à la révolution russe. 246 p.
Moscou sous Lénine, les origines du communisme. Préface d’Albert
Camus. 316 p.
Introduction et appendices pour Trotsky. Ma Vie. 650 p.
478 alfred rosmer
1963
Introduction et notes pour Trotsky. De la Révolution. 654 p.
IX. RP. La révolution permanente (extrait de la préface à Trotsky.
De la Révolution).
1964
VI. Tempo Présente. Il socialismo italiano ai tempi di Zimmerwald (mon
tage de documents qui figuraient déjà dans MO. Tome II) pp. 1-8.
sources et bibliographie 479
1967
Avant-propos pour Léon Trotsky. Histoire de la révolution russe. Coll.
Politique. 2 vo). 512-768 p.
1921
29- X. Humanité. Une tâche urgente pour les femmes.
4. XII. Humanité, Notre train de secours.
1922
8. III. Humanité. Lettre de Russie : sur la famine de la Volga.
15. V. Humanité. Lettre de Tcheliabinsk.
11 et 13. VI. Humanité. A travers la Russie affamée.
16. VII. Humanité. Interview de Marguerite Rosmer à son retour de
Russie.
Témoignages écrits.
Les uns ont été composés du vivant de Rosmer :
Amédune (Amédée Dunois). Bulletin Communiste. 3. III. 1921. Alfred
Rosmer, souvenirs de jadis et de naguère.
R. Hagnauer. RP. IX. 1957. Alfred Rosmer, un révolutionnaire des
temps difficiles.
Les autres sont nécrologiques :
Voie Communiste. V. 1964. AR. un militant communiste.
M. Bonnet et C. Chambelland. France-Observateur. 14. V. 1964. AR.
P. Frank. U Internationale. V. 1964. AR.
RP. V-VI. 1964. Numéro spécial consacré à AR.
Pierre et Paule Godeau. RP. V. 1965. AR. Intime et exemplaire.
A. Stern. Preuves. V IL 1964. AR., pp. 66-68.
Témoignages oraux.
Nous avons pu rencontrer un certain nombre de proches et de contem
porains de Rosmer qui ont évoqué pour nous leurs souvenirs et nous ont
souvent communiqué documents inédits, brochures et lettres personnelles.
Avec Mme et Mlle Chambelland, les contacts ont été très fréquents. Nous
avons aussi rencontré Marguerite Bonnet, Mme Camus, Ferdinand Char
bit, Pierre Frank, Pierre et Paule Godeau, Mika Etchebehere, le Profes
seur Labrousse, Nicolas Lazarevitch, E. Louzon, Mme Martinet, J.-D.
Martinet, Maurice Nadeau, Pierre Naville, Pierre Pascal.
D’autres ont éludé tout contact.
480 alfred, rosmer
Archives
Archives privées.
Brupbacher.
Elles se trouvent à l’Institut d’Amsterdam qui n’en possède d’ailleurs
pas d’inventaire raisonné. Elles sont particulièrement intéressantes pour
la période de guerre et celle où Brupbacher est à Moscou (1922-1924).
Camus.
Quelques lettres de Rosmer.
I. Deutscher.
Madame Tamara Deutscher, nous l’en remercions ici, a bien voulu
nous autoriser à consulter, dans les archives de son mari, ce qui concer
nait A. Rosmer.
Grimm.
Décisives sur le mouvement zimmerwaldien, elles contiennent notam
ment les procès-verbaux de Zimmerwald et de Kienthal. L ’Institut
d’Amsterdam qui les détient, en prépare une édition critique confiée au
Professeur Lademacher. On a surtout utilisé la correspondance Grimm-
Merrheim-Grospierre, Grimm-Marguerite Thévenet.
Humbert-Droz.
Le Professeur S. Bahne en dirige la publication exhaustive pour le
compte de l’Institut d’Amsterdam qui en est le détenteur et qui nous a
autorisé à consulter toutes les pièces essentielles. On sait que H.-D. lui-
même en a publié une partie sous le titre Uœ il de Moscou. Paris. 1964.
265 p. (avec la collaboration d’A. Kriegel). Elles renferment une abon
dante correspondance qui concerne le vaste domaine géographique qui
était du ressort d’H-D. Celui-ci a d’autre part écrit ses mémoires sous le
titre Mon évolution, du tolstoïsme au communisme. 1970. 444 p.
Sarah Jacobs.
Abondante correspondance avec les Rosmer, surtout dans les années
1949 à 1959. On trouve ici les lettres de Rosmer qui complètent les
lettres de S. J. que Ton trouvera dans les Archives de Rosmer.
sources et bibliographie 481
J.-D. Martinet.
Outre une importante série de photos et un portrait de Rosmer sur
son lit de mort par Vladi Serge, elles contiennent un important dossier
sur l’activité du Cercle Zimmerwald (J.-D. Martinet se réservant la pos
sibilité d’écrire un article sur le Cercle), des coupures de presse, des
lettres reçues à l’occasion de la mort de Rosmer qui permettent souvent
de préciser tel ou tel point de la biographie, plusieurs dizaines de lettres
de Rosmer, de datation et de déchiffrement souvent difficiles.
Merrheim.
Acquises à la mort de Merrheim par l’Institut du Marxisme-léninisme
à Moscou, elles nous ont été communiquées par cet Institut sous forme
de microfilm.
Monatte.
Ces très importantes art'Hiv^s comprennent nne bibliothèque, des dos
siers de coupures de presse (qui ne sont pas négligeables car on y trouve
des journaux d’accès difficile ou impossible), des lettres enfin. C’est par
centaines que l’on y compte les lettres de Rosmer. Dans nombre de cas,
les réponses de Monatte se trouvent dans les Archives Rosmer et le recou
pement est possible. L ’échange de correspondance a commencé dès
avant 1913 et s’est poursuivi jusqu’à la mort de Monatte à quelques
interruptions près. Colette Chambelland et Jean Maitron ont publié un
choix significatif de la correspondance Monatte pendant les années de
guerre et de l’immédiat après-guerre sous le titre : Syndicalisme révolu
tionnaire et communisme. Les Archives de Pierre Monatte. Maspero.
