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Le XVIIIe siècle: Le Siècle des Lumières (1715-1789)

Les philosophes veulent faire triompher « les lumières », c’est-à-dire la raison, l’esprit
scientifique, le progrès. Leur moral se veut celle du bonheur humain ; il faut garantir certains
droits de l’homme : la défense contre le despotisme, la liberté des personnes et des biens, la
tolérance, la justice sociale. Diderot, aidé par de nombreux collaborateurs, publie l’Encyclopédie.
Montesquieu réclame la liberté de « l’honnête homme » (un être de contrastes et d’équilibre) par
la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Rousseau a une pensée originale qui
connaîtra un grand succès : ne croyant pas au progès humain, il exalte les bienfaits d’un retour à
la terre et à la nature. En s’attaquant aux institutions, ces idées nouvelles développent peu à peu
l’esprit révolutionnaire tout au long du XVIII e siècle.

« On se fie à un honnête homme, comme on se fie à un banquier riche. »


« … le bon naturel s’y fait sentir ; le grand homme ne s’y montre jamais qu’avec l’honnête homme. » Montesquieu
Le XVIIIe siècle: le Siècle des Lumières: De la critique religieuse au matérialisme
Logiquement, la foi religieuse fut la première ébranlée par le rationalisme philosophique.
Progressivement s’est donc installée une morale de l’incroyance dont la source se trouve « au
cœur de tous les hommes raisonnables, et non ailleurs » (Voltaire). Certains, comme Voltaire,
adoptent une attitude déiste : à la fois « grand horloger » et « gendarme », Dieu est une
présence, une idée qui laisse l’homme libre d’agir mais s’impose comme un garant de l’ordre.

De même le théisme rousseauiste se résoudra-t-il à une insaisissable présence bienfaisante,


secourable aux malheureux : Sa foi théiste assied la conscience morale sur la reconnaissance
de la divine lumière. Le cœur est le siège de la grâce divine. Il s’agit d’une religion civile et
capable d’échapper à la tyrannie des clergés autant qu’à l’aveuglement d’esprits bruts et naïfs.

«La religion, considérée par rapport à la société, qui est ou générale ou


particulière, peut aussi se diviser en deux espèces : savoir, la religion de
l’homme, et celle du citoyen. La première, sans temples, sans autels, sans rites, bornée au culte
purement intérieur du Dieu suprême et aux devoirs éternels de la
morale, est la pure et simple religion de l’Évangile, le vrai théisme, et ce qu’on
peut appeler le droit divin naturel. L’autre, inscrite dans un seul pays, lui donne
ses dieux, ses patrons propres et tutélaires : elle a ses dogmes, ses rites, son
culte extérieur prescrit par des lois» -Le contre social de Rousseau
Le XVIIIe siècle: le Siècle des Lumières: De la critique
religieuse au matérialisme

• D’autres évoluent vers l’athéisme (négation de Dieu par l’existence du


chaos) et expliquent le monde et la vie sans le secours de la Création
: «l’élargissement de Dieu» comme souhaité par Diderot.
Dépassement positif des attitudes athées, le matérialisme développe
un système rigoureux et cohérent: la matière ne tire son existence
que d’elle-même – « c’est le monde qui a commencé le temps » – et
possède une vie propre – « la sensibilité est une propriété
universelle de la matière » - qui suffit à expliquer l’univers et ses
habitants. Dans une telle perspective, l’homme devient le fondement
de sa propre morale: attitude purement sociale et terrestre destinée
à assurer « le grand bonheur du plus grand nombre ».
Le XVIIIe siècle: L’invention de la liberté
Parallèlement à la critique religieuse se développe une véritable analyse politique qui revêt
les formes littéraires les plus diverses: contes et romans, satires et pamphlets contiennent de
violentes attaques contre la collusion du clergé et du pouvoir politique. Cet « esprit de
liberté » qui semble à Diderot caractéristique de son temps ne préserve aucun domaine :
l’économie se dirige vers le libéralisme d’échange; les luttes s’engagent pour la libération de
la femme, la suppression de l’esclavage, l’élaboration d’une véritable pédagogie pour les
enfants et même les citoyens.
Les lettres et les sciences
L’épanouissement d’une littérature scientifique et d’idée n’est pas le fait du hasard : de
formation humaniste, les savants éprouvent le besoin de transmettre leurs résultats en récits
de ton léger pour répondre aux désirs des salons mondains. Voltaire s’indigna et réclama une
véritable littérature d’idées. L’Encyclopédie dressera un catalogue raisonné des diverses
sciences (mathématiques, physiques, historiques, naturelles), confirmant la place
fondamentale prise par la réflexion scientifique dans l’évolution de la pensée et des idées
au cours du siècle. Il en est de même des expériences de Buffon et Diderot : le savant et
l’écrivain se mettent à l’unisson pour montrer le lien entre les sciences de la nature et les
sciences humaines.
Le XVIIIe siècle: Monsieur le Philosophe
Au XVIIIe siècle, le Philosophe cesse d’être un individu hors du monde pour devenir
homme parmi les hommes. Avec les Lumières naît une conception moderne de l’écrivain, fer de
lance d’une « intelligentsia » consciente de sa force et de ses devoirs envers les autres
hommes. Il se crée un puissant courant d’idées favorisé par les oppositions réactionnaires et
l’expérience commune des prisons ou de la censure. Homme avant d’être écrivain, le Philosophe
est avant tout mû par « l’amour de la société » et par le désir de « se rendre utile ».
La littérature devient donc une arme de combat pour le développement d’une
conscience de classe bourgeoise; de nouveaux héros des romans exercent des professions
impliquant une responsabilité et s’interrogent, non plus sur ses états d’âme, mais sur sa
fonction sociale et politique. Pour répandre leurs idées, les Philosophes disposent avant tout de
leur esprit qui masque aux yeux des censeurs. Pour le développement des idées nouvelles, ils
ont recours aux écrits clandestins diffusés sous le manteau par de véritables organisations
secrètes.
Plus libres, parce que moins mondains, les réunions des cafés littéraires débouchent
sur de véritables projets de réforme de la société et des institutions. Les Philosophes, élites
intellectuels et économiques étaient parvenus à établir dans le royaume un véritable pouvoir
de fait, conscient de sa puissance et désireux d’obtenir une reconnaissance politique de droit.

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