1968. 462 p. Ayant consulté l'intégralité de cette correspondance sous
sa forme manuscrite avant la parution de ce livre, nous donnons nos
références d’après les manuscrits.
Nous avons consulté d’autres dossiers :
— Dossier Merrheim.
— Lettres de Russie (1925-1928) : reçues par Monatte, Rosmer ou leurs
amis les plus proches, ces lettres sont d’une importance capitale pour qui
veut suivre l’évolution de leurs idées sur la réalité russe. Le plus intéres
sant des correspondants est Pierre Pascal qui joint à l'une de ses lettres
la traduction d’un important texte de Préobrajenski sur le syndicalisme
révolutionnaire français. Guiheneuf-Yvon, Victor Serge et ses amis figu
rent au nombre des correspondants.
Mougeot.
Ces archives sont déposées chez Colette Chambelland. On y trouve la
correspondance de Mougeot avec Trotsky, Rosmer, Naville et Frank.
Elles sont tout particulièrement intéressantes pour éclairer les causes et
le mécanisme de la rupture entre Rosmer et Trotsky.
Marceau Pivert.
Elles sont déposées aux Archives Nationales sous la côte 22 AS (1 à 3).
L ’autorisation de consulter les quelques pièces concernant Rosmer nous a
été accordée par Daniel Guérin que nous remercions ici.
Rappoport.
Dans la partie des Archives Rappoport qui est déposée à l’Institut
d’Amsterdam, nous avons glané quelques éléments.
31
482 alfred rosmer
Romain Rolland. *4
Les Archives RR. sont conservées par MmeRolland. Les fichie ^
n’étant pas achevés, nous n’avons pu consulter les lettres adressées
Rolland, mais nous avons vu les lettres de Rolland où il est fait allusiô
à Rosmer et l'important passage des Cahiers qui relate 3a visite que
mer, retour d’URSS, fit à Rolland. ,î
Victor Serge,
Plusieurs dizaines de lettres échangées entre Serge, Trotsky, Léon
Sedov, Sneevliet, Nin, Collinet dans les années 36 à 39. Elles sont
actuellement conservées par Colette Chambelland.
Archives d’organisation.
Nous avons pensé tout naturellement à consulter les archives des orga
nisations auxquelles Rosmer avait appartenu, en particulier, le PCF, l’IC
et l’ISR. A cette fin, nous nous sommes adressé au PCF et à l’Institut du
Marxisme-Léninisme à Moscou. Aucune réponse ne nous ayant été faite,
force nous est d’avouer que nous continuons à ignorer si ces archives
ont été conservées et si elles présentent le moindre intérêt en ce qui
concerne. Rosmer.
Nous avons pu nous appuyer dans certains cas, nous orienter souvent
grâce aux très riches archives de la Fédération CGT des Métaux et de
la Fédération Internationale des Ouvriers sur Métaux (Genève) que nous
nous promettons d’utiliser complètement ailleurs.
Archives publiques.
Archives nationales.
La consultation des dossiers dans la série qui nous intéressait (F7) est
umise à autorisation préalable des Renseignements Généraux. Cette
a u t o r i s a t i o n est libéralement accordée en ce qui concerne les documents
intérieurs au 31. XIÏ. 1919. Elle nous a été refusée pour tout ce qui est
postérieur à cette date. Nous avons pu consulter :
f f 12.951. Notes « Jean » (1918-1920).
ff 13.053. Documents généraux sur les anarchistes (1897-1921). Liste
des anarchistes de Paris et de province.
F7 13.058. Groupes anarchistes individualistes (1911-1915).
F7.13.061. Activité des anarchistes, des anarchistes communistes et des
syndicalistes révolutionnaires (1907-1932). .
F7.13.090. Doctrine et propagande communistes (1918-1921)*
F7.13.372. Rapport d'ensemble (559 pages dactylographiées) sur la pro
pagande pacifiste en France.
F7.13.375. Manifestes et tracts pacifistes (1915-1918).
F7.13.487 et 13.488. URSS, situation intérieure, propagande bolcheviste,
relations avec le PCF (1914-1920).
F7.13.506 et 13.507. L e bolchevisme dans le monde.
F7.13.569. CGT. Procès-verbaux du Comité Confédéral (1916) et du
CDS (1916-1919).
F7.13.572. La CGT et le syndicalisme international (1908-1918).
F7.13.574. Divers sur l'activité de la CGT (1914-1915).
484 alfred rosmer
nité, sd, 16 p.
H. L agardelle, Syndicalisme et socialisme, 1908, 64 p. (ouvrage collec
tif, avant-propos de HL.).
H. L agardelle, Le socialisme ouvrier, Girard et Brière, 1911, 424 p.
P. L e r o y -Be a u l ï e u , L ’éventualité d'une révolution syndicaliste. Revue
des Deux Mondes, 1.XII. 1910, pp. 573-605.
P. Louis, Le syndicalisme européenT Alcan, 1914, 311 p.
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que, sd, 358 p.
G r a n d e -Br e t a g n e
Clegg, F o x , T h o m p so n , A history of British Trade-Unionism since 1889,
t. I, 1889-1910, Oxford Univ. Press, 597 p.
Hostiles au syndicalisme révolutionnaire.
Trades Union Congress Reports :
42e, Ipswich, septembre 1909. London, Coopérative printing society,
1909, 206 p.
43®, Sheffield, septembre 1910. London, Coopérative printing society,
1910, 220 p.
44e, Newcastle, septembre 1911. London, Coopérative printing society,
1911, 280 p.
45*, Newport, septembre 1912. London, Coopérative printing society,
1912, 312 p.
46e, Manchester, septembre 1913. London, Coopérative printing society,
1913, 368 p.
B. et S. W e b b , Examen de la doctrine syndicaliste, Librairie du Parti
Socialiste, 1912, 63 p.
Sur les fabiens, voir un témoignage français d’époque : E. P feiffer , La
société fabienne et le mouvement socialiste anglais contemporain,
1911, 172 p.
488 alfred rosmer
Pr e sse
)1916
Conférence nationale... Paris 24-25.XII.1916 (voir La Bataille. 24, 25,
26.XII.1916).
1917
Conférence nationale... Clermont-Ferrand 28-2S.XII.1917. Compte rendu.
Maison des Syndicats, 1919, 357 p.
1918
Congrès des minoritaires à Saint-Etienne (19-20.V.1918), voir Le Popu
laire, 21.V.1918.
XIXe Congrès national corporatif (XII* de la CGT)... Paris. 15-18.V IL
1918, 308 p.
Compte rendu... du CCN... Paris. 15-16.XII.1918, 133 p. 1919.
1919
XXe Congrès national corporatif (X IV e de la CGT)... Lyon. 15-21.IX.
1919, 1920, 166-422 p.
1920
XXIe Congrès national corporatif (XVe de la CGT)... Orléans. 27.1X au
2.X.1920, 1920.67-15-486 p.
1921
XXIIe Congrès national corporatif (XVIe de la CGT)... Lille. 25-30. VII.
1921, 1921, 45-18-406 p.
Congrès minoritaire (dit Congrès Unitaire Extraordinaire) 22-24. XII.
1921. Voir VO 30.XII.1921.
Position des majoritaires.
Léon Jotjhaux, A. h Jaurès, Discours prononcé aux obsèques de J.
Jaurès, Paris, La Publication Sociale, 1914, 16 p.
La majorité confédérale et la guerre, Paris, Imprimerie Nouvelle, 1916,
45 p.
Tendance minoritaire.
Le CRBL
Il a publié un certain nombre cle tracts, par exemple :
Après 18 mois dinertie...
La guerre atroce, en se prolongeant indéfiniment...
Et aussi des brochures :
La révolution russe et le devoir socialiste, 1917, 2 p.
Qui a entraîné la France dans la guerre ? Fédération des Métaux, sd,
19 p.
Les socialistes de Zimmerwald et la guerre, 32 p.
Le socialisme et la guerre, 32 p. févr. 1917.
Pour ïaction (3 documents). 1° Manifeste de la 3e conférence de Zim
merwald. 2° Les événements de Russie. 3° La réponse de Trotsky
au groupe socialiste parlementaire, sd, 23 p.
L ’action de la majorité confédérale et la conférence de Leeds, 1917,
40 p.
La section syndicale du CRRI a publié : Aux organisations syndicales, à
leurs militants, 1916, 16 p. et sa section socialiste Organisation et
action de la section, mars 1917, 8 p.
Les militants minoritaires.
H . B r io n , Déclaration lue au premier conseil de guerre, le 29 mars
1918, La Cootypo, 1918, 19 p.
494 alfred rosmer
Ce qui nous importe ici, ce n’est pas tant la situation réelle en URSS
que Tidée que peuvent s’en faire les militants français par les publica
tions diverses. Ouvrages et brochures des membres les plus influents de
TIC, Lénine et Trotsky, d’observateurs favorables ou hostiles, contribuent
pour une part décisive à former et à faire évoluer l’opinion ouvrière
française par rapport à l’URSS. Nous les avons classés par ordre chrono
logique de parution.
On ne s’étonnera pas de retrouver chaque année le nom de Lénine.
Si nous avons ainsi dispersé ses ouvrages, c'est sciemment. Us n’ont
d’influence qu’à partir du moment où ils sont diffusés. Nous n'ignorons
pas cependant que la lecture de Lénine se fait plus commodément dans
ses Œuvres Complètes. La meilleure édition est celle de Paris, 1928.
Editions Internationales. Mais elle est relativement rare. La plus facile
d’accès est celle des Editions en Langues Etrangères de Moscou-Editions
Sociales (Paris, 1960, 38 volumes prévus, inachevée). Les éditions alle
mandes et anglaises en 39 volumes sont complètes. Malheureusement, les
passages délicats subissent des variantes de traduction. Dans ces cas, il
faudra se reporter aux premières éditions en langue française que nous
donnons justement ici.
1918
Hermann G ô r t e r , La révolution mondiale, Ed. Socialistes, 76 p.
L é n i n e , Les problèmes du pouvoir des soviets, Paris, 44 p.
L é n i n e , La tâche des représentants de la gauche de Zimmerwald dans
le Parti Socialiste Suisse, Genève, Ed. Nouvelle Internationale, 16 p.
T r o t s k y , De la Révolution d’Octobre à la paix de Brest-Litovsk, Demain,
Genève, 160 p.
1919
C. A n e t , La révolution russe, Payot, 4 vol., 332-281-245-280 p.
M. B o k a n o w s k j , Bolchevisme et misère, ïmp. Centrale de la Bourse,
24 p.
N. B o u k h a r i n e , Le programme des communistes ( bolcheviks), Moscou,
Ed. du CE de l’IC, 79 p.
sources et bibliographie 495
1923
p. Abchinoff, L'H istoire du mouvem ent makhnoviste (1918-1921), Pré
face de Voline, Librairie Internationale, 421 p.
N. Boukharine et E. Pbéobrajenski, A B C du communisme„ Lib. de
l’Humanité, 375 p.
A. Colom er, Préface à Répression de I’anarchisme en Russie soviétique ,
Librairie Sociale, 128 p.
F. Paris, Bolchevisme et christianisme, Versailles, imp. Cloteaux, 35 p.
T rotsky, Déclaration pour le congrès antifasciste européen de Paris,
24 p.
Trotsky, 1905, Lib. de l’Humanité, 384 p.
Trotsky, La nouvelle politique économique des soviets et la révolution
mondiale. Lib. de l'Humanité, 80 p.
Trotsky, Littérature et révolution, Réédition récente, 1964, 388 p.
G. Zinoviev, L ’I C au travail, Lib. de l'Humanité, 189 p.
1924
M . C a c h in , Jacques Sadoul, L ib . d e l ’H u m a n ité , 8 p.
J. Gaudeaux, 6 mois en Russie bolcheviste, Ed. du Roman Nouveau,
194 pi
H- Guilbeaux, L e portrait authentique de V . L Lénine , Lib. de l’Huma
nité.
L é n ïn e , Sur la route de l’insurrection, Lib. de l’Humanité, 193 p.
A. L osovsky, L e grand stratège de la lutte des classes, Lib. du Travail,
51 p.
Victor Serge, L a ville en danger. Petrograd, l’an I I de la révolution, Lib.
du Travail, 63 p .
T botsky, Cours Nouveau, Lib. du Travail, 128 p.
T rotsky, L es problèmes de la guerre civile , Lib. du Travail, 38 p.
L e contrecoup de la révolution russe en occident n’a pas encore été
analysé dans toute son ampleur. L e cinquantenaire de la révolution
d’octobre a été le prétexte d’unie production surabondante mais inégale,
généralement préoccupée du seul contre-coup immédiat d’octobre. Trois
titres seulement retiendront l’attention :
V . F a y (sous la direction de), L a révolution d’octobre et le mouvement
ouvrier européen, 1967, 248 p. L e livre ne dépasse finalement pas
1920, Grande-Bretagne et Scandinavie sont curieusement absents.
La révolution d’octobre et la France. Cahiers de l’Institut Maurice
Thorez, XI-XII.67. Publication des travaux du colloque d’octobre 1967.
L a littérature d’ anniversaire y voisine avec les travaux originaux.
F. L ’H u u xïer (sous la direction de), L ’opinion publique européenne
devant la révolution russe de 1917, Sirey, 1968, 211 p.
On utilisera également de A.J. T oynbeb (et collaborateurs), The impact
o f the Russian Révolution (1917-1967). The influence of bolchevism
on the toorld outside Russia, 1967, 357 p.
32
498 alfred rosmer
Bibliographie générale
Recueil de textes
Le pouvoir.
a Krœgel, Le PCF et la question du pouvoir (1920-1939), A (ESC),
1967, pp. 1245-1258.
jyf Pehrot et A. K riegel, Le socialisme français et le pouvoir, Paris,
EDI, 1966, 223 p.
La paix*
A. L uxembourg, « Le PCF et le mouvement pour la paix », Annuaire
des études françaises (Moscou), 1961, pp. 456-488.
Effectifs.
A. Kriegel, « Les effectifs du PCF sous la 3e République », Revue
Française de Science Politique, fév. 1966, pp. 5-35.
Grande-Bretagne
y , Pellungj « Tlïô carly history cf the comn?.unist party of Great-Rri-
tam », Transactions of the royal historical society, 1958, pp. 41-58.
H. Pjelling, The british communist party. An historical profile, 1958,
204 p.
Italie .
G. Ga l l i , Storia del partito communista italiano, 1958, 374 p.
et, plus récent, J.-M. G amjstt, Antonio Gramsci and the origins of ita-
lian communism, Stanford, U.P., 1967, 306 p.
Ainsi que P. Sfriano, Storia del Partito Communiste Italiano. I. Da
Bordiga a Gramsci, 1967, 525 p.
ha CGTU.
Sur la scission :
p. Monatte, Trois scissions syndicales, Ed. Ouvrières, 1958, 256 p.
G. D umoulin, « A propos de la scission syndicale de 1921 », Etudes
sociales et syndicales, IV. 1955.
« En lisant Pierre Monatte. La scission de 1921 et l'avenir du
syndicalisme. » Itinéraires, nov. 1958, pp. 84-111.
Ainsi que M. L abi, La grande division des travailleurs, Ed. Ouvrières,
1964, 332 p.
Les congrès de la CGTU :
Saint-Etienne (26.VI-2.VII.1922).
Compte rendu sténographique... 84-516 p.
ISR. Les syndicats et la révolution. Discours prononcé par A. Losovsky
au congrès de la CG TU à St-Etienne. Juin 1922. Suivi du message
de VISR, Paris, Lib. du Travail, sd, 61 p.
Bourges (12-17.XI.1923).
Congrès national extraordinaire tenu à Bourges du 12 au 17 novembre
1923 ; Rapport et compte rendu sténographique, Paris, Maison des
Syndicats, 48-654 p., 1924.
L'histoire de la CGTU reste à faire. Ses premières années, du point de
vue des tendances, sont marquées par l’affrontement sur le problème de
l’indépendance du syndicalisme. On consultera :
L artigue, Pour l’indépendance du syndicalisme ( Discours 1924), Paris,
lmp. La Fraternelle, sd, 30 p. Préface de Marie Guillot.
M. Chambellan», Vers un nouveau congrès d’Amiens. Discoursprononcé
au 5e congrès CGTU, Lib. du Travail, sd, 32 p.
508 alfred rosmer
Trotsky et le trotskysme
1939
Leur morale et la nôtre, Sagittaire, 89 p.
Œuvres posthumes.
The first five years of the Comrnunist International, New York, 1945,
326 p.
L e ç o n d'Espagne, dernier avertissement, Ed. Pionniers, 1946, 76 p.
Le marxisme et notre époque, Ed. Pionniers, 1946, 38 p.
Staline, Grasset, 1948, 624 p.
Journal d ’exil, Gallimard, I960, 223 p.
R e g r o u p e m e n t s d e textes.
Ils sont de valeur très inégale car ils vont de l’ouvrage militant à la
simple opération de librairie.
Ecrit'; (1928 19*0) Recueillis t>ar P. t i 1355 37=; n T. 9.
" ' (1958), 165*'p. ; t. 3, 195%, 581 p.
De la révolution, Notes et appendice de Rosmer. On y trouve : Cours
Nouveau, La Révolution défigurée, La Révolution permanente, la
Révolution trahie, Ed. de Minuit, 1963, 654 p.
The essentiel Trotsky, London, Unwin Books, 251 p., 1963.
The Trotsky Paners, 1917-1922, Edited and annotated by J. N. Meijer,
T. 1, 1917-1919, The Kague, 1964, 858 p.
The âge of permanent révolution. A Trotsky anthology, Edited and intro-
duced by I. Deutscher, New York, 1964, 384 p.
Le mouvement communiste en France (1919-1939), Textes choisis et pré
sentés par B. Broué, Ed. de Minuit, 1967, 723 p.
Ecrits militaires. I. Comment la révolution s’est armée, 1968, 1 000 p.
Politique de Trotsky, Textes choisis par J. Baehler qui se place d’un
point de vue tout à fait opposé à celui de l'historien.
1905 suivi de Bilan et perspectives, Ed. de Minuit, 1969, 476 p.
4K Internationale.
U n'existe actuellement aucun ouvrage historique sur la 4e Internationale
en dehors de l'article de S. Bahne, « Der Trotskysmus, in Geschi-
chte und Gegenwart », Vieteljahrshefte fur Zeitgeschichte, 1967,
jjp. 56-86.
On pourra consulter utilement le témoignage de P. F rank, La Qua
trième Internationale, contribution à l’histoire du mouvement trot
skyste, Maspero, 1969, 153 p.
On possède une brochure sur la séance de fondation de la IV* Interna
tionale :
Socialist Workers Party o£ the US (Section o£ the IV th International).
The founding conférence of the fourth International (World Party
of socialist révolution). Programm and resolutions. New York, sd
(1939), 127 p.
Sur la section US :
M. S. V enkataramani, « Léon Trotsky’s adventure in american radical
policies, 1935-37 », International Review of Social History, 1964,
pp. 1-63.
On utilisera avec précautions J.-P. Cannon, The history of American
trotskysm et, sur la controverse avec Burnham et Schachtman, The
struggle for a proletarian party, New York, 1943, 302 p.
33
514 alfred rosmer
Le stalinisme
Sur cette question que l’on peut considérer avec quelque raison
comme fondamentale, nous n’avons pas rencontré d’ouvrage d’ensemble,
ni même d’ouvrage traitant du stalinisme vu par l’opinion ouvrière en
Europe Occidentale.
Le problème se décompose comme suit : Y a-t-il un système stalinien
sources et bibliographie 515
1926
P. Daye, M o s c o u dans le souffle de l’Asie, Perrin, 185 p.
L es faussaires contre les soviets, Lib. du Travail, 137 p.
A. Rezanov, L e travail secret des agents bolchevistes, Bossard, 199 p.
G. Z inoviev, Histoire du P C Russe, Lib. de l’Humanité, 192 p.
G. Z inoviev, L e Léninisme, Bureau d’Editions, 333 p.
1927
Avant Thermidor. Révolution et contre-révolution dans la Russie des
soviets, Ed. du Réveil Communiste, 83 p.
P. Beaulieu, Assassins, traîtres et faussaires ou la contre-révolution russe
à l’œuvre, Lib. du Travail, 67 p.
G. Duhamel, L e voyage de M oscou , Mercure de France, 258 p.
Max E astm a n , La science de la révolution, Gallimard, 2 96 p.
Grandjouan, La Russie vivante - Images de la oie soviétique, Amitiés
OV V
11) J'J.
J.
--
1931
E ssa.d-Be y , Staline, Gallimard, 283 p.
M. F arbman, Piatiletka (Le plan russe), Rieder, 226 p.
N. Krylenko, Acte d’accusation relatif au procès de Vorganisation men-
cheviste contre-révolutionnaire de Gromann, Cher, Soukhanov, et
autres, Préface de Florimond Bonté, Bureau d'Editions, 98 p.
C. M ax,a pa r té , Technique du coup d’Etat, Grasset, 295 p.
E. Yaroslavsli, Histoire du PC de l’URSS, Bureau d’Editions, 539 p.
1932
L. K rassine, Krassine, Gallimard, 257 p.
1933
M. M a r tin et , Où va la révolution russe p L ’affaire Victor Serge, Lib.
du Travail, 27 p.
La révolution russe, Paris, CCEO, 47 p.
1935
Le communisme libertaire, Paris, Ed. du Travailleur Libertaire, 39 p.
Le complot communiste-socialiste, Grasset, 64 p.
B. S o u v a r in e , Staline. Aperçu historique du bolchevisme, Pion et Nou-
ritt, 574 p.
1936
A. G id e , Retour de l'URSS, Gallimard, 127 p.
F. G r e n i e r , Réponse à André Gide, Ed. des Amis de l'URSS, 47 p.
F, G r e n i e r , Le mouvement stakhanoviste, Bureau d’Editions, 35 p.
Claude N a v i l l e , A. Gide et le communisme, Paris, SMIE, 147 p.
Arthur R o s e n b e r g , Histoire du bolchevisme, Grasset, 315 p. On pourra
trouver plus commode de consulter la réédition récente avec préface
de G. Haupt.
V . S e r g e , 16 fusillés. Où va la révolution russe?, Cahiers Spartacus, 76 p.
M. Y v o n , Ce qu’est devenue la révolution russe, Préface de P. Pascal, Lib.
du Travail, 87 p.
1937
W . C i t r l n e , A la recherche de la vérité en Russie, Berger-Levrault,
391 p.
De la révolution de Lénine à la contre-révolution de Staline, Ed. Inter
nationales, 93 p.
A. G id e , Retouches à mon retour d’URSS, Gallimard, 127 p.
Ch. Plisnier , Faux-passeports ou les mémoires d’un agitateur, slnd,
(1 9 3 7 ), 366 p.
Ch. P l i s n i e r , Mesure de notre temps, Ed. Labor, 185 p .
Victor S e r g e , De Lénine à Staline, Cxapouillot, 68 p.
Victor S e r g e , Destin d’une révolution. URSS. 1917-1937, Grasset, 326 p.
B. S o u v a r in e , Cauchemar en URSS, Revue de Paris (extrait de), 48 p.
1938
A. C jüuga, Au pays du grand mensonge, Gallimard, 252 p.
B. S o u v a r in e , Aveux à Moscou, 15 p.
Yvon, L ’ URSS telle quelle est, Préface d’A. Gide, Gallimard, 287 p.
1939
L . L a u r a t , Le marxisme en faillite ?, Tisné, 268 p.
Victor Serge, S’il est minuit dans le siècle, 343 p.
sources et bibliographie 519
1940
Max E a s t m a n , Staline Russia and the crisis in socialism, 272 p.
W. G. Krivitsky, Agent de Staline, Coopération, 320 p.
Victor Serge, Portrait de Staline, Grasset, 188 p.
1941
P. D aye , Guerre et révolution, Grasset. 79 p.
1945
A. Koestler, Le zéro et l’infini, Calmann-Lévy, 295 p.
194.6
A. Camus, L'homme révolté, 383 p.
A. Koestler, Le yogi et le commissaire, Chariot, 383 p.
G. M unis, Les révolutionnaires devant la Russie et le stalinisme mondial,
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D. R ousset, L’univers concentrationnaire, Ed. du Pavois, 191 p.
B. V oyenne, Mais où sont les révolutionnaires?, Le Portulan, 127 p.
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D a l l i n e t N i c o l a e v s k i , Forced Labour in Soviet Russia, 331 p.
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1947, p p . 227-253.
A. K oestler, La lie de la terre, Chariot, 436 p.
V. A. K ravchenko, J’ai choisi la liberté, Self, 638 p.
Michel Sayers et A. E. K ahn, La grande conspiration, la guerre secrète
contre la Russie soviétique, Ed. Hier et Aujourd’hui, 543 p.
Victor Serge, Le nouvel impérialisme russe, Spartacus, 52 p.
R. Spkenger, El bolchevismo, Santiago, Chile, Imprenta Nueva, 49 p.
V oline, La révolution inconnue (1917-1921 669 p. Rééd. 1969, 704 p.
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1948
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J. Bernard-Derosne, L ’affaire Petkov, Self.
A. Camus, L'état de siège, 239 p.
L. L aurat, Le manifeste communiste de 1848 et le monde d'aujourd’hui
Self, 191 p.
Victor Serge, Uaffaire Toulaev, 436 p.
Les socialistes des pays opprimés réclament la liberté, la démocratie et
l'indépendance. Compte rendu de la conférence internationale des
partis socialistes des pays du Centre et de l'Est européen (13-15. III.
1948), Ed. du Burau International Socialiste, 16 p.
1949
Du point de vue qui nous intéresse ici, 1949 est l’année du procès
Kravchenko qui a pour origine le livre de 1947. En 1949, Kravchenko
publie :
L ’épée et le serpent, j’ai choisi la liberté, Self, 472 p.
Le procès a donné lieu à diverses publications, de sens variable :
Le procès Kravchenko, Ed. Intermonde, 96 p.
Le procès Kravchenko. Compte rendu sténographique intégral, Albin-
Michel, 2 Vol., 680 et 648 pp.
Le procès Kravchenko, La Jeune Parque, 760 p.
520 alfred rosmer
1950
A. K o e s t l e r , I. S i l o n e , R. W r i g h t , A. G i d e , L. F is c h e r , S. S p e n d b r ,
Le ■Dieu des ténèbres ( The God that failed), Introduction de R.
Crossman, Postface de R. Aron, Calmann-Lévy, 311 p.
L. Bennier, L ’URSS, paradis ou enfer des travailleurs p, Presse Libre,
15 p.
A. C a m u s , Actuelles. L Chronique. 1344-1948, £70 p .
A. Camus, Les Justes, 189 p.
1951
L. L a u r a t , Staline, la linguistique et V'impérialisme russe, Les îles d'or,
94 p.
C. M ï l o s z , La grande tentation. Le drame des intellectuels dam les
démocraties populaires, Essais et témoignages, 24 p.
Le procès des camps de concentration soviétiques. Ed. D. Wapler, 128 p.
D. R o u s s e t , T. B e r n a r d , G . R o s e n t h a l , Le procès concentrationnaire
pour la vérité sur les camps, 254 p.
Victor S e r g e , Mémoires d’un révolutionnaire (1901-1941), Seuil, 424 p.
Victor S e r g e , Vie et mort de Trotsky, Amiot-Dumont, 344 p.
Victor S e r g e , Le tournant obscur, Les Iles d'or, 172 p.
1952
Les communistes contre les institutions parlementaires, BEIPI, 1(3 p.
Contre le communisme, par la loi. Quand les démocrates se défendent,
BEIPI, 31 p.
E. K o l a r z , Russia and her colonies, London, XIV-335 p.
S. N. Prokcpoviek, Histoire de VURSS, 614 p.
V ic to r S e r g e , Carnets, 2 24 p.
Victor S e k g e , Derniers temps, Grasset, 448 p.
Z. Stypulkowski, Invitation à Moscou, Les Iles d'or, 318 p.
1953
A. C a m u s , Actuelles. 2. Chronique. 1948-1953, 186 p.
La sécurité sociale derrière le rideau de fer. Prétentions communistes et
réalités soviétiques, Bruxelles, Conférence Internationale des syndi
cats libres, 14 p.
Staline contre Israël, BEIPI, 39 p.
Staline trahi par les siens, BEIPI, 31 p.
1954
P. B a b t o n , La communauté européenne de détente. Le drame de Vémi
gration dans la guerre froide, Supplément à Preuves, 69 p.
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nière, 374 p.
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t>'espionnage soviétique en France de 1945 à 1955, BEIPI, 31 p.
L. L auhat, Bilan de 25 ans de plans quinquennaux, 1929-1955, Les Iles
d’or, 264 p.
L. L aurat , Problèmes actuels du socialisme, Les Iles d'or, 201 p.
A. L ecœuk, L ’autocritique attendue, Ed. Girault, 78 p.
1956
Le texte essentiel, cette année-là, est le rapport Khrouchtchev. On en
trouvera le texte intégral dans Le Monde du 6 au 8.V I et, plus commo
dément sans doute dans :
N. S. K hrouchtchev, Texte intégral du rapport secret, Corréa, 94 p.
Le rapport Khrouchtchev sur Staline commenté par la IV e Internationale,
■j r7rT tï ^ ï s t J r> M o
On verra aussi :
J, H umbert-Droz, Le tournant de la politique russe après la mort de
Staline, La Chaux-de-Fonds, lmp. des Coopératives Réunies, 36 p.J
A. K oestler, L'ombre du dinosaure, Calmann-Lévy, 271 p.
Pour quoi et comment se bat la Hongrie ouvrière, Ed. de la RP, 32 p.
Ch. Salencon, Le procès du communisme est ouvert, Préface Paul Faure,
La République Libre, 63 p.
1957
R. Aron, Une r évolution antitotalitaire. La révolution hongroise, Pion,
329 p.
Comment lutter ?, Socialisme ou Barbarie, 20 p.
Le communisme européen depuis la mort de Staline, Est-Ouest, N° spé
cial, 16 p.
M. D jxlas, La nouvelle classe dirigeante, 272 p.
M. F ainsold, Comment l ’URSS est gouvernée, 502 p.
A. K oestler et A. Camus, Réflexions sur la peine capitale, Calmann-Lévy,
245 p.
F. Manuel, La révolution hongroise et les conseils ouvriers, La Vérité,
68 p.
A. Rossï, Autopsie du stalinisme, Horay, 288 p.
L. ScHAjprao, Les bolcheviks et l’opposition. Origines de Vabsolutisme
communiste. Premier stade (1917-1922), Iles d’or, 396 p.
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On trouvera un bilan des conflits dans l’Europe de l’Est dans Hélène
522 alfred rosmer
290, 292, 296, 297, 301, 314, Hoglund, 155, 208, 305, 306.
372. Holmes, 79.
Godonnèche, 227-230, 233, 299, Homo. Voir Grumbach.
318, 319. Horthy, 328.
Gogumus, 62. Hoschiller, 67.
Goldsmith (Marie), 29. Hubert, 147.
Gomez. Voir Gorkin. Humbert-Droz, 14, 163, 239-241
Gompers, 59, 82, 246. 247, 253, 255, 260, 262, 267’
Gorkin (J.), 440. 269, 275-281» 287, 292, 343
Gôrter, 181, 204-207, 217, 451. 344, 458.
Gourget, 358-360, 370. Huysmans, 85, 158.
Gramsci, 205, 208, 211. Hyndman, 56, 57, 78, 80, 99, 139
Grandidier, 142. 432.
Grave (Jean), 38, 152, 227.
Griffuelhes, 45, 61, 66, 67, 169, Ibanez, 226.
241, 260, 262. Ibsen, 21, 25, 27.
Grimm, 134-136, 146, 154. Iglesias, 155.
Groussier, 52. Ikadzé, 223.
Grumbach (Salomon), 135. Ilbert, 277.
Guérard, 61, 84, 85.
Guérin (Daniel), 422, 428. Jackson, 407, 408.
Guesde, 51-53, 111, 115, 116, 119, Jacobs (Sarah), 14, 428, 431, 441,
135, 150, 152. 444.
Guichard, 41. Jacquemin, 170.
Guieysse, 29, 64. Jacquemotte, 77.
Guigui, 409. Jacquet (A.), 20.
Guiheneuf, 331, 332, 336, 458. Jacquet (Gérard), 440,
Guilbeaux, 111, 114, 123, 181, 184, Jansen, 209,
186, 187, 199, 200, 296, 317, Janvion, 31.
439. Jaurès, 31, 39, 53, 54, 84, 98, 102,
Guillaume (James), 64, 67, 73, 104, 105, 126, 143, 327.
101-103, 121, 315. Jean (Renaud). Voir Renaud (Jean).
Guillot (Marie), 131, 151, 166. Jensen, 76, 92.
Guilloud, 306. Jerram, 292, 301.
Guilloux (Louis), 118. Jouhaux, 45, 60, 61, 66, 67, 72,
Guitry, 27. 88, 90, 101, 102, 105, 108-111,
114, 126, 127, 132-134, 142,
Hagnauer, 259, 318, 410, 411, 424. 143, 152, 158, 164, 165, 172,
Hardie (Keir), 76, 78, 118, 129. 217, 244, 262, 367, 382, 452.
Hasfeld, 111, 147, 317. Jouve, 233.
Haywood, 73, 74, 77, 82, 227, 234.
Heckert, 216, 224, 230. Kabatkchiev, 202.
Helphland. Voir Parvus. Kagan, 345.
Henderson, 171, 217. Kahn, 412.
Herclet, 193, 315, 316, 344, 345. Kamenev, 187, 192, 285, 286, 321,
Hervé (Gustave), 42, 61, 331, 335, 337, 339, 342, 352,
Hervé (Pierre), 426. 388, 391.
Herzen, 125. Kapp, 85, 300,
Hess (Rudolf), 391. Kareva (Olga), 398, 399.
Hildebrand (G.), 451. Kater, 77, 91, 92, 94-96, 451.
Hindenburg, 329, 342. Kautsky, 84, 134, 183.
Hitler, 363, 388, 393, 400, 406, Kemal, 342.
410, 436, 456. Ker, 269, 273.
index 527
Ker (Madeleine), 316. Legien, 84, 85, 88, 89, 101, 126,
Kerenski, 113, 191. 168, 217, 218.
Keufer, 40, 60, 61. Leguem, 109, 117.
Kibaltchiche. Voir Serge. Lemaire, 91, 92.
Klein, 66. Lemire (Abbé), 38.
Kneller (Michel ou Moïse), 227, Lemoine, 171, 227, 228, 235.
228, 232, 237, 253. Lénine, 18, 21, 45, 98, 134, 137,
Knight, 230. 138, 157-163, 168, 171, 178,
Knokaert, 92. 181, 182, 185-188, 193, 199,
Koestler, 450. 201-209, 213, 215-218, 243, 257,
Kollontaï, 192, 193, 353. 258, 260, 270, 286, 289, 292,
Koltchak, 167. 297, 299, 304, 318, 320, 321,
Konen, 213. 323, 325, 329, 335, 337-339,
Korsch, 362. 341, 342, 353, 354, 369, 379,
Krassine, 198. 385, 413-416, 429, 446, 455.
Kravchenko, 442. Lenoir, 60, 68, 110, 124, 147, 345.
Krestinsky, 391. Lepape, 347, 360.
Kropotkine, 31, 121, 176, 190, 191, Lepetit, 147, 189, 190, 200, 415.
227, 338. Leroy (Maxime), 69.
Khrouchtchev, 435, 437, 441. Lesoil, 377, 378.
Kun (Bela), "201, 209, 212, 213, Levi (Paul), 179, 181, 202, 213,
326, 454. 306, 389, 456.
Kuusinen, 325. Lévine, 360, 380.
Levy, 61, 109, 140.
Lewis, 408.
Labe, 60, 110, 147. Liebknecht (K.), 114, 117, 118,
Labin (Suzanne), 423. 122, 129, 134, 155, 208, 215.
Labonne, 227, 237. Lifchitz. Voir Souvarine.
Labourbe (Jeanne), 199. Lilyan, 92.
Labriola, 182. Lindbergh, 408.
Lac, 172. Liochon, 40.
Lacoste (G.), 319. Li-Ou-An, 202.
La Folette (Suzanne), 389-391. Loiseau, 108.
Lafont, 109, 261, 271, 278. London (Arthur), 419.
Lagardelle, 45, 61, 260. Longuet, 73, 116, 118, 141, 149,
Landau (Kurt), 363, 375, 376, 378, 150, 158.
398, 399, 430. Loriot, 145, 147,149-151, 158,
Lansbury, 57, 132. 160, 163, 171, 241, 313, 327,
Lansink, 92. 330, 344, 347.
Lanty, 332. Lounatcharsky, 187.
Lantz, 62. Louzon, 166, 319, 324, 342, 344,
Lapeyre, 417. 348, 352, 401, 419, 425, 426,
Lapiene, 67. 434, 435.
Lapinsky, 112, 115. Lozovsky, 122, 137, 187, 216, 218,
Lasalle, 29. 220, 223, 224, 230, 234, 235,
Latapie, 61, 84. 237, 240-243, 249, 250, 252,
Laurat, 385. 255-258, 290, 293, 303, 393,
Laval, 109, 395, 401, 402, 456. 398.
Lazarevitch, 184, 331, 336, 337.
Lecœur, 426. Luce (Maximilien), 24.
Ledebour, 161. Ludwig. Voir Reiss.
Lefebvre (Raymond), 123, 147, Luquet, 118, 126, 128.
189, 200, 258, 415, 451. Luxemburg, 49, 56, I l 5, 134,
Lefevre, 68. 155, 215.
528 alfred. rosm er
Mac Donald (Ramsay), 55, 57, 58, 108-111, 117-120, 124, 125, 127-
79, 134. 134, 136-140, 144, 146-148 151
Macia, 395. 156, 158, 160, 161, 164, 165’
Mac Laine, 202. 167, 169, 244.
Mahouy, 304, 313. Mesnil (Jacques), 143.
Malatesta, 31, 48, 135, 176, 181. Meyer (Anton), 235.
Mallarmé, 182. Michelet, 91, 92.
Malraux, 427. Mignon, 141, 146.
Malvy, 165. Milkitsch, 223.
Mann (Tom), 21, 77-82, 89, 92, Mill. Voir Obin.
177, 224, 225, 230, 235, 243. Millerand, 37, 43, 54, 55, 165, 312.
Manouilsky, 266, 267, 269. Million, 110.
Mao-Tsé-Toung, 430, 435. Mistral, 119.
Marchand (René), 199, 200. Modigliani;, 211.
Mari (Duïlio), 232, 248. Molinier (Henri), 357.
Marie, 142. M o lin ier /R avm nnflV 357 358
Maring. Voir Sneevliet. 365, 368-373, 377-381, 403. ’
Marlan. Voir Léon Sedov. Monmousseau, 171, 233, 241,
Markmann, 92. 242, 247, 248, 253-256, 260,
Marrane, 276, 301, 316. 262, 267, 324.
Marshall, 417. Mooney (Tom), 389, 390.
Martin (Pierre), 103. Morel. Voir Ferrât.
Martin des Palliéres (Jeanne), 358, Morgari, 117, 121, 136.
403. Mougeot, 14, 317, 355, 358, 359,
Martinet (J.-D.), 14, 275, 417, 419, 363, 364, 368, 370, 371, 373,
423, 440, 443. 379, 401.
Martinet (Marcel), 14, 68, 104, Moulin. Voir Freund.
108, 110, 111, 125, 131, 137, Murphy, 202, 222.
140, 171, 176. Musham (Eric), 345.
Martov, 112-114, 128, 134, 159, Mussolini, 156, 180, 211, 220, 436.
335.
Martsei, 202. Nadeau, 440.
Marty, 426. N avilie (Claude), 357, 375, 379,
Marx (Karl), 29, 31, 56, 99, 118, 380.
346, 432, 442. Naville (Pierre), 260, 355, 357,
Marx (Madeleine). Voir Paz (M.). 360, 363, 365,368-371, 374,
Marzet, 296, 319, 358. 379, 381, 434, 436, 440.
Masarik, 180. Nègre, 75, 91.
Maslow, 176, 300, 302, 325, 329, Nettlau, 176.
362, 392. Nicod, 116, 117.
Masson (E.), 36. Nicolaevski, 214, 215, 330.
Maurin, 226, 230, 232, 396, 398. Nicolet, 66.
Maurois (A.), 409. Niel, 60, 61, 66, 84, 85.
Maurras, 41, 44. Nielsen, 46.
Maximov, 202. Nin, 226, 230, 237, 256, 363, 378,
Melnitchanski, 220. 396, 398, 399, 456.
Menant (Sarah), 359. Nofri, 212.
Mendès-France, 426. Nogen, 235.
Mercader. Voir Jackson.
Méric (Victor), 265, 278. Obin, 360, 363, 370.
Merleau-Ponty, 424. Okum. Voir Obin.
Merrheim, 30, 37, 53, 58, 60, 62-
69, 84, 85, 86, 98, 102, 104-106, Pak, 202.
index 529